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Cycle « ils et elles l’ont fait » - L’entreprise créatrice de valeur sociale, environnementale et économique

Webinaire organisé par l’Institut de la gestion publique et du développement économique (IGPDE) en partenariat avec la sous-direction de l’innovation pour les transformations (SDIT) du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.

Intervenant : Émery Jacquillat, président de Camif et membre fondateur de la Communauté des entreprises à mission
Animation : Léa Kermarrec, cheffe de projet Innovation pour la transition écologique, ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires
Transcription
00:00:00Bonjour, bonjour à toutes et tous. Merci beaucoup d'être présent aujourd'hui pour assister donc à
00:00:13ce nouveau webinaire du cycle Il et Elles l'ont fait. Je suis donc Léa Kermarek, je vais me
00:00:20présenter et en même temps présenter les structures qui portent l'organisation de ce
00:00:24webinaire aujourd'hui. Donc je travaille au sein de la fabrique d'innovation pour les transitions,
00:00:29de la sous-direction de l'innovation pour les transformations, du secrétariat général des
00:00:34ministères de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Donc on est aujourd'hui
00:00:39réunis dans le cadre d'un cycle qui s'appelle Il et Elles l'ont fait, qui est l'un des fruits
00:00:43du partenariat qui lie donc la sous-direction du ministère avec l'institut pour la gestion
00:00:50publique et le développement économique, donc IGPDE, qui est l'organisme de formation du
00:00:55ministère de l'économie et des finances. C'est un partenariat dans le cadre duquel sont régulièrement
00:01:01organisés des événements auxquels vous avez peut-être déjà eu l'occasion de participer,
00:01:05donc des conférences économie et changement climatique sur les enjeux économiques et des
00:01:14enjeux climatiques et les croisements entre les deux, des rencontres économiques sur les
00:01:18thématiques environnementales ou encore des événements 90 minutes pour le livre où on
00:01:22découvre des ouvrages qui traitent d'enjeux écologiques et économiques. Et donc ce cycle
00:01:27Il et Elles l'ont fait qui nous réunit aujourd'hui, qu'on a lancé en mai 2023 de cette année et qui
00:01:34se compose donc de conférences débats comme aujourd'hui sous forme de webinaires et de visites
00:01:39apprenantes qui permettent de rencontrer des entreprises et des acteurs qui ont redirigé
00:01:44leur modèle économique vers plus de soutenabilité et réaliser leur transition écologique et sociale.
00:01:51Ces derniers mois on a pu rencontrer Virginie Resson-Victor qui est cofondatrice et porte-parole
00:01:56du grand défi des entreprises pour la planète et puis on a pu visiter des lieux démonstrateurs
00:02:02de la transition bas carbone que sont un campus de bureau construit entièrement en bois qui est
00:02:07l'arboréthome à Nanterre et puis un hôtel de logistique urbaine durable situé sur l'éco-quartier
00:02:14Chapelle Internationale dans le 18e arrondissement de Paris et opéré par Sogaris. Et donc aujourd'hui
00:02:20nous avons l'honneur et merci beaucoup de recevoir Emery Jaquilla pour un webinaire qui est consacré
00:02:29à l'entreprise créatrice de valeurs sociales environnementales et économiques. Emery je
00:02:35vous remercie très chaleureusement d'avoir accepté notre invitation et avant de vous passer la parole
00:02:41je vais avoir la lourde charge de vous présenter. Donc vous êtes président directeur général de
00:02:48Camif qui est une entreprise spécialiste de l'ameublement local et durable de la maison.
00:02:54Vous avez relancé Camif en 2009 en misant sur la consommation responsable, le Made in France,
00:03:01pour proposer des meubles que vous espérez être bons pour l'homme et pour la planète.
00:03:06Donc c'est cette expérience d'entrepreneur engagé en faveur de la transition écologique du secteur
00:03:12de l'ameublement que vous êtes venu partager avec nous aujourd'hui mais aussi une autre casquette,
00:03:19celle de membre fondateur de la communauté des entreprises à mission qui est une association
00:03:24qui a été créée en 2018 et qui porte une conviction que les entreprises ont un rôle essentiel à jouer
00:03:31aux côtés peut-être de l'état, de la société civile, des citoyens pour relever les défis sociaux
00:03:37et environnementaux du siècle. Et c'est donc aussi de cette forme de société à mission qui est un
00:03:45statut qui est aujourd'hui reconnu dans la loi Pacte dont vous allez nous parler en nous partageant
00:03:51votre vision d'une entreprise qui peut-être réconcilie profit et impact positif sur les
00:03:56enjeux environnementaux et sociaux. Donc merci beaucoup encore d'être parmi nous avant de vous
00:04:01laisser la parole pour la première séquence du webinaire. Je vous rappelle donc aux participants
00:04:07que l'idée c'est de favoriser au maximum l'interactivité même à distance donc n'hésitez
00:04:13pas à poser vos questions, réagissez dans le chat au fur et à mesure de la présentation que va
00:04:21dérouler Emery Jaquilla. On a prévu plusieurs séquences de questions réponses au cours de l'heure
00:04:27et demi qui va suivre et je me ferai porte-voix de vos questions auprès d'Emery pendant ces séquences
00:04:33là. Donc sans plus attendre je vous laisse la parole Emery pour ouvrir ce webinaire et puis
00:04:39commencer peut-être en présentant donc Camille et sa mission donc de transformation de cette
00:04:47filière de l'ameublement. Eh bien bonjour Léa, bonjour à toutes et à tous, je suis ravi d'être
00:04:53avec vous aujourd'hui même si c'est à distance, c'est toujours moins bien à distance mais c'est
00:04:59comme ça. Moi je suis un entrepreneur, j'ai démarré mon aventure entrepreneuriale en 1995,
00:05:06j'avais 23 ans à l'époque, j'ai commencé par lancer un site qui vendait de la litterie sur
00:05:10internet avec ma telle somme et puis mon chemin d'entrepreneur a basculé en 2009 quand je me
00:05:17suis attelé au projet de relancer, de réinventer la Camif. Je sais pas si autour de la table tout
00:05:23le monde connaît la Camif mais dans le chat vous pouvez mettre un petit pouce levé si c'est le cas.
00:05:27C'était une coopérative qui avait été créée en 1947 par des instituteurs qui se sont regroupés
00:05:34après-guerre pour se rééquiper et qui s'est développée avec le modèle de la vente par
00:05:38correspondance et le gros catalogue papier que beaucoup d'entre nous ont connu, qui a connu après
00:05:44des difficultés notamment bousculé par l'arrivée d'internet, qui a bousculé le modèle économique
00:05:48de l'entreprise et puis qui a finalement fait faillite en 2008. Ma conviction à l'époque c'est
00:05:54que c'était d'abord il y avait un attachement très singulier des clients, des sociétaires à cette
00:06:02marque et je me suis d'ailleurs pas mal interrogé mais comment une entreprise comme ça qui appartient
00:06:08à ses sociétaires peut disparaître. Alors oui il y avait eu le bousculement et l'arrivée d'internet
00:06:13qui a changé le modèle économique mais finalement avec quelques années de recul je me suis dit
00:06:17finalement ce qui a fait que cette entreprise a disparu, a fait faillite, c'est qu'elle ne s'est
00:06:21pas suffisamment pensée et sentie fragile et je pense que c'est une des premières qualités
00:06:28finalement aujourd'hui. On est fragile, on le voit à quel point le monde est fragile, la paix est
00:06:33fragile, les démocraties sont fragiles, les entreprises sont fragiles et ce pensée fragile
00:06:41est probablement une forme de résilience parce qu'elle nous oblige à repenser régulièrement
00:06:47notre modèle, à repenser notre relation aux autres parce que si on veut s'en sortir de toutes ces
00:06:54crises qui nous arrivent et moi j'ai démarré avec une crise, j'ai toujours vécu dans un monde en
00:07:00crise finalement, eh bien il va falloir s'ouvrir aux autres, coopérer davantage et clairement je
00:07:07prends appui à ce moment là justement sur la crise financière 2008 parce que comme vous le savez tous
00:07:14la chute de la camille Fagnor a entraîné celle de Lehman Brothers et puis la crise financière
00:07:20mondiale qui s'en est suivie. Donc dans le contexte c'était pas à gagner gagner de pouvoir convaincre
00:07:27des investisseurs ou des banquiers de financer notre projet, moi j'avais une conviction c'est
00:07:34qu'avec Camif qui était une marque qui faisait partie du patrimoine des français, on pouvait
00:07:37réinventer un modèle et être une alternative à ce qu'a fait la grande distribution depuis 50 ans
00:07:41qui a toujours consisté à aller chercher plus loin, moins cher ailleurs et au fond moi j'avais
00:07:47une conviction c'est qu'on pouvait privilégier avec Camif un modèle qui prône la qualité,
00:07:53qui prône le local, qui prône le durable et qui avait une façon finalement, une belle façon de
00:07:59réinventer le modèle autour de ces valeurs fondamentales. Mais dans le contexte c'était
00:08:06pas évident et si on a quand même réussi à convaincre des banquiers de nous suivre dans
00:08:13cette aventure en 2008 dans le contexte, c'est parce que j'ai très vite compris que si on
00:08:20mettait pas au coeur du modèle l'impact positif d'abord pour recréer des emplois à New York sur
00:08:25le territoire et puis ensuite plus largement pour réengager l'ensemble des parties présentes,
00:08:29on n'aurait juste aucune chance de faire le projet. Donc dans les premiers mois et dans les cinq
00:08:36premiers mois de discussions et d'échanges avec les tribunaux de commerce, je me suis rendu compte
00:08:40que c'était ça qui créerait la valeur, qui ferait le projet possible donc j'ai pris l'engagement de
00:08:45déménager en entreprise mais aussi ma famille à New York. J'ai annoncé à ma femme qu'on quittait
00:08:51Paris pour aller nous installer à New York. Je la remercie toujours parce que sans le soutien du
00:08:55conjoint, l'entrepreneur n'est rien et donc mes enfants eux étaient très contents, ils pensaient
00:09:01qu'on partait à New York mais c'était New York. Le fait de faire ouvrir à New York un centre de
00:09:07relations clients et donc s'attacher à créer un maximum d'emplois, de réouvrir un centre logistique
00:09:14et d'aménager là-bas et de relancer Calife dans son berceau finalement, ça a été une façon d'obtenir
00:09:18le soutien de tous les acteurs sans qui on n'aurait pas fait le projet. La communauté d'Aclone-Nord,
00:09:24la région à l'époque Poitou-Charentes qui ont garanti 95% de nos emprunts manqués. Donc j'ai
00:09:29compris très vite que c'est par le modèle d'impact positif sur l'enjeu premier qui était
00:09:33à l'époque l'enjeu social sur le territoire que finalement on a rendu possible le financement du
00:09:39projet, donc le lancement du projet. Et ce modèle d'impact positif, dès le redémarrage on le pense,
00:09:45ça conduit à une proposition de valeur qui dans le contexte 2009 misait sur le Made in France,
00:09:52c'était quand même un pari osé, c'était très ringard le Made in France. Mais quand on annonce
00:09:57à nos fabricants qu'on va miser sur et on va valoriser sur le site leur savoir-faire, leur
00:10:04métier et c'est le parti pris que Calife veut prendre aujourd'hui de défendre cette consommation
00:10:10plus responsable, plus locale et donc ce qui sous-tend beaucoup de Made in France. Aujourd'hui
00:10:15on travaille avec 125 fabricants français qui représentent 75% de notre chiffre d'affaires.
