Avec David Amiel, député Ensemble pour la République de Paris
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NewsTranscription
00:00SUDRADIO, l'invité politique, Jean-Jacques Bourdin.
00:07Notre invité, David Amiel, qui est député ensemble pour la République, député de Paris, David Amiel, bonjour.
00:14Bonjour.
00:15Merci d'être avec nous ce matin.
00:17Discours de politique générale de Michel Barnier.
00:20Demain, demain, c'est votre rentrée à l'Assemblée Nationale.
00:23Quoique vous êtes membre de la Commission des Finances.
00:25Oui, on a commencé à rentrer il y a quelques semaines.
00:27On a eu les premières auditions des ministres sur le budget.
00:29Oui, tiens, je vais revenir sur le budget, David Amiel.
00:33Mais qu'attendez-vous du discours de Michel Barnier demain ?
00:36Vous savez, le gouvernement qui a été constitué n'a pas pu être un gouvernement du non-républicaine.
00:40Moi, je le regrette.
00:41Je pense que dans les circonstances, on aurait dû avoir un gouvernement
00:44qui allait de la gauche républicaine à la droite républicaine en passant pour le Bloc central.
00:48D'abord, parce que c'est ce qui aurait été conforme aux résultats des élections législatives.
00:52Et puis ensuite, parce que c'est ce qui aurait permis d'avoir le socle
00:55pour avoir des grandes réformes un peu comme celles qu'on avait eues en 1945 ou en 1958.
01:00Ça n'a pas pu être le cas parce qu'on a un système politique qui est immature,
01:03qui est complètement obsédé par l'élection présidentielle de 2027.
01:06Et donc, la première chose...
01:07Gérald Darmanin, encore hier ! Un de plus !
01:10La première chose que j'attends du discours de politique générale,
01:13c'est que, à défaut d'avoir eu un gouvernement d'union républicaine,
01:16on ait une politique d'union républicaine.
01:18Et la deuxième chose que j'attends de ce discours de politique générale,
01:21c'est qu'on ait des annonces précises, concrètes,
01:24parce que je crois que rien ne serait pire que de congeler la vie politique pendant trois ans.
01:27On a beaucoup d'urgences en France,
01:29depuis le logement jusqu'à la question sécuritaire.
01:32On a besoin d'avoir un agenda de réforme.
01:34– Ah, ça, ça me plaît !
01:35Des annonces concrètes, ça me plaît !
01:37Ça me plaît quand on est concret.
01:40Y a-t-il des lignes rouges à ne pas franchir ?
01:43À vos yeux, à vos yeux, quelles sont-elles ?
01:47– Non mais davantage que des lignes rouges,
01:49d'abord, il y a des choses à faire, il y a des lignes vertes, si je puis dire.
01:52– Alors commençons, que demandez-vous ?
01:54– Que demandez-vous ?
01:55– Demandez-vous à Michel Barnier.
01:57Vous êtes député ensemble pour la République, que lui demandez-vous ?
02:00– La première chose, parce que ça va être le premier texte qui va être discuté,
02:02c'est évidemment le budget,
02:04donc c'est qu'on puisse avoir un discours précis, clair,
02:07sur la manière de rétablir nos finances publiques
02:09sans augmenter massivement les impôts,
02:11parce qu'on sait tous que ce n'est pas la solution.
02:13– Vous êtes contre toute hausse d'impôts ?
02:15– Je suis contre les hausses massives d'impôts.
02:17Pourquoi ? Parce que…
02:18– Non mais ça veut dire quoi, ça ?
02:19Moi, je voudrais que les auditeurs comprennent.
02:22– Je vous le dis très clairement,
02:24est-ce qu'il faut augmenter l'impôt sur le revenu ?
02:26Non, j'y suis hostile.
02:28Est-ce qu'il faut augmenter les charges qui pèsent sur les entreprises ?
02:30Non, j'y suis hostile.
02:32– Quelle que soit l'entreprise.
02:33– Quelle que soit l'entreprise, parce que ça détruit de l'emploi.
02:35– Même les grandes entreprises.
02:37– Bien sûr, parce que si les grandes entreprises qui ouvrent, par exemple,
02:39des usines de batteries électriques dans le nord de la France
02:41vont les ouvrir en Allemagne, ou pire, en Asie,
02:44ça nous fera une belle jambe pour l'emploi et pour l'attractivité du pays.
