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Le député (Picardie debout) de la Somme était interrogé par Olivier Bost (RTL), Pauline Buisson (M6), Perrine Tarneaud (Public Sénat) et Claire Conruyt (Le Figaro).
Regardez Le Grand Jury avec Olivier Bost du 02 février 2025.

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Transcription
00:00Générique
00:10Le Grand Jury, présenté par Olivier Bost
00:13Bonjour à tous, bienvenue dans ce Grand Jury. Nous sommes en direct sur RTL et en direct également sur Public Sénat. Bonjour François Ruffin.
00:20Bonjour.
00:21Vous êtes député de la Somme dans le groupe écologiste et social. Votre meilleur ennemi Bernard Arnault a fait l'actualité cette semaine.
00:29Le patron de LVMH a contesté l'augmentation temporaire des impôts sur les très grandes entreprises. Les grands patrons sont-ils responsables de tous nos malheurs ?
00:38Le budget de l'État doit être adopté demain par 49.3. Les socialistes épargneront sans doute François Bayrou d'une censure.
00:47Qu'en pensez-vous François Ruffin ? Où en êtes-vous d'ailleurs avec la gauche, avec la France Insoumise, aussi avec Jean-Luc Mélenchon ?
00:54Creusez-vous toujours votre chemin pour la présidentielle. Bienvenue dans ce Grand Jury François Ruffin.
01:01A mes côtés pour vous interroger aujourd'hui Perrine Tarnot de Public Sénat, Pauline Buisson de M6 et nous serons rejoints par Claire Conryt du Figaro.
01:10Dans ce Grand Jury François Ruffin, nous aurons une séquence dédiée au Parlement, là où le budget sera précisément voté.
01:16Vous répondrez à nos questions expresses. Il y aura aussi un moment 2027 et un moment inattendu en fin d'émission.
01:22Le Grand Jury, l'actualité de la semaine.
01:25Mardi, Bernard Arnault, le patron de LVMH, l'homme le plus riche de France et parmi les plus riches du monde, a vertement critiqué la surtaxe temporaire sur les grandes entreprises.
01:37Vous dites quoi aujourd'hui à Bernard Arnault, François Ruffin ? Nous n'avons pas besoin de vous, partez.
01:44Moi je lui dis un peu de décence. Vous savez j'ai calculé sur les 10 dernières années, sa fortune a été multipliée par 6 et c'est comme si à chaque seconde, pendant 10 ans, Bernard Arnault avait gagné 31 000 euros.
01:58C'est-à-dire qu'à chaque seconde qui passe là, il y a un salaire avec les cotisations et tout, d'un Français qui est un fermier, qui est un enseignant.
02:06Juste pour bien distinguer les choses, là vous ne parlez pas de revenu, vous parlez de fortune personnelle.
02:11Je parle de l'augmentation de sa fortune. Oui, ce qui n'est pas la même chose.
02:14Oui, mais à la fin, ça vient quand même dans votre poche.
02:17Si il vendait tout. Je vois qu'on va avoir des avocats de Bernard Arnault autour de la table.
02:24Pas du tout. C'est malade s'il vendait tout. Vous ne distinguez pas le revenu.
02:29Sa fortune augmente de 31 000 euros par seconde. Vous imaginez ?
02:35Et c'est cet homme-là qui vient se plaindre parce qu'il va y avoir une augmentation modeste de l'impôt sur les sociétés dans notre pays.
02:44Vous dites quoi ? Qu'il fait un chantage à l'emploi, c'est ça ?
02:47Ce n'est pas moi seulement qui le dit, c'est Michel-Édouard Leclerc.
02:49Ce que je veux dire d'abord, c'est que dans tout ça, je distingue très bien le patron de PME, l'artisan de Bernard Arnault et du MEDEF.
03:00Vous savez, quand on dit le mot poisson, à l'intérieur, il y a des requins et des sardines.
03:04C'est pareil quand on dit le mot patron.
03:06Et je vois très bien comment les grands du patronat viennent se cacher derrière la vertu de l'artisan du coin.
03:16Donc je n'englobe pas tout à l'intérieur.
03:19Vous mettez en garde certains patrons français aujourd'hui de ne pas se cacher d'un dernier Bernard Arnault,
03:24qui peut être peut-être parfois leur pire porte-parole puisqu'il a été aux États-Unis, par exemple, soutenir Donald Trump.
03:30Et vous savez, il y a un lien entre tout ça.
03:32Qu'est-ce qui se passe en vérité ?
03:34Il se passe que depuis cette année, même avant, nous avons eu des grandes entreprises et multinationales qui ont été choyées comme jamais.
03:41Là, encore cette année, c'est annoncé par les échos de mon ami Bernard Arnault.
03:46Ce sont des bénéfices records pour les entreprises du CAC 40.
03:49Et ce sont des dividendes records, 100 milliards d'euros, dans les échos.
03:52Jamais le CAC 40 n'a été aussi généreux avec ses actionnaires qui redistribuaient les deux tiers de ses profits à ses actionnaires.
04:00Mais qui investissent aussi en France.
04:02Les actionnaires, mais non.
04:04Non, je parle de Bernard Arnault, notamment.
04:06Oui, mais on a donc un capital qui, depuis 7 ans, s'est gavé.
04:11S'est gavé pendant la crise Covid.
04:13S'est gavé pendant la guerre en Ukraine.
04:15Et qui, aujourd'hui, à qui on a diminué les impôts pendant tout ce temps-là.
04:19Et qui, aujourd'hui, alors qu'on lui demande de cotiser un peu, vient gindre et se plaindre.
04:26Pourquoi il y a ça ?
04:28Il faut comprendre le moment dans lequel nous vivons.
04:30C'est que, finalement, il y a eu un nouveau consensus qui s'était établi entre Bercy, même le FMI,
04:37des économistes comme Jean-Pyzani-Ferry, plutôt libéral,
04:40mais qui disait, à la fois pour combler la dette publique,
04:43parce que toutes les baisses d'impôts dont je viens de parler, ça a creusé la dette publique comme jamais,
04:481 000 milliards d'euros.
04:49Imaginez que ce soit la gauche qui ait fait ça.
04:51La gauche aurait creusé le déficit à la peine.
04:541 000 milliards d'euros, c'est aussi un contexte avec le Covid, avec l'Ukraine.
04:57Il n'y a pas seulement les baisses de charges sur les entreprises.
05:00J'appartenais à la Commission nationale sur la dette publique,
05:02qui avait été lancée par les Républicains.
05:04Et les experts qui venaient devant nous, nous disaient qu'il y avait deux causes à la dette publique.
05:08La première cause, pour moitié, c'était les crises.
05:10Il faut bien le signaler.
05:11Et la deuxième cause, c'était les baisses d'impôts sur le capital.
05:14Voilà.
05:15Donc, on a eu des cadeaux fiscaux gigantesques qui ont été effectués au grand patron.
05:20Et, finalement, il y avait un consensus nouveau qui se dégageait, je le redis,
05:23FMI, le Trésor public, le microscript, Christine Lagarde, la Banque centrale européenne,
05:31qui venait dire, la fête est finie.
05:33Maintenant, il va falloir payer, passer à la caisse,
05:36et que les grandes fortunes d'un côté, que les multinationales de l'autre payent.
05:39Donc, il manque de civisme, il manque de patriotisme ?
05:41Il est évident que quand on dit aux joueurs de foot sur le terrain de l'équipe de France
05:45qu'ils doivent chanter la marseillaise et qu'on leur demande d'être patriotes,
05:48et on a des grands patrons qui, en vérité, depuis 40 ans, ne sont pas patriotes.
05:53Parce que, depuis 40 ans, nos grands patrons sont des champions de la délocalisation.
05:56Mais, au-delà de ça, qu'est-ce qui se passe ?
05:59Donc, ce consensus s'établit pour dire, maintenant, vous allez devoir payer votre éco.
06:02C'est la nouvelle idée qui fait corps dans la société.
06:08Et là, à la place que ça se produise, surgit Trump, Elon Musk, Ravir Millei.