00:10:19Ça nous permet de regagner finalement la confiance de tout l'écosystème des fabricants avec lesquels
00:10:26aujourd'hui on travaille. Et une des premières innovations qu'on lance c'est de redonner le
00:10:30pouvoir à nos clients, aux consommateurs, d'utiliser son pouvoir d'achat pour favoriser
00:10:35l'économie locale. Donc les choses très simples sur calife.fr, on peut rechercher par pays,
00:10:40par région, par département, on peut savoir d'où vient le produit, dans quelles conditions
00:10:44sociales, environnementales a été fabriqué, on peut visiter l'usine avec des vidéos reportages,
00:10:48on peut savoir d'où viennent les principaux composants, combien de kilomètres ils ont fait
00:10:52pour aller jusqu'à l'usine et c'est avec cette transparence et en redonnant finalement ce pouvoir
00:10:58aux consommateurs qu'on transforme aussi la façon dont on achète parce que quand on donne
00:11:04l'information les gens s'en saisissent et ça modifie leur comportement d'achat et ça quelque
00:11:10part c'est quelque chose qui est essentiel parce que on le verra et on en parlera tout à l'heure
00:11:14mais dans les acteurs du changement parce qu'aujourd'hui on doit changer, on doit réinventer
00:11:18nos modèles, réinventer nos entreprises, réinventer notre économie pour qu'elle soit soutenable,
00:11:22on va avoir besoin de mobiliser tout le monde, tous acteurs, les clients, les citoyens,
00:11:28les consommateurs, les collaborateurs, les états, les entreprises et donc il faut redonner le
00:11:34pouvoir, réactiver le pouvoir qu'on a chacun d'entre nous pour changer, transformer, changer
00:11:39nos pratiques. La question du sens est ce qui nous a mis ensuite en chemin sur l'entreprise
00:11:45à mission, c'est après avoir relancé CAMIF, après avoir aussi modifié en profondeur la culture de
00:11:54l'entreprise, parce que j'avais recruté des anciens de la CAMIF qui avaient 20 ans de culture
00:11:58très pyramidale, très grosse boîte, donc j'avais été assez marqué à l'époque par la visite de la
00:12:05CAMIF à Dior, c'était des grands bureaux, des grands bâtiments un peu stalinien dans leur
00:12:10architecture, que des petits bureaux cloisonnés, de la moquette au mur, des grands couloirs sombres
00:12:15et puis une grande tour avec les étages supérieurs réservés à la direction parce qu'il fallait un
00:12:19code pour monter dans l'ascenseur, j'avais assez vite compris pourquoi l'entreprise avait un petit
00:12:23peu eu du mal à gérer l'arrivée d'internet et elle n'avait pas tout à fait l'agilité, en tout cas
00:12:28on percevait pas ça dans les bureaux, nécessaire pour s'adapter vite à cette révolution, à cette
00:12:33rupture qui a consisté à la révolution digitale et donc on avait fait exactement l'inverse, on s'était
00:12:40installé dans le grand magasin CAMIF qui était un grand open space, on était 25 au début dans
00:12:446000 m² et on n'avait pas de cloison, même la salle de réunion n'avait pas de cloison et on était
00:12:51dans un mode d'organisation, structure plate, mode projet, on a tout changé en même temps, ce qu'il
00:12:56faut jamais faire dans une entreprise mais on n'avait pas vraiment le choix là et je pensais
00:13:01assez naïvement que ma culture entrepreneuriale plus le mode projet dans lequel on était et puis
00:13:06la fierté de participer à réinventer, relancer une marque comme CAMIF emporterait une adhésion sur
00:13:12une nouvelle forme de culture d'entreprise, plus ouverte, plus agile, plus audacieuse et en fait
00:13:18au bout d'un an ou deux j'avais toujours des remarques des anciens de la CAMIF qui disaient
00:13:22venez voir en disant mais à la CAMIF Emery on faisait comme ça et j'avais beau leur dire
00:13:26arrêtez de me dire comment vous faisiez avant parce qu'en fait c'est pas avec les recettes d'avant
00:13:30qu'on va inventer demain, il faut réinventer nos pratiques, réinventer nos façons de travailler
00:13:35ensemble et je me suis dit finalement le plus long dans cette transformation c'est de changer la
00:13:41culture et moi je crois beaucoup à la force de l'expérience collective, COVID a été une expérience
00:13:45collective, on a tous fondamentalement changé, je pense qu'on n'aurait jamais fait un webinaire
00:13:49il y a quatre ou cinq ans, là aujourd'hui c'est à peu près naturel, ça a changé nos pratiques,
00:13:55ça a changé nos façons de travailler et donc à l'époque je décide en 2010 de faire venir une
00:14:01artiste en résidence dans l'entreprise, alors j'annonce ça au point du mardi qui est un point
00:14:05où on fait le point avec toutes les équipes, on réunit toute l'entreprise tous les mardis,
00:14:09on fait le point sur l'actualité, l'activité, on peut proposer des projets et là je propose le
00:14:14projet d'accueillir une artiste en résidence pendant trois mois, alors c'est une jeune artiste
00:14:18française qu'on a accueillie à ce moment là, Anne-Laure Maison, qui travaille sur les pratiques de la
00:14:23maison, elle a un patronyme qui va bien et donc qui nous correspondait pas mal aussi parce que
00:14:27Camille c'est de l'équipement de la maison et je lui donne carte blanche pour venir passer trois
00:14:33mois avec nous et je suis sûr à ce moment là qu'on va vivre une expérience complètement inédite et
00:14:37que ça va être probablement la première brique de notre culture d'entreprise différente qui
00:14:41n'était ni celle de la Camille d'avant, ni celle de Mathelsom, il fallait inventer un nouveau
00:14:46modèle et donc ce qui était original c'est que tous les jours elle produisait des
00:14:51œuvres, un jour on arrive et toutes les places de parking taguées avec des noms d'artistes contemporains
00:14:55que Anne-Laure Maison, les gens sont allés la voir en disant mais qu'est ce que tu as fait, pourquoi tu as
00:14:59tagué des places de parking, est-ce que tu as demandé l'avis d'Henri avant de le faire, ben non, il m'a
00:15:05donné carte blanche, moi je fais mon job d'artiste, elle connaissait rien à l'entreprise mais elle
00:15:10travaillait avec son cœur et c'était très beau et une des œuvres qui m'a beaucoup marqué c'est
00:15:15qu'en nous observant travailler elle était assez choquée qu'on s'envoie des emails à longueur de
00:15:19journée, alors là elle a eu l'idée géniale dès qu'elle voyait quelqu'un qui se levait et qu'elle
00:15:24allait parler à quelqu'un d'autre à un autre bureau de matérialiser ça au sol en scotchant des bandes
00:15:29roses pour relier les deux bureaux entre eux, puis progressivement l'entreprise s'est tissée de
00:15:33plein de bandes roses pour nous rappeler l'importance du lien, du vrai échange, parce qu'au fond et ça
00:15:39a été ma première, ma principale leçon en tant que manager à ce moment là, la vraie richesse d'une
00:15:43entreprise c'est cette capacité à créer du lien, créer du lien avec ses clients, avec son territoire,
00:15:48avec son écosystème de partenaires, de fabricants, c'est ça qui fait sa valeur et d'ailleurs quand
00:15:53il y a une crise qui arrive entre deux entreprises qui ont strictement les mêmes bilans depuis des
00:15:57années, qui ont le même chiffre d'affaires, le même EBITDA, quand la crise arrive et qu'elle
00:16:03percute ces deux entreprises, il y en a une qui passe la crise, qui s'en sort parce qu'elle a
00:16:07su tisser un lien fort et qu'elle peut demander des efforts à ses clients, à ses collaborateurs, à
00:16:13ses fournisseurs et tout le monde a envie que cette entreprise s'en sorte. L'entreprise qui elle a mis
00:16:18la pression sur ses fournisseurs ou sur ses salariés, le jour où une crise arrive, elle disparaît,
00:16:24c'est normal parce que plus personne n'a envie que cette entreprise perdure au fond. Et donc cette
00:16:30valeur immatérielle qui est fondamentale de l'entreprise, cette qualité du lien, elle n'apparaît
00:16:34dans aucun bilan et pourtant elle est essentielle. Et donc ça peut nous interroger et moi ça m'a
00:16:39interrogé sur comment en tant que leader je peux nourrir le lien, comment je peux faire en sorte
00:16:45que cette entreprise soit encore plus résiliente parce qu'elle a connu des crises et puis on a
00:16:49envie qu'elle s'en sorte toujours et puis le projet Camus n'a pas été un long fleuve tranquille. Et là
00:16:55je crois qu'il y a deux choses qui sont caractéristiques de cette capacité à créer du lien.
00:17:02D'abord il y a le plaisir à être ensemble, il ne faut pas oublier cette dimension du plaisir dans
00:17:07les transformations. S'il n'y a pas de plaisir, si on n'a pas de la joie, si on n'a pas de l'envie
00:17:11de travailler ensemble, de mettre en commun finalement notre énergie, notre intelligence,
00:17:16on ne va pas aller très loin. Et donc comment on peut développer des activités qui génèrent de
00:17:21la joie, qui génèrent du plaisir dans l'entreprise. Nous ça nous a mis par exemple sur la voie du
00:17:27tour du Made in France où chaque année on va à la rencontre des fabricants avec lesquels on
00:17:30travaille. On invite nos collaborateurs et des clients pour visiter les usines avec lesquelles
00:17:35on travaille. Et c'est des moments extrêmement riches parce qu'on découvre tous les savoir-faire
00:17:40qui se cachent derrière les produits qu'on vend sur le site tous les jours. On rencontre les
00:17:43ouvriers et puis l'après-midi on fait travailler ensemble des ouvriers, des clients, des collaborateurs
00:17:47à imaginer les produits ou les services de Camus de demain. C'est extrêmement riche, c'est extrêmement
00:17:53puissant et le principal caractère positif qu'on en retient c'est qu'il y a de la fierté,
00:18:01fierté de défendre le Made in France, fierté à l'intérieur des usines quand vous avez les
00:18:05ouvriers qui voient 25 clients qui déboulent et qui leur posent des questions sur leurs savoir-faire,
00:18:09ça fait beaucoup de bien et beaucoup de plaisir finalement à partager un projet qui fait sens.
00:18:16Et le deuxième ingrédient du lien c'est justement le sens. Et cette question du sens
00:18:23aujourd'hui elle est centrale parce qu'on le voit chez les Jeudes toujours en quête de sens,
00:18:28nous-mêmes en tant que dirigeants on n'est pas absent de cette quête de sens. Et cette
00:18:32question du sens s'est donc posée à nous en 2012-2013 quand on a fait deux rencontres qui
00:18:41ont été assez structurantes dans notre parcours et dans notre chemin d'entreprise à mission.
00:18:44D'abord on avait besoin de lever des fonds à ce moment-là parce qu'on s'est rendu compte
00:18:49qu'on avait 80% de nos clients qui avaient plus de 65 ans d'âge moyen donc il y avait un petit
00:18:53sujet de pérennité sur l'activité donc il y avait une urgence à aller recruter des nouveaux clients,
00:18:58à rajeunir la marque mais ça veut dire ça voulait dire aussi du coup changer l'offre,
00:19:04transformer l'offre, produits et ça ça prend du temps et ce n'est pas sans moyens donc il y
00:19:09avait besoin d'aller renforcer nos moyens financiers. À ce moment-là j'ai eu la chance
00:19:14de ne pas trouver pendant 18 mois de fonds d'investissement pour nous suivre. Ceux que je
00:19:18rencontrais très poliment me disaient qu'ils trouvaient que c'était formidable ce qu'on
00:19:21avait fait à New-York avec la Cabif etc mais ils disaient vous revenez nous voir un peu plus tard
00:19:26quand vous serez rentable et finalement j'avais beau leur dire le centre d'appel qu'on a installé
00:19:30à New-York, on le met à Madagascar et on est tout de suite rentable, tous me disaient mais
00:19:34pourquoi vous ne le faites pas. Donc en fait aucun des fonds d'investissement à l'époque ne valorisait
00:19:39justement ce modèle d'impact positif et cette dimension sociale environnementale qu'on avait
00:19:45donnée dès le redémarrage au projet Cabif. J'avais même un fonds dont je tirerai le nom parce
00:19:52qu'il est un peu soutenu par l'état quand même qui me disait mais qu'est ce que vous ferez quand
00:19:55vous n'aurez plus de fabricants français. C'était la vision quand même en 2012 du rôle de la place
00:19:59de l'industrie en France. Je vais vous dire en fait nous on fait tout pour qu'il y en ait un
00:20:03maximum et que nos fabricants s'en sortent. Et donc in fine je me suis retourné en disant
00:20:10mais est-ce qu'il n'y a pas sur terre un fonds d'investissement dans le monde qui valorise un
00:20:14modèle un peu différent, un modèle d'impact positif, pas que l'aspect financier. Ou qui
00:20:19perçoit que peut-être qu'en s'intéressant pas que à la finance ou au profit, on va peut-être
00:20:26justement créer une valeur plus durable, plus sincère dans l'entreprise. Et donc là j'ai
00:20:32rencontré un des tout premiers fonds d'impact en France qui s'appelle Citizen Capital qui avait
00:20:36été créé en 2008 par Laurence Meignory et Pierre-Olivier Baren dont la thèse d'investissement
00:20:41c'est précisément celle-là. Les entreprises qui seront les plus utiles pour la société seront
00:20:46également les plus performantes pour leurs actionnaires. Et donc eux avaient commencé à
00:20:50investir et on a été un peu le premier investissement de Citizen Capital. Et eux nous
00:20:57ont beaucoup challengé sur comment on pouvait structurer notre démarche d'impact, comment on
00:21:03pouvait davantage affirmer finalement à travers le modèle CAMIF qu'on avait mis en place sur la
00:21:08qualité, sur le local, sur le rural, comment on pouvait davantage affirmer finalement la raison
00:21:13d'être de CAMIF et l'impact positif qu'on cherche à avoir à travers le projet. Et avec eux on a fait
00:21:19la rencontre de chercheurs Blanchet, Grestin et Armand Atuel qui étaient chercheurs à la chaire
00:21:23théorie de l'entreprise à l'école des mines à Paris, qui eux pendant la crise financière de 2008
00:21:28se sont dit en fait on n'assiste pas à une crise financière, on assiste à la crise de l'entreprise.
