Les Grandes Questions du Sport - Droits TV

  • il y a 4 mois
Ce mois-ci, Patrick Chêne et ses invités sont réunis pour évoquer les droits de diffusion audiovisuelle. Pour en parler, Cédric Roussel, député et secrétaire de la commission des affaires culturelles. Régis Juanico, député et vice-président de la commission des affaires culturelles et Virgil Caillet, délégué général d'Union Sport & Cycle.

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Sport
Transcription
00:00Générique
00:16Bonjour à tous, soyez les bienvenus dans Sport en France, les grandes questions du sport,
00:21l'émission qui prend son temps, 52 minutes pour traiter un sujet.
00:25Je ne sais pas si ça existe encore beaucoup dans le paysage audiovisuel français,
00:28en tout cas nous, on se fasse plaisir, on prend notre temps pour traiter les grandes questions du sport.
00:33On va parler politique aujourd'hui avec nos invités.
00:36J'ai le plaisir d'accueillir Régis Joannicot.
00:38Régis, bonjour, vous êtes député de la Loire.
00:41Cédric Roussel, pardon, est avec nous également.
00:44Vous êtes député des Alpes-Maritimes.
00:47Tout à fait, Denis, bonjour.
00:48Et puis, avec nous, un acteur du sport, Virgile Cayet,
00:51déléguée générale de l'Union Sport et Cycle et surtout spécialiste de médias de sport
00:58et de business.
00:59Messieurs, soyez les bienvenus.
01:00Pourquoi sommes-nous ensemble aujourd'hui ?
01:02Eh bien, pour parler des droits de diffusion audiovisuelle du sport.
01:05Alors, généralement, lorsqu'on évoque ce thème-là,
01:08on parle avec du privé, on parle avec des chaînes de télévision, avec des diffuseurs.
01:12Eh bien là, on va dire que le politique s'est emparé du sujet.
01:16Et vous allez m'expliquer, messieurs les élus, pourquoi et comment on va faire ça en trois parties.
01:21Dans un premier temps, on va s'intéresser à ce rapport de la commission parlementaire
01:26sur, justement, les problématiques autour du sport, des droits de télévision notamment.
01:32Ensuite, on verra comment on peut protéger,
01:35quelles sont les mesures qu'on peut prendre pour protéger le sport de ces dérives.
01:38Vaste débat.
01:39Mais on parlera notamment des événements qui sont protégés,
01:43des événements d'importance majeure dans le sport.
01:45Et puis, on s'intéressera, pour faire un peu de perspective,
01:47aux nouvelles méthodes, nouveaux modes de diffusion
01:51et savoir comment le sport peut s'adapter à ce nouveau paysage.
01:56Régis Joannicot, je vous donne la difficile tâche de nous expliquer
02:01ce rapport de la commission parlementaire.
02:04Pourquoi ? Comment ?
02:05Est-ce qu'il est né du fait du scandale de Mediapro ?
02:10Est-ce que ça vous a fait réagir, messieurs ?
02:11Comment ça s'est passé ?
02:13Alors, c'est Cédric Roussel qui a eu l'idée de cette mission d'information parlementaire.
02:19Au départ, il souhaitait une commission d'enquête parlementaire.
02:22Mais il a obtenu, du président de la commission des affaires culturelles et de l'éducation,
02:27là où on traite du sport à l'Assemblée nationale,
02:29la possibilité de travailler sur six mois.
02:31Et effectivement, avec un fait générateur qui était d'analyser le scandale,
02:36le fiasco Mediapro, de l'attribution, l'appel d'offres en 2018,
02:40des droits 2020-2024 sur ce cycle-là,
02:44et d'essayer d'en tirer des conclusions et des bons enseignements pour l'avenir.
02:49Cédric Roussel, vous me montrez la gentillesse de m'expliquer
02:52en quoi la commission d'enquête aurait permis un travail différent,
02:57moindre peut-être, quelle est la différence qu'elle a soulignée ?
03:00Vous avez raison de dire un travail différent, parce que ce n'est pas le même outil.
03:03La commission d'enquête, c'était aussi quelque chose qu'il voudrait déjà dans sa proposition,
03:13puisqu'on ne peut pas faire des commissions d'enquête comme ça, c'est quelque chose de lourd.
03:17C'était pour vraiment insister sur l'importance du problème, voire du fiasco,
03:22et les conséquences surtout.
03:24Et on aurait eu plus de moyens en termes de pouvoir d'audition,
03:29c'est-à-dire de contraintes à faire venir toutes les personnes,
03:32mais j'ai envie de dire que la mission, l'état d'esprit dans lequel on l'a fait,
03:36a fait venir et tout le monde, presque tout le monde est venu,
03:39mais également les pouvoirs d'investigation avec l'assistance de la Cour des comptes par exemple.
03:44Mais je crois qu'on peut se satisfaire avec Régis,
03:47et ça c'est pour le coup un état d'esprit transpartisan.
03:51Bien sûr, c'est pour ça que je n'ai même pas à parler d'ailleurs de vos appartenances politiques,
03:55on est là au service du sport, aux positions majoritaires on peut dire.
03:58Non mais il y avait une vraie volonté d'aller déjà comprendre,
04:01parce qu'il y a beaucoup de zones d'ombre,
04:04surtout d'ouvrir aussi cette information au plus grand nombre,
04:08notamment je pense à nos concitoyens, avec cette grande consultation citoyenne
04:12qui était assez inédite à l'Assemblée nationale qu'on a voulu.
04:15Donc pour qu'il y ait vraiment cette association de toutes les personnes qui aiment le sport,
04:18c'est ceux qui en vivent, ceux qui le font, ceux qui le pratiquent,
04:21mais ceux qui le regardent aussi, et avec effectivement un rôle législatif,
04:26parfois qui a son mot à dire, on pourra en parler notamment sur les sujets de lutte contre le piratage,
04:30par exemple, qui était déjà un sujet qu'on traitait dans le même temps,
04:33et qui est lié d'ailleurs aux droits de l'huile visuelle, mais voilà, un peu.
04:36Mais la mission d'information nous a permis de faire des déplacements à l'étranger,
04:40de faire également mobiliser pas mal de moyens,
04:43et il y avait une vraie vocation aussi de notre part d'y associer le plus grand nombre de députés,
04:48c'est-à-dire de politiques aussi.
04:50– Alors, juge Vénico, vous êtes dans l'opposition,
04:52quel a été l'état d'esprit de cette commission ?
04:55– Alors, l'état d'esprit était très bien,
04:58puisque dans la mesure où on était d'accord sur le constat de départ avec Cédric,
05:02on a auditionné 200 personnes, il y a eu 60 auditions,
05:06il y a les 4 déplacements qu'on a fait en Europe aussi,
05:09pour regarder ce que faisaient nos voisins.
05:13Mais bien évidemment, ce n'est pas simplement une mission d'information parlementaire
05:17sur les droits dans le foot.
05:19Le fait générateur vient du football,
05:21parce que le foot représente 80-90% des droits audiovisuels dans notre pays.
05:26Mais c'est une mission sur les droits audiovisuels sur l'ensemble des disciplines sportives,
05:31et sport professionnel, et sport amateur.
05:34J'y tiens, puisque bien évidemment, plus les droits sont hauts,
05:38plus la redistribution, via notamment la taxe buffet,
05:40mais aussi d'autres mécanismes, permet aux sports amateurs de pouvoir…
05:43– Le ruissellement existe dans le sport ?
05:45– Il existe, on va en reparler bien évidemment.
05:47Mais alors, ce qui est intéressant dans cette mission,
05:49c'est que tout le monde est venu nous parler,
05:51tous les protagonistes de l'affaire Médiapro.
05:54Parfois, c'était en huis clos, à leur demande, mais jamais à la nôtre.
06:00Mais souvent, ça a été des auditions publiques,
06:02donc ça a permis quand même, je pense, une réflexion importante.
06:04– Si je peux ajouter, parfois, ça a été viril, mais toujours correct.
06:07– D'accord, si on vous pose la question brute,
06:13qu'est-ce que le pouvoir politique vient faire dans cette affaire ?
06:16Qu'est-ce que vous répondez ?
06:18– Alors, je pense qu'il y a des mesures, on va en reparler,
06:21qui ne peuvent être qu'au niveau mondial et international.
06:25L'encadrement par exemple des agents sportifs,
06:27la profession des agents sportifs, c'est de l'ordre de la FIFA,
06:30des instances internationales.
06:32Il faudrait d'ailleurs qu'elles s'en occupent mieux.
06:34Il y a des règles d'encadrement, je crois aussi,
06:36aujourd'hui, des principaux championnats européens qui sont de l'ordre de l'UEFA.
06:41L'encadrement de la masse salariale, des règles de fair-play financiers européens,
06:45peut-être aussi le nombre de joueurs formés localement.
06:48On sait que ça, c'est au moins à l'échelle continentale.
06:51Et puis, c'est le rôle des législateurs,
06:53on a fait, nous, un certain nombre de propositions.
06:55Alors, soit qu'ils s'adressent aux acteurs de football
06:58pour leur donner un certain nombre de recommandations
07:01pour les prochains appels d'offres, mieux les encadrer,
07:04mieux sécuriser les droits télé.
