Allongement du pâturage
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00:00Bonjour. Nous allons parler du pâturage des bovins à l'étang et notamment de l'allongement
00:13des périodes de pâturage. Pour cela, je suis avec M. Patrice Pierre du service fourrage
00:19et pastoralisme de l'Institut de l'élevage. La première question, à quoi ça sert et
00:24pourquoi vouloir allonger la période de pâturage ?
00:27Les raisons qu'un éleveur peut donner dans cette idée d'allonger la période de pâturage
00:37sont déjà économiques. L'herbe pâturée, c'est ce qui coûte le moins cher. C'est un
00:42levier important sur lequel les systèmes à l'étang aujourd'hui ont tout intérêt
00:47à travailler, notamment autour de ces questions d'allongement de la période de pâturage
00:51à la fois dans la période de mise à l'herbe mais également dans la période automne et
00:55hivernale. Derrière ça, ce sera forcément un levier qui permettra d'optimiser les coûts
01:02de production. C'est un levier aussi sur lequel on peut jouer pour des questions d'organisation
01:07du travail et de limitation du temps d'astreinte qu'on peut avoir avec une conduite en bâtiment.
01:13Donc moins d'animaux dans les bâtiments. Qu'est-ce qu'on entend par allongement de
01:21la période de pâturage ? C'est quelle période finalement ? Derrière cette idée d'allonger,
01:25il y a en fait 3 périodes cibles. Une 1ère période qu'on va plutôt retrouver dans la
01:31phase de démarrage en végétation de la prairie, dans l'idée de mettre à l'herbe plus tôt,
01:361er élément. Sur cet aspect-là, je pense que dans les systèmes à l'étang, on peut
01:39gagner 2 bonnes semaines vis-à-vis de la date de mise à l'herbe. 2e phase, c'est
01:48la phase de fin de printemps, début d'été, où on va chercher à allonger le pâturage
01:52sur la période estivale avec les limites qu'elle peut présenter. Puis la 3e phase,
01:58elle est automnale et hivernale, aller chercher de l'herbe tard, tard même si... avec des
02:04niveaux de repousse qui seront moins importants, mais il y a potentiellement là une fenêtre
02:09qu'on peut exploiter. Quelles sont les craintes pour les éleveurs ? Quels sont les freins
02:15au développement de ce pâturage ? Alors, soit hivernal qu'on connaît, on a toujours
02:19peur de matraquer un peu sa prairie. C'est souvent ce qui revient en tant que facteur
02:24de crainte chez les éleveurs. On va matraquer la prairie, on va limiter son potentiel de
02:28production. Les essais qu'ont pu être conduits dans un certain nombre de fermes exprès montrent
02:33que l'impact du matraquage, il est finalement très modéré. La capacité productive, le
02:41potentiel de production de la prairie n'est pas affecté par cet allongement du pâturage
02:47sur la période hivernale. Même si on a un bourbier, ça repart au printemps. Dans cette
02:53période, dans ce créneau de la saison, les prairies ont une capacité de récupération
02:58qu'on sous-estime. Et de ce fait là, elles sont capables de se refaire une santé sur
03:03le printemps d'après. Le potentiel de production n'est pas affecté. En revanche, on va décaler
03:09d'une semaine. On va avoir un décalage dans le redémarrage en végétation sur le début
03:15du printemps.
03:16Donc ça va démarrer 2-3 semaines plus tard, mais au final, le rendement sera à peu près
03:20équivalent.
03:21Oui, c'est ça. Ça va être lié à la période jusqu'à laquelle on a emmené le pâturage
03:25sur la fenêtre hivernale. Il y a effectivement un décalage d'une semaine, deux semaines
03:30dans la phase de redémarrage du couvert. Mais ça n'affectera pas le potentiel de production
03:35de la prairie. Si elle est capable de faire 7 tonnes, elle les fera l'année d'après.
03:39D'accord. Ça peut dépendre des types de sols aussi, parce que j'imagine que l'importance
03:43dépend des...
03:44Effectivement, sur certaines catégories de sols, notamment les sols argileux, on peut
03:48avoir une sensibilité un peu plus importante. Mais derrière ça, il ne faut pas, notamment
03:53sur prairies permanentes, sous-estimer aussi la capacité calque ouverte à se refaire
03:58derrière ces périodes d'utilisation un peu contraignantes.
