Le Grand Jury d'Éric Coquerel

  • il y a 7 heures
Le Grand Jury d'Eric Coquerel, Président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, député LFI de la Seine-Saint-Denis.

Le projet de loi de finances sera présenté la semaine prochaine, le gouvernement prévoit 40 milliards d'euros d'économie dans les dépenses et 20 milliards d'euros de hausse d'impôts. Qui sera touché par les augmentations d'impôts, les économies ? Les discussions sur le budget risquent d'être houleuses, mais le budget, pourra-t-il être voté ?

Il était interrogé par Olivier Bost (RTL), Pauline Buisson (M6), Perrine Tarneaud (Public Sénat) et Loris Boichot (Le Figaro).
Regardez Le Grand Jury avec Olivier Bost du 06 octobre 2024.

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Transcription
00:00Le Grand Jury, présenté par Olivier Bost.
00:13Bonjour à tous, bienvenue dans ce Grand Jury, en direct sur RTL et en direct sur Public Sénat.
00:19Bonjour Eric Coquerel.
00:20Bonjour.
00:21Vous êtes le Président de la Commission des Finances à l'Assemblée Nationale, député La France Insoumise de Seine-Saint-Denis.
00:28La France est-elle au bord de la faillite ? Plus de 6% de déficit cette année et une dette de plus en plus lourde à porter et à financer.
00:37Michel Barnier propose son remède, 40 milliards d'euros d'économies pour l'État, 20 milliards d'impôts supplémentaires pour les très grandes entreprises et les très très riches.
00:48Est-ce réaliste, acceptable, dangereux ? Vous nous le direz.
00:52Eric Coquerel, Président de la Commission des Finances, comment voyez-vous également le débat parlementaire à l'Assemblée ?
00:59Une chute rapide du gouvernement. Bienvenue dans ce Grand Jury, Eric Coquerel.
01:04À mes côtés pour vous interroger aujourd'hui, Perrine Tarnot de Public Sénat, Pauline Buisson de M6 et Loris Boixot du Figaro.
01:12Bonjour.
01:13Le Grand Jury, l'actualité de la semaine.
01:16Et l'actualité, c'est bien sûr le Proche-Orient. Emmanuel Macron s'est dit hier en faveur d'un arrêt des livraisons d'armes à Israël, avant que l'Élysée répète son soutien à Israël dans la soirée.
01:26Est-ce que vous trouvez la position d'Emmanuel Macron tardive, importante ou étonnante ?
01:33Tardive, oui. Alors, j'avais cru comprendre que c'était déjà interrompu. Alors, manifestement, ça continuait.
01:38Ou alors, c'est un coup pour rien. Mais en tout cas, moi, je prends le point. Il y a longtemps qu'il fallait effectivement arrêter d'armer Israël, en tout cas sur toutes les armes servant le génocide en cours à Gaza.
01:53Je remarque que la réaction d'Israël est quand même assez stupéfiante, quasiment injurieuse vis-à-vis du chef de l'État.
02:01J'ai vu que la réaction du chef de l'État, de l'Élysée par rapport aux déclarations de Netanyahou était très modérée. Moi, je pense qu'il aurait fallu convoquer à minima l'ambassadeur d'Israël.
02:11Est-ce que ce n'est pas un message quand même assez étonnant, avant le 7 octobre, de dire finalement qu'il faut moins soutenir Israël ? Parce que ça revient aussi à dire ça, non ?
02:20Non, puisque en même temps, le chef de l'État, on peut s'interroger, continue à dire qu'il faut permettre à Israël de se défendre.
02:27Je crois simplement que c'est la reconnaissance qu'au-delà de l'aspect insupportable du 7 octobre, où on a dit que c'était des crimes de guerre,
02:38et qu'un jour, il faudrait que les auteurs de ce crime de guerre soient traduits devant un tribunal international, tout comme d'ailleurs M. Netanyahou, par rapport à ce qui se fait à Gaza.
02:49Mais le 7 octobre, ce n'est pas un élément qu'on peut, j'allais dire, extraire du contexte global de ce qui se passe depuis des décennies,
02:59et plus encore depuis que M. Netanyahou gouverne Israël, entre les Israéliens et les Palestiniens.
03:05C'est-à-dire une colonisation totalement hors du droit international et de plus en plus agressive en Cisjordanie, et puis le fait, tout simplement, d'en finir avec le peuple palestinien à Gaza.
03:16Comment éviter l'engrenage vers une guerre régionale au Proche-Orient ?
03:19L'éviter, déjà, peut-être être un peu plus ferme vis-à-vis d'Israël, parce qu'aujourd'hui, ceux qui envahissent, ou en tout cas font des incursions terrestres et bombardent la capitale d'un pays voisin, le Liban, c'est Israël.
03:33Enfin, rien que ça, excusez-moi, mais c'est un peu compliqué de penser qu'on peut avoir des réactions très fortes et légitimes vis-à-vis de M. Poutine par rapport à l'Ukraine,
03:43on se dirait que, quasiment, c'est une situation normale qu'Israël bombarde le Liban voisin.
03:49Donc, je trouve que les réactions sont plutôt, pour l'instant, timides du côté du camp occidental pour arrêter M. Netanyahou.
03:55Et il faut l'arrêter, pourquoi ? Parce que tout ça ne se fait évidemment pas dans l'intérêt des peuples de la région, on comprend que personne n'a un intérêt à un embrasement généralisé,
04:04mais pas non plus dans l'intérêt du peuple israélien, qui ne peut pas, comme ça, se retrouver dans une situation de guerre permanente par rapport à ses voisins
04:12et de pays qui suivent M. Netanyahou dans cette espèce de guerre de religion qu'il essaye, finalement, de déclencher.
04:21Voilà, je crois qu'il faut que ça s'arrête, et pour que ça s'arrête, il y a longtemps que la France aurait dû prendre des décisions, nous, les amis, sur la table.
04:26Ce que vous êtes en train de dire, c'est que...
04:28Je termine juste. Embargo de vente d'armes, on peut... des mesures également économiques, et puis la reconnaissance d'un État palestinien de manière unilatérale.
04:36On a le sentiment, dans votre raisonnement, que, finalement, c'est Israël l'agresseur.
04:40Bah, écoutez, c'est...
04:42Le 7 octobre, ce n'était pas une agression d'Israël.
04:45Non, mais, d'accord, mais sur le contexte, excusez-moi, on ne peut pas extraire le 7 octobre.
04:49Et le 7 octobre, ce n'est pas parce qu'il est le fait de personnes qui subissent la colonisation, ou subissent un blocus qui faisait de Gaza, déjà, avant, un enfer,
05:01que, pour autant, c'est excusable de faire ce qui s'est passé.
05:04Je le dis très clairement.
05:05Mais, pour autant, à la fois, on ne peut pas l'extraire de la situation globale.
05:09Et, globalement, c'est bien Israël qui colonise la Cisjordanie, qui empêche les Palestiniens de vivre à Gaza.
05:17Et, là, en ce moment, c'est bien Israël qui bombarde le Liban.
05:20Donc, là, oui, aujourd'hui, c'est Israël l'agresseur.
05:22– Israël bombarde le Liban en justifiant son attaque par sa lutte contre le Hezbollah,
05:27groupe paramilitaire qui prône un régime islamiste, la disparition d'Israël,
05:31groupe considéré comme terroriste par de nombreux États et qui a fait de nombreux morts,
05:35notamment des Français tués dans des attentats des otages, notamment dans les années 80, on s'en souvient.
05:40Jean-Luc Mélenchon a déclaré que le Hezbollah est une composante du peuple libanais
05:44et ce n'est pas à nous de décider qui est une bonne composante et qui est une mauvaise.
05:49Après le Hamas, est-ce que Jean-Luc Mélenchon dit que le Hezbollah n'est pas une organisation terroriste ?
05:55– Ah, mais le Hezbollah n'est pas reconnu comme une organisation terroriste.
05:59– Certains États le reconnaissent peut-être ?
06:01– Non, au niveau international, la branche politique du Hezbollah n'est pas reconnue comme une organisation terroriste.
06:07C'est d'ailleurs pour ça que le chef de l'État avait rencontré le représentant du Hezbollah quand il avait été au Liban.
06:13– Un certain nombre de pays considèrent que le Hezbollah est terroriste et l'Union européenne avait voté une résolution qualifiant le Hezbollah de terroriste.
06:23– Non, le Hezbollah dans sa branche politique n'est pas considéré comme une organisation terroriste.
06:29Voilà, et c'est pour ça que le chef de l'État les avait rencontrés.
06:32Donc il ne faut pas dire n'importe quoi.
06:34On peut ne pas être d'accord avec ce que dit le Hezbollah, c'est autre chose.
06:37Mais au prétexte de s'en prendre au Hezbollah, qu'on bombarde aujourd'hui, qu'on détruise une mosquée, qu'on bombarde Beyrouth,
06:44où je vous rappelle qu'il y a eu, ça a l'air d'inquiéter personne,
06:48il y a deux ressortissants français dont une dame de 87 ans, je ne crois pas qu'elle était au Hezbollah,
06:52qui a décédé et des milliers de victimes.
