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Lundi 19 février 2024, SMART BOURSE reçoit Michael Israël (Cofondateur, IVO Capital Partners)

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00:00 [Musique]
00:10 Le dernier quart d'heure de Smartbourse, c'est le quart d'heure thématique.
00:13 Le thème ce soir, c'est celui des marchés émergents avec quelques cas spécifiques
00:18 que nous allons décrypter avec Michael Israel, cofondateur d'IVEO Capital Partners à mes côtés en plateau.
00:23 Bonsoir Michael.
00:24 Bonsoir Laurent.
00:25 Oui, le cas spécifique, et c'est pour ça notamment que vous êtes là ce soir, c'est celui de l'Argentine.
00:29 Évidemment, grand pays d'Amérique latine, sujet toujours très intéressant,
00:35 particulièrement peut-être en ce moment avec la nouvelle présidence de Javier Millei.
00:40 Mais avant même cela, vous dites que l'Argentine est un cas d'école depuis des années
00:44 de ce qu'on peut observer de la divergence entre un pays émergent et les entreprises de ce pays émergent.
00:52 Michael.
00:53 Oui, exactement.
00:54 C'est vraiment comme vous dites, le cas d'école.
00:56 C'est-à-dire que si on regarde, pour commencer par ça, si on regarde notre fonds le plus ancien à 9 ans de track record,
01:04 et c'est totalement contre-intuitif, mais le pays qui est le plus gros contributeur à la performance, c'est l'Argentine.
01:11 Pourtant, sur la période, la dette souveraine argentine n'est que en distress depuis le début.
01:19 Et pourtant, les entreprises argentines ont très bien performé. Elles sont d'une résistance à toute épreuve, j'allais dire,
01:26 quand on prend cet exemple. Et c'est d'autant plus parlant que finalement, c'est la différence entre la "Mark to market" et le crédit,
01:37 c'est-à-dire à l'arrivée. Il y a cette contamination permanente entre l'évolution, la volatilité du souverain et les prix dans les marchés,
01:45 des obligations. Mais à l'arrivée, même s'il y a cette contamination, est-ce que les entreprises sur la période délivrent ce qu'elles doivent délivrer
01:53 et remboursent leur dette ? Oui.
01:56 Donc pour quelqu'un qui est capable de porter tout au long de la vie l'obligation d'une entreprise argentine bien choisie, bien sélectionnée,
02:04 vous dites, dans le fonds, alors le nom du fonds, votre équipe, IVEO Fixed Income, vous dites que c'est ce qui a apporté la meilleure performance.
02:12 Oui, c'est ce qui a apporté la meilleure performance. Alors il y a le portage et puis après il y a cette volatilité. Il faut savoir aussi en profiter.
02:19 C'est ces moments où l'esprit de souverain décale. C'est des moments où vraiment dans l'obligataire, on peut vraiment avoir des très très belles opportunités.
02:28 Comment vous regardez le moment Milley, maintenant en Argentine ? Donc ça fait à peine quelques mois qu'il est là, je crois, avec beaucoup d'annonces,
02:36 de fracas, de prises de position qui ont fait de lui déjà un personnage médiatique au niveau mondial. Bref, comment vous regardez le cas d'investissement argentin
02:44 du point de vue des entreprises et des corporate argentins spécifiquement aujourd'hui, Mickaël ?
02:48 Alors comme vous dites, on ne peut que le regarder de manière spectaculaire parce que c'est le spectacle.
02:52 Tout est spectacle aujourd'hui.
02:54 Donc non, intéressant, j'ai envie de dire que, en tout cas sur la rhétorique, ce n'est pas que la rhétorique d'ailleurs, on va en parler deux secondes,
03:01 mais aujourd'hui, le programme est complètement en rupture. C'est un programme ultra libéral. C'est tout ce que le marché a envie d'entendre.
03:11 Et d'ailleurs, je dirais que plus qu'il a envie d'entendre, c'est ce qu'il a entendu parce que ça se voit déjà dans l'accueil qu'a fait le marché à l'élection de...
03:20 Ah ben, vous avez mis le graphe. Donc on voit très bien...
03:22 Il y a la séquence, là.
03:23 Voilà, il y a la séquence. Donc vous voyez en bleu clair en bas, c'est les spreads des entreprises argentines.
03:29 Et en haut, ce sont les rendements plutôt d'ailleurs du souverain argentin.
