Cyril Hanouna - Michel Barnier : «La situation budgétaire est très grave»

  • il y a 13 heures

Aujourd'hui dans "On marche sur la tête", Cyril Hanouna et ses invités débattent de la situation budgétaire de la France.
Retrouvez "On marche sur la tête" sur : http://www.europe1.fr/emissions/on-marche-sur-la-tete

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00:00Merci Eric Heyer d'être avec nous. Vous avez vu ce qu'a dit le Premier ministre Michel Barnier. Il est arrivé,
00:04il a regardé les comptes, et les gars, eh ben voilà, on est dans la merde. Merci, il a fermé le livre,
00:09terminé, merci, on va appeler Bruno Le Maire. Qu'est-ce que t'as fait Bruno ?
00:12Non mais c'est un truc de fou. On va redire aux auditeurs ce qu'il a dit, et après Eric Heyer va nous éclairer là-dessus.
00:18Oui, il dit qu'il demande l'état des comptes publics et qu'il s'inquiète évidemment du dérapage,
00:243200 milliards de dettes, et qu'il explique qu'il découvre la situation financière depuis 15 jours qu'il est à Matignon, et donc
00:32pourquoi il dit cela ? Parce que c'est pour
00:35contrecarrer la polémique sur cette rumeur un peu alimentée par Matignon, qui ne dément pas formellement,
00:42et alimentée complètement par Gérald Darmanin, sur la hausse des impôts pour une partie des entreprises et pour les ménages les plus aisés.
00:50Alors, c'est tout ?
00:52Sauf si vous voulez que je vous fasse toutes les coulisses, mais
00:54oui, c'est ce que dit Michel Barnier.
00:56Merci, heureusement que vous êtes là.
00:58Vous vous liez au mot-près ?
01:00J'ai au mot-près, si vous le souhaitez.
01:02Valérie Bénahim va le faire.
01:04Non mais je le laisse, si vous voulez.
01:06Non, non, non, Valérie va le dire.
01:08Elle a une plus belle voix en plus.
01:10Pour les auditeurs d'Europe 1, ça fait du bien.
01:12Moi je vous racontais, je ne vous lisais pas.
01:14Non mais c'est bon, regardez-moi, allez vous coiffer.
01:16Donc, ce qu'a dit Michel Barnier.
01:18La situation budgétaire du pays que je découvre est très grave.
01:20J'ai demandé tous les éléments pour en apprécier l'exacte réalité.
01:22Cette situation mérite mieux
01:24que des petites phrases.
01:26Elle exige de la responsabilité.
01:28Mon objectif est de retrouver le chemin de la croissance
01:30et de faire progresser le niveau de vie des Français.
01:32Alors que nous sommes déjà le pays
01:34où la charge des impôts est la plus forte.
01:36Il ajoute qu'il se dit
01:38très concentré sur la constitution prochaine
01:40d'un gouvernement d'équilibre pour traiter
01:42avec méthode et sérieux les défis du pays
01:44et répondre aux attentes des Français.
01:46Merci, alors je vais vous dire, déjà moi là,
01:48excusez-moi, 17h22, Europe 1,
01:50on le sait,
01:52on est les champions du monde des impôts,
01:54on va encore augmenter les impôts, on voit bien que ça ne marche pas.
01:56On voit bien que ce n'est pas là qu'il faut aller.
01:58Excusez-moi les gars, on est les champions du monde des impôts.
02:00C'est le seul truc où on est les champions du monde.
02:02À part les brushings avec Valérie Vénanime.
02:04Donc les mecs, là il y a un problème.
02:06Donc ça déjà, je pense que c'est une connerie.
02:08Il faut réduire les dépenses, les impôts,
02:10et je sais même...
02:12Il faut réduire les dépenses, mais il a dit que réduire
02:14les dépenses n'était pas suffisant.
02:16Mais à un moment on est les champions du monde des impôts.
02:18La France aussi le dit.
02:20Bien sûr, parce que vous voulez quoi ?
02:22Vous d'Artigol savez très bien que vous allez passer à travers
02:24les mailles du filet.
02:26Il sait très bien qu'il ne va pas payer plus d'impôts lui.
02:28Il y en a qu'un ici.