06:55Tout ça est hallucinant.
06:57Vous savez, d'une certaine manière, et je ne fais pas le parallèle,
07:01quand M. Poutine a envahi l'Ukraine, il a donné des raisons.
07:05Pour lui, c'était justement protéger des populations russophobes en Ukraine.
07:12Pour autant, on a eu raison de ne pas prendre ces prétextes.
07:15Il l'envahissait, il était en dehors du droit international, à partir du moment où il l'envahissait, un pays voisin.
07:20Il faut absolument les mêmes choses vis-à-vis d'Israël,
07:23parce que ce n'est pas acceptable que le Liban soit menacé de cette manière-là par un pays voisin.
07:30Pour en revenir au 7 octobre, nous sommes un an après ces massacres.
07:33Est-ce qu'il faut, selon vous, une minute de silence à l'Assemblée nationale ?
07:37Oui, ça ne me choquerait pas, mais il y a longtemps qu'on demande aussi des minutes de silence,
07:42si vous voulez, pour tout ce qui se passe à Gaza.
07:45Je vous rappelle quand même que nous en sommes à plusieurs dizaines de milliers de morts,
07:49et dans ces morts, une très grande majorité de civils, de femmes et d'enfants.
07:53Donc voilà, je pense qu'il faut arrêter avec le deux poids deux mesures
07:56qu'on a un peu trop vécu à l'Assemblée nationale.
07:58Le 7 octobre est insupportable, mais ce qui se passe à Gaza depuis l'est évidemment tout autant,
08:04et même plus si on regarde le nombre de victimes.
08:07Le fait de parler que la Cour de justice nationale parle de risque de génocide, ça a un sens, c'est des mots.
08:13Donc la manière, à un moment donné, d'arrêter ce processus,
08:17c'est de reconnaître l'entièreté de ce qui est en train de se passer au Proche et au Moyen-Orient.
08:22Et donc dans ce cas-là, il ne faut pas choisir, j'allais dire, nos victimes.
08:25Toute victime civile, c'est insupportable.
08:27C'est insupportable du côté israélien, c'est insupportable du côté palestinien,
08:31et il faut au moins être capable de le dire.
08:33Et de ce point de vue-là, excusez-moi, mais ceux qui aujourd'hui mènent l'offensive,
08:37occupent Gaza, bombardent des populations civiles, exportent cette guerre au Liban,
08:43et maintenant ça a été également le cas dans d'autres pays,
08:46c'est Israël, et c'est plus exactement le gouvernement Netanyahou,
08:50dont je rappelle d'ailleurs que beaucoup d'Israéliens contestent, s'opposent, se mobilisent,
08:55et d'ailleurs je leur rends hommage.
08:57– Ce matin dans Le Parisien, Yael Broun-Pivet et Gérard Larcher,
09:00les deux présidents des parlements,
09:02accusent Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise d'attiser la haine de l'autre
09:06pour entretenir un clientélisme électoral.
09:09Que leur répondez-vous ?
09:10– C'est insupportable, écoutez, comment dire ?
09:14Cette situation qui fait que la principale formation de gauche
09:19a une position somme toute assez classique vis-à-vis du Proche et Moyen-Orient
09:24qui était auparavant la position française, je le rappelle,
09:28y compris quand c'était Jacques Chirac…
09:31– Donc vous vous défendez de tout électoralisme ?
09:34– Oui, je pense que notre préoccupation n'est pas une préoccupation électoraliste,
09:37notre préoccupation c'est de dire que le droit international doit être respecté partout,
09:41et qu'une population ne peut pas être martyrisée, colonisée pendant des décennies sans rien dire.
09:45Voilà, ça me semble assez normal.
09:47– Et sur la montée de l'antisémitisme,
09:49Jean-Luc Mélenchon a écrit en juin dernier que l'antisémitisme en France était résiduel.
09:54Vous avez compris et partagé ces mots ?
09:56– Écoutez, il a donné la définition de ce qu'il entendait,
09:58puisque ça a été contesté, on peut s'interroger sur la pertinence ou pas du mot.
10:02Il explique par là qu'elle était persistante, donc écoutons ses explications.
10:08Que l'antisémitisme progresse en France, il n'y a nul doute là-dessus.
10:13Je dirais juste que la manière de définir…
10:15– Les agressions antisémites ont représenté la moitié des agressions racistes et anti-religieuses
10:19du premier semestre 2024.
10:21– Voilà, la manière de définir aussi le problème de l'antisémitisme,
10:24c'est que vous le savez, on a de plus en plus mis des réactions vis-à-vis de la politique d'Israël
10:29caractérisées comme antisionistes dans l'antisémitisme, ce que je conteste,
10:32et donc ça rentre également dans les statistiques.
10:34Mais incontestablement, il y a une montée de l'antisémitisme, je la condamne.
10:37– Et quelles sont vos solutions pour faire baisser l'antisémitisme ?
10:39– On peut le dire à partir du moment où, suivant ce qui se passe et ce que veut M. Netanyahou,
10:45c'est-à-dire considérer que ce conflit colonial géostratégique serait un conflit de religion,
10:51il faut aussi dire qu'en France il y a une montée de l'islamophobie extrêmement importante,
10:55et ça j'entends moins de réactions de la part des médias sur cette situation.
10:58Donc accepter que nous demandions aussi que ce soit reconnu et que nos concitoyens
11:04qui sont de religion ou supposés de religion musulmane soient aussi défendus.
11:08– La question qu'on pose aujourd'hui, c'est la France insoumise
11:10est-elle vraiment au clair avec l'antisémitisme ?
11:12Les propos de Jean-Luc Mélenchon peuvent troubler ?
11:15– Troubler, à force de dire qu'il vaut troubler, l'idée aujourd'hui pour dévaloriser
11:24une position qui est considérée comme contraire à la position qu'il faudrait avoir,
11:29c'est traiter les gens d'antisémitisme, on l'a vu dans d'autres pays etc.
11:32Donc je récuse de la manière la plus ferme ce qualificatif qui pour nous,
11:38comprenez que pour nous c'est une insulte.
11:41Traiter la principale formation de gauche d'antisémite,
11:45alors que nous avons toujours été au rendez-vous quand nos concitoyens de religion juive
11:50se sont fait attaquer dans ce pays, se sont fait agresser,
11:53c'est j'allais dire un peu le monde à l'envers.
11:55– Vous n'étiez pas la manifestation contre l'antisémitisme l'année dernière ?
11:57– Ça vise, il faut le dire surtout, à dévaloriser ceux qui en France,
12:02effectivement, disent que la situation n'a pas démarré avec le 7 octobre
12:06entre Israël et les Palestiniens, mais que c'est un fait aussi colonial
12:10et c'est un fait aussi insupportable.
12:12Le dire est devenu intolérable pour beaucoup et on discrédite notre parole
12:15avec des qualificatifs d'antisémitisme.
12:17– Vous n'étiez pas la manifestation contre l'antisémitisme
12:19après le 7 octobre, vous n'y étiez pas ?
12:21– Non, nous n'y étions pas pour une bonne raison,
12:23c'est que la manière d'appeler au 7 octobre, en réalité, visait finalement,
12:29le texte d'appel visait finalement à laisser penser que ce qui se passait
12:34et ce qui s'était passé le 7 octobre était de nature justement
12:38renvoyant à l'idée d'une guerre de religion.
12:40Moi, je considère que ce qui se passe au Proche et au Moyen-Orient,
12:44ce n'est pas, j'allais dire, une nouvelle version de l'Holocauste.
12:47Je vous le dis, c'était ça qui était dans la logique.
12:49Et comme c'était une nouvelle version de l'Holocauste,
12:51bien évidemment, on devait, de manière inconditionnelle,
12:53être du côté du bien, c'est-à-dire du M. Netanyahou.
12:56C'était ça qui était derrière cette manifestation et ça, je le récuse.
13:00Je pense que ce n'est pas ça qui est en jeu là-bas.
13:02Ce qui est en jeu là-bas, c'est comment on sort définitivement
13:05d'une situation où un État colonise un autre peuple.
13:09Et ça, ça n'empêche pas, après, de ne pas être d'accord,
13:13de critiquer et même de dénoncer ce qui s'est passé le 7 octobre.
13:18Mais moi, je ne me laisserai pas emmener dans quelque chose
13:21qui considère qu'en réalité, nous sommes dans la guerre du bien contre le mal.
13:24Et quoi que fasse Israël, c'est le bien,
13:26parce que le mal, ce serait le monde arabo-musulman.
13:28C'est ça qui est aussi derrière.
13:30C'était un peu, je trouve, le ressort qui était derrière cette manifestation.
13:34Une dernière question.
13:35Quand Jean-Luc Mélenchon appelle à mettre des drapeaux palestiniens
13:38et libanais partout dans les universités,
13:40à partir de mardi, le lendemain du 7 octobre,
13:43c'est un appel qu'il a lancé hier.