02:46– Donc, vous dites au gouvernement, c'est pas ce que dit Michel Barnier.
02:49Michel Barnier dit qu'il va mettre à contribution les très grosses entreprises
02:53en augmentant l'impôt sur les sociétés.
02:55– Oui, je suis contre fragiliser.
02:57– Est-ce que vous êtes contre l'augmentation de l'impôt sur les sociétés
03:00pour les grandes entreprises ?
03:01– Oui, je suis contre l'augmentation de l'impôt sur les sociétés
03:03pour les grandes entreprises pour deux raisons.
03:05La première, parce que je ne crois pas que ça puisse être temporaire.
03:07Notre histoire montre que les impôts temporaires perdurent toujours.
03:11Et pour une raison simple, parce que le déficit qu'on a aujourd'hui
03:14n'est pas un déficit temporaire exceptionnel, c'est un déficit permanent.
03:17Et donc, je ne crois pas que vous allez enlever en 2026 des impôts
03:20que vous augmenteriez en 2025.
03:22Et puis, la deuxième raison, c'est qu'on a besoin de nos champions nationaux.
03:25On a besoin de nos grandes industries françaises.
03:27On a besoin de les développer, pas de les fragiliser dans la mondialisation.
03:31En revanche, est-ce qu'il y a des réformes possibles en matière fiscale ?
03:34Bien sûr.
03:35– Bien, vous allez me dire quelles sont les réformes à faire.
03:38Vous êtes membre de la commission des finances,
03:40membre Ensemble pour la République.
03:42Vous allez me dire quelles sont les réformes à engager
03:44pour améliorer évidemment les finances de l'État, le budget de l'État.
03:49Bien.
03:50Mais David Amiel, je vais être précis.
03:53Les hauts revenus doivent-ils payer plus d'impôts ?
03:56– On a un problème spécifique sur les ultra-riches.
03:58Les milliardaires qui ont beaucoup de moyens de contourner aujourd'hui l'impôt,
04:02d'optimiser par différents mécanismes,
04:04ce qui fait que certains arrivent à payer beaucoup moins d'impôts
04:07que les classes moyennes.
04:08On a même des cas où on a seulement 2% de leurs revenus réels
04:13qui sont mis en impôts.
04:14Ça, c'est un scandale.
04:15On a, vous le savez, un bouclier fiscal.
04:17C'est un montant maximum d'impôts qu'on peut demander aux plus riches.
04:21Eh bien moi, je suis pour créer un filet fiscal.
04:24C'est-à-dire s'assurer qu'ils payent un montant minimum d'impôts
04:27pour s'assurer qu'il n'y a pas d'abus dans le système.
04:30– Mais comment fait-on ?
04:31– Je crois qu'il faut pouvoir mettre ça en place.
04:33– Comment fait-on un filet fiscal ? Expliquez-nous concrètement.
04:36– Eh bien donc, c'est s'assurer que quand on prend l'ensemble
04:39des déclarations d'impôts des ultra-riches,
04:42on parle là de personnes qui ont des centaines de millions d'euros
04:45voire des milliards d'euros de patrimoine,
04:47eh bien que ça n'atteigne pas des montants dérisoires
04:50comme ça peut être le cas par les mécanismes d'optimisation fiscale.
04:53Je crois qu'il faut qu'on puisse travailler dessus.
04:55– Donc on met un…
04:56– Un montant minimum d'impôts.
04:57– Un plancher.
04:58– Un plancher, exactement, comme le bouclier fiscal était un plafond.
05:01– Un montant minimum d'impôts.
05:02– Exactement.
05:03– Bien, c'est intéressant.
05:05Ausse des taxes sur les successions ou pas ?
05:08Est-ce qu'il faut augmenter les taxes sur les successions ?
05:10– Il y a un débat, je ne crois pas à l'augmentation générale
05:13des taxes sur les successions.
05:15Je pense même qu'il y a beaucoup de personnes
05:16sur lesquelles il faudrait les réduire.
05:17Je pense en particulier à la classe moyenne,
05:19je pense aussi aux successions en ligne indirecte.