02:30Il y en a qu'un ici qui va payer plus d'impôts.
02:32C'est qui ?
02:34C'est peut-être moi.
02:36Moi je n'en ai rien à foutre.
02:38Vous avez toujours dit que vous vouliez payer des impôts si on voyait les résultats.
02:40Justement, j'en parlais avec Eric Ayer dans un instant.
02:42Il va nous dire si on va payer plus d'impôts.
02:44Il va nous dire s'il y a encore des raisons
02:46de t'y croire.
02:48Parce que là franchement, 3200 milliards de dettes,
02:50moi quand j'ai 320 balles de dettes,
02:52déjà je suis comme ça.
02:54Les mecs, je suis en portable, je suis en train de vibrer.
02:56Vous allez pour 1000 euros d'impôts ?
02:58Je vais vous dire dans un instant, pour 1000 euros d'impôts,
03:00où vont 1000 euros d'impôts ?
03:02Donc Valérie Bénahim, vous pourrez calculer
03:04pour 1 million d'euros d'impôts par an.
03:06Vous allez voir, vous n'avez qu'à rajouter 2 zéros partout.
03:08D'accord.
03:10Merci Valérie Bénahim, c'est pour vous.
03:12On sait un petit peu ce que vous palpez aujourd'hui.
03:14Vous restez avec nous sur Europe 1.
03:16Eric Ayer va répondre à toutes nos questions dans un instant.
03:18Vous nous appelez 0180 20 39 21
03:20sur Europe 1 et merci Eric d'être avec nous.
03:22Ça va être là, ça va être de votre demi-heure
03:24jusqu'à 18h. On n'est qu'avec vous,
03:26on arrête tout et plus d'info people, vous pouvez rentrer chez vous Fabien.
03:28Allez, on est tout de suite sur Europe 1.
03:30Europe 1, 16h, 18h.
03:32On marche sur la tête, Cyril Hanouna.
03:36Merci d'être avec nous.
03:38Merci d'être avec nous sur Europe 1.
03:40Olivier d'Artigolle,
03:42il est cuit là.
03:44Il nous a quittés. Ça va Olivier ?
03:46Merci d'être là.
03:48Les Chiriciens, tout de suite,
03:50je voulais vous dire merci. Je voudrais qu'on remercie Eric Ayer
03:52d'être avec nous, économiste.
03:54Eric Ayer, on a eu le Premier ministre
03:56qui a dit que la situation budgétaire est très grave.
03:58Est-ce que c'est une catastrophe ou pas ?
04:00Non, il ne faut pas exagérer.
04:02Parce que vous êtes sympas.
04:04Parce qu'Eric, il est bien,
04:06on aime bien, il est beau gosse, donc forcément
04:08il essaie de nous rassurer.
04:10Est-ce qu'ils vont aller piocher dans l'épargne ?
04:12Vous voulez faire peur à tout le monde ?
04:14D'abord, est-ce que c'est la catastrophe ?
04:16Est-ce que les marchés financiers nous le font payer ?
04:18Pour l'instant, non.
04:20On n'a aucun problème pour financer notre dette.
04:22Les agences de notation nous ont certes dégradé,
04:24mais ils notent 18 sur 20.
04:26Vous pouvez dire, 18 sur 20, c'est moins bien que 20,
04:28mais quand mes filles me ramènent un 18 sur 20,
04:30je leur dis, c'est bien, j'ai passé la catastrophe.
04:32Moi, mon fils, quand il me ramène un 18 sur 20,
04:34il ne m'en ramène pas.
04:36C'est la catastrophe quand vous avez 18 sur 20.
04:38Pour l'instant, il ne faut pas dire que c'est la catastrophe,
04:40il faut dire simplement qu'on n'est pas dans une bonne dynamique,
04:42et attention, on ne comprend pas
04:44pourquoi les déficits ne baissent pas.
04:46Donc ça, on peut s'y intéresser deux minutes.
04:48Avant la crise financière,
04:50donc 2018-2019,
04:52les déficits étaient de 2,3, 2,4,
04:54c'était sous contrôle.
04:56Il y a eu une crise sanitaire,
04:58avec un quoi qu'il en coûte,
05:00il y a eu une crise énergétique, avec des boucliers,
05:02et là, on a mis énormément de dépenses publiques,
05:04mais on ne l'a peut-être pas assez bien ciblé,
05:06on l'a donné à tout le monde.
