Alors que les hackeurs parviennent aujourd’hui à s’attaquer aux plus grandes institutions, comment garantir la sécurité dans le cyberespace. Un état des lieux de la menace et des solutions déployées pour la contrer.
À l’instar des personnes privées, les banques, les gouvernements et des organisations internationales comme l’Otan sont les cibles d’un nombre croissant de cyberattaques. En France et en Allemagne, les entreprises et institutions publiques font l’objet de tentatives de piratage en moyenne 670 fois par semaine. Fabian Osmond, président de la société française de sécurité Cybi, a développé une solution spécialisée dans la recherche des failles numériques. Son logiciel Scuba permet d’identifier les chemins d’accès potentiellement utilisables par les hackeurs. Outre-Rhin, le Computer Emergency Response Team (CERT) surveille vingt-quatre?heures sur vingt-quatre les flux de données de l’Allemagne, et protège notamment le gouvernement fédéral depuis le piratage du Bundestag en 2015.
Enjeu crucial
Entre manipulations et technologies de pointe, ce documentaire détaille les méthodes des hackeurs et montre comment chercheurs, informaticiens et enquêteurs tentent de les neutraliser afin de rendre le cyberespace plus sûr et de garantir la sécurité informatique des États.
À l’instar des personnes privées, les banques, les gouvernements et des organisations internationales comme l’Otan sont les cibles d’un nombre croissant de cyberattaques. En France et en Allemagne, les entreprises et institutions publiques font l’objet de tentatives de piratage en moyenne 670 fois par semaine. Fabian Osmond, président de la société française de sécurité Cybi, a développé une solution spécialisée dans la recherche des failles numériques. Son logiciel Scuba permet d’identifier les chemins d’accès potentiellement utilisables par les hackeurs. Outre-Rhin, le Computer Emergency Response Team (CERT) surveille vingt-quatre?heures sur vingt-quatre les flux de données de l’Allemagne, et protège notamment le gouvernement fédéral depuis le piratage du Bundestag en 2015.
Enjeu crucial
Entre manipulations et technologies de pointe, ce documentaire détaille les méthodes des hackeurs et montre comment chercheurs, informaticiens et enquêteurs tentent de les neutraliser afin de rendre le cyberespace plus sûr et de garantir la sécurité informatique des États.
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00:00La cyberattaque a commencé par un e-mail.
00:07Bonjour, John. Quelqu'un vient d'utiliser votre mot de passe pour se connecter à votre compte Google.
00:14John Podesta, en tant que chef de campagne d'Hillary Clinton, reçoit beaucoup d'e-mails, donc il a des collaborateurs qui peuvent s'occuper de son courrier électronique.
00:24Google a bloqué cette tentative de connexion. Vous devriez changer votre mot de passe immédiatement.
00:29Sauf que ce message ne provient pas de Google. Il a été envoyé par des hackers russes. C'est une attaque par phishing, ou hamsonnage.
00:37Le harponnage, variante ciblée du hamsonnage, est un terme informatique qui désigne des mails d'alerte qui ont l'air authentiques.
00:44On a essayé d'utiliser votre mot de passe pour accéder à votre compte. Cliquez sur ce lien et changez votre mot de passe.
00:51De nombreuses personnes avaient accès à mon compte. L'une d'entre elles a demandé à nos agents de la sécurité s'il s'agissait d'un mail suspect. Non, c'était un vrai mail.
01:03Ceci est un e-mail authentique. John doit changer son mot de passe immédiatement.
01:08Il voulait écrire « inauthentique ». Enfin, d'après ce qu'il nous a dit, sans cette erreur, les messages du chef de campagne Hillary Clinton n'auraient peut-être jamais été rendus publics.
01:22À ce moment-là, je ne savais pas que mon compte avait été piraté.
01:26La révélation des 60 000 e-mails de Podesta est une véritable mine d'or politique.
01:32Elle fait partie d'une campagne de perturbation de la présidentielle que le gouvernement américain attribue à Vladimir Poutine.
01:41S'il était possible de semer le doute et de créer le chaos dans le système politique d'une grande démocratie occidentale comme les États-Unis, cela serait certainement profitable à la propagande du régime de Vladimir Poutine.
01:56Poutine tiendrait enfin sa revanche qui effacerait les affronts de toute une vie.
02:04Monsieur Gorbatchev, abattez ce mur !
02:08La guerre froide est de retour, mais avec de nouvelles armes.
02:12Nous défendons la liberté et la démocratie.
02:15Une lutte épique.
02:17Partout où se réveille la liberté, que tremblent les tyrans.
02:21Entre le dirigeant russe et la démocratie américaine.
02:25Les États-Unis d'Amérique continueront de défendre la démocratie et les droits universels dus à tous les êtres humains.
02:35En direct de Sochi, où a lieu la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques.
02:38Ils ont coûté près de 50 milliards d'euros à la Russie.
02:43Au cours de l'hiver 2014, le président Vladimir Poutine offre un grand spectacle.
02:49Pour Poutine, l'organisation des Jeux doit être le point d'orgue de sa campagne.
02:54Destinée à rendre sa grandeur à la Russie.
02:57Un tel déploiement de fastes est très apprécié par Poutine et par les russes en général.
03:03Sa cote est au plus haut. C'est un moment de triomphe pour lui et pour le pays.
03:09Les Jeux sont une invitation faite au monde entier à prêter attention à la Russie et à Vladimir Poutine.
03:16Les Jeux Olympiques 2022 à Sochi sont ouverts.
03:27Sochi a été un moment énorme pour Poutine.
03:31Sa position sur la scène mondiale devait se voir enterrinée par cet événement.
03:35Comme une sorte de couronnement du nouveau tsar russe.
03:41Mais l'heure de gloire de Poutine est perturbée par des troubles de l'autre côté de la frontière russe, en Ukraine.
03:49L'Ukraine est coincée, géographiquement parlant.
03:52Que pense Poutine des manifestations dans le pays voisin, l'Ukraine ?
03:56Pour Poutine, c'est un véritable camouflet.
03:58Les manifestants exigent en effet que leur gouvernement prenne ses distances avec la Russie pour se rapprocher de l'Occident.
04:05Mais depuis Sochi, Poutine y voit tout autre chose.
04:09Poutine était persuadé que c'était un complot monté pour lui gâcher sa fête.
04:15Ses ennemis voulaient lui voler ses Jeux.
04:24La foule de manifestants ne fait que grossir.
04:26Ce qui, aux yeux de Poutine, confirme l'implication des Etats-Unis dans le mouvement.
04:33Il est persuadé que les Etats-Unis sont derrière tout cela.
