Un conseil construit sur des données écosystémiques : une plante, un sol

  • il y a 2 mois
Agro Conseil

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00:00...
00:06Bonjour. Bienvenue sur la Web TV de WebAgri.
00:10Nous parlons aujourd'hui agriculture de précision.
00:12Pour cela, je reçois la directrice générale d'AgroConseil,
00:16une entreprise de conseils indépendants en agriculture.
00:19Bonjour, Julie Coulereau.
00:20Bonjour.
00:21Vous travaillez à la modulation d'intrants
00:24et notamment en fertilisation depuis presque plus de 40 ans.
00:28Sur quoi basez-vous votre expérience ?
00:32Comment avez-vous fondé votre expérience
00:34pour apporter aujourd'hui un conseil pertinent aux agriculteurs ?
00:37Comme vous le disiez, ça remonte à un peu plus de 40 ans,
00:40mais surtout à même plus de 60 ans avec la réalisation de champs d'essai,
00:45puisque nous sommes en partenariat avec un institut de recherche
00:48qui nous permet de nous baser effectivement sur des réalisations terrain
00:52et de construire des outils disponibles aux agriculteurs directement.
00:56Vous avez des champs d'essai qui sont en place depuis plus de 60 ans
01:01et à partir desquels vous obtenez des références au niveau agronomie.
01:05Exactement.
01:06En ce qui concerne ces références,
01:08elles ont été établies pour différents types de sols
01:10sur différentes cultures et dans différents climats,
01:15puisque ça a permis sur plus de 60 ans de faire face à beaucoup d'aléas
01:20qui ont donc permis d'avoir
01:22une meilleure appréhension des cultures dans différents milieux.
01:29Et quand vous dites que vous travaillez avec un institut de recherche,
01:31c'est lequel ?
01:32C'est le service pédologique de Belgique,
01:35dont nous bénéficions du partenariat pour la France depuis 1974
01:40sur différents aspects du conseil agronomique.
01:44Et aujourd'hui, est-ce que ça a influencé votre manière d'élaborer votre conseil
01:48et comment est-ce que vous façonnez votre conseil à l'agriculteur ?
01:53Tout d'abord, ça commence par une discussion avec l'agriculteur,
01:56puisqu'il a une connaissance de son terrain.
01:59Et ensuite, on va construire avec lui à partir de prélèvements.
02:04La 1re étape étant de bien caractériser une parcelle,
02:09au moins physiquement,
02:11puisque chimiquement, nous ne sommes pas encore au courant
02:12de comment elle se comporte.
02:14Et donc, pour cela, on a dû établir une stratégie de prélèvement
02:18avec des surfaces définies,
02:21maximales pour un conseil,
02:22que ce soit en fumure de fond ou en fumure azotée.
02:25Donc, systématiquement, vous faites des prélèvements
02:27chez les agriculteurs qui font appel à vous.
02:30Donc là, on parle de fertilisation.
02:32En fumure de fond et en fumure azotée,
02:35quel niveau se situe l'échantillonnage ?
02:38Alors, pour le fumant de fond,
02:40le conseil sera sur une surface maximale de 4 hectares.
02:43Il faut savoir qu'il est important de constituer un bon échantillon
02:46puisqu'on ne peut pas emporter toute la parcelle au laboratoire,
02:49puisque, oui, on va passer aussi par une phase d'analyse.
02:51Et donc, pour une bonne fiabilité de cette analyse,
02:56il est indispensable d'avoir un maillage 4 hectares
02:59pour la fumure de fond et 8 hectares maximum,
03:01je parle bien en surface maximale, pour la fumure azotée.
03:05Donc, c'est dans le cas où on vous demande
03:07de la modulation intraparcellaire
03:09ou est-ce que, dans tous les cas, vous faites ce maillage et ce zonage ?
03:12Alors, ce maillage est systématique
03:13depuis le début de notre activité.
03:16A savoir une identification intraparcellaire
03:19des hétérogénités de la parcelle
03:21pour ensuite avoir une information complète du terrain
03:25et permettre à l'agriculteur d'ajuster ses apports.
03:28Donc ensuite, quand vient le moment des apports,
03:32comment est élaboré votre conseil ?
03:37Alors, au moment des apports,
03:40comme je le disais, il y a une analyse
03:42qui va nous permettre de caractériser, cette fois-ci,
03:44chimiquement la parcelle.
03:46Ensuite, on a une connaissance,
03:48grâce au champ d'essai de ces dernières années,
03:51sur la dynamique de fonctionnement d'un sol.
03:55Avec l'agriculteur,
03:56l'agriculteur va nous donner les instructions
03:58en termes de culture qu'il décide de mettre en place,
04:01donc sur un cycle de 3 campagnes,
04:04si c'est de la fumure de fond ou pour la culture en place
04:06pour la fumure azotée.
04:08Et on a alors une interprétation et un calcul de conseil
04:11pour dire, voilà, cette culture-là,
04:14dans le sol qui a été analysé, va réagir de telle façon.
04:17Donc il va falloir réagir, vous, en tant qu'être humain,
04:21il va falloir faire des apports pour l'aider,
04:22car naturellement, le sol ne va pas être en mesure
04:25de compenser les besoins de la plante.
