J-4 avant le 1er tour des élections législatives anticipées : écoutez l'interview de Bruno Retailleau, président des sénateurs Les Républicains.
Regardez L'invité de RTL avec Amandine Bégot du 26 juin 2024.
Regardez L'invité de RTL avec Amandine Bégot du 26 juin 2024.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00RTL 7h42, Amandine Bégaud, vous recevez ce matin le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau.
00:09LR, grand absent du débat télévisé d'hier, je rappelle que vous aviez déposé un recours devant le Conseil d'État qui a été rejeté, Bruno Retailleau.
00:17Vous nous disiez ce débat, vous l'avez trouvé cacophonique. Et ?
00:22Non, je l'ai trouvé cacophonique, pas seulement sur la forme.
00:26Mais je pense que notre pays est arrivé au bout d'un modèle.
00:30On voit bien que la France est en train de décrocher, décrochage vis-à-vis de l'Europe, nous sommes devenus en matière de finances publiques les cancres de l'Europe.
00:37Décrochage et déclassement, vous savez qu'en deux ans, il y a un million de Français qui ont été rattrapés par le SMIC.
00:43Il y a 20 ans, un Français et un Allemand, c'était le même niveau de vie.
00:47Aujourd'hui, la différence, elle est de quasiment 5 000.
00:49Vous avez dit qu'il y a quelques jours, la France est en train de se smicardiser.
00:52Oui, c'est vrai, mais c'est vrai, s'appauvrir.
00:54S'appauvrir parce qu'en réalité, on est un État qui est obèse.
00:59On travaille de moins en moins et je n'ai rien entendu hier.
01:02Vous voyez, sur les trois voix qui se disputaient cet espace de temps sur cette grande chaîne de télévision,
01:09je n'ai rien entendu qui soit à la hauteur de l'enjeu d'aujourd'hui.
01:13Qu'est-ce que l'on fait pour que demain, on ait plus de pouvoir d'achat et de niveau de vie ?
01:18Plus de compétitivité, certainement pas en faisant des chèques.
01:21Vous vous rendez compte qu'aujourd'hui, le gouvernement est en train de faire des chèques.
01:24Lorsque vous avez, par exemple, à refaire un zip et que si le zip, vous savez, il a failli mettre sur éclair,
01:29plus de 20 centimètres, c'est 14 euros, moins de 20 centimètres, c'est 7 euros.
01:33Donc, on a fait des chèques.
01:35On a essayé de maintenir coûte que coûte le niveau de vie des Français en faisant des chèques en bois par la dépense publique.
01:41Et aujourd'hui, c'est terminé.
01:43Le seul paiement des intérêts de la dette en 2027 absorbera la totalité de l'impôt sur le revenu.
01:49Sauf que, pardon Bruno Retailleau, mais ce discours, j'ai l'impression que les Français ne l'entendent pas.
01:54Les LR sont crédités de 6 à 7 % selon les sondages.
01:57Amandine Bégaud, c'est vrai, vous avez parfaitement raison.
01:59Est-ce que pour autant, il faut que ce discours, on ne le tienne pas ?
02:03Personne ne l'a tenu.
02:04Le Rassemblement National, c'est toujours dépenser plus, dépenser plus et travailler moins.
02:10Les retraites, quand moi j'ai fait voter au Sénat, les 15 heures de contrepartie, en face du RSA, Marine Le Pen s'y est opposée.
02:17Elle est pour l'assistanat.
02:19Je n'ai rien entendu qui soit à la hauteur du renouvellement d'un modèle.
02:23Parce qu'on entraîne les Français vers le bas.
02:26Et c'est vrai que le langage, le discours qu'on essaie de tenir, c'est l'exigence.
02:31Et c'est un discours de vérité.
02:33Encore une fois, le Rassemblement National, il n'y a quasiment plus de programme ni de projet.
02:37Puisque, au fil des jours, ils sont en train de détricoter.
02:41Ils sont en train de détricoter.