05:08C'est-à-dire qu'on a autorisé
05:10aux entreprises qui étaient viables ou pas viables,
05:12aux ménages ruraux, urbains,
05:14riches, pas riches, vieux, pas vieux,
05:16on l'a donné à tout le monde.
05:18Ça a coûté très très cher, et vous savez quoi ?
05:20Personne n'a l'impression d'avoir été aidé
05:22pendant cette période. Personne.
05:24Parce qu'on n'a pas reçu un chèque, on a mis des boucliers.
05:26Non mais en plus, Eric, je voulais vous dire un truc,
05:28il y a combien de mecs qui sont étronglés
05:30par le PGE ?
05:32Je vous le dis, c'était bien le PGE,
05:34mais là, tout le monde va finir de payer jusqu'à la fin 2025.
05:36Ils sont étronglés, les mecs.
05:38Là, ils disent qu'on ne passera pas 2024.
05:40En tout cas, il y a eu énormément d'aides
05:42pour tout le monde,
05:44ça a fait déraper les finances publiques.
05:46Maintenant, on se dit qu'il faut rembourser
05:48ces aides. Puisque tout le monde
05:50a bénéficié de ces aides,
05:52ce que nous dit un peu Michel Barnier,
05:54c'est que tout le monde doit y contribuer.
05:56Ensuite, ce débat sur les impôts, pas impôts,
05:58à mon avis, il n'est pas important.
06:00À un moment, je décide
06:02uniquement de geler les pensions de retraite.
06:04C'est la dépense publique en moins.
06:06Donc, c'est les retraités qui vont toucher moins d'argent.
06:08Cette phrase-là,
06:10vous la changez, vous dites maintenant, j'augmente l'impôt
06:12sur les retraités. Mais c'est exactement la même chose.
06:14Le retraité va être amputé de pouvoir d'achat.
06:16Soit parce que j'augmente la CSG
06:18sur les retraites, soit parce que je gèle
06:20la pension. C'est la même chose.
06:22Donc, dire je préfère la dépense publique
06:24ou l'impôt, à la limite, ce n'est pas important.
06:26La question, c'est qui va être impacté
06:28par qui ?
06:30On aimerait que ça soit,
06:32Michel Barnier, pardon,
06:34que ça soit tout le monde qui participe
06:36puisque tout le monde a eu
06:38un bouclier,
06:40les ménages aisés,
06:42les ménages ruraux, tout le monde.
06:44Et donc, du coup,
06:46il me semble qu'il va falloir faire preuve
06:48de pédagogie. Mais l'intérêt de la
06:50phrase de Barnier,
06:52c'est de dire, et du
06:54gouverneur de la Banque de France qui a été rappelé,
06:56il ne faut rien s'interdire.
06:58Puisqu'il faut que tout le monde y participe.
07:00Si c'est par des hausses d'impôts,
07:02ce sera par des hausses d'impôts. Le tout, c'est de dire
07:04voilà, on cherche 120
07:06milliards en 5 ans, 6 ans,
07:08et bien voilà, dans ces 120 milliards,
07:10il y en a tant qui va
07:12peser sur les ménages des 10%
07:14les plus riches, tant sur les 10% les plus modestes,
07:16tant sur la classe moyenne, et qu'on nous explique
07:18la trajectoire. Mais un,
07:20il faut le faire, donc je ne dis pas qu'on a
07:22le temps, mais il faut le faire de façon
07:24sûre, c'est-à-dire dire on va tout faire sur l'impôt
07:26ou tout faire sur la dépense publique, ça ne rime à rien,
07:28il faut dire qui va le payer, il faut
07:30l'expliquer aussi très clairement à
07:32l'Europe, parce que l'Europe nous regarde,
07:34et si on veut, comme le dit Mario Draghi,
07:36faire des gros plans de relance au niveau
07:38européen sur la transition écologique, il va
07:40falloir que la France indique très
07:42clairement qu'elle est encore européenne, et que
07:44le discours européen est important, et que les
07:46engagements de la France vis-à-vis de l'Europe,
07:48on ne peut pas s'asseoir dessus.
