Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...
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00:00Bonjour Lorraine Dauchez, bienvenue à Patron en question. C'est rare d'avoir un patron dans le
00:06domaine de la culture en fait, parce que vous avez une entreprise, vous êtes dans le business
00:11culturel. Absolument. Dans le bon sens du terme. Et racontez-moi comment vous est venue l'idée,
00:17parce que vous vous occupez dans vos activités. Dites-moi, il y a les boutiques de musées,
00:22qu'est-ce qu'il y a ? Dites-moi toutes vos activités dans le domaine. Il y a principalement
00:25les boutiques de musées, notre cœur de métier. Et puis plus récemment aussi un musée que l'on
00:30gère en exploitation complète, la Maison Gainsbourg. Oui, j'allais dire c'est facile. Non,
00:36c'est pas facile, mais quand même c'est très thématique, vous êtes sur du succès, etc. Et
00:41quand vous faites des boutiques de musées, moi ce qui m'attrique, parce que c'est un shopping
00:45formidable les boutiques de musées, il y a des choses belles, enfin c'est un des lieux où je
00:49vais. C'est vous qui choisissez aussi les produits ? Vous allez de A à Z, comment ça se passe ?
00:56C'est effectivement de A à Z. On reprend une concession et on refait déjà tout l'aménagement
01:00du lieu avec une identité du lieu qui correspond au musée, à son positionnement. Et puis ensuite,
01:06c'est effectivement tout notre assortiment à la fois de produits que l'on va acheter,
01:09sélectionner en fonction des collections, des expositions. Et puis on crée aussi beaucoup
01:14de produits. On a un studio design intégré avec des designers. Et on crée des produits à la marque
01:19du musée qui permet aussi de valoriser justement la marque du musée. Et comment ça vous est venu
01:24cette idée ? Ça m'est venu, je travaillais à l'Opéra de Paris il y a maintenant plus de 15 ans, et j'ai
01:30eu envie en fait de participer à la démocratisation de l'art et de la culture. Et en fait, je me suis
01:34dit qu'au fond, le produit, le livre et les produits est une manière de transmettre l'art et
01:39la culture au plus grand nombre. Mais vous savez que c'est vrai, parce qu'il y a beaucoup de gens
01:42d'ailleurs qui vont acheter dans les boutiques de musées et qui ont un peu l'impression d'avoir
01:45été au musée. Oui, ça va dans ce sens-là aussi. Oui, mais je pense que la consommation de l'art, c'est
01:51quelque chose de très important. Et donc, vous avez commencé, vous étiez nombreux, toutes seules ?
01:55Comment ? J'ai commencé, j'étais toute seule. Et puis voilà, petit à petit, je me suis développée une équipe.
02:00Combien de personnes ? On est 200 aujourd'hui. 200, c'est impressionnant. Parce qu'en plus, il faut, pour créer
02:09des objets comme ça, il y a financièrement avancé pas mal d'argent. Vous prenez un risque à chaque fois ?
02:13Oui, on prend un risque et en même temps, c'est aussi une expertise où on sait quels sont les produits qui,
02:20a priori, vont marcher. Et qu'est-ce qui marche ? Sur telle ou telle exposition. C'est très variable, parce qu'en
02:24fait, c'est en même temps la richesse de notre métier, c'est que toutes les boutiques sont
02:27différentes, tous les assortiments sont différents. Et alors, il y a des produits, effectivement, qui
02:32sont plus tendances que d'autres, de textile, d'art de la table, de papeterie et autres. Et puis, en
02:36fonction des expositions et du potentiel de succès des expositions, on va faire plus ou moins de
02:40produits et sélectionner. Alors, quand on sélectionne des produits chez les fournisseurs, on peut partir sur
02:46des petites quantités aussi, donc on ne part pas non plus sur des stocks trop importants.
02:50Et quel est le produit phare ? C'est ce que le touriste achète ?
