Cécile partage son combat pour se reconstruire après avoir été victime d'une agression intime par une personne en qui elle avait confiance. Elle nous décrit le processus long et douloureux qu'ont été la prise de conscience des événements, le dépôt de plainte, et les défis rencontrés tout au long du procès.
Sa résilience et son courage pour parler publiquement de son expérience illustrent la difficile réalité des victimes et l'importance de la parole dans le processus de guérison.
Découvrez son site internet : https://www.cecilezec.ch/videos-cadre-lumiere
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AmusantTranscription
00:00Donc la police nationale m'appelle, il me passe le commandant Brex et là il va me poser trois questions.
00:06Madame Zek, est-ce que vous connaissez monsieur, je l'appelais Bip et ou l'autre dans mon livre, on va faire Bip,
00:12et bien je réponds oui. Et seconde question, est-ce que vous avez bu ou mangé quelque chose d'amer en sa présence ?
00:21Et je réponds oui. Et troisième question, est-ce que monsieur l'autre, que j'appelais comme ça dans mon livre,
00:29vous a-t-il massé ? Oui. Alors c'était très étonnant parce que là on comprend et le commandant Brex m'explique
00:35qu'il est en train de remonter une affaire criminelle et tout d'un coup j'ai deux flashes qui me reviennent,
00:41je lui explique, c'est bizarre la mémoire. Donc en fait, ce qui explique que ma vie je commence à être angoissée,
00:48déprimée, c'est que ce qui s'est passé c'est que j'étais déprimée, j'étais abusée et je me souviendrai jamais.
00:58Donc c'est une double peine. Et à la fois j'ai deux souvenirs qui me reviennent, c'est un peu et sept mois se sont passés
01:05entre le coup de fil de la police et les faits. Incroyable ! J'avais aucun souvenir à part que ma vie se détruisait.
01:12J'étais en autodestruction, angoissée, déprimée. Et du coup là c'est vraiment le truc incroyable, c'est comme si tu as un boomerang,
01:21t'envoies de toutes tes forces, mais le boomerang professionnel, t'envoies là il part, il part à une vitesse incroyable,
01:29avec tes souvenirs de cette nuit-là, il te revient en plein visage avec une force, t'es choquée quoi !
01:36Et tu te souviens de deux choses, je me suis souvenu de deux choses, c'est être levée dans mon lit en train de trembler,
01:44en ayant froid comme si j'étais nue sur une banquise, et j'étais nue d'ailleurs, et là je tremblais, j'ai eu peur de mourir cette nuit-là.
01:53C'est vrai que le souvenir c'est la peur de mourir. Et après je me rendors, et ensuite je me réveille, j'ai super chaud.
02:01Là vraiment, il y a un petit radiateur qui est posé contre ma couette, les petits radiateurs à huile, à fond, super chaud.
02:08Je me réveille, j'ai la gorge sèche, j'ai trop chaud, et je sais pas, d'un geste machinal, je me lève, j'étale le radiateur un peu par automatisme,
02:20je bois un verre d'eau, je le bois comme ça, hop, je me recouche. Et là je me réveille le matin, c'est les deux souvenirs, je me réveille le matin, en fait je travaillais quoi.
02:26J'ai rencontré la mauvaise personne, qui s'est infiltrée dans un milieu très privé, où il y avait une soirée privée en fait, vraiment du showbiz, avec beaucoup de personnalités.
02:38Et en fait, il a réussi à se faire passer pour quelqu'un, qu'il était quand même dans le milieu, par rapport à un métier.
02:45Il est entré en discussion avec moi, il y a eu des arguments.
02:48Mais en fait, c'était pas fait comme ça, parce que quand je regarde les relevés de la police, il a quand même cherché à m'appeler pendant six mois sur mon fix.
02:55On s'est rencontrés. Pour moi, il m'avait proposé de m'accompagner au niveau du coaching.
03:01Et il y avait aussi, j'avais une faiblesse, c'est que j'avais des problèmes de dos depuis 24 ans, j'ai fait des hernies discales.
03:09Et à cette époque, je pouvais rester dix jours alité avec des coups de couteau dans le dos.
03:13Donc en fait, j'avais rencontré quand même beaucoup de personnes du corps médical, mais vraiment tout ce qui peut exister.
03:19Et quand vous souffrez de quelque chose, quelque part, il y a une certaine fragilité, tu veux trouver la solution.
