Parcours, regard sur l'école, ambitions : écoutez l'interview de la nouvelle ministre de l'Éducation nationale du gouvernement Michel Barnier.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 04 octobre 2024.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 04 octobre 2024.
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00:00L'heure de l'invité d'RTL Matin et ce matin, Thomas, vous recevez la toute nouvelle ministre de l'Education Nationale, Anne Gionneté.
00:10Bonjour et bienvenue à vous madame la ministre de l'Education Nationale et merci d'avoir choisi RTL pour votre toute première interview.
00:15J'aurais aimé commencer cette interview par des solutions mais l'actualité nous ramène d'abord aux problèmes de l'école.
00:20Regardez la Une du Progrès ce matin, le chaos devant le lycée Marcel Samba à Vénissieux.
00:24Il y a eu des tirs de mortier, des jets de pierre. Hier, une voiture a été brûlée à proximité de l'établissement.
00:29Les syndicats disent avoir prévenu le rectorat à de nombreuses reprises du risque d'incidents graves à très court terme.
00:35Autre cas, la semaine dernière, on en avait parlé, le collège Malarmé de Marseille,
00:39dont les fenêtres avaient été criblées de plus de 80 balles de plomb.
00:42Un établissement qui voisine un point de deal.
00:44Aller en cours, enseigner, est-il devenu dangereux aujourd'hui en France ?
00:49Merci de votre invitation ce matin et permettez-moi tout d'abord de saluer justement tous nos élèves,
00:53leurs enseignants, les familles et puis tout le personnel et justement les enseignants
00:57et nos élèves qui se posent la question de savoir comment je vais sur le chemin de l'école en toute sécurité.
01:01Vous avez évoqué le collège Malarmé à Marseille et que j'ai eu longuement, c'était l'un des tout premiers dossiers en arrivant.
01:06Et on a un sujet sur la sécurisation de nos établissements.
01:09Je voudrais quand même dire qu'on a sécurisé plus de 400 établissements depuis l'attentat d'Arras, il y a près d'un an maintenant.
01:14Il y en avait 500 qui étaient à risque.
01:16Exactement, 400 déjà qui sont sécurisés.
01:18Ça veut dire quoi sécuriser ?
01:19Par exemple, on met des caméras, on met des portiques anti-intrusion, on met des alarmes.
01:24Et puis on a des personnels formés et on a aussi un travail à faire avec les collectivités locales
01:28parce qu'il y a la sécurisation de nos établissements.
01:30Il y a aussi le chemin pour aller vers l'école.
01:32Et d'ailleurs, j'ai pu en parler et avancer sur ce dossier avec mon collègue Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur.
01:38Et concrètement, alors le chemin, parce que Malarmé, il y a un point de deal.
01:40Donc on doit dire aux élèves, vous devez cohabiter avec des dealers.
01:43C'est ça la réalité.
01:44Comment vous sécurisez le chemin ? Comment vous allez le sécuriser ?
01:46Donc ça, c'est tout le travail que nous menons avec mon collègue Bruno Retailleau
01:49pour que lui puisse, avec également la collectivité locale, avec la mairie,
01:52parce qu'il y a dans certaines communes des polices municipales.
01:54Il y a parfois aussi des polices dans certaines villes.
01:57Donc c'est tout ce travail en collectivement à faire pour assurer que le chemin de l'école, avec du personnel.
02:03On ne doit pas se cacher, au moment des Jeux Olympiques, on l'a vu,
02:06plus vous mettez de personnel de sécurité dans la rue, plus le chemin de l'école est sûr.
02:09La tendance n'est pas à l'embauche, ça ne vous a pas échappé, madame la ministre ?
02:11J'ai absolument bien noté. Ensuite, il faut voir où on déploie les moyens dont nous disposons.
02:15Et c'est ça le sujet aujourd'hui.
02:16Moi, ce que je veux, c'est que le chemin de l'école soit sûr pour tous, pour toutes, les enfants et les enseignants.
02:21Avec quel calendrier ?
02:22Avec quel calendrier ? Mais c'est tous les jours, ça commence dès demain matin.
02:25Donc il faut y travailler tous les jours, remonter les situations, les faire connaître.
02:29Les syndicats l'ont signalé.
02:30Et c'est comme ça qu'on avancera tous ensemble, en se réunissant ensemble.
02:34Vous disiez, il reste donc 100 établissements à sécuriser qui posent problème.
02:38Ça sera fait pour quand, ça ?
02:40Écoutez, on a été à 150 établissements sécurisés il y a quelques mois.
02:43On en est à 400 aujourd'hui.
02:44Donc vous voyez que la vitesse à laquelle on peut mettre en sécurité nos établissements est relativement rapide.
02:49Donc j'espère bien que sur l'année scolaire en cours, on pourra y parvenir.
02:52Il en va de la manière d'apprendre en toute sécurité pour nos enfants.
02:56L'école n'est plus un sanctuaire.
02:57Il y a un an, après l'assassinat du professeur Dominique Bernard, on s'en était encore rendu compte.