00:21:35Et à force d'avoir mis le profit au dessus de tout, on a juste oublié pourquoi les entreprises
00:21:40existent. Et c'est très grave et ça nous emmène dans le mur. Du coup ils se sont dit qu'il y a eu
00:21:47une chance finalement à refonder l'entreprise, c'est un petit bouquin qu'ils ont écrit à ce
00:21:51moment-là, et ils avaient bâti un modèle qui s'appelait la société à objet social étendu,
00:21:56convaincu que l'objet social même de l'entreprise ne veut pas se limiter à être le partage du
00:22:00profit entre actionnaires, mais qu'elle a un vrai rôle, une vraie utilité dans la société et qu'il
00:22:03faut pouvoir faire émerger cette utilité dans le débat de l'entreprise, qu'il faut pouvoir
00:22:10structurer cette utilité quelque part, la pérenniser et puis la rendre crédible, et rendre
00:22:16crédible cet engagement de l'entreprise. Et donc on a fait un peu l'expérience avec le collège
00:22:21des Bernardins, avec ces chercheurs de l'école des mines, avec CABIF pour expérimenter ce modèle.
00:22:27On s'est donc mis en chemin, enfin j'ai confié un petit groupe de travail qu'on a appelé la
00:22:32cellulose, c'est pas très original, la cellule à l'objet social étendu, à qui j'ai confié la
00:22:37mission de définir finalement la mission de l'entreprise. Et on s'est donc posé, et ça a
00:22:44pris du temps, on a mis deux ans et demi pour formuler les deux phrases qui sont constitutives
00:22:47de la raison d'être de CABIF, non pas qu'on ne soyons pas très efficaces, mais parce qu'on a
00:22:51interrogé largement l'ensemble des parties prenantes avec cette question au fond existentielle.
00:22:56Pourquoi on existe ? A quoi on sert ? Qu'est-ce qui serait fondamentalement différent si CABIF
00:23:03n'existait pas ? Et qu'est-ce qui serait fondamentalement différent si tous les acteurs
00:23:07de notre marché adoptaient les bonnes pratiques de CABIF ? Ça changerait pas mal de choses. Et donc
00:23:12c'est fort de toute cette matière nourrie de l'interview avec, alors pour oublier aucune des
00:23:19parties prenantes, j'utilise l'acronyme de la CABIF avec le C, des clients, le A, des actionnaires,
00:23:23le M, le monde qui entoure l'entreprise, son territoire, le I, l'intérieur de l'entreprise,
00:23:27les collaborateurs, le F, les fournisseurs. Et donc c'est fort de toute cette matière collectée sur
00:23:33finalement au fond la perception que chacun avait de la valeur qui était créée par l'entreprise
00:23:38pour elle. Une valeur économique, une valeur sociale, une valeur environnementale, une valeur
00:23:42sociétale. Et fort de toute cette matière, on inscrit notre mission dans nos statuts en 2017,
00:23:50donc c'est proposer des produits et des services dans la maison aux bénéfices de l'homme et de
00:23:54la planète et mobiliser notre écosystème pour imaginer les nouveaux modèles de consommation,
00:23:59de production, d'organisation. Et on accompagne ça de cinq objectifs de mission qui nous mettent
00:24:07immédiatement en tension parce que quand on dit, ben voilà, on va faire de l'économie circulaire
00:24:14notre standard, on va accélérer, transformer l'entreprise et participer à la réinvention de
00:24:20nos filières, c'est deux de nos objectifs de mission, ça nous oblige à revoir les 20 000
00:24:25références du catalogue Camif et à se poser les bonnes questions. Mais comment sont fabriqués
00:24:29ces produits ? Comment on peut faire mieux avec moins ? Comment on peut embarquer toute la filière
00:24:34dans cette transformation de notre modèle productif pour qu'il soit plus soutenable ? Et
00:24:40là on se dit, ben on ne va pas y arriver tout seul, ça c'est sûr. Donc on fait un Camif à ton,
00:24:44donc un à ton pendant trois jours, on réunit des clients, des fabricants, certains fabricants avec
00:24:51lesquels on ne travaillait pas, des designers, des experts de l'économie circulaire, des
00:24:55collaborateurs et on dit, voilà, carte blanche pour réinventer des produits, nous on s'engage
00:25:00à accompagner des projets qui au bout de ces trois jours seront sélectionnés par un jury et qui vont
00:25:07lancer une nouvelle démarche chez Camif, qui est une démarche d'éco-conception ou une démarche
00:25:12de développement de produits exclusifs sous la marque Camif édition. C'était assez surprenant
00:25:18parce que ce qui s'est passé c'est qu'effectivement au bout de trois jours on a des groupes qui se
00:25:22sont constitués, qui ont pitché des projets, des groupes de personnes qui ne se connaissaient pas
00:25:26trois jours avant mais qui étaient convaincus et qui répondaient à notre cahier des charges très
00:25:30exigeant sur le caractère circulaire notamment. Alors comme toujours et comme toute transformation,
00:25:38elle est d'abord le fruit du plaisir à se retrouver ensemble et à imaginer demain, elle est le fruit
00:25:46d'une coopération parce qu'il faut de la diversité, de la diversité d'acteurs et c'est ce qui s'est
00:25:52passé chez nous et elle est le fruit d'un temps long parce que ça ne peut pas se passer en un temps
00:25:58trop court. L'exemple que je prends pour illustrer au mieux cette démarche et ce qu'elle a généré
00:26:05chez nous c'est le matelas de Timothée qu'on a lancé l'année dernière donc après 4-5 ans de
00:26:10travail pour mettre au point le premier matelas entièrement fabriqué à partir de vieux matelas
00:26:14recyclés. C'est une première boucle d'économie circulaire au sein de la filière litterie et
00:26:20c'est un très bon exemple pour moi de ce qu'est finalement l'entreprise à mission. Ce n'est pas
00:26:24quelque chose de théorique, ce n'est pas juste une raison d'être qui est très belle, c'est vraiment
00:26:29comment on transforme le cœur de l'offre, le cœur du modèle de l'entreprise et ça a créé pour nous
00:26:37une triple valeur, une valeur économique, une valeur sociale et une valeur environnementale.
00:26:41Valeur économique, vous n'êtes pas sans savoir qu'on traverse une crise assez intense avec
00:26:47l'inflation qui touche nos clients mais qui touche aussi nos fabricants. Nous on a pris 28%
00:26:53d'augmentation de nos prix d'achat en espace de deux ans, c'est un choc. Et bien ce matelas qu'on
00:26:58a mis au point, alors c'est vrai qu'avant la crise Covid d'Ukraine, il était un peu plus cher à
00:27:04produire que le matelas traditionnel qui est fait principalement à partir de mousses issues du
00:27:07pétrole. Aujourd'hui avec l'inflation finalement notre matelas est plus économique donc il a
00:27:12protégé nos marges dans un contexte qui n'est pas simple. Il a créé une valeur sociale, on n'a plus
00:27:19mesuré comme c'est que des acteurs du bien-être de France que quand on crée un emploi à New York,
00:27:23c'est dix emplois en France qu'on soutient. Et il crée une valeur environnementale, on a fait
00:27:28une analyse du cycle de vie, on est en train de développer ces analyses de cycle de vie,
00:27:32notamment grâce au soutien de l'ADEME sur l'ensemble de notre catalogue produit. Et bien
00:27:37c'est 45% de CO2 en moins que le même matelas fabriqué à partir de mousses traditionnelles
00:27:43issues du pétrole. Donc là on a réconcilié finalement l'enjeu économique et les enjeux
00:27:49sociaux environnementaux. C'est possible et c'est fort de cette conviction d'ailleurs que je me suis
00:27:57dit en 2018 mais ce modèle de l'entreprise à mission en fait il est extrêmement puissant,
00:28:02il faut qu'on le partage, ce sera la deuxième partie. Néanmoins l'entreprise à mission c'est
00:28:06pas toujours un long fleuve tranquille parce que quand on met une mission dans ses statuts,
00:28:11alors l'inscription dans les statuts est très importante parce qu'elle permet quand même
00:28:15l'alignement des actionnaires et un changement d'état d'esprit. C'est à dire que l'actionnaire
00:28:19comprend à ce moment là que l'entreprise est au service de cette utilité sociale qu'elle a
00:28:24définie, de cette contribution positive pour la société, pour le bien commun qu'elle a définie et
00:28:30que c'est parce qu'elle sera utile pour la société qu'elle créera de la valeur pour l'actionnaire
00:28:34et non pas le profit d'abord et ensuite on verra. C'est donc un changement complet d'état d'esprit.
00:28:39L'inscription statutaire est donc un passage obligé quelque part mais après l'enjeu clé c'est la
00:28:46crédibilité, c'est l'engagement des collaborateurs et c'est donc la sincérité de la démarche. Quand
00:28:53on inscrit notre premier objectif de mission c'est informer et sensibiliser sur la consommation
00:28:57responsable. On inscrit ça en 2017. Quinze jours plus tard j'ai un comité stratégique avec mes
00:29:03actionnaires et je leur dis bah voilà dans quinze jours on va fermer camif.fr pour boycotter le
00:29:11black friday parce que le black friday c'est le syndrome de la surconsommation donc ce jour là
00:29:16bah on va faire l'inverse et donc on va fermer. Alors ça je ne vous cache pas que ça n'a pas
00:29:20été mon meilleur comité stratégique de la vie. Ils ont passé deux heures et demie à essayer de me
00:29:26convaincre que c'était pas à l'entreprise de prendre ce type de parti radical, que c'était
00:29:34peut-être pas nécessaire d'aller jusqu'à fermer le site. On pouvait très bien se contenter de ne
00:29:40pas faire de promotion ce jour là et moi je crois qu'on ne changera pas le monde avec de l'eau tiède
00:29:45mais on changera avec de l'audace. Alors moi je crois que c'est ça qu'on attend aujourd'hui d'un
00:29:50dirigeant, c'est qu'il ose. Il ose réinventer ses pratiques, qu'il ose réinventer les modèles,
00:29:54qu'il ose remettre en question cette sacro-sainte croissance parce que au fond il faut réinventer
00:29:59une économie, un monde soutenable. Il faut le faire pour nos enfants, pour la planète si on
00:30:04l'aime. On n'a pas vraiment le choix et ça passe par des renoncements et je voudrais insister sur
00:30:10l'importance en tant que dirigeant du renoncement pour accélérer la transformation. On ne va pas
00:30:18transformer par une transition linéaire, modérée. À un moment donné on a besoin d'actions un peu
00:30:27radicales, on a besoin de renoncer à un certain nombre d'activités qui ne sont plus alignées
00:30:33avec les objectifs de l'entreprise ou avec les objectifs globaux en fait. Et clairement,
00:30:40renoncer au Black Friday, même si ça n'a pas été pour nous le pire jour de l'année, on a fait
00:30:46zéro euro de chiffre d'affaires ce jour-là alors que tous les acteurs du e-commerce ont fait
00:30:50des très beaux scores en 2017. On était les seuls à faire passer ce message. Pour que ça marche,
00:30:57il fallait quand même qu'on en parle. C'était un peu le pari. Là, on a eu quelques sueurs
00:31:02froides parce que les journalistes à qui on parlait de l'opération disaient que c'est bien
00:31:07mais on ne comprend pas le problème du Black Friday. On fait des bonnes affaires pour Noël,
00:31:13alors pour eux, je ne pouvais pas grand-chose. Puis l'autre moitié des journalistes qu'on
00:31:17approchait disait que c'est très courageux. On passe le sujet en comité de rédaction puis
00:31:22ils revenaient systématiquement après le comité de rédaction en disant « Désolé, on ne peut pas
00:31:25parler quand même d'un site qui boycotte le Black Friday parce que c'est quand même notre
00:31:29meilleure semaine de recettes publicitaires », donc difficile. Et ça n'est que parce que certains
00:31:34journalistes ont été bousculés parce qu'eux-mêmes ont reçu une tonne et des tonnes d'emails
00:31:42de Black Friday ont été exposés à de la publicité partout qui nous ont dit finalement « Venez nous
00:31:47en parler ». J'ai fait mon baptême de Jean-Jacques Bourdin ce jour-là. J'ai fait une demi-heure à
00:31:50l'antenne pour expliquer pourquoi il était un peu sceptique au début, pourquoi on faisait ça.