07:06Et puis, aussi, un certain nombre de mesures qui peuvent être soit législatives,
07:11certaines, on va y revenir, nous les avons déjà fait passer dans la législation,
07:15c'est en cours, sur les SIC,
07:18sur les sociétés coopératives d'intérêt collectif,
07:22et puis aussi sur la société commerciale,
07:24qui va être créée aussi dès que la loi sera promulguée.
07:27Et puis, d'autres mesures qui sont d'ordre réglementaire,
07:30et là, qui ne dépendent que du bon vouloir du gouvernement, de l'exécutif.
07:34Le décret, typiquement, le décret sur les événements d'importance majeure.
07:38Vous avez débordé un peu, j'ai l'impression, le sujet précis du départ.
07:43Est-ce qu'il s'agit de porter un regard plus global sur le sport ?
07:48Est-ce qu'au fil des avancées des réunions,
07:51vous vous êtes aperçu que le territoire était plus large que ce que vous aviez imaginé ?
07:54Alors, je suis président du groupe d'études d'économie du sport à la base,
07:57à l'Assemblée nationale, donc cet environnement,
08:00d'ailleurs, Régis Dionico est un des membres de ce groupe d'études.
08:05J'ai déjà une forme de misidentisme, c'est de dire que le sport n'est pas un bien comme les autres,
08:12c'est un bien qui a des interactions sociétales très fortes.
08:16Donc, je veux dire, en cela, la première chose qui a sauté aux yeux,
08:21même quand on s'intéressait à l'Affaire Média Pro,
08:23et même avant l'Affaire Média Pro, mais encore plus avec l'Affaire Média Pro,
08:26pourquoi ? Parce que c'était le contrat du siècle, donc des mannes d'argent importantes,
08:30c'est déjà la télédépendance.
08:32La télédépendance, quand on fait de l'économie,
08:34quand on a un projet d'entreprise, quel qu'il soit,
08:39on essaie toujours, et un projet d'investissement, de diversifier ses sources de financement.
08:44Donc, la première des choses, et pourquoi ça déborde ?
08:46Parce que, nécessairement, le fiasco Média Pro a eu un effet de déséquilibre,
08:53de fragilisation très court terme.
08:56Donc, du fait de cette très forte télédépendance,
08:59et qu'il fallait nécessairement, dans le cadre de cette mission qui est là pour proposer des pistes de réflexion,
09:04proposer aussi des sources de diversification.
09:07Comment ? Notamment avec des mesures qui concernent strictement les aspects audiovisuels,
09:12c'est-à-dire partir et rappeler ce principe que l'exposition du sport participe aussi à son équilibre économique,
09:22que ce soit par, justement, une plus grande visibilité déjà des acteurs,
09:25mais aussi des partenaires des clubs,
09:28et surtout qu'ils participent, justement, à cet engouement de la part du téléspectateur,
09:32et ce passage à l'acte qu'on souhaite tous au travers des spectacles sportifs,
09:36c'est-à-dire que les Français et Françaises utilisent comme levier de bien-être en entreprise,
09:42ou que ce soit de bien-être pour leur santé, le sport.
09:45Donc, nécessairement, quand on parle d'une casse industrielle et économique qui a été provoquée par Média Pro,
09:52on doit trouver des solutions, donc, en termes de diversification et de conforter les modèles économiques.
09:58Donc, de parler de l'évolution du modèle des clubs sportifs en France.
10:01– Virginie Caillé, est-ce que les clubs, aujourd'hui, que vous connaissez bien,
10:04est-ce que l'Organisation du sport français a besoin de ces conseils,
10:08de ce coaching public, en quelque sorte ?
10:10Est-ce qu'on est en retard ou est-ce qu'au contraire, si on veut avoir une vision un peu globale,
10:14on se dit qu'aujourd'hui, les clubs, ils ont cette télédépendance,
10:17mais, ma foi, c'est le sens de l'histoire, on n'y peut rien ?
10:19Ou est-ce que, vraiment, ils ont besoin de, comme vous le disiez, de prendre conscience que,
10:25comme lorsqu'on monte une entreprise, si on a un seul client, on va vers des jours difficiles ?
10:29– Alors, écoutez, c'est une très bonne question.
10:31– Merci, mon cher.
10:32– Non, c'est…
10:33– Vous avez dit ça parce qu'on a joué en charnière centrale à une époque…
10:36– Non, non, mais c'est une très bonne question,
10:37parce qu'en fait, il y a eu énormément de discours incantatoires de la part des ligues professionnelles.
10:42Ça fait un moment qu'on se dit qu'il faut absolument remettre en question le modèle,
10:45qu'il faut qu'on se pose, les états généraux, etc.
10:48Et finalement, ça fait tellement peur, ça fait tellement peur de se dire
10:52comment on va pouvoir substituer ce modèle qui s'appuie sur les droits de télé
10:56par un autre modèle que, finalement, on n'a jamais osé aller au bout des choses.
11:00Alors, je ne sais pas si on peut dire que le fiasco Médiapro est un mal pour un bien,
11:03mais là, au moins, on va être obligés de regarder les choses en face.
11:07Il y a un sujet, il y a un sujet majeur.
11:09Il va falloir que les clubs, quels qu'ils soient,
11:11évidemment, les clubs de football en premier lieu,
11:13réfléchissent à trouver, effectivement, des sources de revenus alternatives,
11:17construisent des modèles alternatifs.
11:19Ce n'est vraiment pas simple.
11:21On n'a pas la solution encore aujourd'hui.
11:23Donc, quelque part, je pense que c'était tout à fait légitime
11:27que les parlementaires s'emparent de ce sujet-là.
11:31Je rajouterais un point que Régis a évoqué brièvement,
11:34qui renforce en fait cette légitimité des parlementaires à traiter de ce sujet-là,
11:40c'est qu'il y avait un impact direct sur les finances publiques.
11:43Bien sûr.
11:44N'oublions pas cette taxe de solidarité qu'est la taxe Buffet.
11:47Quand on enlève 400 millions d'euros de droits de télé,
11:50c'est un impact direct sur l'argent qui est reversé vers le sport amateur.
11:55Donc, pour toutes ces raisons, c'était une bonne chose.
11:58Alors moi, je voudrais souligner, parce que je ne sais pas si vous l'avez,
12:01mais je le montre à l'écran quand même, c'est ce rapport.
12:05Je veux quand même dire sincèrement, j'en redis à eux,
12:09que c'est un travail inédit d'analyse, d'investigation, d'inventaire,
12:15inédit et remarquable qui a été fait.
12:17Alors, je ne suis pas complètement d'accord,
12:18peut-être qu'on en parlera sur toutes les propositions qui sont faites,
12:20mais en tout cas, ça n'a jamais été fait.
12:25D'ailleurs, j'invite toutes les écoles de management du sport à se procurer ce bouquin,
12:28parce qu'en fait, il y a plein d'infos.
12:30Ça consolide toutes les données sur l'évolution des droits de télé,
12:32sur le poids que ça représente dans le modèle économique des clubs.
12:36Et c'est effectivement très utile et ça fait un peu peur.
12:42Pour répondre à la question, il faut mettre les choses sur la table.
12:44Alors maintenant, il y a ce rapport.
12:46Est-ce que pour autant, les clubs ou plutôt les ligues professionnelles
12:49vont avoir le courage effectivement d'aborder ce sujet-là de fond ?
12:54C'est quoi le modèle économique des clubs professionnels demain ?
12:57Sport, enfin foot ou autre ?
12:59Est-ce qu'ils vont aller au bout de la démarche ?
13:00Puisque maintenant, là, c'est tapis rouge.
13:03Donc, qu'est-ce qu'on fait de ce sujet-là ?
13:04Alors, ça me rappelle une époque où les sports étaient diffusés,
13:09notamment par le service public,
13:11et on choisit à un moment de quitter ce service public
13:13pour aller vers des mannes financières,
13:15vers Canal+, on peut le dire, vers le groupe,
13:17divisant par 4, 5, 6, 10 leurs audiences et perdant peut-être l'impact.
13:21Est-ce que c'est peut-être le péché originel de se dire que finalement,
13:25le rapport à la télévision ne doit pas être qu'un rapport financier,
13:28mais doit proposer une manne par les sponsors, les partenaires,
13:36par le public pour remplir les stades, etc.
13:38Est-ce qu'on peut un peu se reposer la question dans ce sens-là ?
13:41Il y a un caractère, alors vous l'évoquiez tout à l'heure
13:43par rapport à exposition versus droit,
13:46il y a toujours cette schizophrénie, cette contradiction
13:49parce qu'effectivement, plus je vais exposer,
13:52plus je vais dévaloriser les droits
13:53et moins je vais pouvoir les monétiser auprès de chaînes, etc.
13:57Là, je pense que l'inquiétude et la réflexion, elle est plus vaste.
14:01C'est vraiment l'évolution culturelle de notre société,
14:04et pas qu'en France, sur la façon globale de consommer le sport à la télé.
14:09Et ça embarque plus largement que les droits de télé.
14:12Où est-ce qu'on va aller chercher un nouveau modèle économique
14:14en dehors des droits de télé ?
14:16On parlait du streaming,
14:18on voit apparaître des nouveaux acteurs incontestablement.