04:36Il a l'intime conviction que si les gens descendent dans la rue, ce n'est pas simplement parce qu'ils n'apprécient pas le pouvoir en place.
04:45C'est un point de vue que partage l'entourage de Poutine.
04:49Monsieur Obama et consorts décrètent que l'Amérique peut faire ce que bon lui semble.
04:54Ils appellent ça « répandre la démocratie ».
04:57Mais combien de diplomates américains se trouvaient à Kiev à ce moment-là ? Combien ?
05:05Des diplomates américains se trouvent effectivement parmi les manifestants à Kiev, sur la place de l'indépendance, le Maïdan.
05:12L'une d'entre eux est Victoria Nuland, chargée de l'Europe au ministère des Affaires étrangères.
05:18Les Ukrainiens sont descendus dans la rue partout dans le pays, y compris à Kiev.
05:22La révolution du Maïdan est née d'une volonté de se rapprocher de l'Europe et de ne plus dépendre de la Russie.
05:29On voit alors Victoria Nuland distribuer des sandwiches sur le Maïdan, un geste qui signifie « nous sommes avec vous dans votre combat pour la démocratie ».
05:38Ce qui somme toute n'est en rien différent du discours américain habituel.
05:43Mais pour Poutine, la présence de Nuland à Kiev est bien la preuve que les Américains tirent les ficelles.
05:49Poutine est très fort quand il s'agit de concocter une trame narrative qui servira à un objectif politique plus grand.
05:57Faire de mes collègues et de moi-même des figures emblématiques de notre ingérence dans les affaires d'un autre pays lui a été très utile.
06:05Deux ans auparavant, alors que d'immenses manifestations avaient lieu devant les murs du Kremlin, Poutine trouvait déjà que les États-Unis avaient dépassé les bornes.
06:13À ses yeux, Hillary Clinton était responsable de ces mouvements.
06:26Poutine a dit que c'est Hillary Clinton qui avait fourni des fonds et des moyens aux opposants russes et qui les avait fait descendre dans la rue.
06:38Il ne fait aucun doute que Poutine veut se venger de Clinton.
06:42Elle est son adversaire et il veut lui rendre la monnaie de sa pièce.
06:47Poutine attend désormais le moment propice pour lancer sa contre-attaque.
06:51Il va alors tester une nouvelle méthode lors des manifestations qui font de l'ombre à ses jeux.
06:58Sa première cible sera Victoria Nuland.
07:07Tout commence par l'interception d'un appel téléphonique.
07:10Nuland parle de l'avenir de l'Ukraine.
07:13Et à cette occasion, elle profère une grossièreté à l'encontre de l'Union Européenne.
07:18Dans le monde de la diplomatie, ce langage...
07:22Les répercussions des termes très peu diplomatiques d'une diplomate américaine...
07:27La révélation de ce coup de fil est que l'Ukraine a été décapitée par les États-Unis.
07:32Elle a été décapitée par les États-Unis.
07:35Elle a été décapitée par les États-Unis.
07:38Elle a été décapitée par les États-Unis.
07:40les répercussions des termes très peu diplomatiques d'une diplomate américaine.
07:45La révélation de ce coup de fil doit montrer le rôle des États-Unis en Ukraine,
07:49ainsi que semer la discorde entre Newland et l'Union européenne.
07:52Victoria Newland a dû présenter ses excuses.
07:55À l'évidence, ils ont cherché à me discréditer personnellement en tant que négociatrice principale à ce moment-là.
08:01Et ils ont ainsi tenté de réduire l'influence américaine.
08:05Ce n'est pas un mot qu'on emploie en général pour parler d'un allié.
08:08L'embarras est énorme. C'est la plus haute diplomate chargée de l'Europe.
08:12L'interception d'appels téléphoniques n'en soit rien de nouveau.
08:16Les Russes se contentent de nier avoir mis l'appel en ligne.
08:19Mais les mettre en ligne, c'est du jamais vu.
08:21Il a tweeté « Je n'ai fait que surveiller Internet ».
08:24Ça n'a pas déclenché l'alerte rouge pour autant.
08:27Mais après coup, certains ont pensé qu'on aurait dû prendre l'affaire plus au sérieux.
08:31Parce que c'est la première manifestation de la volonté et de la capacité de la Russie
08:36à utiliser des méthodes contre les États-Unis qu'elle n'avait jamais osé employer auparavant.
08:41L'enregistrement de l'appel a fuité sur les réseaux sociaux.
08:44Bien sûr qu'ils écoutent tout.
08:46Mais d'habitude, c'est uniquement pour leur service de renseignement.
08:49C'est la première fois qu'ils rendent une telle information publique et s'en servent contre les États-Unis.
08:54Cette fuite n'est que le début.
08:56Une nouvelle stratégie est employée dans un territoire de l'Ukraine, la presqu'île de Crimée.
09:01Là, Poutine a recours à la désinformation, à des mensonges purs et durs.
09:06On a vu arriver des petits hommes verts, comme les appellent les Ukrainiens.
09:10Leur comportement, leur façon de manipuler leurs armes indiquaient clairement qu'il s'agissait de militaires professionnels.
09:16Ils portaient des uniformes de style russe, mais sans insignes.
09:19Des milliers d'hommes s'emparent du territoire.
09:22Poutine sait qu'une invasion de l'Ukraine serait une violation du droit international
09:26et provoquerait inévitablement une riposte américaine.
09:30Les troupes se sont donc déguisées et Poutine a nié qu'il s'agissait de militaires russes.
09:37Pour moi, c'est une manœuvre tactique impressionnante.
09:40Il a tout bonnement pu envahir un gros morceau de territoire d'un pays voisin.
09:48Et il a procédé de telle sorte qu'on a compris ce qui se tramait réellement qu'une fois le fait accompli.
09:55La Russie annexe la Crimée sans avoir tiré le moindre coup de feu.
09:59Poutine a su utiliser avec succès la désinformation et les fuites comme armes de guerre.
10:05L'opération lui permet également de tester les capacités cybernétiques de la Russie.
10:12Il existe une façon très bon marché d'intimider d'autres pays.
10:15Poutine dispose d'une véritable armée,
10:18qui avec ses ordinateurs portables se consacre au harcèlement et à l'intimidation,
10:23et même à la manipulation des informations que nous lisons.
10:28L'Ukraine, plus que tout autre pays, a servi de laboratoire dans lequel les russes ont mené leurs expérimentations.
10:38Ils ont manipulé des élections ou encore coupé le courant à 250 000 personnes à Noël en 2015.