00:31:54Et ensuite, il m'a dit que je faisais de la com et j'ai acquiescé. On faisait de la com
00:31:59responsable parce qu'on n'avait juste rien à vendre ce jour-là, juste à faire passer un
00:32:03message. Est-ce qu'on doit continuer à consommer comme on consomme et des actions comme le Black
00:32:08Friday qui incite vraiment les gens à acheter des produits dont ils n'ont pas forcément besoin,
00:32:13etc. ? Ou est-ce qu'on ne doit pas requestionner nos modes de consommation ? Reprendre la maîtrise
00:32:17de notre pouvoir d'achat, de notre pouvoir de consommation. Consommer moins, mais aussi
00:32:22consommer mieux. Et moi, c'est ça le message que je porte et c'est ça que Camille porte quand elle
00:32:27dit « On va défendre la consommation responsable », c'est « On va reprendre la maîtrise de notre
00:32:30pouvoir d'achat, on va consommer moins, on va consommer mieux ». Et donc, à se poser davantage
00:32:35de questions avant d'acheter un produit. Est-ce que j'en ai vraiment besoin ? Est-ce que j'en ai
00:32:38besoin tout de suite ? Est-ce que je n'ai pas un produit similaire ? Est-ce que je ne pourrais pas
00:32:41réparer ce que j'ai ? Et si vraiment je veux acheter un produit neuf, je vais me poser davantage
00:32:44de questions. D'où il vient ? Dans quelles conditions sociales, environnementales il a
00:32:48été fabriqué ? Et finalement, cette opération, on l'a réitéré chaque année depuis, sur le temps
00:32:55long, je peux dire qu'elle a apporté beaucoup de fruits très positifs pour l'entreprise. D'abord,
00:33:00on a entièrement renouvelé la clientèle. On a aujourd'hui 80 % de nos clients qui sont des
00:33:06jeunes, pas du tout forcément instinctifs ou fils d'instinct, mais qui sont vraiment engagés,
00:33:12qui veulent donner du sens à leur achat et qui donc veulent acheter à des marques qui sont engagées,
00:33:20mais qui sont surtout capables d'apporter des preuves de leurs engagements. Et ça a été un
00:33:24marqueur très fort de notre engagement sur la consommation responsable. Et puis, ça ne nous a
00:33:32pas empêché non plus de faire de la croissance malgré tout depuis 2017. Et enfin, 1 500 sites
00:33:40l'année dernière e-commerce ont boycotté Black Friday. Donc, ça a vraiment porté un débat,
00:33:44et moi je crois que le rôle de l'entreprise est aussi un rôle politique, de prendre part au débat
00:33:48de la cité, puisqu'on façonne finalement la société quelque part, à la fois par un ancrage
00:33:55très fort dans notre chaîne de valeur en amont, mais également en aval, une influence considérable
00:34:00qu'on peut avoir sur les comportements de consommateurs. Et donc, je recommande le
00:34:05renoncement comme un outil de transformation, d'accélération de la transformation, à condition
00:34:10qu'il soit sincère, à condition qu'il soit cohérent par rapport au projet de l'entreprise,
00:34:17et qui est l'engagement des collaborateurs, parce qu'évidemment, c'est un outil qui déstabilise,
00:34:23mais en même temps, si on veut transformer, il faut se mettre en mouvement. Donc, quelque part,
00:34:27quand on renonce à une activité, nous on a renoncé en 2021 à tous les produits de
00:34:32grand import, pour se recentrer que sur des produits made in Europe, donc aujourd'hui,
00:34:36100% de notre offre est fabriquée en Europe, et 74% de notre chiffre d'affaires est fait en France,
00:34:41mais ça nous a obligés à renoncer à 7% de notre catalogue en 2021. Ce sont les collaborateurs qui
00:34:48ont fait ce renoncement-là, ça nous a mis en tension, mais c'est cohérent, et ça nous a
00:34:53permis aussi, et c'est un des bénéfices du renoncement, de libérer de l'énergie des
00:34:59collaborateurs qui étaient posés sur des choses ou des activités qui ne créent pas vraiment de
00:35:04valeur, en tout cas pas sur le long terme pour l'entreprise, pour la recentrer sur ce qui compte
00:35:11vraiment. Et donc, on a fait des actions, des hackathons pour relocaliser l'unicom, on n'a pas
00:35:15encore tout trouvé, mais ça a aussi permis d'accélérer, d'avoir une proposition à l'heure
00:35:20encore plus alignée, bien perçue par les consommateurs, qui sont aujourd'hui aussi
00:35:26beaucoup plus aguerris par rapport aux tentatives de greenwashing des entreprises. Et donc, c'est
00:35:31cette sincérité aussi, je crois, qui est valorisée. Et puis, pour terminer, parce que souvent on me
00:35:36pose la question, oui, tout ça c'est bien, mais poursuivre des enjeux sociaux, environnementaux,
00:35:41ça se fait un peu au détriment de la valeur économique, non ? Ou est-ce que ce n'est pas un
00:35:44peu contradictoire ? Moi, je pense tout le contraire. Et il y a un an et demi, on s'est
00:35:48rapproché de la Maïf, on fait partie maintenant du groupe Maïf, probablement jamais on n'aurait
00:35:52été racheté par la Maïf et les fonds d'investissement qui nous ont fait confiance en
00:35:572009 ou 2013, ils n'auraient pas trouvé de meilleure sortie et ça n'aurait pas été possible
00:36:03si on n'avait pas fait tout ce chemin sur l'entreprise à mission. Et la Maïf aussi est
00:36:07une société à mission, donc on est aussi très aligné. Donc, ça ne s'est pas fait du tout au
00:36:11détriment de la valeur économique créée. Au contraire, ça a accéléré la transformation de
00:36:19Camif, de son offre, de sa clientèle. Et aujourd'hui encore, ça nous met en tension pour imaginer
00:36:26de nouveaux modèles. Mais je crois que c'est aujourd'hui fondamental pour un dirigeant que
00:36:30d'investir dans la transformation. Si on ne le fait pas, c'est comme ceux qui n'ont pas investi
00:36:35dans la transition digitale. Les Kodak, les Sony qui ont inventé le wallpan, ils n'existent plus
00:36:42trop aujourd'hui. Ils ont raté le virage et les opportunités qu'a ouvert le digital. Aujourd'hui,
00:36:50un dirigeant qui n'investit pas sur la transformation de son modèle, qui prend
00:36:57en compte les limites planétaires, qui met à risque son entreprise. Et je crois qu'aujourd'hui,
00:37:05il y a une prise de conscience chez les dirigeants, mais aussi même dans la finance,
00:37:09chez les actionnaires, qu'au fond, si on veut créer une valeur soutenable, il faut qu'elle soit
00:37:14aussi positive pour la société. Il faut aussi que l'entreprise adresse des enjeux de société. Et si
00:37:20elle ne le fait pas, elle va perdre la guerre des talents. Parce qu'évidemment, l'engagement et la
00:37:27mission est un facteur très positif pour la marque employeur. Et si elle perd la guerre des talents,
00:37:34elle perd la guerre tout court en fait. Donc voilà un peu le chemin parcouru par Camille. Je ne sais
00:37:43pas si je suis dans mon timing, Léa, par rapport aux autres questions que tu as adressées.
00:37:50Si, merci. Merci beaucoup, Emery. En plus, cette petite conclusion de la première séquence fait le
00:38:00lien avec plusieurs questions qu'on a dans le chat, que je vais donc te partager. Donc d'abord,
00:38:07on a des interrogations, mais ça fera peut-être le lien avec la seconde partie sur la différence
00:38:16entre une entreprise à mission et une entreprise de l'économie sociale et solidaire. Je pense que
00:38:19peut-être qu'on peut la garder pour plus tard. Et le reste attrait quand même vraiment à
00:38:26l'organisation actuellement de Camif et cet engagement. On a des questions sur la Camif,
00:38:32est-elle une entreprise libérée ? C'est-à-dire, est-ce qu'elle a une structure hiérarchique qui
00:38:37reflète aussi ses engagements ? Donc qui serait moins pyramidal, plus horizontal, où chacun des
00:38:45collaborateurs est aussi un peu libre de s'auto-organiser, s'auto-diriger ? Ou est-ce que
00:38:52ça n'a pas impacté l'organisation du travail au quotidien ? Et puis, une autre question qui est
00:39:00en lien, je les garde pour la suite. Est-ce que la joie de vivre au travail a favorisé les
00:39:07recrutements à Camif ? Ça a été un petit peu abordé à la fin en disant qu'évidemment, c'était
00:39:13bénéfique pour la marque employeur et que du coup, ça a bénéficié à l'attractivité aussi de
00:39:20l'entreprise, j'imagine, auprès des personnes sur le marché du travail. Donc voilà, ces deux
00:39:26questions-là. Alors, pour répondre aux questions dans l'ordre, est-ce qu'il y a une complémentarité,
00:39:33une différence entre les entreprises à vision et le SS qui est intéressant ? Et on en parlera
00:39:39lors de... peut-être que je peux démarrer tout de suite là-dessus, finalement, pour parler un peu
00:39:45du cadre de ce que c'est une entreprise à mission, parce que pour parler de la différence ou des
00:39:49complémentarités, il faut poser le cadre. Donc, et pour recontextualiser un peu, une fois qu'on a
00:39:57pris conscience, nous, en 2017-2018, à quel point ce modèle était structurant pour un dirigeant qui
00:40:04veut rendre son entreprise plus contributive, on s'est dit mais il faut qu'on le fasse connaître,
00:40:08on le partage, on ne peut pas rester avec un modèle comme ça dans un laboratoire et avec
00:40:12quelques entreprises qui l'expérimentaient. Donc, c'est ce qui m'a motivé à cofonder la communauté
00:40:18des entreprises à mission en 2018. Et l'idée était d'offrir, faire une sorte de communauté
00:40:25d'innovation avec des dirigeants qui souhaitaient s'engager, qui ne savaient pas forcément comment
00:40:29le faire, et leur offrir un cadre de partage pour partager leur expérience, pour faire connaître et
00:40:36leur faire comprendre la singularité de ce modèle de l'entreprise à mission, et puis de continuer à
00:40:42enrichir un modèle qui n'était pas encore fini à l'époque. Et c'est avec cette association d'intérêt
00:40:51général que j'ai cofondé, que j'ai présidé de la création jusqu'à juin de cette année,
00:40:55qu'on a poussé finalement, et pour que dans la loi PAC, on travaillait avec le rapport
00:41:02Nota Sena, on a été interlevés, etc., on puisse avoir la reconnaissance de ce modèle,
00:41:07et qui aujourd'hui s'appelle la société à mission. Peut-être dire un tout petit mot aussi sur la loi
00:41:14PAC, parce qu'il n'y a pas que la société à mission dans la loi PAC, il y a eu la modification du code
00:41:17civil, donc on est passé directement de Napoléon à Greta Thunberg, parce qu'en gros, on n'avait pas
00:41:22touché l'article 1933 depuis un petit moment. Et donc, l'article 1933, il est intéressant,
00:41:29parce qu'il dit que toute entreprise doit prendre en considération les enjeux sociaux et
00:41:33environnementaux. Ça consacre l'ARSE, c'est-à-dire qu'on n'a plus le choix aujourd'hui, ça devient la