05:21Vous savez quand vous avez une succession
05:23qui vient d'un oncle, d'une tante,
05:25les successions vers les petits-enfants,
05:27elles sont aujourd'hui très lourdement taxées,
05:29je pense qu'il faudrait les réduire.
05:30Est-ce qu'en contrepartie de cette réduction pour la financer,
05:33on peut s'intéresser à nous, aux héritages des plus riches ?
05:37Oui, c'est un débat légitime,
05:38on l'a eu en commission des finances d'ailleurs la semaine dernière.
05:40– Oui, je sais, c'est la raison pour laquelle je vous en parle.
05:43Augmentation de la taxe sur les factures d'électricité,
05:46c'est ce qu'on dit, c'est ce que j'entends ?
05:49– Je crois qu'il faut être extrêmement prudent à nouveau
05:51sur cette question-là, d'abord parce qu'on a évidemment
05:54un problème de pouvoir d'achat.
05:55– Vous dites non à Michel Barnier là,
05:57pas d'augmentation de la taxe sur les factures d'électricité.
06:00– Je crois qu'il faut que les factures d'électricité
06:02baissent pour les Français dans janvier.
06:04– Vous dites non à l'augmentation de la taxe.
06:06– Il faut que les factures d'électricité baissent
06:08pour les Français en janvier dernier,
06:09je pense que ça doit être l'objectif du gouvernement,
06:11d'abord parce qu'on a traversé une période inflationniste très dure,
06:13et puis ensuite parce qu'on a, vous le savez,
06:15un discours sur la transition énergétique,
06:17l'électricité propre en France,
06:19il faut évidemment permettre aux gens d'y avoir recours.
06:21– Bien, dites-moi, il y a aussi un autre sujet,
06:25j'ai vu, baisse des aides à l'apprentissage.
06:28– Oui, ça je crois.
06:30– Oui, c'est bien ça, de baisser les aides à l'apprentissage ?
06:33– Je crois qu'il faut en tout cas réviser les aides à l'apprentissage, oui.
06:35Autant il faut évidemment continuer à soutenir
06:37les aides à l'apprentissage,
06:39notamment dans le secondaire,
06:41dans le secteur professionnel,
06:43autant, oui, avoir des aides à l'apprentissage
06:45massives pour des étudiants à l'université
06:47qui vont dans des grandes entreprises,
06:49là je crois qu'on a dépensé trop d'argent public
06:50et qu'il y a des pistes d'économie.
06:51– Bien, rétablissement de taxes d'habitation,
06:53il n'en est pas question.
06:54– Non, c'est un impôt injuste qui pesait
06:56sur les classes moyennes des villes pauvres.
06:58– Et TVA à 20% dans la restauration,
07:00non plus, il n'en est pas question.
07:01– Non, je crois que ce ne serait pas raisonnable.
07:03– Oui, ce ne serait pas raisonnable.
07:05Bon, écoutez, vous nous donnez des informations,
07:07vous attendez avec impatience
07:09ce que va dire Michel Barnier,
07:11j'imagine, sur le budget,
07:14il va falloir baisser les dépenses aussi.
07:16– Tout à fait, c'est même la priorité.
07:17– Oui, c'est la priorité, mais comment faites-vous ?
07:19Où allez-vous chercher l'argent ?
07:21Est-ce que, par exemple, on touche
07:23au budget de l'intérieur,
07:25du ministère de l'Intérieur, de la Justice,
07:27des armées ? On n'y touche pas.
07:29– D'abord, je voudrais, juste pour redonner un peu
07:31de grandeur, combien d'argent on va aller devoir trouver ?
07:34C'est à peu près 110 milliards d'euros
07:36pour simplement stabiliser la dette.
07:38Pas en une année, je vous rassure,
07:40sur plusieurs années, mais c'est quand même important.
07:42– 110 milliards sur 3 ans ?
07:44– Sur plutôt 7 ans, nous disent les économistes,
07:46mais c'est très important à dire.
07:48110 milliards d'euros, c'est plus que la totalité
07:50de l'impôt sur le revenu, donc ça montre bien
07:52que d'aller chercher ça par des hausses d'impôt,
07:54c'est intolérable, ce serait ou bien
07:56matraquer les classes moyennes et les envoyer tout droit
07:58vers le Rassemblement National, ou bien matraquer
08:00les entreprises et les envoyer tout droit en Chine.