10:47Les russes ont compris jusqu'où ils pouvaient aller sans provoquer de réaction de notre part.
10:53Alors que les cyberattaques et la désinformation s'intensifient,
10:56la Russie intervient sur un nouveau front, dans l'est de l'Ukraine.
11:05L'emploi de forces paramilitaires, d'attaques cybernétiques, de forces militaires conventionnelles,
11:12le tout combiné à la désinformation, fait émerger une toute nouvelle forme de guerre dite hybride.
11:20À Washington, le gouvernement américain peine à élaborer une riposte aux actions de Poutine.
11:41Lors de multiples appels téléphoniques à Poutine, le président Obama aborde la question des petits hommes verts.
11:47Tony Blinken se trouve dans le bureau ovale à ces moments-là.
11:52Poutine a nié la présence de la Russie en Ukraine. C'était un mensonge pour le moins sidérant.
11:57Obama lui a dit, Vladimir, nous ne sommes pas aveugles, nous avons des yeux, nous pouvons voir.
12:03Et Poutine est passé à autre chose, comme si de rien n'était.
12:07Au Pentagone, certains pensent que Poutine ne peut comprendre qu'une seule chose, la force militaire.
12:14Il fallait dissuader la Russie.
12:17Dans mon service, on pensait que la meilleure façon de faire peur aux Russes
12:21était de brandir la menace d'un prix fort à payer pour leur intervention militaire, un prix en vie humaine.
12:28Avec nos armes anti-char, on pouvait frapper les blindés russes qui s'attaquaient aux Ukrainiens,
12:33et des soldats russes allaient mourir.
12:36Le directeur de la CIA est également d'avis qu'il faut prendre des mesures énergiques.
12:42J'ai repensé à mes jeunes années dans les cours d'école du New Jersey.
12:45Il y avait toujours des petites brutes qui voulaient nous intimider.
12:49Et elles ne s'arrêtaient pas tant qu'on ne les avait pas fait saigner du nez.
12:53Je me suis dit qu'une petite hémorragie des fausses nasales aurait fait du bien à M. Poutine.
12:57Il aurait reculé, car comme la plupart des petites brutes, il aurait compris qu'il ne pouvait plus faire la forte tête.
13:03Il y a beaucoup d'esbroufles là-dedans.
13:06Mais Obama n'est guère disposé à entrer en conflit avec la Russie.
13:09Et il n'autorise pas la livraison d'armes à l'Ukraine.
13:13Obama répond à la situation en Ukraine en imposant des sanctions à la Russie,
13:18qui vont toucher les entreprises et les citoyens russes que les Américains considèrent comme partie prenante à cette crise.
13:24Ceux qui ont déjà eu affaire à Poutine s'inquiètent de l'inefficacité de ces mesures.
13:31Poutine a tablé avec succès sur une réaction pas trop douloureuse pour lui,
13:35s'il agissait discrètement et en niant tout,
13:39et en allant toujours un peu plus loin plutôt que d'attaquer frontalement.
13:44Un peu comme dans la fable de la grenouille cuite, qu'on fait lentement bouillir dans une eau de plus en plus chaude.
13:51Et il avait raison.
13:54Bientôt, Poutine va aller plus loin, et s'en prendre directement aux Etats-Unis.
14:01C'est une vengeance, mais c'est aussi une remise à l'égalité.
14:05Par ses représailles, il veut dire, vous vous mêlez de notre vie politique,
14:09nous allons vous montrer que votre démocratie n'est pas aussi solide que ça,
14:12et que l'exceptionalisme américain n'est pas aussi parfait que ça.
14:16Vous aussi pouvez être exposé aux ingérences, au chaos, et au moment d'embarras dans votre processus électoral.
14:25L'occasion d'attaquer la démocratie américaine se présente quelques mois plus tard.
14:30C'est la saison des grandes déclarations politiques.
14:33Le pays se prépare pour la présidentielle de 2016.
14:39Le candidat rebelle, Donald Trump, est omniprésent dans les médias, et ça tire toute l'attention.
14:49Lorsque Vladimir Poutine s'est penché sur les présidentielles américaines,
14:53il a découvert un candidat qui exprimait des positions tout à fait compatibles avec celles de la Russie.
14:58Trump n'a jamais été avare en complimant à l'égard de Poutine.
15:13L'idée de miser sur une amitié avec Poutine est venue de lui personnellement.
15:17Du genre, on va être les meilleurs amis pour la vie.
15:20S'en est arrivé à un point où Trump défendait systématiquement Poutine si on le critiquait devant lui.
15:32Donald Trump semble être le genre de candidat qui pourrait plaire à Poutine.
15:36Poutine pense que Trump a un goût pour l'autoritarisme, il lâche du lest en matière de droits de l'homme,
15:42et en plus il souhaite avoir de meilleures relations avec la Russie.
15:45Si vous êtes Poutine, que demander de plus ?
15:48Trump pourrait presque être des nôtres.
15:54Trump est de plus en plus proche de l'investiture républicaine,
15:57et met alors sur pied une équipe qui a des liens avec Moscou.
16:00Trump engage ou contacte une ribambelle de conseillers politiques
16:04qui ont les mêmes sympathies pour la Russie, et ou des liens concrets avec ce pays.
16:09Parmi eux, Paul Manafort, le directeur de campagne de Trump,
16:12qui a travaillé pour des partis pro-russes ukrainiens.
16:15Il y a également un conseiller assez obscur aux relations internationales,
16:19Carter Page, qui est bien mieux disposé à l'égard de Moscou que certains faucons conservateurs.
16:27Sans oublier Michael Flynn, le futur conseiller à la sécurité nationale,
16:31qui a dît même qu'il n'y a pas besoin d'en parler.
16:34Sans oublier Michael Flynn, le futur conseiller à la sécurité nationale,
16:38qui a dîné avec Poutine à Moscou.
16:41En voyant cette brochette, à Moscou, on a forcément dû se dire
16:45qu'avec un tel candidat, les affaires s'annonçaient plutôt bien.
16:52Vladimir Poutine a une autre raison de s'intéresser à la présidentielle américaine.
16:56Hillary Clinton tente de verrouiller la vestiture du parti démocrate.
17:00Hillary Clinton.
17:04Et je sais qu'il est quelqu'un à qui vous devez continuer de vous battre,
17:10parce que, comme beaucoup de bullies,
17:13il est quelqu'un qui prend autant que possible, sauf que vous le faites.
17:19Poutine estime que Clinton a dépassé les bornes
17:22et qu'elle s'est mêlée de la politique intérieure russe lors des mouvements de contestation.
