Avec Yann Manzi, co-fondateur de Utopia 56
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##JO_COMMENT_CA_MARCHE-2024-08-08##
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00:00On va continuer de notre côté sur un sujet un peu moins souriant, on va dire,
00:05mais c'est aussi la réalité du terrain parce que SUDRADIO, dans tous ses états,
00:08c'est aussi malheureusement les sans-abri qui ont disparu des rues de Paris.
00:12Où sont-ils ? Certains ont été relogés.
00:14On a vu aussi l'organisation d'un collectif de défense des migrants de tentes
00:22qui ont été posés dans Paris, qui ont ensuite été enlevés par le préfet.
00:26Comment va se dérouler le relogement des sans-abri après les Jeux Olympiques ?
00:32On va se poser cette question parce que les Jeux Olympiques arrivent bientôt à leur terme.
00:36On va en parler avec Yann Manzy, cofondateur de Utopia 56.
00:40Bonjour.
00:40Bonjour.
00:42Merci beaucoup d'être avec nous.
00:43Alors, il y a les autorités qui ont démantelé des camps de sans-abri avant les Jeux Olympiques,
00:48des contrats de 30 jours prévoyés de les reloger le temps de l'Olympiade.
00:54Est-ce que vous savez ce qu'ils vont devenir et ce qui va se passer ensuite ?
00:59Non, on ne sait pas.
01:01Bien sûr, on demande ce qui va se passer pour toutes ces personnes,
01:04parce que c'est pour les remettre à la rue, mais c'est un peu ce qu'on vit depuis des années,
01:08et notamment depuis dix ans qu'on est sur le terrain.
01:11Mise à l'abri, mise à la rue, mise à l'abri, mise à la rue, c'est incessant.
01:15Ce n'est pas que c'est des nouveaux tout le temps, non.
01:16C'est vraiment le système qui ne fonctionne plus au niveau de l'hébergement d'urgence,
01:20tout simplement parce qu'il n'y a pas assez de places.
01:21330 000 personnes dans les rues de France, non-compatriotes, mais aussi des exilés.
01:25Mais ce n'est pas que les exilés, c'est aussi nos compatriotes qui sont dans la rue.
01:29Et il n'y a pas assez de places.
01:30Donc, qu'est-ce qu'ils vont faire après les JO ?
01:32On ne sait pas, on s'inquiète et on pose la question de
01:35qu'est-ce que vous allez faire avec toutes ces personnes ?
01:37Et est-ce que la pérennité des logements va continuer ?
01:39Parce que ça serait vraiment faire n'importe quoi que de remettre tout le monde dans la rue.
01:44Ils sont logés où en ce moment exactement ?
01:46Et combien de sans-abri ? Est-ce qu'on a une idée ?
01:49Alors, c'est plusieurs milliers de personnes.
01:51Je ne sais pas si vous êtes rentré en contact avec le revers de la médaille,
01:54mais on a fait un rapport de un an de nettoyage social,
01:57comme on l'a appelé, des rues de Paris,
02:00avec dans un premier temps 10 sas en France de 50 places
02:04pour orienter des exilés en région,
02:06avec souvent un travail social qui n'est pas fait au départ des bus.
02:09Donc, on peut imaginer que très compliqué pour les gens
02:12de monter vers quelque chose qu'on ne leur a pas expliqué.
02:15Donc, il y a une partie des gens qui ne sont pas marqués en région.
02:17Il y a une partie des gens qui ont été mis à l'abri,
02:19là, début du mi-mois juillet, à Paris.
02:23Et après, il y en a plein qui sont dans les rues.
02:25Parce que c'est ça qu'il faut comprendre,
02:26c'est qu'il y a des milliers de gens dans les rues en France
02:30et que ces gens, à Paris, ils ont été chassés, pour la plupart d'entre eux.
02:34Une toute petite partie a été mise à la rue.
02:36Et tous les jours, nous, notre association et plein d'autres,
02:39rencontrons des publics qui sont à la rue.
02:40Par contre, extérieur Paris, périphérie de Paris,
02:44et bien sûr, avec le cordon policier qu'il y a autour de ces JO,
02:47on peut imaginer qu'il y a plein de publics qui, aujourd'hui, ne circulent plus.
02:51Tout simplement parce qu'ils sont dans une situation complexe
02:54et qu'aujourd'hui, les gens se cachent, en fait.
02:57Dans le rapport que vous indiquiez,
02:59vous recensiez 138 expulsions de lieux dits informels dans la région francilienne.
03:03Et plus largement, vous annoncez que ces expulsions ont concerné 12 545 personnes
03:08avec une nette augmentation sur la période avant les JO.