08:02Donc il faut évidemment réduire nos dépenses publiques.
08:04Ensuite, vous mentionnez l'État,
08:06il faut que tout le monde s'y mette.
08:08L'État, les collectivités locales et les transferts sociaux.
08:11Quand on regarde ce qui se passait il y a 30 ans,
08:13l'État dépensait à peu près autant qu'aujourd'hui
08:15en part du PIB. En revanche, ce qui a beaucoup
08:17augmenté en France, c'est les transferts sociaux,
08:20d'une part, et dans une moindre mesure,
08:22les collectivités locales. On a un effort à faire
08:24du point de vue de l'État, c'est très important,
08:26il y a aussi un effort à faire du point de vue
08:28des collectivités locales et des transferts sociaux.
08:30– Bien, l'AME, on y touche ou pas ?
08:32– Moi, je suis hostile à la transformation
08:34de l'AME en aide médicale d'urgence. Je précise juste
08:36que ce n'est pas du tout un débat budgétaire,
08:38les dépenses de l'AME sont bérisoires,
08:40donc c'est un débat politique sur la question migratoire.
08:42Un rapport a été établi par Patrick Stefanini,
08:44qui vient de la droite, qui est réputé
08:46pour être très ferme en matière migratoire
08:48et qui dit très bien que l'AME ne contribue
08:50absolument pas à alimenter les flux migratoires en France.
08:52– Vous ne voterez jamais une transformation
08:54de l'AME en MU ?
08:56– Non, je voterai contre si elle était proposée
08:58par le gouvernement. – Vous voteriez contre.
09:00Bien, est-ce que Michel Barnier a eu raison
09:04de recadrer votre collègue Antoine Armand,
09:07qui est aujourd'hui ministre des Finances ?
09:09– Je crois qu'il y a eu… – de l'économie, pardon.
09:11– Il y a eu beaucoup de confusion dans cette journée
09:13de mardi dernier. Est-ce que…
09:15– C'est votre ami, Antoine Armand, je le dis.
09:17– On a des liens, effectivement, d'amitié
09:19avec beaucoup, d'ailleurs, de députés
09:21du Groupe Ensemble pour la République.
09:23Ça ne surprendra personne.
09:26– Je crois qu'il ne faut pas être confus sur ce débat-là.
09:28Je crois qu'on peut parler avec, et il faut d'ailleurs
09:30parler avec tout le monde, avec tous les élus.
09:32Mais en revanche, on ne négocie pas
09:34avec n'importe quel parti. Est-ce que les élus
09:36du Rassemblement National de la France Insoumise
09:38doivent être reçus dans les ministères
09:40à Bercy, en l'occurrence, pour avoir
09:42les mêmes informations que les autres députés ?
09:44Bien sûr, et d'ailleurs, c'était déjà le cas
09:46les années précédentes. Ils étaient reçus
09:48par Bruno Le Maire et par Thomas Cazenave.
09:50En revanche, est-ce qu'on doit négocier
09:52le programme, le fonds avec
09:54le Rassemblement National ou avec la France Insoumise ?
09:56En aucun cas. Et en ce sens, le coup de fil
09:58de Michel Barnier à Marine Le Pen
10:00a créé une ambiguïté. Je pense qu'il est très important
10:02– Vous le regrettez ce coup de fil ?
10:04– Je pense qu'il a créé une ambiguïté, donc c'est très important
10:06– Il a eu tort ? Est-ce qu'il a eu tort ?
10:08– En tout cas, il est très important que le gouvernement
10:10puisse, dans les jours qui viennent, clarifier
10:12– Je vous pose la question, dites-moi franchement, est-ce qu'il a eu tort ou pas ?
10:14– Je crois que le gouvernement a d'abord tort de ne pas
10:16clarifier sa relation de travail avec
10:18le Rassemblement National. S'il s'agit de négocier
10:20avec le RN, alors je pense qu'effectivement
10:24il n'a rien à voir avec le Rassemblement National
10:26ou avec la France Insoumise. – Michel Barnier, faute lourde,
10:28il a appelé Marine Le Pen,
10:30faute lourde.