17:27À présent, l'occasion de lui rendre l'appareil s'offre à lui.
17:31Des infrastructures informatiques sensibles se voient constamment fouiller.
17:37Des hackers russes s'étaient déjà introduits dans des réseaux informatiques du gouvernement américain.
17:41Les réseaux du ministère des Affaires étrangères, de la Maison-Blanche, du Pentagone.
17:46Ils ont à présent une nouvelle cible,
17:48le réseau informatique du comité national du parti démocrate, le DNC.
17:53C'était la cible quasi parfaite.
17:55Le comité ne disposait pas de la protection totale d'une agence gouvernementale,
17:59mais recelait des informations bien plus précieuses qu'une organisation privée lambda.
18:03L'attaque du DNC ne passe pas inaperçue très longtemps.
18:09La première intrusion dans le réseau du comité a d'abord été détectée par la NSA,
18:13l'agence nationale de la sécurité, qui a transmis l'information au FBI.
18:18Ces premières intrusions, qui datent de 2015, ont été commises par le groupe APT29,
18:24aussi appelé COSIBER.
18:26Ce nom n'est pas inconnu des enquêteurs américains.
18:29COSIBER est un groupe de hackers russes.
18:35La manière de procéder et les outils utilisés pour sonder le serveur
18:40ont très vite permis de remonter jusqu'au russe.
18:44Mais au FBI, la réaction est étonnamment prudente.
18:48Un agent spécial se contente d'appeler le service informatique du comité.
18:57Pendant 9 mois, un agent spécial du FBI a tenté de communiquer
19:01avec un jeune informaticien du comité national démocrate.
19:08Et celui-ci ne croyait même pas que son interlocuteur était réellement du FBI.
19:14Les informaticiens ne savaient pas quoi faire.
19:16Ils doutaient de la véracité de l'info et se demandaient si l'homme à l'autre bout du fil
19:20était bien du FBI.
19:22Honnêtement, ils n'étaient pas du tout équipés pour gérer ça.
19:26À aucun moment un employé du FBI n'est sorti de son bureau
19:29pour se rendre au siège du comité.
19:33Je l'ai fait quand nous préparions la reconstitution du piratage.
19:38Ça prend environ 12 minutes à pied.
19:40Et encore si on s'arrête en route pour s'acheter quelque chose.
19:43Mais personne n'a pris cette peine au FBI.
19:47Les hackers russes ont un accès étendu au serveur du DNC.
19:52Il n'y a pas eu de réponse particulièrement virulente.
19:56Alors ils se sont installés dans le serveur
19:58et ont pu pendant des mois fouiller à leur guise
20:01et recueillir des informations qu'ils ont transférées à l'étranger.
20:07Ils attendent le moment opportun pour agir.
20:12La convention nationale démocrate va bientôt s'ouvrir.
20:15Et en juillet 2016, alors que les démocrates s'apprêtent à se réunir à Philadelphie
20:19pour serrer les rangs derrière Hillary Clinton,
20:23les e-mails piratés du DNC qui avaient été transmis à Wikileaks
20:26sont subitement mis en ligne.
20:28C'est le chaos chez les démocrates.
20:31Des milliers d'e-mails du comité national démocrate, piratés.
20:35Ils ont attendu d'être à deux jours du début de la convention démocrate
20:39pour passer à l'action
20:41et révéler des e-mails compromettants
20:43qui ont semé la pagaille au sein du parti
20:45juste avant son rassemblement.
20:48Les e-mails laissent entrevoir les manœuvres du DNC
20:51pour saboter la candidature du rival de Clinton, Bernie Sanders.
20:55Des révélations explosives sur les méthodes du DNC.
20:58C'est exactement le type de perturbations que recherche Poutine.
21:04Le piratage russe a créé de véritables fissures au sein du parti démocrate.
21:08On a vu des démocrates se battre entre eux.
21:10Dans la salle, les supporters de Bernie Sanders s'en sont pris à ceux de Clinton.
21:15La protestation n'a fait qu'enfler.
21:17Bref, le chaos régnait à Philadelphie à cause des e-mails piratés.
21:24Les esprits sont chauffés à blanc dans le camp de Sanders.
21:27L'un des instants les plus dramatiques de ce week-end,
21:30auxquels ont contribué les révélations de Wikileaks,
21:32a été le départ ostensible des supporters de Sanders de la convention.
21:37Sanders a accusé le DNC de vouloir favoriser Clinton.
21:41L'efficacité de l'ingérence russe est due à deux éléments.
21:45Premièrement, la polarisation de la vie politique américaine, qui crée des clivages.
21:50Deuxièmement, l'exploitation faite par les Russes de ces clivages,
21:54en les exposant et en les amplifiant.
21:58Poutine aime le principe que personne n'est un saint.
22:01Que tout homme politique est corrompu.
22:04Que toute élection est truquée.
22:06Qu'on est tous pourris.
22:08Qu'on n'a pas un pour attraper l'autre.
22:11Cette approche cynique est quasiment l'idéologie officielle de la Russie actuelle.
22:22Les emails du DNC font la une des journaux.
22:25Et Donald Trump ne tarde pas à s'emparer du sujet.
22:29Il s'agit de documents internes et nouveaux appartenant à la partie adverse,
22:33dont il peut tirer profit.
22:35Pour Donald Trump, c'est un cadeau du ciel.
22:41Trump ne s'attarde pas sur l'origine de la fuite.
22:44Il préfère exploiter le contenu des emails.
22:57L'empressement qu'a eu Trump à exploiter la situation
23:00a vraiment aggravé les effets de ces emails.
23:04Les Russes n'ont certainement jamais envisagé qu'un candidat serait prêt à le faire.
23:08Et ça a joué un rôle très important.
23:11Trump ne peut toutefois pas éviter les questions sur Poutine et le piratage russe.
23:23Il ne voit pas que c'est une atteinte au fondement de notre démocratie.
23:26Pour lui, ça fait partie du cirque habituel de la vie politique américaine.
23:30Et il réagit en invitant les Russes à en faire plus.
23:33« Eh les Russes, vous pourriez peut-être retrouver les emails disparus », dit Larry Clinton.
23:51C'était vraiment affligeant. On était tous sidérés.
23:54On n'arrivait pas à croire qu'un candidat à la présidentielle
23:57incite une puissance étrangère, un adversaire, à s'immiscer dans une de nos élections.
24:06Il a été jusqu'à encourager les Russes.
24:09À la CIA, face aux répercussions des fuites, la préoccupation ne fait que grandir.
24:16Pour moi, c'était clair. Il s'agissait d'une campagne orchestrée par les Russes.