07:50Il y a plein de gens qui me disent, il faut sortir son argent
07:52de la banque, tout ça, ça va partir
07:54en cacato est, tout ça.
07:56Non, non, non, justement, je pense
07:58que toutes ces petites phrases... Vous êtes sûr ?
08:00Je suis certain. Toutes ces
08:02petites phrases, comme c'est très grave,
08:04je découvre, et d'ailleurs ça mérite mieux
08:06qu'une petite phrase, mais c'est une petite phrase,
08:08ça me rappelle la phrase du
08:10premier ministre de l'époque, François Fillon,
08:12quand il était en...
08:14il disait qu'il était
08:16à la tête d'un état en faillite.
08:18On avait 62 points de PIB de dette,
08:20aujourd'hui on est à 110, on n'est pas en faillite,
08:22donc on n'était pas en faillite à 62.
08:24Ces petites phrases, ou celles de Valérie Pécresse,
08:26tout le monde à la sortie, il n'y a plus
08:28d'argent, ils ont
08:30vidé la caisse. Toutes ces petites phrases ne
08:32servent à rien, sauf à faire paniquer
08:34les Français. Non, soyons.
08:36Mais non, il va falloir juste simplement expliquer,
08:38dire, la situation n'est pas bonne,
08:40mais elle n'est pas catastrophique,
08:42il y a des solutions, et c'est vrai, vous avez parlé
08:44d'épargne, mais oui, regardons.
08:46Alors, on va en parler dans un instant, Eric, parce que
08:48c'est intéressant ce que dit Eric, mais moi je vous dis,
08:50il y a plein de gens qui réagissent aussi sur la hausse des impôts, et là vous avez
08:52fait flipper tout le monde, parce que vous avez dit, tout le monde va contribuer,
08:54j'ai compris ce que vous avez dit. Il a dit, ouais, on vous
08:56a aidé quand on n'était pas bien,
08:58maintenant c'est à nous de vous aider. Mais là, les Français, ils ne peuvent plus aider personne.
09:00Je vous le dis, ils sont dans une
09:02merde noire, franchement. Bon, merci.
09:04Vous restez avec nous sur Europe 1, Eric Eyer,
09:06on va avoir plein de questions à vous poser. Il y a plein de gens
09:08qui vous appellent, plein, plein, plein de gens.
09:10Voilà, sur Europe 1, 0180
09:123921, vous nous appelez, bien entendu, à tout de suite sur Europe 1.
09:1416h, 18h.
09:16On marche sur la tête, Cyril Hanouna.
09:18Merci d'être avec nous sur Europe 1,
09:20il est 17h40,
09:22on marche sur la tête, avec toute l'équipe.
09:24On marche sur la tête.
09:26C'est vrai qu'on a de drôles de discussions pendant les pauses.
09:28Je ne vous le cache pas, il y a pas mal de gens qui nous
09:30appellent, et on a la chance d'avoir Eric Eyer,
09:32économiste, qui est avec nous. Alors, je vais vous donner
09:34une petite info. Sur 1000 euros d'impôts,
09:36sur 1000 euros d'impôts, qu'est-ce qu'on finance ?
09:38On finance, alors on va dire,
09:404 euros pour la justice.
09:424 euros pour la justice.
09:4410 euros pour les infrastructures.
09:46C'est-à-dire, les infrastructures.
09:4818 euros pour l'environnement.
09:50On donne 18 euros à l'environnement, je ne savais pas,
09:52sur 1000 euros. 22 euros pour la recherche.
09:5425 euros pour culture et loisirs.
09:56C'est-à-dire tout ce qui concerne faire bien le cœur.
09:5825 euros pour la sécurité.
10:00Poli, gendarmerie, etc.
10:0231 euros pour la défense.
10:0434 euros pour la charge de la dette.
10:0646 euros pour transport
10:08et équipement collectif.
10:1066 euros au soutien aux activités économiques.
10:1267 euros au fonctionnement des administrations publiques.
10:1490 euros à l'éducation.
10:16Et le premier budget sur 1000 euros.
10:18562 euros, plus de la moitié,
10:20à la protection sociale, retraite,
10:22santé, famille, chômage, autre
10:24solidarité.