04:28Est-ce que vous vous basez sur un objectif
04:30de rendement pluriannuel ?
04:32Comment est-ce que vous...
04:33Alors, on a une approche un peu différente,
04:37à savoir qu'on va partir
04:39du potentiel génétique de la plante.
04:43Il faut savoir que l'objectif, c'est de ne pas perdre
04:45ce potentiel.
04:46Donc dans l'idéal, quand aucun paramètre n'est limitant,
04:49c'est plus facile, et dans ce cas-là,
04:52on pourrait éventuellement atteindre ce potentiel génétique.
04:55Mais dans la réalité de terrain, on a toujours des facteurs
04:57qui viennent embêter la plante.
05:00Et donc, on va faire en sorte de les identifier
05:03et de donner des instructions au niveau de l'agriculteur
05:06pour limiter l'impact de ces facteurs négatifs
05:09sur le développement de la plante.
05:11Donc à partir de ces éléments-là,
05:13vous définissez le rendement, finalement, objectif de la culture ?
05:19C'est pas un rendement objectif.
05:21C'est un potentiel...
05:23On parle plutôt de potentiel génétique de la plante
05:27avec une introduction
05:30de paramètres terrains
05:34qui vont faire qu'elle aura la capacité ou pas
05:37d'exprimer ce potentiel.
05:39Donc on ne va pas fixer d'avance,
05:42pour un blé, dans un limon, par exemple, tel potentiel.
05:45C'est plutôt, dans un blé, pour un limon,
05:48avec tel teneur en phosphore ou en azote ou en potasse,
05:52il va pouvoir...
05:53Et telle variété pour... Voilà, telle variété.
05:56La date de semi, si on est sur l'azote, ça va être très important
05:59pour dire, il va y avoir tel cycle de culture pour la plante.
06:03Et donc les besoins qu'il faudra couvrir sur cette plante.
06:06Avec tous ces éléments, vous arrivez avec une prévision...
06:10Enfin, un conseil d'apport d'azote,
06:14notamment en 2e apport ?
06:16Pour l'azote, on est capable de le faire dès le 1er apport.
06:19Là aussi, c'est une particularité de notre façon de faire du conseil.
06:23Lorsqu'on connaît une dynamique du sol,
06:25qu'on connaît la capacité de développement d'une plante
06:28et qu'on est capable de gérer les interactions de cette plante dans le sol,
06:32dès le départ, on peut dire, effectivement,
06:34il va falloir agir à cette dose-là pour le 1er apport
06:39et au 2e et ainsi au 3e.
06:41Mais on peut être capable de moduler,
06:42donc ce qu'on parle de modulation,
06:44de moduler, d'agir dès la 1re phase de développement de la plante.
06:48Et quel est l'intérêt de cette modulation précoce ?
06:52Tout simplement parce que le rendement commence dès le départ.
06:55Donc c'est vrai qu'il est important de répondre aux besoins d'une plante
07:00parce qu'après, compenser un facteur limitant au cours de croissance,
07:06c'est plutôt compliqué.
07:07Et il faut surtout être dans l'anticipation.
07:09Quand on est agriculteur, on a besoin d'agir pour anticiper
07:14et non pas de se dire, zut, j'aurais dû agir comme ça
07:16parce que ma plante a exprimé telle ou telle difficulté à produire.
07:22Ces conseils en fertilisation concernent toutes les espèces de grandes cultures ?
07:26Alors, toutes les espèces de grandes cultures,
07:28mais on est aussi capable de faire ce type de conseils
07:30sur des cultures plus spécialisées, même sur des cultures porte-graines.
07:34L'horticulture, donc ça concerne l'agriculture d'une manière générale.
07:41Vous faites de la modulation depuis plus de 40 ans.
07:45Aujourd'hui, on en parle beaucoup,
07:48on va dire depuis seulement quelques années,
07:51notamment du fait des nouvelles technologies
07:53qui apparaissent en matière d'équipement et de matériel agricole.
07:56Comment avez-vous adopté ou intégré ces technologies à votre conseil ?
08:01Eh bien, il est vrai qu'au début, on s'est posé beaucoup de questions
08:04sur comment parler d'agriculture de précision, de modulation.
08:08Et puis, on s'est rendu compte qu'on avait un savoir-faire,
08:11c'est-à-dire qu'on était capable de caractériser une parcelle dès le départ
08:14pour identifier une zone de prélèvement,
08:17de mesurer dans cette zone
08:18et de fournir un conseil pour la plante pour une zone particulière.
08:22On a simplement dit, on va informatiser tout ça.
08:25Donc, prise par GPS,
08:27on va arpenter une parcelle avec des zones particulières.
08:30On va identifier l'intérêt pour l'agriculteur
08:33d'avoir une zone de conseil
08:36ou pas de conseil dans cette zone-là.
08:38Et enfin, on va utiliser un logiciel de cartographie
08:41pour attacher le conseil à la zone
08:43et lui permettre, avec l'outil qu'il aura choisi,
08:46d'épandre plus précisément le conseil.
08:51Donc, une expérience de 40 ans
08:53qui s'est adaptée aux technologies d'aujourd'hui.
08:55Mais c'est ça, exactement.
08:57Merci pour votre participation.
09:00Retrouvez plus d'informations sur l'agriculture de précision
09:03sur ternet.fr.

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