24:22Une action bien plus agressive, bien plus intense.
24:26Et bien plus inquiétante.
24:31Les analyses des services de renseignement ont d'ores et déjà attribué l'intrusion du DNC aux hackers russes.
24:37Les mêmes qui étaient intervenus en Ukraine.
24:40Mais la CIA annonce qu'elle dispose maintenant d'une information supplémentaire.
24:44Des preuves qui impliquent directement Vladimir Poutine dans l'affaire.
24:49Obtenir ce type de renseignement, c'est un véritable tour de force de la part de la CIA.
24:56Les renseignements indiquent que Poutine est derrière l'opération. Il place ses pions.
25:02Non seulement il est au courant, mais il sait qu'ils vont se servir de ces informations comme d'une arme.
25:10Il se sert très rarement du téléphone ou de moyens de communication électroniques.
25:15Les renseignements obtenus par la CIA sont d'autant plus précieux.
25:21La nature précise des découvertes de la CIA est confidentielle.
25:25Mais pour Brennan, elles ont complètement changé la donne.
25:29C'est quelque chose qui nous a tous inquiétés.
25:32En particulier parce qu'on ignorait l'environnement.
25:35On ne savait pas non plus jusqu'où les russes étaient prêts à aller pour porter réellement atteinte à l'intégrité du processus électoral.
25:44L'information est transmise du QG de la CIA au bureau du directeur du renseignement national, James Clapper.
25:52J'ai réagi de façon viscérale quand j'ai saisi l'ampleur de leurs activités et qu'elles étaient de plus en plus compliquées.
25:59J'ai réagi de façon viscérale quand j'ai saisi l'ampleur de leurs activités et qu'elles étaient de plus en plus compliquées.
26:06C'est-à-dire par Poutine lui-même.
26:09J'ai passé plus de 50 ans dans le renseignement et j'en ai vu des saletés.
26:13Mais ça, ça m'a bien secoué.
26:16Clapper est désormais dans la confidence et va accompagner Brennan pour informer le président.
26:22Les plus proches conseillers d'Obama nous ont dit que le président avait été stupéfié et également alarmé par la nouvelle.
26:30À la Maison-Blanche, certains voudraient que le président alerte le peuple américain.
26:36Il y a eu un débat intense.
26:39Quelle disposition prendre ? Jusqu'à quel point est-ce que nous pouvons informer le public ?
26:45Des spécialistes de Poutine s'inquiètent de voir les attaques se poursuivre si le président américain ne riposte pas avec force.
26:52On était nombreux à avoir déjà assisté à ce scénario, que ce soit en Estonie ou en Ukraine.
26:59La situation nous était familière.
27:02Toutes les personnes impliquées dans les débats partageaient le même point de vue.
27:06Il fallait dénoncer les Russes le plus rapidement possible et organiser une riposte musclée.
27:12Obama aurait pu ordonner la destruction des serveurs informatiques impliqués.
27:17Il aurait pu faire des révélations sur Poutine lui-même et ses liens financiers avec les oligarques.
27:24Il avait à sa disposition de multiples options cybernétiques, mais également des armes plus traditionnelles, comme des sanctions économiques.
27:32Mais Obama s'oppose à une riposte agressive.
27:36Il se demandait comment parler de cette affaire sans avoir l'air de vouloir influer sur le scrutin et de prendre parti.
27:43Il valait mieux rester en dehors de tout ça.
27:48Le président Obama avait le souci de ne rien faire qui risquerait de confirmer la prophétie autoréalisatrice des Russes,
27:55à savoir la remise en cause de l'intégrité du processus électoral.
28:00C'est très malin de la part de Poutine,
28:03parce qu'on aurait pu accuser Obama de faire précisément ce que Poutine était en train de faire.
28:09Et cela risquait de jeter le discrédit sur le scrutin.
28:16Ce qu'il ne faut pas oublier non plus, c'est que l'administration Obama s'attendait à une victoire d'Hillary Clinton.
28:23Et il craignait qu'en intervenant à ce moment-là, ils auraient vraiment eu l'air de la favoriser.
28:28C'est l'exemple type de la propension de cette administration à suranalyser les choses,
28:33alors que les Russes sont tout simplement en train de les cogner.
28:37Avant d'agir, le Président veut que les élus républicains se joignent à lui pour condamner Poutine et l'ingérence russe.
28:45L'administration Obama ne voulait surtout pas être accusée d'utiliser politiquement des renseignements des services secrets.
28:53Ça ne leur plaisait pas du tout de voir le Président s'exposer seul en annonçant « voici ce que fait la Russie ».
28:59Ils interfèrent dans notre élection.
29:02Ils voulaient que les deux partis condamnent conjointement Moscou.
29:07De hauts responsables des services de renseignement se rendent au Capitole pour informer les dirigeants du Congrès de la situation.
29:15Ils étaient tous là, Paul Ryan, Nancy Pelosi, Mitch McConnell, Harry Reid et les présidents des commissions des affaires étrangères et du renseignement.
29:26On leur a communiqué tout ce qu'on savait.
29:30Le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell, affiche le plus grand scepticisme et avertit qu'il ne s'associera pas à une mise en garde officielle et commune contre Poutine.
29:40Mitch McConnell leur a dit que s'il faisait ça, lui et ses collègues républicains le considèreraient comme un geste en faveur d'Hillary Clinton.
29:50Ces réunions hautement confidentielles ont lieu à huis clos.
29:55Lors des topos que nous avons fait au Congrès, certains se sont inquiétés de voir là-dedans des considérations partisanes de la part de l'administration Obama.
30:05Ça m'a exaspéré. Je leur ai expliqué qu'il s'agissait d'une note des services de renseignement et rien d'autre.
30:14C'est un instant où la politique politicienne semble l'emporter sur la sécurité du pays.
30:21En d'autres termes, les démocrates et les républicains sont tellement préoccupés par leur propre rivalité qu'ils ne voient pas qu'il y ait un adversaire plus important.
30:35A Moscou, le président Poutine nie être au cœur du piratage, mais il semble content d'être au centre de l'attention.
30:45Tout le monde s'est mis à parler de la Russie. On a soulevé quelques questions.
30:50Manifestement, Poutine se délectait d'être interrogé au début du mois de septembre. Il a donné quelques réponses convenues avec un brin d'ironie. C'est tout.
30:59Je n'en sais rien. Vous savez, il y a tellement de hackers aujourd'hui.
31:04Et ils agissent de manière si filigrée, si fine, qu'ils peuvent montrer dans le bon endroit et le bon moment leur propre trace, ou même non.