13:45Est-ce que c'est une provocation ?
13:46Non, il y a une provocation.
13:47C'est la circulaire de M. Edzel qui estime qu'il y a un sujet
13:51dont on ne doit pas parler sur l'université, au niveau international,
13:55qui est à l'envers de tout ce qui s'est fait dans les universités depuis longtemps,
13:58qui sont aussi des lieux de débat.
14:00C'est le fait qu'on ne puisse pas parler du conflit israélo-palestinien.
14:04Je pense que ça, c'est une provocation.
14:06Je crois que c'est une très mauvaise façon de regarder la situation,
14:12très partisane.
14:13La réaction de Jean-Luc Mélenchon était, par rapport à cette circulaire,
14:17que je trouve pour le moins scandaleuse.
14:19Donc c'est une provocation qui répond à une provocation ?
14:22Pour vous, ce n'est pas une provocation d'appeler quand même
14:24à mettre des drapeaux palestiniens dans toutes les universités
14:27à partir du 7 octobre ?
14:28Et du Liban, n'oubliez pas le Liban.
14:30Il y a plein de nos concitoyens en France qui sont très sensibles
14:32à ce qui se passe au Liban aujourd'hui
14:34et qui dépassent très largement, même d'un point de vue politique,
14:37la proximité avec France Insoumise.
14:40Il est midi 14.
14:46Ça se passe au Parlement, et pour vous interroger à mes côtés,
14:49Perrine Tarnot, Public Sénat, et Pauline Buisson de M6.
14:52Sommes-nous, Éric Coquerel, dans une situation financière extrêmement grave,
14:57comme le dit Michel Barnier ?
15:00Grave, oui. On n'est pas en faillite.
15:02Je le dis parce que c'était les mots que vous avez utilisés en introduction.
15:05C'est une question, oui.
15:06Voilà, la France n'est pas en faillite.
15:07La France reste un pays, j'allais dire, qui est...
15:10Solvable.
15:11Oui, et dans les 15, quand ceux qui veulent prêter à un État le fond,
15:19ils considèrent que la France est dans les 15 plus solides états, justement,
15:23dans ce monde, donc on n'est pas en faillite.
15:25Par contre, c'est une situation inquiétante.
15:27On est dans une situation inquiétante, tout simplement parce que
15:29les déficits ont explosé, du fait d'avoir baissé les recettes de l'État pendant des années.
15:34On en est à 62 milliards par an, 62 milliards,
15:37et malheureusement au profit des plus riches de nos concitoyens,
15:41ce qui, en plus, a développé des inégalités inédites dans ce pays.
15:44Voilà la situation, et donc voilà à quoi il faut remédier,
15:48et ça ne se passe évidemment pas par un record historique de baisse de dépenses publiques.
15:53Vous dites pour l'instant que notre solvabilité n'est pas en cause.
15:56Il y a deux dates importantes qui vont arriver.
15:58C'est les notations de deux agences qui sont influentes sur le marché,
16:02Fitch et Moody's, pour les citer.
16:04Elles vont rendre leur avis sur la dette française d'ici dans les 15 jours qui viennent.
16:08Ça va avoir quand même une importance.
16:11Est-ce que ça peut précipiter les décisions qui vont être prises autour du budget ?
16:14Écoutez, la dernière dégradation n'a pas eu d'importance.
16:18Elle n'a pas eu de répercussions.
16:20Oui, mais depuis, j'ai l'impression que la situation s'est aggravée, non ?
16:23Je vous réponds, je pense que tant qu'on reste dans des dégradations,
16:26j'allais dire modérées, on est toujours sur 3 ou 2A.
16:31Je passe les détails techniques, mais c'est la manière de noter un état.
16:34Ça n'a pas beaucoup de répercussions.
16:36Ce qu'il faut plutôt voir, c'est deux choses.
16:38La dernière levée en France d'un emprunt,
16:41il y a eu deux et trois fois plus de demandes que d'offres.
16:45Et on continue à emprunter à un taux inférieur à l'inflation.
16:49C'est ça la réalité.
16:50Il y a quand même une journée où on a frôlé les taux d'emprunt de la Grèce et de l'Espagne.
16:54Ça ne vous a pas alerté ?
16:55Oui, mais à zéro de près.
16:58Ce que ça marque plutôt, c'est les progrès de l'Espagne dans la matière,
17:05moins que la baisse de la France.
17:07Il faut considérer que les emprunts à 10 ans étaient de mémoire.
17:12Excusez-moi, je vais peut-être dire une bêtise,
17:14mais enfin à peu près dans les chiffres de 3,40 je crois l'an dernier
17:18et qu'on est descendu à 2,97.
17:20Donc en tendance, ce n'est pas quelque chose qui est...
17:22Par contre, oui, ça commence à bouger de ce côté-là.
17:26Ça commence à bouger parce que les chiffres des déficits sont plus forts que prévus.
17:30Et donc c'est à ça qu'il faut évidemment remédier.
17:33Est-ce que cette situation financière fragilise la France ?
17:36Ce qui fragilise la France, à mon avis, c'est surtout le fait
17:39que nous ayons aggravé ce déficit de fort mauvaise manière.
17:43C'est une chose d'avoir des déficits et d'avoir une dette
17:46si c'est pour la transition écologique.
17:48Vous savez que M. Draghi, par exemple, au niveau européen,
17:51appelle à ce qui est des investissements de l'ordre de 800 milliards d'euros en Europe.
17:57Et il préconise même, ce que moi je défends depuis longtemps,
18:00c'est que la Banque Centrale Européenne, pour cela,
18:02fasse ce qu'elle a fait pendant le Covid, c'est-à-dire prête directement aux états.
18:05Donc il y a une nécessité.
18:06La mauvaise dette, c'était quoi ?
18:08La mauvaise dette, c'est quand on paye des cadeaux fiscaux aux plus riches
18:11ou au capital, ça c'est une très mauvaise dette.
18:13Le quoi qu'il en coûte, c'était une mauvaise dette ou pas ?
18:15Non, ce n'est pas ce qui a été fait.
18:16Il y a deux éléments pour expliquer le déficit.
18:18Il y a le quoi qu'il en coûte dont vous parlez,
18:20c'est-à-dire Benoît Maland sauver l'économie française pendant le Covid.
18:23Bon, c'est une partie du déficit.
18:25Mais la plus grande partie structurelle du déficit depuis plusieurs années,
18:28ce n'est pas que les dépenses publiques augmentent,
18:30c'est que les recettes diminuent.
18:32Et encore une fois, des recettes qui avantagent les 10% les plus riches
18:36et même les 1% et même les 0,3% des Français les plus riches.
18:40Ce à quoi d'ailleurs aujourd'hui, de manière beaucoup trop timide,
18:44on va peut-être y venir, le Premier ministre semble vouloir remédier.
18:49Jean-François Husson, qui est le rapporteur général du budget au Sénat
18:52avec qui vous travaillez conjointement quand même,
18:55estime lui qu'Emmanuel Macron et Bruno Le Maire ne nous ont pas tout dit.
18:59Il dit que cela va finir par ressembler à un très grand mensonge d'État.
19:04Est-ce que vous partagez son avis ?
19:05Écoutez, c'est soit de l'insincérité, soit de la cécité.
19:08Et dans les deux cas, c'est grave, ce qui s'est passé.
19:10Mais vous, vous ne parlez pas de mensonge d'État.
19:13En tout cas, les deux situations sont aussi graves.
19:17C'est-à-dire que, pour que vos auditeurs comprennent,
19:20on nous a annoncé au fur et à mesure des chiffres de déficit
19:23qui, deux mois après l'annonce, se révélaient complètement caduques.
19:27D'accord ?
19:28Et donc, on est passé, rien que pour l'année 2024 de mémoire,
19:31à 4,9, puis après à 5,1, etc.
19:34Et finalement, on est à 6,2.
19:35Donc, soit effectivement, ils ont menti consciemment,
19:39soit ils ne se rendent pas compte de l'impact délétère
19:43d'une politique d'offre et de la compétitivité
19:45qui, je viens de le dire, baisse les recettes
19:48à tel point qu'à un moment donné, les déficits explosent.
19:50Moi, je crois que c'est plutôt ça.
19:52Mais c'est tout aussi grave.
19:53Ça veut dire que ceux qui nous gouvernent
19:55nous emmènent dans le mur avec cette politique
19:56avec laquelle il faut rompre.
19:5840 milliards d'économies, je le disais,
20:0020 milliards de recettes, d'impôts supplémentaires.
20:03La semaine prochaine sera présentée en Conseil des ministres,
20:05le budget pour l'année prochaine.
20:07Avant de revenir sur les impôts nouveaux,
20:09je propose de vous concentrer un tout petit peu
20:11sur les économies.
20:12Les économies vont s'élever à 2% du PIB.
20:15C'est davantage que le tournant de la rigueur de 1983
20:19notait le Figaro en fin de semaine.
20:21Comment vous le qualifiez ?
20:23C'est une cure d'austérité ?
