Eric Modard (céréalier) : « Association colza, lentille fenu grec, un Ift herbicide à 1 » (partie 1)

  • il y a 2 mois
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00:00Bonjour et bienvenue à tous pour C'est Actif, la nouvelle émission de la Ternet Web TV.
00:18Après notre émission spéciale sur les marchés à terre, nous accueillons sur le plateau
00:22de la Ternet Web TV, Jean-Charles Bocquet, directeur de l'UIPP.
00:26Bonjour.
00:27Bonjour.
00:28Aujourd'hui, nous parlerons des solutions et des pistes d'avenir pour répondre aux
00:32préoccupations des agriculteurs relatifs à EcoFITO 2018 et notamment à la réduction
00:38de l'ordre de 50% de l'utilisation des produits phytosanitaires, une problématique
00:43que nous allons aborder en ne s'attachant qu'au volet herbicide.
00:46Et pour rentrer dans le vif du sujet, nous partons en reportage chez Éric Modard, céréalier
00:50dans l'heure.
00:51Il vous explique son raisonnement, ses difficultés et vous présente les solutions qu'il a mis
00:56en place sur son exploitation.
00:58Dans le cadre du programme EcoFITO 2018, l'exploitation céréalière d'Éric Modard fait partie des
01:04fermes de référence du réseau Défi.
01:06En juin dernier, nous étions partis à sa rencontre à l'occasion d'une journée porte
01:09ouverte organisée sur son exploitation pour présenter sa démarche.
01:13Sur la campagne 2011, il s'était fixé comme objectif de réduire son IFT à 3, autrement
01:18dit à l'échelle de l'Outnormandy, de réduire de moitié les quantités de produits
01:22phytosanitaires appliqués sur ses cultures.
01:25J'ai réussi, Dame Nature m'a un peu aidé, puisque avec le temps sec que l'on a eu,
01:31ça a limité globalement la pression des maladies, donc j'ai réussi à passer juste
01:36en dessous de 3 pour être à 2,95.
01:40Cette année, l'absence de pluie qu'on a eue de début mars jusqu'à mi-juin quasiment,
01:47et ce qui fait qu'on a eu des rendements sur exploitation, je vais de moins de 50 quintaux
01:52à 90.
01:54Le temps sec qu'on a eu a permis de limiter l'évolution de certaines maladies, excepté
02:04la rouille jaune, on a eu quelques soucis sur une variété principalement, mais globalement
02:09au niveau fongicide, ça a permis de faire des impasses sur certaines variétés, ça
02:14a également permis de limiter, je n'ai pas soldé l'azote que j'aurais dû apporter
02:20comme c'était prévu, globalement ça m'a permis de diminuer mes charges opérationnelles
02:25de 70 euros par hectare, donc je suis descendu de 300 à 230, et nous avons aussi des cours
02:34qui ont été soutenus, qui restent encore soutenus aujourd'hui, ce qui a permis de
02:38maintenir la marge brute par rapport à 2010.
02:41Satisfait techniquement, Eric Modard ne l'est pas moins économiquement.
02:45L'EBE ou les marges brutes dépendent avant tout du prix, ce qu'on voit qu'en 2007
02:56ou 2008, l'EBE a été très bon, même si 2007 n'a pas été une très bonne année
03:01au niveau rendement, mais on avait des prix qui étaient bons, par contre en 2009, les
03:05rendements ont également été équivalents à 2008, mais avec des prix en forte baisse,
03:09ce qui fait que l'EBE a baissé de 40 000 euros, ce qui était très important, et
03:15par contre 2010-2011, où nous avons eu aussi au printemps 2010 un peu de sec, donc les
03:21terres superficielles ont souffert très tôt, les rendements moyens de ces deux années
03:26sont vraiment moyens, voire mauvais, mais de nouveau nous avons eu des prix rémunérateurs
03:33et ce qui fait que l'EBE a remonté à un niveau correct.
