Installation en production laitière
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00:07Bonjour à tous. Bienvenue sur l'Espace TV.
00:10On va parler ensemble d'installation
00:12en production laitière et de financement de l'installation.
00:16J'ai en ma compagnie Henri Brosselier. Bonjour.
00:18Bonjour.
00:19Vous êtes responsable du marché pro et agri
00:21au Crédit Mutuel Océan.
00:23C'est ça, à la Roche-sur-Yon.
00:24À la Roche-sur-Yon.
00:27Les perspectives des marchés laitiers
00:28sont plutôt positives,
00:31même si, aujourd'hui, le prix du lait
00:33qui est annoncé par la laiterie,
00:36proposé aux agriculteurs,
00:37est en-dessous des espérances,
00:41du moins pour cette 2e partie d'année, 2018.
00:45Plus globalement, dans la logique économique d'installation
00:49d'un jeune en production laitière,
00:52quelle est l'approche primordiale à avoir
00:55quand on souhaite s'installer
00:58pour son plan de financement ?
00:59L'approche globale que l'on pratique en banque,
01:04c'est essentiellement l'approche du prix d'équilibre.
01:07Le prix d'équilibre, c'est quoi ?
01:10C'est le prix du lait
01:13auquel il faut que mon exploitation soit payée
01:15pour couvrir l'ensemble de mes charges,
01:17donc mes charges opérationnelles,
01:19mes charges de structure,
01:21couvrir mes annuités bancaires,
01:23mes frais financiers court terme
01:25et rémunérer ma main-d'oeuvre.
01:27Et donc, du coup, de ce prix d'équilibre-là,
01:30c'est un prix d'équilibre que chaque agriculteur
01:34doit connaître pour piloter et gérer son exploitation.
01:37C'est pas le cas, en réalité, sur le terrain ?
01:41Malheureusement, ce qu'on constate sur le terrain,
01:43c'est que peu d'agriculteurs, aujourd'hui, en système lait,
01:48connaissent leur niveau de prix d'équilibre.
01:50C'est aussi un changement de mentalité
01:52que les producteurs laitiers doivent avoir,
01:53puisque si on compare ça au système hors-seul,
01:57qui sont habitués à la volatilité des cours,
02:01c'est quelque chose qui est ancré depuis plus longtemps
02:04dans les façons de faire.
02:05Aujourd'hui, ça fait pas longtemps
02:07que les quotas laitiers sont terminés.
02:12Et du coup, en système lait,
02:13aujourd'hui, on n'était pas encore habitués
02:15à cette volatilité.
02:17Aujourd'hui, on voit bien
02:19qu'avec les prix d'équilibre actuels,
02:21et puis, on a connu quelques belles années,
02:24mais quelques crises aussi.
02:26Donc il faut absolument intégrer cette notion
02:29avec un prix d'équilibre autour de 300, 310 euros
02:33des millilitres payés
02:35pour que, les bonnes années,
02:37on puisse mettre de l'argent de côté
02:39et puis faire face dans les années un peu plus difficiles.
02:43En particulier en production laitière,
02:46est-ce qu'on voit pas une espèce de surenchère
02:50du coût des reprises
02:52et qui pénalise, qui entretient des difficultés
02:56pour financer l'installation ?
02:58C'est vrai que les 1res économies qu'un agriculteur peut faire,
03:01c'est sur son coût d'achat de son exploitation.
03:04On a des repères
03:07pour financer une exploitation au lait.
03:09Très communément, on parlait de 1 euro des 1 000 litres.
03:13Maintenant, on a des fourchettes
03:15qui vont de 65 centimes à 90 centimes du litre de lait
03:18pour qu'économiquement, derrière, l'agriculteur puisse s'y retrouver.
03:24Et du coup, il faut arriver.
03:27Il faut que dans la négociation
03:30entre le jeune et le sédent,
03:31puisque c'est aussi ça,
03:35que c'est que ce capital, forcément,
03:36plus il va être faible à la reprise,
03:39plus on va pouvoir étaler cette charge de remboursement
03:41et plus on va pouvoir diminuer notre prix d'équilibre.
03:44Ca veut dire qu'il faut pas s'installer à tout prix ?
03:47Non.
03:48Ce qu'on essaie de faire passer aussi,
03:50c'est que l'installation à tout prix,
03:52parce que souvent, ce sont des jeunes qui sont passionnés,
03:55il faut de la passion, parce que c'est un très beau métier.
03:57Moi, je trouve que c'est le plus beau métier du monde,
04:00mais c'est un métier qui est très difficile.
04:02L'installation, il faut qu'économiquement, elle passe,
04:05mais qu'il faut que ça soit un projet cohérent,
04:07viable et rentable.
04:08Et qu'au bout du bout, c'est aussi un projet de vie.
04:12Donc il faut qu'humainement,
04:16ce projet soit aussi en cohérence
04:19avec l'intégration, souvent, dans une société,
04:23puisque souvent, les installations en lait
04:24se font sous forme sociétaire.
04:27Il faut aussi que ce projet de vie soit cohérent
04:29par rapport au couple,
04:31que le conjoint soit bien en phase avec ça
04:36pour qu'ils puissent vivre de leur travail.
04:41Si on reste sur le volet économique de l'installation,
04:46les pratiques changent, évoluent aussi,
04:49pour tenir compte du coût croissant des reprises.
04:54Et vous dites, vous êtes partisans
04:57de multiplier les sources de financement
05:00et de bien caler les choses sur les différentes possibilités,
05:04avant même de venir voir son banquier
05:07pour gérer la partie pré-bancaire classique.
05:10Un agriculteur, c'est un chef d'entreprise.
05:13Donc du coup, à ce titre,
05:14il faut vraiment qu'il soit porteur de son projet.