20:25C'est une austérité historique.
20:28Oui, historique.
20:30J'ai vu ça dans la Ve République.
20:32Donc, c'est absolument gravissime.
20:34Rendez-vous compte, regardons un peu dans le détail
20:36ce que ça veut dire.
20:37Ça veut dire qu'il y a 20 milliards de moins
20:39de dépenses publiques au niveau des ministères de l'État.
20:42Il y a 15 milliards au niveau de la sécurité sociale,
20:45c'est-à-dire la santé des Français.
20:47On pense qu'il y a à peu près quelques milliards
20:49au niveau des collectivités qui, aujourd'hui,
20:51sont ceux qui investissent le plus dans ce pays.
20:54Donc, il y aura des conséquences absolument dramatiques.
20:56Mais à vos yeux, la dépense publique ne doit pas refluer ?
20:59Elle doit forcément augmenter à chaque fois ?
21:01Non, je ne dis pas qu'elle...
21:02Alors déjà, en 2023,
21:03elles ont diminué par rapport au PIB.
21:06Il faut le savoir.
21:07Alors que les recettes, elles, diminuaient de 2%.
21:09C'est ça le plus gros problème.
21:11Et puis, la question n'est pas de savoir
21:13s'il faut qu'elles augmentent ou pas,
21:15c'est à quoi elles servent.
21:16Est-ce que, dans ce pays,
21:18on n'a pas besoin d'argent pour l'éducation,
21:20pour permettre, par exemple,
21:21d'atteindre la moyenne européenne
21:23de 19 élèves par classe dans les écoles ?
21:25Est-ce qu'on n'a pas besoin d'investissement
21:27en matière de santé ?
21:29Le jour où j'entendais
21:31le président de l'éthiopie de France...
21:33C'est l'argument.
21:34On est déjà à un niveau de dépenses publiques
21:36hors normes et records,
21:38quasiment un record mondial.
21:40Oui, mais non.
21:42On est à un niveau important
21:44de dépenses publiques,
21:46parce que la France a un système,
21:48et je le défends,
21:50où beaucoup des besoins fondamentaux
21:52sont gérés par le public,
21:54par des services publics, par l'État, etc.
21:56C'est un système qui est né après la libération,
21:58ce qu'on a appelé l'État social.
22:00Est-ce que c'est un problème ?
22:02Je pense que non.
22:04Et pour savoir ce que tout ça coûte,
22:06il faudrait, à côté, mettre la dette privée.
22:08C'est-à-dire, parce que si moi, demain,
22:10je vous enlève de la protection sociale,
22:12vous allez faire comme dans pas mal de pays,
22:14vous allez chercher du côté du privé
22:16de quoi vous assurer.
22:18Donc il faudrait comparer les deux,
22:20pour savoir combien coûte cette protection.
22:22Et je vais vous dire quelque chose,
22:24si vous comparez par exemple
22:26la dette privée et publique de la Hollande,
22:28vous cumulez les deux,
22:30qui sont beaucoup plus importants que les Pays-Bas.
22:32Et si vous cumulez les deux,
22:34ils ont une dette globale plus importante que la nôtre.
22:36Donc moi, je trouve que ce débat,
22:38qui serait de dire, ah, il y a une dette publique,
22:40il y a des dépenses publiques,
22:42c'est absolument dramatique,
22:44c'est de voir à quoi ça sert.
22:46Et moi, je revendique, je vous le termine là-dessus,
22:48qu'il y ait des aspects de notre vie,
22:50de notre existence, il y a la santé,
22:52l'éducation, etc.,
22:54qui ne soient pas dévolus au marché et au privé.
22:56Et donc ça fait des dépenses.
22:58Le Premier ministre a ciblé des économies à faire,
23:00par exemple, sur des doublons autour d'agences publiques.
23:02Je pense, par exemple, pour la promotion
23:04de l'économie française à l'étranger,
23:06il y a Business France qui existe,
23:08et France Atout aussi.
23:10Est-ce qu'il souhaite les fusionner ?
23:12Ça va plutôt dans le bon sens, non ?
23:14Oui, d'accord, il a donné un exemple.
23:16Je voudrais voir d'abord les conséquences,
23:18parce que moi, comme ça, de prime abord...
23:20Mais est-ce qu'il n'y a pas des doublons comme ça qui existent ?
23:22Une simplification qui serait nécessaire,
23:24qui permettrait de faire des économies ?
23:26C'est pas grave, on peut supprimer des fonctionnaires
23:28dans l'administration comme s'ils ne servaient à rien.
23:30On le dit, par exemple, pour les hôpitaux.
23:32C'est pas grave, les opérateurs...
23:34Finalement, il y a trop d'opérateurs,
23:36donc on diminue des postes.
23:38Moi, je me méfie un peu, parce que je pense que c'est des fausses pistes.
23:40Je l'ai entendu pendant des années.
23:42Je m'occupais du budget, par exemple,
23:44de la prévention des risques.
23:46Je l'ai entendu pendant des années,
23:48par rapport à Météo France.
23:50C'est un opérateur public.
23:52On lui disait, ah, mais il faut diminuer.
23:54Les agents de Météo France disaient, attention,
23:56vu les changements climatiques,
23:58à force de diminuer nos effectifs,
24:00on ne va plus être bon pour prévoir, justement,
24:02ces prévisions, et ça peut avoir des conséquences
24:04dramatiques à partir du moment où il y a
24:06de plus en plus de situations catastrophiques.
24:08C'est exactement ce qui se passe aujourd'hui, et tout le monde le reconnaît.
24:10Donc, non, je ne pense pas qu'il y ait des gisements.
24:12Je ne dis pas que ça ne peut pas exister.
24:14Il faut voir France Stratégie, Business France,
24:16même si, en l'occurrence, ils ne font pas la même chose.
24:18Mais quelles sont les pistes d'économie que vous pointez ?
24:20Vous en voyez certaines ?
24:22Il y a une piste nationale universelle,
24:24ça, on peut économiser, oui.
24:26Ça ne sert à rien, on peut économiser.
24:28Je vous en ai donné une piste.
24:30Mais, plus globalement,
24:32ce sur quoi, à mon avis, il faut insister,
24:34alors ça va être fait un peu, légèrement,
24:36c'est les dépenses fiscales.
24:38Là, il y en a trop.
24:40Toutes les niches fiscales qui sont inutiles,
24:42qui, là encore, favorisent en général les plus riches,
24:44les niches fiscales peulevantes,
24:46qui permettent, j'allais dire, de plutôt favoriser
24:48des activités peulevantes.
24:50Il y a beaucoup de dépenses.
24:52Je vais vous en donner une autre.
24:54Il faut s'attaquer à la question des 200 milliards d'aides aux entreprises
24:56que la France met tous les ans sur la table
24:58et voir celles qui servent,
25:00celles qui ne servent pas.
25:02Quand ça sert à faire des dividendes pour les grandes entreprises,
25:04chacun constatera que c'est de l'argent jeté par la fenêtre.
25:06Enfin, pas jeté par la fenêtre, c'est reçu par les actionnaires.
25:08Mais là, je pense qu'il y a beaucoup de pistes d'économie, oui.
25:10Le Grand Jury.
25:12Question Express.
25:14Question Express.
25:16Juste avant la pause, une série de questions
25:18pour ou contre,
25:20faut-il taxer plus lourdement les billets d'avion ?
25:24Je préfère qu'on taxe le kérosène.
25:28Vous savez que personne ne le fait dans le monde.
25:30Mais nous, je préfère qu'on taxe le kérosène
25:32que les billets d'avion.
25:34Ça veut dire que les avions iront faire le plein chez nos voisins.
25:36Comment ?
25:38Ça veut dire que les avions iront faire le plein chez nos voisins.
25:40Ça, il faut voir. Vous me demandez.
25:42Comme c'est une réponse courte.
25:44D'accord.
25:46Et qu'on interdit certainement,
25:48en faveur du train,
25:50faut-il encore que le train soit moins cher,
25:52les vols, j'allais dire,
25:54de courte distance.
25:56Je crois que ça serait utile.
25:58C'est le cas pour les vols de moins de 2h.
26:00Faut-il débloquer très rapidement une aide massive
26:02pour la reconstruction de la Nouvelle-Calédonie ?
26:04Les élus réclament plus de 4 milliards
26:06sur 5 ans.
26:08Faut-il un débat chaque année
26:10au Parlement sur la politique migratoire ?
26:12Non.
26:14Il y en a un, en fait.
26:16Il y a des débats sur la politique migratoire.
26:18Ne serait-ce que sur le budget
26:20qui, l'an prochain, d'ailleurs, va baisser.
26:22Est-ce qu'il faut reprendre très vite
26:24et en l'état le projet de loi sur la fin de vie ?
26:26Oui, très vite.
26:28Tel qu'il était ?
26:30Oui, tel qu'il était au moment de... ça s'est interrompu.
