Dans son édito du 03/09/2024, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]
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00:00Je n'irai pas jusque-là, mais commençons d'abord par noter que commenter cette actualité
00:07en ce moment, j'ai l'impression de commenter une espèce de jeu de farce et attrape, et
00:12on regarde ça, donc le président de la République joue avec chacun d'entre eux, avec les hommes
00:16politiques, avec les femmes politiques, et il leur dit « c'est peut-être ta chance,
00:19ah non, c'est peut-être toi, ah, c'est ton grand retour, mais tu peux être éjecté
00:23demain », et on a l'impression d'être devant une scène qui relève davantage des
00:27jeux d'enfants, avec peut-être un maître cruel qui s'amuse à neutraliser ou broyer
00:32le crâne de chacun d'entre eux, ou alors, de l'autre côté, on est devant une espèce
00:35de désincarnation de la politique comme on ne l'a pas vu depuis longtemps.
00:39Je laisse de côté le côté, c'est le retour du carousel, revenons effectivement à la
00:43proposition du jour, ou plutôt revenons aussi aux exclus du jour.
00:46Hier, il n'y avait qu'un nom, Thierry Baudet, on se dit « ça y est, c'est le bon, ça
00:50y est, c'est lui », mais finalement, ce n'est pas lui, et on a presque déjà oublié
00:54son nom.
00:56Oui, je pense que vous êtes le premier à le faire.
01:00Ensuite, il y a Bernard Cazeneuve, Bernard Cazeneuve, ça me semblait un nom presque
01:05crédible, ça revenait souvent, mais là, on a compris que la gauche n'en voulait pas,
01:10et plus encore, Manon Aubry a dit « est-ce que Bernard Cazeneuve est encore de gauche
01:15? », autrement dit, a-t-il renié ? Est-il désormais un hérétique qui a renié sa foi
01:20? Ce qui nous rappelle une chose fondamentale, en politique, on ne décide pas si on est
01:24gauche, c'est la gauche qui décide si on est avec elle, Bernard Cazeneuve, sans
01:27le vouloir, est devenu un homme de droite, je devine qu'il ne l'assume pas, mais
01:31ce n'est pas lui qui décide.
01:32Donc, nouveau tour de carousel, on ressort aujourd'hui Xavier Bertrand, qui en est,
01:37je crois, à son troisième tour dans l'actualité récemment, récente, dis-je, et là, ça
01:42semble crédible, attention, demain, il y aura peut-être un autre nom, mais ça semble
01:45crédible, pourquoi ? Parce qu'il y a la possibilité, peut-être, de construire une
01:50majorité, laquelle on verra, mais il est soutenu, à la différence de M. Cazeneuve,
01:55par son propre camp.
01:56Son propre camp, c'est les LR, vous me direz que c'est un tout petit camp, ce n'est
02:00plus grand-chose, mais c'est quand même quelque chose, exister, c'est déjà bien.
02:04Donc, Xavier Bertrand est soutenu par ces gens qui disent « oui, oui, d'accord, on
02:08le soutient, ça peut être notre candidat, mais à deux conditions.
02:12La première, c'est de s'assurer qu'il ne soit pas censuré, donc ça nous amène
02:16à la question du RN, j'y arrive dans un instant, et la deuxième, qu'il puisse mener
02:21une politique qui ne soit pas seulement celle du président de la République, qui soit
02:25une politique de droite.
02:26Mais, qu'est-ce qu'une politique de droite, chez Xavier Bertrand, qui s'est distinguée
02:32par son refus des politiques de droite dans son propre camp ? Il ne faut pas oublier,
02:35il avait quitté les LR version Wauquiez, parce que c'était trop à droite.
02:39Donc, il y a une droite Bertrand qui n'est pas la droite Wauquiez, qui est par ailleurs
02:44le patron de la droite en ce moment, il faut avoir tout ça à l'esprit.
02:47Et il est-il revenu pour la présidentielle ?
02:49Bien sûr, il est revenu ensuite.
02:50Alors, c'est très particulier, parce que c'est une forme d'aller-retour, aller-retour,
02:54mais cela dit, je pense qu'on pourrait dire de lui qu'il incarne une forme de droite
02:58de centre-gauche.
02:59C'est-à-dire, il appartient historiquement à cette famille politique, mais sur le plan
03:03programmatique.
03:04C'est un homme qui, idéologiquement, n'appartient pas à la droite refondée telle qu'on la
03:08connaît intellectuellement depuis quelques années.
03:10J'ajoute, faut-il l'oublier, parce qu'on va le lui rappeler aussi aujourd'hui, que
03:14c'est un homme qui préférait voter pour un communiste plutôt que pour l'Union des
03:19droites.
03:20Donc, entre le communisme héritier de Staline, de Lénine, de Mao, de Pol Pot, c'est quand
03:25même, le communisme, c'est chargé en matière d'héritage, ou l'Union des droites qui
03:28hérite, à ce que j'en sais, pas d'une telle tradition totalitaire, il choisissait
03:33ça.
03:34Peut-être une erreur de jugement.
03:35Il avait aussi dit, cela dit, qu'il préférait les communistes aux identitaires.
03:39C'est une préférence marquée pour les communistes dans les circonstances.
03:43Peut-être, est-ce que ça peut le servir à l'Assemblée ? Ce n'est pas un détail.
03:46Mais, évidemment, on pourrait dire au RM, parce que Xavier Bertrand s'est souvent essuyé
03:54les pieds sur le RM, il y a une réaction très vive.
03:57Et aujourd'hui, les premiers alliés du RM, Rex Yossi le premier, a dit non merci, désolé,
04:03on vous censure si vous arrivez, on ne veut pas de vous, je le cite, le groupe UDR à
04:08l'Assemblée nationale, censura évidemment tout gouvernement qui aurait à sa tête Xavier
04:13Bertrand.
04:14Il a été jusqu'à appeler à voter communiste, pour faire barrage à l'Union des droites,
04:18insultant au passage 11 millions d'électeurs.
04:21Impossible d'accorder notre confiance à ces années d'ambiguïté et de trahison.
04:25Donc, c'est assez clair, les alliés RN disent, on ne veut pas de lui.
04:31Au RN aussi, directement, on a annoncé au fil de la journée qu'il y aurait un blocage,
04:36qu'il y aurait censure contre Xavier Bertrand, globalement, parce qu'on l'accusait de
04:40rnophobie.
04:41Ce n'est pas le terme, mais je pense que ça décrivait l'état d'esprit.
04:43Je cite un propos qui vient de la direction du RN, il est insultant et outrancie envers
04:49le RN.
04:50Donc autrement dit, on dit non merci, vous nous avez insulté, il y a quand même des
04:53saintes limites à accepter cela.
04:54Il y a aussi une autre critique qu'on a entendue, elle a été portée notamment par Sébastien
04:58Chenu, mais ce n'est pas le seul au RN, qui dit Xavier Bertrand est trop faible sur les
05:02questions de lutte contre l'islamisme.
05:05Donc il faut savoir que puisqu'il serait trop faible sur les questions liées à l'islamisme,
05:08puisqu'il serait complaisant envers les communistes au point même de les préférer à l'Union
05:11des droites, le RN dit on va vous censurer finalement.
05:15Au final, le RN a même ajouté aujourd'hui qu'il censurerait Bertrand, qu'il censurerait
05:20Cazeneuve, qu'il censurerait Baudet.
05:22Autrement dit, il censure les candidats qui surgissent en ce moment.
05:25Cela remet assurément le RN au cœur du jeu, parce qu'il a la capacité de dire non et
05:30de ce point de vue, de faire tomber les têtes.