00:41:39norme. Ce n'est pas bien de faire de l'ARSE, c'est normal. Et c'est important parce que ça veut dire
00:41:45que quel que soit le statut juridique d'une entreprise, qu'elle soit une coopérative,
00:41:49une mutuelle, une ESRL ou une ESAS, une boîte cotée, une boîte familiale, elles doivent prendre
00:41:56en considération dans leurs projets les enjeux sociaux et environnementaux. C'est une révolution,
00:42:01mais elle est passée un peu velours, mais c'est vraiment une révolution. C'est, pour moi,
00:42:07aussi puissant que le devoir de vigilance qui permet aujourd'hui à toute ONG d'attaquer une
00:42:12entreprise parce qu'elle n'a pas pris en considération dans sa chaîne de valeurs le respect
00:42:16des droits de l'homme. Le deuxième article qui a été modifié, c'est de donner la possibilité à
00:42:22des entreprises de se doter d'une raison d'être, l'article 1035, de modifier son objet social pour
00:42:28intégrer une raison d'être. C'est intéressant parce que ça permet d'ouvrir la question de
00:42:32pourquoi l'entreprise existe et à quoi elle sert. Et le modèle aboutit à la société à mission qui
00:42:39a un cadre vraiment structurant, qui vient crédibiliser finalement l'engagement de l'entreprise
00:42:44et qui est un outil pour accélérer la transformation de l'entreprise. Qu'est-ce que c'est une société
00:42:49à mission ? Vous l'avez compris, une entreprise à mission, c'est en manière générale, c'est l'entreprise
00:42:53qui met au cœur de son modèle une mission avec un impact positif sur des enjeux sociaux et
00:42:57environnementaux. Et techniquement, une société à mission, c'est une société qui respecte trois
00:43:02conditions. L'inscription statutaire dans les statuts d'entreprise d'une raison d'être et
00:43:08d'objectifs sociaux et environnementaux qui sont librement choisis par chaque entreprise,
00:43:13qui doivent refléter la singularité de l'entreprise, qui doivent être ancrées dans le modèle économique
00:43:17de l'entreprise. Et qui, pour l'avoir vécu et expérimenté, a souvent mobilisé un travail
00:43:25assez collaboratif pour arriver à une définition. Parce que la raison d'être n'est pas un exercice
00:43:31simple, ce n'est pas une agence de pub qui va vous faire votre raison d'être. Les objectifs
00:43:35sociaux et environnementaux, il faut qu'ils soient vraiment ancrés dans les pratiques,
00:43:37dans le modèle de l'entreprise. Donc, c'est un exercice qui demande beaucoup d'itérations
00:43:41successives et qui est une forme de ligne de crête. D'ailleurs, si on est trop déconnecté des pratiques
00:43:45de l'entreprise, les gens vont voir un risque. Il y a un risque très fort d'insincérité qui va
00:43:51être perçu en premier lieu par les collaborateurs. Donc, c'est une démarche qui va se retourner
00:43:55complètement et qui va avoir l'effet inverse de celui escompté. Et inversement, si ça ne crée
00:43:59pas une tension créative comme celle que j'évoquais tout à l'heure sur la mise en tension de
00:44:04l'entreprise, ça ne sert à rien. Donc, c'est un équilibre subtil qu'il faut trouver. L'inscription
00:44:10dans les statuts, la deuxième clé, c'est la mise en place de gouvernance de la mission. Alors,
00:44:16pour les grandes entreprises de plus de 50 personnes, il faut un comité de mission. Pour
00:44:19les petites, un référent mission. Mais c'est aussi une révolution. Parce que quand on analyse
00:44:25un peu les autres pays et l'évolution des droits des sociétés dans les autres pays,
00:44:29il y a un modèle un peu proche qui est la Società Benefit en Italie. Il y a en Espagne le modèle
00:44:35qu'ils ont voté un peu l'année dernière qui ressemble pas mal aussi à l'entreprise à mission.
00:44:39Mais personne, aucun pays au monde n'a touché à la gouvernance. Or, si on veut transformer les
00:44:44entreprises, il faut toucher à la gouvernance. Parce que l'entreprise n'existe pas. En droit,
00:44:49l'entreprise n'existe pas. Seule la société existe. Mais quand on regarde qui gouverne
00:44:54la société, la société est aujourd'hui gouvernée par un conseil d'administration qui représente
00:44:59les actionnaires et l'intérêt des actionnaires. L'intérêt des actionnaires, il n'est pas toujours
00:45:04aligné avec celui de l'entreprise. Notamment sur cette question du temps long, notamment sur
00:45:08cette question du rendement, du capital et du coup de l'équilibre entre la répartition de la
00:45:15valeur dans l'entreprise, entre le capital, le travail. Aucun organe de gouvernance n'était
00:45:21vraiment dédié à l'entreprise. Et là, avec le comité de mission, on vient de créer finalement
00:45:27la reconnaissance de l'entreprise et un organe de gouvernance qui défend exclusivement les
00:45:33intérêts de la mission de l'entreprise. C'est vraiment nouveau, c'est une révolution et c'est
00:45:38ce que doivent donc faire les entreprises à mission. Et ce comité de mission, il sert à
00:45:42challenger l'entreprise au regard des objectifs qu'elle s'est fixée, à évaluer l'entreprise au
00:45:48regard des objectifs qu'elle s'est fixée parce qu'elles ont publié un rapport de mission chaque
00:45:52année. Et c'est le comité de mission qui évalue chaque objectif de mission. Et enfin, le troisième
00:45:59élément structurant que doivent respecter les sociétés à mission, c'est le fait d'accepter
00:46:05de la transparence et d'accepter la sanction d'un audit de vérification par un organisme
00:46:10tiers indépendant qui va venir tous les deux ou trois ans selon la taille de l'entreprise,
00:46:13vérifier la qualité de sociétés à mission. Est-ce que l'entreprise a bien sincèrement mis en
00:46:20œuvre un projet qui est au service de sa mission ? Est-ce qu'il y a eu des moyens qui ont été mis ?
00:46:25Est-ce qu'il y a eu des objectifs qui ont été atteints ? Est-ce que les travaux du comité de
00:46:29mission reflètent bien tout ça ? Et c'est ces trois conditions-là qui font qu'on est sociétés
00:46:34à mission ou pas. Et ce qui est intéressant, et là j'en viens donc, je reboucle avec la
00:46:40question initiale, c'est que ce modèle de la société à mission, ça n'est pas un statut,
00:46:45c'est une qualité. Et donc il est indépendant des statuts et il peut s'adapter donc à tous
00:46:50les statuts. Il peut venir s'encapsuler sur une coopérative, une mutuelle, une ESA RL, une EURL,
00:46:56une ESA, une ESAS, que ce soit une boîte-côté, une boîte-fébrile, peu importe. Tout le monde
00:47:02peut adopter cette qualité de société à mission. On a même aujourd'hui en France des associations
00:47:06qui adoptent finalement le modèle de la société à mission. On a le rugby club Agnor, évidemment,
00:47:15qui a adopté la qualité de société à mission. Donc, même si ce n'est pas prévu en fait par
00:47:20la loi. Donc, ce qui est intéressant, c'est qu'aucune entreprise, quel que soit son métier,
00:47:25quelle que soit sa forme juridique, quelle que soit sa taille, n'est aujourd'hui à l'abri de
00:47:32bien définir, de bien clarifier les objectifs positifs qu'elle entend mener, la contribution
00:47:39positive qu'elle entend mener pour la société. Et ça, c'est assez fondamental. Donc, on peut tout
00:47:45à fait être une structure de l'ESS et se dire finalement, et dans l'ESS, on voit la différence
00:47:51entre un crédit agricole ou un ESAT, avec lesquels, par exemple, on travaille beaucoup
00:47:55d'ESAT, l'ESAT Duhamo à Pau, qui est une structure d'insertion qui fait un travail dingue. On fait
00:48:01tous nos lits en pain massif là-bas. Elle est quand même assez large, le crédit agricole,
00:48:06l'ESAT Duhamo. L'ESS est assez divers finalement. Mais aucune structure de l'ESS aujourd'hui ne
00:48:14devrait être absente de ce débat de quelle est ma contribution positive pour la société. Qu'est
00:48:19ce que j'essaye d'adresser comme sujet ? Et ça fait du bien de se le dire, parce qu'on a beaucoup
00:48:27d'entreprises qui viennent souvent à la communauté en disant, oui, mais nous, on est missionnative,
00:48:31on a la mission. Bien sûr qu'on est entreprise à mission par nature. En fait, quand on fait
00:48:37l'exercice d'interroger l'ensemble des parties prenantes, de s'obliger à formuler vraiment la
00:48:44contribution positive et singulière de l'entreprise, on s'aperçoit d'abord que c'est un
00:48:49très bon exercice, parce que parfois on va beaucoup plus loin que ce qu'on pouvait imaginer. Et quand
00:48:54on s'oblige et qu'on prend ce cadre de la société à mission qui est un cadre de progrès, on est
00:49:00meilleur. Parce qu'on doit rendre des comptes, parce qu'on doit progresser d'un habit à l'autre.
00:49:04Donc oui, c'est un cadre qui est très riche. Adopté aujourd'hui par 1300 entreprises qui
00:49:13ont adopté la qualité de société à mission, ça double à peu près tous les deux ans. Donc,
00:49:18il y a une dynamique qui est très forte. Alors, on peut se dire 1300, ce n'est quand même pas
00:49:21beaucoup. En même temps, c'est des démarches qui prennent du temps, généralement un à deux ans.
00:49:26Donc là, on voit juste la première vague quelque part des entreprises à mission depuis que les
00:49:33décrets d'application de la loi PAC sont sortis en 2020. Mais ce qui est intéressant quand on
00:49:38observe les 1300, c'est qu'on voit tout type d'entreprise, toute type, toute forme juridique,
00:49:43tout secteur d'activité. Le premier, c'est la tech, l'IT, la tech. Deuxième, c'est le conseil.
00:49:51Le troisième, c'est la finance, plutôt positif. Mais on a aussi de l'industrie, du BTP, de l'agro
00:49:57alimentaire. On a vraiment tous les métiers. Et des entreprises qui vont sur le modèle
00:50:05l'entreprise à mission pour des raisons qui peuvent être diverses. Beaucoup d'entreprises
00:50:12familiales utilisent la mission comme un outil de transmission. Parce que formuler sa mission,
00:50:17c'est un exercice qui est très fécond. Mais il y a à la fois un exercice introspectif,
00:50:22pourquoi l'entreprise a été créée à la base, par le père, par le grand-père. Et puis un exercice
00:50:28qui est un acte de leadership très fort, d'affirmer sa vision, sa contribution positive
00:50:34pour la société de demain. Donc c'est introspectif et prospectif. Et finalement,
00:50:39c'est un outil de transmettre la mission. On le voit dans les entreprises à mission. On a
00:50:44des grandes entreprises. Et moi, je prends souvent le cas de Danone, parce que pour moi,
00:50:50c'est un excellent cas. Emmanuel Faber, qui a pourtant porté le passage en société à mission,
00:50:56qui était cohérent parce que Danone avait déjà inscrit le double projet en 1972 avec Riboud.