14:20On reviendra peut-être sur le sujet d'Amazon,
14:22d'Azon, il y a plein de nouveaux acteurs qui apparaissent.
14:27Il faut rapidement, et le travail d'inventaire a été fait,
14:30il faut rapidement maintenant que les ligues professionnelles,
14:33les clubs pros s'emparent pour de vrai de ce sujet-là.
14:35Est-ce que ce n'est pas seulement, j'allais dire,
14:37ou surtout un problème de clubs pros ?
14:39Parce qu'en préparant cette émission,
14:41je regardais les financements, par exemple, des Jeux olympiques.
14:45Je me suis dit, où on en est aujourd'hui ?
14:46Et si mes sources sont bonnes, pour les Jeux olympiques de 2024,
14:50les droits de télé ne représentent qu'un tiers du business, si j'ose dire.
14:55Et là, on est quand même dans une cohérence.
14:57Le jour où le football aura les droits de télé
15:01qui représenteront un tiers de ses revenus,
15:04on n'aura peut-être pas les mêmes problèmes.
15:05Est-ce que c'est ça la piste ?
15:06Oui, entre autres.
15:08Entre autres parce que, je veux dire,
15:11on a vu en plus qu'il y a l'effet CISO catastrophique avec la pandémie,
15:18parce qu'il ne faut pas oublier effectivement la crise sanitaire,
15:20qui a fait que ça a tari toutes les autres sources,
15:23que ce soit bien sûr la billetterie en premier lieu,
15:25mais aussi directement la santé des financières,
15:28donc des partenaires qui ont été aussi impactés.
15:31Donc voilà, c'est encore une fois,
15:34tout ce qu'on a pu dire et tout ce que j'ai pu écrire dans ce rapport
15:37sont issus de consultations,
15:39c'est-à-dire de mesures pour lesquelles les acteurs,
15:41et c'est là où il faut, je dirais, saluer.
15:45Je pense que c'est peut-être l'intérêt,
15:47le fait que ce rapport ait été accepté comme tel,
15:50parce que sa vocation était de mettre tout le monde autour de la table
15:54pour qu'il y ait simplement, j'ai envie de dire, des échanges,
15:56déjà qu'ils puissent intervenir entre tous ces acteurs,
15:59parce qu'il y a des prises de position qui ne sont pas les mêmes,
16:01mais au moins qu'il y ait cet espace de débat
16:02pour pouvoir donc faire en sorte de savoir
16:05quelle est la responsabilité des pouvoirs publics,
16:07et en ça, j'y associe notamment toutes les mesures
16:11auxquelles nous pouvons participer dans l'accompagnement,
16:15dans l'investissement des infrastructures sportives.
16:18Pourquoi ? Pour pouvoir faire en sorte qu'il y ait cet objectif
16:21de plus de monde dans les stades,
16:22puisque ça c'est un réel objectif des stades en France,
16:27j'ai envie de dire, en tout cas des clubs en France.
16:29Il y a des marges de progression possibles dans d'autres secteurs,
16:33que ce soit dans l'investissement des entreprises aussi,
16:35dans le partenariat sportif, parce qu'on voit trop peu de…
16:39– Mais ça c'est un discours politique, pardon,
16:41en quoi le politique va dire, c'est quoi, c'est des mesures fiscales ?
16:46Parce que là c'est bien de dire, il faudrait qu'il y ait du monde…
16:49– Il y a des mesures fiscales,
16:50il y a aussi, je dirais, des mesures de simplification,
16:54quand on parle de l'exploitation d'un stade par exemple,
16:56il y a des mesures aussi d'exception,
16:58et les mesures d'exception, ça, ça se discute,
16:59et c'est là où le politique est important au niveau européen,
17:02et notamment avec la présidence Emmanuel Macron,
17:04je crois qu'il va s'exprimer sur le modèle économique sportif européen,
17:09mais un modèle sportif plutôt européen,
17:12dont il faut discuter avec des principes qu'il faut,
17:14à l'occasion notamment de cet épisode malheureux de Super League,
17:18rappeler, à savoir donc ce principe déjà de méritocratie du sport,
17:22à savoir de promotion de réélégation,
17:24le principe également de solidarité financière,
17:26qui est notre principe de base en France,
17:28entre le sport professionnel et le sport amateur notamment,
17:31et ça, ce sont des choses qui vont permettre aussi de faire en sorte
17:35que peut-être que ce bien-là soit réellement considéré au niveau européen,
17:39le bien sportif, comme un bien commun particulier,
17:41qui n'est pas à être traité comme saluca au niveau européen systématiquement,
17:44c'est-à-dire comme un bien commercial comme les autres.
17:47– Régis Pénicaud, le but du jeu c'est de faire des recommandations évidemment,
17:51je vais en lire quelques-unes, j'aimerais votre avis,
17:54il y en a une qui est très intéressante,
17:56évidemment c'est la garantie financière des diffuseurs,
17:58pour qu'on n'ait pas un Médiapro bis,
18:00en quoi le politique peut-il exiger une garantie financière
18:04lorsqu'il y a un contrat privé entre une ligue de football et un diffuseur ?
18:09– C'est une recommandation que l'on fait à la ligue,
18:12ce qui n'a pas été fait pour Médiapro,
18:13donc il y a quand même le fait qu'il y ait des accomptes aussi,
18:16dès la signature des contrats,
18:18je pense que c'est des garanties nécessaires financières
18:20qu'il faut demander aux opérateurs,
18:22notamment quand ils sont nouveaux, quand ils débarquent,
18:24comme ça a été le cas pour Médiapro,
18:27on fait aussi des propositions qui sont de l'ordre du législatif,
18:29et donc la question par exemple de la durée de commercialisation des droits,
18:33quand on propose de l'augmenter jusqu'à 5 ans plutôt que 4,
18:36aujourd'hui ça dépend un petit peu du gouvernement, d'un décret,
18:41et puis un certain nombre aussi de recommandations
18:45qui permettent d'améliorer la visibilité aussi du foot de façon gratuite,
18:50parce qu'il est aussi là, l'objectif de ce rapport c'était de dire,
18:54aujourd'hui il n'y a que 5% du volume horaire sportif,
18:58des événements sportifs qui sont en gratuit,
19:00tout le reste est payant, comment on rééquilibre un petit peu,
19:02mais pour toutes les disciplines, pas que pour le foot,
19:04mais aussi pour le foot, parce que finalement aujourd'hui le foot,
19:06à part la Coupe de France, à part l'équipe nationale,
19:08on ne la voit pas vraiment sur des chaînes gratuites.
19:11– On parle de tout ça dans la deuxième partie de l'émission,
19:13justement avec toutes les solutions que vous pouvez proposer,
19:16j'allais dire plus pratiquement des conseils que des solutions,
19:19vous allez plus conseiller qu'imposer si j'ai bien compris,
19:22on en parle dans la deuxième partie de l'émission,
19:24dans quelques secondes.
19:25♪♪♪
19:33Alors c'est un vaste sujet, comment protéger le sport
19:37de toutes les dérives auxquelles il est confronté,
19:41et je reviens sur les fameuses recommandations,
19:43les 28 recommandations que propose ce rapport,
19:46dont Virgile Cahiers a dit tellement de bien,
19:48même s'il nous a dit qu'il y avait 2-3 choses où il n'était pas d'accord,
19:50on en parlera dans quelques instants.
19:52Je lis, limiter la masse salariale des clubs, vaste sujet.
19:58– Vaste sujet oui, mais un sujet qui est tout à fait audible
20:03lorsqu'on est chef d'entreprise,
20:04c'est-à-dire que là on a regardé du côté des recettes,
20:08c'est-à-dire de tout ce qui ne rentrait pas pendant cette crise sanitaire
20:10et aussi suite à la crise Médiapro,
20:13puisque le contrat audiovisuel a été divisé quasiment par deux on va dire,
20:18il faut regarder quand on gère un compte d'exploitation également,
20:21du côté des charges.
20:22Il est très clair qu'aujourd'hui, le constat que j'ai pu faire
20:26et qu'on peut tous faire collectivement,
20:27c'est que cette croissance ces 20 dernières années des droits premiums,
20:31c'est-à-dire des droits audiovisuels,
20:33de la monétisation des droits audiovisuels,
20:34elle a surtout servi, et on a vu dans le même temps,
20:37une inflation et des salaires et des indemnités de transfert.
20:40Donc à un moment donné, il faut peut-être se dire
20:43et se poser des questions sur l'employabilité de ces fonds.
20:47À quoi sert-il ?
20:48Est-ce qu'elle sert effectivement,
20:49et je pense que c'est une des considérations,
20:51à attirer des talents ?
20:53C'est-à-dire, on peut imaginer qu'effectivement,
20:55avec des salaires plus importants,
20:57et c'est grâce à cette banlieue financière
20:58que peut-être des grands talents s'intéressent plus à notre championnat
21:01plutôt que le fait de jouer en France,
21:03mais aussi on peut se poser la question sur le fait de l'équilibre
21:08ou du déséquilibre que, je dirais, qu'entraîne,
21:15uniquement une attractivité et un modèle basé sur
21:21j'ai besoin absolument des meilleurs joueurs,
21:24c'est-à-dire des plus gros salaires,
21:26pour pouvoir faire vivre économiquement mon club.