03:36 Alors on voit que ça a été très, très bien accueilli. On voit que les rendements ont baissé significativement sur le souverain.
03:41 Et puis également de manière assez forte déjà sur le corporate.
03:45 Et donc on se retrouve déjà avec des rendements sur le corporate argentin à 10%.
03:49 Bon, ça reste l'Argentine. Donc 10% sur du corporate argentin en absolu, mais en relatif aussi.
03:56 Il ne faut pas se rappeler aujourd'hui qu'il y a du rendement un peu partout.
03:59 Donc ça se voit que les marchés ont particulièrement bien accueilli l'arrivée de Milleais.
04:05 J'entends. Autrement dit, il va falloir délivrer maintenant. Et c'est là où il y a un gros point d'interrogation peut-être pour les marchés, pour les investisseurs.
04:11 Alors, pour le marché, il n'est pas encore là, le point d'interrogation.
04:14 Ce qui est certain, c'est que dans la séquence, comme vous dites, pour délivrer tout ça, ça va être compliqué.
04:20 Ceci dit, c'est un... Comment on peut dire ? C'est un taureau. Il a avancé.
04:25 Donc il essaye de faire passer un plan qu'on appelle l'omnibus qui a déjà été retoqué au Congrès.
04:30 Donc on va dire qu'il n'a pas le soutien du Congrès.
04:33 Il n'a pas le soutien parlementaire.
04:34 Donc ça, c'est compliqué. Mais par ailleurs, il agit quand même.
04:38 Donc il a déjà agi en partie par décret.
04:40 Et puis surtout, il fait quelque chose d'autre qui est assez intéressant.
04:44 C'est qu'il utilise pas mal l'inflation pour couper dans les dépenses.
04:47 Donc je m'explique en deux mots. Il a fait une grosse dévaluation de la devise en arrivant.
04:51 Dévaluation de la devise entraîne généralement une poussée de l'inflation.
04:55 C'est ce qui se passe. On est déjà dans un pays d'hyperinflation.
04:57 Et puis, si vous voulez, pour prendre un exemple, si vous dites demain, je vais augmenter les retraites,
05:03 mais simplement de 100% alors que l'inflation est à 200%, quelque part, vous coupez dans vos dépenses.
05:09 Et donc c'est ça qu'il a commencé à faire.
05:11 Il y a déjà des résultats. C'est que sur un mois.
05:13 Mais sur un mois, il a présenté des comptes à l'équilibre avec des baisses très significatives,
05:19 des pensions de retraite, des salaires aux fonctionnaires, etc.
05:23 Donc il est en action. Il est populaire. C'est marrant.
05:27 Parce qu'il est populaire avec un programme d'austérité.
05:30 Il veut en finir avec les subventions.
05:32 Et bon, la question, c'est que son actif principal, c'est sa popularité.
05:36 Est-ce que ce capital va fondre vite ou est-ce qu'il va pouvoir en préserver une partie ?
05:42 Exactement, parce que 2024 sera une année quand même difficile économiquement et pour la population.
05:47 Le court terme et puis le long terme.
05:50 2024 va être une année très politique.
05:53 Il y a quasiment 60% du PIB mondial, je crois, qui est appelé aux urnes.
05:57 Vous me dites, c'est 86 élections, avec notamment tous les gros émergents qui sont attendus.
06:03 Effectivement, ça a commencé, bien sûr, mais ça va se poursuivre.
06:07 On a le Mexique, on aura l'Inde, l'Indonésie a voté, je crois, c'est ça.
06:12 On a eu l'Argentine, bien sûr, c'était en fin d'année dernière, etc.
06:15 L'Afrique du Sud.
06:17 Qu'est-ce qu'on peut dire des marchés et de ces moments électoraux,
06:22 avec là en plus une fréquence très importante en 2024 ?
06:25 Alors pourquoi les élections, c'est important ?
06:28 Et je dirais vraiment précisément pour le monde obligataire.
06:31 Parce que ça se voit un peu moins dans le monde de la gestion à action.
06:34 Mais sur le monde obligataire, même des entreprises, encore une fois je répète,
06:39 il y a dans le prix que paye une entreprise, donc dans le rendement qu'elle doit payer,
06:43 il y a le spread souverain.
06:45 Et donc, il s'avère que l'expérience le montre.
06:49 Chaque fois qu'il y a des élections, et notamment dans les pays émergents,
06:52 il y a une certaine volatilité.