06:16Il faut lire le discours de Ravir Millei à Davos,
06:19qui vient dire, finalement, nous, nous sommes des surhommes,
06:22nous sommes l'Occident et nous devons imposer notre loi aux pays du Sud,
06:26nous sommes des hommes et nous devons imposer notre loi aux femmes et aux trans,
06:30mais aussi, nous sommes le capital et l'idée, écrit-il, de justice sociale est une aberration.
06:37Ce que vous dites, c'est que les grands patrons français, aujourd'hui,
06:40prennent leur inspiration ultralibérale chez Donald Trump, chez Ravir Millei, etc.
06:46Bernard Arnault a parlé d'un vent d'optimisme.
06:49Vous savez, quand il assiste à Elon Musk, qui fait le salut nazi,
06:51pour lui, c'est un vent d'optimisme qui souffle depuis les États-Unis.
06:55C'est-à-dire un vent qui vient venir contrer le désir de justice fiscale et sociale
07:01qui peut émerger dans les pays européens.
07:03Et je pense, là, en vérité, qu'on vit un moment où on a une grande bataille.
07:07On a une grande bataille entre des gens qui, ils l'écrivent, ils le disent,
07:12qui veulent se débarrasser de la démocratie ou la rendre illibérale.
07:17Des gens pour qui l'État est un adversaire et qu'il s'agit de toujours tronçonner.
07:21Mais finalement, pour qui il s'agit de revenir sur l'humanisme,
07:25de revenir sur les Lumières, de revenir sur la Révolution française.
07:29Ils vont chercher leur source chez les médiévistes au Moyen-Âge.
07:35Et donc, on a un grand combat qui, à mon sens, est engagé
07:38avec certains qui veulent revenir sur tout ça
07:40et nous qui devons être encore des défenseurs de l'État, de la démocratie et de l'humanisme.
07:44Derrière l'image de la tronçonneuse employée par le président argentin Ravir Millei,
07:50derrière, évidemment, les coupes, les dérèglementations souhaitées par ces hommes politiques-là,
07:57vous voyez une atteinte, vous, à la démocratie ?
08:00Quand on lit leurs textes, ils englobent tout.
08:04Au fond, vous savez ce qui se passe quand Elon Musk et Donald Trump
08:10prennent le pouvoir de manière conjointe à la Maison-Blanche ?
08:14C'est qu'on a des surhommes qui ont acquis une toute puissance économique,
08:18une toute puissance médiatique, une toute puissance numérique
08:22et qui, là, directement, vont avoir la toute puissance politique.
08:25C'est-à-dire qu'ils ne délèguent plus le pouvoir à des banquiers d'affaires,
08:27mais qu'ils s'en chargent très directement.
08:30C'est Roosevelt, puisqu'on est aux États-Unis, qui disait que
08:34l'argent organisé est aussi dangereux que le crime organisé.
08:39Et là, il y a à montrer notre résistance, à dire non à la toute puissance de l'argent.
08:44Ce n'est pas l'argent qui doit décider pour tout.
08:47Vous savez, je me suis rendu à une grève en fin de semaine dernière
08:53chez un sous-traitant de Total qui s'appelle Hutchinson.
08:57Ça se porte très bien, ça bosse pour la neuronautique, ça fait les joints de porte.
09:02Il y a 200 intérimaires à l'intérieur, plutôt que de les passer en CDI,
09:07mais enfin, voilà, ça marche très bien.
09:09Et pourtant, la proposition qui est faite par l'entreprise, c'est 1% d'augmentation.
09:14Quand il y a eu 2% d'inflation, ça veut dire, en vérité, moins 1%.
09:19Et maintenant, ça fait des années que ça dure.
09:21Vous savez que le salaire réel des Français, le salaire réel des ouvriers,
09:24le salaire réel des gens dans le privé, il a baissé de 3% ces dernières années.
09:28C'est-à-dire qu'on a, depuis maintenant 7 ans maintenant,
09:31on a des gens qui se gavent.
09:33Les 500 fortunes françaises sont passées, il y a 30 ans, de 5% du PIB
09:37à 20% à l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir.
09:40Et aujourd'hui, ça dépasse les 45%.
09:42Bernard Arnault, pour refermer le chapitre pour ce qui le concerne,
09:47vous avez fait un film sur lui qui s'appelait Merci patron.
09:50Des membres de son entreprise ont été poursuivis pour vous avoir espionné.
09:54Et vous disiez tout à l'heure, je l'ai relevé, mon ami Bernard Arnault.
09:58J'imagine que c'était bien évidemment ironique.
10:00Est-ce que ce n'est pas finalement votre meilleur ennemi,
10:02celui qui permet de schématiser votre lutte des classes ?
10:06Je n'y peux rien s'il se plaît à la caricature.
10:10Vous savez, il y a dans notre pays encore des patrons
10:14qui ne sont pas dans les eaux froides du calcul égoïste.
10:17Et j'ai plaisir à travailler avec eux.
10:20Il y a des patrons qui pensent encore à leur patrie,
10:24que la France, ça existe, et qui n'ont pas un porte-monnaie
10:28là où il devrait y avoir un drapeau.
10:30Vous voulez dire que vous n'êtes pas anti-patron ?
10:32Il y a des grands patrons qui ont du crédit à vos yeux ?
10:35Vous savez, par exemple, il y a une tribune,
10:37dans les échos de mon ami Bernard Arnault,
10:39que je lis avec constance,
10:41et qui était intitulée « Taxez-nous ! »
10:43« Taxez-nous sur nos successions ! »
10:45Et c'était 240, me semble-t-il, millionnaires
10:47qui n'avaient pas réussi, en particulier dans les licornes,
10:49dans les start-up, et qui venaient nous dire
10:51« Nous, on a réussi, mais ce n'est pas une raison
10:54pour qu'on ne paye pas notre écho. »
10:56Donc ça existe.
10:57Et évidemment, j'ai immédiatement pris contact avec eux.
11:00On aura un colloque mercredi soir
11:02avec Gabriel Zucman, économiste à l'Assemblée nationale,
11:05autour des questions de fiscalité,
11:07parce que vous savez, je pense que la question de la fiscalité
11:09est aujourd'hui la question clé.
11:11La Révolution française a commencé sur une crise fiscale.
11:14L'État, le roi avait vidé les caisses de l'État
11:17parce qu'il avait mené la guerre d'indépendance,
11:19toujours aux États-Unis,
11:20pour vaincre nos ennemis héréditaires, les Anglais.
11:23Il avait vidé les caisses, puis il s'était dit
11:25« Comment je fais pour les remplir ? »
11:27Bon, on va faire payer le bourgeois,
11:28on va faire payer le tiers État.
11:29Mais ils ne vont pas se laisser faire.
11:30Donc je vais réunir les trois.
11:32Et vous savez, il y a un parallèle quand même,
11:34parce qu'à l'époque, l'Église et l'aristocratie
11:37refusaient de payer, qui étaient pleines de privilèges,
11:39refusaient de payer leurs impôts.
11:41Et on est dans la même situation aujourd'hui
11:43avec des nouveaux seigneurs qui refusent de payer.
11:45Et ça a abouti à une crise démocratique.
11:47Sauf que dans votre raisonnement, François Ruffin,
11:49vous faites abstraction, finalement, la situation mondiale.
11:52Par exemple, quand on entend le patron de Michelin,
11:54Florian Ménégaud, qui a dit cette semaine
11:57« En 2019, fabriquer un produit en Europe
12:00coûtait 34% de plus qu'en Asie.
12:03Aujourd'hui, fabriquer un pneu en Asie coûte 100,
12:05en France, 191. »
12:07Est-ce qu'on peut ignorer cette réalité aussi ?
12:10C'est parce que je ne l'ignore pas, monsieur Bost.
12:12C'est parce que je ne l'ignore pas
12:14que depuis 15 ans, 20 ans maintenant,
12:17je suis partisan de protectionnisme.
12:19Il nous faut des taxes aux frontières.
12:21Il nous faut des barrières douanières.
12:22Il nous faut des quotas d'importation.
12:24Et donc vous savez que du coup, les Français vont payer plus cher ?
12:26Il nous faut imposer de la régulation.
