Ils sont aujourd’hui 125 vacataires pour 3 permanents à assurer un peu plus de 10 000 prélèvements par an pour l’agence française de lutte contre le dopage. Fin novembre ils étaient tous réunis à l’INSEP pour une formation continue. L'occasion de faire le point sur les missions de l'agence avec Francesca Rossi, la directrice du département des contrôles de l’AFLD et Jérémy Roubin, le secrétaire général de l’Agence.
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00:00Ils font partie intégrante du mouvement sportif mais sont quasiment invisibles.
00:13Pourtant, il suffit de se rendre sur le site de l'AFLD, l'agence française de lutte
00:18contre le dopage, pour découvrir à la rubrique décision disciplinaire toute leur utilité.
00:244 contrôles positifs en octobre, 5 en septembre, rugby à 13, MMA, athlétisme, football et
00:34même pétanque, les profils d'athlètes français sanctionnés pour prise illicite
00:38de substances ces derniers mois sont variés, et les suspensions également, 2 ans pour
00:44un premier contrôle positif, 8 pour une seconde violation des règles antidopage, des sanctions
00:50implacables pour un taux de sportifs dopés qui reste dans les standards.
00:54En moyenne aujourd'hui, dans le monde entier, on trouve sur 100 contrôles, 1% révèle
01:02un test positif, c'est-à-dire un résultat d'analyse anormale, cette moyenne est très
01:06variable selon les sports, il y a des sports où on peut monter à 15-20% parce que c'est
01:10une discipline à risque, il y en a d'autres où à l'inverse le dopage est très faible,
01:14néanmoins notre effort est constant pour justement éradiquer au maximum et surtout
01:19traquer ceux qui pensent toujours avoir une longueur d'avance.
01:22Et dans cette course contre la montre, le moteur essentiel de l'agence, ce sont les
01:26prélèveurs.
01:27Ils sont aujourd'hui 125 vacataires pour 3 permanents, à assurer un peu plus de 10
01:32000 prélèvements par an.
01:34Fin novembre, ils étaient tous réunis à l'INSEP pour une formation continue.
01:38Je fais partie des 3 prélèveurs permanents de l'agence, c'est quasiment une mission
01:43tous les 2 jours, tous les 3 jours selon la période de l'année, ou tous les jours
01:47des fois.
01:48L'agence française va intervenir sur des sportifs français mais aussi étrangers qui
01:52vont être de passage en France, elle va contrôler des sportifs français qui également s'entraînent
01:56à l'étranger.
01:57En revanche, les sportifs de niveau international vont plutôt être contrôlés par les fédérations
02:01internationales qui elles assurent la mission anti-dopage pour le très haut niveau mondial.
02:06Mais concrètement, c'est l'agence française de lutte contre le dopage qui va contrôler
02:10l'ensemble de la délégation nationale olympique et paralympique avant qu'elle parte aux
02:14Jeux de Paris en 2024.
02:16Et pour être efficace, l'AFLD se doit de cibler ses contrôles vers le haut niveau
02:20d'abord.
02:21Certaines disciplines sont également plus contrôlées que d'autres.
02:25Nous on fait une étude de risque, on s'appelle comme ça, tous les années, où on fait un
02:30classement de sports qui sont plus à risque, disciplines plus à risque, et après on sélectionne
02:35des sportifs que nous on juge intéressants à mettre dans notre groupe cible ou groupe
02:41de contrôle.
02:42Il y a certaines disciplines à risque parce qu'elles sont de force ou d'endurance comme
02:45l'athlétisme ou le rugby par exemple, ou le cyclisme, qui sont davantage exposées
02:48aux risques de dopage, qui vont être davantage ciblées que d'autres.
02:50Et ensuite, au sein de chaque discipline, il y a un ciblage sur le type de sportif
02:54qui fait partie du haut niveau ou du très haut niveau, donc c'est véritablement le
02:58public cible de l'agence pour les prochains mois et les prochaines années.
03:01Pour autant, dans le même temps, l'ensemble des préleveurs qui sont déciblés sur tout
03:05le territoire français vont aussi intervenir dans des compétitions davantage locales,
03:10des niveaux régionaux, pour être sûrs qu'il y a un effet dissuasif, c'est-à-dire qu'à
03:13tout moment, il puisse y avoir un contrôle antidopage sur une compétition.
03:16C'est le principal effet dissuasif, c'est l'épée de Damoclès.
03:20Une fois les disciplines à risque et les sportifs ciblés, reste à déterminer le
03:24moment opportun pour effectuer les contrôles.
03:27Aujourd'hui, environ deux tiers s'effectuent hors compétition, de manière inopinée.
03:33C'est un des points, on va dire, plus compliqués dans la lutte antidopage, c'est de démasquer
03:38les périodes propices.
03:39Ça veut dire canceller vraiment le moment où l'athlète peut utiliser des substances
03:44pour améliorer sa performance.
03:46Ça dépend aussi du sport, ça dépend de la carrière de l'athlète.
03:50Par exemple, si un athlète a comme objectif une marathon qui se fait le mois d'avril,
03:54on doit commencer à le tester, par exemple, au début d'année.
03:57On doit vraiment découvrir ces périodes propices et c'est vraiment une partie compliquée
04:01de notre travail.
04:02Ce qui est intéressant d'un point de vue là, c'est les tests hors compétition qu'on
04:05fait, par exemple, au domicile de l'athlète.
04:08On sait que typiquement, pour les protocoles d'antidopage lourds à l'EPO, les moments
04:11de prise ne sont pas lors de la compétition, évidemment, mais en amont.
04:14Et c'est la raison pour laquelle nous intervenons également au domicile, par exemple, des
04:18sportifs.
04:19Pour cibler encore un peu plus ces contrôles, l'AFLD dispose également d'un département
04:23d'enquête, qui collecte les signalements, des renseignements, qui peuvent être également
04:28recueillis sur le site de l'AFLD.
04:30Il y a une plateforme qui est ouverte dans toute organisation antidopage, agencement
04:34d'antidopage, AFLD et autres organisations antidopage, pour dire aux sportifs, si vous
04:40avez des informations, si vous voulez participer à la lutte pour le sport propre, vous pouvez
04:44faire part de ces informations.
04:45Il s'agit simplement de rentrer dans le combat commun pour éradiquer le dopage.
04:49Dans cette lutte contre le dopage, il ne faut jamais oublier les encadrements, parce que
04:52ce ne sont pas que les sportifs qui sont visés par les organisations antidopage, c'est aussi
04:55les encadrants, sportifs, médicaux, juridiques, qui peuvent participer à des comportements
05:00d'opinion.
05:01Et aujourd'hui, avec nos pouvoirs d'enquête, visite domiciliaire, visite de locaux, pouvoir
05:05de communication et de convocation et d'audition, ce sont des nouvelles armes pour ne plus simplement
05:10se focaliser sur les sportifs, et notamment dans le monde amateur, où on sait qu'il
05:13peut y avoir des contaminations de comportements d'opinion qui sont très fortes.
05:16C'est ces personnes-là qui sont nos cibles également.
05:18En 2023, l'agence française de lutte contre le dopage vise 12 000 contrôles.
05:24C'est 2 000 de plus qu'en 2022.