Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Thomas Schnell pour débattre des actualités du jour.
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00:00sur Europe 1, nous venons de faire le tour de toute l'actualité, arrêtons-nous maintenant.
00:10Sur ses performances, le bronze arraché en judo, le bonheur de l'argent tiré à l'arc,
00:15un Nicolas Gesta en or dans son canoë slalom, des performances mais surtout de l'engouement
00:19populaire. On en parle avec Alexandre Malafaille, président de Singtang Sinopia, bonsoir.
00:23Bonsoir.
00:24Et à Nathan Devers, écrivain et philosophe, bonsoir.
00:27Bonsoir.
00:27Merci d'être avec nous, alors on voit que cette France vibre de site en site sur les
00:32Jeux Olympiques avec tous ces médailles, tout se passe bien pour l'instant, vous êtes
00:36emballé, vous, depuis trois jours ?
00:37Ça fait du bien, ça fait du bien de mettre autre chose à la radio, à la télé que
00:43la politique, que tout ce qu'on a vu depuis ces derniers mois, ça donne je pense une
00:46bouffée d'oxygène, un peu d'espoir, voici l'occasion d'un peu de communion, de fabrication
00:51de cohésion nationale, ça durera ce que ça durera, mais il faut prendre ce qu'il
00:55y a à prendre dans ce genre de bon moment, et puis en tirer quelques leçons.
00:58Quand on veut faire les choses bien, on y arrive, alors c'était compliqué d'y arriver
01:03parce qu'évidemment la préparation de CGO a été semée d'embûches, il y a eu énormément
01:07de difficultés, ça a été compliqué à vivre pour les parisiens, il y aura des leçons
01:09à en tirer sur le comment on fait pour éviter de trop crisper tous ceux qui sont concernés
01:14par la transformation d'une ville comme celle de Paris, mais pour autant, maintenant que
01:18le coup est parti et que ça se passe bien, visiblement, ça a l'air d'être plutôt
01:22sur de bons rails, voilà, c'est très enthousiasmant, et puis les résultats sont là.
01:25Il y a qu'en 3 jours, on a 14 médailles, dont 4 en or, ça laisse augurer que l'objectif
01:30de 60 qu'on avait fixé devrait potentiellement être tenu, voire peut-être même dépassé,
01:36voilà, c'est tout ce qui peut fabriquer un peu de fierté, d'envie de se retrouver,
01:41c'est bien, et je crois que pour l'instant, il faut s'en réjouir.
01:44Ils étaient nombreux à avoir prédit, à avoir voué aux gémonies ces Jeux Olympiques,
01:48cette organisation, ce soir vous aussi, vous partagez l'engouement, la ferveur populaire
01:54dont on a l'impression qu'elle est partagée dans tous les sites, Nathan Devers ?
01:57Oui, moi le premier, je faisais partie un peu des schtroumpfs grognons, je trouvais
02:00qu'il eut mieux valu faire une exposition universelle que des Jeux Olympiques, etc.
02:06Mais enfin, quels Jeux Olympiques sommes-nous en train de vivre, et quel moment pour la
02:10France, un moment vraiment, je pense, historique, qui ne s'est pas produit depuis un siècle,
02:14et qui se produit à merveille.
02:15En dehors de l'aspect sportif des choses, la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques
02:21a été véritablement un moment d'un tel rayonnement.
02:25Nous n'avions tellement pas l'habitude en France de communier autour d'une nouvelle
02:30aussi positive, aussi pleine d'espoir, aussi loin des passions tristes, et ça a été
02:36à l'échelle internationale un moment également tellement rare où la grandeur de la France,
02:41cette idée qui obsédait des gens comme le général de Gaulle, mais aussi à sa manière
02:47comme Jean-Paul Sartre, etc., la grandeur de la France a rayonné dans le monde entier.
02:52Et je crois que le monde a été impressionné par la France.
02:55Pourquoi ? Parce qu'on n'a pas seulement montré des histoires de bérets, de baguettes,
02:59d'art de vivre à la française, d'héritage, d'identité, mais qu'on a montré que nous
03:02étions un pays à part dans la tectonique des plaques géopolitiques, c'est-à-dire
03:06un pays construit sur un projet politique, un pays construit sur un projet social, d'amour,
03:13de liberté, de grandeur, d'audace, de rapport à la poésie, à l'art, etc., etc.
03:17Et ça, c'est quelque chose véritablement d'unique qui crée, me semble-t-il, une onde
03:22de choc sur toute la planète.
