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Dans son édito du 18/09/2024, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]

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Transcription
00:00Je dirais d'abord, que se passe-t-il en Allemagne?
00:02Que se passe-t-il en Allemagne parce que l'Allemagne nous a habitués, depuis une dizaine d'années au moins,
00:08à une forme de messianisme migratoire qui faisait en sorte que la doctrine de l'Allemagne était la suivante,
00:14toujours plus d'immigration, toujours moins de frontières,
00:18et prenons les moyens nécessaires pour imposer l'immigration à ceux de nos voisins qui n'en veulent pas.
00:25Je rappelle le contexte. En 2015, Mme Merkel décide, dans le cadre de l'accueil des fameux réfugiés syriens,
00:32persuadée, et il n'y aura pas que des Syriens à travers ça, donc des colonnes de migrants montent vers l'Europe.
00:39Et pourquoi montent-ils vers l'Europe? Parce que l'Allemagne a dit « vous êtes les bienvenus ».
00:43L'Allemagne, à ce moment-là, accepte de prendre une responsabilité, de prendre à sa charge le destin de l'ensemble de l'Europe
00:49et d'imposer une véritable révolution migratoire à l'ensemble de l'Europe.
00:53Alors, qu'on se comprenne bien, c'était commencé depuis très longtemps.
00:56Mais là, l'accélération que nous connaissons en étant présents, nous la devons à l'Allemagne 2015 et ce qui suivra.
01:02L'Allemagne qui, je tiens à le rappeler, avait inventé une forme de doctrine de la souveraineté limitée,
01:08un peu à l'abri à Genève, mais portée par les Allemands, pour les pays d'Europe de l'Est qui disaient « nous ne voulons pas de répartition ».
01:13Et l'Allemagne disait « si vous ne prenez pas votre part d'immigrés, de réfugiés,
01:19eh bien nous allons plaider pour couper les fonds européens qui vous sont destinés ».
01:23Donc, l'Allemagne voulait utiliser l'Europe pour imposer sa domination aux pays qui l'entourent.
01:30Comme quoi, vous me répondrez que l'Allemagne demeure l'Allemagne, finalement.
01:33On ne change pas.
01:35Mais là, que se passe-t-il ?
01:37L'Allemagne, qu'il ne soit distant pas ça, ajoutons une chose.
01:39Il y a eu des mouvements de résistance populaire en Allemagne à cette immigration massive.
01:43Les élites allemandes nazifiaient les populations qui manifestaient,
01:48les présentaient comme d'une forme de renaissance de l'hitlérisme
01:51et dès lors, toute résistance à l'immigration massive, c'était le retour du troisième Reich.
01:56Et là, basculement, basculement, basculement. Pourquoi ?
02:00On le sait, dans le cas de Mme Merkel, il s'agissait presque de laver l'âme de son pays
02:04pour payer les crimes commis par l'Allemagne au XXe siècle.
02:07On peut comprendre quand on est Allemand, mais est-ce que les Européens ont toujours payé la note des Allemands ?
02:12Une fois que c'est dit, grand, grand revirement avec M. Scholz ces dernières semaines.
02:16Mais changement de doctrine, pas réorientation partielle de la doctrine.
02:20Changement de doctrine, retour aux frontières nationales, retour à la souveraineté nationale.
02:25Pour un temps, bien évidemment, pour six mois, c'est temporaire,
02:28mais cette idée qu'il faut restaurer la souveraineté nationale allemande en matière d'immigration.
02:34Donc là, spontanément, tous les partisans d'une limitation de l'immigration vont dire bravo, vive les Allemands.
02:39Une drôle de phrase.
02:41Mais au même moment, l'Allemagne dit, un instant, si nous voulons reprendre le contrôle,
02:47nous ne voulons pas pour autant stopper l'immigration massive.
02:50Et l'Allemagne, au même moment, multiplie, annonce des ententes avec des pays d'Afrique,
02:55en disant notamment le Kenya, pour favoriser une immigration légale plus importante vers l'Allemagne,
03:01apparemment pour répondre aux besoins de main-d'oeuvre tels que ressentis par le patronat.