03:27Et lui me proposait une solution. Donc il a joué sur plusieurs axes et je suis tombée dans le piège en fait.
03:34Donc j'ai voulu porter plainte, je l'ai fait. J'ai attendu plusieurs mois, le dépôt de plainte a pu se faire.
03:38En attendant, le problème, c'est que j'étais témoin. Et quand on est témoin d'une affaire, on est appelé pour une expertise,
03:44on est appelé pour une expertise psychologique, pour une confrontation. Et en plus, je n'avais pas d'avocat.
03:49J'arrive à Nice, j'arrive devant le juge d'instruction, je rentre, je vois mon agresseur, enfin mon présumé agresseur,
03:56parce que tant que ce n'est pas jugé, tu es présumé victime et présumé agresseur, et tu te trouves avec lui, il a un avocat.
04:02Toi, tu es toute seule, tu as la police ou la gendarmerie, tu as des policiers, tu as un greffier, je veux dire,
04:08tu te trouves dans un petit bureau avec tout ce monde-là, tu n'es pas préparé, je veux dire, c'est le choc,
04:14c'est une bombe atomique dans la tête et c'est hyper violent. Et en fait, la technique que je peux donner,
04:20qui est hyper efficace, c'est que tu dois donner énormément de faits, plein de petits trucs.
04:27Ouais, par exemple, un fait, la justice parle en fait, le reste, elle s'en fout.
04:33C'est vraiment les faits, il n'y a que ça qui marche, qui compte. Elle va s'appuyer sur quoi ?
04:37Donc par exemple, avant de rencontrer mon présumé agresseur, j'étais joyeuse, heureuse, je voyais mes amis,
04:45j'étais chez moi, j'étais bien, j'étais dans mon cocon, il y avait des petites bougies, belle ambiance, je recevais du monde.
04:51Et bizarrement, après cette rencontre, je ne sais pas ce qui s'est passé, je n'ai plus envie de sortir.
04:56J'ai pourtant deux verrous à ma porte fermée à clé, j'ai peur quand même.
04:59J'ai appelé un serrurier, il m'a mis un troisième verrou, j'ai cinq verrous sur cette porte maintenant.
05:03J'ai toujours peur, j'ai toujours l'impression que quelqu'un va rentrer. Là, c'est un fait, avant, après.
05:08Et ça, tu fais une liste, mais du plus de choses que tu peux mettre.
05:13Je ne vois plus mes amis, on m'appelle.
05:15Oui, ils m'ont appelé trois, quatre fois, dix fois, je n'ai pas répondu.
05:18Tu ne les vois plus, je n'ai plus d'amis, je suis seule.
05:20Avant de le connaître, j'étais joyeuse, je sortais.
05:23Maintenant, quand je suis dans le métro, je me colle au mur parce que j'ai peur de l'acte compulsif.
05:31J'ai peur du monde, j'ai peur de l'acte compulsif de me dire, c'est bon, c'est trop, trop d'angoisse, trop de douleur, j'ai mal au bide, j'ai mal partout.
05:39Est-ce que je vais contrôler mon corps ? Est-ce que mon corps ne va pas se jeter ?
05:43La peur de se jeter sous le métro pour arrêter cette vie, mais cette vie qui est insupportable.
05:48Post-traumatisme, tout ça, pendant trois ans, tu attends un procès.
05:51Trois ans, c'est énorme, mais maintenant, c'est plus long.
05:53Mais déjà, trois ans, c'est insupportable.
05:55Trois ans de ta vie, elle s'arrête.
05:57À l'époque, c'est quand même en 2003 et le procès se passe en 2006.
06:04On a pu finir le procès, mais il y avait cette pression.
06:07Donc, si tu veux, tu as de la pression.
06:08Alors, tu as la pression des jurés qui peuvent craquer.
06:12Tu as la pression que les témoins qui arrivent, ça devient des nouvelles victimes.
06:15Là, je ne peux pas dire des trucs parce que c'est confidentiel.
06:19Tu vois des gens dans le tribunal qui traînent, qui viennent te voir.
06:22Et en fait, c'est des victimes, dans un certain contexte, qui ne peuvent pas parler,
06:27qui vont voir des avocats, mais elles vont porter plainte, mais elles ont dit des choses.
06:30Elles ne pourront pas porter plainte. Il y a un deuxième procès qui arrive.
06:33Il y a les médias qui sont là à attraper la parole des victimes.