12:29Vous savez, face à une Chine qui pratique le dumping,
12:33face à des États-Unis qui, sous Trump évidemment,
12:37mais sous Biden déjà, avaient instauré des protections,
12:40nous ne devons pas rester les idiots de la mondialisation.
12:43Il est évident que la désindustrialisation qu'on connaît
12:47dans le pays, et en particulier en Picardie,
12:50depuis 40 ans maintenant,
12:51elle est liée à un choix qui est du libre-échange généralisé
12:54et qui se refuse à réguler.
12:57Mais la France est déjà un pays où la part des impôts de production
13:02dans le PIB est très élevée,
13:05beaucoup plus élevée que la moyenne européenne.
13:07Est-ce que vous ne sentez pas qu'il y a,
13:09de la part des entrepreneurs français,
13:10une vraie inquiétude quant à notre compétitivité
13:13justement sur le marché mondial que vous décrivez ?
13:15Écoutez, le taux de marge des entreprises françaises,
13:18prise dans leur globalité, et je veux vous le redire,
13:20je distingue très bien la multinationale du sous-traitant
13:24parce qu'en plus, il y a une économie à deux vitesses
13:28qui se met en place dans notre pays,
13:29avec des grandes firmes, avec des multinationales
13:31qui viennent capter la plus-value,
13:33et qui finalement ne laissent plus que des miettes
13:35derrière aux sous-traitants, aux sous-sous-traitants,
13:37aux sous-sous-sous-traitants,
13:39et bien sûr des miettes également aux salariés de ces sous-traitants.
13:42Donc je redoute l'arrivée d'un salariat à deux vitesses
13:46et d'une économie à deux vitesses qui est déjà en partie là.
13:49Mais ce n'est pas un peu les boucs émissaires,
13:51les grands patrons et les très grandes entreprises,
13:53les boucs émissaires finalement d'une situation économique
13:57qui est la nôtre aujourd'hui.
13:59– Mais vous savez, la crise là, elle existe pour les salariés.
14:02– Non, on n'a pas de faiblesse.
14:03La France n'a pas de faiblesse, à vos yeux,
14:05et tout doit se régler par du protectionnisme.
14:07– Je pense que si on veut avoir une politique industrielle,
14:11et vous savez combien j'y suis attaché,
14:13regardez ce qui s'est passé sur le masque.
14:16On a le président de la République,
14:19et je le salue parce que jusqu'alors,
14:21la politique industrielle, c'était quelque chose qui était interdit.
14:23A dit, déléguer notre souveraineté, déléguer notre alimentation,
14:28notre protection à d'autres est une folie.
14:30Et il a décidé d'investir des dizaines de millions d'euros sur les masques.
14:34Mais qu'est-ce qui s'est produit derrière ?
14:36Derrière, on a continué à importer à 99,5% des masques de Chine.
14:41Ce qui fait que les usines qu'on a montées,
14:43elles ont presque aussitôt fermées,
14:45parce qu'il n'y avait pas de politique commerciale
14:47qui était liée à notre politique industrielle.
14:49Il faut absolument, en Europe et en France,
14:51avoir une politique commerciale liée à notre politique industrielle.
14:54Et regardez jusqu'où va se loger notre absence de patriotisme.
14:57Les uniformes de l'armée, vous imaginez ?
15:00L'armée était jusqu'alors produite à Calais, en France.
15:03Elles vont rester en partie en France.
15:05Elles vont largement partir au Maghreb, au Maroc.
15:09Donc évidemment, là, il y a la nécessité d'avoir ce que j'appelle un Buy French Act,
15:15de faire que les collectivités locales,
15:18de faire que les ministères, de faire que les pompiers
15:20puissent, de manière choisie, se fournir en France.
15:24Et l'effet inflationniste d'une politique protectionniste ?
15:28Vous savez, on a eu un effet inflationniste majeur
15:31par le coût de l'énergie.
15:33On a eu un effet inflationniste majeur
15:35par des choix qui ont été faits par nos gouvernants.
15:38Est-ce qu'il faut en rajouter avec du protectionnisme ?
15:40Non, ce serait très mesuré.
15:43Et de toute façon, moi, je ne dis pas qu'il faut relever de 20%,
15:46comme le fait Trump, aujourd'hui, c'est 25% les taxes
15:50sur tous les produits qui y arrivent.
15:52Mais en revanche, ce que je dis, c'est que ce que dit, par exemple,
15:56un homme qui a écrit un rapport pour le gouvernement
15:59qui s'appelle Olivier Luandzi, il faut cibler.
16:01Il faut cibler 150 produits.
16:03Les 150 produits qu'on veut, pour de bon, rapatrier.
16:05Les 150 produits qu'on veut faire naître.
16:07Mais ça pourrait être quels produits, par exemple ?
16:09Je pense que, par exemple, quand vous imaginez
16:12que dans mon département, la Somme,
16:16on est les champions des éoliennes.
16:19Non pas pour les produire, mais pour les installer.
16:22Et qu'il n'y a pas un boulon d'éolienne,
16:24il n'y a pas une pâle d'éolienne, il n'y a pas un mat d'éolienne
16:26qui est produit dans la région.
16:28Ça pose un gros souci.
16:30Donc, ça peut être quelque chose de prioritaire.
16:33Si on dit qu'on doit être, demain, en cas de crise,
16:35souverain sur le masque, il s'agit d'avoir une protection
16:37commerciale sur le masque français.
16:40Regardez, là, on avait, dans la Somme,
16:42et ça a été sauvé, la dernière usine
16:45de l'isine en Europe, qui est un acide aminé
16:48qui sert à l'industrie agroalimentaire.
16:50Cet acide aminé, en France, il est produit,
16:52en effet, deux fois plus cher qu'en Chine,
16:54mais il pollue cinq fois moins qu'en Chine.
16:56Bon, un choix a été fait. Finalement, je le dis
16:58parce que les choses sont en train de bouger.
17:00Un choix a été fait de, un,
17:02l'État a subventionné pour combler le fossé
17:06entre le coût chinois et le coût français,
17:09d'une part, et d'autre part, il y a eu un relèvement
17:11de 50 à 80 % des taxes aux frontières
17:13sur ce produit spécifique.
17:15Vous savez ce que je raconte sur le protectionnisme, là ?
17:17Auparavant, j'étais isolé, d'accord ?
17:19Mais les choses ont changé.
17:21Maintenant, c'est le patron de Valeo qui réclame
17:23du protectionnisme. C'est le patron d'Arcelor
17:25qui réclame du protectionnisme. C'est
17:27toute la chimie, le lobby de la chimie
17:29qui réclame du protectionnisme.
17:31C'est la filière de la sous-traitance automobile
17:33qui réclame du protectionnisme. Que les choses soient
17:35claires, sans protection, aujourd'hui,
17:37il n'y a pas d'industrie.
17:39Il n'y a pas de souveraineté et nous sommes cuits.
17:41Il faut que l'Europe se défende.
17:43On reste malgré tout dans un marché mondial
17:45par rapport à cette compétitivité
17:47dont vous parlez. On voit que les
17:49Etats-Unis, en ce moment, déroulent le tapis rouge
17:51aux entreprises, avec une baisse
17:53des impôts qui est promise jusqu'à
17:5515 %, des subventions
17:57colossales. Comment il faut réagir
17:59selon vous ?
18:01D'une part, quand Trump...
18:03Il y a plein de choses sur lesquelles j'ai dit mes désaccords avec Trump.
18:05Mais quand Trump, il dit
18:07vous voulez vendre ici, produisez ici,
18:09ça apparaît comme étant du bon sens.
18:11Donc, il faut que l'Europe réagisse en disant
18:13vous voulez vendre ici, produisez ici.
18:15Vous êtes chinois,
18:17vous voulez vendre vos produits chinois.
18:19Ça ne peut pas se faire uniquement au niveau français.
18:21Je dis qu'un Buy French Act peut être fait
18:23au niveau français. Il y a un certain nombre de mesures
18:25qui peuvent être prises au niveau français, mais il est évident
18:27qu'il faut une évolution de la politique
18:29commerciale européenne, là.
18:31Il faut aller peser ce qu'on a fait sur la voiture électrique.