03:13Allez-y.
03:15Tout à fait.
03:17Le rapport, il est vraiment bien étayé.
03:18Il permet de documenter sa réalité, ce qui s'est passé.
03:21Et notamment sur certains publics cibles qui ne sont jamais pris en charge.
03:24C'est ce qu'on appelle les mineurs étrangers,
03:25qu'on va évaluer, qui sont arrivés en France,
03:28qu'on va évaluer au bout de trois jours.
03:29Au bout de trois jours, on dit qu'ils ne sont pas mineurs
03:30et on les balance dans les rues par millier au niveau national.
03:33Bien sûr, à Paris, c'est important.
03:35C'est tous les jours, en moyenne, une trentaine de jeunes qu'on jette dans les rues.
03:38Alors après, qu'ils soient mineurs ou pas mineurs,
03:40ça, ce n'est pas, nous, notre sujet.
03:41Mais ce qu'on dit, c'est pourquoi on les met dans les rues
03:43et ça continue tous les jours, même pendant les JO.
03:46J'ai eu un appel hier d'un papa qui a été évacué de l'hôpital
03:49avec son bébé qui venait naître de trois jours,
03:51qui s'est retrouvé à la permanence d'Utopia
03:53pour essayer de trouver des hébergements citoyens.
03:56Donc, même pendant la fête,
03:58ce n'est pas la fête pour tout le monde, en fait.
04:00On le sent bien.
04:00Alors, la mairie de Paris, elle est quand même dirigée par,
04:03c'est une mairie de gauche, par Anne Hidalgo.
04:05Est-ce que vous le regrettez, ça, que même une mairie de gauche,
04:10au final, ne se tourne pas véritablement vers,
04:13pour reloger, propose des solutions ?
04:15Alors, où se situe la solution de votre côté ?
04:18Et je poursuis même la question du camarade Joseph.
04:20Est-ce que vous avez eu des liens avec la mairie ces dernières semaines
04:23qui vous aident ou que vous avez interpellés
04:25et qui vous apportent des réponses concrètes ?
04:27Alors, ce qu'il faut comprendre,
04:28c'est que l'hébergement d'urgence des personnes à la rue
04:31n'est pas de la responsabilité de la mairie de Paris, mais de l'État.
04:34Et c'est bien là qu'il faut remettre la balle au centre.
04:37C'est l'État qui doit donner les moyens aux élus en France,
04:40que ce soit à la mairie de Paris ou ailleurs,
04:42de ne pas laisser ce qui se passe dans ces rues.
04:44Donc, il faut bien faire la différence
04:46entre ce qui appartient à la mairie de Paris et ce qui appartient à l'État.
04:49Aujourd'hui, on parle des gens qui devaient être pris en charge par l'État
04:51et qui ne sont pas pris.
04:52Oui, nous avons eu des discussions avec tout le monde,
04:55avec le COJO, avec le ministère du Logement, avec tout le monde.
04:59On a même fait et proposé, justement,
05:01pour que ces Jeux olympiques aient un héritage social,
05:04qu'on puisse dédier en France 20 000 places d'hébergement d'urgence
05:07qui seraient l'héritage des Jeux olympiques,
05:08de façon à ce que sur tous les sites olympiques en France
05:11où il y a eu du travail, il y a un vrai travail
05:13avec toutes ces personnes qui soient mises à l'abri.
05:16On a été reçus, partout.
05:18La seule réponse qu'on nous a faite, c'est ne vous inquiétez pas,
05:21il y a la police, on n'aura pas forcément besoin
05:23de mettre toutes ces places et tous ces gens à l'abri.
05:25On nous a donné 200 places.
05:27Donc, il y a un moment donné, c'est vraiment ne pas prendre conscience
05:30de ce que disent toutes les associations depuis des mois et des années.
05:33Rappelez-vous, on a parlé des enfants à la rue cet hiver.
05:35Les gens, ils n'ont pas disparu pendant les Jeux olympiques.
05:38Même si aujourd'hui, on ne les voit pas,
05:39c'est tout simplement parce que, dû à la présence policière intense,
05:43et bien sûr, les gens aussi, ils ont peur, en fait.
05:47Vous dénoncez quelque chose d'un peu éphémère, du coup,
05:49dans ce Paris où il n'y a presque plus de pauvreté ni de mendicité.
05:55Il y a eu une opération de communication qui a été faite
05:58avec un campement de sans-abri qui s'est installé à Place de la Bastille.
06:01Ordre du préfet, il a été démantelé immédiatement.
06:04Il n'y avait personne dans ces tentes,
06:06Yann Mandzik, cofondateur de Utopia 56.