06:37Moi, j'avais décidé avec mon avocat que je parlerais le premier jour et dernier jour à visage découvert.
06:42Autant te dire que 20 ans en arrière, donc 17 ans en arrière,
06:45tu avais quand même peu de personnes qui parlaient à visage découvert devant un tribunal en disant « oui, je suis bien ».
06:49Personne ne faisait ça à l'époque.
06:51Il y a 17 ans, je pense que je fais partie des premières personnes à avoir communiqué.
06:55Et c'était le but.
06:56Il y avait beaucoup de caméras quand même.
06:59Ils essayaient d'attraper les images, mais ils n'avaient pas le droit.
07:02Donc, j'ai parlé le premier jour, dernier jour, parce que tu ne peux pas parler pendant,
07:05parce que tu pouvais influencer les jurés et la justice.
07:08Et moi, je suis partie lors des plaidoiries.
07:11J'ai écouté toutes les victimes et quand ses avocats et lui ont commencé à parler, je suis partie.
07:16Parce que je ne voulais pas entendre ces mensonges en fait.
07:18Je savais que ça serait des mensonges.
07:19Je t'assure que quand tu sens une ambiance qu'il est en train de tomber et qu'il va tomber,
07:24qu'il va y avoir les plaidoiries de ses avocats, deux avocats.
07:26C'était rigolo parce qu'il y avait le petit renard, il y avait Casimir.
07:29On a donné vraiment des noms avec les victimes à toutes ces personnes qui étaient là.
07:35Le procurant, on a donné des petits noms.
07:37Mes sœurs de souffrance, vraiment, c'est marqué dans le livre.
07:40Et en fait, moi, je suis sortie et une victime, je t'assure, quand il y a 100 personnes
07:44et qui comme moi, je veux dire, j'ai été hyper combattante.
07:48Tu sors d'un procès parce que je ne voulais pas écouter ça.
07:51Tu reviens.
07:52Waouh !
07:54Les choses se sont adoucies.
07:55Donc, il a gagné quelque chose.
07:57Ils ont réussi quelque chose parce que l'ambiance n'est plus la même.
08:00Parce qu'il a dit des choses, mais je savais que ça serait du mensonge.
08:03Je savais qu'il mentirait.
08:04Moi, je ne voulais pas écouter le mensonge parce que je suis quelqu'un d'honnête,
08:07ce qui était dit dans l'expertise, d'extrêmement honnête.
08:09Et bien voilà, c'est des stratégies.
08:11Alors, il manque un bout du procès, ce n'est pas grave parce que ce bout-là,
08:15moi, il manque un bout de ma vie, mais moi, je lui enlève un bout de cette mémoire que je ne vois pas de lui.
08:20J'ai mis 20 ans pour m'en construire.
08:21Le temps de peine de l'agresseur, c'est le temps de reconstruction de la victime.
08:25Souvent, c'est corrélé.
08:26Donc, 18 ans, combien ça me coûte tout ça ?
08:30Les psy, ma vie, les moments que j'ai perdus, mon métier, j'ai appris,
08:36mes études que j'ai payées, mes mal au pied dans la restauration,
08:39tout ça, c'est un coût.
08:40Et tout ça, je l'ai dit.
08:41Au procès, je suis venue aussi pour récupérer une indemnité.
08:45J'étais honnête, claire.
08:46Je ne suis pas du tout quelqu'un, j'ai toujours été autonome toute ma vie.
08:49Personne ne m'a subvenue à mes besoins.
08:52Vraiment, je suis indépendante.
08:54Mais là, j'y suis allée pour ça.
08:55Un procès, c'est aussi te dire que tu as un endroit,
09:02quand on ne peut plus, tu as un endroit, il faut le savoir, dans le tribunal,
09:06où tu peux aller voir quelqu'un avec qui tu peux discuter.
09:08C'est fait exprès dans des gros procès comme ça.
09:10Tu as les pompiers qui sont là.
09:12Je pars cinq minutes pour aller aux toilettes, je reviens.
09:15Le procès a arrêté.
09:17Les pompiers sont là.
09:18Et une fille, elle a fait une crise, elle est tombée.
09:23Il y a des filles qui gonflaient des ballons.
09:25Pour les crises, les pompiers sont là, ça ne rigole pas.
09:28C'est qu'au niveau émotionnel, ça crée des trucs physiques, il faut tenir.
