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La France joue sa place en demi-finale de l'Euro vendredi soir (21h) face au Portugal à Hambourg. Présentation des enjeux de ce choc avec Vincent Duluc journaliste à L'Equipe.
Regardez L'invité d'Yves Calvi avec Yves Calvi du 05 juillet 2024.

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Transcription
00:00Amandine Bégaud et Yves Calvi, RTL Matin, jusqu'à 10h.
00:04Il est 8h22, parlons foot. Bonjour Vincent Duluc.
00:07Bonjour.
00:08Merci infiniment d'être en ligne avec nous depuis Hambourg en Allemagne.
00:11Vous suivez le championnat d'Europe de foot pour votre journal L'Equipe,
00:14une compétition qui, soyons honnêtes, peine à nous passionner pour l'instant.
00:18En tout cas, je parle de l'équipe de France.
00:20Elle a rendez-vous ce soir avec le Portugal à 21h en quart de finale de l'Euro.
00:24On va assister à la même bouillie de football que contre la Belgique il y a 4 jours, Vincent ?
00:29J'espère que non. Effectivement, il y a un doute,
00:32parce qu'une fois qu'une équipe a trouvé une méthode,
00:36elle a un peu de mal à s'en échapper.
00:40Une fois que la pente monte encore un peu plus,
00:43elle a plutôt tendance à se tourner vers ce qu'elle connaît le mieux.
00:46Et pour l'instant, ce que cette équipe connaît le mieux,
00:49c'est de défendre, d'être très forte derrière,
00:52et puis d'attendre de voir un peu ce qui va se passer devant.
00:55En même temps, son expression offensive peut quand même être largement supérieure.
00:59C'est le moins qu'on puisse dire.
01:02Ce serait plutôt le moment de le montrer quand même.
01:04Ce débat autour des choix défensifs de Didier Deschamps existe depuis des années.
01:08Mais là, on a quand même touché le fond.
01:10La question est toujours la même.
01:11Avec la génération de joueurs exceptionnels que nous possédons,
01:14on ne pourrait quand même pas voir autre chose ?
01:16C'est sans doute un petit peu vrai,
01:19et en même temps, c'est un petit peu faux quand même.
01:21C'est-à-dire qu'effectivement,
01:23l'équipe de France n'avait pas du tout de garantie défensive avant cet Euro,
01:26et la manière dont Didier Deschamps a su construire
01:28cette espèce de forteresse en peu de temps
01:31était quand même plutôt rassurante,
01:33et était même indispensable,
01:34parce que de toute façon, l'identité profonde
01:36des sports collectifs français à travers les âges,
01:38ça a quand même toujours été la défense.
01:40On a beau, nous, le peuple français, se rêver empanaché
01:44et plein de créativité,
01:46mais en dehors de la génération platinie,
01:48l'identité profonde, c'est toujours la défense.
01:50Et c'est grâce à la défense qu'Emile Jacquet, en 1998,
01:53est devenu champion du monde.
01:55Ça a toujours été un peu ce qui nous a distingués,
01:58et même en 2018, même si on a marqué beaucoup de buts,
02:01il faut se souvenir qu'en finale de la Coupe du Monde,
02:03on menait deux à un contre la Croatie,
02:04après avoir tiré une fois au but.
02:06Donc en fait, ça a quand même toujours été cette identité-là,
02:09mais ce qui manque aujourd'hui, effectivement, c'est la deuxième partie,
02:11mais il manque autant de création que d'efficacité.
02:14C'est-à-dire que les occasions, les Français les ont.
02:17Vous savez qu'il y a une nouvelle mesure aujourd'hui des buts dans le foot
02:19qui s'appelle des XG.
02:22Les buts attendus.
02:24Et de ce côté-là, les Français ont eu beaucoup d'occasions.
02:26Donc c'est surtout un déficit d'efficacité
02:28qui a empêché d'ouvrir les matchs
02:30et qui donne cette impression d'ennui aussi.
02:32L'ancien international français, Johan Mikkoen,
02:34il n'y va pas de main forte dans les colottes de l'équipe.
02:36Je le cite à
02:37« Je ne sais pas si on se rappellera dans 20 ou 30 ans de cette génération-là,
02:40on parlera de son palmarès, on rajoutera à chaque fois
02:42« Mais qu'est-ce qu'on se faisait chier avec cette équipe en regardant ces matchs ? »
02:46Il a un peu raison, non ?
02:48Il a parfois raison, Johan,
02:50mais pour beaucoup débattre avec lui souvent à l'équipe de soir.
02:52Effectivement, je sais qu'il a toujours eu ce sentiment-là.
03:00On peut quand même l'atténuer
03:02en soulignant que le meilleur du football en général,
03:05c'est le football des clubs.
03:07C'est-à-dire qu'effectivement, c'est le Manchester City, le Guardiola,
03:09c'est les entraîneurs qui ont tant travaillé avec une équipe
03:13pour impulser une philosophie.
03:15La réalité, c'est que les sélections nationales,
03:17on ne retrouve pas ça.
03:19Les sélections nationales, il y a très peu de sélections qui jouent très bien au foot
03:21parce qu'elles n'ont pas le temps,
03:23parce qu'elles sont rassemblées 15 jours,
03:25parce qu'il faut montrer d'autres choses,
03:27parce qu'il faut aller à l'essentiel.
03:29Les grandes compétitions, la Coupe du Monde et l'Euro,
03:31parfois on voit des matchs formidables,
03:33mais ce n'est pas toujours lié à un style de jeu longtemps travaillé.
03:37C'est lié à l'intensité, c'est lié à la pression,
03:39c'est lié à la charge émotionnelle du rendez-vous,
03:41c'est lié au scénario,
03:43mais pas toujours à la manière.