06:10Pourquoi avoir fait ça ? Pourquoi maintenant ?
06:13Pourquoi ne pas attendre la fin des Jeux olympiques
06:15pour reprendre ce genre d'initiative ?
06:18Alors, ce camp, il a été installé depuis deux mois par le droit au logement,
06:22le DAL, qui milite pour un droit au logement opposable avec les doigts d'Alou,
06:27en fait, des centaines de milliers de personnes sur une liste d'attente
06:29depuis des années, alors qu'ils sont prioritaires sur le logement.
06:33Et on s'est unis simplement parce que c'est le même combat, en fait.
06:37Le combat du logement en France est un vrai sujet,
06:39de l'hébergement est un vrai sujet.
06:42Les personnes que vous avez vues à Place de la Bastille,
06:45c'est les personnes que nous avons tous les soirs à charge
06:47des associations et des citoyens,
06:49des personnes qui ouvrent leur lit, leur canapé un soir,
06:52des paroisses qui nous ouvrent leurs portes,
06:54sauf qu'au bout d'un moment, fort, des non-propositions de l'État,
06:57alors que nous avons travaillé pour faire en sorte que
06:59la fête soit un peu plus belle pour tout le monde,
07:01avoir la réponse d'un préfet qui nous dit,
07:03sur les 7000 places qu'on a demandé à Paris, avoir 200 places,
07:07il ne faut pas s'étonner que les invisibles,
07:08les gens qu'ils ont cachés, quelque part, ils réapparaissent.
07:11Ces gens ont des droits et on est en train de se battre pour les faire valoir.
07:14– Est-ce que certains sont un peu, on va le dire clairement sur ce radio,
07:18certains sont un peu dégoûtés de voir la réussite de ces Jeux Olympiques,
07:21tout est beau, tout le monde sourit,
07:23est-ce qu'une partie de vous se dit,
07:26ce n'est pas ça la réalité et stop,
07:28on arrête un peu de dire que tout est beau dans le meilleur des mondes ?
07:33– J'ai l'impression qu'aujourd'hui, au niveau politique,
07:36personne ne parle de rien, on n'entend personne.
07:39– Et vous n'avez pas du tout eu de lien par exemple avec l'État,
07:42la ministre des Missionnaires du Logement,
07:44pendant cette période où visiblement il y aurait des choses à faire ?
07:48– On les a eues en amont mais ils n'ont rien parlé.
07:50– Non mais actuellement, depuis que les Jeux ont commencé,
07:53depuis qu'il y a une urgence visible ?
07:56– Non, il n'y a rien du tout,
07:58le seul contact qu'on a eu, c'est suite à la mise à l'abri d'hier,
08:01nous on a dit, mais il nous reste beaucoup de gens dans la rue,
08:03comment on fait pour trouver un lien directement
08:05pour que les gens ne passent plus par le trottoir ?
08:09Le responsable de la drille nous a donné son mail pour lui envoyer les listes,
08:12donc il y a peut-être quelque chose qui est en train de se passer,
08:14mais par contre, je suis persuadé que ça va durer le temps des Jeux Olympiques
08:17et qu'après cette fenêtre de communication qu'on essaye d'ouvrir
08:20pour continuer à mettre ces gens vulnérables à l'abri,
08:22va très vite se refermer.
08:24– Et il y a les étudiants aussi.
08:25– Bien sûr, c'est tous ces étudiants,
08:28n'oubliez pas que, bien sûr, sur le nettoyage social qui s'est passé pendant les JO,
08:33c'est la fermeture de squats, donc voilà, ils ferment des squats,
08:36d'accord, mais ils ne proposent pas de mise à l'abri,
08:37donc tous ces gens, par milliers, qui ont été mis
08:39et chassés des hébergements d'urgence, des hôtels confermés,
08:43des squats, ils n'ont pas disparu, ils sont bien quelque part,
08:46et notre travail à nous, bien sûr, c'est de se battre
08:49pour que leurs droits existent, qu'ils soient français ou étrangers,
08:51en France, dans notre pays,
08:53on a l'inconditionnalité de l'hébergement pour l'instant,
08:57c'est ça la loi,
08:59pour que l'État, et non les mairies, parce que c'est l'État en fait,
09:03– On est en train de vous perdre Yann Manzy,
09:05on est en train un peu de vous perdre,
09:06en tout cas, on a entendu votre appel, on a entendu votre message,
09:09Yann Manzy, co-fondateur de Utopia 56,
09:12pour savoir comment se passe déroulé le relogement des sans-abri
09:15pour les JO après les JO, et aussi des étudiants,
09:17c'est toute une question.