18:33C'est-à-dire qu'on l'a fait sur un produit,
18:35mais il faut aller peser sur d'autres produits pour avoir
18:37une évolution et que l'Europe
18:39se défende, simplement. Il faut imaginer
18:41ce que ça signifie quand, en vérité,
18:43parce qu'on importe peu
18:45des Etats-Unis,
18:47mais quand les Etats-Unis ferment leurs frontières
18:49aux produits chinois, qu'est-ce qui se passe ?
18:51La Chine n'a plus le marché américain.
18:53Du coup, elle se déverse sur le marché européen.
18:55Et donc, on a un phénomène de downlink caractérisé
18:57sur des dizaines de produits.
18:59Et ce sont les patrons qui me racontent ça.
19:01Vous savez, ce sont les patrons
19:03d'entreprises familiales, de PME,
19:05qui sont dans la sous-traitance automobile
19:07et qui sont mis en difficulté
19:09et qui ont l'accord de coût.
19:11Et qui le redoutent pour eux et pour leurs salariés.
19:13Donc, il faut une réaction ferme,
19:15rapide, urgente.
19:17Dans les débats aussi, Minhoff, sur la phase publique
19:19par les patrons, il y a celle d'une TVA
19:21sociale pour financer
19:23ou combler, plutôt,
19:25une part du financement de nos dépenses
19:27sociales. Qu'est-ce que vous en pensez ?
19:29Vous savez, la TVA est l'impôt le plus injuste
19:31aujourd'hui.
19:33C'est aussi le plus rentable.
19:35Oui, c'est le plus rentable, mais ça devrait être un souci.
19:37Vous savez, s'il y a un gros problème
19:39de justice fiscale,
19:41c'est parce que la TVA est en effet
19:43l'impôt qui rapporte le plus.
19:45Sauf qu'aujourd'hui, ce qu'on prélève sur les salaires
19:47d'une manière générale n'est pas suffisant
19:49pour financer les retraites
19:51et financer la protection sociale.
19:53D'où l'invention, par exemple, de la CSG.
19:55Je le redis, la TVA sociale...
19:57L'injustice
19:59qu'il y a
20:01à cet impôt
20:03qui pèse nettement plus
20:05sur les plus modestes
20:07par rapport aux plus riches.
20:09Proportionnellement, ils payent beaucoup plus
20:11d'impôts de TVA
20:13parce qu'ils consomment.
20:15Allez taxer, aujourd'hui, la consommation.
20:17Rendez-vous compte de ce qu'on a fait
20:19aux ménages français,
20:21aux travailleurs, ces dernières années.
20:23On leur a, alors que je l'ai dit,
20:25il y a un gavage qui se déroule en haut,
20:27on les a privés
20:29de 3% de leur
20:31salaire réel,
20:33d'une part. D'autre part,
20:35on leur a rajouté 2 ans
20:37sur les retraites.
20:39Vous n'avez pas d'interrogations, vous, sur la façon de financer
20:41aujourd'hui le modèle social français ?
20:43Bien sûr qu'il y a
20:45des interrogations à avoir. Mais je vous le dis,
20:47comment, par exemple, quand j'entends que
20:49on va aller chercher de l'argent sur les retraités
20:51entre 2000 et 2500 euros,
20:53comment on pourrait avoir une vraie discussion
20:55sur
20:57le financement par les retraités,
20:59le financement par les salariés,
21:01le financement par les ménages,
21:03si jamais il n'y a pas une mise à plat
21:05et déjà, le retour d'un impôt de solidarité
21:07sur la fortune, par exemple,
21:09qui soit pérenne et qui soit
21:11à la hauteur
21:13d'une explosion. Encore une note de Bercy
21:15cette semaine, qui dit que les 0,1%
21:17des Français ont vu leurs revenus
21:19augmenter 6 fois plus vite ces dernières années
21:21que le reste de la population.
21:23On vit un temps
21:25d'injustice, un temps d'inégalité.
21:27Donc le premier endroit où il faut aller chercher l'argent,
21:29c'est en effet tout en haut. Maintenant,
21:31j'entends que ça fasse débat. J'entends
21:33qu'il y ait des désaccords dans la société.
21:35Pourquoi pas
21:37une convention citoyenne sur la fiscalité ?
21:39Pourquoi pas
21:41une grande discussion publique
21:43et je suis d'accord pour que Bernard Arnault
21:45y ait un siège, vous voyez ?
21:47Et que ça soit discuté de manière
21:49transparente, comme on l'a fait...
21:51Donc faire contribuer les retraités, vous dites pourquoi pas ?
21:53Lors des états généraux de la Révolution
21:55française, on a mis en grand débat
21:57la question de la fiscalité. Et je dis
21:59que de la même manière qu'au moment de la Révolution
22:01on avait les privilégiés
22:03qui échappaient à l'impôt,
22:05on a aujourd'hui des nouveaux privilégiés
22:07qui échappent très largement à l'impôt.
22:09La contribution des milliardaires dans notre
22:11pays, en pourcentage,
22:13c'est deux fois moins qu'un Français moyen.
22:15C'est deux fois moins que vous, c'est deux fois moins
22:17qu'un éboueur qui va au boulot.
22:19Est-ce que vous trouvez ça normal ? Je pense que
22:21il faut rétablir le fait que
22:23dans notre pays, les petits doivent payer
22:25petits et les gros doivent payer gros.
22:27François Ruffin est l'invité de ce Grand Jury.
22:29Le Grand Jury.
22:31Ça se passe au Parlement.
22:33François Bayrou a annoncé ce matin
22:35dans la tribune dimanche qu'il utiliserait
22:37demain le 49-3 pour faire
22:39adopter le budget. Le 49-3,
22:41vous vous parlez de déni
22:43démocratique ou c'est le
22:45processus normal ? Ça va faire
22:47la troisième année que
22:49le budget n'est pas voté à l'Assemblée.
22:51Ce qui, quand même, à la fin
22:53finit par devenir un souci. Et cette fois-ci,
22:55il n'y a même pas la possibilité
22:57de déposer des amendements sur le budget.
22:59Et au fond, il n'y aura aucune discussion
23:01dans l'hémicycle sur le budget.
23:03C'est sûr que quand le budget
23:05de la nation n'est pas discuté
23:07par les représentants de la nation, à un moment
23:09ça pose quand même un problème démocratique.
23:11Donc vous censurez. Est-ce que vous comprenez
23:13les hésitations des socialistes qui eux
23:15hésitent à censurer ? Écoutez, d'abord
23:17on doit avoir une discussion sur le
23:19contenu de ce budget. Parce que vous m'avez demandé
23:21les questions de principe. Je veux vous dire que
23:23a priori,
23:25j'étais pas forcément sur
23:27par principe, contre
23:29pour une censure
23:31que j'entends
23:33un pays qui est fatigué
23:35par un
23:37espèce de psychodrame
23:39parlementaire, budgétaire, qui dure.
23:41Donc vous vous êtes posé
23:43la question, sérieusement, de savoir si vous allez
23:45censurer ou pas. C'était pas...
23:47Je ne lève pas ma main de manière automatique,
23:49j'appuie pas sur les boutons
23:51de manière systématique.
23:53Maintenant je regarde ce qu'il nous est proposé.
23:55Est-ce que 5% de déficit
23:57ça vous va ?
23:59Donc il faudra aller plus loin
24:01dans les économies à faire ?
24:03C'est 5,4 l'objectif.
24:05On vous retourne la question.
24:07Est-ce que ça vous va ? Non, ça ne me va pas du tout.
24:09Plus 150 milliards
24:11d'euros de déficit cette année.
24:13C'est ça vers quoi on se dirige.
24:15Et je le redis, dans un temps
24:17qui n'est pas...
24:19Vous n'allez pas nous dire que ce budget ne fait pas assez d'économies ?
24:21Je vais vous dire mon raisonnement.
24:23On fait
24:25ce choix-là, de 150
24:27milliards d'euros de dettes en plus
24:29par un temps qui n'est pas
24:31un temps de crise, ça va peut-être
24:33venir. Mais en tout cas...
24:35Est-ce qu'à vos yeux ce budget est plus acceptable
24:37par exemple que celui de Michel Barnier ?
