La Consult’ de Thibault Moreau : « Sur la sclérose en plaques on a énormément progressé ces 20 dernières années... plus on traite tôt, plus on évite les handicaps »

  • le mois dernier
Neurologue au CHU de Dijon mais également membre du comité médical scientifique de la fondation sclérose en plaques et président de la fondation EDMUS, le Pr Thibault Moreau est un expert en SEP. Pour sa Consult’, il explique les avancées de la maladie, sa passion pour la combattre, mais également les associations et actions en place pour faire avancer la recherche et aider les patients et professionnels de la santé.

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00:00Des travaux qui ont été menés, en particulier sur le plan thérapeutique de la sclérose en plaques,
00:03sont en train d'être explorés dans la maladie de Parkinson, dans la maladie d'Alzheimer.
00:16C'est vraiment l'actualité de 2024.
00:17Ces 20 dernières années, on a fait plus de progrès dans la connaissance de la maladie
00:22que depuis sa découverte depuis Charcot.
00:24Cet ouvrage est un ouvrage collectif qui a regroupé toutes les forces vives de la sclérose en plaques en France.
00:30Il y a 72 participants, des neurologues, des médecins spécialistes, MPR,
00:36et aussi des paramédicaux, mais également les associations de patients, les malades,
00:40et puis même un philosophe.
00:42On a récupéré des sponsors pour pouvoir l'éditer gratuitement.
00:49Cet ouvrage est destiné aux malades, aux aidants.
00:51Il y a à la fois une partie recherche, une partie clinique où on explique les symptômes,
00:57le vivre avec, et puis bien sûr toutes les stratégies thérapeutiques et les recherches d'avenir.
01:02Mais c'est aussi destiné à tous les gens qui sont en formation.
01:05Des psychologues qui rentrent dans une équipe de sclérose en plaques, un ophtalmologue,
01:08ou même surtout des chercheurs qui travaillent en génétique ou en neuroradiologie,
01:13parfois ne connaissent pas bien forcément les conséquences de la maladie dans tout leur domaine.
01:16Un point qui est essentiel aussi, c'est pour la société civile,
01:20je pense en particulier aux journalistes, mais aussi les décideurs, les ARS, les ministères.
01:27C'est une maladie du système nerveux central, c'est-à-dire du cerveau, du tronc cérébral et de la moelle,
01:32qui est une maladie inflammatoire.
01:33Le système immunitaire s'emballe et va attaquer une partie du cerveau qui s'appelle la myéline
01:38et qui aboutit à des désordres neurologiques, des symptômes moteurs,
01:42c'est-à-dire avec une baisse de la force, mais aussi des symptômes visuels,
01:45avec une baisse de l'acuité visuelle,
01:47mais également des troubles sensitifs à type de fourmillement ou des troubles urinaires.
01:51Et ça, ça donne des poussées, donc assez brutales, au début de la maladie.
01:54Et puis un deuxième phénomène qui arrive souvent après une quinzaine d'années,
01:57c'est ce qu'on appelle la forme progressive,
01:59où là s'installe de façon plus insidieuse et progressive un handicap permanent.
02:07Sur le plan thérapeutique, c'est quand il y a une poussée.
02:09On fait depuis de très nombreuses années des corticoïdes en perfusion à forte dose.
02:14Après, vous avez le traitement de fond de la maladie pour éviter la fréquence de poussée,
02:19mais également l'installation d'un handicap.
02:21Et donc là, on a des traitements qui sont immunosuppresseurs.
02:23Et puis, il y a un truc très important, c'est toute la prise en charge symptomatique,
02:27la kinésithérapie, la rééducation, l'accompagnement psychologique, les troubles sphinctériens.
02:36Les malades, avant, étaient à l'hôpital en pyjama trois jours,
02:39en laissant leurs gosses à la maison et en ne pouvant pas aller au sport, ne pas travailler.
02:43Maintenant, on fait tout en ambulatoire, ce qui a généré, bien sûr,
02:46des modifications structurelles qui sont très importantes.
02:48Après, dans les médicaments, on sait mieux les placer, mieux les donner au bon moment.
02:53On en compte, bien sûr, du bénéfice-risque.
02:55Sur les mécanismes des médicaments, on essaie de comprendre mieux
02:59exactement ce qui se passe entre la forme progressive et la forme rémittante
03:03pour essayer de placer les médicaments de façon pertinente.
03:06Probablement que plus on traite tôt la maladie, plus on réduit le risque de handicap plus tardif.
03:17Le problème étant que traiter tôt, c'est aussi traiter probablement fort.
03:25Sur un plan épidémiologique, c'est 122 000 personnes en France qui atteignent de l'asthérose en plaque.
03:30On a à peu près entre 3 000 et 5 000 patients par an nouveaux.
03:34C'est encore une fois des gens qui sont en pleine période de projet d'existence.
03:38Troisième point, c'est que l'asthérose en plaque, c'est la maladie dans le domaine des neurosciences
03:42et même de la neurologie clinique qui est la plus en avance de toutes les maladies neurologiques.
03:46C'est une maladie sur cerveau jeune.
03:48Et le cerveau jeune, il se répare.
03:49Les stratégies de réparation, c'est passionnant à comprendre
03:54et peut-être extrapolable à d'autres maladies.
03:56Des travaux qui ont été menés, en particulier sur le plan thérapeutique de l'asthérose en plaque,
03:59sont en train d'être explorés dans la maladie de Parkinson, dans la maladie d'Alzheimer.
04:07C'est très translationnel.
04:08Avant, on vivait qu'entre neurologues, il n'y avait pas vraiment de traitement.
04:11Tandis que là maintenant, on est dépendant des infectiologues pour le risque infectieux,
04:15avec la médecine interne, il y a à la fois des neurosciences standards,
04:19mais également des généticiens.
04:21Et puis on a des patients jeunes, c'est quand même pas rien.
04:23On a des médicaments où les gens étaient en fauteuil roulant et ils remarchent,
04:27ce qui n'était pas le cas avant.
04:30C'est la Fondation Européenne MS, donc Multiple Sclerosis Database.
04:34On a en France une base de données où il y a trois quarts des malades de sclérose en plaque,
04:38donc il y a 87 000 malades aujourd'hui,
04:40qui sont suivis de façon prospective depuis des dizaines d'années.
04:45Et donc avec toutes les données cliniques, le nombre de poussées, etc., les IRM.
04:49Et c'est la base de toute la recherche, tous les travaux de recherche qu'on fait,
04:53épidémiologiques, cliniques, d'efficacité des traitements,
04:57et qui fait que c'est vrai qu'aujourd'hui en France,
04:59on est pratiquement un des pays les plus forts en sclérose en plaque au monde.
05:06On s'est battu sur le territoire français, dans toutes nos régions,
05:10pour justement faire émerger un petit peu cette thématique de sclérose en plaque.
05:13Et on l'a fait tout seul, si je puis dire, dans nos coins.
05:15Et puis après, on a demandé aux autorités de pérenniser nos structures.
05:18Alors ils ont dit, mais puisque vous faites très bien tout seul,
05:22après tout, débrouillez-vous et voilà.
05:23Et que donc là, il faut qu'on arrive à pérenniser tout le travail qui est fait.
05:26J'ai pas forcément des craintes, mais en ce moment, c'est pas très simple, voilà.

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