06:54 Elle peut être très positive, comme on vient de le voir sur l'Argentine.
06:57 Ça a été très bien accueilli, on voit que c'est assez fort, quand même, le mouvement.
07:00 Et ça peut être aussi très négatif si les intentions de vote qui commencent à apparaître
07:05 vont dans le sens inverse.
07:07 On a eu l'exemple en 2022 en Colombie, exactement, avec l'élection de Petro.
07:12 Quand le marché a vu que c'était un populiste de gauche qui allait prendre le pouvoir,
07:17 le marché n'a pas apprécié.
07:19 On peut voir sur le graphique, là, on voit le pic, effectivement,
07:23 de volatilité et de rendement lors de l'élection colombienne en 2022.
07:28 C'est le mouvement inverse à ce qu'on a vu sur l'Argentine.
07:31 Et là, on voit un écartement des spreads.
07:33 Et tout ça va contaminer systématiquement.
07:36 Tiens, voilà, c'est affiché ici.
07:38 Donc on voit bien le pic au moment des élections présidentielles.
07:40 Et puis, vous voyez que ça reste un certain moment.
07:42 Et on voit une différence importante avec ce qu'avait l'habitude de payer le corpo colombien
07:49 par rapport à l'indice.
07:50 Et d'un coup, ça s'écarte.
07:51 Donc les années d'élections sont des années qui sont intéressantes
07:56 pour les gérants obligataires.
07:58 Et au cas particulier, évidemment, plus dans les émergents,
08:01 parce qu'il y a plus de volatilité sur les spreads souverains émergents
08:04 que sur les spreads souverains des pays développés.
08:06 Ça, c'est sûr.
08:08 On va avoir des grands pays cette année, vous l'avez cité,
08:10 où on a l'habitude d'investir.
08:11 Le Brésil, le Mexique, l'Inde.
08:14 Donc là, c'est vraiment des grandes économies.
08:16 On va voir si ça va se traduire d'une volatilité dans un sens ou dans l'autre.
08:19 Mais en tout cas, ça peut être une très bonne année d'opportunité.
08:23 - Quand vous dites "on va voir", ça veut dire qu'à ce stade,
08:26 il est prématuré de faire des paris, même si j'aime pas le mot,
08:29 quand on fait de l'investissement, Michael,
08:31 mais vous n'avez pas de perception, dans un sens ou dans l'autre, plus forte ?
08:36 - Non. Alors, par construction, ces moments d'opportunité,
08:40 justement, c'est l'imprévisible.
08:42 C'est-à-dire quand on commence à voir, à l'approche de l'élection,
08:45 dans les intentions de vote, un scénario qui ne plaît pas forcément au marché,
08:50 où on commence à pricer une incertitude sur le fait que
08:53 le résultat va pas être aussi bon que celui qu'on espère.
08:56 Aujourd'hui, il n'y a pas de pays où c'est en train d'aller dans cette direction-là,
08:59 ou en tout cas de grands pays, je dirais, qui nous intéressent.
09:02 Ceci étant dit, c'est toujours comme ça.
09:05 - Il y a encore le temps pour que ça arrive.
09:06 - Oui, c'est ça. - C'est toujours comme ça.
09:08 Si ça se savait déjà, ce serait déjà dans les prix.
09:11 Donc non, il y aura des opportunités, mais sur les élections de cette année,
09:14 pour tout le monde, l'élection la plus importante, ce sera celle des US.
09:19 Et même pour les émergents, je dirais à triple titre pour les émergents.
09:24 D'abord, pour toutes les classes d'actifs, on sait très bien que
09:28 l'élection américaine aura un enjeu.
09:30 Pour les émergents et le corpo émergent, Artcurrency,
09:32 nous, on est directement sur la courbe des taux en dollars.
09:35 Donc évidemment que, même si la fête est indépendante,
09:38 le résultat des élections va avoir des impacts sur les prédictions,
09:42 sur l'économie américaine, sur les politiques fiscales, etc.
09:46 Donc vraiment, cette élection américaine, elle sera majeure
09:49 pour le monde émergent en 2024, c'est certain.
09:54 - Sans compter peut-être des nouvelles alliances ou des renversements
09:57 des alliances qui pourraient arriver à l'occasion d'un nouvel entrant
10:00 à la Maison Blanche. On verra ce qu'il en est le 5 novembre.
10:04 - Je ne sais pas si vous pensez à... - Oui, je pense à Donald Trump.