21:29Et c'est là où je rejoins sur cette notion qui est importante pour moi
21:32et pour le sport en général.
21:35Les clubs sportifs professionnels
21:37sont des aménageurs de vie territoriale sur notre territoire.
21:40C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
21:42peut-être que l'esprit de ce rapport-là,
21:44il est de repenser le modèle économique,
21:47mais par le plus petit élément qui nous lie,
21:50c'est-à-dire notre territoire.
21:52– Alors, moi j'aimerais quand même entendre Virgile Cayet là-dessus,
21:54parce que votre discours a une cohérence totale,
21:58mais moi je vous mets tous les présidents de club face à vous,
22:01il n'y en a pas un qui tient ce discours,
22:02il n'y en a pas un qui est capable de l'écouter, pardon !
22:04Mais lorsqu'il y a une manne financière qui rentre
22:07et lorsqu'actuellement on a une discussion pour une société
22:12professionnelle, commerciale qui va aller chercher de l'argent,
22:16vous ne me trouverez pas un président de club qui,
22:18ou peut-être pour faire joli,
22:20mais va vous raconter qu'il ne va pas mettre l'argent
22:22dans les transferts pour renforcer son équipe,
22:25puisque le football est devenu un sport milliardaire
22:27et que lorsqu'on n'est pas milliardaire,
22:28j'ai lu ça de la part d'un président de Saint-Etienne,
22:31on est un clown aujourd'hui dans le football français.
22:33Donc Virgile, c'est bien beau ce que j'entends là.
22:36– Non, non, mais alors c'est une mesure pleine de bon sens.
22:38– Ah oui, ça je suis d'accord.
22:40– Effectivement, si on a du mal à augmenter les revenus,
22:42il faut baisser les charges.
22:43– Ah ça, c'est bon sens.
22:44– Sauf que, et c'est là où parfois j'ai un peu de divergence de vue
22:47sur les propositions, on est sur un marché qui n'est pas français,
22:50c'est un marché mondial.
22:52Et donc comment réguler uniquement la France qui va s'inscrire
22:56et se retrouver encore plus en déficit de compétitivité,
23:01parce que là pour le coup, il faut être honnête,
23:04Cédric parlait d'exemption en France, pour le coup,
23:08je crois, si je ne dis pas de bêtises, c'est le club de Lille,
23:10les charges sociales du club de Lille représentent l'ensemble
23:13des charges sociales de tous les clubs de Liga, espagnols.
23:16Voilà, c'est pour vous donner un ordre d'idée de déficit de compétitivité.
23:20Donc si en plus on régule et on met un salary cap pour les clubs français,
23:25ça ne fonctionne plus dans un marché européen et mondial.
23:29Donc là, il y a un vrai sujet.
23:30En revanche, flécher les revenus, leur donner un poids maximum
23:37par un budget obliger les clubs à augmenter leurs revenus
23:41pour augmenter les salaires, et probablement une régulation européenne.
23:44Mais ça ne passera que par une régulation européenne.
23:46Et c'est ça un petit peu les limites de certaines propositions,
23:50c'est qu'elles ne seront pertinentes que si on arrive à embarquer
23:55l'ensemble des pays européens.
23:57Alors ça, c'est plutôt des recommandations qu'on fait dans un cadre européen.
23:59D'ailleurs, il y a des discussions en ce moment,
24:02notamment entre les grands clubs, ce qu'on appelle l'ECA,
24:05l'Association des grands clubs, sur ces questions de fair-play financier,
24:09donc d'encadrement un petit peu des dépenses et des recettes.
24:11J'ai failli sourire quand vous avez dit fair-play financier.
24:14Oui, oui, oui.
24:14Quand je regarde l'actualité de ces derniers mois,
24:16qui me parle de fair-play financier, j'ai même envie de rire, même pas de sourire.
24:20Les visions entre grands clubs, on l'a vu au Bayern Munich par rapport au PSG,
24:23ce n'est pas tout à fait la même conception.
24:25Mais l'encadrement de la masse salariale, aujourd'hui quand même,
24:27beaucoup y viennent, beaucoup pensent que c'est comme ça qu'on sera moins télédépendant.
24:32Le problème du football français, c'est qu'on est télédépendant
24:35pour la majorité des clubs, en moyenne entre 40 et 50 %.
24:39Ce n'est pas le cas au rugby, rugby c'est plutôt entre 20 et 30 %.
24:42Et à part quelques grands clubs comme le PSG, comme Lyon, comme Monaco ou Marseille,
24:47qui ont d'autres ressources et un modèle un petit peu différent,
24:50donc beaucoup moins télédépendant, il faut changer de modèle.
24:52Donc oui, il y a des règles européennes, notamment sur la masse salariale,
24:56mais il y a aussi des règles qu'on peut proposer au niveau national.
25:00On pense notamment avec Cédric, parce qu'on voulait valoriser la formation à la française.
25:04Comment aujourd'hui on peut avoir un premier contrat professionnel
25:08des jeunes joueurs formés au club qui passent de 3 à 5 ans ?
25:11C'est dans la loi, donc j'espère que ça va le rester jusqu'à son adoption définitive dans quelques semaines.
25:17Le nombre de joueurs sous contrat professionnel, il y en a 39 à Saint-Étienne.
25:22Bon, est-ce qu'on ne peut pas être plutôt à 25 ?
25:24Je crois que tout le monde là aussi doit faire des efforts, tout le monde en est conscient.
25:28Vous n'avez pas cité Nice et j'ai vu que Cédric Roussel était un peu grognon
25:33quand vous avez parlé des grands clubs qui ont beaucoup de moyens.
25:35Oui, c'est vrai, mais bon, c'est parce que d'ici quelques mois, je pense qu'on parlera tous de Nice.
25:40Mais non, mais tout ça pour dire que je veux juste dire quelque chose à Virgile de manière très sympathique.
25:47Ce rapport-là, il se veut être un modèle d'ensemble.
25:50Ce n'est pas je prends cette mesure, l'autre ne m'intéresse pas.
25:53Donc pour revenir sur ce sujet d'encadrement salarial collectif,
25:57c'est un soft cap, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, c'est quelque chose qui est pratiqué en Espagne,
26:04qui est pratiqué, qui est en réflexion pour être allé donc se déplacer en Italie,
26:08qui est en forte réflexion en Italie parce qu'il y a un principe de réalité économique.
26:12Mais j'ai envie de dire qu'il faut l'associer aussi à autre chose, le luxury cap.
26:16Moi, je dirais j'associe le soft cap au luxury tax, c'est-à-dire qu'on laisse la liberté à des clubs
26:24qui le souhaitent d'aller au-delà de cette contrainte-là,
26:27mais en cela, ils payent une pénalité financière.
26:30Et ce que je propose d'ailleurs, c'est que cette pénalité financière
26:33tombe directement dans les caisses de la Ligue, c'est-à-dire qu'elle soit répartie entre les autres clubs.
26:38Pourquoi ? Parce que le point de départ de tout ça, c'est quand même une audition qui est importante,
26:42c'est le monde du rugby.
26:43Il y a un encadrement salarial.
26:45Et qu'est-ce qui se passe ?
26:46On a entendu donc des personnes éditionnées qui nous disaient, toutes de manière assez unanime,
26:51que ça participait aussi à plus d'équité sportive, c'est-à-dire aussi à plus d'attractivité du championnat.
26:56Donc, je veux dire, ce n'est pas une mesure, c'est cet ensemble de mesures,
27:00notamment avec ce qu'a dit Régis, l'encadrement de l'effectif aussi,
27:03qui participe à l'encadrement des charges.
27:06Donc, c'est cette combination qui est importante aussi.
27:09Donc, c'est en ça où je trouve que c'est assez intéressant,
27:12parce que je crois que c'est pour ça que peut-être chaque acteur s'y retrouve.
27:15Mais après, maintenant, c'est de faire cette écriture collective et coucher sur le papier.
27:20Moi, j'aime bien cette luxury cap qui ruisselle sur les autres clubs.
27:24C'est réaliste ou pas ?
27:25Non, mais c'est réaliste.
27:27Et là où Régis et Cédric ont raison, c'est qu'il y a plein de réflexions aujourd'hui en Europe,
27:31parce qu'ils ont tous été confrontés à cette conjonction droite-télé à un moment donné,
27:36puisque même la Première Ligue est en recul sur le montant des droits télé, et puis Covid.
27:42Donc, tout ça a fait interroger la plupart des ligues professionnelles.
27:44Donc oui, on avance.
27:46Mais avec la luxury cap, etc., on ne se rapproche pas loin des ligues américaines.
27:52Voilà, donc ça ne dit pas son nom, mais gentiment, on y vient.
27:56Est-ce que c'est la solution ?
27:57Moi, le déranger, c'est quand même d'avoir des gros salaires très, très hauts,
27:59et puis il ne reste plus une plus grande chose pour les 25 millions.
28:02Mais la notion de redistribution de ceux qui se diraient « Moi, j'ai beaucoup d'argent,
28:06donc je dépasse ce salary cap », mais cette taxe finalement est redistribuée aux autres
28:11pour permettre une meilleure équité.
28:13Je voudrais rebondir sur ce que disait Cédric, parce que je crois que c'est très important.
