• il y a 5 mois
Fin des quotas laitiers

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Transcription
00:00Bonjour, bienvenue sur l'Aspace Web TV, où j'accueille Guy Lemercier.
00:12Bonjour.
00:13Bonjour.
00:14Vous êtes directeur marketing et communication chez Cogedis.
00:17Oui.
00:18Alors on va parler de performance économique en filière laitière dans un contexte où la fin des quotas s'annonce au 1er avril 2015.
00:26Tout à fait.
00:27Alors on va aussi parler de coût marginal du litre de lait à produire.
00:33C'est une question fondamentale que doivent aujourd'hui se poser les éleveurs.
00:39Alors vous êtes venu avec quelques chiffres d'abord sur la campagne précédente en termes de coût de production.
00:45Aujourd'hui, le coût de production au litre de lait...
00:48Le coût de production, on va peut-être rappeler rapidement ce que c'est.
00:51Oui.
00:52Le coût de production, c'est l'ensemble des charges opérationnelles, charges variables et des charges de structure qui se rapportent à l'atelier lait,
01:00y compris la production des génistes, donc l'ensemble des charges du compte de résultats qui s'adressent, qui servent à produire le lait.
01:07Alors ce coût de production, l'an passé, enfin sur la précédente campagne, selon vos chiffres Cogedis, il était combien ?
01:14Selon la méthode Cogedis, c'était avant rémunération du travail et avant rémunération du capital,
01:19qui sont des charges recalculées qui permettent de donner le coût de revient.
01:23Voilà, je fais un petit peu de méthode.
01:25Ce coût de production, il est à 337 euros des 1000 litres de lait,
01:29ce qui est le niveau historique le plus élevé que la production de laitière française ait connu.
01:34Alors vous le déclinez, vous pouvez le décliner en charges variables et charges fixes.
01:38Bien entendu.
01:39Aujourd'hui, quelle est la répartition aujourd'hui ?
01:42Les charges variables représentent 164 euros, soit 48% du coût de production.
01:48Et les charges de structure représentent soit 73 euros, soit 52% de ce coût de production.
01:53Donc il y a un petit peu plus de charges de structure que de charges variables.
01:56Donc les éleveurs, on entend beaucoup les éleveurs dire que les charges variables augmentent le coût de l'alimentation.
02:01Ce qui est vrai.
02:02Le coût de l'alimentation.
02:03Elles ont augmenté de 14% en 2 ans.
02:04Mais ceci dit, les charges fixes représentent quand même une part plus importante dans le coût de production.
02:11Et il ne faut pas négliger ces charges fixes.
02:14Effectivement.
02:15Et depuis quelques années, il y a l'effet de basculement entre les charges de structure et les charges opérationnelles.
02:20C'est fait à peu près il y a une dizaine d'années, où les charges de structure ont dépassé les charges variables.
02:24Et depuis, les 2 coûts ne se sont jamais rejoints.
02:26Alors bien entendu, ces charges de structure ont la particularité d'avoir une certaine fixité.
02:32C'est-à-dire que quel que soit le volume de production, quel que soit le fait que je produise ou pas, d'ailleurs, je vais devoir y faire face.
02:37Donc c'est bien entendu les frais financiers, les amortissements des matériels, des bâtiments, la main d'oeuvre, les charges sociales, les frais de bâtiment, etc.
02:46C'est ça, les charges de structure, les fermages et compagnie.
02:49Alors dans quelques mois, il n'y aura plus de quotas.
02:51La question que se posent les éleveurs, c'est est-ce que je pars pour produire plus, agrandir l'exploitation ou pas ?
02:57Mais est-ce que je produis plus si je suis suivi par mon collecteur ?
03:02Il y a une question qui se pose fondamentale.
03:05C'est le coût marginal du litre supplémentaire qu'on va produire.
03:08Exactement.
03:09Donc on peut distinguer deux situations.
