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Alors que la Hongrie a pris les rênes de la présidence tournante de l’Union européenne le 1er juillet, les récentes actions de Viktor Orban ont beaucoup irrité la majorité des autres Etats membres. Jade Grandin de l’Eprevier, correspondante de l’Opinion à Bruxelles, fait le point

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Transcription
00:00Les récentes actions de Viktor Orban ont beaucoup irrité la majorité des autres États membres.
00:10L'objectif de Viktor Orban est triple.
00:15Le premier qui a été assumé, c'était de marquer les esprits.
00:18Et c'est réussi, puisque dès qu'il a annoncé comment il allait mener cette présidence de l'Union européenne,
00:25il a choisi un slogan particulièrement provocateur, qui est « Make Europe Great Again ».
00:30C'est directement inspiré du fameux slogan de Trump « Make America Great Again ».
00:36Même si officiellement, les officiels hongrois disent qu'ils ne voient pas le lien avec Trump,
00:43on sait que Viktor Orban a des liens proches avec Trump.
00:47Il a reçu son fils récemment à Budapest.
00:51Donc ils ont déjà marqué les esprits.
00:53On peut d'ailleurs comparer le fait que tout le monde a parlé de ce slogan d'Orban pour la présidence de l'UE,
00:58alors qu'on a complètement oublié quel était le slogan de la présidence précédente.
01:03C'était la Belgique avant la Hongrie.
01:05Et le slogan de la Belgique, c'était « Protéger, renforcer, prévoir ».
01:09Et en fait, personne ne s'en souvient, puisque ça ne marquait pas les esprits.
01:13Donc déjà, objectif numéro un, marquer les esprits, c'est réussi.
01:16Le deuxième objectif, c'était de donner une image professionnelle de la Hongrie,
01:19parce qu'en Europe, la Hongrie a fait l'objet de plusieurs procédures
01:24en disant qu'elle ne respectait pas l'état de droit,
01:27qu'elle ne respectait pas les institutions européennes.
01:29Et donc, il y avait un doute sur est-ce qu'ils allaient prendre au sérieux ce rôle
01:33qu'est la présidence de l'Union,
01:35ou si c'est un rôle où on doit gérer l'agenda des discussions.
01:39C'est un rôle en fait d'organisateur, de facilitateur.
01:42Et donc, la Hongrie avait dit « On sera professionnels comme les autres ».
01:46Donc ça, c'était le deuxième objectif.
01:47Et enfin, le troisième qui est le plus important,
01:49c'est d'utiliser cette présidence pour mettre ses priorités,
01:53les priorités d'Orban, à l'agenda de l'Union européenne.
01:57Et ses priorités, il les a exposées très clairement.
02:00En gros, il y en a quatre.
02:00La première priorité, c'est la paix.
02:02Et en fait, c'est un peu changer la vision que l'Union européenne a de la guerre en Ukraine.
02:08Viktor Orban a un discours en disant « Il faut faire la paix ».
02:11Tout entendu, il faut arrêter la guerre.
02:13Et donc, il faut négocier avec Vladimir Poutine.
02:17Viktor Orban s'oppose par exemple à l'envoi d'aides à l'Ukraine.
02:21La deuxième priorité, c'est la question des frontières.
02:24Pour Viktor Orban, l'immigration est une menace existentielle.
02:28Il faut augmenter la sécurité des frontières européennes.
02:31Donc ça, c'est la deuxième chose qu'il veut mettre au top de l'agenda européen.
02:35La quatrième, c'est la question de la famille et de la démographie.
02:38La Hongrie a une politique familiale très importante,
02:41avec beaucoup d'aides financières pour augmenter la fécondité et la natalité.
02:46Et en fait, toujours dans leur vision de dire qu'il y a un déclin démographique de l'Europe
02:50et qu'on ne va pas le résoudre par l'immigration, mais en augmentant la natalité.
02:54Donc, ils veulent que la famille, la question de la famille, devienne une priorité européenne.
02:57Et le dernier, c'est la compétitivité, où ils disent qu'il faut parler de compétitivité.
03:01Et ça, c'est un point qui fait consensus entre les Européens.
03:10Les récentes actions de Viktor Orban ont beaucoup irrité la majorité des autres États membres
03:16parce que, pour l'Union européenne, on sait depuis toujours qu'il y a un enjeu
03:20sur les questions de politique étrangère d'afficher un front uni,
03:24de ne pas se montrer comme divisé.
03:26Or, ces derniers temps, Viktor Orban, lui, sa position a fait plutôt exception en Europe
03:32sur des questions très sensibles, comme celle de la guerre en Ukraine,
03:35où Viktor Orban est un peu isolé par rapport aux autres pays européens.