03:06Donc l'Allemagne ne dit pas moins d'immigration.
03:09L'Allemagne dit l'immigration autrement pour peu que nous en maîtrisions les paramètres.
03:15Ce n'est pas exactement la même chose.
03:18Ensuite, au-delà de l'Allemagne, petit mot, je n'oublie pas,
03:23c'est en bonne partie le milieu industriel allemand qui plaide pour cette immigration massive,
03:27parce qu'on peut voir dans l'immigration massive une forme de subvention indirecte pour les milieux patronaux
03:33qui ne sont pas capables de se moderniser autrement.
03:35Donc on fait venir la main-d'oeuvre pour être capable de soutenir des entreprises
03:38qui sinon ne seraient plus concurrentielles aujourd'hui.
03:41Cela dit, revenons au point central, le retour au niveau national.
03:44Un retour au niveau national, on pourrait dire qu'il y a un effet domino.
03:46Quand un reprend ses frontières, les autres veulent reprendre leurs frontières.
03:49C'est le cas des Néerlandais.
03:51Les Néerlandais disent, nous allons tôt ou tard, et plus tôt que tard,
03:55ramener au niveau national la politique d'immigration.
03:58Donc on va globalement sortir à notre manière les traités européens,
04:01sans les congésier, mais on va s'en dégager,
04:04et on va rendre notre pays inhospitalier aux migrants.
04:07C'est-à-dire, vous ne venez pas chez nous, vous n'allez pas avoir tous les avantages que vous espérez trouver en Europe.
04:12Donc, limitation du droit d'asile, limitation du droit au regroupement familial.
04:16Les Pays-Bas envoient ce signal.
04:18La Suède, je le dis rapidement, on en a déjà parlé.
04:22La Suède dit, l'aide au retour.
04:2430 000 euros pour retourner chez vous, pour les migrants qui pourraient retourner chez eux.
04:29Dans les années 80, on appelait ça l'aide au retour.
04:32Aujourd'hui, on appelle ça la remigration.
04:34Je constate que le gouvernement suédois, aujourd'hui,
04:37s'approprie une pratique qui s'appelle la remigration, bien qu'il la nomme autrement.
04:42Il va falloir en tenir compte dans le débat public, savoir si les Suédois sont devenus nazis entre-temps.
04:46Mais ce qui m'intéresse, c'est de voir que la Suède propose ce tourment.
04:51Et qu'il y aura normalement un déficit migratoire, une première depuis 50 ans.
04:54Et vous avez tout à fait raison de le dire.
04:56Parce que la Suède est un pays qui a changé totalement.
04:58Plusieurs pays européens ont beaucoup changé sous la pression de l'immigration.
05:01La Suède est un des pays qui a le plus changé sous la pression de l'immigration.
05:04Alors, prenez tout ça ensemble.
05:06Est-ce qu'on pourrait se dire, parce que c'est une question présentement,
05:08est-ce que nos élites, globalement, en Europe, ont une forme d'illumination intellectuelle?
05:14Ah, bien, on n'a pas le choix, c'est nécessaire, il faut resserrer les frontières,
05:17il faut avoir des mesures plus fermes.
05:19Non. Ce qu'on a vu dans les faits, c'est une poussée partout des droites nationales
05:24qui forcent les élites à tenir compte de cette contestation,
05:28à tenir compte de cette pression populaire qui dit,
05:30un instant, il y en a beaucoup trop, il faut stopper la machine, ou à tout le moins la ralentir.
05:36Le seul pays qui, pour l'instant, décide, pas le seul,
05:39mais un des pays qui, pour l'instant, s'entête à ne pas pratiquer ces mesures de resserrement,
05:44c'est plutôt la France, qui semble croire à un autre modèle d'intégration,
05:47où à tout le moins l'immigration y reviendra.
05:49Mais cela dit, j'y reviens, volonté de contrôler l'immigration,
05:52mais l'immigration illégale, la contenir, l'immigration légale, l'augmenter souvent.

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