03:11La première situation étant, on va dire, se situant, si on prend l'élevage moyen autour de 400 000 litres de lait, en dessous de 50 000 litres de lait,
03:19on peut considérer qu'en moyenne, les éleveurs peuvent, à travers un certain nombre de décisions d'intensification,
03:29de produire ce lait supplémentaire, peuvent aussi acquérir des génisses
03:35ou ils peuvent aussi disposer du cheptel pour le produire.
03:39Donc on peut considérer que s'il a les moyens de production pour produire environ 50 000 litres de lait supplémentaire sans engager de charges de structure,
03:48le coût de production, le coût marginal en l'occurrence, se situera entre 150 euros et 170 euros.
03:53Ce qui est important dans ce que vous dites, c'est être en capacité de produire éventuellement plus,
03:59mais en ne faisant fonctionner, entre guillemets, que les charges variables et non les charges fixes.
04:05En même temps, l'équation est facile à exprimer ici au micro.
04:10Pour l'éleveur dans la tête de son élevage, produire du lait supplémentaire, ce n'est pas un robinet qu'on ouvre et qu'on ferme, c'est du vivant, c'est compliqué.
04:16Mais on va dire qu'il dispose des éléments pour le produire.
04:20Alors après, la question, c'est à partir de quel moment l'opération ne devient plus rentable ?
04:25Au-delà, notamment, de cette marge-là de 50 000 litres, il va devoir...
04:30Déjà, il va y avoir un problème éventuellement de main-d'oeuvre, un problème peut-être au niveau de la salle de traite,
04:34des questions qui vont se poser au niveau des bâtiments et donc des investissements qui vont être à engager.
04:40En particularité, si le droit à produire se situe entre 150 000 et 200 000, voire plus.
04:45Et là, on est dans une décision qui relève plus, pas d'une décision d'opportunité, mais c'est une vraie décision stratégique
04:52qu'il va falloir chiffrer et qu'il va falloir mesurer aussi au niveau de la trésorerie et de l'impact financier.
04:59Aujourd'hui, j'entends des éleveurs qui me disent, je produis 400 000 litres de lait aujourd'hui,
05:05et d'ici 2-3 ans, je pourrais produire et je produirais 600 000-700 000 litres de lait.
05:11Quelles recommandations vous leur faites, à ces éleveurs, pour ne pas tomber dans le piège d'une augmentation des coûts ?
05:18Tout dépend. Les grosses structures de coûts, c'est quand même l'investissement dans les bâtiments.
05:26En plus, on investit pour longtemps. L'investissement dans le matériel de traite où on est sur des investissements qui sont irréversibles.
05:32La question de la main-d'oeuvre, on en a parlé tout à l'heure, va devenir dans les années qui viennent un facteur limitant.
05:39La question, c'est est-ce que je suis en posture de produire ce lait supplémentaire qui me sera proposé ou pas ?
05:47Vous me disiez en préparant l'émission qu'on est à la croisée des chemins. On est à quelques mois de la fin des quotas.
05:53Il va y avoir des choix au niveau régional qui vont s'opérer. On va avoir une spécialisation de la production laitière ?
06:00Quand on regarde l'évolution de la production laitière dans le Grand Ouest,
06:04on constate que depuis une quinzaine d'années, les éleveurs se sont plutôt déspécialisés.
06:09Et notamment le fait que le foncier... Enfin, le quota était assis sur le foncier. Les surfaces ont augmenté plus vite.
06:14Elles ont augmenté de 50% quand le quota n'a augmenté que de 20%.
06:17Donc, ils sont devenus petit à petit, de plus en plus, polyculteurs, éleveurs. Donc, ce sont plutôt déspécialisés.
06:23Et les stratégies qui vont être à repenser, à rebâtir, après à chacun de le faire ou de ne pas le faire,
06:28c'est de savoir si je me ressens sur mon atelier lait, quitte à déléguer d'ailleurs une partie des travaux des cultures.
06:35Parce que pour être efficace, à la fois sur le plan technique et sur le plan économique, plus on est spécialisé, plus on est performant.
06:42Guylain, merci. Merci beaucoup.
06:43Merci.

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