Mercredi 19 juin 2024, SMART BOURSE reçoit Michaël Herskovich (Directeur de l'engagement et politique de votes, BNPP AM)
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00:00Le dernier quart d'heure de Smart Bourse, c'est le quart d'heure thématique et aujourd'hui dans Marché à thème, nous vous proposons de revenir sur le bilan des Assemblées Générales 2024
00:19avec Michael Erskovitch, directeur de l'engagement et politique des votes de BNP Paris-Baheim. Il était l'invité de Grégoire Favé dans Smart Bourse le 10 juin dernier.
00:30Il y a un sujet d'échelle parce que pour bien comprendre, en effet, 1500 Assemblées Générales à traiter sur 3 mois, 25 000 résolutions des opérations financières, des élections d'administrateurs, la rémunération des dirigeants.
00:46Cela fait à peu près 300 résolutions à voter tous les jours sur cette période-là. Donc c'est vraiment une période très intense qui heureusement se termine là plus tôt, qui amène une équipe.
01:00Il y a une dizaine de personnes bien sûr dans l'équipe qui est en charge de ces sujets-là et qui est vraiment dédiée à 100% sur cette mission vu l'intensité.
01:09Il y a aussi l'appel à de l'aide extérieure avec ce qu'on appelle les agences de conseil en vote. On a les agences financières sur l'analyse financière, on a les agences de conseil en vote sur les Assemblées Générales qui vont aider à analyser les résolutions, aussi à tout analyser en une seule langue parce qu'on a beaucoup de langues en jeu.
01:28Et derrière par contre nous ce qu'on a pris comme position c'est de se dire on va tout regarder en interne, on va pas faire de délégation. C'est quand même des décisions importantes donc ça amène cette dizaine de personnes qui vont analyser ces résolutions grâce à l'aide des agences de conseil en vote mais pas de délégation à ces agences.
01:47Oui c'est ça, c'est qu'il y a besoin d'accéder à de l'information et de l'aide extérieure mais derrière tout est internalisé et la politique de vote est bien décidée chez vous en interne.
01:56Exactement, la politique de vote décidée une fois par an et ensuite l'analyse des résolutions et donc des 300 et quelques résolutions par jour à étudier sur la période.
02:06Quel bilan ? Alors j'aime bien parce qu'il y a toujours ce bilan un peu quantitatif justement avec des métrics que vous avez qui sont des indicateurs clés pour vous notamment le niveau d'opposition c'est toujours quelque chose que vous mettez en avant Michael.
02:20Quels sont les résultats de cette saison ?
02:22Tout à fait donc on est sur un niveau d'opposition à date d'aujourd'hui à 35% donc un peu plus d'une résolution sur trois c'est à peu près équivalent à notre niveau d'opposition de l'année dernière donc c'est quand même un marqueur assez important qui est aussi quelque chose qu'on peut voir globalement sur le marché se dessiner sur les acteurs plutôt français.
02:44C'est à dire que c'est une particularité plutôt française ces niveaux d'opposition quand on regarde la dernière étude de l'AFGA qui est sortie il y a quelques mois donc sur base de 2023 on était à 20% d'opposition pour les sociétés de gestion françaises en moyenne quand on regarde plutôt les acteurs européens hors France ou américains on est en dessous de 10% donc c'est une forme de particularité du marché français avec des acteurs qui utilisent l'outil du vote et qui n'hésitent pas à s'opposer.
03:13Qu'est-ce qui explique vous êtes aussi membre de l'AFG vous présidez la commission environnement c'est ça de l'AFG ?
03:17Je préside la commission gouvernement entreprise de l'AFG.
03:20D'accord donc comment vous expliquez cette caractéristique française ça ça m'intéresse.
03:25Je pense que c'est vu en tout cas moi je l'utilise comme ça et c'est un peu notre approche chez BNP PAM c'est de se dire c'est par le vote par l'opposition aussi qu'on peut obtenir des changements.
03:37On voit bien que les entreprises même si la plupart des résolutions à la fin elles sont approuvées il y a des contestations, les entreprises n'aiment pas trop qu'il y ait de la contestation, qu'il y ait des taux faibles.
03:47Le fait de s'opposer ça permet aussi de se mettre autour de la table, d'échanger, de dialoguer, d'essayer d'expliquer ce qui gêne et d'obtenir des modifications.
03:57C'est arrivé beaucoup de fois qu'il y a des entreprises qui nous appellent et qui nous disent vous êtes opposé pourquoi on veut comprendre, on veut parler et je pense que c'est un outil qui est beaucoup utilisé par les investisseurs français aussi à bon escient pour essayer d'obtenir des changements et donc de parler aussi et d'avoir accès.