24:39Laissez-moi aller jusqu'au bout de mon raisonnement.
24:41150 milliards d'euros de dettes en plus, est-ce que ça vous va ?
24:43Le budget est imparfait.
24:45Les parlementaires, y compris chez les socialistes, le disent.
24:47C'est pas imparfait. Vous vous dites imparfait.
24:49Je dis que ce budget ne va pas du tout.
24:51On ne peut pas avoir de manière chronique,
24:53structurelle, parce qu'en plus c'est même pas comme s'il y avait...
24:55Allez jusqu'au bout de votre raisonnement. Vous voulez trouver
24:57150 milliards chez les plus riches ?
24:59On ne peut pas avoir
25:01un déficit de 5%
25:03sans même qu'il y ait de l'investissement.
25:05C'est pas comme si ce budget
25:07participait à résoudre
25:09le défi industriel, à résoudre
25:11le défi démographique en faisant
25:13une loi de grand âge, à résoudre le défi
25:15climatique...
25:17Mais est-ce que ce budget, certes imparfait...
25:19Non, il n'est pas imparfait.
25:21Ça serait la gauche qui proposerait
25:23un déficit budgétaire de 150 milliards d'euros.
25:25Oui, oui.
25:27Mais est-ce que les gains
25:29par exemple qui ont été
25:31obtenus par les socialistes
25:33vous conviennent ?
25:35Est-ce que c'est un pas quand même dans le bon sens ?
25:37Est-ce que selon vous, ça limite
25:39un peu la casse ?
25:41Je vous le redis.
25:43Ma question, quand il y a eu la censure
25:45du gouvernement Barnier, j'ai dit que j'avais
25:47deux problèmes. Un, les retraites.
25:49Deux, les recettes.
25:51Moi je ne regarde pas la colonne dépenses.
25:53Je regarde la colonne recettes.
25:55Parce que c'est là que ça se joue. C'est sur les recettes.
25:57Et je vois que là,
25:59c'est plus que timide. Il y a 7 milliards
26:01de moins qui vont être cherchés par rapport au budget
26:03Barnier sur les recettes.
26:05C'est là que se pose le problème. Le problème de la France.
26:07Emmanuel Macron le disait.
26:09En avril de l'année dernière,
26:11le président de la République
26:13disait que notre problème
26:15n'était pas un problème de dépenses excessives,
26:17mais c'était un problème de recettes.
26:19Or aujourd'hui,
26:21le problème des recettes n'est absolument pas
26:23réglé. Et donc ce qui fait qu'on a un déficit structurel.
26:25Bon et après, excusez-moi, mais
26:27je vais avoir du mal à
26:29accepter un budget où on supprime
26:31les contrats adulte-relais, où on
26:33diminue du
26:35passe-culture, pendant que
26:37pour les anciens
26:39premiers ministres et les anciens présidents de la République,
26:41il va y avoir le maintien des voitures avec chauffeur.
26:43Vous n'avez pas répondu, François Ruffin, sur les socialistes.
26:45Le député socialiste
26:47Philippe Brun vous interpelle ce matin dans une tribune
26:49et dit, crois-tu, il s'adresse à vous,
26:51que les gilets jaunes que tu as croisés sur les
26:53ronds-points te demanderaient aujourd'hui à nouveau
26:55de censurer sans discuter.
26:57Ecoutez, je ne crois pas que les gilets jaunes
26:59qui étaient sur les ronds-points sortiraient
27:01maintenant avec des panneaux en mettant
27:03le budget Bérou.
27:05Est-ce que les gens vous demandent de censurer ?
27:07De ne pas censurer, justement, pour avoir un peu
27:09de stabilité ?
27:11Il y a une demande contradictoire.
27:13Il y a une demande de justice.
27:15Regardez, il va y avoir 2 milliards de réductions
27:17sur le budget du logement. Il faut dire ce qu'il y a dans le budget
27:19quand même. 2 milliards de réductions
27:21sur le budget du logement. Mais est-ce que sur le terrain,
27:23les gens vous demandent plus de stabilité politique
27:25parce qu'il y a pas mal de casse sociale en ce moment ?
27:27Tout le monde réclame de la stabilité politique.
27:29Tout le monde souhaite la stabilité politique
27:31dans la justice. Et ça vous fait hésiter ou pas ?
27:33Ça fait que je vous ai dit que ce n'est pas
27:35de manière automatique. Maintenant, je regarde
27:37le résultat. Vous savez, quand Chirac disait
27:39c'est à la fin de la foire qu'on compte les boules.
27:41Vous votez ou pas la censure ?
27:43Je voterai la censure.
27:45Et quel regard vous portez sur les socialistes
27:47qui peut-être ne la voteront pas ?
27:49Ils sont adultes. Je vous ai dit, ma position,
27:51ce n'est pas une injonction.
27:53Vous êtes moins menaçant par exemple que Jean-Luc Mélenchon ?
27:55Mais je n'ai pas envie...
27:57Vous savez, c'est un désaccord tactique.
27:59Je vois bien que la situation
28:01contient de demandes paradoxales.
28:03Et je n'ai pas envie d'être dans
28:05l'accusation de traître et ainsi de suite
28:07pour jouer le jeu des deux gauches
28:09qui seraient à nouveau irréconciliables
28:11quand il me semble que nous avons plein de terrains d'entente
28:13pour conduire à un horizon commun.
28:15François Ruffin est l'invité de ce grand jury.
28:17On va marquer une pause et après on parlera
28:19d'autres débats qui vont animer
28:21cette semaine, notamment la question
28:23de l'immigration. On parlera également
28:25des retraites. A tout de suite.
28:37Suite du Grand Jury, présenté par
28:39Olivier Bost. François Ruffin,
28:41député de la Somme et du Parti
28:43Picardie-Debout, est l'invité
28:45de ce grand jury. A mes côtés pour vous
28:47interroger, Claire Convite du Figaro
28:49et Pauline Buisson de M6.
28:51Le Grand Jury, l'actualité
28:53de la semaine. Et cette
28:55semaine, François Bayrou, le Premier Ministre, a parlé
28:57d'un sentiment de
28:59submersion à propos de l'immigration.
29:01François Ruffin,
29:03c'est des mots que vous entendez dans votre
29:05circonscription ? Non, c'est pas des mots que j'entends
29:07en plus. Vous dire que
29:09il y a une submersion aujourd'hui dans notre
29:11pays, elle est à Redon, c'est pas
29:13un sentiment et que
29:15les étrangers n'y sont pour rien. Il y a une submersion
29:17de déficit public aujourd'hui
29:19et les étrangers n'y sont pour rien.
29:21Et quand il y a une submersion
29:23de plans sociaux, quand par exemple
29:25ça ferme du jour au lendemain chez moi,
29:27Watts, c'est les fonds américains
29:29et c'est pas les étrangers
29:31qui sont ici ciblés. Ceci
29:33étant posé, quand les Français vous en parlent,
29:35comment ils vous parlent de l'immigration
29:37aujourd'hui ? Il ne faut pas
29:39croire que... Vous savez,
29:41les Français ont beaucoup évolué. Si vous avez lu le bouquin
29:43de Vincent Tiberi, qui correspond exactement
29:45à ce qu'on ressentit sur le terrain.
29:47Le racisme a reculé sur les 40
29:49dernières années dans notre pays.
29:51Il n'y a pas de sentiment de
29:53submersion. Si on regarde la réalité
29:55aujourd'hui dans notre pays, c'est qu'il y a eu
29:57en effet une augmentation.
29:59Il y a aujourd'hui 10%
30:01d'étrangers dans notre pays.
30:03Il y a une augmentation de 3 points.
30:05C'est pas un raz-de-marée.
30:07Ça s'est étalé sur les 20 dernières années
30:09mais on est loin d'être...
30:11Quand il y a une famille
30:13dans un village des Pyrénées, quand il y a une
30:15famille, ça va. Quand il y en a
30:1710, il y a de l'intolérance qui s'installe.
30:19C'est faux.
30:21Je trouve que
30:23François Bayrou sucre les fraises.
30:25Je ne vois pas de famille...
