« Il faut une vraie loi qui redonne du pouvoir aux producteurs »

  • il y a 2 mois
Interview de Laurent Pinatel

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Transcript
00:00Comment la Confédération Paysanne aborde aujourd'hui les états généraux de l'alimentation
00:11après deux semaines de réunion ?
00:13Pour replacer dans le contexte, c'est quelque chose auquel on a beaucoup cru
00:17parce qu'on voyait une façon nouvelle de visiter l'agriculture sous l'angle de l'alimentation.
00:22On sortait d'un an de campagne sur l'alimentation,
00:24donc on trouvait que c'était assez raccord avec tout ce qu'on portait.
00:27Dire qu'il faut revisiter l'agriculture sous l'angle de l'alimentation,
00:30c'est la deuxième partie des états généraux.
00:32Et sur la première partie, comment on peut revoir la contractualisation,
00:36les relations entre transformation, distribution, producteur,
00:39c'est quelque chose sur lequel on travaillait aussi beaucoup.
00:41Donc on avait fait un grand tour de toute la grande distribution
00:44pour voir avec eux comment on pouvait répartir différemment les marches.
00:47Donc ça nous plaisait assez.
00:49Quand on a eu les présidences d'ateliers qui sont tombées,
00:51on s'est déjà dit, est-ce que ça continue à être aussi bien qu'on l'imagine ?
00:55Notamment l'atelier sur la répartition de la valeur,
00:58avec une coprésidence Danone Super U.
01:00On s'est dit, là, il n'y a pas de producteur président ou co-animateur du groupe,
01:05c'est peut-être pas si bien que ça.
01:07Et puis on voit après qu'aujourd'hui, on est sur un rythme vraiment effréné.
01:10Et on a un peu l'impression et on a la crainte en fait
01:13que tout soit un peu écrit d'avance
01:15et que le fait de vouloir aller vite,
01:17on fasse une pseudo-concertation qui va valider de fait
01:20un projet déjà écrit par le gouvernement
01:22qui sera la feuille de route de Stéphane Travers.
01:24On a un peu peur de ça quand même.
01:25On a bien compris qu'il y a les négociations commerciales
01:27qui vont se lancer entre la transformation et la distribution
01:30et qu'il faut déjà que la première partie des ateliers
01:33donne des indications dans le cadre de ces négociations.
01:36Donc on entend ce calendrier-là.
01:39Nous, on aurait peut-être préféré perdre six mois
01:41et avoir vraiment quelque chose d'abouti.
01:43De toute façon, sans intervention de l'État, on ne va pas y arriver.
01:46Et là, le fait que l'État renvoie au bon vouloir,
01:49au consensus, comme dit Stéphane Travers, de tous les acteurs,
01:53ça ne nous semble pas quelque chose de suffisant.
01:57Donc aujourd'hui, les discussions, c'est bien.
01:59La concertation, c'est bien.
02:00Il va vraiment falloir que l'État tape du poing sur la table.
02:03Il faudra vraiment qu'on sorte avec une loi,
02:05une loi cadre qui donne des pouvoirs aux producteurs,
02:08qui impose dans la négociation commerciale
02:11le prix de revient du producteur,
02:13l'interdiction de vente à perte,
02:15toutes ces choses-là qu'on porte à nous des ateliers
02:18qu'on a du mal à voir émerger si l'État n'intervient pas.
02:21On en discutait avec des gens de la Grande Transformation.
02:24Il n'y a pas de raison qu'ils partagent leur part du gâteau
02:26si on ne leur impose pas.
02:27Je ne sais pas, les arbitrages de la PAC de Stéphane Travers
02:30nous laissent craindre quand même qu'on ne va faire
02:32que des mini-aménagements à un système qui dérive
02:34plutôt que de changer carrément le cap de l'agriculture,
02:37comme on aurait pu l'imaginer avant, justement,
02:39ces arbitrages PAC qui n'ont pas changé grand-chose.
02:42On n'a toujours pas compris, en fait,
02:43ce qu'était la vision agricole de Stéphane Travers.
02:45Pour Stéphane Travers, c'est quoi l'agriculture ?
02:47C'est la cohabitation des modèles.
02:49Il ne faut pas opposer.
02:51Ça, on a entendu.
02:52Mais c'est quoi l'agriculture française dans 10 ans,
02:54dans 20 ans, dans 30 ans ?
02:55Il la voit comment Stéphane Travers ?
02:56Et là, on n'a pas de réponse.

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