02:43J'ai même entendu M. Tanguy, qui est le M. Économie du Rassemblement National, dire
02:47« Oh là là, la baisse de la TVA, je ne suis pas sûr que l'Europe nous permette, peut-être qu'on aura un an d'une expérimentation. »
02:54Mais Bruno Retailleau, j'ai bien compris.
02:56Le RN, c'est non.
02:59Vous n'avez aucun point commun avec Jordan Barnella et allusion sans doute aussi à ce qu'a fait Éric Ciotti.
03:04Et on va y revenir.
03:05Pardon, mais je voudrais comprendre pourquoi, alors que vous êtes à 6 ou 7%, je le disais dans les sondages,
03:10vous n'acceptez pas cette main tendue, en quelque sorte, à la fois par Gabriel Attal, par Édouard Philippe.
03:16Vous n'êtes pas sur la même ligne, on est bien d'accord.
03:18Mais il y a quand même beaucoup de choses qui vous rassemblent.
03:20Vous parlez de smicardisation de la société française.
03:23Par exemple, Gabriel Attal, il y a quelques semaines, voulait désmicardiser la France.
03:27Il y a des choses communes entre vous ?
03:30Ce sont des mots.
03:31Non, mais sur l'économie, il y a quand même un certain nombre...
03:33Ecoutez, seuls les résultats comptent.
03:35Regardez, si je fais deux grandes catégories, pour être simple.
03:39Sur le régalien, c'est le grand échec d'Emmanuel Macron.
03:42La politique migratoire, il a tout fait pour refuser le texte très ferme que nous avions écrit au Sénat.
03:48Total, il n'y a jamais eu de temps d'entrée, de première entrée, ou même de demande d'asile en France.
03:53C'est l'échec.
03:54Avec un taux d'insécurité qui est lié d'ailleurs à l'immigration.
03:58Les statistiques du ministère de l'Intérieur laissent aucun doute là-dessus.
04:021000 coups et blessures par jour.
04:04Donc sur l'insécurité, il y a une chronique qu'on appelle des faits divers.
04:07Ce ne sont plus des faits divers, ce sont des faits de société, parce qu'ils sont signifiants.
04:11Donc sur le régalien, c'est l'échec.
04:13Et sur l'économie, vous ne croyez pas que c'est l'échec ?
04:161000 milliards de dettes de plus, un double déficit budgétaire, commercial.
04:23Et ce que j'étais en train de vous dire, c'est qu'on a totalement consommé les marges de manœuvre pour l'avenir.
04:28Balzac avait une très belle phrase.
04:30Il ne parlait pas de l'endettement.
04:32Il disait qu'aucune génération n'a le droit d'en amoindrir une autre.
04:35C'est ce que nous sommes en train de faire.
04:36Pas seulement avec la dette climatique, mais avec la dette tout court.
04:39Il n'y a malgré tout pas des valeurs communes, pardon, entre...
04:42Non mais je me bats, nous nous battons, vous voyez.
04:45Je pense que le macronisme, certains ont dit que c'est un hypercentrisme.
04:48Je pense que c'est d'abord un égocentrisme.
04:51Je pense qu'Emmanuel Macron a voulu abolir l'ancien clivage droite-gauche.
04:58Mais en réalité, il l'a fait au prix d'un nouveau clivage, beaucoup plus radical,
05:03entre LFI et le Rassemblement National.
05:07C'est un système, cette tripartition, qui est un poison pour la démocratie,
05:11avec un grand bloc central, deux ailes radicales.
05:14La démocratie, c'est la possibilité d'une alternance.
05:16Et à ce moment-là, si vous avez un tripartisme, la seule alternance possible, elle est radicale.
05:20Moi, je me bats pour, comme dans les autres pays d'Europe,
05:23que le clivage droite-gauche puisse revenir.
05:26Mais ça veut dire, Bruno Retailleau, que vous êtes aujourd'hui prêt à prendre le risque
05:30de voir le Rassemblement National ou le nouveau Front Populaire arriver au pouvoir ?
05:34Vous êtes prêt à prendre ce risque-là ?