09:32Donc, il y a une pression qui monte parce que plus ça va,
09:34plus on apprend des choses, plus on découvre des choses,
09:36mais qui sont de l'impensable.
09:38Et quand les experts disent, de toute manière, ces filles ne se souviennent pas,
09:43elles ont été...
09:46Il y a une intrusion à l'intérieur d'elles.
09:49Ces filles sont foutues.
09:50Là, le juré a pleuré.
09:53Parce que tout le monde espère quand même
09:55que ça se finisse bien, mais ça ne peut pas se finir bien.
09:58Je l'ai vécu, ça ne fait pas du bien, un procès, de revivre tout à trois ans plus tard.
10:02Surtout de revivre quelque chose que tu ne te souviens pas vraiment.
10:06Et surtout, tu revis à chaque victime qui parle.
10:10Pendant sept jours, tu revis le truc.
10:11Parce que c'est le même mode opératoire.
10:13Quand je suis sortie du procès, le soir, j'étais au dîner.
10:16J'avais mangé trois fois rien.
10:19Et je me suis dit, j'allais au bord de la plage,
10:20j'avais pris deux galets dans mes mains, je marchais.
10:24Et puis, tu vois, c'est Nice au mois de mai.
10:26Mi-mai.
10:28Il n'y a pas de vagues à Nice, tu vois.
10:29Il y a des petites vagues.
10:30Il n'y a pas de rouleaux.
10:31Je ne sais pas, j'étais dans un état, mais la tempête dans ma tête, tu vois.
10:35Tu t'entends les mots du procès qui claquent, tu vois.
10:38Tu es en souffrance, ton corps...
10:40Tu es déconnecté de ton corps, quoi.
10:41Je veux dire, tu as mal partout.
10:43Tu as mal dans ta tête.
10:44C'est vraiment indescriptible la souffrance que ça peut créer.
10:47Et toi, tu marches sur les galets comme ça.
10:50Et puis, il y a quelques rouleaux qui commencent à se faire.
10:52Et je veux te dire, c'est ce texte-là que j'ai écrit,
10:55de ce que j'ai vécu, cette tempête-là,
10:57c'est pour moi le plus beau texte que j'ai écrit dans mon livre,
11:00où j'ai pris le plus de plaisir à écrire.
11:04Mais c'était tellement intense, irréel.
11:09Et puis, plus je marchais, plus les rouleaux devenaient énormes.
11:13Tu ne vois jamais ça à Nice, quoi.
11:15Et tu voyais dans le ciel, les éclairs qui tombaient dans la mer,
11:18les rouleaux devenaient énormes.
11:19Tu regardes en 2006 la tempête, il y a des bateaux qui se sont retournés.
11:22Et moi, je marchais sur cette plage,
11:24et je faisais comme avec les éléments, la mer,
11:27parce que j'étais tellement dans la souffrance que je ne voyais même plus
11:29que j'étais en danger quelque part.
11:31Que les rouleaux, ils arrivaient à mes pieds,
11:33que la foudre, elle barrait le ciel,
11:34que moi, je pleurais parce que le vent retournait mes cheveux,
11:38parce que je souffrais,
11:41puis parce que le vent me faisait pleurer.
11:43Et tu es là, tu pleures, tu marches,
11:44et en fait, tu es dans un espèce de calme quand même,
11:48et tu marches, et tu es dans cette tempête.
11:50Et cette tempête, c'est vrai que c'était une tempête énorme.
11:53J'ai fait corps avec les éléments,
11:54et c'était vraiment une souffrance incroyable.
11:58Et c'est vrai que quand je voyais ces rouleaux,
11:59c'était une manière de, je le dis, de recracher,
12:02de vomir tout ce que j'avais entendu, tu vois.
12:05Quand tu vois ces rouleaux, ces vagues,
12:07tu fais corps avec, ça te permet de sortir,
12:10vraiment la poisse, l'horreur, le dégoût.
12:13T'as envie de vomir, en fait, au sens propre et figuré.
12:18Et puis ces vagues-là, ces rouleaux,
12:21ben tu vis avec, en fait, et elles t'emmènent,
12:24et elles te permettent, c'est un exutoire, ça sort, tu vois.
12:27Donc ça, c'était pour moi un passage important
12:28et un événement hyper important,
12:31et quelque part assez poétique dans ce livre,
12:33et où j'ai pu sortir toutes ces émotions, quoi, en fait.
12:37Je pense que la reconstruction, on peut la faire
12:39dès qu'on a déposé plainte.