10:32– Je crois que l'erreur du gouvernement, je vous le redis,
10:34est d'abord de ne pas
10:36clarifier la manière dont il bosse
10:38avec le RN et les filles. – Vous ne me répondez pas !
10:40S'il a appelé Marine Le Pen, c'est bien qu'il se sentait
10:42coupable.
10:44Michel Barnier, c'est un acte de soumission ou pas ?
10:46– C'est pour ça que moi, ce que j'aurais voulu,
10:48c'est que mardi dernier, le gouvernement,
10:50Michel Barnier,
10:52les porte-parole du gouvernement,
10:54précisent bien qu'il ne s'agira en aucun cas
10:56de négocier la déclaration politique générale,
10:58le budget, les projets de loi avec le RN
11:00ou avec les filles. – De ne pas avoir précisé,
11:02c'est faute lourde.
11:04– C'est une erreur de ne pas l'avoir précisé, on a besoin qu'il le clarifie.
11:06– Oui, vous avez besoin qu'il le clarifie.
11:08Parce que ce n'est pas très clair pour vous,
11:10les rapports entre le gouvernement Barnier
11:12et le Rassemblement National. – C'est pour ça que je crois
11:14que ça a créé beaucoup de confusion et tous les débats que vous mentionnez
11:16cette semaine. – C'est la raison pour laquelle,
11:18David Amiel, vous hésitez à soutenir
11:20le gouvernement ? Vous avez un doute ?
11:22Est-ce que vous avez un doute sur
11:24le gouvernement ?
11:26– Moi, ce que je voudrais d'abord, c'est que...
11:28– Sur ce que veut ce gouvernement,
11:30sur les choix de ce gouvernement. Je vais revenir
11:32à ce qu'a dit Bruno Retailleau hier soir.
11:34– C'est pour ça qu'on attend aussi avec impatience
11:36la déclaration politique générale et que je vous disais
11:38qu'elle devait être concrète. – Donc, votre soutien
11:40n'est pas acquis automatiquement ?
11:42– Mon soutien au projet de loi
11:44du gouvernement n'est évidemment pas acquis automatiquement.
11:46Je me prononcerai
11:48en âme et conscience, conformément d'ailleurs
11:50à ce que j'ai défendu auprès de mes électeurs.
11:52Moi, je crois que c'est très important
11:54évidemment de ne pas jouer la politique du pire.
11:56On a besoin d'avoir un gouvernement
11:58qui tienne dans la durée, qui présente
12:00un budget au pays, qui soit adopté.
12:02On est dans une période où il y a des tensions financières,
12:04budgétaires très importantes. En revanche,
12:06évidemment, on ne peut pas soutenir
12:08tout et n'importe quoi. Donc, c'est très important
12:10qu'on ait une clarification sur un certain nombre
12:12de points majeurs. – Ça veut dire, David Amiel,
12:14que vous reprochez à Michel Barnier
12:16ce coup de fil à Marine Le Pen.
12:18Est-ce que vous reprochez à Bruno Retailleau
12:20d'avoir dit que l'immigration, ce n'est pas
12:22une chance pour la France ? – Oui, tout à fait.
12:24Bruno Retailleau n'est plus un sénateur
12:26d'opposition. Il est ministre de l'Intérieur.
12:28Et donc, ce qu'on attend de lui en cette qualité,
12:30ce ne sont pas des provocations,
12:32ce sont des propositions. Quand on dit
12:34que l'immigration n'est pas une chance pour la France,
12:36qu'est-ce que ça veut dire ? Est-ce que ça veut dire
12:38qu'aucun immigré n'est une chance pour la France ?
12:40J'imagine que non. Sinon, Bruno Retailleau
12:42irait nous expliquer qu'il compte
12:44expulser les aides à domicile.
12:46– C'est le discours de l'ARN.
12:48– Laissez-moi finir, Jacques Bourdin.
12:50Est-ce que Bruno Retailleau va nous dire qu'il va
12:52expulser les aides à domicile étrangères,
12:54les travailleurs des EHPAD étrangers,
12:56les ouvriers du BTP étrangers ?