05:36Mais ce n'est pas un risque à prendre.
05:38Emmanuel Macron nous a dit qu'il nous a vendu, depuis 7 ans,
05:41qu'il serait le meilleur rempart contre les extrêmes.
05:44Il les a survalorisés.
05:46Il est le meilleur marche-pied.
05:48Il a reçu Monsieur Bardella, aux réunions de Seine-Saint-Denis.
05:51Ils l'ont valorisé.
05:53C'est même des couronnes de laurier.
05:55Donc arrêtons l'hypocrisie, vous voyez.
05:58Donc c'est bon, il n'y aura jamais de bloc central avec lui.
06:00Le RN et les deux extrêmes pour lui, c'était deux formidables assurances-vie.
06:04Et à chaque fois, il nous a fait le coup, c'est moi ou K.O.
06:07Le problème, c'est qu'à un moment donné, ce n'est plus lui, mais c'est le K.O.
06:11Et aujourd'hui, c'est l'antimacronisme qui est en train de nourrir par ce rejet,
06:17qui n'est pas un projet, certes, mais le vote du RN ou même de LFI.
06:22Donc il n'y aura pas d'alliance avec le bloc central de la part des Républicains.
06:26C'est une vraie question.
06:27Amandine Bégaud, bien sûr, vous avez raison de la poser.
06:29C'est la question que se posent en plus plein d'électeurs de droite, notamment,
06:32qui disent qu'on ne comprend pas pourquoi ils ne suivent pas.
06:36Pourquoi ne suit-on pas ?
06:38Parce que j'ai une faiblesse, vous voyez.
06:41Je pense que la politique, ce sont des convictions.
06:43Et dès lors que nous ne retrouvons pas des convictions
06:45que nous estimons bonnes pour la France sur le plan économique,
06:47pour redresser la France, pour que la France soit plus souveraine,
06:50plus indépendante, parce que plus de dépenses, c'est moins d'indépendance.
06:54Et nous voulons aussi la fermeté sur le plan migratoire.
06:57Donc tant pis si ça vous coûte des sièges.
06:59Écoutez, la politique, c'est aussi des convictions.
07:02Et c'est ce que l'on croit bon pour le pays.
07:04Et je pense, moi, après sept ans de macronisme et de en même temps,
07:07je pense que c'est peut-être le moment de revenir à de la constance, à de la cohérence.
07:11C'est un discours, certes, qui est un discours du sérieux,
07:14qui est un discours raisonnable.
07:16Mais moi, je ne sais pas faire de la politique autrement.
07:18C'est à prendre ou à laisser, si vous voulez.
07:20Moi, je dis aux Français, voilà ce que je pense,
07:22voilà ce que je crois bon, pour que demain, nos enfants,
07:25nos petits-enfants vivent mieux que nous.
07:27Mais si on nous vend cette idée qu'il faut toujours moins travailler pour vivre mieux,
07:32moi, je dis que c'est des mensonges.
07:33On a trompé les Français.
07:34Les bonimenteurs de la retraite à 60 ans, voire 62 ans,
07:38les bonimenteurs de la semaine à 35 heures,
07:41ou alors de la semaine en 4 jours,
07:43ce sont des gens qui ont conduit la France à l'appauvrissement.
07:46Si, tu sais, j'ai la seule voix à le dire, je le dirai.
07:50Jusqu'au bout.
07:51Éric Ciotti dit que c'est une stratégie politique,
07:54le fait de ne pas rejoindre ce bloc central,
07:56que vous pariez, je le cite, sur le chaos.
07:58Il évoque notamment Laurent Wauquiez.
08:00Il fait partie, dit-il, de ceux qui espèrent le chaos,
08:02pour mieux rebondir après.
08:04Quel chaos ! Quel chaos !
08:07Éric Ciotti, vous voyez, il y a le fait politique et il y a le fait humain.
08:11Le fait politique, incroyable.
08:14C'est-à-dire qu'un chef de parti,
08:16au moment où ses troupes partent au combat sous la mitraille,
08:19il les trahit.