12:40Il ne faut pas attendre l'issue d'un procès.
12:42Parce qu'en plus, ta plainte, elle n'est peut-être pas acceptée,
12:46et en plus, ton procès, tu n'es pas sûr de gagner,
12:47donc tu as perdu des années.
12:48Donc vraiment, le truc que je dis,
12:50reconstruis-toi dès que tu peux.
12:51Et moi, ça a été très clair tout de suite,
12:53objectif, livre, prise de décision.
12:56La prise de décision de ma vie,
12:57ça a été pendant une semaine,
12:59mais vraiment, j'ai tout envisagé,
13:02le pire comme, etc.
13:05Et donc, je me suis dit, ok,
13:07si tu dois continuer à vivre,
13:09le contrat que j'ai fait en 2006,
13:11si tu dois continuer à vivre,
13:12ça sera à une seule condition,
13:14la condition, c'est de poursuivre ta vie d'une manière heureuse.
13:17Ça veut dire que j'ai toujours cherché
13:20les petites lumières qui allaient éclairer ma vie.
13:21Donc, ce qui s'est passé,
13:22je prends cette décision, j'écris mon bouquin,
13:25un ami m'appelle, je fais des rencontres,
13:27il est dischoqué, je ne sors plus,
13:30parce que sortir, c'est une épreuve.
13:32C'est-à-dire, est-ce que je vais sauter sous le...
13:33Est-ce que les rails, là,
13:35est-ce que je rencontre quelqu'un, qu'est-ce qui va se passer ?
13:38J'ai peur de me faire agresser.
13:39Je ne supportais plus le contact kinesthétique des gens.
13:45Donc, le toucher, le regard,
13:47les odeurs, c'était insupportable.
13:50Donc, je vais à cette soirée,
13:51dans ma crasse et mon noir.
13:54Là, je suis avec mon nuage noir tout autour de moi.
13:56On voit, Laura, t'es noire.
14:00T'habilles en noir,
14:01bon, ça fait ressortir tes yeux verts, pourquoi pas.
14:03Donc, t'arrives à la soirée,
14:05j'arrive à la soirée,
14:07et je ne sais pas ce qu'il se passe,
14:08il y a la musique, je me souviendrai toujours.
14:09Relax, là, tu sais.
14:11Relax, t'as aimé ça.
14:13T'as un petit peu un verre de vin,
14:15voilà, tranquille.
14:16T'es assise, tu vois les gens qui dansent.
14:18Et là, à un moment donné, ouais, c'est bien, quoi.
14:20Je me suis sentie bien, je me suis sentie, mais vraiment.
14:24Alors, à l'époque, je n'aurais pas dit ça,
14:25parce que je n'étais pas dans l'énergie éthique,
14:26mais ton chakra-cœur, toi, ton corps,
14:28t'as une bonne énergie, quoi.
14:29Tu te sens bien, t'es dans l'amour,
14:32enfin, pas l'amour, mais dans le bien-être,
14:33t'es heureux, quoi.
14:35Et je me suis dit, OK, ça y est,
14:37la première fois depuis des semaines, des mois,
14:39ça y est, je tiens à quelque chose.
14:41Et en fait, je me suis raccrochée à ça.
14:43C'était le début de ma sortie
14:45de ma souffrance et de ma crasse, en fait,
14:48de cette angoisse.
14:49Bon, ça a été d'aller beaucoup prier
14:52à la chapelle miraculeuse rue du Bac,
14:55et ça a été me nettoyer beaucoup là-bas,
14:57et beaucoup...
15:00Et je me suis dit, OK,
15:01là, t'as allumé une petite lumière,
15:03et je me suis imaginée,
15:05et ce que je me dis maintenant,
15:06c'est, toute ma vie, j'ai cherché
15:08à allumer des petites lumières,
15:09et en fait, tu vois, c'est comme quand t'es
15:12en haut d'une montagne et tu vois une grande ville
15:14illuminée.
15:15Là, t'as plein de lumières partout,
15:16parce que tu rééclaires ta vie, en fait.
15:18Et après, le soleil, il revient dans ta vie.
15:20Donc ça, c'est hyper important parce que
15:22quand t'es dans le noir et qu'il n'y a plus d'espoir,
15:24t'es dans ce tunnel, tu vois,
15:25que le noir, t'as pas de sortie.
15:27Et tu te dis, quand est-ce que je sors de ce tunnel ?