04:00D'accord. L'herbe d'hiver, ça pousse quand même ?
04:05Tout à fait. Si on reprend un petit peu ce qui se passe en automne et en hiver, sur la
04:10période automnale, les niveaux de croissance de l'herbe s'étalent de 10 à 40 kg de matière
04:16sèche par hectare et par jour. Sur la période hivernale, on a une repousse qui va de zéro
04:21quand on est en arrêt de végétation complet à une quinzaine de kilos de matière sèche.
04:26Ce flux-là permet de maintenir un couvert feuillu qui a une valeur et qui est intéressant.
04:32Ce flux de croissance permet de maintenir un couvert qui a une valeur et qui est intéressant
04:36d'aller chercher.
04:37C'est une valeur qui se tient jusqu'à... Il ne faut pas la laisser trop longtemps non
04:41plus ?
04:42Tout à fait. Derrière ça, en termes de gestion, qu'elle soit sur la période automnale
04:48ou aussi, c'est des repères qui tiennent également pour le printemps, il faut un minimum
04:53d'organisation dans l'utilisation de l'herbe, un minimum d'organisation au sens mise en
04:59place d'un pâturage tournant, au sens où on va rationaliser au maximum l'utilisation
05:04par l'animal de cette végétation, à la fois sur le printemps, mais également sur
05:09l'automne et l'hiver.
05:10Vous avez parlé tout à l'heure aussi de pâturage estival, alors qu'il y a des leviers
05:14pour mieux faire pâturer en été ?
05:16Tout à fait. Dans l'idée de prolonger le pâturage sur la période estivale, c'est
05:22l'idée de travailler autour des reports sur pied, c'est-à-dire qu'à un moment donné,
05:26on va se mettre en situation de produire une repousse qui a une bonne qualité en travaillant
05:33sur trois leviers. D'une part, il nous faut utiliser un couvert dans lequel l'épi a été
05:39maîtrisé, c'est-à-dire qu'on sera sur une repousse feuillue, premier élément. Deuxième
05:45élément, on sera sur une repousse dans laquelle les légumineuses sont très présentes. Il
05:50nous faut des couverts très riches en légumineuses parce que ça va être le levier sur lequel
05:53on va s'appuyer pour permettre de prolonger le pâturage tard sur la fin de printemps,
05:59début d'été. Il y a quand même malgré tout derrière ça une limite, c'est que là,
06:02à cette période-là, la prairie peut être potentiellement sensible à l'impact de pâturage
06:07et souvent une combinaison sur pâturage pendant la période estivale combinée avec un contexte
06:14de sécheresse, ça peut potentiellement être un facteur qui peut amener une dégradation
06:18au niveau du couvert. Donc là-dessus, sur cette période-là, il faut être plus prudent
06:23quant à l'impact qu'est l'animal et donc un des leviers qu'on peut mettre en avant,
06:28c'est de limiter quand la croissance est complètement arrêtée. On a une parcelle
06:34parking sur laquelle on maintient les animaux dans cette période où il n'y a plus de repousse.
06:39Une parcelle parking, ça peut être l'été comme l'hiver, ça peut se faire aussi l'hiver.
06:44Oui, tout à fait. Mais après, derrière, sur la période hivernale, la prairie aura une capacité
06:49de récupération qui sera là.
06:51Et quels animaux on met dessus sur ces prairies, notamment l'hiver et quels objectifs de croissance ?
06:57En période automnale et hivernale, sur des croissances modérées au niveau de la végétation,
07:05on va travailler avec des animaux à besoin plus modérés. Mais ça aussi, il faut sur cet aspect-là,
07:14il y a un frein, il y a une crainte de la part des éleveurs quant à la croissance qu'on va faire sur ces prairies-là.
07:20Et on se rend compte aussi que l'animal a une capacité de compensation vis-à-vis de ces périodes-là
07:26qu'on sous-estime. D'un point de vue croissance, si on arrive à faire des croissances journalières
07:31de l'ordre du kilo pour des animaux, pour des femelles ou des mâles, on est sur une offre en herbe
07:40qui est suffisante et qui permet de couvrir les besoins.
07:43Très bien, mesdames et messieurs, Patrice Pierre, merci bien.
07:45Merci.