10:26Mais moi, je mords !
10:30Donc, 572 euros.
10:32De 62, Benaïm.
10:34Si vous voulez mettre 10 euros de plus, vous les mettez, Benaïm.
10:36Sur 1000 euros, voilà ce qu'il se passe.
10:38On nous a appelé 01-80-20.
10:404 euros pour la justice, c'est pas beaucoup.
10:42C'est le problème aussi.
10:44Eric Keyir, on a plein de questions à vous poser.
10:46Je peux rectifier un tout petit peu là ?
10:48Parce que c'est pas les impôts dont vous avez parlé,
10:50c'est le prélèvement obligatoire.
10:52C'est un peu différent, parce que dans les prélèvements obligatoires,
10:54il y a des impôts, c'est vrai, et des cotisations sociales.
10:56Et donc, c'est pour ça que
10:58le modèle social est très cher
11:00dans vos 1000 euros.
11:02Mais quelle est la différence entre un impôt et une cotisation sociale ?
11:04C'est qu'un impôt, si vous en payez plus que moi,
11:06vous n'avez pas plus de droits que moi.
11:08Alors qu'une cotisation,
11:10si vous en payez plus que moi,
11:12vous avez plus de droits que moi.
11:14Vous avez plus de droits le jour où vous allez partir à la retraite.
11:16Vous avez plus de droits si vous tombez au chômage.
11:18Donc, c'est pas pareil.
11:20On a décidé, nous, d'avoir des prélèvements obligatoires
11:22qui étaient sur la base des cotisations,
11:24pour faire de la solidarité entre nous,
11:26et de dire aux gens, vous allez vous assurer.
11:28Il y a la clim, les gars.
11:30Il y a la clim dans ce studio.
11:32Je vous l'avais dit, je vous l'avais prévenu.
11:34C'est pour ça que j'ai éternué, je vous le dis, il y a la clim.
11:36Excusez-moi.
11:38Je vous le dis, il y a la clim.
11:40Je le dis aux auditeurs d'Europe 1, ils ont remis la clim.
11:42On est en train de prendre une vague de froid.
11:44Là, je suis à Picard.
11:46Là, je suis au rayon bâtonné Cap-Tediglou.
11:48Je vous le dis.
11:50Eric Keyer, économiste, est avec nous.
11:52Juste, Eric Keyer, quand on vous écoute,
11:54et ça fait plaisir, on a l'impression que tout va bien.
11:56Non, non, mais c'est pas...
11:58C'est toujours à contre-pied.
12:00C'est-à-dire qu'il est certain que par rapport au discours
12:02qui indique que tout va mal,
12:04si vous dites, non, attendez,
12:06tout ne va pas si mal que ça, je ne vous dis pas que tout va bien,
12:08j'ai eu 5,2% de déficit,
12:10ce n'est pas normal. Encore une fois,
12:12les déficits, pour moi, ça ne me fait pas cauchemarder
12:14si je sais que ces déficits
12:16ont servi les générations futures.
12:18C'est-à-dire que si votre déficit sert à faire plus d'infrastructures
12:20et qui vont
12:22permettre aux générations futures
12:24d'être mieux logées, mieux soignées,
12:26mieux éduquées, il n'y a aucun problème
12:28si vous payez un peu d'intérêt sur cette dette.
12:30Si par contre, comme ça a été le cas,
12:32le déficit est né du fait qu'on a donné
12:34du pouvoir d'achat aux classes
12:36d'aujourd'hui, ça, c'est pas normal.
12:38Et donc, voyez qu'aujourd'hui,
12:40puisqu'on a, avec les quoi qu'il en coûte
12:42et les boucliers, permis aux Français
12:44de vivre correctement, tout de même,
12:46même si ça a été dur, mais globalement,
12:48on a quand même sauvé les entreprises,
12:50il y aurait dû y avoir beaucoup plus de défaillance d'entreprises,
12:52même si tout ne va pas bien,
12:54on a quand même sauvé une partie du pouvoir d'achat,
12:56donc ça, on ne doit pas laisser aux générations futures
12:58le soin de payer
13:00ce moment-là.