30:27Le village des Pyrénées où il y a 10 familles
30:29d'immigrés qui se sont installées.
30:31Au contraire, ce qu'on a
30:33comme souci, c'est une non-répartition
30:35possible de l'immigration
30:37dans notre pays.
30:39Il n'y a pas de sujet d'immigration en Picardie ?
30:41Quand on voit le score du Rassemblement National ?
30:43Vous savez, malheureusement, je crois
30:45que le score du Rassemblement National dans ma
30:47région est largement plus
30:49dû aux industries qui sont
30:51parties pendant 40 années que
30:53à l'immigration aujourd'hui.
30:55Je ne dis pas que je n'entends rien, ce n'est pas vrai.
30:57Et je maintiens
30:59ce que nous devons faire.
31:01Vous n'avez pas l'impression qu'en France,
31:03le problème de l'immigration devient un sentiment,
31:05en tout cas une crainte majeure pour les Français ?
31:07Quand je regarde
31:09les instituts de sondage,
31:11en quartier prioritaire ou hors quartier prioritaire,
31:13la question de
31:15l'immigration n'est pas dans les 5
31:17premières priorités des Français.
31:19Donc vous dire que ça n'existe pas, ce n'est pas vrai.
31:21Mais ce n'est pas
31:23les questions auxquelles on doit répondre pour les gens,
31:25c'est se soigner. Vous savez, lors de mes voeux,
31:27j'ai entendu un immense
31:29« Ah ! » de soulagement. C'est venu sur quoi ?
31:31C'est venu sur…
31:33À Longos, il était annoncé qu'il y avait
31:35un dentiste qui allait s'installer. Voilà une question
31:37à laquelle les Français demandent qu'on réponde.
31:39C'est la question des déserts médicaux. Ils demandent à ce qu'on réponde
31:41à la question du pouvoir d'achat, pas avoir
31:43à se serrer la ceinture en permanence.
31:45Ils demandent à ce qu'on réponde à la question du logement,
31:47alors que c'est un tiers à la moitié de leur budget
31:49qui va y être consacré, qu'ils n'arrivent pas à trouver
31:51de logement pour
31:53leurs gamins qui sont étudiants.
31:55Et donc, en fait, comprenons
31:57ce qui se passe. Et c'est là
31:59que le lien se fait avec la question de l'immigration.
32:01C'est qu'on a des Français
32:03qui travaillent, qui souvent
32:05le travail est dur et
32:07qui peinent à vivre.
32:09Dont le travail sert plus à survivre
32:11qu'à vivre eux-mêmes. Et à partir de ce moment-là,
32:13il y a une question, c'est
32:15moi, j'ai droit à rien. Pourquoi
32:17eux, ils ont droit à quelque chose ? Voilà la question
32:19qui se pose quand on écoute les gens.
32:21Et avec un effet qui est que
32:23les étrangers, les réfugiés
32:25sont visibles.
32:27Ils sont visibles à la télé.
32:29Ils sont visibles dans les villes.
32:31Alors que ceux qui, pour moi,
32:33sont en partie une cause de leur malheur,
32:35je les ai énoncés,
32:37les actionnaires qui se gavent
32:39depuis des années et des années maintenant,
32:41sont eux invisibles. Donc il y a un détournement
32:43de la colère vers le bas. Ça ne veut pas dire
32:45qu'il n'y a pas un sujet. Mais que ce sujet,
32:47on doit le traiter.
32:49Comment ? Ceux qui sont ici,
32:51il faut l'intégration.
32:53L'intégration, elle se passe comment ?
32:55Elle se passe par la langue. Et je suis pour que
32:57pour toute personne qui arrive sur le territoire français,
32:59il y ait des cours qui soient
33:01donnés, que ça soit bien organisé,
33:03que ça ne soit pas fait par des bénévoles, mais que ça soit
33:05un véritable service public.
33:07Une régularisation des 300 000 ou 400 000
33:09personnes en situation régulière qui vivent aujourd'hui en France.
33:11Permettez-moi de faire un
33:13clair distinguo entre
33:15l'immigration qui est déjà sur
33:17le territoire français et ce qui
33:19pourrait arriver. D'accord ? C'est ce que je faisais.
33:21Mais je veux le clarifier pour vos auditeurs.
33:23Dire
33:25qu'on va renvoyer
33:27les 300 000 à 400 000 personnes
33:29qui sont aujourd'hui sur le territoire français,
33:31c'est une fumisterie.
33:33D'accord ? Et c'est pour cette
33:35raison que les obligations de quitter le
33:37territoire français sont aussi peu
33:39effectuées.
33:41C'est parce qu'on arrose tellement large
33:43qu'à la fois la police et la justice
33:45ne peuvent pas embrasser aussi
33:47large derrière. Donc,
33:49pour moi, la question, c'est comment
33:51on fait pour que ceux qui sont ici
33:53produisent ici, travaillent ici,
33:55enrichissent le pays et
33:57s'épanouissent pour eux et pour
33:59l'avenir qu'ils cherchent pour leurs enfants.
34:01Ça suppose deux choses.
34:03La langue, le travail. Oui, je crois
34:05que dans notre pays, comme toujours,
34:07on s'intègre par le travail.
34:09Vous savez, ma conviction
34:11qui est profondément ancrée à la matière,
34:13qu'on fait société, que la société
34:15c'est du travail mis en commun, qu'ils soient bénévoles
34:17ou salariés. Il faut tout faire pour que
34:19les gens s'insèrent
34:21par le travail, qu'ils apportent à la société
34:23de cette manière-là. Après avoir
34:25parlé du travail, croyez-vous à la négociation
34:27qui s'est ouverte sur les retraites
34:29avec la fin des 64 ans ?
34:31Écoutez, d'abord
34:33rappelez qu'il y a sur les retraites
34:35un problème social, puisque
34:37ce sont les métiers physiques, populaires
34:39qui sont directement frappés par cette
34:41mesure-là quand on leur dit que vous ne pouvez pas partir
34:43avant 64 ans. C'est justement ce qui peut être
34:45en discussion. Je l'espère
34:47mais ce n'est pas clair. Et il y a un problème
34:49qui est un problème démocratique et qui a
34:51profondément entaché
34:53le début du mandat d'Emmanuel Macron
34:55et je disais au Président de la République
34:57à l'époque, attention, vous devez être
34:59le gardien de l'unité de la nation. Et quand
35:01il fait cette réforme-là,
35:03contre 8 salariés sur 10, contre tous les
35:05syndicats unis, contre une majorité de députés
35:07à l'Assemblée, il y a un profond
35:09vice démocratique. Bon, maintenant
35:11j'étais donc pour qu'il y ait gel
35:13qui est suspension, qui est moratoire
35:15pour qu'en tout cas on mette
35:17cette mesure en pause pour
35:19calmer un ressentiment dans le pays.
35:21Est-ce que ce dialogue est positif ?
35:23Les syndicats...
35:25Vous mettez ça au crédit des socialistes ?
35:27Non. Je dis
35:29les syndicats ont
35:31choisi de se rendre
35:33à ce conclave, comme ça a été appelé.
35:35Ils ont demandé à ce que
35:37clairement, à la sortie, il y ait
35:39un vote de l'Assemblée. Il faudra
35:41un vote de l'Assemblée. Je rappelle qu'on n'a
35:43pas de vote de l'Assemblée sur le budget, mais on n'a
35:45pas eu pour l'instant de vote de l'Assemblée sur les retraites
35:47non plus. A la fin,
35:49ce qui sera mis en débat,
35:51il faut que ça soit mis en débat aussi à l'Assemblée.
35:53Il ne faut pas que le MEDEF
35:55ait finalement
35:57un droit de veto sur ce qui
35:59en sorte. Donc vous avez un petit
36:01espoir quand même qu'il en sorte quelque chose de positif ?
36:03J'accompagne les syndicats
36:05dans leur démarche. Ils sont autour
36:07de la table, ils négocient,
36:09ils se bagarrent pour qu'il y ait le meilleur pour les salariés.
36:11Vous savez moi ce à quoi je pense ?