03:40Or, maintenant qu'il représente la présidence tournante de l'Union européenne,
03:45le fait qu'il aille rencontrer Vladimir Poutine à Moscou
03:49en disant qu'il est dans une mission de paix, qu'il veut négocier la paix,
03:52il donne l'impression de représenter l'Union européenne.
03:55Et d'ailleurs, dans ses communications, il a utilisé le logo de la présidence de l'Union européenne.
04:01Donc, officiellement, il dit « Ah, mais moi, je fais ça seulement en tant que premier ministre hongrois »,
04:06mais il utilise dans ses communications ce logo.
04:08Et par ailleurs, Vladimir Poutine a utilisé cette visite pour dire qu'il avait rencontré
04:13celui qui tient la présidence tournante de l'UE.
04:15Donc, on voit qu'il y a une instrumentalisation dans le fait que Viktor Orban,
04:20qui a ce rôle un peu de président temporaire de l'UE,
04:24de prendre des positions qui sont contraires aux positions partagées dans l'Union européenne,
04:29qui est qu'on ne négocie pas sans l'Ukraine sur la question de la guerre en Ukraine,
04:33qu'il faut respecter son intégrité territoriale.
04:36Orban prend des positions contraires alors qu'il a un rôle qui le met en avant du point de vue de l'UE.
04:41Par exemple, Viktor Orban aurait pu aller à Moscou avant de prendre la présidence de l'UE,
04:47qui a commencé uniquement le 1er juillet, mais il y est allé quelques jours après.
04:52Et ce qu'il faut souligner, c'est que la présidence tournante de l'UE
04:56ne donne pas mandat pour représenter les autres en matière de politique étrangère.
05:01Donc, c'est vrai qu'il y a un décalage avec le fait qu'en quelques jours seulement,
05:05après qu'il ait commencé ce rôle de présidence tournante de l'UE,
05:09Viktor Orban est parti dans une série de visites chez les puissances rivales de l'Europe,
05:14qui sont d'abord la Russie, mais ensuite la Chine.
05:17Il est aussi allé en Chine, où là, on sait que la Hongrie, par exemple,
05:21s'oppose à la diplomatie beaucoup plus agressive de l'Europe envers la Chine.
05:26La Hongrie a des liens économiques importants avec la Chine,
05:29donc elle est contre, par exemple, des taxes sur les voitures électriques chinoises.
05:33Donc là aussi, sur la Chine, une position un peu différente du consensus européen.
05:36Et enfin, Viktor Orban doit rencontrer Donald Trump.
05:40Donc, on voit qu'il prend des positions antagonistes avec le consensus européen
05:45et qu'il n'a pas mandat pour représenter l'Union européenne,
05:48mais qu'il entretient cette confusion,
05:50ou qu'en tout cas, c'est un problème pour l'image de l'Union européenne.
05:58Son pouvoir de nuisance est limité parce que, pour le moment,
06:01c'est uniquement des questions d'image,
06:03c'est-à-dire que beaucoup d'autres chefs d'État et de gouvernement européens,
06:08ainsi que des représentants des institutions européennes,
06:10ont pris la parole pour critiquer Viktor Orban,
06:14pour dire qu'il ne représentait pas l'Union.
06:16Donc, pour les autres pays, ça doit être assez clair,
06:18c'est assez clair pour eux que Viktor Orban ne parle pas au nom de l'Union européenne
06:23et que, quand on s'adresse à lui, sa voix n'est pas celle de tous les autres.
06:28Donc, c'est plutôt une question d'image pour l'Union.
06:30Par ailleurs, pour la Hongrie, il y a un vrai risque que, désormais,
06:34les réunions qu'elle organisera avec les autres ministres européens
06:38soient boycottées, au sens où les pays pourraient choisir
06:41d'envoyer des représentants qui soient moins importants
06:45pour montrer à la Hongrie qu'ils ne sont pas d'accord avec cette démarche.
06:48Et enfin, pour la Hongrie, il y a quand même une obligation
06:52qui est inscrite dans les traités européens
06:53de coopération sincère avec les autres pays de l'Union européenne,
06:58c'est-à-dire que, si jamais un pays fait preuve de déloyauté par rapport aux autres
07:04et qu'il ne montre pas qu'il fait preuve de coopération sincère avec les autres,
07:08alors les autres peuvent se retourner contre lui pour engager des procédures très dures
07:13qui vont jusqu'à lui retirer son droit de vote au Conseil européen.
07:18Donc, il y a quand même un risque, si la Hongrie va trop loin,
07:21que les autres utilisent un peu l'arme atomique au sein de l'Union européenne.
07:28Sous-titrage ST' 501

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