04:15Vous avez au cœur cette notion d'engagement quand on crée ce dialogue-là et y compris quand une entreprise vient interroger un asset manager, vous ou d'autres, sur les raisons de son opposition, ça aussi ça crée j'imagine un dialogue qui peut aboutir à des choses constructives.
04:32Ça crée un dialogue et c'est vrai qu'on voit bien par exemple on sait très bien que les sujets qui sont les plus contestés c'est souvent les sujets de rémunération mais après ce qui est intéressant c'est qu'à travers la rémunération on parle de la stratégie de l'entreprise, des objectifs, c'est une porte d'entrée exactement.
04:48Donc très souvent c'est vous êtes opposé sur cette résolution-là sur les rémunérations on est à 55% d'opposition donc c'est très important mais ça nous permet aussi dialoguer, ça nous permet d'ouvrir une discussion, d'essayer d'évoluer et de parler bien sûr des rémunérations mais pas uniquement parler de la gouvernance, de la composition et de la stratégie.
05:07C'est-à-dire qu'une entreprise qui voit arriver à son capital des actionnaires ou des sociétés d'investissement d'asset management françaises elle peut se dire oh là là je vais avoir les contestataires c'est la marque de fabrique mais en même temps elle peut se dire aussi tiens intéressant parce qu'on va pouvoir discuter peut-être un peu sérieusement des sujets de contestation et voir si moi aussi je peux pas peut-être parfaire un petit peu le fonctionnement de mon entreprise.
05:31Oui ce qui est intéressant on a une position qui est assez intéressante et quand elle est bien utilisée par les entreprises dans le dialogue c'est qu'on a une vision globale, on vote dans le monde entier, on vote sur un énorme nombre de secteurs, on peut voir aussi ce qui se fait chez les concurrents donc le dialogue aussi peut être extrêmement vertueux, on voit que les entreprises souvent cherchent à comprendre bon déjà ce qu'on demande mais aussi ce qu'on peut voir chez les autres, chez leurs concurrents, qu'est-ce qu'on prône et donc on peut avoir cette démarche vertueuse.
06:01Quand les entreprises sont prêtes en effet à faire le changement.
06:03A ce dialogue.
06:04A ce dialogue.
06:05C'est ça.
06:06Quels ont été sur la saison 2024 en tout cas la grande partie de cette saison 2024 quels ont été les sujets de contestation un peu clés pour vous, est-ce qu'on est toujours autour du climat des rémunérations, est-ce que ça reste les chevaux de bataille les plus importants pour vous Michael ?
06:20Ça reste les principales thématiques, on a la rémunération, le taux de contestation le plus important, il y a les sujets de la gouvernance qu'il ne faut pas oublier que l'Assemblée Générale c'est d'abord l'organe de gouvernance, on est des actionnaires, des investisseurs, on va élire des administrateurs au conseil d'administration qui vont être là pour établir la stratégie, pour nommer des dirigeants, pour évoquer le dirigeant si ça se passe mal donc c'est vraiment l'organe clé donc l'Assemblée Générale va voter sur des administrateurs donc la gouvernance ça a toujours été au coeur de l'Assemblée Générale du dialogue et du vote.
06:50C'est les principales résolutions en volume d'ailleurs, on va élire les administrateurs, la rémunération aussi avec des résolutions spécifiques, ce qui est intéressant sur tout ce qui est climat, tout ce qui est environnement, tout ce qui est social en fait c'est des sujets extrêmement importants, en volume ils représentent très peu, ils représentent moins d'un pour cent des 25 000 résolutions, ça reste à la marge.
07:11Par contre ça peut faire beaucoup de bruit dans certains cas.
07:13Ça peut faire beaucoup de bruit, mais oui, je vous le dis sérieusement, bien sûr.
07:16Et ça ne veut pas dire que ce n'est pas parce qu'on n'a pas de résolution spécifique que ce n'est pas des éléments qu'on ne doit pas prendre en compte et c'est ce qu'on fait et comme je disais notamment élire des administrateurs, réélire du conseil d'administration qui établissent la stratégie en cas de désaccord avec la stratégie, en cas de problème sur des questions environnementales, sociales, pour nous c'est aussi à travers ces votes-là, là je regardais depuis plus de 10 ans.
07:38C'est aussi un levier qui permet aussi d'influencer pourquoi pas la stratégie climatique de l'entreprise.
07:42Exactement, on s'est opposé à près de 1600 résolutions depuis le début de l'année pour des considérations environnementales, biodiversité, climat, notamment pour les réélections d'administrateurs.