03:37Donc l'IFT par rapport à ces différents rendements dépend avant tout des conditions
03:44climatiques, on peut avoir une parcelle, j'ai eu le cas d'une parcelle qui au mois
03:49d'avril avait complètement décroché par le sec, mais malheureusement il y a eu de
03:53la rouge jaune, même si le potentiel de rendement était entamé, j'ai dû traiter, à l'inverse
03:57cette année, des parcelles en bonnes terres qui ont réussi à résister du sec n'étaient
04:02pas malades, je n'ai pas traité.
04:05Conscient que l'une des principales problématiques techniques dans la réduction de l'utilisation
04:10des produits phytosanitaires repose sur le post herbicide, Eric Modard a choisi de changer
04:15l'itinéraire technique de ses cultures d'hiver.
04:17Pour ce qui est du blé d'hiver, j'ai changé ma politique technique, avant je désherbais
04:25plus les graminées en sortie d'hiver qu'à l'automne et aujourd'hui avec les produits
04:31qui étaient à base de sulfos lignurés, je rencontre pas mal de résistances donc
04:35cette année je suis parti pour désherber qu'à l'automne, je ne fais que désherbage
04:40d'automne, aujourd'hui les champs sont globalement propres et je dirais même mieux actuellement
04:47que l'année dernière où il y a deux ans au printemps avec des sulfos, avec un IFT
04:53qui sera équivalent voire même un peu plus faible.
04:56Changement de pratique aussi pour les colza qui auront été semés en association avec
05:00du fenugrec et des lentilles.
05:06Après le semis, je n'ai rien désherbé et je me suis dit je traiterai à vue s'il
05:11y a besoin et donc sur 25 hectares de colza, je n'ai désherbé que 5 avec un anti-dicote
05:17et sinon l'ensemble des parcelles n'ont reçu qu'un antigraminé racinaire au mois
05:22de décembre alors qu'habituellement il y avait un traitement en post-semis prélevé,
05:30des fois un antigraminé précoce pour lutter contre les repousses de céréales et plus
05:34l'antigraminé racinaire pour compléter les manques du foliaire où on connaît beaucoup
05:42de résistances avec ces familles.
05:43Donc le colza qui était une culture qui habituellement me plombait si je puis dire mon IFT sur exploitation
05:50avec un IFT entre 4,5 et 5, ne serait-ce que sur le post-herbicide cette année, je devrais
05:56être à 1,2.
05:59On est sur le plateau de la Terre Network TV en compagnie de Jean-Charles Bocquet, première
06:03question, quel commentaire faites-vous sur la démarche prise par Eric Modard ?
06:07Cette démarche me paraît très intéressante, on rencontre aujourd'hui des agriculteurs
06:13qui comme M.
06:14Modard en fait essaient de prendre en compte la connaissance qu'ils ont de leur exploitation,
06:20de faire évoluer leur pratique, on l'a vu sur colza en particulier, pour pouvoir raisonner
06:25au mieux en fait le contrôle des maladies, le contrôle des mauvaises herbes sur leur
06:31exploitation.
06:32Donc c'est une démarche de prospection et de test qu'il me paraît intéressante de
06:38suivre.
06:39Pour poser les bases de notre discussion, réduire de 50% l'utilisation des produits
06:44phytosanitaires en 2018, selon vous c'est possible ?
06:47C'est un objectif qui est très ambitieux, cet objectif aujourd'hui a été fixé dans
06:54le cadre du Grenelle, certains agriculteurs ont déjà historiquement baissé leurs utilisations
07:01de produits, mais je crois que collectivement, par rapport à ce que l'on connaît aujourd'hui
07:06des solutions disponibles, des techniques agronomiques en place, à horizon 2018, il
07:12me paraît extrêmement difficile de pouvoir atteindre cet objectif de réduction de 50%
07:16des produits phytosanitaires.
07:17A l'inverse, je pense que dans le plan éco-phyto, il y a beaucoup d'actions et d'axes qui ont
07:23pour objectif de professionnaliser nos métiers, le métier du fournisseur, le métier du distributeur,
07:29le métier du conseiller, le métier de l'agriculteur, pour qu'ensemble on fasse évoluer les pratiques
07:36qui se traduiront de manière concrète par une moindre dépendance des agriculteurs aux
07:44produits phytosanitaires.