26:32Éric Coquerel, président de la commission
26:34des finances de l'Assemblée nationale,
26:36député La France Insoumise, est notre invité ce dimanche
26:38dans le Grand Jury. On va marquer une pause
26:40et puis ensuite, nous allons parler
26:42de ce budget encore et toujours.
26:44Est-ce que les impôts augmentent suffisamment à vos yeux
26:46ou est-ce que le budget a tout simplement
26:48une chance d'être adopté ?
26:50On en parle tout de suite.
27:04Éric Coquerel, le président de la commission
27:06des finances à l'Assemblée nationale
27:08député La France Insoumise de Seine-Saint-Denis
27:10est notre invité.
27:12A mes côtés pour vous interroger,
27:14Loris Boéchot du FIDIARO et Perrine Tarnot
27:16de Public Sénat.
27:18Le Grand Jury, ça se passe au Parlement.
27:20Et nous allons écouter
27:22le Premier ministre, cette semaine
27:24à l'Assemblée nationale, écouter le style
27:26Michel Barnier.
27:28Je suis à talle, je serai très attentif
27:30à vos propositions
27:32d'économie supplémentaire.
27:34Très attentif.
27:36Pour faire face
27:38à un déficit que j'ai trouvé
27:40en arrivant.
27:42Il faut préciser que Gabriel Attal avait commencé par
27:44applaudir le Premier ministre.
27:46Michel Barnier qui mouche son prédécesseur,
27:48vous sentez un malaise au sein du
27:50camp présidentiel, Éric Coquerel ?
27:52Oui.
27:54Je sens qu'il y a un malaise tout simplement parce que
27:56le chef de l'État a essayé pour
27:58éviter que
28:00la coalition arrivée en tête du Mouvement Populaire
28:02gouverne le pays, a essayé de construire
28:04une pseudo majorité relative.
28:06Qui serait supérieure à celle du
28:08NFP. Et donc il s'est dit
28:10je vais mettre Michel Barnier
28:12Premier ministre, on va mettre des macronistes dans le gouvernement
28:14et tout ça va nous assurer
28:16au moins 213 députés.
28:18Mais ça c'est sur le papier.
28:20Depuis le début c'est sur le papier.
28:22Là ce qui est en train de se révéler en fait c'est qu'on va attendre
28:24le débat parlementaire. Mais nous ne sommes
28:26nullement certains que cette
28:28équation politique se traduise
28:30dans les faits. Donc le malaise il est là.
28:32C'est que tout ça
28:34cet aéropage
28:36théorique à mon avis
28:38dans la réalité ne va pas
28:40être à la hauteur des espoirs
28:42de Monsieur Macron. Vous pensez que le gouvernement
28:44va se retrouver régulièrement en minorité
28:46avec en défaut
28:48sa propre majorité pendant
28:50l'examen du budget par exemple ? Il va se retrouver toujours
28:52en minorité parce que
28:54de toute façon
28:56ceux qui contestent son budget
28:58sont beaucoup
29:00plus nombreux dans l'Assemblée. Mais en plus de ça
29:02vous avez raison de le préciser, je pense
29:04qu'il y aura des défections d'ailleurs. Monsieur Darmanin vient de le dire.
29:06Il a dit qu'en état il ne voterait pas
29:08le budget. C'est quand même moins qu'on
29:10puisse dire une déclaration assez forte.
29:12C'est pour ça que je pense que ce gouvernement ne passera pas l'hiver.
29:14Aujourd'hui dans la tribune du dimanche
29:16Michel Barnier promet une co-construction
29:18du budget avec les députés.
29:20C'est pour trouver des majorités.
29:22Justement vous pensez, vous y croyez
29:24vous à cette co-construction sur
29:26différents amendements que le gouvernement va présenter
29:28dans les deux semaines qui arrivent ?
29:30Dans une de vos chaînes concurrentes
29:32Michel Barnier il y a quelques jours
29:34a donné une information
29:36qu'il n'avait pas encore donnée jusqu'à maintenant.
29:38Il a dit qu'il utiliserait le 49.3.
29:40Donc ça veut dire
29:42qu'en réalité, non, je crois
29:44qu'il n'y aura pas de co-construction.
29:46Je pense qu'on est plutôt partis, comme l'an dernier,
29:48sur le fait que l'Assemblée...
29:50Vous le savez, dans le 49.3, le gouvernement
29:52peut dire qu'il va garder des amendements
29:54qui ont été votés par plusieurs députés.
29:56Ça ne veut pas dire que sur certaines mesures
29:58il n'y aura pas de co-construction ?
30:00Absolument. On pourrait imaginer avoir un 49.3
30:02un peu plus digérable.
30:04Voilà, comestible, je ne sais pas comment dire le terme.
30:06En tout cas nourri par des amendements
30:08de députés.
30:10Pendant deux ans, c'est pas ce qui s'est passé, il faut bien le comprendre.
30:12Pendant deux ans, on a beaucoup modifié
30:14les budgets, au moins dans ma commission,
30:16c'est le seul endroit où on avait le droit de voter.
30:18Et par exemple, l'an dernier, avec pourtant
30:20une composition de commissions moins favorable
30:22à ces idées-là, mais on avait quand même
30:24voté 15 milliards d'amendements,
30:26notamment avec le modem de taxation
30:28du capital, de taxation des plus riches.
30:30Et puis tout ça a été rayé totalement
30:32par le 49.3. Alors cette fois-ci, ça va aller
30:34beaucoup plus loin. Moi, je pense qu'à la sortie de ma commission,
30:36on va avoir un budget
30:38qui va être ce que j'appelle NFP-compatible.
30:40C'est-à-dire que vous allez voir qu'on va aller
30:42très en avant sur la question, justement,
30:44de plus de justice fiscale
30:46et plus de recettes pour les parlementaires.
30:48Donc vous pourrez trouver des points d'accord ?
30:50Je pense que, dans ma commission,
30:52oui, il y aura une majorité là-dessus, ça je vous le dis à l'avance.
30:54Avec Michel Barnier, sur la taxation
30:56des plus hauts revenus, 2 à 3 milliards d'euros
30:58attendus, et des grandes entreprises,
31:00des très grandes entreprises, 8 milliards d'euros
31:02attendus, ça c'est des points d'accord ?
31:04Entre vous, NFP, et
31:06Michel Barnier ? Déjà, vous me permettrez de dire que c'est
31:08la reconnaissance que nous avons raison depuis des années.
31:10Il y a de l'argent de ce côté-là et qu'il faut aller le chercher.
31:12Maintenant, comme c'est,
31:14j'allais dire, des personnes
31:16qui viennent à nos idées, ils y viennent
31:18évidemment de manière très timide et bancale.
31:20Alors je pense qu'ils y viennent surtout pour mettre de côté
31:22et mettre un peu au second plan
31:24les 40 milliards d'économies de dépenses publiques
31:26qui vont être faites, et du coup c'est
31:28peu, j'allais dire. Et puis moi j'attends
31:30de voir que ça soit réel, concrètement.
31:32Pourquoi ? Ben les annonces. Mais parce que
31:34pour l'instant, c'est ce qui est sur la table,
31:36j'ai pas vu encore les mécanismes exacts
31:38proposés. Dans la presse
31:40il y a des idées, mais moi j'attends
31:42de les avoir devant moi
31:44pour juger si vraiment ça fait 1 milliard d'un côté.
31:46Michel Barnier a tout de même été précis sur la cible
31:48des hauts revenus qu'il souhaite
31:50mettre en solution.
31:52Je dis juste que j'attends
31:54et j'ai un des foyers fiscaux.
31:56Et pour l'instant je suis très loin pendant des 20 milliards annoncés.
31:58Mais admettons, c'est pas suffisant.
32:00C'est pas suffisant par rapport justement à ce
32:02qu'on disait tout à l'heure, à la fois la question des déficits
32:04mais à la fois la question de nécessiter
32:06de dégager des marges pour investir considérablement
32:08notamment en matière écologique.
32:10Donc nous ce qu'on va faire, je vais vous le dire,
32:12on va proposer nos propres
32:14amendements, nos propres
32:16propositions. Quand je dis nous, c'est le Nouveau Front Populaire.
32:18On va présenter des amendements identiques
32:20là-dessus. Et puis sur ces articles-là,
32:22on va proposer aussi des amendements
32:24qui permettront d'aller plus loin,
32:26de les rendre plus efficaces.
32:28Qu'est-ce que fera Michel Barnier ? C'était votre question.
32:30Est-ce qu'il va co-construire en acceptant ce qui sortira
32:32majoritaire de ma commission ? Je ne le crois pas.
32:34Je vous le dis là parce que ce qui va sortir
32:36transformerait considérablement
32:38le budget de la nation
32:40dans le bon sens à mon avis. Et je pense que
32:42cette majorité composite entre
32:44les républicains et les
32:46macronistes n'ira pas jusque-là. Et c'est pour ça qu'à ce
32:48moment-là, il fera tomber le 49-3.
32:50C'est pour ça qu'il y aura motion de censure. Et
32:52je pense que c'est pour ça que le gouvernement
32:54tombera. Vous dites que le gouvernement ne passera pas l'hiver.