07:52Donc là encore comme le dialogue, c'est un outil qui est utilisé et essayé d'obtenir des évolutions aussi sur ces considérations même si on n'a pas forcément de résolution.
08:04Spécifique, dédié, oui, effectivement. Là aussi c'est un point de discussion qu'on a régulièrement avec vous Michael, l'idée que dans ce dialogue qui est aussi un rapport de force, des assets managers y compris comme BNP PAM peuvent s'allier ou se coaliser avec d'autres grands assets managers.
08:24C'est une pratique de plus en plus courante, ces coalitions comme on les appelle. Concrètement ça vous sert à quoi à l'issue d'une saison comme celle des AG 2024 ? Est-ce qu'il y a des votes collectifs de ce point de vue-là ? Et à quoi sert ces coalitions que vous pouvez former avec d'autres confrères et concurrents ?
08:45Alors le vote il reste individuel parce que chaque société de gestion a sa propre approche, a sa propre décision parce que sinon après on serait en action de concert si on voterait collectivement. Néanmoins en effet l'engagement collectif est extrêmement intéressant notamment sur des questions de risques systémiques, des questions climatiques, des questions de biodiversité.
09:05Il y a une organisation qu'on a pu parler par le passé qui s'appelle Climate Action 100+, 700 investisseurs qui se sont regroupés, qui engagent ensemble 170 entreprises dans le monde, 68 trillions de dollars donc c'est une masse extrêmement importante. Ce qui est intéressant c'est de montrer déjà l'évolution sur ces sujets. Il y a 6 ans, 7 ans quand cette initiative a commencé, elle a d'abord traité des sujets de gouvernance.
09:33Il faut prendre en compte les questions climatiques dans la gouvernance des entreprises. Aujourd'hui 93% de ces entreprises elles ont pris en compte dans leur gouvernance le risque climatique à travers le conseil d'administration, le contrôle interne etc. Ensuite il y avait l'idée de prendre une ambition climatique, des ambitions notamment d'être net zéro. Aujourd'hui c'est 3 entreprises sur 4 de Climate Action 100+, qui ont pris ces engagements. Donc on voit que ça évolue positivement.
10:01On parle maintenant d'engagements plus concrets, court terme, moyen terme, d'objectifs de réduction des émissions. Ce qui est intéressant aussi c'est le lien avec le vote parce qu'aujourd'hui nous dans notre politique de vote depuis quelques années on demande à ce que les entreprises prennent des engagements d'être net zéro.
10:23On s'inspire et on prend comme source d'information Climate Action et on sanctionne avec le vote lorsque ces entreprises n'ont pas pris ces ambitions. Ces engagements collaboratifs informent quand même le vote même s'il reste individuel et ont une source d'information qui est publiée parce qu'elle marche souvent avec un benchmark, des indicateurs qui sont publics, qui sont réévalués tous les ans et qui peuvent être une source d'information et d'éléments intéressants aussi pour le vote en Assemblée Générale.
10:52Et là aussi, gouvernant ces climats, restent les principaux sujets de ces engagements collectifs ou de ces coalitions aujourd'hui ?
11:00Le climat beaucoup en effet. Risques systémiques, complexes, l'accord de Paris, il y a eu beaucoup aussi de Climate Action 100+, il y a eu d'autres initiatives plus concentrées sur d'autres secteurs et les entreprises qui n'étaient pas concernées mais sur cette thématique là.
11:18Je dirais que la thématique plutôt récente, nouvelle, qu'on a essayé de structurer de la même façon, c'est plutôt sur les sujets de biodiversité. Donc on a créé avec d'autres investisseurs Nature Action 100. Donc on est quelques années après Climate Action. Là on va publier un benchmark aussi avec 6 indicateurs d'ici la fin de l'année. Il y a eu 100 entreprises qui ont été choisies. Alors maintenant on est à 200 investisseurs. Donc ça grandit de la même façon et donc on voit qu'il y a cette thématique qui prend de l'ampleur.
11:48Michael Erskovitch, directeur de l'engagement et politique de vote de BNP Paris-Baheme répondait aux questions de Grégoire Favé pour dresser le bilan des assemblées générales 2024 dans l'émission Smart Bourse du 10 juin dernier. J'aurai le plaisir quant à moi de vous retrouver pour une nouvelle édition de Smart Bourse demain à 17h. Je vous rappelle que vous pouvez retrouver cette émission en replay sur notre site bsmarttv.fr et en podcast sur toutes vos plateformes préférées.
12:18Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org