13:02Donc, ce déficit-là, il faut trouver,
13:04c'est 120 milliards, vous pouvez penser
13:06que c'est gigantesque, 120 milliards,
13:08mais si vous dites, je le répartis en 4, 5, 6 ans,
13:10et qu'on explique bien comment on le finance,
13:12il n'y aura aucun problème.
13:14Est-ce que ce déficit-là,
13:16on ne peut pas juste le combler
13:18avec la réduction de la dépense publique ?
13:20Est-ce qu'il faut obligatoirement, en même temps,
13:22l'augmentation des...
13:24L'idée, c'est que
13:26si on arrive avec la dépense publique
13:28à trouver 120 milliards,
13:30répartis sur tout le monde,
13:32le problème, c'est qu'aujourd'hui,
13:34en tout cas, le gouvernement sortant,
13:36ses seules pistes, c'était, on réduit les allocations chômage,
13:38on réduit les minima sociaux,
13:40c'était dire uniquement les classes moyennes inférieures
13:42qui allaient financer l'intégralité.
13:44Donc ça, ce n'est pas normal.
13:46Donc l'idée, c'est se dire, non, trouvons un instrument,
13:48mais vous voyez, si vous dites,
13:50j'enlève les niches fiscales, c'est de la dépense publique,
13:52des crédits d'impôt recherche
13:54ou des robiens,
13:56enfin, tous les dispositifs de défiscalisation
13:58du mobilier, là, vous pouvez dire,
14:00c'est de la dépense publique, parce que c'est un crédit d'impôt,
14:02je les supprime,
14:04et là, c'est plutôt les classes aisées
14:06qui seront impactées. Donc il faut dire,
14:08en gros, globalement, je peux m'attaquer
14:10à la dépense publique, mais attention, ça ne doit pas
14:12être concentré que sur les ménages modestes,
14:14ça doit être dilué sur tous les...
14:16Et c'est une façon de rendre acceptable
14:18ce moment-là, et
14:20de dire, on peut y arriver, parce qu'entre nous,
14:22penser que c'est uniquement les classes
14:24moyennes, inférieures, qui vont financer
14:26l'intégralité de ce déficit, c'est se mettre un doigt dans l'oeil.
14:28Oui, mais bon, il y a Agnès qui est avec nous,
14:30en ligne, là. Merci, Agnès.
14:32Bonjour,
14:34monsieur Hallouna et toute l'équipe.
14:36Merci d'être avec nous, Agnès.
14:38Monsieur l'économiste. Oui, c'est Éric,
14:40Éric Ayère. Très sympa, Éric.
14:42Vous habitez où, Agnès ?
14:44Effectivement, moi, je vous écoute
14:46et je suis très, très, très
14:48sceptique. Moi aussi, je suis comme vous, Agnès.
14:50Je suis comme vous. Absolument.
14:52Parce que c'est vrai que vous ne faites pas
14:54du catastrophisme, et puis c'est
14:56peut-être plus agréable à entendre
14:58que...
15:00Comment dire ?
15:02Que tout va mal, et puis on ne va pas s'en sortir.
15:04Mais on n'est quand même pas
15:06né d'hier,
15:08et voyez-vous...
15:10On est de la dernière pluie. Comment ?
15:12On n'est pas né de la dernière pluie.
15:14Voilà, on n'est pas né de la dernière pluie,
15:16et on sait très bien,
15:18mais ça fait des décennies que ça dure,
15:20que, eh bien,
15:22quand il faut trouver
15:24à remplouer les caisses de l'État,
15:26eh bien, on s'est bien trouvé
15:28le citoyen lambda
15:30pour renflouer.
15:32Voilà, parce que l'année, on n'en peut plus.
15:34Moi, je suis de condition moyenne,
15:36je n'en peux plus de payer des impôts.
15:38Alors avant, on ne disait rien
15:40parce qu'avec nos impôts,
15:42on avait les services médicaux
15:44qui fonctionnaient bien,
15:46l'enseignement qui fonctionnait pas trop mal,
15:48on était en sécurité, etc.
15:50Mais là, on a l'impression de payer des impôts
15:52pour rien.
15:54Comment voulez-vous qu'on comprenne que ça a été utile
15:56les 3200 milliards
15:58de dettes qui ont été faites ?
16:00Je suis complètement d'accord avec vous, Agnès.