31:17La possibilité de tout nier de façon plausible est inhérente à ce système.
31:23Les hackers qui travaillent pour les Russes ne portent pas forcément des uniformes avec des épaulettes.
31:28Ils ne sont pas tous installés dans une casemate des services de renseignement militaires russes.
31:33Nombre d'entre eux travaillent en freelance.
31:37Est-ce que c'est important ?
31:39Qui a frappé les données de notre chef d'équipe, madame Clinton ?
31:46Est-ce que c'est important ?
31:48Est-ce que c'est important ce qui est le contenu de ce qui a été fait ?
32:06Vous allez voir ce qu'on sait faire.
32:11En septembre, Barack Obama décide d'adresser personnellement une mise en garde à Poutine lors du sommet du G20 à Hangzhou, en Chine.
32:25Il était très important que le président Obama saisisse cette occasion.
32:30Il fallait faire comprendre à M. Poutine la gravité de cette action,
32:34que M. Obama prenait l'affaire très au sérieux et qu'il fallait que cela cesse.
32:41Les dirigeants posent pour la photo officielle.
32:43Peu après, Obama prend Poutine à part.
32:48Les clichés de cette rencontre sont fabuleux.
32:51Le président Obama regarde Poutine de haut et lui dit « nous savons ce que vous faites et vous devez arrêter ».
32:57On ne peut pas être plus direct à ce niveau de la diplomatie.
33:02L'image est très parlante.
33:04Le visage du président Obama exprime un sentiment de profonde préoccupation,
33:08tout en adressant un message très clair à M. Poutine.
33:13Malgré ce face-à-face, Poutine persiste à nier l'implication russe.
33:19Les Russes nous répondent comme ils le font toujours « on n'a rien fait, on ne sait pas de quoi vous parlez,
33:23on ne pourrait jamais interférer dans votre système comme vous l'avez fait dans le nôtre ».
33:29Ils nient tout en bloc. Jamais on ne ferait une chose pareille.
33:34La course à la Maison Blanche commence et les candidats…
33:36À six semaines du scrutin, le combat se durcit.
33:39Automne 2016. Hillary Clinton se prépare pour les dernières semaines de campagne.
33:43Mais son équipe s'inquiète de plus en plus de voir que les activités des Russes ne se limitent pas au piratage.
33:49On a vu des sujets sur Hillary Clinton faire leur apparition sur des sites de propagande russes tels que Russia Today ou Sputnik.
34:00La favorite démocrate a dû démentir les rumeurs sur son état de santé chancelant.
34:07Et ensuite, ces mêmes sujets ont été repris presque à la virgule près dans les médias de la droite extrême américaine,
34:12comme Breitbart News ou Infowars et même sur Fox News.
34:16Les bruits de couloirs sont devenus assourdissants. Il s'agit bien sûr de la santé d'Hillary Clinton.
34:24Sur RT, la chaîne russe d'information, diffusée dans le monde entier et financée par le Kremlin…
34:29Différentes théories sur sa santé ont circulé.
34:32Des reportages tendancieux et outrés sur l'état de santé de Clinton commencent à se répandre.
34:37Nous passerons à la loupe les chutes, les quintes de tout et les mouvements de tête de Clinton.
34:46Cette vidéo du mois de juin s'est propagée sur le net et a fait naître une série de rumeurs sur l'épilepsie supposée de Clinton.
34:53Certains parlent de légère conjuction. Quel est votre avis ?
34:57Il s'agit peut-être d'un syndrome post-commotionnel.
35:01Vous perdez l'équilibre, vous avez des vertiges.
35:03Dans le monde de la guéribride et de la désinformation, il suffit d'une information approximative ou inexacte.
35:08Les autres vont aller plus loin.
35:10Le fait est qu'elle a des discours prévus tous les jours.
35:12Elle doit les annuler à cause de ces quintes de tout.
35:14Nouvelles interrogations sur l'état de santé dit Larry Clinton.
35:17Les images de cet instant dramatique tournent en boucle.
35:23Des sujets similaires apparaissent sur Spoutnik, le site d'informations financé par l'État russe.
35:29Nous avons des informations sur l'état de santé de Clinton.
35:31Nous avons des informations sur l'état de santé de Clinton.
35:33Nous avons des informations sur l'état de santé de Clinton.
35:35Nous avons des informations sur l'état de santé de Clinton.
35:37Nous avons des informations sur l'état de santé de Clinton.
35:40C'est une attaque multifronte.
35:42Très souvent, ces opérations ont recours à des semi-vérités.
35:45Cela suffit à faire naître le doute et la suspicion.
35:48Et c'est bien là le but.
35:53Sur les réseaux sociaux, c'est l'explosion.
35:58Ce n'était pas vrai.
35:59Hillary Clinton n'était pas malade.
36:01Mais selon les nouvelles que vous lisiez ou les sites que vous consultiez,
36:05vous pouviez passer votre journée à être gavé d'infos qui confirmaient votre conviction
36:09qu'Hillary Clinton cachait quelque chose.
36:13Des faux profils qui ont l'air américains,
36:15des trolls pro-Kremlin,
36:17une armée de comptes automatiques sur Twitter qu'on appelle bots,
36:20des robots informatiques,
36:22et des publicités ciblées sur Facebook et Google
36:24inondent les réseaux sociaux.
36:27Ils ont recours à la technologie actuelle
36:29pour répandre de fausses nouvelles
36:31que beaucoup appellent « fake news ».
36:34Ces « fake news » sont reprises par les médias traditionnels.
36:37Et Donald Trump en pleine campagne
36:39ne va pas hésiter à s'en servir
36:41et en tirer profit.
36:49Trump reprenait souvent des infos tirées de ce qu'on appelait avant la presse marginale.
36:53Mais cette presse est à présent au centre de la vie politique américaine.
36:59Et on y trouvait pas mal de ces histoires russes inexactes.
37:06L'intention de Poutine derrière tout ça,
37:08c'est de montrer que tout le monde ment.
37:10Tout le monde triche.
37:12La vérité objective n'existe pas.
37:14Il n'y a aucune différence
37:16entre ce qu'on entend dans les médias occidentaux
37:18et dans les médias russes.
37:20Poutine est parvenu à brouiller les lignes
37:22auprès de beaucoup,
37:24y compris aux États-Unis et en Occident.
37:28Au Parti démocrate,
37:30on accuse des membres haut placés du gouvernement russe
37:32d'avoir choisi de se pirater.
37:34Les Russes ont-ils organisé ce piratage
37:36pour influer sur l'élection américaine ?