28:16Mesure par mesure, il y en a qui ne me semblent pas tout à fait réalistes,
28:19notamment le fait que ce soit une régulation européenne et pas franco-française.
28:23En revanche, je suis d'accord avec le fait que c'est un ensemble de mesures qui doit être appliquées.
28:28Et il y en a une qui me plaît bien et qu'il faudrait pousser,
28:31c'est le sujet sur le Cahier des charges club, la licence club.
28:35C'est-à-dire que plus on monte dans les étages et plus on impose un certain nombre de choses au club,
28:41et par ce biais-là, on peut guider les clubs dans leurs investissements.
28:45Plutôt que de payer un joueur moyen très cher, je vais peut-être renforcer mes actifs,
28:49je vais devenir propriétaire de mon stade, je vais renforcer les marques qui m'appartiennent
28:53parce que si demain je dois avoir un investisseur, il faut que j'ai des actifs.
28:57Aujourd'hui, on a un certain nombre de clubs qui ne possèdent rien.
29:00Alors, je reviens toujours à la même chose, c'est que votre raisonnement est d'un bon sens absolu,
29:04mais c'est un raisonnement d'entrepreneurs, c'est un raisonnement à moyen terme et à long terme.
29:08Or, le mal des clubs aujourd'hui, on ne va pas leur reprocher,
29:11ils sont tous ceux qui sont dans le court, court, court terme,
29:14parce qu'il faut des résultats, parce qu'il ne faut pas descendre en Ligue 2,
29:17parce qu'il faut avoir du vernis, il faut exister, c'est ça le...
29:22Je suis bien d'accord, mais il faut justement leur apporter une forme de, j'allais dire, d'éducation,
29:29ce n'est peut-être pas le bon terme, mais en tout cas les guider.
29:31De pédagogie.
29:32Oui, de pédagogie. J'ose espérer que ça va être un peu plus simple.
29:37J'ose espérer, parce que la plupart des présidents,
29:39c'est ça qui est assez troublant, mais vous connaissez parfaitement le sujet,
29:42sont tous des capitaines d'industrie par ailleurs.
29:44Exactement.
29:45C'est ça qui est fou, et ils perdent un peu leur lucidité lorsqu'il s'agit de toucher au football,
29:49qui rend irrationnel.
29:50Le problème, c'est que ce travail aurait dû être fait depuis de nombreuses années.
29:53Exactement, bien sûr.
29:54Et je me souviens même, il y a quelques années,
29:56avec Didier Kiou à l'époque, quand il était à la tête de la Ligue,
29:58ils avaient déjà lancé des groupes de travail.
30:00Ils étaient allés aux États-Unis aussi, pour diversifier les ressources des clubs.
30:04On avait l'impression que Médiapro a fonctionné un petit peu comme une forme d'aveuglement, de mirage.
30:08On n'avait plus 60% de droits.
30:09Le milliard, le milliard.
30:10Et déjà, tous les présidents de club avaient bâti leur budget prévisionnel
30:15sur plusieurs années, en fonction de cette manne supplémentaire.
30:18Il y a le trading aussi, qui joue ce rôle inflationniste.
30:23Et donc, il y a nécessité, effectivement, que,
30:26notamment sur la société commerciale, puisqu'on le propose,
30:28mais qu'on propose de flécher là aussi la manne financière dans la société commerciale,
30:32si elle existe, on verra bien, notamment sur les droits internationaux,
30:36sur le désentêtement, sur les infrastructures,
30:38sur la diversification du modèle économique et des ressources.
30:41Sur les centres de formation.
30:43Sur les centres de formation, voilà.
30:45Mais il ne faudrait pas que la société commerciale soit de nouveau mirage après Médiapro
30:49et que les présidents de club oublient qu'ils travaillent sur la billetterie,
30:52sur l'affluence, sur l'expérience match.
30:54Il y a des mesures assez faciles, finalement.
30:56On l'a vu pour ce fameux Luxury Cap, dans cet esprit.
31:02On l'a vu sur la taxe Buffet.
31:03C'est assez facile à mettre en place, par exemple, de faire une dotation,
31:08parce qu'il y a beaucoup, beaucoup d'argent dans les sports professionnels,
31:11qui va russeler, notamment vers le sport féminin ou vers le handisport.
31:15Est-ce qu'on est assez avancé là-dessus ?
31:17Il y a des choses qui existent.
31:18Là où il faut plutôt se battre, et je souris parce que je sais que c'est un combat
31:23des années de Régis, c'est d'arrêter de plafonner des taxes qui sont, au départ,
31:27des taxes de solidarité, qui seraient totalement légitimes pour le sport.
31:31Et effectivement, on s'aperçoit qu'elles sont extrêmement juteuses.
31:33Donc, à un moment donné, on fait reverser ça dans la lessiveuse globale
31:37du financement des finances publiques.
31:41Là, je pense que par honnêteté, par équité vis-à-vis du sport
31:44et de la conception de l'origine de ces taxes,
31:47on mériterait d'arrêter de plafonner ces taxes.
31:50Et ça serait déjà quelque chose d'énorme.
31:52Je prends à partie Régis parce que je sais que c'est un expert sur les chiffres là-dessus.
31:56Ça serait déjà énorme.
31:57Donc, commençons par ça, parce qu'il y a déjà cette logique.
32:00Ça a été fait sur la taxe buffet, alors malheureusement, peut-être pas forcément
32:04au bon moment, puisque le plafond a été mis à 75 millions d'euros,
32:09donc à 100% du rendement de la taxe buffet, sauf que c'est tombé l'année de Mediapro.
32:14Donc, moins 15 millions d'euros de rendement parce qu'il y avait, bien évidemment,
32:18moins de droits de télé à ce moment-là.
32:20Et donc, il a fallu que le ministère des Sports compense à l'Agence nationale du sport,
32:23où Virgile siège par ailleurs.
32:25Et donc, c'est 15 millions d'euros du sport pour tous, du sport amateur,
32:28qu'il faudrait injecter quand même.
32:30Moi, je pense au pari sportif.
32:32Là, effectivement, il y a une question de relever le plafond parce que le pari sportif,
32:35aujourd'hui, très majoritairement, c'est le football.
32:40C'est le football, c'est pas le basket, c'est un petit peu l'oeuvre.
32:41– 70% des mises, c'est le football.
32:43– Donc, on le voit quand même, c'est le football professionnel là aussi.
32:45Et là, il y a une taxe qui existe.
32:46Et ça, c'est un marché en très, très forte croissance chaque année.
32:50Et donc là, on sait qu'on peut avoir des rendements supplémentaires
32:52pour le sport amateur à l'avenir.
32:54Voilà, mais c'est une vraie question.
32:56– Est-ce que droite et gauche sont d'accord sur cette philosophie de ruissellement
33:01et de « n'est-ce toujours battu » sur les mêmes amendements ?
33:03– En tout cas, d'accord pour, effectivement, rétribuer davantage au sport
33:09qui contribue largement, largement, et qui est plus…
33:12J'ai l'impression que vous parliez du discours européen là.
33:14Mais le sport est plus fort contributeur qu'il n'est rétribué.
33:18Donc, j'ai envie de dire… Et pourquoi ?
33:20Parce que je voudrais qu'on sorte, en fait,
33:22de cette évaluation du sport uniquement et strictement économique.
33:27Et c'est dans ça où, moi, j'aime bien parler de lutte et d'amendements
33:31que j'ai pu défendre, notamment sur cette idée de s'outiller
33:35et d'outiller, notamment, la filière de l'économie du sport
33:38ou l'abservatoire du sport, d'outils ouverts sur les sciences sociales.
33:42Parce que ça, ça permettra de faire comprendre
33:46à encore plus de collègues députés, sénateurs,
33:49que le sport n'est pas une dépense, en tout cas, mais un investissement.
33:53Et je ne parle même pas en termes de santé publique.
33:55Donc, j'ai envie de dire que l'élargissement que je fais,
33:57et je participe à cette lutte d'un combat politique très lointain
34:02qui est le déplafonnement, effectivement.
34:04Mais je veux plus aussi parler de tout ce qui peut embarquer
34:08d'autres financiers du sport.
34:09Je pense aux entreprises avec un crédit d'impôt,
34:12partenaires aussi, transitoires qui seraient complètement d'actualité
34:15à l'heure des Jeux Olympiques.
34:17Je pense aussi à l'épargne populaire.
34:19On a une manne aujourd'hui en termes d'épargne,
34:22qui a été une épargne forcée.
34:23Mais tout l'enjeu de la relance économique à tous les niveaux dans notre pays,
34:27c'est qu'est-ce qu'on fait de cet argent ?
34:29Et je crois que, justement, les projets d'aménagement
34:31autour du sport dans nos territoires pourraient être un lieu d'investissement
34:36plus serein, plus compréhensible de la part de nos concitoyens.
34:39J'aimerais conclure cette deuxième partie avec un sujet très important
34:43qui a longtemps été une exception culturelle française.
34:46C'est la protection des événements d'importance majeure.
34:49Qui est candidat pour résumer ce dont il s'agit ?
34:51Allez, Virgil.
