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Dans son édito du 14/09/2024, Mathieu Bock-Côté revient sur le grand revirement de l'immigration en Europe.

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Transcription
00:00Alors, peut-être, mais peut-être un tout petit peu.
00:03Alors, je m'explique, ces mesures, et nous reviendrons sur plusieurs d'entre elles,
00:07ces mesures nous sont présentées comme étant relevant d'une forme de basculement politique,
00:13de basculement politique majeur, donc une forme de révolution en chaque pays sur la question migratoire.
00:19L'Allemagne, c'est un bon cas, on va commencer avec ce cas parce que c'est assez intéressant.
00:23L'Allemagne, effectivement, suite, soit dit en passant, c'est pas un détail,
00:26à la victoire de l'AFD, donc le parti de droite nationale en Thuringie, et un succès réel en Saxe,
00:33eh bien le système politique allemand a voulu envoyer le signal qu'il prenait au sérieux la question de l'immigration
00:41et qu'a décidé de faire le système politique allemand, en fait l'État allemand,
00:46eh bien d'appliquer le gouvernement de Berlin, de restaurer les frontières allemandes.
00:51De restaurer les frontières allemandes de manière telle, c'est assez étonnant,
00:54une mesure qui fait penser au programme d'URN et de reconquête, au moment des Européennes notamment.
01:00Donc, on nous expliquait à ce moment que c'était un Frexit, ou ce sera un German Exit aujourd'hui,
01:06on dirait que c'était inimaginable sans rompre l'Europe,
01:09or la mesure inimaginable est aujourd'hui portée par le gouvernement allemand.
01:15Alors, on s'entend, c'est pour six mois, et les Allemands disent,
01:18on va attendre tant que l'Europe ne sera pas capable d'opérer de sa propre manière la protection de ses frontières,
01:24eh bien on va restaurer les frontières nationales.
01:26Donc, on peut avoir l'impression dans ce cas-là que l'Allemagne met un cran d'arrêt à l'immigration.
01:32Mais au même moment, l'Allemagne a signé avec le Kenya et signe avec d'autres pays,
01:36de nombreux programmes pour favoriser la venue de travailleurs spécialisés pour la pénurie de main-d'oeuvre,
01:43la pénurie de personnel sur le marché du travail.
01:46Donc, au même moment où on dit maîtriser l'immigration illégale, contenir l'immigration illégale,
01:51on est sur l'accélération de l'immigration légale.
01:54Or, si on prend en sérieux la question de l'immigration massive,
01:58l'immigration massive, ce n'est pas que l'immigration illégale, c'est aussi l'immigration légale.
02:03Donc, l'Allemagne, d'un côté, ferme une porte pour en ouvrir une autre de l'autre côté.
02:08Les pays, ben maintenant, ça c'est très intéressant,
02:11volonté de durcir, de resserrer la politique, notamment qui touche aux droits d'asile,
02:17au regroupement familial, aux réfugiés.
02:20Donc, on est avec les Pays-Bas dans une volonté, autrement dit, de sortir du logiciel
02:26hérité globalement des années 50 et des années qui ont suivi,
02:30le logiciel qui nous dit le droit d'asile est le droit sacralisé entre tous en Occident.
02:36Alors, ce qu'on constate aujourd'hui, c'est que le droit d'asile ne correspond plus aux vagues migratoires
02:41que nous connaissons aujourd'hui dans le monde occidental.
02:43Donc, les Pays-Bas disent on va rompre avec cela, en bonne partie,
02:47et on va aussi sortir, s'il le faut, du cadre européen en matière migratoire.
02:52Donc, sortie du cadre européen.
02:54Le cadre européen ne fonctionne pas, restauration de la souveraineté nationale.
02:57Mais qu'est-ce qu'il y a derrière ça aux Pays-Bas?
03:00Il y a eu des élections il y a quelques mois, et qu'est-ce qu'on a vu?
03:03Alors, la configuration politique aux Pays-Bas est différente dans France.
03:07On pourrait dire que l'équivalent du parti macroniste et du parti lépéniste
03:11ont fait alliance pour former un gouvernement.
03:15Donc, c'est l'alliance aux Pays-Bas d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen pour former un gouvernement.
03:20Le cordon sanitaire n'est pas présent.
03:22Je note, c'est donc le parti de M. Vallières notamment,
03:25je note qu'à ce moment, la porte-parole de la tendance macroniste au Parlement européen,
03:31Mme Ayé, s'était scandalisée en disant que c'était absolument affreux.
03:34En Suède maintenant, en Suède, c'est très intéressant,
03:37c'est la fameuse question des aides au retour.
03:40Donc, on va utiliser un mot, en prenant tous les guillemets nécessaires,
03:43dans l'esprit des Suédois, qu'est-ce que c'est?
03:46C'est une politique de « remigration limitée », entre guillemets.
03:49C'est-à-dire des gens qui sont aujourd'hui en Suède,
03:52on les invite à repartir en leur donnant les moyens de repartir,
03:56en augmentant significativement les fonds pour l'aide au retour.
04:01La politique en question existait depuis les années 80,
04:04mais elle était très peu utilisée.
04:06Là, le gouvernement suédois décide de la mettre de l'avant
04:09pour favoriser cette aide au retour,
04:11dans une politique de lutte contre l'immigration massive encore une fois.
04:14Que s'est-il passé en Suède il y a quelques mois, il y a quelques années en fait?
04:18Des élections où les démocrates de Suède,
04:20le parti de droite nationale, populiste, a percé
04:23et il met une pression sur le système politique en Suède.
04:27En Italie, je vais plus rapidement parce qu'on en a beaucoup parlé ces derniers temps,
04:31on avait dit des politiques de Giorgia Melloni,
04:33ça ne fonctionne pas, ça ne fonctionnera pas,
04:35et on se réjouissait que ça ne fonctionne pas, soit dit en passant.
04:382023. 2024, on constate une chute significative de l'immigration illégale en Italie.
04:45Donc ça, c'est une donnée.
04:47Qu'est-ce qu'on voit à travers tout ça?
04:49On pourrait presque réfléchir, c'est pour ça que je disais,
04:51un tournant un petit peu.
04:53On constate que le volontarisme politique peut fonctionner
04:57pour contenir l'immigration massive.
05:00On constate que les politiques mettent davantage l'accent
05:04sur l'immigration illégale que sur l'immigration légale,
05:07mais on constate qu'ils veulent envoyer le signal à la population
05:11qu'ils ont compris quelque chose.
05:13J'ajoute deux pays à ce portrait.
05:16Le Danemark, ça c'est plus ancien, mais qu'est-ce qui s'est passé au Danemark
05:20quand la gauche s'est approprié le programme de la droite populiste
05:24pour appliquer une politique de rupture avec l'immigration massive,
05:27avec cette idée dont on a souvent parlé sur ce plateau,
05:30qu'on ne peut pas avoir l'immigration massive et l'état de providence à la fois.
05:33Et n'oublions pas ce qui s'est passé en Hongrie cette semaine,
05:35quand la Hongrie a voulu envoyer, sur le mode de la provocation,
05:38des migrants à Bruxelles en disant « vous en voulez, vous en aurez, nous n'en voulons pas ».
05:43Donc à travers tout ça, qu'est-ce qu'on voit?
05:45On voit une volonté d'envoyer un signal politique.
05:48Reste à voir de quelle ampleur il se signale.

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