03:23Bon, ça n'a pas convaincu tout à fait tout le monde la cérémonie d'ouverture, toutefois
03:27j'ai une question à vous poser puisque Nathan Devers vous parliez de l'exposition universelle
03:33en France qui nous a laissé parmi les plus beaux monuments de la capitale, la tour Eiffel
03:37entre autres, le pont Alexandre III, la maire de Paris, Anne Hidalgo, souhaiterait garder
03:43certains symboles de ces Jeux Olympiques et de cette cérémonie notamment, lesquels
03:47vous voudriez voir rester après les Jeux Olympiques, vous ?
03:51Ceux qui sont composés par Anne Hidalgo sont intéressants.
03:54Le fait de se dire que cette vasque olympique extraordinaire dans sa conception, qui est
04:00quand même visible maintenant, qui a été dans sa création inspirée et mise en œuvre
04:05par un de nos grands industriels dont il faut être fier, qui s'appelle EDF, on peut
04:09effectivement souhaiter que ça reste, en tout cas un certain temps, parce que ça va
04:13continuer d'être un point d'attraction.
04:14L'idée également de garder les statuts de ces dix femmes qui ont été mises en valeur
04:18au nom des valeurs de la France, même si j'ai un petit contrepoint avec vous, je pense
04:22qu'il ne faut pas trop se payer de mots, c'est-à-dire qu'on est un pays de valeurs
04:25sauf qu'on ne les vive pas, ce qui explique aussi que beaucoup de nos compatriotes malheureusement
04:28ne sont pas très heureux au quotidien, mais cela dit, l'exaltation de tout ça ne peut
04:31pas faire de mal.
04:32C'est quand même un sujet sur comment c'est vécu par tout le monde, mais cette mise en
04:36valeur, mise à l'honneur des femmes, dans une dynamique de rééquilibrage des choses
04:40et puis de dire voilà on les garde parce que c'est chacune d'entre elles de vrais
04:43symboles de combat, d'engagement, de détermination, c'est très bien et je crois qu'à priori
04:47il y a même des emplacements qui ont été identifiés.
04:49Garder les anneaux sur la tour Eiffel, ça, ça me paraît un peu plus baroque parce que
04:52la tour Eiffel n'a pas vocation à être un symbole olympique pendant toute sa carrière,
04:56elle se suffit elle-même, à la limite, on n'a pas besoin de venir à Paris pour voir
04:58ça.
04:59Ce qui est plutôt intéressant par rapport à ça, c'est finalement de garder ces éléments
05:02parce que ça fera venir du monde, ça va être un lieu d'attraction, un lieu de tourisme,
05:06donc c'est plutôt bon entre guillemets pour les affaires, c'est plutôt bon pour l'économie,
05:09en tout cas pendant un certain temps ça paraît sympa.
05:11Et puis il y a ce point complémentaire qui est je crois essentiel parce que pour le coup
05:16ça c'est concret, c'est de développer la culture du sport dans un pays comme la France,
05:20qui n'est pas un pays très sportif au sens où il y a le sport mais on vit un peu autour,
05:25il faut davantage aller vers l'implication de tout un chacun dans le sport, les entreprises
05:30ont un rôle à jouer pour développer effectivement des projets d'entreprises autour du sport,
05:35le sportif en tant que tel devra retrouver une pleine place parce que ça fait des années
05:38qu'on en parle mais qu'il n'y a toujours pas de statut pour le sportif sauf ceux qui
05:40sont rattachés à un club, donc il y a tout un travail à faire et ça ça peut être très
05:43bon là aussi pour créer des dynamiques nationales, des dynamiques de cohésion, des dynamiques
05:47de quartier.
05:48Je voudrais juste te dire un point, c'est que sans le sport dans plein de quartiers,
05:50les quartiers ne sont pas tenus.
05:51La vasque, les anneaux, les statues, vous Nathan Devers, qu'est-ce que vous garderiez
05:57au-delà de ces Jeux Olympiques ?
05:58La vasque, les statues en effet, je pense que ça peut être important de les garder,
06:03c'est exactement pour cette raison d'ailleurs que je n'étais pas trop favorable à l'idée
06:06de faire des Jeux Olympiques mais plutôt une exposition universelle parce que la différence
06:10entre ces deux événements, c'est que les Jeux Olympiques c'est un événement qui
06:14est centré sur une saison, c'est la société du spectacle immédiat, du présent sans avenir,
06:21l'exposition universelle, et à Paris on est très bien placé pour le savoir, c'est
06:24le lieu de l'architecture, c'est-à-dire de l'esprit constructeur, c'est-à-dire de
06:28la transmission.
06:29Et on n'a pas été dans cette logique.
06:30Et il est vrai, moi c'est mon grand regret, c'est que là pour ces Jeux Olympiques, mais
06:34enfin c'est normal, on n'a pas construit des monuments sensationnels.
06:36Quand on regarde l'histoire de Paris, vous parliez de la tour Eiffel, on compare la tour
06:40Eiffel à ce qui a pu être construit le village olympique ou je ne sais, c'est évidemment
06:44incomparable.