03:01Le pays avait été traumatisé.
03:03Combien de profs sont protégés ou menacés aujourd'hui ?
03:06Je n'ai pas forcément les chiffres précis de combien de profs,
03:09mais ce que je veux dire, c'est que nos professeurs aujourd'hui ont les moyens
03:12et vraiment les encouragent à pouvoir parler, parler, parler.
03:15Chaque fois qu'un professeur se sent menacé, quelque part, c'est notre République qui recule.
03:20Et on ne peut pas l'accepter.
03:21Je ne l'accepterai pas.
03:22Comme ministre, je ne peux pas accepter que nos enseignants se sentent menacés.
03:25J'aurai zéro tolérance.
03:26Je veux vraiment que ceux qui se sentent au-dessus des lois comprennent
03:29qu'on ne peut pas agresser un enseignant.
03:31On ne peut pas agresser un élève.
03:33On ne peut pas agresser même nos écoles.
03:34C'est les cas que vous citiez tout à l'heure.
03:36Et où en est-on des atteintes à la laïcité ?
03:38On est à combien de signalements ?
03:39Parce que ça, c'est un vrai problème aussi dans les écoles scolaires.
03:42Et aujourd'hui, il faut le dire, je le dis en toute vérité à ceux qui nous écoutent,
03:46la laïcité en France, elle est menacée.
03:48Elle a des ennemis.
03:49Elle a des ennemis politiques.
03:50Elle a des ennemis religieux.
03:51Mais je veux souligner qu'elle a aussi des défenseurs.
03:54Et dans nos établissements, j'en ai vu hier au collège Gabriel Avez à Creil où j'étais en déplacement,
03:59on a des jeunes élèves qui sont ambassadeurs à la laïcité,
04:02des personnels qui sont référents de la laïcité,
04:04au niveau de l'académie, des équipes qui défendent les valeurs de la République.
04:07Et c'est tous ensemble qu'on fera reculer ces atteintes à la laïcité.
04:10Je vous pose ma question, reculer, mais à partir de combien ? Combien de signalements récemment ?
04:13C'est pas une histoire de combien de signalements qui vont définir le travail que l'on mène pour pouvoir défendre la laïcité.
04:18Pour le moment, vous voyez, dans l'établissement dans lequel j'étais hier,
04:21tout le dispositif dont je viens de parler a permis de faire reculer les faits d'atteinte à la laïcité.
04:25Donc on voit que les dispositifs fonctionnent.
04:27Mais vous ne nous direz pas si ça monte ou si ça baisse, si ça stabilise ?
04:30Il faut le prendre établissement par établissement.
04:31Il y a des établissements dans lesquels il y a encore des cas qui montent
04:34et on sait qu'à l'approche notamment du 7 octobre, c'est une menace qui existe réellement.
04:39Et je veux dire que les moyens ont été renforcés
04:41pour pouvoir assurer la sécurité de nos enseignants et de nos élèves.
04:45Vous évoquiez le 7 octobre l'anniversaire des attentats du Hamas en Israël.
04:48Il y a eu 3600 actes racistes et antisémites dans les écoles l'an dernier
04:52contre 1270 l'année précédente.
04:54Est-ce qu'il y aura une évocation du 7 octobre dans les écoles lundi ou pas ?
04:58Absolument, un dispositif sera mis en place.
05:01On ne peut pas laisser passer.
05:02Ces actes antisémites sont absolument inacceptables.
05:04Et je veux rappeler que les actes antisémites, c'est pas une opinion, c'est un délit.
05:08Donc ils doivent être absolument condamnés, sanctionnés.
05:11Il y a des sanctions disciplinaires dans les établissements.
05:13Éventuellement la justice peut s'en mêler.
05:15Et donc oui, il faut vraiment faire comprendre que l'antisémitisme est totalement inacceptable.
05:19Moi je serai très ferme comme ministre sur ce sujet.
05:21Mais on parlera du 7 octobre et de l'attentat lundi dans les écoles.
05:23C'est une consigne que donne la ministre.
05:25On ne peut pas laisser ça tomber dans les oubliettes de l'histoire.
05:27Ça n'est pas possible.
05:28Samuel Paty, Dominique Bernard, toutes les atteintes à laïcité,
05:31le nombre de cas qui ont progressé, c'est inacceptable.
05:34On ne peut rien laisser passer.
05:36Je serai très ferme.
05:37D'ailleurs j'ai demandé hier au recteur que je réunissais
05:39d'avoir une vigilance maximum sur ces sujets-là.
05:42De faire une remontée immédiate des cas.
05:45Et d'avoir des sanctions qui soient absolument systématiques.
05:47Vous demandez quoi ?
05:48Un moment de silence ?
05:49Une minute de silence ?
05:50Que les professeurs évoquent le sujet avec leurs élèves ?
05:52Nous sommes en train de caler les modalités.
05:54Mais il y aura un temps.
05:55Mais absolument, c'est lundi.
05:56Et vous me permettez de réserver l'annonce aux enseignants.