37:38L'étendue et l'intensité de l'ingérence russe
37:40ne cessent de grandir.
37:42Et les agences de renseignement sont de plus en plus inquiètes.
37:44Il est apparu de plus en plus clairement
37:46qu'il s'agissait bien d'une tentative
37:48de s'ingérer dans notre démocratie.
37:50Lors de débats tendus,
37:52le ministre de la Sécurité intérieure,
37:54Jay Johnson,
37:56insiste pour qu'on rende public
37:58les renseignements sur Poutine
38:00et le piratage.
38:02Un certain nombre d'entre nous
38:04croyaient faire face à Poutine
38:06et à l'élection américaine.
38:08C'est ce qu'on voit aujourd'hui
38:10dans les médias russes.
38:12Un certain nombre d'entre nous
38:14croyaient fermement qu'il fallait informer
38:16l'opinion publique.
38:18Notre silence aurait été jugé impardonnable
38:20après les élections.
38:22Jay Johnson et moi
38:24partageions le même point de vue.
38:26Si les élections,
38:28pour une quelconque raison,
38:30devaient mal tourner,
38:32et qu'on apprenait par la suite
38:34qu'on savait ce que les Russes avaient fait,
38:36ou du moins qu'on en avait un bon aperçu,
38:38et qu'on n'avait rien dit avant les élections,
38:40finalement,
38:42Obama accepte.
38:46Obama ne voulait toujours pas agir
38:48en son nom propre.
38:50Il fait appel à son directeur du renseignement,
38:52James Clapper,
38:54et à son ministre de la Sécurité intérieure,
38:56Jay Johnson,
38:58pour qu'ils fassent une déclaration
39:00en leur nom.
39:02Il espère ainsi que cela sera perçu
39:04comme un geste moins partisan.
39:06Mais ils achoppent sur la rédaction du texte.
39:08Jay Johnson est passé par de nombreuses réécritures,
39:10y compris dans la cellule de crise
39:12de la Maison Blanche.
39:14Chaque mot a été pesé pour trouver le ton juste
39:16et le message adapté.
39:18Le document final ne fait que trois paragraphes.
39:22Le gouvernement russe a organisé
39:24la récente divulgation d'emails
39:26de personnes et d'institutions américaines.
39:28On peut relever quelques éléments intéressants
39:30dans ce document.
39:32Premièrement, il ne donne aucun détail.
39:34Deuxièmement, il est incroyablement tardif.
39:36Il a fallu plus de deux mois
39:38aux gens du renseignement
39:40pour rédiger quelques phrases
39:42qui ne font que confirmer l'histoire
39:44dans ses grandes lignes.
39:48Mais aucune mention n'est faite
39:50de l'implication personnelle de Poutine.
39:56Ils ont préféré enlever le nom de Poutine
39:58dans la toute dernière mouture
40:00pour une question de source
40:02et de méthode,
40:04mais aussi par souci
40:06de ne pas vouloir apparaître trop provocant.
40:10Le texte ne disait pas
40:12qu'ils avaient des preuves, alors qu'ils en avaient.
40:14Il ne disait pas
40:16qu'ils avaient écouté des conversations
40:18qui mettaient Poutine directement en cause,
40:20alors qu'ils l'avaient fait.
40:22Ils ont simplement écrit
40:24« Cela a dû être ordonné par les plus hautes instances. »
40:26À la Maison Blanche,
40:28tout le monde retient son souffle.
40:30La déclaration est communiquée aux médias.
40:32J'ai vraiment cru
40:34que notre déclaration allait faire les gros titres.
40:38Ce n'était jamais arrivé
40:40que le gouvernement américain
40:42accuse une autre grande puissance
40:44d'avoir voulu s'immiscer dans notre démocratie
40:46et influer sur nos élections.
40:50Le texte doit sortir un vendredi après-midi.
40:54La Maison Blanche
40:56comptait lâcher ce texte un vendredi
40:58pour s'assurer d'une couverture médiatique maximale
41:00pendant tout le week-end.
41:02Ça allait être une grosse affaire.
41:06Les plus hautes instances du pouvoir russe
41:08ont autorisé des cyberattaques...
41:10On s'est dit qu'on tenait là un bon sujet.
41:12On a commencé à réfléchir
41:14comment le mettre rapidement sur notre site
41:16et changer notre une.
41:18Et là, une nouvelle encore plus dingue arrive.
41:20Merci, Pete.
41:22Et tout de suite, une info qui vient de tomber.
41:24NBC News vient de mentionner une vidéo
41:26qui montre Donald Trump
41:29C'est bien sûr la fameuse vidéo de Trump
41:31en train de se vanter de pouvoir faire
41:33ce qu'il veut avec les femmes
41:35puisqu'il est une star.
41:40Une information urgente
41:42de dernière minute.
41:44Le passé explose à la figure
41:46du candidat républicain
41:48Donald Trump.
41:50La nouvelle de la vidéo tombe à 16h.
41:54Et ça éclipse la nouvelle de l'ingérence
41:56de Poutine dans nos élections.
42:00La vidéo de Trump devient le scoop du jour.
42:04La vidéo d'Access Hollywood
42:06est sortie le même jour.
42:08Et les médias, comme des moutons,
42:10se sont tous précipités
42:12sur cette nouvelle botte de fourrage.
42:14L'enregistrement audio provoque
42:16une onde de choc dans la campagne.
42:18Biden estime que les commentaires de Trump...
42:20Les propos de Trump sont très offensants pour les femmes.
42:22On aurait dit une avalanche.
42:24Et la mise en garde
42:26que l'administration Obama voulait à tout prix
42:28faire passer avec sa déclaration
42:30s'est retrouvée ensevelue.
42:32Le camp de Trump s'est mis en mode catastrophe.
42:34La campagne de Trump
42:36va peut-être s'arrêter là.
42:38C'est la fin de la campagne.
42:40Il ne pourra pas s'en remettre.
42:42Et puis, quelques minutes seulement
42:44après la révélation de la vidéo de Trump,
42:46un nouveau coup de théâtre.
42:50Wikileaks se met à publier
42:52l'email de John Podesta
42:54intercepté par des hackers russes
42:56plusieurs mois auparavant.
42:58Mes emails n'ont fuité
43:00qu'au mois d'octobre,
43:02une heure après la révélation
43:04de la vidéo d'Access Hollywood.
43:08Je pense vraiment
43:10que cela a été fait sciemment
43:12pour détourner l'attention
43:14de la presse de cette histoire-là.
43:18Dernière minute.
43:20Wikileaks est sur le point
43:22de révéler des informations importantes
43:24sur la vidéo de Trump.