07:45Si on en revient sur le cas de monsieur Modin, sur ses cultures d'hiver, donc il a changé
07:51son comportement, il a changé d'itinéraire technique parce qu'il faisait face à des
07:55résistances.
07:56Qu'est-ce que vous avez pensé des solutions qu'il a pu mettre en place et du moins du
08:00constat qu'il peut effectuer sur son exploitation ?
08:02Alors globalement, je crois qu'il faut rappeler que le poste des herbicides, donc pour contrôler
08:06les mauvaises herbes en France, est un poste important.
08:09C'est globalement 50% des utilisations et donc du marché phytosanitaire en France.
08:16Le raisonnement du désherbage se faisait historiquement culture par culture et de plus
08:23en plus, et monsieur Modin le montre, on raisonne le désherbage sur l'exploitation agricole,
08:28donc dans le cadre de la rotation.
08:29Si j'ai bien compris, donc monsieur Modin est en train de passer d'applications plutôt
08:34de sorties d'hiver, printemps, à des applications d'automne, donc nous sommes convaincus que
08:38c'est une démarche qui va dans le bon sens.
08:40C'est autant de sécurité, je dirais, pour le reste de la campagne et on peut éventuellement
08:48faire un rattrapage ou un repassage au printemps, mais le désherbage d'automne, aujourd'hui,
08:53est une démarche qui fait ses preuves et que l'on doit donc encourager et qui pourrait
08:59se traduire, en fait, in fine, par peut-être moins d'utilisation de produits.
09:04En colza, sur ces colzas, un semi en association pour avoir un pouvoir comprenant de la culture
09:10plus important, c'est en soi une démarche qui tient plus de l'agronomie que de l'utilisation
09:17des produits phytosanitaires ?
09:18Alors c'est une démarche qui est aujourd'hui testée dans plusieurs régions et à nouveau
09:23elle va dans le sens de la gestion des adventices dans le cadre de la rotation et le fait de
09:31mettre des mélanges d'espèces pour étouffer un petit peu les adventices qui lèvent, c'est
09:36une solution.
09:37Il y a d'autres pistes qu'il faut rappeler qui sont, en fait, le retour aux basiques
09:43de l'agronomie, c'est-à-dire refaire un labour de temps en temps de manière à abaisser
09:49et ré-enfouir ce stock de graines, donc d'adventices, vulpins, régras, etc. qui restent à la surface
09:57du sol et qui peuvent repartir, ne pas oublier l'interculture non plus, tout ce qui peut
10:02être fait avant l'intervention d'un produit chimique est à privilégier.
10:07Donc on est vraiment de manière concrète dans le concept de protection intégrée.
10:11Vous représentez les firmes qui produisent ces produits phytosanitaires, aujourd'hui
10:16elles travaillent dans cette démarche ?
10:18Aujourd'hui, en fait, au-delà de la chimie qui reste, je dirais, un point important dans
10:24notre métier, nous travaillons également sur les pratiques agricoles, sur l'accompagnement
10:29des produits et à ce titre nous avons depuis deux ans maintenant un groupe permanent agronomie
10:36à l'UPP.
10:37On s'efforce de raisonner les modes d'action des différentes familles dans le cadre de
10:42la rotation.
10:43Là encore, de manière à maintenir le plus longtemps possible les molécules existantes
10:50et de les gérer en intégrant les risques d'apparition de phénomènes de résistance.
10:56Et le plan Eco-Phyto 2018, en particulier tout ce qui a trait à la certification individuelle,
11:05l'enregistrement des pratiques va aller dans le sens d'une meilleure connaissance, de l'enregistrement
11:11justement de ce qui s'est passé sur ma parcelle, l'époque où je suis intervenu, avec quel
11:16type de produit, avec quelle dose, quelles étaient les conditions météorologiques
11:20qui permettront d'expliquer parfois pourquoi il y a eu un échec.
11:23Cette émission touche à sa fin, je vous donne rendez-vous le mois prochain pour une
11:27émission spéciale dédiée aux robots et au pâturage.
11:30En attendant, bonne fin de journée et à bientôt.
11:35Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org

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