36:13C'est les auxiliaires de vie de chez moi,
36:15les femmes de ménage de chez moi,
36:17les ADSEM,
36:19tous des métiers, les charistes,
36:21qui ont des métiers physiques,
36:23qui portent des charges lourdes, qui souvent
36:25commencent jeunes et à qui on dit
36:27vous devez aller jusqu'à 64 ans. Et pour eux, c'est pas
36:29possible. Il y a une profonde injustice là-dedans
36:31parce que ce sont des gens
36:33qui arrivent déjà brisés à l'âge
36:35de la retraite et qui finalement vont
36:37beaucoup moins en profiter en termes de temps
36:39que des professions qui sont plus
36:41tranquilles. Il y a déjà des dispositifs pour les carrières longues.
36:43Oui mais, pas toutes
36:45vous savez, et pour les critères de pénibilité
36:47on en a supprimé
36:49et on sait très bien que pour obtenir un critère
36:51de pénibilité, il faut avoir des tas de
36:53gentils casques qui soient cochés et que ça fonctionne pas
36:55aujourd'hui. Alors nous le voyons, la consommation
36:57de drogue se généralise sur tous les
36:59territoires et y compris dans de nombreuses
37:01professions. Nous l'avons vu cette semaine
37:03avec l'accident de Carr dans
37:05L'Heure et Loire qui a tué une lycéenne de 15 ans.
37:07Le conducteur était sous l'emprise de stupéfiants.
37:09La lutte contre le
37:11narcotrafic doit bien être une
37:13priorité, François ?
37:15Vous savez, ça fait 20 ans
37:17que j'ai alerté là-dessus parce que
37:19j'ai mené un
37:21long travail dans les quartiers populaires
37:23d'Amiens il y a une vingtaine d'années et je voyais
37:25les ravages
37:27que faisait l'héroïne dans
37:29les quartiers populaires. C'est plus l'héroïne, ça a changé
37:31désormais mais
37:33encore aujourd'hui, dans
37:35chaque quartier où je vais, j'entends les parents
37:37qui sont angoissés. Les parents qui disent
37:39à leurs gamins
37:41qu'en rentrant du collège, ils doivent éviter tel et tel
37:43endroit, qu'ils doivent s'enfermer.
37:45Qu'au retour de l'école, ils doivent passer
37:47un coup de fil pour rassurer les parents.
37:49Le plan contre le narcotrafic qui est en discussion
37:51à l'Assemblée nationale, vous y êtes favorable ?
37:53Oui. Il faut un parquet
37:55national qui soit spécialisé
37:57là-dedans. Le travail qui a été effectué
37:59entre autres par Jérôme Durain
38:01du côté du Sénat est remarquable. Je dis
38:03qu'il manque un deuxième volet.
38:05Les principales forces de résistance
38:07au narcotrafic, elles sont à l'intérieur des
38:09quartiers. Ce sont les parents qui ne veulent pas ça.
38:11Ce sont des associations qui
38:13cherchent à gagner, à garder
38:15de l'espace public et que ça ne soit pas livré
38:17à la drogue. Or, aujourd'hui,
38:19il n'y a aucun plan d'appui
38:21à ces forces
38:23de l'intérieur qui pourraient lutter contre le narcotrafic.
38:25Et même dans le budget
38:27en cours, et que personnellement je
38:29refuserais, il y a un affaiblissement.
38:31Quand on supprime 5000
38:33contrats adultes-relais, ce sont des contrats
38:35précaires, il faudrait avoir mieux. Mais ce sont
38:37des centres sociaux, ce sont des associations de quartiers,
38:39des clubs de boxe et ainsi de suite,
38:41qui proposent des espaces
38:43d'épanouissement, des espaces
38:45finalement où on vient composer
38:47un autre chemin aux jeunes que
38:49celui de réussir par le trafic de drogue.
38:51Et sur le cannabis,
38:53est-ce qu'il faut dépénaliser ? Est-ce qu'il faut faire
38:55un référendum sur la dépénalisation ? C'est ce que propose
38:57par exemple Éric Piolle.
38:59J'ai beaucoup évolué sur cette
39:01question-là, mais maintenant
39:03si vous voulez que je m'exprime là-dessus, il faut
39:05me laisser plus de deux minutes. Donc c'est à vous de voir.
39:07Mais...
39:09C'est compliqué alors, si ça prend
39:11plus de deux minutes. Mais oui, parce que
39:13il y a maintenant un million
39:15de personnes qui sont des consommateurs réguliers
39:17de cannabis. Il y en a...
39:19Ça a été
39:21testé par la moitié des adultes.
39:23Donc, c'est une consommation
39:25de masse. Et
39:27il y a un échec de la politique
39:29pénale aujourd'hui
39:31sur le cannabis.
39:33Pour que ça soit et que ça reste aussi
39:35massif. Moi, je recevais un
39:37général de gendarmerie à ma
39:39permanence. Et il m'a beaucoup surpris en me disant
39:41meuf, sur le cannabis,
39:43ça nous fait perdre notre temps. Et en effet,
39:45je pense que la police devrait pouvoir se
39:47concentrer... Donc vous ouvrez la voie sur une dépénalisation ?
39:49La police devrait
39:51pouvoir se concentrer sur ce que sont aujourd'hui
39:53les vrais dangers.
39:55Je dis même que le fait de
39:57faire que le trafic de
39:59cannabis soit laissé aux trafiquants
40:01de cette manière-là.
40:03Ça fait que ça nourrit évidemment
40:05une économie souterraine. Ça fait que
40:07dans tous les quartiers, il y a des
40:09points de deal sur cette question-là.
40:11En plus, ce sont des produits de très
40:13mauvaise qualité qui sont
40:15livrés aux consommateurs
40:17avec des toxiques à l'intérieur.
40:19Et donc, il y a plein de raisons
40:21en effet d'ouvrir la
40:23question de la dépénalisation, de l'égalisation
40:25du cannabis dans notre pays. En tout cas,
40:27que le débat soit ouvert.
40:29Je le dis, qu'il soit ouvert aussi
40:31pour des raisons de sécurité publique,
40:33de santé publique et de sécurité publique.
40:39Alors, le principe, c'est qu'on ne vous laisse justement
40:41pas deux minutes. C'est des réponses par oui
40:43ou par non. Pour ou contre,
40:45François Ruffin, vous étiez...
40:47François Ruffin, vous étiez sur scène
40:49avec Lucie Castex, mercredi soir
40:51à Pantin. Vous croyez toujours à Lucie
40:53Castex pour porter la gauche ?
40:55En tout cas, elle fait partie de l'équipe
40:57très largement. Vous savez ce qu'il faut aujourd'hui à la gauche ?
40:59Oui, elle fait partie de l'équipe.
41:01Et c'est elle qui
41:03sert de trait d'union aujourd'hui à gauche
41:05pour beaucoup. Les Sénats ont adopté
41:07cette semaine une proposition de résolution pour changer
41:09le mode de scrutin au législatif pour passer
41:11à la proportionnelle. Oui, à la proportionnelle.
41:13Ça me paraît très décalé
41:15vis-à-vis des attentes aujourd'hui des Français.
41:17C'est le grand débat
41:19qui survient et sur lequel s'agit
41:21le petit univers politique.
41:23Ça ne répond pas à la grande question fiscale, industrielle
41:25en plein milieu des plans sociaux.
41:27Ça me paraît complètement décalé. Pauline Buissant.
41:29Pour ou contre le retour du cumul des mandats, François Ruffin ?
41:31Je suis hostile au retour du cumul
41:33des mandats. Pensez que
41:35c'est parce que le député
41:37est plus maire aussi
41:39qu'il y a un décalage entre la politique nationale
41:41et la politique locale. Ce n'est pas la raison.
41:43Vous savez, il y a eu
41:45deux forces qui ont émergé en 2017
41:47et qui, en fond, n'avaient pas d'attache locale,
41:49pas d'attache dans leur parcours
41:51qui n'étaient pas passés adjoints en maire, conseiller départemental,
41:53conseiller régional et ainsi de suite.
41:55Ça a été côté gauche, les insoumis,
41:57côté droite,
41:59pour ainsi dire, les macronistes.
42:01On continue sur les questions express. Désolée.