32:56Ça veut dire que vous pensez que le Rassemblement National
32:58va voter la censure ?
33:00Écoutez, il ne va pas voter la
33:02première. Il y en aura une mardi.
33:04Bon, chacun notera
33:06qu'il laisse un répit au
33:08macronisme. Chacun jugera.
33:10Maintenant, après, il y aura des
33:12motions de censure sur le budget. Alors, est-ce que
33:14qu'est-ce que fera
33:16le Rassemblement National face à un budget
33:18qui propose 40 milliards de dépenses en moins
33:20qui s'abrent dans tous les budgets ?
33:22J'aurais juste quand même, parce qu'on ne l'a pas parlé tout à l'heure,
33:24mais par exemple, considérer que, ça peut
33:26paraître un détail, mais le budget
33:28du sport serait sabré de 12%.
33:30Dans une année post-Olympique, on nous dit
33:32qu'il faut développer le sport, etc.
33:34L'outre-mer, vous me parliez de la Nouvelle-Calédonie, de 9%.
33:36Donc, ce que je veux dire par là, c'est qu'il y a des coupes sombres.
33:38Alors, on verra bien ce que
33:40le Rassemblement National fera, parce que s'il ne vote pas
33:42la motion de censure, il laisse passer le budget.
33:44Moi, je pense qu'il sera peut-être
33:46tenté, Mme Le Pen a dit qu'elle s'opposerait
33:48au budget, il sera peut-être tenté de
33:50voter notre motion de censure.
33:52Mais vous, ça ne vous gênera pas que certains, peut-être,
33:54de votre disposition, de vos amendements, soient également
33:56votés par le Rassemblement National, qui est
33:58donc une co-construction possible
34:00de certains de vos amendements,
34:02de votre disposition, qui vont
34:04sortir de la Commission des Finances avec le Rassemblement National ?
34:06Il n'y a aucune co-construction
34:08possible. Voilà, il n'y en aura pas.
34:10Un vote en commun, ce n'est pas une co-construction ?
34:12La motion de censure que nous proposons, elle sera sur nos bases.
34:14Sur les bases du nouveau Front Populaire.
34:16Donc, si le Rassemblement National
34:18choisit de donner raison à nos bases,
34:20ça le regarde, quelque part.
34:22Ce n'est pas la même chose que si nous venons
34:24sur un texte du Rassemblement National.
34:26Nous l'avons toujours dit, et de ce point de vue-là,
34:28chaque député est aussi libre de
34:30son vote et de ce qu'il fait.
34:32Que je sache,
34:34on n'a pas reproché beaucoup
34:36au gouvernement, précédent,
34:38d'avoir fait une loi immigration qui a repris
34:40des pans entiers du programme du Rassemblement National
34:42pour avoir les voix du Rassemblement National.
34:44Ce n'est pas la même chose que de proposer un texte issu de la gauche
34:46si le Rassemblement National choisit d'appuyer,
34:48je dirais, tant mieux pour faire tomber les bases.
34:50Une mesure concrète sur les retraites,
34:52le gouvernement souhaite reporter de 6 mois
34:54la revalorisation des retraites,
34:56revalorisation calquée sur l'inflation.
34:58Michel Barnier dit qu'il le fera,
35:00sauf si vous, parlementaires,
35:02avez de meilleures idées pour économiser
35:04les 4 milliards d'euros. Alors, est-ce que vous avez
35:06une idée à 4 milliards ?
35:08Non, non, je n'ai pas une idée à 4 milliards, je ne pense pas qu'il faille les économiser.
35:10Je ne veux pas rentrer dans
35:12le choix des dépenses.
35:14Moi, j'irais plutôt regarder, pour la sécurité sociale,
35:16sur toute la politique
35:18d'exonération,
35:20toute la politique qui
35:22vise depuis de nombreuses années
35:24à affaiblir l'efficacité
35:26de notre système de santé.
35:28Les retraités doivent être exemptés d'efforts, selon vous ?
35:30Je vais vous le dire.
35:32Oui, je pense que les retraités doivent être
35:34exemptés d'efforts, bien sûr.
35:36Est-ce que, dans ce pays,
35:38c'est les retraités de manière globale
35:40dont beaucoup sont,
35:42vous le savez, à une retraite
35:44qui est en dessous du SMIC, qui sont les privilégiés
35:46de ce pays ? Bien sûr que non.
35:48Donc, baisser
35:50les revenus des retraités,
35:52c'est non seulement une injustice, mais je vais vous dire autre chose,
35:54c'est une ineptie économique.
35:56Parce que si vous enlevez 4 milliards d'euros
35:58de pouvoir d'achat aux retraités,
36:00c'est ça que ça veut dire, ça veut dire que vous enlevez
36:024 milliards à la consommation populaire.
36:04Et figurez-vous que ce pays, c'est ce qui
36:06sous-tend souvent son activité économique
36:08quand tout va mal ailleurs.
36:10C'est ce qui nous a permis de ne pas être en récession
36:12l'an dernier, je parle globalement,
36:14je parle de ce matelas social, alors que
36:16l'Allemagne, elle, l'était. Et toujours à propos des retraites,
36:18est-ce que vous voterez la proposition de loi
36:20d'abrogation du
36:22Rassemblement National à la fin du mois ?
36:24Alors nous, on n'a pas encore
36:26décidé ça, on prendra notre temps, parce que c'est un débat.
36:28C'est un débat au sein du groupe.
36:30Ou à titre personnel, vous dites non ?
36:32Mon choix personnel, je le réserve
36:34à mon groupe, voilà.
36:36Vous venez de dire qu'il n'y a pas de co-construction avec le Rassemblement National,
36:38ça veut dire à priori, ça de vote en vote ?
36:40Eh bien, vous avez raison de dire que c'est
36:42une des questions
36:44qui est justement mise en débat,
36:46l'autre étant les gens qui nous disent,
36:48bon, ils abrogent la réforme des retraites sur vos bases,
36:50est-ce qu'on peut justifier
36:52de ne pas le voter ? Alors nous, ce qu'aujourd'hui je vous dis,
36:54par contre, qui est notre position globale, c'est que
36:56arrêtons de laisser penser que c'est le grand rendez-vous,
36:58parce que figurez-vous, cette niche,
37:00si la proposition de loi a été votée...
37:02Une niche parlementaire, c'est une journée réservée
37:04à des initiatives des groupes parlementaires.
37:06Merci de le préciser, donc si cette proposition de loi
37:08a été votée, elle s'arrêterait
37:10à l'Assemblée.
37:12Parce que le Rassemblement National n'a pas de groupe au Sénat
37:14qui permet d'inscrire ce texte dans une niche.
37:16Donc il n'irait pas au Sénat.
37:18Donc en fait, c'est un leurre, c'est un coup pour rien
37:20pour donner du permis social au Rassemblement National.
37:22Oui, mais au-delà de ça, Eric Coquerel, vous savez bien que c'est aussi
37:24un symbole vis-à-vis de tous les Français
37:26qui se sont opposés à cette réforme des retraites.
37:28Et vous en faisiez partie.
37:30Est-ce que ces mêmes Français
37:32qui étaient opposés, ils comprendraient
37:34que pour des motifs politiciens,
37:36vous ne profiteriez pas
37:38de cette initiative du Rassemblement National ?
37:40C'est pas tout à fait un motif politicien
37:42de considérer que vous ne devez pas donner un point à l'extrême droite.
37:44Ça s'entend, on peut
37:46penser que c'est une erreur,
37:48mais ce n'est pas politicien, c'est un problème de principe.
37:50Si nous, on a décidé
37:52de ne pas donner une voix au Rassemblement National
37:54au deuxième tour des élections
37:56et de se désister, c'est qu'il y a une question de principe.
37:58Mais je vous réponds, ça serait vrai,
38:00ce que vous dites, si un mois après,
38:02nous n'avions pas une niche France Insoumise
38:04dans laquelle nous allons proposer un texte
38:06pour qu'il soit voté
38:08et qui, lui, permettra d'être inscrit au Sénat
38:10puisqu'on a des groupes qui le permettront.
38:12Oui, il n'y a pas de groupe France Insoumise au Sénat.
38:14Non, mais il y a des groupes NFP qui ont déjà
38:16dit à l'avance, ça sera sûrement
38:18le groupe communiste qui sera...
38:20qui ont déjà dit à l'avance qu'il sera inscrit,
38:22donc on va pouvoir annoncer notre niche
38:24et ce en quoi ça sera efficace
38:26et réel, c'est qu'elle sera
38:28ensuite mise en débat au Sénat,
38:30ce qui, vous savez, est indispensable.
38:32Et comment vous voyez le fait que les syndicats sont prêts
38:34à revenir autour de la table des négociations
38:36avec le gouvernement pour travailler à des aménagements
38:38de cette réforme des retraites ?
38:40Pour l'instant, ils ont plutôt répondu favorablement
38:42à cette invitation du gouvernement.