16:02Bah oui !
16:04Bah oui, Agnès, je suis d'accord avec vous.
16:06On veut bien payer, mais on veut des résultats.
16:08Alors pourquoi, regardez, moi, je voudrais bien
16:10savoir, en tant que citoyen,
16:12et je pense qu'il y a beaucoup de citoyens qui vont être d'accord
16:14avec moi, à quoi ça a servi
16:16ces 3200 milliards
16:18d'argent détensé ?
16:20Comment on a creusé la dette ?
16:22Alors vous allez nous dire, oui, il y a eu le Covid,
16:24il y a eu des trucs, c'est ça, Eric ?
16:26Quand on regarde la dette publique,
16:28c'est les 3000 milliards, les économistes préfèrent
16:30le ramener en points de PIB parce que ça
16:32donne un élément, peut-être un peu plus
16:34comparable avec les autres pays, c'est 115 points de PIB.
16:36115% du PIB.
16:38Produit intérieur brut.
16:40Donc ça, c'est la dette, d'accord ?
16:42Mais si cette dette a été investie,
16:44vous avez un actif en face, est-ce qu'il y a des actifs ?
16:46Ah bah oui, l'INSEE nous dit
16:48qu'il n'y a pas 115 points d'actifs,
16:50il y en a à peu près 147.
16:52La différence est de 32,
16:54donc 115 plus 32 égale 147.
16:56Donc il y a plus d'actifs que de passifs.
16:58Donc ça a servi à quoi ? Ça a servi à investir dans les infrastructures
17:00qui, aujourd'hui, sont valorisées
17:02ou achetées des entreprises,
17:04et donc, aujourd'hui, on ne peut pas être en faillite quand on a
17:06plus d'actifs que de passifs.
17:08Ce que veulent dire les Français, Eric,
17:10et ce que je comprends chez Agnès, elle dit
17:12qu'on veut bien payer des impôts, on a l'impression qu'on n'arrête pas de payer des impôts,
17:14on veut bien qu'on ait des actifs, mais on se dit
17:16que rien ne va. Les polices, ils n'ont pas
17:18de moyens, les hôpitaux, c'est catastrophique,
17:20l'enseignement, c'est catastrophique.
17:22Le service rendu a sans doute
17:24baissé en qualité.
17:26Si on arrive à baisser la dépense
17:28publique tout en augmentant
17:30l'efficacité, il ne faut pas se gêner.
17:32Mais ça, je pense
17:34que c'est là où on peut essayer
17:36de distinguer une réforme structurelle.
17:38Essayons de faire en sorte que
17:40à euros donnés
17:42pour l'argent public, on ait un service de meilleure
17:44qualité. Mais ça, vous n'allez pas y arriver
17:46en un an, deux ans. C'est une énorme réforme.
17:48Il faut la faire. Mais ça ne permettra
17:50pas de trouver l'argent tout de suite.
17:52Et donc, à côté de ces grandes réformes
17:54qu'il faut mener, il faut dire
17:56qu'il y a quand même 110 milliards à trouver
17:58parce que l'Europe nous
18:00demande de le faire, parce qu'on s'était
18:02engagé, et puis ce n'est pas aux générations futures à payer
18:04le pouvoir d'achat d'aujourd'hui. Et donc, là,
18:06c'est d'autres mesures. Donc, il faut essayer de
18:08mener les deux fronts. Ce n'est pas simple.
18:10Mais se dire qu'on va trouver 110 milliards
18:12et que personne ne va couiner,
18:14c'est se tromper, bien sûr.
18:16C'est un effort qu'on va demander aux Français.
18:18Mais ils ne peuvent plus faire
18:20d'efforts, les Français. Eric, ils ne peuvent
18:22plus faire d'efforts. On a demandé, quels efforts ?
18:24Si personne ne peut faire
18:26des efforts, on dit tant pis, on vit
18:28avec ce déficit et cette dette.
18:30Oui, mais je vous le dis, parce qu'aujourd'hui, les Français
18:32ne sont pas prêts à faire encore des efforts.
18:34On leur a demandé trop d'efforts.
18:36Désolé, j'ai donné beaucoup de statistiques.