06:45Cela dit, cette vasque a une véritable originalité, elle correspond doublement à l'esprit de
06:51Paris.
06:52D'abord parce qu'elle correspond à son histoire, le fameux ballon qui s'était envolé depuis
06:59le champ de Mars.
07:00Ce n'est pas la première fois qu'il y a une montgolfière qui se remplombe la capitale.
07:03Exactement, une invention française.
07:04Et deuxièmement parce qu'il y a, je pense, c'est très subjectif, mais qu'il y a une
07:08véritable esthétique à voir ce ballon à moitié lumineux qui s'envole au moment de
07:13la nuit, un peu comme la chouette de Minerve et qui se met à être contemplé à Paris,
07:18une sorte de monument qui serait réglé sur le calendrier solaire.
07:22Je trouve qu'il y a une beauté à cela.
07:23Oui, Alexandre Raffaï.
07:24Après, s'il y a une chose que je ne garderai pas, c'est la scène, ça c'est sûr, pour
07:28faire un petit clin d'œil.
07:29La scène, le tableau, la fameuse reproduction de la scène contestée par son concepteur.
07:35Visiblement, c'est ça.
07:36Ce n'était pas une référence à un festin des dieux de l'Olympe avec Dionysos en majesté.
07:42Si on devait faire un clin d'œil un peu provocateur ce soir, je le garderais pas forcément très
07:46longtemps.
07:47En revanche, il y a un autre symbole que j'ai trouvé très intéressant, qui lui mériterait
07:50d'être exposé quelque part dans Paris, c'est le cheval qui a traversé la scène sur pratiquement
07:557 kilomètres pour porter effectivement ce drapeau olympique.
08:00C'était absolument magnifique et lui, il mériterait aussi de rester quelque part.
08:03En plus, on a un pays de cheval, d'équitation.
08:05On est en train d'ailleurs de le prouver au niveau de l'engagement de nos sportifs.
08:09On a eu plusieurs médailles en équitation, on a également eu des médailles en épée,
08:13en escrime.
08:14On va y revenir sur ces images et ces sports qui sont à l'honneur et qui font l'honneur
08:19des bleus depuis trois jours et les images qui nous ont marqués dans un instant puisqu'il
08:24est 19h26 dans Europe 1 Soir.
08:26Nous accueillons Guillaume Dominguez pour toute l'actualité.
08:29Ce sera juste après ça, à tout de suite.
08:3419h29, toute l'actualité, Guillaume Dominguez.
08:37Drame dans l'Aude, une enfant de deux ans est décédée hier à la Palme.
08:41La jeune victime a été retrouvée dans une voiture en pleine chaleur.
08:44Selon les médias locaux, le grand-père de la petite fille l'a laissée endormie dans
08:49un véhicule sous 30 degrés.
08:50Il aurait tenté de la réanimer en vain.
08:53Un drame qui survient alors que la France traverse un important épisode de chaleur.
08:5741 départements ont été placés en vigilance orange canicule.
09:00Le reste du pays est en jaune.
09:02De fortes chaleurs qui entraînent en Ile-de-France un épisode de pollution à l'ozone à partir
09:07de demain.
09:08La justice saisit après le sabotage massif du réseau de fibres optiques en France la
09:12nuit dernière.
09:13La Junalco ouvre une enquête pour détérioration de biens de nature à portée atteinte à
09:18l'intérêt fondamentaux de la nation et association de malfaiteurs.
09:22Plusieurs opérateurs, dont Free, Bouygues et SFR, sont impactés à travers tout le
09:27pays, notamment dans l'Oise, l'Hérault et la Meuse.
09:30Les lignes fixes seraient plus impactées que les lignes mobiles.
09:33Plus de médailles cet après-midi pour la France aux Jeux Olympiques.
09:37De l'or pour Nicolas Gestin, champion olympique en canoë slalom.
09:40Quatre médailles d'argent pour les hommes en judo, au complet en équitation, en VTT
09:45et au tir à l'arc par équipe.
09:47Les Français décrochent la deuxième place pour la première fois de leur histoire.
09:50Et du bronze également pour la Française Sarah Léonie-Sizik en judo.
09:54Merci Guillaume Dominguez.
09:5619h30 sur Europe.
09:58Nous sommes toujours avec Alexandre Malafaille, président du Think Tank Sinopia.
10:02Nathan Devers, l'écrivain et philosophe.
10:04Dans Europe Un Soir, nous venons de nous demander quels sont les symboles que nous laisserons
10:08les Jeux Olympiques de Paris 2024.
10:10Maintenant, j'aimerais savoir quelles sont les images que vous garderez de ces sportifs,
10:13ces trois premiers jours qui nous ont apporté 14 médailles tout de même.