05:59Mais il y aura a priori effectivement un temps de recueillement.
06:02Et un temps de travail aussi pour réfléchir à ce que signifie défendre la laïcité.
06:05Défendre la laïcité très concrètement.
06:06Je voudrais qu'on se dise quelques mots du fond de l'enseignement.
06:08Questions précises, réponses courtes si vous voulez bien madame la ministre.
06:11Il y a un sujet qui fait débat dans le monde de l'éducation.
06:13C'est le choc des savoirs.
06:14Avec notamment les groupes de niveau en 6ème et en 5ème.
06:16Mise en place par votre prédécesseur d'avant, Gabriel Attal.
06:20Est-ce que vous allez pérenniser, modifier ou supprimer ce choc des savoirs ?
06:24D'abord je veux dire qu'aujourd'hui, mon ambition pour l'école,
06:26qu'on soit très clair, c'est assurer la réussite de nos élèves.
06:29Et donc j'ai trois priorités.
06:30Élever le niveau.
06:31Élever le niveau.
06:32Élever le niveau.
06:33Élever le niveau.
06:34C'est ça la priorité.
06:35Et donc le choc des savoirs comprend un certain nombre de dispositifs
06:38qui permettent de continuer à ça.
06:39C'est un dispositif qui permet de travailler sur une forme de justice scolaire.
06:43Qui permet d'hausser le niveau.
06:44Les groupes de besoin pour nos élèves.
06:46Oui tout à fait.
06:47Qui permet de travailler en petits groupes de 15 élèves.
06:49Pour lesquels on a quand même mis 2300 emplois supplémentaires
06:52qui permettent de les assurer.
06:53Il y a un certain nombre de retours enseignants qui sont très contents du dispositif.
06:56Là aussi on élève le niveau de nos élèves.
06:58C'est l'ambition que je porte.
06:59Rapidement encore.
07:00La réforme du brevet qui devait entrer en vigueur cette année.
07:02Pour faire simple il fallait avoir son brevet pour pouvoir passer en seconde.
07:05Ça a été retardé.
07:06C'est retardé d'un an ou c'est annulé ?
07:08Alors d'abord j'attache beaucoup d'importance au diplôme.
07:10Le brevet c'est le premier diplôme de nos élèves.
07:12J'aurai une discussion, une concertation avec les enseignants, avec les syndicats
07:15pour voir comment ce diplôme national du brevet doit pouvoir éventuellement...
07:18Donc ça c'est pas encore décidé ?
07:19C'est pas décidé.
07:20C'est pas encore décidé.
07:21De toute façon je veux rassurer les familles.
07:22Pour juin 2025 c'est bien le même brevet.
07:24Le même diplôme national du brevet que les élèves auront.
07:26Est-ce que vous allez généraliser l'interdiction des portables
07:28dans les établissements scolaires à partir du 1er janvier ?
07:30Je crois qu'il faut laisser une forme d'autonomie aux établissements.
07:32Vous avez des chefs d'établissement qui utilisent,
07:35qui ont une réflexion sur l'interdiction du portable.
07:38Certains le font déposer à l'entrée, d'autres demandent qu'on s'en serve pas.
07:42Je souhaite qu'on laisse une certaine autonomie.
07:44Chaque chef d'établissement doit pouvoir définir ça.
07:46Je ne veux pas de consignes générales.
07:47Tout ne se décide pas à Paris.
07:48Dernière question.
07:49Vous êtes la cinquième ministre de l'éducation en deux ans.
07:51Beaucoup de professionnels de l'enseignement se sont dit,
07:54quand ils ont appris de votre nomination,
07:56pourquoi elle ?
07:57Vous étiez plutôt connue pour vos travaux sur la défense et la diplomatie.
08:00Certains disent que vous êtes en fait les yeux et les oreilles
08:03de Gabriel Attal au ministère de l'éducation.
08:05Qu'est-ce que vous leur répondez ?
08:06Je regarde la totalité de mon parcours professionnel,
08:08qui a toujours été tourné vers le service aux autres,
08:10vers l'engagement pour les autres.
08:11Comme ministre de l'éducation nationale,
08:13je m'engage à nouveau pour nos élèves,
08:15pour nos enseignants,
08:16pour la sécurité de nos établissements.
08:17Et c'est ça qui compte.
08:18Et je crois que j'ai été choisie
08:20et nommée pour mon travail
08:22et mes qualités d'écoute et de dialogue.
08:24Et c'est ça que je mettrai en oeuvre.
08:25La ministre c'est Anne Jeuneté, c'est pas Gabriel Attal ?
08:27Non, la ministre...
08:28Il y a eu bien plein d'autres ministres de l'éducation nationale.
08:30Enfin, je m'inscris dans la politique de l'éducation
08:32que le président de la République a lancée dès 2017.
08:35C'est ça que je porte.
08:36Faire réussir nos élèves.
08:37Merci beaucoup Anne Jeuneté d'être venue ce matin sur RTL.
08:39Et bonne journée à vous.