Anne Fulda reçoit Guillaume Perilhou pour son livre «La Couronne du serpent» dans #HDLivres
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00:00Bienvenue à l'Heure des Livres, Guillaume Périlou.
00:01Merci.
00:02Alors, vous avez reçu ici même pour votre premier roman,
00:05Ils vont tuer vos fils,
00:07paru il y a deux ans.
00:08Et vous venez de publier La couronne du serpent,
00:10un livre qui est paru aux éditions de l'Observatoire,
00:13un livre qui intéressera tous ceux qui ont aimé
00:17La mort à Venise de Thomas Mann,
00:18mais aussi le film qui a été adapté,
00:22le film de Visconti.
00:24Est-ce que, pourquoi vous êtes intéressé
00:28à celui qui joue Tadjo dans le film,
00:31à cette histoire ?
00:32Parce que c'est un livre ou un film qui vous a marqué ?
00:35Oui, déjà, moi, j'ai vu le film quand j'avais 15 ans.
00:40Sur recommandation de mes parents, j'avais 15 ans
00:43et l'acteur, le personnage principal du film,
00:46avait 15 ans aussi.
00:48Il m'en est resté un souvenir assez diffus, si je puis dire,
00:52et aussi un souvenir de malaise.
00:54Et c'est des années après,
00:55en le revoyant, que j'ai compris pourquoi.
00:57C'était évidemment fait à dessein pour distiller le trouble.
01:01Thomas Mann voulait le faire dans sa nouvelle déjà.
01:05Le trouble naît du désir d'un vieil homme
01:07pour un jeune adolescent.
01:11Et ce qui m'a intéressé, c'est de savoir que,
01:13justement, Björn Andresen, qui est un acteur suédois
01:16qui a quelque 67, 68 ans aujourd'hui,
01:19raconte avoir été détruit par ce film.
01:23Détruit, non pas parce qu'il se serait passé
01:25quoi que ce soit de problématique au moment du tournage.
01:28Au contraire, il avait 15 ans,
01:30mais il a été protégé par Visconti,
01:33mais il a été détruit par la suite, par la réception du film,
01:37par le fait qu'il a incarné le désir à l'âge de 15 ans,
01:41ce qu'il n'était pas prêt à faire et qu'il le serait,
01:45si je puis dire, le désir d'un réalisateur,
01:48le désir d'un vieil homme et le désir aux yeux du monde entier
01:51qu'il a vu comme tel.
01:52Alors déjà, vous le racontez notamment dans le livre,
01:55ce qui est étonnant, c'est comment il arrive à être choisi.
01:57C'est à dire qu'il y a eu des auditions qui ont été passées,
02:02notamment en Suède, en Finlande, à la recherche de ce garçon.
02:07Exactement, qu'il a appelé le garçon le plus beau du monde, d'ailleurs.
02:12Et c'est comme ça que Visconti l'a surnommé.
02:14Et la presse ensuite l'a surnommé.
02:16Visconti, il voulait trouver celui qui se rapprocherait
02:20le plus de l'image qu'en avait dépeinte Thomas Mann.
02:24Il avait commencé par chercher en Italie, évidemment,
02:27puisque Visconti est italien.
02:29Il a eu du mal en Italie à trouver un grand blond.
02:32Donc, il est allé dans les pays du Nord, en Allemagne, en Suède,
02:37où il l'a trouvé, donc en 1970, à Stockholm.
02:42Björn Andresen, il avait 15 ans.
02:44Il avait déjà joué un rôle secondaire dans un film.
02:48Et en fait, le cinéma, c'était la volonté de sa grand-mère.
02:51Sa grand-mère qui voulait faire de lui une star de cinéma.
02:55Et on lira dans ce livre que Björn Andresen, il s'est souvent demandé
03:00si c'était vraiment son désir à lui.
03:01Est-ce qu'il a bien fait de suivre, finalement, le désir qui pouvait être
03:04peut-être celui d'un autre ou d'une autre ?
03:06Oui, ce qu'il raconte, parce qu'en plus, il est orphelin.
03:09Donc, c'est vrai qu'il bascule dans un monde qui le fascine.
03:13Enfin, c'est ce qui est normal.
03:15Il se retrouve à côtoyer les célébrités, à Cannes.
03:20C'est un autre monde.
03:21Et ce qui est intéressant, c'est qu'à côté de cette histoire,
03:23vous racontez aussi les échanges qu'a visconti avec Helmut Berger,
03:28avec Maria Callas, avec Helmut Berger.
03:31C'est amusant, d'ailleurs, parce qu'il lui promet qu'il ne fera plus tourner
03:34deux longs, parce que Berger est un peu jaloux.
03:37Il lui explique comment il a choisi la musique de ce film,
03:41Adagietto, de La cinquième de malheur, qui est une musique
03:44qui ajoute beaucoup à ce qu'est le film.
03:49Comment vous avez travaillé ?
03:50Parce qu'on a l'impression que c'est le cas, d'ailleurs.
03:54Mais les faits réels et romans ?
03:56Oui, absolument.
03:57En fait, l'idée était de se mettre dans la peau de ces deux personnages
04:01principaux, Visconti et Björn Andresen, d'écrire,
04:04puisque c'est un roman épistolaire, des lettres qu'ils auraient écrites,
04:08de se mettre dans leur esprit.
04:11Et effectivement, Maria Callas est un petit peu en arrière-plan,
04:15si je puis dire, parce qu'elle était très proche de Visconti.
04:18Donc, il va lui écrire à elle pour lui raconter le tournage,
04:21pour lui raconter ce qui se passe.
04:22Il écrit aussi à Helmut Berger,
04:24qui était cet acteur autrichien qui était finalement,
04:28j'allais dire aussi la muse de Visconti, en tout cas une des muses de Visconti
04:32et qui a été son compagnon jusqu'à la fin de la vie de Visconti.
04:37Et en fait, j'ai voulu mettre en parallèle,
04:39si vous voulez, si je puis dire, la déchéance d'Helmut Berger
04:42avec celle de Björn Andresen, parce qu'en fait, si on s'y intéresse,
04:46on va voir que Visconti a aussi abîmé grandement Helmut Berger,
04:53qui, après le film Ludwig et l'interprétation qu'il en a faite,
04:57a dû séjourner en hôpital psychiatrique.
04:59Et tout ça, ça m'intéressait parce que je me suis posé la question
05:02dans ce roman de savoir qu'est-ce qu'un réalisateur peut faire ?
05:05Un réalisateur de cinéma sur son plateau a toujours longtemps
05:09été considéré comme tout puissant, tout puissant sur ses acteurs,
05:13jusqu'à faire de ses acteurs des marionnettes
05:17et quelque part les détruire par la simple volonté
05:21de les placer dans telle ou telle situation de manipulation aussi.
05:26D'où le titre, mais ça, vous comprendrez en lisant le livre.
05:30En tout cas, je vous conseille vraiment ce livre.
05:32Ça s'appelle La couronne du serpent.
05:34C'est un livre parmi les éditions de l'Observatoire.
05:36Merci beaucoup, Guillaume Puri-Loup.
05:37Merci Anne Fulda.