38:44Juste, je reviens
38:46à la précédente question, j'ai oublié de vous dire,
38:48ce que je précise aussi, c'est que la semaine prochaine, nous avons une motion de censure
38:50et que la meilleure manière
38:52d'éviter que cette réforme des retraites
38:54se poursuive, c'est
38:56de voter la motion de censure. J'adresse aussi ce message
38:58puisque le Rassemblement National,
39:00manifestement, ne la votera pas, ce qui montre son hypocrisie.
39:02Excusez-moi, je réponds maintenant à votre question
39:04sur les syndicats. Que les syndicats,
39:06quand le gouvernement les amène autour de la table,
39:08y aillent, ça me semble assez naturel.
39:10Jusque-là, ils avaient fixé comme condition
39:12l'abandon de la bande d'âge de 64 ans.
39:14Non, ils ne rentrent pas.
39:16Pour en avoir discuté avec eux, il n'y a pas longtemps,
39:18on a eu une audition
39:20avec
39:22la plupart des syndicats sur cette question.
39:24Ils ne rentrent pas dans l'idée
39:26qu'ils en sont aujourd'hui
39:28à amender, à améliorer
39:30au marge, cette réforme
39:32des retraites, en actant le recul
39:34de l'âge de la retraite à 64 ans. Ils ne sont pas sur
39:36cette position et ils soutiennent, de ce point de vue-là,
39:38tout ce qui peut être fait à l'Assemblée,
39:40au moins de notre côté, sur la question de l'abrogation.
39:42Pour parler des salaires à présent,
39:44pour augmenter un bas salaire
39:46aujourd'hui d'une centaine d'euros,
39:48il faut quasiment,
39:50pour l'employeur, dépenser 500 euros.
39:52Un rapport remis au Premier ministre
39:54cette semaine préconise de moduler
39:56les exonérations de charges patronales.
39:58En clair, plus de cotisations
40:00employeurs pour les salariés
40:02au SMIC, mais moins pour les salaires
40:04intermédiaires. Est-ce que c'est une bonne idée ?
40:06Ça revient
40:08sur
40:10certains principes d'exonération
40:12qui ont été jusqu'à maintenant décidés
40:14qui étaient un peu des trappes à bas salaire.
40:16Ça améliore
40:18un peu les choses.
40:20Maintenant, je vais vous dire le fond de ma pensée.
40:22Les cotisations,
40:24c'est du salaire
40:26socialisé.
40:28Ça veut dire que ce n'est pas quelque chose
40:30qui s'ajoute au salaire, c'est
40:32la décision qui a été prise, à un moment donné,
40:34pour assurer la protection sociale, les retraites,
40:36etc., après
40:38la guerre, de considérer
40:40que vous mettez une part de salaire,
40:42vous le collectivisez, de façon à pouvoir
40:44avoir un système assurantiel global
40:46entre les travailleurs.
40:48Je considère que tout ce qui s'attaque à ça est mauvais.
40:50On est allé trop loin dans les exonérations.
40:52Je pense même qu'il ne faudrait pas d'exonération.
40:54Je pense qu'il ne faudrait pas d'exonération.
40:56Je sais qu'on ne peut pas
40:58tout d'un coup revenir dessus,
41:00et ce n'est pas ce que propose le NFP de manière
41:02totale, tout de suite, mais la logique,
41:04ce serait de revenir là-dessus.
41:06Comment on fait pour désmicardiser
41:08le pays ?
41:10Puisque vous voulez préserver l'écolisation sociale,
41:12sur quel autre levier vous pouvez
41:14activer pour
41:16augmenter les salaires ?
41:18Tout simplement, on l'a proposé. On augmente le SPIC
41:20et on fait des conférences, on organise,
41:22si on avait un gouvernement NFP,
41:24on aurait fait des conférences sociales
41:26entre les partenaires sociaux, vers
41:28une augmentation des salaires. On a aussi mis
41:30sur la table certaines mesures. Par exemple,
41:32on avait proposé, on avait repris
41:34ça au niveau des syndicats européens, que
41:36dans une entreprise, il ne puisse pas y avoir des quarts de salaire
41:38de plus de 1,
41:40entre 1 et 20, ce qui permettait
41:42que si quelqu'un voulait s'augmenter,
41:44il augmentait tous les salaires.
41:46Il y a différents mécanismes pour permettre justement
41:48que les salaires augmentent
41:50et que le travail paie mieux, justement, dans ce pays,
41:52que les revenus du capital, parce que c'est ça
41:54le problème qu'on a eu avec ces temps
41:56de macronisme. Juste une chose,
41:58excusez-moi, je reviens, parce que je tiens à être précis,
42:00les exonérations, le petit
42:02problème, c'est qu'en réalité, c'est des aides aux entreprises,
42:04pour l'emploi, etc., mais c'est des aides aux entreprises.
42:06Et je ne suis pas pour que les aides aux entreprises
42:08reposent, justement,
42:10sur le budget social. Je suis pour que
42:12si l'État assume d'aider certaines entreprises,
42:14je suis pour qu'elles le fassent,
42:16par exemple, des entreprises qui créent de l'emploi,
42:18qui permettent
42:20d'empêcher les délocalisations,
42:22et bien ça se fasse par des aides de l'État,
42:24et non pas en prenant sur
42:26toute
42:28la base
42:30sociale,
42:32toute la base de notre système social.
42:34Le grand jury, tout est politique.
42:36Et nous allons à présent
42:38parler d'immigration. Michel Barnier
42:40a dû rappeler la nécessité de respecter
42:42l'État de droit. Après les
42:44propos de son ministre de l'Intérieur, Bruno
42:46Retailleau juge l'État de droit
42:48ni intangible, ni sacré.
42:50Est-ce que vous saluez ce recadrage ?
42:52Oui, enfin, je trouve qu'il l'a
42:54fait modérément, le recadrage.
42:56D'ailleurs, ça n'a pas empêché Bruno
42:58Retailleau de
43:00poursuivre. Parce qu'en gros,
43:02Bruno Retailleau a dit
43:04en fait, je ne remets pas en question
43:06l'État de droit, mais je considère qu'on peut
43:08avoir des exceptions,
43:10et il a donné un exemple de ce qui s'était passé pendant le COVID.
43:12Le COVID, c'est une mise entre parenthèses
43:14de l'État de droit, avec des
43:16mesures d'exception, et donc moi je ne suis pas d'accord
43:18avec cette vision-là, qui voudrait qu'on ait
43:20dans un État d'exception généralisé.
43:22C'est d'ailleurs ce qu'on avait dit au moment du COVID,
43:24on avait dit attention, parce que les mesures
43:26qu'on met en place au moment du COVID,
43:28il y a toujours des bonnes raisons pour le faire,
43:30sauf qu'il y a bien quelqu'un un jour qui va dire que ces mesures
43:32doivent être généralisées. C'est ce que fait M. Retailleau.
43:34– Vous nous avez dit, il n'y aura pas de majorité
43:36probable pour voter le budget, il y aura
43:38une majorité pour voter une nouvelle loi
43:40immigration. – Écoutez, on verra bien.
43:42On verra bien s'il y a une majorité. Pour l'instant,
43:44ce que je constate, c'est que la
43:46dernière fois qu'ils ont voulu faire voter une loi,
43:48il a fallu qu'ils empruntent tellement au programme du
43:50Rassemblement National, que ça en est devenu
43:52anticonstitutionnel.
43:54Mais vous avez raison de souligner que pour faire,
43:56il peut y avoir une majorité. Dans ces cas-là,
43:58c'est en comptant sur les voix du Rassemblement National
44:00et pour le coup, à la différence de
44:02ce que je disais tout à l'heure sur
44:04un texte d'abrogation ou une motion
44:06de censure, ça sera sur les bases du Rassemblement
44:08National. C'est bien pour ça que je pense qu'il y a
44:10une extrême droitisation
44:12du centre et surtout de la droite
44:14depuis des années, qui court derrière
44:16le Rassemblement National et qui provoque la
44:18situation dans laquelle nous sommes. – Faut-il
44:20régulariser tous les sans-papiers ?
44:22– Tous les travailleurs sans-papiers, oui.
44:24Tous les étudiants sans-papiers, oui.
44:26Pour une bonne raison. – Vous vous dites
44:28que l'immigration est une chance ?
44:30– L'immigration est un…
44:32Le moins qu'on puisse dire, c'est
44:34que l'immigration, pour notre pays,
44:36s'en satisfait.
44:38Notre pays
44:40s'enrichit avec l'immigration.
44:42Voilà. Et ça, ce n'est pas moi qui le dis.