03:45Ce dont on se souvient, effectivement, c'est autre chose.
03:47Je pense que si on nous obligeait, encore une fois,
03:49à regarder tous les matchs de la Coupe du Monde 1998
03:51de l'équipe de France,
03:53je ne suis pas sûr qu'on sauterait au plafond tout le temps.
03:55Mais ce n'est pas ça qui reste à la fin.
03:57On a quand même besoin d'émotion, non ?
03:59Et pour l'instant, on n'en a peu avec cette équipe.
04:01Je rappelle quand même les statistiques,
04:03stupéfiante de nos bleus, 4 matchs, 67 tirs
04:05et seulement 3 buts, dont 2 marqués par l'adversaire
04:07contre son camp.
04:09Vous avez complètement raison, c'est ça qui nous manque pour l'instant.
04:11Pour l'instant, on n'a pas du tout d'émotion,
04:13ce qui est absolument sidérant,
04:15c'est que l'équipe de France a battu la Belgique
04:17à la 85ème minute.
04:19Donc théoriquement, c'est un scénario qui doit nous faire
04:21bondir de notre canapé.
04:23Et c'est à peine si on a soulevé un sourcil,
04:25tellement ça arrivait dans un moment d'ennui absolu.
04:27Donc oui, on a besoin de ça.
04:29On a besoin d'un scénario un peu fou.
04:31On a besoin que Mbappé se réveille.
04:33On a besoin que Griezmann montre d'autres choses.
04:35On a besoin surtout d'avoir peur,
04:37d'être heureux qu'il se passe quelque chose.
04:39Et pour l'instant, on a juste envie que ça finisse, c'est vrai.
04:41– Force et faiblesse de l'équipe du Portugal.
04:43Bon, ils font partie quand même des favoris,
04:45et en même temps, ils n'ont pas vraiment brillé
04:47depuis le début de cet Euro.
04:49Ils en sont où ?
04:51– Non, effectivement, c'est une équipe qui, elle aussi,
04:53a des attaquants formidables, comme Ronaldo,
04:55comme Leao, qui a des vrais créateurs
04:57comme Bruno Fernandez qui joue à Manchester United
04:59ou Bernardo Silva à Manchester City.
05:01Et puis qui reste, qui n'a pas marqué
05:03depuis deux matchs et demi maintenant,
05:05qui est passé au tir au but en huitième de finale.
05:07Donc il y a aussi ses limites.
05:09C'est un peu la même chose que l'équipe de France.
05:11Beaucoup de très bons joueurs,
05:13mais pas un jeu bouleversant.
05:15Plus le crépuscule de Ronaldo,
05:17dont on n'arrive pas à savoir
05:19s'il a gardé une meilleure, lui aussi,
05:21pour ce match contre l'équipe de France
05:23ou s'une meilleure est définitivement passée.
05:25– Dans une interview chez nos confrères du Figaro,
05:27l'ancien entraîneur d'Arsenal,
05:29Arsène Wenger, place nos bleus
05:31au-dessus des Portugais, des Allemands,
05:33mais aussi de l'Espagne.
05:35En dépit des états d'âme qu'on a,
05:37parce que ce sont quand même des états d'âme,
05:39vous partagez son analyse ?
05:41– Je pense qu'Arsène répète souvent
05:49que les Français sont favoris,
05:51que ce sont les meilleurs joueurs.
05:53Je pense qu'effectivement, vu la manière
05:55dont l'équipe de France défend,
05:57on a l'impression qu'il ne peut pas lui arriver
05:59beaucoup d'ennuis. Mais vu la manière
06:01dont l'équipe de France attaque,
06:03on a l'impression qu'il ne peut pas lui arriver
06:05et Hambourg est une belle ville pour être entre deux eaux.
06:07Mais au-delà de ça,
06:09on a tous envie qu'il se passe
06:11enfin quelque chose et que cette équipe
06:13sache enfin faire deux choses à la fois.
06:15– C'est très clair. Un mot
06:17quand même pour dire qu'on attaque facilement notre entraîneur
06:19qui nous a presque tout fait gagner
06:21depuis dix ans, non ?
06:23– Oui, mais il est confronté à la fois
06:25à l'ennui de ce début
06:27du match d'Euro et puis il est confronté aussi
06:29à l'usure. C'est-à-dire qu'aucun sélectionneur n'est resté
06:31aussi longtemps que lui. Lui, s'il va au bout
06:33de son contrat jusqu'à la coupe du monde
06:352026, ça fera 14 ans.
06:37Donc effectivement, s'il gagne ce soir,
06:39il aura deux ans de tranquillité jusqu'en 2026.
06:41Puis s'il ne gagne pas ce soir, il aura
06:43deux mois de débat
06:45et ça peut être agité. – Et Zidane devra attendre ?
06:47– Mais en fait,
06:49effectivement, c'est l'enjeu.
06:51C'est l'enjeu pour Zidane et c'est l'enjeu pour
06:53beaucoup. Il sait très bien
06:55qu'il y a des chances. Ça fait plusieurs années
06:57que l'ombre de Zidane plane un petit peu
06:59au-dessus de son poste.
07:01À un moment, maintenant, que Zidane attend le poste,
07:03si l'équipe de France
07:05gagne ce soir, Zidane devra encore attendre.
07:07Et si l'équipe de France ne gagne pas,
07:09son nom va revenir, forcément.
07:11– On se fait plaisir avec un petit pronostic ?
07:13– Vous savez que je suis toujours nul en pronostic.
07:15– Oui, je sais, c'est ça qui est charmant chez vous.
07:17– Pour que ça marche, il faut quand même que je pronostique
07:19que le Portugal va gagner demain.

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