00:51:03Mais il a porté le sujet et il a fait voter par 99,5% des actionnaires, pour une boîte cotée,
00:51:09c'est quand même une bonne performance, le passage en société à mission. Puis quelques
00:51:13mois plus tard, il se fait débarquer pour des raisons qui n'ont rien à voir avec la société
00:51:16à mission. Et là, on aurait pu se dire, comme dans toute entreprise normale, quand le patron
00:51:21qui a incarné le truc part, tout s'écroule. Ben non, la mission, elle est restée. Le comité de
00:51:27mission, il est toujours là. Il est toujours présidé par Pascal Lamy. Et l'enjeu, ça va
00:51:31être comment la mission accélère la transformation du modèle Danone pour le rendre plus soutenable
00:51:36et par rapport aux objectifs de mission qui se sont attribués. Et donc, on voit que la mission
00:51:41est un outil de transmission. On voit que la mission est le cadre volontaire qui est adopté
00:51:46par la société à mission. C'est une façon de pérenniser la mission au-delà, demain,
00:51:51d'un changement de dirigeant ou d'un changement d'actionnaire. Donc, c'est un cadre qui est très
00:51:56fort à ce qu'il structure, pérennise et crédibilise l'engagement de l'entreprise. Et
00:52:04l'enjeu clé aussi, c'est dans les bénéfices, ça rejoint une des questions qui est posée,
00:52:09c'est l'engagement des collaborateurs. Alors en fait, les collaborateurs, quand la démarche est
00:52:17bien faite, en fait, ils sont engagés dès le démarrage, au moment de la réflexion sur pourquoi
00:52:21on existe, pourquoi on est ensemble. Et c'est les bonnes démarches d'entreprise à mission,
00:52:25elles démarrent par l'intérieur de l'entreprise et par un travail très collaboratif d'itération
00:52:30successives pour formuler de bonnes raisons d'être, inscrite dans le modèle, inscrite dans
00:52:33les métiers et co-construite avec les collaborateurs. Et l'effet positif que génère
00:52:39l'entreprise à mission, c'est que ça redonne du sens à l'entreprise. Et donc, ça nourrit
00:52:44l'engagement des collaborateurs. Ensuite, c'est pour la marque employeur, on a pu le mesurer,
00:52:51quand on a recruté il y a deux ans un directeur marketing, on a eu 250 CV pour New York. C'est
00:52:57juste exceptionnel, on n'avait jamais eu autant de CV. Et donc, la nouvelle présidente de la
00:53:04communauté des entreprises à mission, Hélène Bernicaud, qui est codégée de Crédit Mutuel
00:53:09Arkea, me disait l'autre jour que ça avait augmenté de 35% les CV reçus. Donc, quand on sait la
00:53:17tension sur les métiers en tension dans l'IT ou dans certaines activités, quand vous avez 30%
00:53:25de CV en plus, franchement, c'est déjà un signe qui est déjà très positif. Après, il faut assurer
00:53:30parce qu'il faut être à la hauteur de sa mission. Mais l'enjeu clé, c'est que les collaborateurs
00:53:36soient alignés, ils y trouvent du sens parce que c'est eux qui vont faire la transformation. Et
00:53:42c'est là où ça rejoint la question sur est-ce qu'on est une entreprise libérée ou pas. En fait,
00:53:45la mission libère quelque part le management. Je n'aime pas trop le terme d'entreprise libérée,
00:53:50je ne suis pas sûr qu'on puisse plaquer exactement un modèle à toutes les entreprises. Mais ce que
00:53:55permet la mission, c'est qu'une fois que la mission est claire, elle est claire chacun dans ses
00:54:01décisions au quotidien. Ils n'ont plus besoin de venir me demander l'avis de la direction,
00:54:06pourquoi est-ce qu'il faut faire ça, est-ce qu'il faut faire ça. Maintenant, en fait,
00:54:09ils font les choses. Donc, ça stimule vraiment la prise d'initiative à l'intérieur de l'entreprise,
00:54:15et ça libère finalement cette prise d'initiative parce qu'on sait ce pourquoi on est ensemble.
00:54:20C'est très clair, la mission est traduite opérationnellement. Il y a une feuille de
00:54:24route de mission et chaque collaborateur peut y contribuer. On a un petit sondage qu'on fait
00:54:29chaque année sur est-ce que les collaborateurs se sentent bien alignés par rapport à la mission.
00:54:35On a 100% de gens qui sont alignés par rapport à la mission. Ça fait un peu peur même,
00:54:39mais c'est vrai que le MediFrance, la consommation responsable, ça leur parle bien. Mais il y a deux
00:54:46ans, on avait aussi 40% de collaborateurs qui à la question de est-ce que vous avez l'impression
00:54:51de contribuer à la mission, vous disiez en fait non, on n'a pas l'impression de contribuer à la
00:54:56mission parce que quand on est à la comptabilité, quand on est à l'IT ou quand on est au service
00:55:01après-vente, on ne contribue pas beaucoup à faire de l'information, de la sensibilisation
00:55:06sur la consommation responsable ou sur l'économie circulaire. Ça nous a pas mal interrogé sur
00:55:12comment on pouvait engager et donner la possibilité à tous les collaborateurs qui le souhaitaient de
00:55:17s'engager au service de la mission de l'entreprise. On a créé des rôles qu'on a appelé les référents
00:55:23mission. Aujourd'hui, on a à peu près 30% de l'entreprise qui sont des référents mission,
00:55:26qui sont là pour faire le suivi d'une des actions de la feuille de route. Ils sont en binôme et
00:55:34donc ils font le suivi, le reporting, mais aussi ils enrichissent la feuille de route et ils font
00:55:38l'interface avec le comité de mission, qui lui se réunit 3-4 fois par an et qui donne son
00:55:44avis de manière globale sur la mission et sur la feuille de route. Ça, c'est extrêmement clé,
00:55:50c'est que ce sont les collaborateurs qui vont faire la transformation pour qu'elle soit bien
00:55:55faite, pour qu'il y ait le moins de résistance aux changements, parce qu'il y a beaucoup de
00:55:59changements à venir dans les organisations. Il faut que les collaborateurs trouvent du sens,
00:56:04et ensuite, il faut qu'ils aient envie de s'investir. Généralement, ce qui est aussi
00:56:09intéressant, c'est que l'effet positif que procure la mission, c'est qu'on recrute des gens qui sont
00:56:13complètement alignés par rapport à la mission. D'ailleurs, les jeunes recrues sont souvent plus
00:56:16engagés que ceux qui sont là depuis 10 ans. Il y a une forme d'émulation positive qui se crée,
00:56:24avec des initiatives qui naissent des collaborateurs. Par exemple, il y a deux ans,
00:56:27on a une collaboratrice qui venait d'arriver et qui dit « moi, j'aimerais bien pouvoir avoir un
00:56:32moment d'échange pour partager mes bonnes pratiques, mes éco-gestes, etc. » Elle a suggéré
00:56:37qu'on lance ce qu'on appelle le 12-13 chez nous, c'est entre midi et 13 heures, une fois ou deux
00:56:42par mois, on va partager une bonne pratique. C'est un collaborateur qui va amener, peut-être faire
00:56:47sa lessive soi-même, faire son déo soi-même, ou alors partager un livre ou un film qu'il a touché,
00:56:53qu'il a mis en mouvement. Et voilà, ça, c'est des initiatives qui naissent de l'intérêt de
00:56:58l'entreprise, qui montrent que l'entreprise à mission est un chemin qui a réussi quelque part,
00:57:03parce qu'il a réussi à engager la transformation même des collaborateurs. Donc, voilà à peu près
00:57:15le... Je ne sais pas si j'ai répondu à toutes les questions. Alors oui, s'il y avait une question
00:57:20sur PME ou grandes entreprises. Oui, c'est ça. Merci beaucoup déjà pour les réponses. Est-ce
00:57:26que c'est effectivement transposable à des entreprises plus grandes, voire des multinationales?
00:57:31On en a eu au moins un exemple avec Danone, mais voilà. Et puis peut-être aussi des exemples
00:57:37équivalents de sociétés à mission à l'étranger. Je crois que ça a été évoqué rapidement, mais qu'il
00:57:43y a eu une petite coupure exactement au moment où on parlait des sociétés à mission italiennes.
00:57:48Donc, peut-être revenir là-dessus. OK. Alors bien sûr, c'est un modèle qui est applicable à toutes
00:57:54les formes juridiques, mais aussi à toutes les tailles d'entreprise. Je l'ai expliqué. Alors,
00:57:58on a un tiers des sociétés à mission en France qui sont des startups, qui démarrent tout de suite
00:58:03avec la mission. Mais on a aussi 9% et on a 81% de PME, mais on a aussi 9% de grandes entreprises.
00:58:14Alors que les grandes entreprises ne représentent que 0,16% des entreprises en France. Nous,
00:58:20il y a 9% de grandes entreprises qui sont sociétés à mission. Ça veut dire que c'est un modèle qui
00:58:24est tout à fait applicable pour des grandes entreprises aussi. L'enjeu clé pour les grandes
00:58:29entreprises, ça va être comment elles peuvent le déployer dans leurs autres filiales. Est-ce que
00:58:34c'est la filiale qui démarre par la société à mission et puis ça va remonter un peu en mode,
00:58:40il y a une expérimentation faite dans un pays ou dans une filiale et puis on va reprendre la
00:58:45démarche au niveau du groupe ou est-ce que c'est le groupe qui va avoir cette réflexion et qui va
00:58:49diffuser ça dans l'ensemble de ses filiales. On a tous les exemples, on a d'ailleurs instruit
00:58:55cette question avec un groupe de travail là-dessus au sein de la communauté des entreprises à
00:58:58mission pour qu'on a plein d'exemples de grandes entreprises. Le groupe Rocher, la Maïf, Crédit
00:59:06Mutuel, Alliance Fédérale, Crédit Mutuel Arkea. On a aussi des licornes à mission, Compton Square,
00:59:13Doctolib, Ecovadis. Ça montre que c'est aussi tout à fait compatible avec une hyper création de
00:59:22valeur. C'est un modèle qui vraiment s'applique à tous. L'enjeu clé, ça va être, et c'est une des
00:59:32raisons sur lesquelles je m'investis maintenant depuis que j'ai passé la main sur la présidence
00:59:37de l'association, c'est l'échelle européenne. On a besoin aujourd'hui de passer le modèle à
00:59:43l'échelle européenne parce qu'effectivement, on a quelques pays qui ont pris des initiatives.
00:59:48L'Italie, un peu avant la France, avec la Società Benefite. Vous avez des boîtes comme Chiesi en
00:59:54Italie qui sont Società Benefite en Italie, elles sont Società Mission en France, puis elles sont
00:59:59Bicorp, je ne sais pas où. Elles disent qu'on a besoin d'un modèle européen. On a besoin d'affirmer
01:00:04davantage notre souveraineté européenne et de construire ce modèle d'entreprise à mission au
01:00:09niveau de l'échelle européenne. Ça permettrait de faciliter le déploiement dans l'ensemble du
01:00:14groupe, dans l'ensemble des filiales avec une démarche homogène. C'est sur quoi je travaille.
01:00:18J'ai été au Parlement européen au mois de juin pour réclamer une directive européenne de
01:00:25l'entreprise à mission. Je pense qu'on a en France une très belle expérience avec la Société à
01:00:29Mission. On a fait pas mal de services après vote avec la communauté des entreprises à mission pour
01:00:35documenter, pour se nourrir des retours d'expérience des entreprises qui sont lancées. Cette
01:00:43expérience peut être mise à profit pour déployer le modèle au niveau européen, affirmer davantage
01:00:47notre souveraineté européenne parce que franchement, le capitalisme européen n'est pas le même que
01:00:52celui des Chinois et des Américains. On a des valeurs à affirmer et probablement que c'est bien,
01:00:58on voit que les enjeux réglementaires, les normes se développent beaucoup, que les entreprises vont
01:01:05d'ailleurs peut-être un peu être submergées de normes et de reporting extra financier avec la
01:01:09CSRD qui arrive parce que même les PME vont être touchées quand on est client d'une grande
01:01:15entreprise. On va devoir répondre aux mêmes questions que les grandes entreprises. Mais
01:01:19les reporting ne vont pas transformer le monde et donc il y a une urgence à passer à l'action et
01:01:26finalement c'est un excellent cadre l'entreprise à mission pour accélérer la transformation,
01:01:31le passage à l'action des entreprises. Et pour ça, on va avoir aussi besoin des grandes
01:01:37entreprises parce qu'on a besoin de tous, on n'a pas que besoin de pionniers ou de défricheurs
01:01:43ou de l'ESS. Non, on a besoin d'engager la transformation dans toutes les entreprises.