34:52Non, mais c'est une loi que vous connaissez bien,
34:57qui remonte à Marie-Georges Buffet,
35:01qui vise à identifier un certain nombre d'événements
35:05qui doivent être absolument diffusés sur des chaînes publiques,
35:10parce que ce sont des événements populaires
35:12et on considère que tous les Français méritent d'y avoir un accès gratuit.
35:16Le débat qui est un véritable serpent de mer,
35:20c'est est-ce qu'on doit élargir cette liste ?
35:23Mais on rentre encore dans cette schizophrénie, cette contradiction.
35:27Plus on élargit la liste et plus ces événements vont être gratuits, diffusés,
35:34mais sur des chaînes publiques dont on sait
35:36qu'elles n'ont pas le même modèle économique que les chaînes privées
35:39et donc qui ne vont pas rétribuer de la même manière.
35:41Donc certes, on va être plus exposés, mais...
35:43Et on aura plus de partenaires parce qu'ils sont plus exposés, ça ne marche pas ça ?
35:46Non, ça ne marche pas forcément.
35:47On a fait des exercices là-dessus et finalement,
35:50ce n'est pas aussi mécanique que ça, on aurait pu le penser.
35:52L'exemple de Roland-Garros est assez significatif,
35:55puisqu'ils ont basculé avec une partie sur Amazon.
35:58Et finalement, il n'y a pas cette sanction quelque part des partenariats.
36:05Donc l'enjeu, c'est effectivement, je dois faire la promotion de mon sport,
36:10je dois faire la promotion de l'événement,
36:12mais pour autant, je dois quand même conserver une monétisation suffisante
36:17pour me permettre d'avoir un bon équilibre de mon modèle.
36:20Alors, il faut faire attention, c'est que le fait de figurer sur cette liste,
36:24de ce décret sur les événements d'intérêt majeurs sportifs,
36:27ce n'est pas automatiquement être diffusé en clair.
36:29Ce que le décret dit, c'est qu'il y a discussion, négociation,
36:33entre la chaîne payante qui a acquis les droits
36:36et un diffuseur qui peut le faire en gratuit,
36:39sur une rétrocession, mais il y a quand même, à un moment donné,
36:42il faut payer quand même le fait de pouvoir passer les demi-finales ou les finales,
36:45par exemple, bon là, on va avoir le championnat d'Europe,
36:47on espère, de handball, pour qu'il y ait une diffusion en clair des phases finales.
36:51Mais ce n'est pas automatique.
36:53Et si la négociation n'aboutit pas entre le diffuseur gratuit et le...
36:56Ça rebascule cela ?
36:57Alors, la chaîne payante peut tout à fait décider de le diffuser en clair.
37:00D'accord.
37:01Par exemple.
37:01D'accord.
37:02Mais la protection du public est toujours assurée, on va dire.
37:05Alors, c'est une situation qui est d'autant plus complexe à apprécier
37:12avec le rapprochement à venir entre TF1 et M6,
37:16parce que ça enlève quand même une concurrence potentielle entre les chaînes publiques.
37:21Donc, au final, voilà, on peut craindre des accords tacites entre les chaînes,
37:27j'ai dit, publiques, pardon, les chaînes gratuites.
37:29Là, pour le coup, c'est les chaînes commerciales.
37:30Les chaînes gratuites.
37:32Et donc, voilà, on voit bien ce qui se passe actuellement.
37:34Donc, France Télévisions a récupéré les droits de diffusion des Jeux paralympiques.
37:38Je ne suis pas sûr qu'il y ait eu beaucoup d'offres qui aient été faites.
37:42Donc, voilà, parce qu'effectivement, il y a une sorte d'accord tacite
37:45qui se fait naturellement sur les droits disponibles.
37:48Et on peut imaginer que TF1 diffuse encore quelques années le hand
37:52dès qu'ils arrivent en phase finale, etc.
37:54Donc, c'est un sujet.
37:55C'est bien si, effectivement, ça génère un peu de concurrence.
37:58Et donc, pour les détenteurs de droits,
37:59ça peut leur permettre d'avoir au moins des revenus minimums.
38:03Mais en l'état, dans le contexte actuel,
38:06on voit bien que même la Fédération française de football
38:08pour ses matchs de l'équipe de France de foot,
38:10elle a des difficultés à obtenir un montant de droits équivalent
38:14au précédent appel d'offres.
38:16Oui, qui était des montants de droits qui n'avaient peut-être pas
38:18tout à fait de cohérence économique par rapport à ce que retrouvait la chaîne.
38:22Et pourtant, c'est des événements sportifs qui sont parmi les meilleures audiences.
38:26Bien sûr.
38:26C'est une catégorie confondue à la télévision.
38:28Bien sûr.
38:29Donc, là, il y a un enjeu sur le sport féminin.
38:31Il y a un enjeu sur les parasports.
38:33Et avec Cédric, ce qu'on a clairement proposé,
38:36c'est de renforcer les moyens de France Télévisions,
38:38là, pour le coup, du service public audiovisuel du sport,
38:40ce qu'on appelle le service minimum de l'audiovisuel du sport,
38:43notamment avec l'autorisation de publicité après 20 heures
38:46pour les événements sportifs,
38:47de manière à ce qu'ils aient les moyens de s'aligner
38:50pour acheter aussi des droits sportifs.
38:51On le voit, ils pourraient être en difficulté sur le Tour de France,
38:54sur Roland-Garros, sur un certain nombre de très grands événements populaires.
38:57Messieurs les parlementaires, un petit message quand même,
38:59parce qu'il faudrait aussi que l'exécutif assume le positionnement
39:04et le rôle de France Télévisions,
39:07parce que, justement, ça devrait être légitime
39:09que France Télévisions diffuse un certain nombre de sports féminins,
39:13paralympiques, etc.
39:14Et quand...
39:15Les grands éléments, oui.
39:16Voilà, et se positionne, se positionne.
39:18Et une sorte de volonté, il y a quelques années en arrière,
39:21c'était une chaîne qui diffusait beaucoup de sports.
39:23Aujourd'hui, c'est un peu la portion congrue.
39:25Et quand je vois que la chaîne olympique ne va pas sortir
39:28avant courant 2023 pour des Jeux,
39:31c'est-à-dire à peine un an avant les Jeux,
39:32voilà, je m'interroge sur la volonté profonde
39:35de diffuser le sport et de porter le sport sur cette chaîne publique.
39:38Déjà, il y a une expression politique,
39:40puisqu'on parlait de volonté politique.
39:42C'est clairement écrit dans le rapport.
39:44J'ai parlé d'un service public minimum audiovisuel du sport.
39:48Non pas parce que, je veux dire que c'est pas...
39:51C'est un discours, j'ai envie de dire, qui est très clair,
39:54dans le sens où, on l'a dit, il y a un problème d'exposition du foot.
40:00Ça, c'est l'affaire Mediapro, j'ai envie de dire,
40:01mais c'est surtout que les droits audiovisuels sportifs en France,
40:08c'est 1,65 milliard.
40:11C'est 80% le foot.
40:13Donc, il y a un effet d'éviction,
40:14c'est-à-dire qu'il n'y a plus de possibilité pour beaucoup de diffuseurs,
40:19une fois qu'ils ont acheté les droits premium,
40:21de pouvoir acheter des droits non premium.
40:23Donc, ce service public minimum du sport,
40:25il est surtout à considérer pour ce service,
40:28c'est-à-dire ce minimum d'exposition des sports dits entre guillemets mineurs,
40:32d'un point de vue de leur exposition.
40:33Et bien sûr, il y a le sport féminin,
40:35bien sûr, il y a des enjeux de société là.
40:38Il y a également le parasport, et on dit sport.
40:41Donc, ce sont vraiment là, ici, pour le coup, des réflexions.
40:45Et tu as raison de parler d'exécutif, parce que c'est de la volonté politique.
40:50Mais pour ça, il faut être conscient aussi qu'il faut des moyens supplémentaires.
40:53Donc, j'ai envie de dire que dans ce rapport, lorsqu'on parle d'autorisation
40:57de publicité après 20 heures sur le service public,
40:59c'est bien parce qu'on attend des engagements de la part du service public aussi.
41:03Au travers des conventions d'objectifs et de moyens,
41:05c'est plus de moyens, mais des objectifs bien clairs.
41:08C'est-à-dire que cet argent-là puisse permettre qu'il y ait une exposition,
41:12une responsabilité dans ce sens-là, des services publics aussi,
41:15et des effets très concrets sur la diffusion de tous les sports.
41:19Et ça peut passer par des plateformes aussi.
41:21On peut parler sur les plateformes d'unité, des choses comme ça.
41:24Ce sera le sujet de notre troisième partie.
41:28Moi, j'aimerais juste dire que si on attend la chaîne Olympique jusqu'en fin 2023,
41:32jusque-là, vous avez une chaîne qui va valoriser le sport féminin,
41:38le handball sport, tous les sports olympiques.
41:41Bienvenue chez nous.
41:42Voilà, exactement.
41:44Et nous, on se retrouve dans quelques secondes.
41:46Toujours sur Sports en France, la chaîne que j'évoquais il y a quelques instants.
41:58On va regarder un peu l'avenir maintenant.
42:00Vous me direz, on le fait un peu depuis le début, mais là, encore plus loin peut-être.
42:03Alors, on parle de choses dont tous les Français ne saisissent pas exactement les enjeux.