15:29Mais l'idée du tunnel, il est vraiment vraie.
15:33Tu te dis, mais je sors quand de ce bordel, quoi ?
15:36Et puis un jour, tu sors,
15:37la lumière, elle arrive et beaucoup plus vite
15:38que tu penses.
15:40Donc, à un moment donné, je communique,
15:43j'avais envie de...
15:45J'ai tellement cru en mes rêves tout le temps,
15:47dans cette vibration, que les choses sont arrivées.
15:49Je ne sais pas comment, mais c'est à force d'y croire.
15:51Je crois vraiment, quand on croit aux choses très fort,
15:53qu'on les rêve, qu'on les visualise,
15:55et que j'ai vécu mes rêves,
15:57et donc j'ai vécu mes rêves, j'y ai vraiment cru.
15:59C'est vrai que mes rêves, c'était ma réalité.
16:01Et c'est arrivé.
16:02Ouais, c'était sortir mon livre.
16:03Là, c'était mon rêve, sortir mon livre.
16:05Parce que quelque part, c'était retourné
16:07vers l'artiste que j'ai perdu.
16:09La comédienne, elle est foutue, c'est terminé.
16:11J'ai perdu toute ma vie.
16:12J'ai perdu mon rêve d'enfance.
16:14J'ai perdu ma première résilience,
16:16parce qu'on ne va pas à la rue comme ça, en fait.
16:18On ne vit pas tout ce qu'on vit dans la rue comme ça,
16:20sans en sortir un d'aime.
16:22Alors, il est sorti, en fait, en 2013.
16:24Il était médiatisé.
16:26J'ai fait beaucoup d'émissions, en fait.
16:28Pendant deux ans, j'ai fait énormément d'émissions.
16:31Ça a été des reportages TV, France 2.
16:36C'était des reportages au temps présent, France Dimanche.
16:39Il y a eu vraiment...
16:40Les médias se sont intéressés à mon histoire.
16:42Donc, c'était magique.
16:44C'est une résilience.
16:45Un projet que tu mets en place, t'écris,
16:48tu ne sais pas s'il va être édité.
16:49C'était édité dans une grande maison d'édition,
16:51les éditions de l'Archipel,
16:52qui est comme une grande maison.
16:55Ensuite, il est sur Genève,
17:00sur Suisse et sur France.
17:02Il y a une communication,
17:02même dans les pays francophones, le Canada.
17:05Mon bouquin, il est dans des bibliothèques,
17:08des associations.
17:10Et puis, j'ai toujours le lien avec France Victime,
17:11où je fais une conférence à l'hôtel de ville.
17:13Ça, c'est quand même extraordinaire.
17:15Avec François Molins,
17:18donc le procureur de la République, quand même.
17:19On est quatre invités.
17:21Donc, il y a un lien, quand même, de ces affaires.
17:27Il y avait M. Sérillon, modérateur.
17:30Voilà, t'as l'hôtel de ville.
17:31Simplement, le déplacement de voir l'hôtel de ville,
17:33c'est tellement magnifique.
17:34Je vais vous faire des photos.
17:36C'est magique, c'est tellement beau.
17:38Tu peux exprimer les choses,
17:39parler devant 400 personnes.
17:40Donc, j'ai fait aussi des conférences.
17:42Ça a permis, le livre, de parler.
17:45C'est un outil de la résilience pour moi.
17:47Pas parce que ça ne m'a pas fait du bien d'écrire ce qu'on me dit.
17:49Ça t'a fait du bien de sortir des choses.
17:51Non, ça ne m'a pas fait du bien.
17:52Ça m'a fait souffrir.
17:53En revanche, j'ai joué le jeu
17:56pour que les personnes, quand elles le lisent,
17:57elles aient des clés.
17:58Et si elles les prennent, ça les aide.
18:01Et qu'on fait un warning pour que les gens ne tombent pas dans des pièges.
18:04Voilà, c'est la vocation du livre.
18:06Après, moi, à titre personnel,
18:07la résilience est passée par la communication du livre,
18:10avec toutes les interviews.
18:12T'étais comédienne, tu voulais être sous quelque part...
18:16T'aimais les projecteurs, t'aimais la scène.
18:19Quelque part, c'est un pied de nez à ce qui m'est arrivé.
18:21Tu retournes quelque part où tu t'es arrêtée.
18:24J'ai toujours fait en sorte de trouver le moyen de transformer en positif.