08:20Il a pris 13 points depuis cette décision, pardon,
08:22auprès des sympathisants de droite.
08:24Oui, oui.
08:25Alors, vous savez, j'ai aussi vu des sondages
08:27où les électeurs de François-Xavier Bellamy,
08:29c'est la dernière élection que l'on a sous la main,
08:3270% étaient contre cette alliance.
08:34Mais vous vous rendez compte le fait humain
08:36qu'un chef fasse ça en catimini, en secret ?
08:38Il nous a dit ici même, l'intérêt de la France
08:40est au-dessus des amis de la famille.
08:43L'intérêt de la France quand il prenait contact
08:45il y a quelques jours, quelques semaines,
08:47avec la Macronie ?
08:48C'est quoi l'intérêt de la France ?
08:50C'est l'intérêt pour la ville de Nice ?
08:51C'est l'intérêt pour sa circonscription ?
08:53Il y a de l'égocentrisme là-dedans aussi ?
08:55Peu importe.
08:57J'ai toujours considéré...
08:59Moi, j'ai un principe.
09:01J'aime la mer, j'aime naviguer,
09:04et c'est pas dans la tempête que je quitte le navire.
09:07Alors c'est sûrement une faiblesse.
09:09Parce que c'est sûr que ceux qui n'ont pas de cap,
09:11ceux qui nous voient en permanence,
09:13ils sont beaucoup plus agiles que moi.
09:14Et que ma famille politique.
09:16Mais encore une fois, si on veut relever l'horizon
09:18dans des temps qui vont être difficiles,
09:20comment ne pas voir que la France est en train,
09:23je veux dire, de chuter ?
09:25Il y a un déclin.
09:26Moi je ne suis pas décliniste parce que je pense
09:28que beaucoup, ça a été fait d'ailleurs au XXIe siècle,
09:31regardez l'Irlande, regardez le Portugal,
09:33ce sont des pays qui ont été très mal
09:35et qui grâce à des hommes et des femmes politiques
09:37se sont relevés.
09:38Donc moi je pense que j'aime mon pays
09:40et il y a énormément d'atouts dans ce pays-là.
09:42Donc voilà, moi je suis plutôt optimiste.
09:44Mais il faut prendre des bonnes décisions.
09:45Et j'observe, quand j'écoute le débat d'hier,
09:47qu'aucune de ces trois voix n'a la clé
09:50pour relever la France.
09:52Dernière question, en cas de deuxième tour,
09:53RN, Nouveau Front Populaire,
09:55vous refusez toujours de choisir ?
09:56Non mais ça, je ne veux pas entrer dans ce débat
09:59parce que ça voudrait sous-entendre
10:01que je ne crois pas dans les chances de mes candidats
10:03d'être au second tour.
10:04Mais François-Xavier Bellamy par exemple a choisi.
10:05Il a dit ce sera le RN.
10:06Oui mais François-Xavier est un ami,
10:07vous ne trouverez pas...
10:08Non mais ce n'est pas que je ne veux pas vous fâcher.
10:10Bon, vous n'y arriverez pas.
10:11Mais ce que je veux dire pour ma part,
10:13c'est qu'on aura sans doute une centaine de candidats
10:15au second tour.
10:16Et c'est sur eux que je veux parier.
10:18Ce sont des candidats qui sont courageux.
10:19Eux ont tenu la ligne.
10:21Ils sont restés fidèles aux convictions.
10:23Parce que ces convictions, encore une fois,
10:25plus de fermeté sur le régalien,
10:27plus de liberté dans l'économie,
10:29avec cette asphyxie, cette overdose de normes,
10:31d'impôts, de prélèvements obligatoires.
10:33Nous sommes les seuls à porter ces deux idées-là
10:35simultanément.
10:37Plus de fermeté, le régalien,
10:39et aussi plus de liberté.
10:40C'est la liberté qui relèvera, je pense,
10:42la France.
10:43Merci beaucoup Bruno Retailleau.
10:44Merci.
10:45C'est l'une des formules de la matinée,
10:46le macronisme.