42:09C'est normal.
42:10On parle de plateformes, on parle d'over the top,
42:12on parle de toute cette nouvelle manière de consommer la télévision.
42:17Alors, peut-être une petite précision tout d'abord.
42:20La nouvelle manière de consommer la télévision,
42:23j'allais dire, concerne peut-être un peu moins le sport que la fiction,
42:28ou parce que c'est vrai que le sport reste, et c'est tant mieux,
42:32l'événement qui va réunir la famille devant un poste de télévision,
42:35ce qui existe de moins en moins, puisque chacun, j'en pense des portes ouvertes,
42:39a sa petite tablette, son petit ordi,
42:42et la famille va s'éclater, on va dire, dans la maison,
42:46alors que le sport a encore cette vertu,
42:48et Virgile, je vois que vous me regardez d'un air étonné,
42:51le sport a encore la vertu de réunir de temps en temps la famille
42:54devant une finale de Roland-Garros, un match du tournoi Destination, etc.
42:58Alors, c'est vrai aujourd'hui, mais je suis très préoccupé par les études
43:01qu'on est en train de mener auprès des millennials,
43:03et plus encore auprès de la génération Z, c'est-à-dire les 12-18 ans.
43:08Et là, encore un vrai sujet de réflexion pour l'ensemble des acteurs du sport,
43:12et en particulier du sport professionnel,
43:14ceux qui vivent notamment des droits de télé.
43:17C'est vrai que la télé reste, pour l'ensemble de la population française,
43:23le support numéro un pour la consommation du sport dans les médias.
43:27En revanche, si on analyse uniquement les moins de 20 ans,
43:32la télé est devenue l'écran compagnon, c'est-à-dire le deuxième écran.
43:36Et en fait, on utilise le mobile, le smartphone, qui est devenu l'écran numéro un.
43:42Je n'ai toujours pas compris comment regarder un match de foot sur un téléphone,
43:45mais bon, ça, je ne suis pas dans la bonne génération.
43:47Mais c'est assez effrayant, et il y a un deuxième phénomène
43:51qui accompagne cette évolution, c'est la notion du direct qui était le graal absolu.
43:59Et ça, ça vole en éclats.
44:01On est sur une génération, je parle de la génération Z, les 12-18,
44:06qui viennent chercher les highlights, qui viennent chercher le scoop,
44:09qui viennent chercher le petit résumé, la réaction Instagram, etc.
44:14Donc c'est assez déroutant, il faut le reconnaître,
44:16mais ça remet en question beaucoup de choses, notamment sur le modèle économique,
44:19parce que ce ne sont plus les mêmes droits qu'on va venir acheter.
44:22Et donc effectivement, toute la réflexion qui est engagée au travers de ce rapport,
44:27elle doit être menée encore plus loin.
44:30– Et si demain, ce ne sont plus les droits télé en direct
44:33qu'il va falloir commercialiser, qu'est-ce que l'on vend ?
44:35– Vous êtes en train de me mettre un sacré coup.
44:37Je vais me permettre de vous raconter une anecdote.
44:39J'étais directeur des sports, et nous allions retransmettre
44:42les Jeux olympiques de Sydney, et je vais au conseil d'administration
44:47présenter le budget avec mon président, et il y avait un sénateur qui était là,
44:50membre du conseil d'administration de France Télévisions,
44:52et il s'aperçoit que les frais les plus importants peut-être
44:55étaient les frais de rapatriement du signal direct.
44:58Il m'avait dit cette phrase, finalement il était visionnaire,
45:00il m'avait dit, pourquoi vous les faites en direct avec le décalage horaire ?
45:03Faites-les à des horaires normaux, défusez-les à 20 heures.
45:06J'avais souri, mais peut-être avait-il raison, finalement il était visionnaire.
45:09– Mais ce n'est plus les mêmes outils en fait, c'est ça,
45:11c'est cette évolution technologique qui est, comment dire, sans limite,
45:18qui amène effectivement à consommer différemment,
45:20c'est-à-dire que toute cette génération, encore une fois la génération Z,
45:23les 12-18, fonctionnent sur le téléphone,
45:25n'ont jamais consommé autant de sport,
45:28ils n'ont jamais consommé autant de sport, mais sur les réseaux sociaux.
45:31– Je les comprends, sur les Highlights, c'est très intéressant de regarder,
45:34même sur Twitter, de dire, tiens, on me fait partager tel but,
45:39telle frappe sur la barre de Fekir la semaine dernière,
45:43je ne le vois que sur mon téléphone.
45:45Mais de là à disparaître, on va remettre le signal dans ce cas-ci.
45:49– Alors Patrick, un sujet intéressant qui est dans le même ordre d'idée,
45:53c'est-à-dire qu'ils consomment de plus en plus de fiction sportive,
45:57Born to Drive, Sunderland Till Die,
46:03la fiction qui a eu lieu sur Lance également, de sang et d'or,
46:06voilà, cette façon un peu d'éditorialiser le sport, d'en faire une série.
46:10– Le Michael Jordan, formidable.
46:12– Exactement, voilà, et ça ils consomment, ils surconsomment,
46:15mais effectivement le direct c'est plus le grave.
46:17– Messieurs, vous qui êtes concernés, évidemment, c'est votre boulot,
46:21j'allais dire d'avoir une vision quand même de notre société,
46:24on s'est aperçu que la radio n'a pas tué la presse écrite,
46:27la télévision n'a pas tué la radio, on va être dans le même phénomène.
46:31Votre boulot, si j'ose dire, votre mission,
46:34et c'est d'ailleurs dans votre rapport,
46:36c'est d'anticiper et d'essayer de faire cohabiter tout ça,
46:38c'est-à-dire de donner des moyens au diffuseur de développer l'over-the-top,
46:42de construire une vraie offre, c'est ça l'enjeu ?
46:45– Il y a deux enjeux, les temps d'écran globalement,
46:48ils ont beaucoup augmenté ces derniers mois et ces deux dernières années
46:52pour des raisons qu'on comprend très bien sur la crise sanitaire,
46:55bon bien sûr, mais c'est la télé, mais c'est surtout les tablettes,
46:59les smartphones et puis les modes de consommation.
47:02On s'est aussi préoccupé avec Cédric, nous, de la question aussi de l'offre,
47:07aujourd'hui payante pour le foot, parce qu'elle est éparpillée
47:10et aujourd'hui ça coûte cher aussi pour un abonné, un passionné de foot,
47:13j'ai envie de dire, de suivre non seulement le championnat français,
47:16mais aussi, en totalité, les autres championnats européens
47:19quand on est un passionné.
47:21Donc on essaie de faire un certain nombre de recommandations,
47:23en une c'est d'essayer de simplifier un petit peu ce paysage-là,
47:27que le consommateur puisse s'y retrouver financièrement aussi,
47:30et puis bien sûr avec ces propositions d'avoir des lots en clair pour le foot,
47:34lots gratuits pour un match de championnat par semaine
47:38et puis aussi des lots de résumé, les highlights comme on dit,
47:40parce qu'aujourd'hui ça correspond à des formats,
47:43aujourd'hui notamment les plus jeunes ont envie de voir les meilleurs moments,
47:45Pablo Longoria a rigolé un petit peu devant nous dans son audition
47:48en disant que sur un match de 90 minutes, il y en avait 3 minutes d'intéressantes,
47:51un match de foot, il exagérait un petit peu,
47:53mais voilà, regardez un match de basket,
47:55parce que c'est bien moi souvent,
47:57regardez un match de basket qui dure 1h30, 1h45 parfois,
48:02vous avez envie de voir les meilleurs moments.
48:04Donc voilà, on a essayé d'isoler ces lots-là
48:07et d'en faire une recommandation comme quoi ça pourrait être...
48:09Alors, si je peux me permettre pour compléter,
48:12j'ai défendu un amendement dans le cadre du projet de protection des œuvres culturelles
48:19qui a permis d'ailleurs la concrétisation de quelque chose de très important,
48:23c'est un dispositif d'ordonnance dynamique
48:25de lutte contre le piratage sportif, donc la détruction de valeurs,
48:29et qui a été d'ailleurs discuté au préalable
48:31dans notre loi parlementaire de députés, la loi sport,
48:34puisqu'elle vient bien de l'Assemblée nationale
48:36et qui a été concrétisée donc par la culture.
48:40J'avais introduit, et je n'ai pas pu discuter parce que le sujet était recevable,
48:43mais cette intention d'événements d'importance régionale.
48:47Pourquoi ?
48:48Parce qu'effectivement, tout à l'heure, on parlait des EUM,
48:50des événements d'importance majeure,
48:52mais il y a effectivement des rencontres sportives
48:56qui n'ont pas vocation à trouver une valeur, un rayonnement au niveau national,
49:00des derbies par exemple,
49:02mais qui auraient moyen d'avoir et d'intéresser
49:05d'autres acteurs, diffuseurs audiovisuels peut-être plus locaux,
49:09mais qui seraient prêts justement à investir,
49:11parce qu'ils y voient un intérêt et ça correspond à leur modèle.
49:13Ce que je veux dire par là, c'est que nos intentions
49:16et les mesures qui sont de créer des lots, des highlights,
49:19de créer également un lot streaming OTT spécifique,
49:23de proposer cette création-là, c'est quoi ?
