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Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent du discours de politique générale prononcé par le Premier ministre, Michel Barnier, à l'Assemblée nationale, ce mardi après-midi. Henri Guaino, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, revient sur ce discours, affirmant que le gouvernement "n'est soutenu par aucun des membres de la coalition minoritaire sur lequel il s'appuie".
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Transcription
00:00On a le plaisir d'accueillir Henri Guaino, bonsoir à vous.
00:02Bonsoir.
00:02Ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, ça y est, c'était le grand jour pour Michel Barnier.
00:06Il a fait son discours de politique générale, un moment qu'on attend pour chaque Premier ministre.
00:11Pas de grande annonce, pas de propos fracassants, comme on l'a noté avec Catherine qui était avec nous, Henri Guaino.
00:17Quelque chose qui s'inscrit quelque part dans la continuité de ce qui s'est fait jusqu'à présent.
00:21Ce n'était pas exactement la promesse, non ?
00:26Alors, d'abord, il n'y avait pas vraiment de promesse.
00:28Oui, un petit trop dur quand même.
00:30Non, il n'y avait pas vraiment de promesse.
00:32Ce qui me frappe le plus, c'est que le théâtre politique continue.
00:37Parce que vous pensez qu'il allait s'arrêter ?
00:39Comme si ne s'était rien passé.
00:41Alors, ça ne vaut pas que pour le gouvernement, ça vaut aussi pour les oppositions.
00:46C'est-à-dire que tout le monde, les gens que vous interrogez font exactement la même chose.
00:51Tout le monde fait comme si on était dans une situation normale.
00:54Un parti ou une coalition vient de remporter les élections.
01:00Il a une majorité, soit présidentielle, soit gouvernementale.
01:05Et il vient présenter la politique pour laquelle il a reçu un mandat du peuple.
01:10Sauf que ?
01:11Sauf qu'il n'y a pas de mandat.
01:13Personne n'a la majorité.
01:15Sauf que dans ce contexte, le gouvernement n'est pas soutenu de façon inconditionnelle
01:24par aucun des membres de la coalition minoritaire sur laquelle il s'appuie.
01:28C'est-à-dire qu'on l'a vu aujourd'hui, mais de façon éclatante.
01:32Chacun est monté à la tribune en disant
01:35« Mes lignes rouges sont les suivantes.
01:38Si je n'ai pas ceci dans le programme du gouvernement,
01:44je censure ou je ne soutiendrai pas. »
01:48Donc vous rajoutez à la coalition, aux membres de la coalition,
01:51vous rajoutez le Rassemblement national qui dit
01:54« Soit vous faites les mesures que j'attends, soit je risque de censurer. »
01:59Et on fait comme si ce n'était pas le cas.
02:03C'est-à-dire que ce gouvernement ne peut pas faire une politique
02:08ni de droite, ni de gauche, ni du centre, pour lesquelles il n'a pas de mandat.
02:12Il est là pour accomplir une mission extrêmement difficile
02:15et tout à fait nécessaire, assurer la continuité de l'État,
02:19faire face aux événements.
02:22Sans vision, donc ?
02:24Mais laquelle vision ?
02:26Celle de LR ?
02:28Celle de l'extrême centre ?
02:31Celle du centre tout court ?
02:32Du centre droit ?
02:33Du centre gauche ?
02:34Ou accessoirement un peu du Rassemblement national
02:37et un peu de la gauche ?
02:40Voilà, c'est tout le problème.
02:42La mission qu'il a à accomplir, encore une fois,
02:44est une mission très difficile, vraiment nécessaire.
02:47Il nous faut un gouvernement et il nous faut un budget.
02:51Le budget, ce n'est pas le budget de la droite, de la gauche ou du centre.
02:54Ce n'est pas le budget qui va résoudre le problème des finances publiques
02:59et a fortiori de notre économie, de la société.
03:03Voilà, c'est pour ça que tout parait en apesanteur, y compris le budget.
03:07Henri Guaino, pour bien vous comprendre ce que vous dites aujourd'hui,
03:10c'est que vous ne demandez pas au gouvernement de gouverner,
03:12vous lui demandez simplement de ne pas tomber, c'est ça ?
03:14Alors, je lui demande en priorité.
03:16Ce que je lui demande, c'est qu'en priorité,
03:18ce gouvernement doit durer.
03:20Durer en gouvernant ou durer...
03:23Un gouvernement gouverne, mais il y a plusieurs façons de gouverner.
03:27Mais oui, il y a plusieurs façons de gouverner.