12:58Bon, j'imagine que non. Donc, en réalité,
13:00j'essaie d'interpréter. J'imagine que ça veut dire
13:02qu'il faut mieux contrôler
13:04l'immigration régulière, qu'il faut lutter
13:06contre l'immigration irrégulière, qu'il faut
13:08expulser les étrangers délinquants. Mais dans ce cas-là,
13:10ce qu'on attend de lui, c'est plutôt
13:12des propositions concrètes sur la manière
13:14d'obtenir davantage de laissés-passés consulaires,
13:16sur la manière d'avoir un meilleur taux
13:18d'exécution des OQTF,
13:20et non pas des propos qui sont
13:22honnêtement blessants, insultants
13:24pour de très nombreux immigrants
13:26en France, pour de très nombreux descendants
13:28d'immigrés. Et là, pour le coup, je voudrais citer…
13:30– Il y a eu des propos blessants, insultants ?
13:32– Évidemment, beaucoup d'immigrés ou de personnes qui viennent
13:34de familles immigrées qui ont
13:36beaucoup donné pour le pays, peuvent se sentir
13:38blessés ou insultés. Et là, je voudrais
13:40citer Michel Arnier, il a dit qu'on avait besoin
13:42de plus d'action et de moins de communication
13:44de la part du gouvernement. Je partage complètement,
13:46et je crois que ça s'applique aussi à M. Retailleau.
13:48– Est-ce que Bruno Retailleau parle comme le RN ?
13:50– Bruno Retailleau
13:52doit surtout agir.
13:54Je crois que c'est ça qu'on attend du ministre de l'Intérieur.
13:56– Il veut agir, vous savez comment ?
13:58Vous savez ce qu'il a dit ? Il veut agir.
14:00Par exemple, les centres de
14:02rétention, 90 jours aujourd'hui,
14:04avant d'être expulsés,
14:06quand on est en centre de rétention,
14:08on peut passer à 180 jours. Vous êtes d'accord ou pas ?
14:10– Ça c'est un débat légitime. Je trouve que
14:12d'avoir un débat, effectivement, sur la période
14:14de rétention dans les
14:16on avait d'ailleurs déjà eu lors
14:18de la mandature précédente, on avait déjà
14:20d'ailleurs étendu la période
14:22de rétention en centre administratif.
14:24Est-ce qu'il faut pouvoir ou pas l'étendre ?
14:26Est-ce qu'il faut du coup construire davantage
14:28aussi de centres de rétention administratifs pour pouvoir
14:30accueillir davantage de personnes ?
14:32Ça oui, je crois que c'est un débat tout à fait légitime. Il faut justement
14:34que sur l'immigration, on sorte des
14:36postures et des positions idéologiques
14:38pour pouvoir être concret et précis. Je crois que notre
14:40pays a trop pâti, justement,
14:42de ce théâtre un peu permanent
14:44sur cette question-là et de l'impuissance des pouvoirs
14:46publics. Gérald Darmanin a réussi
14:48à obtenir des résultats importants grâce
14:50à sa loi Immigration. On a eu,
14:52vous vous rappelez, des débats enflammés sur cette question-là.
14:54N'empêche qu'on voit depuis le début de l'année des
14:56augmentations considérables, des éloignements
14:58d'étrangers en situation irrégulière.
15:00Il faut qu'on puisse continuer à travailler
15:02en ce sens. – Bien.
15:04David Amiel, autre question ?
15:06La double peine ?
15:08Bruno Retailleau s'est aussi prononcé hier soir.
15:10Il est favorable au rétablissement d'une double peine.
15:12De la double peine, vous aussi ?
15:14– C'est surtout que c'est déjà
15:16le cas, puisque aujourd'hui, et c'était
15:18précisément le sens de la loi Immigration,
15:20on a levé un certain nombre de barrières
15:22qui empêchaient l'éloignement
15:24d'étrangers délinquants. Donc c'est là où je crois
15:26qu'on a besoin d'avoir des choses plus précises.
15:28– C'est dommage, la question ne lui a pas
15:30été posée sur le droit du sol, parce que j'aurais aimé connaître
15:32sa position sur le droit du sol
15:34à Bruno Retailleau. Je ne sais pas
15:36ce que vous pensez. Il est très à droite,
15:38Bruno Retailleau. Est-ce que
15:40c'est un gouvernement très à droite, David Amiel,
15:42à vos yeux ?