10:17Est-ce qu'il y a eu un moment qui vous a marqué dans les succès des athlètes français ?
10:24Nathan Devers, Alexandre Malafaille, peut-être Léon Marchand, qui avait une avance considérable
10:31sur d'autres, des moments où même, moi j'ai pensé particulièrement à cette séquence
10:37au Stade de France lors de la médaille de rugby A7, où on a tout le public qui chante
10:41Edith Piaf.
10:42Je ne regrette rien à l'unisson, à capella, c'était fort ce moment d'union et d'unité
10:48de la France.
10:49Oui, c'est vrai.
10:50Alors moi, déjà, c'est vrai, Léon Marchand, je l'ai trouvé vraiment incroyable.
10:54Je ne m'y connais pas très bien en sport, donc j'ai un peu honte d'imposer mes commentaires
10:58aux auditeurs, mais il me semble que la natation est vraiment un sport où on peut voir des
11:04individus comme ça gagner de très très loin, avec une dimension héroïque qui fait
11:11presque penser à des héros de l'Antiquité, que ce soit Michael Phelps, Alain Bernard,
11:15etc.
11:16Et aujourd'hui, c'est Léon Marchand qui a eu cette victoire, qui était une victoire
11:19éclatante, absolument écrasante, et avec une manière de nager, de plonger, de rester
11:24très longtemps sous l'eau quand il plonge, donc qui était admirable.
11:27En effet, je pense que le plus grand spectacle n'est même pas tellement du côté des sportifs,
11:31il est du côté de la joie que nous retrouvons aujourd'hui en France, et je dirais que la
11:35France est une nation pour qui c'est très difficile d'être ému.
11:39Je veux dire, on demande énormément pour atteindre le stade d'émotion nationale, et
11:45c'est vrai que les émotions qu'on a pu connaître jusqu'alors, c'était des émotions associées
11:49à des drames collectifs, c'était les attentats de 2015, etc.
11:52Là, nous sommes en train de vivre un moment de grandes fêtes collectives, et à mon avis,
11:57c'est ça.
11:58Ce n'est même pas une image, mais c'est une sorte d'atmosphère ambiante qu'on retrouve
12:02absolument partout, et qui nous donne de la force et de l'énergie.
12:06Alexandre Malafat, une image ?
12:07Moi, ce que je retiens de ces séquences, au-delà du fait qu'il y a des magnifiques victoires
12:13et des champions éclatants, et aussi des battus qui prennent sur eux tout ce que ça
12:20veut dire, que de ne pas atteindre la troisième marche, ou la deuxième, ou la première,
12:25c'est cette émotion qui est derrière tout ça.
12:27C'est-à-dire que quand on voit ces sportifs, qu'ils gagnent ou qu'ils perdent, quand ils
12:31gagnent, il y a quelque chose qui les illumine, qui les transcende, alors certains avec un
12:35calme incroyable, c'est le cas effectivement de Léon Deschamps, on a l'impression que
12:39le marchand, il est là, il est arrivé, il était serein, il a pris dix longueurs à
12:44tout le monde, il sort, il va bien, il a une espèce de calme en apparent, je veux dire,
12:49olympien, et à côté de ça, on a nos judokas qui démontrent, ou nos épéistes qui démontrent
12:54une intensité, et puis le fait qu'ils gagnent ou qu'ils perdent, d'un coup l'émotion, l'instant
12:58de la victoire ou de la défaite, il y a quelque chose qui craque incroyablement, et ça montre
13:02bien qu'on a affaire à des gens, des sportifs de très haut niveau, qui ont mis des années
13:07à se préparer, et pour qui ces quelques instants, en fait, c'est des instants où ils jouent
13:11toute leur vie, et le fait de passer de l'or à l'argent, de l'argent au bronze, vous êtes
13:15en quatrième position, ça change tout, et ça récompense tout, ça évidemment, ça
13:19vous donne envie de continuer, mais en même temps c'est extrêmement dur.
13:22Et moi ces images, ces émotions, comme cette japonaise qui s'est fait sortir en judo, alors
13:26qu'elle était à priori partie pour gagner, et puis elle se fait avoir sur un nippon,
13:29mais qui hurle hors du tatami pour dire, non c'est pas possible, incroyable de se dire ça.
13:34Voilà, c'est sportif, il faut penser à eux, c'est aussi pour ça qu'on organise des Jeux,
13:37c'est pour ça qu'il y a 40 championnats du monde en parallèle, pendant qu'effectivement
13:41c'est ça qui fait les Jeux Olympiques, c'est absolument incroyable de voir qu'ils jouent
13:44tout sur cette séquence, il faut avoir un respect admirable pour ça.