44:44C'est tous les chiffres officiels sur le fait
44:46que l'immigration rapporte plus
44:48qu'elle ne coûte. Et quand je dis ça,
44:50je ne rentre pas dans l'idée que c'est ça
44:52qui doit nous faire juger
44:54ou pas une politique d'immigration. Mais si je reprends
44:56les termes même économiques
44:58de ceux qui mettent en avant l'idée qu'il faudrait
45:00du moins de l'immigration, eh bien tout ça
45:02est aujourd'hui entièrement faux. – La droite
45:04et le Rassemblement National continuent de réclamer la limitation
45:06de l'aide médicale d'État à l'AME destinée
45:08aux sans-papiers, de la limiter
45:10aux soins vitaux. C'est un vieux débat autour d'un dispositif
45:12qui coûte un milliard d'euros
45:14par an. Est-ce que vous êtes
45:16toujours pour préserver
45:18l'aide médicale d'État ou est-ce qu'il y a
45:20une réforme à faire, des limitations
45:22à envisager ? – C'est une proposition inhumaine
45:24et absurde.
45:26C'est absurde parce que chacun
45:28comprend bien que c'est une partie
45:30de la population, partie
45:32faible, il y a 400 000 personnes seulement
45:34qui bénéficient de l'AME.
45:36Il faut que les gens sachent que l'AME
45:38c'est 0,4% du budget
45:40seulement de
45:42tout le budget de santé.
45:44– La droite et le Rassemblement National parlent de certains excès.
45:46– Je vous dis, voilà ce qu'est l'AME
45:48aujourd'hui. Chaque
45:50personne qui bénéficie de l'AME, ça coûte
45:52environ 2 685 euros
45:54un assuré social, c'est 3 087.
45:56Donc il n'y a pas, j'allais dire, une
45:58surutilisation de l'AME pour je ne
46:00sais quoi. Vous savez, on a eu des fantasques,
46:02ça servirait à des soins
46:04secondaires. L'AME est absolument
46:06indispensable, tout simplement parce que d'un point de vue
46:08humain, et en plus ça sera
46:10le cas. Un médecin ne laissera jamais quelqu'un
46:12en mauvaise santé
46:14parce que
46:16cette personne n'a pas de papier. Mais en plus
46:18c'est stupide parce que les virus,
46:20les microbes, ça ne reconnaît pas
46:22ni votre statut, ni la couleur de peau
46:24et que donc laisser une partie de la population
46:26en mauvaise santé, c'est mauvais pour tout le monde.
46:28– Éric Coquerel, il nous reste quelques minutes.
46:30– Le Grand Jury
46:322027, c'est demain.
46:34– Faut-il un candidat unique
46:36de la gauche pour 2027 ? On voit que le PS
46:38et les écologistes poussent en ce sens.
46:40– Oh là, c'est loin 2027.
46:44Moi je pense qu'il y aura peut-être
46:46une présidentielle anticipée avant, figurez-vous.
46:48– Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
46:50– Ce qui me fait dire ça, c'est qu'on voit bien
46:52que celui vers qui remontent les difficultés,
46:54c'est le Président de la République.
46:56C'est lui qui a voulu la dissolution.
46:58C'est lui qui n'a pas de majorité.
47:00J'ai entendu qu'il exclut toute démission.
47:02– Et la procédure de dissolution que vous aviez initiée
47:04à l'Assemblée nationale, visiblement, est arrêtée.
47:06– Oui mais enfin, au moins, pour une fois,
47:08discuter pour la première fois historiquement
47:10de cette dissolution de commission, ça va être le cas
47:12dans l'hémicycle, je pense qu'elle ne passera pas,
47:14mais qu'au moins, symboliquement,
47:16elle est discriminée en question.
47:18– Vous souhaitez, juste pour bien comprendre
47:20votre raisonnement, vous souhaitez une crise politique
47:22suffisamment grave qui amène
47:24à la démission d'Emmanuel Macron.
47:26– Non mais je ne souhaite pas
47:28une crise politique, la crise politique
47:30elle est là, c'est même une crise de régime
47:32parce que ça révèle… – Il y a un gouvernement,
47:34il y a aujourd'hui un gouvernement…
47:36– Il y a un gouvernement, il y a un gouvernement
47:38qui fait remonter tout le pouvoir à un homme,
47:40parce qu'en l'occurrence, c'est que des hommes pour l'instant,
47:42et ce qui me semble totalement contraire
47:44à des principes démocratiques tels qu'on le connaît…
47:46– Je vais reposer ma question, mais de manière plus large.
47:48Est-ce que pour la prochaine élection présidentielle,
47:50il faut une candidature unique à gauche ?
47:52– Eh bien, il faut une candidature unique à gauche
47:54à partir du moment où la gauche est en capacité
47:56de s'entendre sur un problème de rupture.
47:58Pour moi, c'est ça qui est essentiel,
48:00c'est ça qui a permis qu'elle soit devant
48:02aux dernières élections législatives
48:04et c'est ça qui lui a permis d'avoir
48:06à nouveau un rôle, j'allais dire,
48:08important et historique dans ce pays
48:10et de ne pas connaître, j'allais dire…
48:12– Est-ce qu'il faut une primaire à gauche ?
48:14– Cette dérive vers le bas qui était la gauche
48:16d'accompagnement, celle de M. Hollande…
48:18– Mais est-ce qu'il va falloir une primaire à gauche
48:20pour se mettre d'accord sur ce programme de rupture ?
48:22Est-ce qu'il va falloir une primaire au sein de la gauche ?
48:24– Non, je crois que les primaires, chacun s'attend
48:26pour dire que les primaires, c'est une machine à perdre.
48:28– Alors comment vous allez vous mettre d'accord ?
48:30– Mais pour l'instant, la question n'est pas…
48:32les fonds financiers ne sont pas là,
48:34donc la question que je vous dis, c'est,
48:36je reviens à la question du programme,
48:38pour moi c'est de là qu'on doit partir,
48:40c'est de savoir si nous sommes d'accord toujours
48:42pour un programme de rupture tel que,
48:44par exemple, le Nouveau Front Populaire,
48:46c'est entendu pour le présenter aux Français
48:48aux législatives, ça commence par là
48:50et à partir de là, on regarde quelle candidature
48:52commune nous sommes capables de mettre sur la table.
48:54Aujourd'hui, ceux qui proposent la primaire…
48:56– Vous avez déjà la réponse, c'est Jean-Luc Mélenchon.
48:58– À l'instant, au moment T, oui,
49:00je pense que Jean-Luc serait le meilleur candidat.
49:02– Il n'est pas devenu quand même un repoussoir
49:04pour une bonne part de la gauche aujourd'hui ?
49:06– Ce que je constate, c'est qu'élection après élection,
49:08en tout cas, il n'est pas un repoussoir
49:10pour la population dans ce pays
49:12et à mon avis, ce que vous parlez à l'instant T,
49:14je ne sais pas ce qu'il sera en 2027,
49:16– Est-ce qu'il n'a pas un plafond vert quand même ?
49:18– Je ne sais pas lui-même dans quelle situation il sera
49:20et s'il s'estimera en capacité
49:22de toujours mener ce leadership
49:24tel qu'il le mène.
49:26Mais aujourd'hui, je considère que ça reste
49:28notre candidat qui est le plus susceptible
49:30d'aller au deuxième tour.
49:32– Mais vous savez bien que pour gagner une présidentielle,
49:34vous savez bien, Éric Coquerel,
49:36que pour gagner une présidentielle,
49:38il faut aussi aller jusqu'aux voix du centre-gauche.
49:40Pour l'instant, Jean-Luc Mélenchon,
49:42il n'est pas capable d'attirer ces voix-là.
49:44Est-ce qu'il n'y a pas un plafond de vert électoral ?
49:46– Mais au premier tour, encore une fois…
49:48– Au premier tour, oui, mais au deuxième tour ?
49:50– Oui, mais d'accord, pour aller au deuxième tour,
49:52il faut être capable d'y aller.
49:54Je veux dire que…
49:56Non, je vais vous répondre autrement
49:58à ce que je crois, vraiment.
50:00C'est que s'il y a un candidat qui représente encore
50:02justement ce retour vers le passé,
50:04c'est-à-dire une gauche qui ne change rien,
50:06qui ne change pas la vie des gens…
50:08– Vous pensez à qui ?
50:10– Je ne sais pas, on parle de Cazeneuve,
50:12de François Hollande, à nouveau vouloir être candidat,
50:14il y en a d'autres qui se présentent.
50:16Je peux vous assurer qu'ils ne seront pas au deuxième tour.
50:18Ça, j'en suis certain.
50:20Parce qu'ils ne seront pas capables de rassembler
50:22tous ceux qui, dans ce pays, ont intérêt
50:24à transformer radicalement les choses.
50:26Et après, au deuxième tour, on verra bien.
50:28Moi, je pense qu'il faut…
50:30Jean-Luc Mélenchon, aujourd'hui, a les capacités
50:32au deuxième tour, par exemple, de battre une Marine Le Pen.
50:34Voilà, c'est ma conviction. J'entends que vous ne la partagez pas.
50:36– Ce n'est pas ce que disaient les sondages.
50:38– Oui, mais les sondages, d'accord.
50:40Mais les sondages ne disaient pas non plus
50:42que Jean-Luc Mélenchon allait avoir 22% au premier tour
50:44en 2020.
50:46– Merci beaucoup, Éric Pocquerel,
50:48pour ce grand jury. Bon dimanche à tous
50:50et à la semaine prochaine.

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