01:01:48Donc c'est important que dans chaque secteur, dans chaque territoire, on ait des entreprises
01:01:55qui un peu pionnières vont partager, vont dire que c'est possible, vont raconter ses
01:02:01nouveaux récits de la réussite, qui ne sont pas que des réussites financières mais qui sont
01:02:05aussi des réussites pour tout le monde. Et donc je crois fondamentalement que là on a un modèle
01:02:12qui a beaucoup de bénéfices. C'est un levier d'engagement pour les collaborateurs qui redonne
01:02:17du sens, c'est un levier d'innovation à l'intérieur de l'entreprise parce qu'il y a cette mise en
01:02:21tension et du coup c'est un levier de performance, mais c'est un levier de triple performance,
01:02:25économique, sociale et environnementale. Merci beaucoup Amélie. Je vais faire aussi
01:02:34mettre du temps, il est presque 14h10, il nous reste une grosse vingtaine de minutes dans ce
01:02:39webinaire. Je vous propose que peut-être on aborde la dernière question qui a été posée dans le chat
01:02:47aussi en faisant le lien avec les autres questions que je souhaitais évoquer aujourd'hui. À la fois
01:02:54peut-être un peu un retour d'expérience de cette aventure qu'a été la présidence et la création de
01:03:04la communauté des entreprises à mission. On en a déjà parlé mais peut-être un peu comment est-ce
01:03:10que ça s'est passé ce rôle d'influence, peut-être de lobbying auprès aussi de l'État pour faire
01:03:18entrer cette forme d'entreprise qu'est la société à mission dans la loi Pacte. Maintenant il va
01:03:28falloir renouveler cette influence effectivement pour aller vers une généralisation à l'échelle
01:03:35européenne, mais aussi le lien avec qu'est-ce que peut l'entreprise aux côtés de l'État et des
01:03:42citoyens pour réussir la transition et qu'est-ce que peut peut-être l'État aussi pour accompagner
01:03:48ces entreprises dans leur transition écologique. C'est là que je disais que ça faisait le lien
01:03:53avec la dernière question qui est comment est-ce qu'on peut améliorer l'accès des entreprises à
01:03:57mission à la commande publique. Alors c'est peut-être pas vous qui allez y répondre aujourd'hui mais je
01:04:04pense que peut-être la communauté des entreprises à mission y a réfléchi, a fait des propositions en
01:04:10ce sens. Voilà tout un autre plan du sujet que je vous propose d'aborder dans la suite du
01:04:19webinaire jusqu'à 14h30. Ce qui est sûr c'est qu'aujourd'hui face à l'ampleur des crises qu'elles
01:04:28soient sociales, climatiques, biodiversité, la crise de la ressource, qu'elle soit humaine ou financière
01:04:36ou matière première, il y a urgence à réinventer nos modèles. Et en fait on n'a juste pas le choix.
01:04:44Donc en gros soit on fait de la sobriété choisie, soit elle va être subie. Je ne suis pas sûr qu'elle
01:04:49sera toujours très heureuse mais en tout cas on peut inventer ses nouveaux récits. Et ce qui est
01:04:54sûr c'est qu'on va avoir besoin de tous. Parce que si on prend l'ensemble des acteurs qui peuvent
01:04:59influencer la transformation de la société, puisqu'on parle de ça, on parle vraiment de
01:05:04transformation écosystémique. On a des citoyens qui sont collaborateurs dans les entreprises,
01:05:11consommateurs ou simples citoyens engagés aussi dans des ONG. On a l'État et on a les entreprises.
01:05:22Il ne faut pas tomber dans le triangle de l'inaction et dire oui on va attendre que l'État bouge ou on va
01:05:27attendre que les citoyens bougent et puis ensuite les entreprises bougeront. Non, on a besoin que tout
01:05:31le monde bouge en même temps. C'est sûr que si on prend que les citoyens on n'y arrivera pas. Parce
01:05:36que si tous les citoyens adoptent les meilleurs éco-gestes, c'est une étude de Carbon 4 qui
01:05:41montre que si on arrête de manger de la viande, qu'on ne prend plus l'avion et qu'on ne mange
01:05:45on ne prend plus sa voiture pour les trajets de moins de trois kilomètres et qu'on achète tous
01:05:49ses meubles à la camif, on n'a fait que 25% du chemin pour nous limiter dans la trajectoire des
01:05:54deux degrés de l'accord de Paris. Ce qui veut dire que les 75 % du chemin sont à faire par
01:05:58les entreprises, par les collectivités, par l'État. Ça nous met une sacrée responsabilité
01:06:02aujourd'hui sur les épaules. Si on regarde les États, bien sûr que les États ont un rôle très
01:06:07important à jouer. On le voit avec les réglementations, on le voit avec la fiscalité,
01:06:12on le voit avec la commande publique. C'est ces trois leviers clés que les États peuvent activer
01:06:17et probablement il faut être encore plus exigeant sur l'activation de ces leviers pour que ça bouge
01:06:23davantage la société civile ou que ça bouge davantage les entreprises. Je vais remettre
01:06:29prochainement un rapport sur la TVA circulaire au ministre de l'écologie, Christophe Béchut,
01:06:35parce que moi je crois qu'il faut activer ce levier de la fiscalité et aligner les enjeux
01:06:40de la fiscalité à la transition écologique. Ce n'est pas normal de taxer de la même manière un
01:06:43produit éco-conçu fabriqué en Europe qu'un produit qui vient de l'autre bout de la planète,
01:06:48qui ne respecte aucune de nos normes, ni sociales ni environnementales. Ce n'est pas normal de taxer
01:06:54la réparation alors qu'aujourd'hui on le sait très bien, il y a un consommateur sur deux qui,
01:06:58quand sa machine avait tombé en panne, ne la répare pas parce que ça coûte plus cher que
01:07:02d'acheter du premier prix neuf qui vient de l'autre bout de la planète. Ce n'est pas normal.
01:07:05Donc il y a une forme d'activation nécessaire, activation de tous les leviers qu'on a à
01:07:11disposition pour accélérer la transformation des modèles vers une économie plus circulaire,
01:07:15moins le gourmand de ressources. Mais même les États, avec tous les moyens qu'ils ont,
01:07:22ne peuvent pas tout. Et même quand ils coopèrent, on le voit, la première COP c'était en 1995,
01:07:29il y avait 365 particules par million de CO2 dans l'atmosphère, on est rendu à 417. Donc on n'a pas
01:07:36réglé le sujet. Et puis avec la COP 28 à Dubaï, présidée par un grand président d'une compagnie
01:07:43pétrolière, je ne suis pas sûr qu'on va tout à fait dans le bon sens. Oui, peut-être qu'on
01:07:49pourrait être plus exigeant aussi sur créer un territoire où, à l'intérieur de ce territoire,
01:07:54on crée de l'équité à l'accès au marché. Je n'ai pas encore vu ça, mais nous on a régulièrement
01:08:00des fabricants qui se disent, bah oui, nous on fait du made in France, mais parce qu'on a des
01:08:05obligations environnementales qu'on comprend très bien, qu'on doit investir dans des usines de
01:08:10retraitement des déchets ou de l'eau, et qu'on a les normes sociales qui sont les nôtres, on ne peut
01:08:15pas être compétitif par rapport aux produits de grand import qui viennent du Pakistan. Quand on
01:08:20fait venir du linge de maison du Pakistan en France, ils sont beaucoup moins chers parce qu'ils
01:08:25ne payent aucun droit de douane, aucune taxe particulière, et qu'ils sont donc beaucoup moins
01:08:32chers que les produits fabriqués en Europe. Mais c'est vrai que quand on fabrique un drausse au
01:08:38Pakistan, les rivières sont rouges quand c'est la teinture rouge qui passe, et que malheureusement,
01:08:43les deux tiers de la pollution, ce n'est pas au moment de la fabrication, c'est dans le premier
01:08:47lavage, dans nos machines à laver, donc on importe même la pollution. Est-ce que c'est bien normal ?
01:08:51Est-ce que c'est normal de faire en sorte qu'on ait des entreprises comme SHEIN qui, on sait tous
01:08:59dans quelles conditions sociales sont fabriquées ces produits, nous pays des droits de l'homme,
01:09:03est-ce qu'on accepte que les produits soient vendus en Europe et qu'ils ne respectent pas
01:09:06le droit des travailleurs ? Est-ce que c'est normal ? Non, moi je pense que non, et je pense que les
01:09:11citoyens doivent avoir plus d'exigence sur la mise en place d'un accès au moins équitable au marché,
01:09:17il faut que tout le monde ait les mêmes règles pour opérer sur un marché. Ce n'est pas le cas
01:09:21aujourd'hui et je pense que ça doit changer. Et donc ça nous amène au troisième acteur qui est
01:09:27l'entreprise, et aujourd'hui on le voit, on a fait un sondage au sein de la communauté des
01:09:31entreprises à mission qui montre que 91% des français souhaitent que les entreprises s'engagent
01:09:38davantage. Donc il y a une pression aussi mise à l'extérieur de l'entreprise par les citoyens,
01:09:44mais aussi à l'intérieur de l'entreprise par les collaborateurs sur l'engagement de l'entreprise.
01:09:48Mais aujourd'hui on veut des entreprises qui sont capables d'apporter la preuve de ces engagements,
01:09:53et alors l'entreprise peut être un puissant levier de transformation de la société,
01:09:57ce qu'elle a toujours été quelque part, si on regarde les grandes révolutions industrielles,
01:10:03télécom, de la mobilité, le téléphone, le téléphone portable, l'internet, le train,
01:10:12la voiture, la télé, la radio, ce n'est pas les états qui ont inventé ça, ce sont les entreprises.
01:10:18Et aujourd'hui il y a besoin d'utiliser la force de l'entreprise pour réinventer notre économie,
01:10:24pour qu'elle soit soutenable, parce que sinon on va léguer un monde à nos enfants et nos petits
01:10:28enfants dans lequel on n'aimerait pas vivre, et ça ce n'est pas normal. Donc il y a à intégrer
01:10:35aujourd'hui pour l'entreprise cette fameuse théorie du donut, je ne sais pas si vous avez ça en tête,
01:10:41de Kate Raworth qui dit les limites planétaires, on a dépassé 6 sur 9, en fait l'entreprise doit
01:10:49construire à l'intérieur des limites planétaires, puis il y a le plancher social aussi, en dessous
01:10:53duquel il ne fait pas très bon vivre, répondre aux besoins fondamentaux de l'humanité, un salaire
01:10:59décent, un logement, de la nourriture, etc. En dessous du plancher social c'est invivable en fait.
01:11:05Donc il faut construire cet espace juste et sûr qui est celui dans lequel doivent aujourd'hui opérer
01:11:11les entreprises, ça demande de la sagesse, ça demande de réinventer nos pratiques, ça demande
01:11:14de la sobriété, ça demande de re-questionner les modèles de croissance, ça demande beaucoup de
01:11:18remise en question de l'ensemble finalement du système. Et ce qui est bien c'est que les premiers,
01:11:26les pionniers qui ont expérimenté ça, ils apportent déjà aujourd'hui la preuve que c'est possible,
01:11:31que c'est possible de réconcilier l'économie et l'écologie. Et je crois qu'aujourd'hui notre enjeu
01:11:37c'est d'arriver à le déployer au maximum et c'est pourquoi on a, avec la communauté d'entreprise
01:11:43beaucoup oeuvré à développer le modèle, à le faire connaître, à faire comprendre sa différence
01:11:49entre la RSE et la mission, à faire comprendre qu'en fait il faut que l'entreprise s'engage,
01:11:55qu'elle définisse ses combats, qu'elle définisse sa mission, il faut qu'elle se structure parce que
01:12:00si on n'a pas un cadre ça marche pas et en même temps c'est un cadre volontaire donc c'est aussi
01:12:05quelque chose qui respecte beaucoup la liberté d'entreprendre. Et donc c'est effectivement avec
01:12:12ce travail de la communauté qui a été très riche qu'on a nourri et on nourrit la démarche
01:12:18d'entreprise. Moi je suis amené à beaucoup témoigner de la démarche qu'on a entreprise
01:12:23avec Camif et puis le modèle de l'entreprise Amison pour expliquer très concrètement ce que
01:12:27c'est et je pense que c'est comme ça qu'on arrivera à faire bouger les dirigeants, le maximum de
01:12:32dirigeants, le plus vite possible parce qu'une fois qu'on a pris sa claque climatique, qu'on a vu
01:12:36les rapports du GIEC et tout ça, il faut se dire comment on passe à l'action. Et là on a un cadre
01:12:41qui est très structurant, qu'il faut porter à l'échelle européenne parce qu'il faut pas que ça
01:12:45reste franco-français. Et c'est bien qu'on ait des Italiens qui aient mis la société à bénéfice,
01:12:50c'est bien les Espagnols. J'étais en Belgique la semaine dernière pour parler du modèle d'entreprise
01:12:55Amision, ils veulent faire une SMIC, ils appellent ça la SMIC, la société Amision d'intérêt commun.
01:13:00Donc c'est possible que ça se développe en Belgique mais il faut que ça se développe vite
01:13:05parce que c'est un modèle qui accélère la transformation donc on en a besoin de ce modèle.