15:44– C'est là où il est difficile aujourd'hui de vous
15:46répondre, puisqu'on n'a pas encore entendu
15:48la ligne globale du gouvernement. Moi, je veux
15:50vraiment donner toute sa chance
15:52à ce gouvernement. On sait qu'il y aura des personnalités.
15:54– Vous êtes prêt à le censurer s'il le faut ?
15:56– Je ne me projette pas du tout là-dedans. On a un gouvernement qui vient
15:58de se constituer. On a des premiers jours
16:00des gouvernements dont on sait qu'ils peuvent
16:02toujours être compliqués. On a une déclaration politique
16:04générale demain. Je vous l'ai dit,
16:06on aura des personnes qui sont évidemment
16:08d'une droite dure au gouvernement.
16:10La question est de savoir quelle va être la ligne globale
16:12du gouvernement. Il est très important qu'il puisse
16:14être celui de l'union républicaine
16:16à laquelle, je crois, beaucoup de Français aspirent.
16:18– Oui, il y a des lignes rouges pour vous, c'est clair.
16:20Vous ne voterez pas, j'imagine,
16:22la censure de la gauche à la fin
16:24de la semaine ? – Non, je vous le confirme.
16:26– Bon, oui, j'imagine. Sur l'assurance
16:28chômage, la réforme
16:30est suspendue et
16:32je pense qu'elle va être enterrée,
16:34vous le regrettez ? – Je crois
16:36qu'on a besoin de continuer, évidemment,
16:38à réformer l'assurance chômage.
16:40Ensuite, il est vrai qu'on est dans une période économique
16:42difficile, puisqu'on voit
16:44que la croissance a ralenti
16:46cette année, que les prévisions
16:48sur l'année prochaine ne sont pas très
16:50optimistes. Donc, pour le coup, que l'on
16:52re-réfléchisse à l'assurance chômage dans ce
16:54nouveau contexte économique-là, ne me
16:56paraît pas du tout choquant et tout à fait légitime.
16:58En ce sens, je crois que le gouvernement a la bonne méthode.
17:00– Bien. Marine Le Pen,
17:02devant la justice, est-ce que vous
17:04souhaitez qu'elle soit rendue inéligible ?
17:06– Je n'ai rien à souhaiter sur une décision
17:08de justice. Moi, je souhaite que la décision
17:10de justice, elle ne soit pas politique et qu'elle soit rendue
17:12en droit. Je pense que c'est très, très important
17:14de ne pas mélanger les deux.
17:16– Est-ce que c'est un procès
17:18politique, comme elle dit ?
17:20Est-ce que c'est un procès ?
17:22Est-ce qu'il y a une volonté de l'écarter
17:24de la future présidentielle ?
17:26– Non, ce n'est pas un procès politique.
17:28Et vous savez, tous les partis
17:30ont été concernés par des procès
17:32de ce genre. On avait d'ailleurs eu celui
17:34du Medem il y a quelques mois.
17:36– C'est une pratique courante dans les partis ?
17:38– Absolument pas. En revanche…
17:40– C'est une pratique courante dans les partis ?
17:42– Non, ce n'est pas une pratique courante dans les partis.
17:44– Beaucoup de partis faisaient ça, non ?
17:46– C'est simplement que la justice
17:48se prononce de manière indépendante.
17:50Maintenant, justement, je respecte ça.
17:52Je crois qu'il est très important pour des élus comme nous
17:54de ne pas commenter, de ne pas faire de pression
17:56et de bien séparer ce qui relève du débat public
17:58et ce qui relève de questions judiciaires.
18:00– Une dernière question. Qui doit présider
18:02Renaissance ? Enfin,
18:04Ensemble ou La République ?
18:06– On aura un débat
18:08dans les prochaines semaines, on ne connaît pas.
18:10On ne connaît pas encore la date du congrès.
18:12Moi, plus que la question de la personne,
18:14je pense que ce qui est très important, c'est qu'on est…
18:16– Mais vous, vous êtes pour qui ? Vous êtes favorable ?
18:18Gabriel Attal ?
18:20– Pour finir, à nouveau Journée Bourdin,
18:22je pense que c'est très important qu'on ait un débat d'idées
18:24parce que dans le parti, on en a trop peu eu
18:26ces dernières années.