03:29Si vous voulez réformer la société sans avoir aucun mandat,
03:32ni majorité, ni même soutien inconditionnel au Parlement,
03:35vous ne le pouvez pas.
03:37Et si vous persistez dans cette direction,
03:40le gouvernement tombera.
03:42Et s'il tombe, on rentre dans une période de chaos institutionnel.
03:45Il faut bien se demander ce qui se passe après.
03:49Donc éviter ça est la priorité des priorités.
03:52Après, tout ce qu'on peut faire en évitant de se retrouver dans cette situation
03:56doit être fait, mais quoi ?
03:59Voyez bien, réformer le système fiscal, oui, c'est une nécessité.
04:03Mais ça doit s'appuyer sur une vision de la société,
04:07sur une vision de l'économie,
04:09sur une vision de ce qu'est la justice,
04:11et la justice fiscale en particulier,
04:13et la justice sociale.
04:15Le gouvernement peut, à la marge, faire bouger quelques...
04:18Il ne peut pas faire grand-chose.
04:20Encore une fois, c'est énorme d'assurer la continuité de l'État
04:24dans ces conditions.
04:26Pardonnez-moi, Henri Guillaume,
04:28mais je vous trouve quand même un peu sévère.
04:30Je vais vous dire pourquoi.
04:31Parce que vous faites un constat qui est juste.
04:33C'est-à-dire que le Premier ministre, il est là,
04:35avec un gouvernement tellement fragile.
04:37Moi, j'ai usé un peu de cette image.
04:39C'est un équilibriste ou un filambule avec les pieds sur terre.
04:41Michel Barnier, vous voyez ? Il a ce côté-là.
04:43Il y a juste une chose, il n'y a pas de filet.
04:45OK. Ben oui, ça dépend de quelle hauteur il tombera.
04:48Mais ce que je veux dire, c'est que vous dites à juste titre
04:51qu'il n'y a pas de majorité pour réformer le pays.
04:53Tout ça est juste, mais regardez dans le passé.
04:55Vous avez soutenu des gouvernements qui avaient des majorités.
04:58Qui avaient des majorités solides à l'Assemblée nationale.
05:00Ils ont réformé le pays ?
05:02Non.
05:03C'est pour ça que je trouve que c'est un peu sévère.
05:05La situation politique dans laquelle on est aujourd'hui,
05:07les électeurs l'ont décidé.
05:09Mais faire ce procès à Michel Barnier,
05:11ce constat, je le trouve un peu sévère.
05:14Ça vous va ? Un peu sévère.
05:15Parce qu'il n'y a pas que Michel Barnier.
05:17Tout le monde fait comme si.
05:19Encore une fois, le problème, c'est tout ce qui fragilise.
05:22Il n'y a pas d'autre choix de faire comme si.
05:24Comment vous l'exprimez, Michel Barnier ?
05:26Le gouvernement tombera.
05:28Le gouvernement tombera.
05:29Et s'il tombe, il se passe quoi ?
05:31C'est le vertige.
05:32C'est ça, le problème.
05:33On peut discuter sur ce qu'ont fait les gouvernements depuis 40 ans.
05:37Même sans remonter sur eux.
05:39Les discours que tiennent aujourd'hui le Bloc central,
05:44que tient la droite, que tient une partie de la gauche,
05:48ce sont les mêmes discours avec les mêmes réponses.
05:53Quand on voit, par exemple, le débat budgétaire.
05:55Moi, je n'en peux plus de ce débat.
05:57On dit exactement les mêmes choses.
06:00On va faire exactement la même chose que ce qu'on fait depuis 40 ans.
06:03Il y a des gens qui viennent vous expliquer qu'il ne faut pas toucher aux impôts.
06:07Moi, je pense qu'il faut se méfier du choc fiscal.
06:09On a déjà essayé.
06:10Chaque fois qu'on a essayé, ça ne s'est pas très bien passé.
06:13C'est-à-dire que le choc, il ne faut pas qu'il soit trop fort.
06:15Si le choc est trop fort, on va compromettre l'avenir.
06:18Si on compromet l'avenir, on compromet notre capacité à payer le service de la dette.
06:24Parce qu'il va se payer avec les revenus futurs, pas les revenus d'hier.
06:28Et les revenus futurs, ils dépendent quand même de la façon dont on se porte l'économie.
06:33Le problème aujourd'hui, quand on le reporte du côté des dépenses,
06:41en disant qu'il ne faut toucher à rien,
06:43c'est qu'on va faire une baisse massive des dépenses.
06:45Mais comment vous faites ?
06:47Il n'y a pas la majorité pour le faire.
06:50Il n'y a pas de doute.

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