43:28J'étais en train de m'occuper
43:30des précédents emails de Wikileaks
43:32quand la nouvelle est tombée.
43:34Les gens ont tendance à oublier
43:36que s'il y a eu des moments très gênants
43:38pour Trump, nous, on a pris
43:40de plus en plus de coups tous les jours.
43:44Ce n'est qu'un début.
43:46La publication des emails de Podesta
43:48n'est pas un début.
43:50La vidéo d'Access Hollywood
43:52c'est comme l'explosion
43:54d'une supernova ce jour-là.
43:56Tandis que les emails de Podesta
43:58ressemblent plus à une mèche
44:00qui a été allumée au même moment
44:02et qui se consomme lentement
44:04pour finalement tout faire sauter
44:06peu avant les élections.
44:10À nouveau, les mêmes acteurs
44:12sont là pour faire caisse de résonance.
44:14Les trolls, les robots,
44:16le journal Trump lui-même.
44:32Tout le monde a sa part de responsabilité.
44:34Wikileaks, les Russes,
44:36la campagne de Trump qui n'a fait qu'amplifier
44:38le tout et la presse.
44:40Tous se sont focalisés sur Hillary Clinton
44:42de façon négative.
44:46Aujourd'hui, jour d'élection aux Etats-Unis.
44:50Après tout le chaos,
44:52les piratages et les fake news,
44:54le jour de l'élection arrive enfin.
45:00À Moscou, on observe les résultats.
45:02Les élections présidentielles
45:04ont commencé, pour l'instant seulement
45:06dans la petite ville de Dixville Notch.
45:08C'est difficile de croire que beaucoup de gens
45:10à Moscou pensaient que Donald Trump
45:12allait gagner.
45:14Puisque personne d'autre n'y croyait.
45:16Ils ont accès aux mêmes informations,
45:18aux mêmes sondages et aux mêmes
45:20analystes que nous.
45:22Et puis, l'impensable se produit.
45:24C'est incroyable !
45:26C'était l'euphorie.
45:28Tout le monde était tellement content,
45:30c'était une sacrée surprise.
45:38Tout le monde pensait qu'il y avait eu
45:40un arrangement secret entre les élites
45:42pour que Clinton soit élue.
45:44À la Douma,
45:46certains députés russes n'hésitent pas
45:48à lever leur gobelet de champagne.
45:54Ils ne s'attendaient pas à voir Trump gagner.
45:56Ils pensaient juste faire un peu saigner
45:58Clinton du nez,
46:00pas lui briser la nuque.
46:02L'élection de Trump est perçue
46:04comme une preuve de la puissance de Poutine.
46:08Pour le citoyen russe ordinaire,
46:10cela signifie que Poutine décide
46:12de la tournure des élections américaines.
46:14C'est bien la preuve
46:16de la grandeur de Poutine
46:18et de la Russie également.
46:24La victoire surprise de Trump
46:26et son lot d'incertitudes
46:28est l'un des plus grands chocs politiques
46:30de l'histoire des États-Unis.
46:32Le 20 janvier,
46:34le candidat soutenu par Poutine
46:36devient président des États-Unis.
46:40Je ne sais pas
46:42qui aux États-Unis
46:44pense que Poutine
46:46a fait élire Trump.
46:48Mais Poutine,
46:50lui, le croit.
46:52Trump a gagné les élections
46:54en faisant la promesse
46:56de rendre sa grandeur
46:58à l'Amérique.
47:00Mais l'histoire de l'ingérence russe
47:02est loin d'être terminée.
47:04Le nuage russe
47:06plane au-dessus de Trump
47:08et de son investiture.
47:10Il est toujours là des mois plus tard
47:12et il ne va certainement pas s'en aller
47:14avant la fin de son mandat.
47:16Jeff Sessions persiste
47:18à nier catégoriquement.
47:20Sa présidence est de plus en plus minée
47:22par une éventuelle collusion
47:24avec la Russie
47:26durant sa campagne.
47:28Cette histoire ne va pas s'arrêter là.
47:30Elle poursuit Trump.
47:32Il la voit à la télé,
47:34dans les journaux,
47:36la succursale américaine d'une banque russe
47:38sert de couverture aux renseignements russes.
47:40Le président Trump a démis
47:42James Comey, le directeur du FBI.
47:44Indignation après l'éviction de Comey.
47:46Vladimir Poutine
47:48est désormais au centre d'un scandale
47:50politique américain majeur.
47:52Le Sénat américain a adopté de nouvelles sanctions
47:54contre la Russie.
47:56Poutine est revenu sur le devant
47:58de la scène mondiale en faisant le matamor
48:00en disant
48:02la Russie est là.
48:04Il a provoqué d'énormes réactions hostiles
48:06à son rencontre et je ne sais pas
48:08où tout cela va nous mener.
48:12Le conflit
48:14entre la Russie de Poutine et l'Amérique
48:16ne fait que s'aggraver.
48:18Le président Donald Trump
48:20a communiqué des informations hautement confidentielles
48:22aux Russes.
48:24Pour monsieur Poutine,
48:26c'est un jeu à somme nulle.
48:28Si le président américain ou les Etats-Unis
48:30sont affaiblis aux yeux du monde,
48:32ils profitent forcément à la Russie.
48:34A mon avis, monsieur Poutine considère
48:36qu'il a remporté un énorme succès.
48:38La nomination d'un procureur spécial
48:40dans l'enquête sur Trump...
48:42Un espion.
48:44Un maître de la bureaucratie.
48:46Un homme fort.
48:48Dans sa quête de vengeance,
48:50Vladimir Poutine a jeté une ombre
48:52sur la démocratie américaine.
48:54Le procureur spécial Robert Mueller
48:56a délivré des citations...
48:58Poutine doit être assez content.
49:00Les Russes, personnellement,
49:02et les Russes, collectivement,
49:04ont dépassé leurs propres attentes.
49:06Leur but était de sommer le désordre
49:08dans ce pays.
49:10Et ils ont brillamment réussi.
49:12Facebook sur la sellette,
49:14après avoir admis que les Russes
49:16se sont servis de la plateforme.
49:18Et les Russes ne vont pas s'arrêter là.
49:20L'expérience qu'ils ont acquise
49:22lors des élections de 2016
49:24va les pousser à interférer à nouveau,
49:26peut-être de façon bien plus agressive.
49:29Paul Manafort et Rick Gates mis en examen.
49:31L'ancien directeur de campagne de Trump
49:33plaide coupable.
49:35Il plaide coupable et coopère pleinement
49:37avec les enquêteurs.