01:13:09Il faut être fier de ce qui a été fait en France, c'est vraiment chouette. Moi je crois qu'on a
01:13:14besoin aujourd'hui de réinventer entièrement nos modèles. Pour Cabif, ça a été le choix de
01:13:20l'économie plus locale, de l'économie plus circulaire. C'est aussi aujourd'hui de nouvelles
01:13:25expérimentations qu'on lance sur l'économie de la fonctionnalité avec la location de chambre bébé ou
01:13:30chambre enfant qu'on a lancé cette année parce qu'on a un très bon cas d'usage lors de développements
01:13:34qui peuvent durer 50 ans mais on n'utilise pas 50 ans parce qu'au bout de 50 ans le bébé en
01:13:39vie de sortir de son lit à barreaux donc on a un bon cas d'usage où on peut donner 2, 3, 4,
01:13:445 cycles de vie à ces produits. Je crois qu'on a besoin d'entrepreneurs aujourd'hui à la
01:13:51tête des entreprises. On n'a pas besoin de gestionnaires. Les gestionnaires vont être
01:13:55très conservateurs dans leur approche de l'entreprise. Ils vont optimiser les choses
01:14:00mais là on n'est plus dans une phase d'optimisation, on a une phase de réinventer et on a besoin de
01:14:06beaucoup d'entrepreneurs donc il faut aussi s'appuyer sur les états, sur les écoles, sur
01:14:11les universités pour faire passer cette culture entrepreneuriale, ce goût du risque, ce goût de
01:14:16l'audace, ce goût de faire travailler ensemble des gens qui n'ont pas l'habitude de se rencontrer,
01:14:22de l'intelligence collective. On a besoin de ça parce que c'est aujourd'hui un siècle unique,
01:14:28on est dans un moment de bascule et on a besoin de mobiliser toutes nos formes d'intelligence
01:14:34pour imaginer ces nouveaux modèles, pour imaginer ce nouveau récit de la réussite. Donc on est tous
01:14:39acteurs quelque part et aujourd'hui il faut qu'on se mette en mouvement, qu'on se coordonne
01:14:45davantage et qu'on travaille ensemble à un développement soutenable. Merci beaucoup,
01:14:54je ne vois plus de questions dans le chat mais la dernière phrase que vous prononcez me fait
01:15:01penser à une question personnellement. Est-ce qu'avec la communauté des entreprises à mission,
01:15:08vous avez eu l'occasion par exemple de discuter avec des associations de jeunes diplômés ou
01:15:14d'étudiants comme les associations pour un réveil écologique qui appellent justement au réveil des
01:15:21entrepreneurs et des dirigeants d'entreprises qui sont actuellement étudiants en grande école et du
01:15:29coup ils appellent à se réveiller pour prendre en compte ces enjeux environnementaux. Est-ce que
01:15:36vous êtes allé rencontrer ces jeunes ? Est-ce que ça a eu un écho auprès d'eux cette forme
01:15:42qu'est l'entreprise à mission ? Oui absolument, d'ailleurs on a dans notre comité de mission,
01:15:51parce qu'on s'est appliqué au sein de l'association les bons principes de la société à mission,
01:15:55donc on a un comité de mission, on a une personne du rèveil écologique. Donc les associations de
01:16:02jeunes, les associations, il y a une association aussi, les collectifs qui sont en fait des
01:16:06collectifs de salariés à l'intérieur des entreprises qui se mettent en association pour
01:16:11faire bouger l'intérieur de l'entreprise. Il y a pas mal de grandes entreprises qui
01:16:14ont aujourd'hui des collectifs. Les anciens, on intervient aussi régulièrement avec les
01:16:21alumni force de planète, sur les anciens des grandes écoles. Je suis intervenu il n'y a pas
01:16:27très longtemps, au mois de juillet, à la conférence des directeurs des grandes écoles pour des grandes
01:16:34écoles d'ingénieurs et de commerce avec le campus de la transition écologique et pour un réveil
01:16:39écologique pour faire connaître le modèle de l'entreprise à mission et pour faire prendre
01:16:44conscience de à quel point ce modèle est un outil qui redonne du sens, qui transforme et qui accélère
01:16:49la transformation de l'entreprise. Donc oui, ça répond parfaitement aux aspirations des jeunes
01:16:54et je pense que si on veut être à la hauteur de leurs ambitions et de leurs exigences, à un moment
01:17:00donné, il faut se mettre en mouvement. Mais si on veut se mettre en mouvement de manière structurée,
01:17:04pérennisée et crédible, on a besoin d'un cadre et le cadre que je promeux, c'est celui de l'entreprise
01:17:11et de l'entreprise. Merci beaucoup. Une dernière question sur le rapport que vous avez très
01:17:27brièvement évoqué, que vous êtes en train de produire à la demande du ministre de l'écologie,
01:17:32la transition écologique, Christophe Béchut, sur la TVA circulaire. Est-ce que vous pouvez
01:17:37nous en dire quelques mots et est-ce que ça recouvre ? Je n'ai pas dévoilé tout le rapport,
01:17:42ce que je ne l'ai pas encore officiellement remis, mais en gros, sans trahir de secret,
01:17:48nous on est, parce que j'ai co-écrit ce rapport avec Emmanuel Ledoux qui est l'ADG de l'INEC,
01:17:54l'Institut national de l'économie circulaire. On est très fan et promoteur d'une TVA réduite sur
01:18:00notamment la réparation, parce que c'est la première des choses. Aujourd'hui, on constate
01:18:03qu'il y a une baisse du nombre de réparateurs chaque année et que la TVA est un outil qui
01:18:08touchera à la fois l'offre et la demande. Donc oui, ça ne va pas être que de la baisse de prix,
01:18:12mais ça va être aussi et probablement surtout l'amélioration des modèles économiques de la
01:18:17réparation, parce qu'aujourd'hui, il y a de moins en moins de réparateurs. C'est l'inverse qu'il
01:18:21faut qu'on arrive à faire en termes de dynamique. Donc, ça viendra en complément. La TVA n'est pas
01:18:25le seul outil, mais ça viendra en complément des bonus réparation, des fonds réparation qui
01:18:30sont mis en place par les filières REP. Donc, je pense que l'avantage de la TVA, c'est que c'est
01:18:38quelque chose qui parle à tout le monde, qui est très simple à mettre en œuvre et qui peut
01:18:42accélérer finalement non pas que l'acte de réparation, parce que là, c'est notre première
01:18:47recommandation, c'est de le faire sur la réparation, mais également l'acte d'achat en amont d'un
01:18:53produit peut-être plus cher, mais parce qu'il est éco-conçu, il va être réparable. Et on va se
01:18:57dire finalement, sur la durée, si je peux le réparer, ce produit me reviendra beaucoup moins
01:19:01cher qu'un produit jetable que je vais devoir renouveler régulièrement. Donc, là aussi,
01:19:06c'est l'idée d'influencer les comportements des consommateurs, à la fois en rendant peut-être
01:19:12visible, et c'est une partie de nos recommandations aussi, qu'on puisse adopter une TVA réduite aussi
01:19:17sur l'éco-conception, sur les produits éco-conçus. On a aujourd'hui de plus en plus de filières qui
01:19:22sont en train, avec l'affichage environnemental, de pouvoir structurer justement qu'est-ce que
01:19:27c'est qu'un produit éco-conçu. On imagine que les mieux-disant et les produits les mieux notés
01:19:33pourraient bénéficier aussi d'une TVA réduite pour accélérer, là aussi, ce passage à l'action
01:19:40du consommateur qui a un pouvoir considérable, parce qu'il choisit à chaque fois qu'il fait un
01:19:44achat, il choisit quel modèle on veut. Est-ce qu'on veut du low-cost importé ou pas ? Après,
01:19:50le jour où on mettra aussi une tasse carbone aux frontières pour les produits et les biens de
01:19:54consommation, peut-être que le produit Made in France deviendra beaucoup moins cher que le
01:19:58produit Made in très loin, mais en attendant, ce n'est pas le cas. L'enjeu aussi, c'est évidemment
01:20:05d'arriver à faire ça à l'échelle européenne, parce que la France ne peut pas tout. Il y a des
01:20:10directives européennes qui ont été un peu amondées, mais il faut aussi, et c'est notre recommandation,
01:20:15pousser pour qu'on élargisse la possibilité donnée aux États d'adopter une TVA réduite sur
01:20:21l'éco-conception, sur la réparation, et pas qu'uniquement quelques secteurs, mais vraiment
01:20:25beaucoup plus larges. Et puis ensuite, faire des études d'impact, parce que là, on touche
01:20:30finalement aux données publiques quelque part. Et donc, il faut voir si c'est vraiment impactant
01:20:36d'avoir baissé la TVA. On a des taux de TVA réduits aujourd'hui qui existent. Effectivement,
01:20:42je pense qu'ils n'ont aucun intérêt et peut-être qu'on pourrait les supprimer. Et nous, je pense
01:20:46qu'il faut qu'évidemment, si on fait cette mesure, on puisse se dire « c'est une mesure,
01:20:50on se donne cinq ans pour expérimenter, on fera une étude d'impact au bout de cinq ans,
01:20:55et puis on verra si oui ou non ça a dopé le nombre de réparateurs, si ça a, oui ou non,
01:20:59augmenté la part des produits éco-conçus, est-ce que ça a bénéficié finalement à créer de la
01:21:04valeur aussi sur nos territoires, parce que l'économie circulaire, c'est non délocalisable.
01:21:08On ne va pas réparer une machine à laver à l'autre bout de la planète, donc on va la réparer
01:21:12sur place. Donc, on va créer des emplois dans les petites villes, sur les territoires, recréer les
01:21:16cordonniers, les réparateurs, si on a besoin de recréer cette économie du territoire, cette
01:21:22économie locale, cette économie du lien, et on a besoin de basculer dans cette économie circulaire
01:21:30après un siècle d'économie linéaire qui consiste à faire de l'extraction et le plus
01:21:35possible, et faire de la vente et le plus possible, et puis jeter, parce que au bout d'un
01:21:40moment, voilà, donc c'est fini ça, c'est plus soutenable. On le sait, on le sait tous. De toute façon,
01:21:45avec le choc de l'inflation des matières premières, ça n'est pas soutenable, on le voit bien. Donc,
01:21:51il faut basculer sur l'économie circulaire, et pour ça, on a là aussi besoin de mettre un peu
01:21:57d'huile dans les rouages, et c'est aussi le rôle de l'État de le faire par des incitations avec
01:22:03peut-être la commande publique, oui, mais peut-être aussi avec la TVA ou l'arme fiscale. Il y a une
01:22:10forme d'urgence de toute façon à faire quelque chose, à bouger, et il faut bouger tout en même
01:22:15temps. Donc, voilà un peu les points clés du rapport, mais je ne dirais pas que je vous ai déjà
01:22:21dévoilé une partie des recommandations de mon ami de l'Unrapport. Un grand merci Emery, je vois un
01:22:32petit message, voilà, bravo pour votre démarche et votre intervention limpide, merci beaucoup pour
01:22:37cette intervention. Ce webinaire s'achève, c'est le moment pour moi de vous donner quelques
01:22:46informations sur la suite de ce partenariat entre l'IGPDE et donc la Fabrique d'Innovation pour les
01:22:53Transitions du ministère. D'abord, vous allez recevoir à la suite de ce webinaire un petit
01:23:00questionnaire d'évaluation. C'est toujours utile pour nous qu'un maximum de personnes le complètent
01:23:04parce que ça nous aide aussi à programmer des événements par la suite qui répondent le plus à
01:23:09vos besoins, à vos attentes. Deuxième chose, ce webinaire sera disponible en replay dans quelques
01:23:16jours sur la page de l'IGPDE et vous en recevrez le lien, donc vous pourrez le revisionner et le
01:23:24diffuser avec vos collègues si vous le souhaitez. Et petit teasing de la programmation de cette fin
01:23:31d'année. On a terminé en parlant de levier TVA circulaire et peut-être du levier de la fiscalité,
01:23:39et voici justement le thème de la prochaine conférence organisée par nos deux structures le
01:23:4612 décembre prochain qui aura pour thématique la fiscalité environnementale et puis tous les enjeux
01:23:55de redistribution qui l'accompagnent. Vous pouvez vous inscrire déjà à cette conférence sur le site
01:24:02internet de l'IGPDE et vous en aurez connaissance de toute façon par les newsletters de nos deux
01:24:08structures si vous voulez bien inscrire. Encore un immense merci Emery pour cette intervention.
01:24:15Merci à tous.
01:24:16Merci à tous d'avoir suivi ce webinaire. Bonne journée, à bientôt.

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