18:38Vous voyez, l'épargne des Français
18:40avant la crise, c'était 250
18:42milliards d'euros. L'épargne des Français
18:44aujourd'hui, c'est
18:46250 plus 268
18:48milliards. C'est 500...
18:50Oui, allez-y, Renier.
18:52Excusez-moi, monsieur
18:54Ayer, mais effectivement,
18:56vous savez, quand il y a une situation de crise,
18:58on a tendance à épargner
19:00parce qu'on se dit que ça va être encore pire.
19:02Et ça, c'est quelque chose
19:04qui est absolument classique.
19:06C'est que les personnes, elles ne veulent pas se retrouver
19:08sur la famine.
19:10D'accord ?
19:12Comme on peut le voir des fois aux Etats-Unis
19:14à travers des films. Il y a un film
19:16qui m'a beaucoup
19:18marqué.
19:20C'est Soleil vert.
19:22Et si vous voulez,
19:24donc c'est humain
19:26d'épargner
19:28parce qu'on se dit que ça va être pire
19:30et tant pis, on essaie
19:32de se priver. Ça ne fait pas d'ailleurs marcher
19:34l'économie, de se priver.
19:36Et puis, on vit l'épargne.
19:38C'est normal, l'épargne.
19:40Les personnes, quand même, on ne vit pas au jour le jour.
19:42Merci, Agnès. Vous avez raison.
19:44Je comprends. Elle a raison.
19:46Il n'y a pas que le comportement
19:48de précaution. Ce que dit Agnès, bien sûr, il y a un comportement
19:50de précaution. Et donc, plus on va
19:52tenir le discours, c'est la catastrophe.
19:54C'est la fin du monde. Plus les gens vont épargner,
19:56moins il y aura de recettes, plus les déficits seront importants.
19:58Donc, le rôle, quand même, aussi du politique,
20:00c'est de rassurer un petit peu en disant, bien entendu,
20:02qu'on doit faire des efforts, mais on va
20:04vous expliquer les efforts pour que
20:06vous compreniez à peu près
20:08quelle va être la part
20:10à laquelle on va vous faire contribuer à cet effort.
20:12Et donc, le dire, c'est la catastrophe.
20:14C'est une façon, quand même, complètement
20:16absurde de prévoir les choses.
20:18Merci, Agnès, d'avoir été avec nous. Merci, Agnès.
20:20Je vous fais de gros bisous, mon Agnès.
20:22Un gros bisou à vous et à toute l'équipe.
20:24Merci, Agnès. Je vous fais de gros bisous.
20:26Merci. On a Gaël en ligne. Alors, Gaël, on a 30 secondes pour vous,
20:28mais je veux absolument entendre votre coup de gueule.
20:30Vous êtes auto-entrepreneur, Gaël.
20:32Dites-nous tout. Vous avez 30 secondes.
20:34Vous tournez à droite, là ?
20:36Hein ?
20:38Vous tournez à droite, là ? Il y a un clignotant, là, qui a été mis.
20:40Euh, non, c'est l'éloignement.
20:42Bon, très bien. Alors, vous avez 20 secondes, Gaël.
20:44Allez. 20 secondes.
20:46Alors, moi, j'arrive pas à comprendre.
20:48Je suis employé dans une société de transport.
20:50À côté, je suis auto-entrepreneur.
20:52Mon CDI, je paye des impôts.
20:54Je suis à 1 000 euros d'impôt par an.
20:58En tant qu'auto-entrepreneur,
21:00l'Ursaf me prend 24 %.
21:02Et en plus de ça, je suis imposé
21:04sur ce que je touche
21:06avec l'auto-entrepreneuriat.
21:10Je sais, il ne te reste rien.
21:12L'Ursaf inclut.
21:14Je sais, Gaël. Alors, Gaël, ce qu'on va faire, j'aimerais qu'on vous reprenne demain
21:16à l'antenne d'Europe 1.
21:18J'aimerais qu'on reprenne également d'Arrivade demain.
21:20Je voudrais des Français en colère.
21:22Des Français qui en ont marre de payer des impôts demain sur Europe 1.
21:24Je voudrais remercier Éric Ayer.
21:26S'il veut revenir demain, c'est avec grand plaisir.
21:28S'il est là, parce qu'il y aura plein de Français qui veulent vous parler.

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