18:28Je crois que c'est très important qu'on puisse se saisir
18:30de la période pour aussi comprendre les raisons
18:32de notre échec. D'abord, d'un semi-échec
18:34lors des élections législatives de 2022
18:36puisqu'on n'avait obtenu qu'une majorité relative
18:38et puis de notre échec lors de la dissolution
18:40en 2024.
18:42En 2017, on avait un électorat
18:44de travailleurs, d'actifs.
18:46On a, en 2024,
18:48un électorat qui est plutôt concentré
18:50sur des retraités aisés,
18:52cimentés par la peur du Rassemblement National
18:54et de la France Insoumise.
18:56Et avec des actifs qui sont partis dans les grandes villes
18:58vers la gauche et dans les villes petites, moyennes
19:00et les campagnes vers le Rassemblement National.
19:02Je crois que c'est une question très lourde, très profonde
19:04qui nous est posée. Comment est-ce qu'on renoue
19:06avec cette France du travail ?
19:08Gabriel Attal, on avait parlé au moment
19:10des classes moyennes, Gérald Darmanin…
19:12– Vous allez soutenir Gabriel Attal ?
19:14– Gabriel Attal a eu raison
19:16de poser cette question pour les classes moyennes.
19:18Je pense que ça doit être, en tout cas, au cœur
19:20du débat du parti. – Vous allez le soutenir ?
19:22– Il ne s'est même pas présenté
19:24comme étant candidat. Je crois que ce qui est surtout très important…
19:26– Mais il est… – Non mais à nouveau, ce qui est important,
19:28c'est qu'on ait des candidats à la tête du parti
19:30qui nous présentent leurs idées, leurs programmes…
19:32– Qui autre ? Parce que qui pourrait être candidat ?
19:34– Non mais je ne vais pas, à ma place,
19:36annoncer des candidats, ce serait quand même étrange.
19:38À nouveau, je pense qu'il faut surtout
19:40qu'on puisse avoir un vrai débat, qu'on n'ait pas de tabou,
19:42qu'on ne cache pas aussi les échecs des dernières années.
19:44– Gérald Darmanin ? – On est dans ce moment-là.
19:46– Gérald Darmanin, Elisabeth Borne, je vous donne des noms, moi.
19:48– Ah ben, je connais ces noms.
19:50Vous leur poserez la question, c'est certainement pas à moi
19:52de révéler telle ou telle candidature.
19:54Ce serait quand même un peu étrange.
19:56– J'ai une dernière question, vu l'actualité internationale.
19:58Est-ce que vous trouvez qu'Emmanuel Macron
20:00est trop silencieux, après la mort
20:02de Nasrallah ?
20:04– Non, je ne crois pas. – Sur l'action israélienne ?
20:06– Non, je ne crois pas
20:08qu'Emmanuel Macron soit trop silencieux.
20:10On lui fait d'ailleurs souvent le reproche contraire.
20:12Donc vous voyez, quoi que fasse le président de la République,
20:14on arrive à trouver que parfois il parle trop,
20:16parfois pas assez. Je crois qu'il est dans son rôle
20:18de chef d'État. – Est-ce qu'Israël doit stopper
20:20maintenant ses opérations au Liban ?
20:22– Écoutez, ne comptez certainement pas
20:24sur moi pour regretter l'élimination
20:26d'un chef terroriste qui avait
20:28sur ses mains le sang
20:30non seulement de civils israéliens,
20:32mais de nombreux libanais
20:34et de nombreux français,
20:36à la fois d'ailleurs ceux qui avaient été
20:38assassinés, nos militaires au Liban,
20:40et puis de nombreux civils aussi
20:42en France avec des attentats qui avaient été soutenus
20:44dans les années 80 par le Hezbollah.
20:46En revanche, je crois que c'est effectivement très important
20:48que les frappes israéliennes
20:50épargnent les vies civiles libanaises.
20:52Je crois que c'est surtout ça la question qui est aujourd'hui
20:54posée, mais nous sommes
20:56dans cette situation-là, difficile,
20:58compliquée, et je fais confiance au chef de l'État.
21:00– Bien, merci David Damiel. – Merci à vous.
21:02– Il est 8h57, Patrick Roger,
21:04après les infos de 9h,
21:06sera avec vous. Merci de nous avoir
21:08accompagné ce matin.