10:07 Oui, c'est le retour, le comeback. On verra dans le réel état d'esprit.
10:11 Il pourrait être à nouveau à la Maison Blanche en novembre prochain.
10:15 - On n'y est pas. Un mot sur la Chine.
10:18 Est-ce que la Chine est toujours l'éléphant dans la pièce,
10:21 notamment pour les émergents, Miquel ?
10:24 Parce que là, le moteur a peut-être un peu de mal à redémarrer.
10:27 On verra ce qui se passe en 2024. Mais en tout cas, je crois que tout le monde
10:30 a oublié l'idée d'avoir une Chine qui pouvait redémarrer en V,
10:33 comme on l'avait vu lors de la grande crise financière.
10:36 Est-ce que c'est un problème pour le reste de la sphère émergente ?
10:39 - Alors, je disais ça il n'y a pas longtemps parce que ça me faisait sourire.
10:42 Il y a quelques sorties Covid, je ne sais pas si vous vous souvenez.
10:45 On montrait des graphes, et je dis "on", je nous inclue.
10:48 On montrait des graphes pour montrer combien...
10:51 Parce que c'était le grand gagnant, la Chine. Le grand gagnant du Covid dans un premier temps.
10:54 - Premier entrée, premier sortie. - Exactement.
10:57 Et donc, l'idée était de montrer combien les économies émergentes
11:00 aujourd'hui étaient plus sensibles à l'économie chinoise
11:03 qu'à l'économie américaine, qui était le grand perdant,
11:06 et l'économie européenne, enfin, aux pays développés.
11:09 Et donc, on vous présente les mêmes graphiques pour vous dire
11:12 finalement, l'économie chinoise est en train de ralentir très fortement,
11:15 mais même pas mal, les économies émergentes vont très bien se porter.
11:20 Donc, ça peut paraître un petit peu bizarre,
11:23 mais ce qui est vrai, c'est qu'entre temps, ce qui était un concept est devenu une réalité.
11:27 Vous avez tous entendu parler du neershoring, reshoring, etc.
11:32 Et ça, c'est vrai que l'économie s'est stupéfiante à quelle vitesse elle s'est réorganisée.
11:37 Et quand on voit des économies comme le Mexique, quand on voit les investissements directs en Chine,
11:41 enfin, ça parle, vous le voyez directement...
11:43 On est passé d'un record en 2021 d'investissements directs en Chine
11:46 à quasiment zéro en 2023.
11:48 Voilà, et bien, ils sont bien allés ailleurs.
11:50 Et donc, bon, je ne vais pas vous faire la thèse, vous la connaissez,
11:52 mais des pays comme le Mexique, comme l'Inde, etc. sont vraiment des grands bénéficiaires.
11:56 Donc, les cartes se sont redistribuées.
11:58 Et aujourd'hui, on a quand même l'économie américaine qui est là et qui est solide.
12:02 Elle reste un fort soutien à l'économie mondiale.
12:04 Il n'y a pas d'inquiétude, si vous regardez les projections sur la croissance des pays émergents,
12:09 il n'y a pas d'inquiétude.
12:10 Il y a même plutôt des prévisions assez intéressantes
12:12 et une surperformance par rapport aux développés pour 2024.
12:16 Maintenant, pour la Chine, j'entendais sur l'émission précédente,
12:19 nous, sur les obliges, on n'a pas du tout, du tout le même sujet que sur les actions.
12:23 Nous, c'est même l'inverse.
12:25 Les valorisations sur les obliges restent assez chères, à part le secteur du mobilier.
12:30 Mais les valorisations restent assez chères en Chine.
12:33 Le disan chinois est autour de 50 pour donner un ordre d'idée.
12:38 Et les spreads chinois, même en dollars, hors real estate, ne sont pas très attractifs.
12:43 Donc, ce n'est pas une zone dans laquelle on trouve des opportunités.
12:46 Et en plus, sur l'économie en général, nous, on appelait ça "slower for longer".
12:50 Donc, on n'est pas certain que ça va tout de suite redémarrer.
12:54 Merci beaucoup, Mickaël.
12:55 Merci pour cet éclairage que vous nous apportez régulièrement sur la sphère émergente.
12:58 Votre domaine d'expertise chez UEO Capital Partners.
13:01 Mickaël, qui était l'invité de ce quart d'heure thématique de Smart Bourse ce soir.
13:04 Merci.
13:05 Merci.
13:06 ♪ ♪ ♪

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