02:54Alors, ça, c'est une question qui paraît à la fois évidente et qui est en fait assez difficile chez nous, parce que
03:00quand on est au musée du Quai Branly, le produit phare, ce n'est pas du tout le même qu'au musée des arts
03:05décoratifs, à la Cité des Sciences, à la Tour Eiffel. Donc, oui, il peut y avoir des produits similaires, un petit
03:11carnet, évidemment, qui marche très bien, un mug. Et en même temps, les mugs, aujourd'hui, sont
03:18moins à la mode. Voilà, un t-shirt ou des sets de table, ça peut être... Ou un objet beaucoup plus
03:25original fait par des créateurs, des artisans. Donc, on a aussi cette recherche d'aller beaucoup plus loin que l'habituel.
03:30Et si, esthétiquement, vous restez dans la ligne de l'artiste, etc. ?
03:35Alors, on est surtout dans la ligne du musée, de ses collections.
03:39Oui, je pense à une exposition, par exemple, particulière.
03:41Absolument. Donc, on prend des visuels. En ce moment, par exemple, il y a Mexica au musée du Quai Branly.
03:45Donc, il y a des motifs, des visuels qui sont magnifiques et qu'on réutilise. Et on essaye toujours d'insuffler, grâce à nos designers
03:54et à notre bureau de style, qui est chez Arteum, d'intégrer un côté, une vision contemporaine et moderne du produit, du motif,
04:03et avec une typologie aussi, une typographie qui va être un petit peu...
04:09Et les livres ? Parce que les livres, c'est quelque chose de particulier, encore. Donc, qu'est-ce qu'il vous a donné ? Vous êtes une librairie, en fait ?
04:15Oui. Toutes les boutiques sont des librairies-boutiques. À chaque fois, il y a, en fait, un espace librairie.
04:21Et les librairies sont très importantes, parce qu'en fait...
04:24Il y a les catalogues, il y a tout.
04:26Oui, il y a les catalogues d'exposition, mais il y a aussi une profondeur de sélection de livres sur une thématique bien précise.
04:32Et en fait, les librairies dans les musées fonctionnent très bien parce qu'elles sont devenues référentes.
04:38Et justement, c'est ce que viennent chercher les visiteurs et qui viennent même en destination, souvent, dans nos librairies, comme aux arts décoratifs.
04:46C'est une librairie de référence.
04:48C'est complètement un télo, votre boîte. Et vous avez des concurrents ?
04:52Alors, notre concurrent, c'est principalement la Réunion des musées nationaux, qui est justement cet acteur public qui opérait jusqu'à présent, enfin, jusqu'à il y a quelques années.
05:02Ils se débrouillaient bien, d'ailleurs, pour un service public. Je ne veux pas être critique, mais ça marchait déjà pas mal, la Réunion des musées nationaux.
05:07Oui, oui, tout à fait.
05:08Ils étaient déjà assez créatifs.
05:10Oui, alors après, avec toutes ces années, justement, depuis 10-15 ans où nous sommes sur le marché, ça a encore plus dynamisé cette créativité qui est très attendue aujourd'hui par, à la fois, les visiteurs qui ont l'habitude aussi de voyager, d'aller dans les autres musées dans le monde.
05:26Mais j'ai vu que vous êtes dans 20 pays.
05:28Alors, ça, c'est notre réseau de distribution pour des produits que l'on édite et que l'on distribue, effectivement, dans un réseau de distribution.
05:36Et c'est vos produits ?
05:37Voilà. C'est un métier de retail et de retail culturel. Vous disiez, justement, tout à l'heure, en fait, vous avez un métier d'intello et en même temps, on fait du commerce.
05:45Et donc, c'est ce savoir-faire, à la fois de mettre le commercial au profit et au service de la culture, mais la culture avec sa place valorisée, valorisante, et ne pas surtout avoir des produits qui soient de mauvaise qualité.
06:01On est très soucieux aussi de la provenance.
06:03Oui, bien sûr. Et une dernière question. Quel est, d'après vous, le pays au monde le plus culturel, entre guillemets ?
06:09La France.
06:10Ah, écoutez, c'est le mot de la fin. Merci beaucoup.
06:13Merci à vous.