49:25C'est de rapprocher tous les peuples, de dire qu'il n'y a qu'un seul monde sport,
49:29il faut le rassembler, il ne faut pas dire
49:31je ne veux que des spectateurs devant la télé,
49:33je ne veux que des spectateurs devant la télé.
49:35C'est de dire que la réalité, c'est la consultation citoyenne
49:38qu'on a faite qui a permis de voir que, c'est ce que disait Virgile,
49:41le second compagnon pour les uns, le premier pour les autres,
49:44tout dépend, c'est une question de génération,
49:47d'approche du sport, d'usage également qui ont évolué, de génération.
49:51Donc là, ça permet, notamment c'est création de lots,
49:55d'élargir la base des candidats potentiels,
49:58mais in fine, c'est ça où je veux en venir,
50:00c'est que ça augmente la valeur globale.
50:02Le problème, la valeur globale, ok pour les diffuseurs,
50:04mais ce que disait Régis Chouinicot, c'est que le consommateur lui,
50:07il est obligé d'avoir quatre abonnements différents,
50:09et puis alors, je ne sais pas,
50:10vous connaissez tout sur les chiffres et les impacts Virgile,
50:14moi j'aimerais comprendre, parce que je suis d'une ancienne génération,
50:18ce que le football a perdu,
50:20alors il l'a fait un peu obligé avec l'histoire évidemment de Médiapro,
50:23mais le fait que ce soit aujourd'hui un opérateur comme Amazon,
50:28comme Prime Vidéo,
50:29mais les audiences du foot doivent être catastrophiques,
50:32parce qu'aujourd'hui, moi, avec abonné à Canalstat
50:36parce que j'habite en monde rural,
50:37je ne peux pas regarder mon match sur la télévision,
50:39à moins d'être un geek et d'arriver à faire des choses pas possibles.
50:42Je me mets devant mon ordi et je m'abonne sur un ordinateur à Prime Vidéo,
50:45c'est une catastrophe.
50:47Alors en fait, on voit apparaître quand même
50:50tous ces nouveaux acteurs des GAFAM depuis un petit moment,
50:53les Google, Amazon, Facebook et les autres,
50:59donc on les voit apparaître, ce n'est pas innocent,
51:01ce n'est pas innocent parce que ce sont des acteurs…
51:02Parlez-moi du consommateur, le consommateur il a fui, il est battu ?
51:05Non, il n'a pas fui, il s'est adapté,
51:08il a trouvé d'autres façons de consommer.
51:10Malheureusement, Média Pro, je crois,
51:13a précipité le recours au streaming illégal, malheureusement,
51:18à tel point d'ailleurs que ça a dégradé la valeur de la Ligue 1
51:23pour d'autres diffuseurs.
51:25C'est-à-dire que Bean l'a exposé de façon très, très claire en disant
51:28« moi, je ne m'y mise plus là-dessus parce qu'aujourd'hui,
51:30c'est tellement pollué par le streaming illégal
51:33que finalement, on ne va pas pouvoir rentabiliser avec des nouveaux abonnés ».
51:37Donc là, il y a un vrai sujet de protection
51:38et je trouve que la loi qui va être prise est très, très intéressante
51:43sur la capacité qu'aura le législateur à casser tout de suite des sites
51:48qui diffuseraient illégalement.
51:50Donc ça, c'est extrêmement important, c'était déterminant.
51:52Maintenant, il faut le mettre effectivement en application.
51:55Mais moi, ce sur quoi je voudrais insister…
51:58Il y a toujours eu un pourcentage de vues illégales par annonce, à peu près.
52:02C'est illégal par essence, quand on interroge les gens,
52:05personne ne va nous dire « oui, c'est vrai, je le fais ».
52:06Mais moi, je pense que c'était un gros pourcentage.
52:10Parce que si vous avez un abonnement tout simple,
52:12Régis Benécole le disait tout à l'heure,
52:13vous avez un abonnement à prendre, je dis n'importe quoi, à 39 euros ou à 49 euros,
52:17vous savez que vous avez toute la Ligue 1 de football,
52:19vous n'avez pas tendance à tricher, vous l'achetez.
52:21C'est le fameux Netflix du sport de Jean-Michel Aulas dont vous parlez.
52:23Non, en fait, il y a un autre sujet, encore une fois,
52:27c'est porté par les jeunes générations et notamment les millennials,
52:31c'est une génération qui ne s'interdit rien et qui veut du sur-mesure.
52:35C'est-à-dire que moi, je ne suis un jeune, 20 ans,
52:39je n'ai pas envie d'acheter tout le championnat.
52:41J'ai envie d'acheter quelques matchs qui me plaisent bien,
52:42voire une partie de match.
52:45Et aujourd'hui, c'est vrai qu'on est sur des schémas d'appel d'offres,
52:48et ça a été souligné d'ailleurs dans le rapport,
52:50qui sont des schémas peut-être un peu dépassés par les modes de consommation.
52:55Alors, est-ce qu'il faut aller au match à la demande ?
52:58Ça a été un moment le cas, mais c'était peut-être trop tôt.
53:01En tout cas, aujourd'hui, il faut quelque chose qui puisse être composé sur mesure,
53:05comme on le fait, ça a été accéléré par la crise,
53:08comme on le fait pour les repas à domicile,
53:10comme on le fait pour tout un tas de sujets.
53:12Mode de consommation évolutif.
53:14Un mot de conclusion, messieurs ?
53:15Non, mais c'était pour parler de ce sujet-là et de dire qu'il faut juste regarder aussi
53:19la spécificité française, dans le sens où on a quand même des acteurs qui ne sont que des diffuseurs.
53:27Et que vous avez notamment en Espagne des niveaux de valorisation aussi,
53:31des droits de commercialisation qui sont différents,
53:32parce que les acteurs ne sont pas tout à fait les mêmes.
53:34Je parlais notamment des téléopérateurs.
53:37C'est-à-dire qu'ils proposent aussi des offres qui ne sont pas forcément moins chères qu'en France.
53:42Mais en tout cas, ils proposent donc une offre globale,
53:45où la partie sport est une des briques du retour sur investissement global.
53:49Donc, ils peuvent se permettre effectivement de faire des choix d'investissement plus audacieux.
53:52C'était le modèle Canal il y a quelques années.
53:55Un peu précurseur.
53:56Non, moi, ce que je voudrais dire en mot de conclusion,
53:58et puis je laisserai les parlementaires conclure,
54:00c'est que vraiment, ce rapport, il sonne comme une évidence.
54:04Il faut revoir le modèle économique des clubs professionnels.
54:08Voilà, la bulle télé devait exploser.
54:11On va dire qu'elle a explosé.
54:13Demain, il y a deux nouveaux opérateurs qui arrivent.
54:16Voilà, c'est un vrai sujet qu'il faut accepter et avoir le courage de mettre sur la table.
54:20Oui, et pour sauver notre modèle sportif européen
54:23et ne pas tomber dans les super ligues ou les ligues fermées,
54:26il faut absolument que les règles de concurrence qui s'appliquent notamment aux appels d'offres
54:29soient encadrées par des mécanismes de régulation.
54:31Donc, c'est au niveau européen, effectivement, qu'il faudra mettre en place ces règles-là.
54:35Mais on peut aussi progresser au niveau national,
54:38et notamment pour la visibilité et l'exposition de toutes les disciplines sportives.
54:41Et puis que ces droits audiovisuels irriguent aussi le sport amateur.
54:44Voilà, c'est les conclusions de notre rapport avec Cédric.
54:49Et je crois que beaucoup de ces propositions sont en train, effectivement, d'être adoptées,
54:53notamment dans la loi sur la démocratisation du sport.
54:56Deux petites questions politiques, mais en dix secondes.
54:59Je vois qu'on n'a pas encore décidé d'aller jusqu'à l'obligation de parité
55:04dans les fédérations sur le sport.
55:06Tout à fait.
55:06Votre avis en dix secondes.
55:08Je suis contre.
55:09Moi, je suis à l'initiative de cette PPL,
55:12la proposition de loi parlementaire sur le sport,
55:15la démocratisation du sport.
55:17Donc, quand on parle de démocratie, on parle et de vote des clubs,
55:21on parle et de parité.
55:24C'est quelque chose qui ressemble à notre vie actuelle.
55:26Donc, le combat est perdu, alors ?
55:28Non, c'est les sénateurs qui vont voter.
55:30Vous avez des députés engagés.
55:32D'accord, ça va.
55:33Vous avez des députés engagés.
55:34Pour aller vers la parité.
55:35Pour m'assurer.
55:35Ce sera le mot de la fin.
55:36On a essayé d'être exhaustif.
55:37C'est difficile parce que, vu l'épaisseur du rapport, il y a tellement d'idées.
55:41Je remontre, il est très bien.
55:42Voilà.
55:43Et merci, en tout cas, de nous avoir consacré du temps.
55:45Et puis, merci à vous de vous intéresser à des sujets autres.
55:49J'allais citer les émissions.
55:51Non, non, des sujets.
55:52Allez, on se calme, Patrick.
55:54À très bientôt pour une nouvelle édition des Grandes Questions.
55:57Merci encore.
55:58Merci beaucoup.

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