05:17Quand il vient voir le banquier,
05:19il est là pour défendre son projet.
05:21Plus son projet sera préparé en amont,
05:23et notamment sur le plan de financement,
05:25plus l'installation sera, j'allais dire, facilitée.
05:28Donc la 1re source de financement, c'est l'apport.
05:33Un agriculteur qui a commencé à épargner,
05:35de mettre des sous de côté
05:37pour autofinancer une partie de son projet,
05:41déjà, c'est un point de gagné,
05:43puisqu'hier, on va dire qu'on finançait souvent 100 %.
05:48Aujourd'hui, il faut qu'on revienne à des normes,
05:50comme sur le marché du professionnel,
05:52des normes autour de 80-90 %,
05:55et que le reste, c'est l'agriculteur,
05:57qu'il soit a de l'apport,
05:59soit aussi, il faut qu'il aille chercher toutes les subventions
06:02qu'il peut bénéficier,
06:05dans le cas d'un PCEA
06:08ou d'une installation en bio ou autre.
06:11Donc ça, c'est la partie, on va dire, apport et subvention.
06:14Et puis ensuite, il faut qu'il diversifie
06:15ses sources de financement.
06:17Le montant des installations aujourd'hui
06:19est de plus en plus important.
06:22Donc du coup, avant d'aller chercher du financement bancaire,
06:25on peut voir avec le CEDAN,
06:27alors qu'il peut être de la famille,
06:29si on peut pas faire un crédit vendeur.
06:33Des fois, en fonction de l'entreprise
06:36avec laquelle on va travailler en agrofourniture,
06:38on peut voir s'il peut y avoir un prêt ou une aide
06:42faite par le groupement ou la laiterie
06:45ou la coopérative.
06:47Les laiteries ne financent pas vraiment,
06:50ne participent pas au financement de l'installation aujourd'hui ?
06:53Aujourd'hui, ça ne se voit pas.
06:55Ca se voit dans d'autres marchés comme sur le marché du port,
06:59où souvent, les groupements de producteurs
07:01peuvent aider au financement du cheptel-trui,
07:04mais en système lait pour le moment,
07:06et effectivement, les laiteries
07:10n'accompagnent pas de cette manière-là.
07:12Une laiterie va accompagner en disant
07:14que je peux te donner 200 000 ou 300 000 litres de lait,
07:17puisqu'il n'y a plus de quotas,
07:19mais il n'y a pas d'aide directe au financement.
07:23Ce serait une piste à étudier ?
07:24Je pense que ce serait une piste
07:26que tous les partenaires qui sont présents dans l'exploitation
07:29participent au financement.
07:32On a parlé de l'installation en tant que telle.
07:36Il y a aussi peut-être des choses à faire,
07:38à faire évoluer du côté des sédants.
07:42On a parlé, le coût des reprises est de plus en plus élevé,
07:47et peut-être des coûts de reprise
07:50qui sont peut-être incohérents
07:52par rapport à la valeur de l'exploitation en tant que telle,
07:55par rapport à sa rentabilité.
07:58Il faut faire bouger les mentalités chez les sédants ?
08:01C'est sûr qu'aujourd'hui,
08:04un sédant,
08:07dans la grande majorité,
08:09il a travaillé toute sa vie.
08:12La rémunération en lait,
08:13c'est pas le secteur où ça rémunère le plus.
08:16Et il attend souvent de la retraite,
08:20de la vente d'exploitation
08:21pour que ça soit son capital de vente à la retraite.
08:24Aujourd'hui, quand un exploitant s'installe,
08:28il faut qu'il commence à épargner dès le début
08:31pour se constituer sa retraite comme tout un chacun le fait,
08:36ce qui permettrait d'avoir une pression un peu moindre
08:39sur la revente après.
08:42Anticiper son départ
08:47et la reprise de son exploitation,
08:48c'est aussi penser aux jeunes
08:51qui pourraient négocier
08:54peut-être un coût de reprise plus abordable
08:57pour aussi que la carrière du jeune se déroule bien
09:01et qu'il réussisse.
09:03Plus on aura un coût de reprise faible...
09:06Alors, on va dire...
09:08Un agriculteur qui a dans sa logique
09:11l'idée d'installer un jeune
09:13sera dans cet esprit de vendre au bon prix.
09:15Un agriculteur, c'est...
09:17Je pense qu'il faut pas faire de plus-value.
09:20Il faut acheter au juste prix
09:22pour que le jeune puisse s'en sortir demain.
09:25Et après, nous, banque,
09:27on mettra en place les financements qu'il faut,
09:29notamment avec du financement modulable
09:32qui va permettre de bien se caler
09:34sur les échéanciers de prêts en cours.
09:37Et puis, ça, c'est pour la reprise de l'exploitation.
09:41On parle de bâtiments matériels, cheptel, stocks.
09:44Après, il y aura sûrement et souvent la reprise du foncier.
09:48Dans le cas de la reprise du foncier,
09:51nous, on a un outil de portage foncier
09:54qui permet aussi d'aider l'agriculteur
09:57à acheter de la terre.
09:59Progressivement.
10:00Progressivement.
10:01Et puis après, souvent, il y aura aussi le projet maison
10:04qui arrive aussi en même temps.
10:06Mais c'est moins la priorité pour vous, financier ?
10:08La priorité pour nous,
10:10c'est d'abord de financer l'outil de production.
10:13Donc souvent, bâtiments matériels, cheptel, stocks,
10:16le foncier et la maison dans un 3e temps.
10:19Le faire par étapes.
10:21Henri Brosselier, merci beaucoup pour ces éléments.
10:24Et puis je vous invite à retrouver d'autres informations
10:27sur l'installation en production laitière sur webagri.fr.