42:03La gauche a désormais une oreille attentive
42:05à ce que dit Dominique de Villepin.
42:07Est-ce que c'est aussi votre cas ?
42:09J'écoute ce que dit Dominique de Villepin,
42:11comme j'écoute ce que dit Lionel Jospin,
42:13comme j'écoute ce que dit
42:15Hubert Védrine quand il s'exprime.
42:17Je pense qu'on doit porter une oreille attentive
42:19notamment en termes de
42:21politique étrangère à ce que dit
42:23Dominique de Villepin.
42:25Donc vous le placez dans les anciens.
42:27Oui, mais qui reste,
42:29je veux dire, l'un des grands moments français,
42:31c'est le nom à la guerre
42:33en Irak. Et je pense
42:35qu'aujourd'hui, face à Trump,
42:37Musk, Ravir Milai et compagnie,
42:39il nous faut apposer à nouveau un nouveau grand
42:41nom français.
42:43On va passer à
42:452027, c'est demain. Écoutez
42:47d'abord ce qu'a dit Jean-Luc Mélenchon
42:49vendredi soir à Toulouse
42:51à propos de l'élection présidentielle.
42:53Quel que soit le moment
42:55de cette élection, il y aura
42:57une candidature insoumise
42:59à l'élection présidentielle.
43:01Je n'ai pas dit
43:03et je n'ai jamais dit
43:05que ce serait la mienne. Et nous proposons
43:07à tous ceux qui veulent faire équipe avec nous,
43:09nous leur disons bienvenue. Nous nous sentons
43:11pleinement dédiés à la cause
43:13de la rupture avec le capitalisme qui est
43:15la seule voie raisonnable que vous puissiez
43:17emprunter. Alors d'abord, François Ruffin,
43:19Jean-Luc Mélenchon, pas forcément
43:21candidat en 2027. Est-ce que vous y croyez ?
43:23Oui, vraiment, il y a un gros
43:25doute sur la question.
43:27La mise va être élevée.
43:29Donc Jean-Luc Mélenchon
43:31sera candidat ?
43:33Je veux dire que si ça, ce n'est pas une annonce de candidature.
43:35Bon, vous dire quand même,
43:37j'ai décrit le moment dans lequel on se trouvait
43:39avec l'offensive,
43:41la contre-attaque
43:43de Milai, Musk,
43:45Trump et compagnie.
43:47Donc tout ça, ça renforce Jean-Luc Mélenchon ?
43:49Non, vous savez,
43:51le seul que ça renforce, il est évident, et qui était déjà
43:53puissant, c'est le rassemblement national.
43:55On est dans ce temps où, en plus, on voit
43:57au niveau international,
43:59s'unir l'extrême droite et l'extrême argent.
44:01Et dans ce temps-là...
44:03Il n'y a pas de place pour la division gauche.
44:05Dire que dans ce temps-là, la gauche n'est pas capable
44:07de se mettre d'accord sur une
44:09élection municipale à Villeneuve-Saint-Georges,
44:11c'est à quoi désespérer le peuple de gauche.
44:13C'est une élection qui se tient aujourd'hui,
44:15donc on ne va pas l'évoquer.
44:17Dans ce temps-là,
44:19où on voit
44:21notre faiblesse,
44:23il n'y a pas la possibilité
44:25de la division. Il n'y a pas le droit à ça.
44:27Donc, quand Jean-Luc Mélenchon dit
44:29tous ceux qui veulent nous rejoindre,
44:31vous en faites partie ?
44:33Non. Il s'agit
44:35de donner la possibilité
44:37qu'il y ait une candidature unique, une candidature
44:39commune de la gauche aujourd'hui.
44:41La présence de Jean-Luc Mélenchon continue à poser
44:43un problème à la gauche.
44:45En tout cas, vous savez, je ne pense pas
44:47qu'il y ait un grand appétit chez les Français
44:49et dans le peuple de gauche à revoir
44:51se jouer l'éternel match des deux gauches
44:53irréconciliables, qui en vérité aujourd'hui
44:55ne sont pas irréconciliables,
44:57mais ne veulent pas se réconcilier,
44:59parce que ça permettrait
45:01de faire exister deux pôles,
45:03le pôle Hollande et le pôle Mélenchon,
45:05et qu'entre les deux, ça joue
45:07à la baballe et au tennis, et on sait que
45:09ça, c'est la garantie de la défaite.
45:11C'est l'assurance de faire désespérer les gens.
45:13Vous avez joué l'union de la gauche,
45:15vous disiez même social-démocrate...
45:17Social et démocrate, M. Bostiche,
45:19social ET démocrate,
45:21ce qui est quand même parfois la définition
45:23de la social-démocratie aussi.
45:25Et là, aujourd'hui,
45:27vous êtes montré très critique
45:29vis-à-vis du Parti Socialiste.
45:31Vous en êtes où, finalement, à gauche ?
45:33Je suis pour réunir
45:35le grand peuple de gauche. Vous savez,
45:37j'ai un désir profond. Le 9 juin, au soir,
45:39on avait venu d'avoir des élections européennes,
45:41on avait quatre listes différentes, et ils n'arrêtaient pas
45:43de se taper dessus sur Twitter. Mais il a suffi
45:45de dire, dans ce moment critique où on voyait
45:47Bardella qui avait déjà installé ses cartons
45:49à Matignon, et il a suffi
45:51de dire, Front Populaire,
45:53soyez unis, arrêtez vos conneries, pour que se dresse
45:55une force, et qu'ils viennent par des pâtitions,
45:57par des manifestations, mettre la pression
45:59et faire qu'en quatre jours,
46:01on ait des candidatures.
46:03Si, mois plus tard, on en est où ?
46:05Cette gauche, elle est...
46:07Eh bien, le chemin est à refaire.
46:09C'est scisif, éternellement. Il nous faut remonter
46:11la pierre. Il nous faut remonter la pierre parce que
46:13aujourd'hui, je pense que
46:15chez les gens et chez les gens de gauche,
46:17il y a un recul de revoir se jouer le match
46:19de 2012, 2017
46:21et 2022,
46:23voire de voir se rejouer le congrès de Brest,
46:25vous voyez, en 97,
46:27et que ce match
46:29Mélenchon-Hollande, je pense qu'il y a profondément
46:31un désir d'autre chose.
46:33J'ai compris, mais si le parti socialiste
46:35ne vote pas la censure
46:37la semaine prochaine,
46:39ne fait pas tomber François Bayrou,
46:41est-ce que, pour vous, il se situe comment ?
46:43Est-ce que, quand il s'agit de réconcilier les gauches,
46:45ça, ça fait partie de la division ?
46:47Mais je vous l'ai dit,
46:49avec simplicité,
46:51ce sera ma position, la censure,
46:53ça n'est pas une injonction, ça n'est pas
46:55une prescription. C'est un désaccord
46:57tactique sur,
46:59aujourd'hui, est-ce que ce budget... Je pense que
47:01il n'y a pas un socialiste qui pense que ce budget est bon
47:03pour les Français, d'accord ? Mais
47:05il pense qu'il faut gagner du temps, que le moment de l'élection
47:07n'est pas venu, d'une part, que, d'autre part,
47:09il y a cette demande, je vous l'ai dit,
47:11contradictoire, de dire
47:13non, ce budget, il ne va pas
47:15pour les gens, mais en même temps, il y a
47:17besoin de stabiliser les choses.
47:19Donc ça ne conduit pas, pour moi,
47:21à une rupture, à leur dire, vous êtes repassé
47:23dans le camp des traîtres. En revanche, je sais que
47:25dans le parti socialiste,
47:27il faut toujours qu'il y ait une force qui le tire à gauche.
47:29Il faut toujours... Vous savez, c'est Maurice Cré,
47:31Joël Valrymon, qui était un grand héros
47:33de la Résistance, et qui était l'un de mes
47:35Jiminy Cricket que j'ai
47:37dans ma tête, qui avait refusé
47:39d'entrer au parti socialiste en disant que ça ne sera
47:41jamais le moteur de l'histoire. Et je pense que le parti
47:43socialiste est une force à l'intérieur
47:45de la gauche, évidente,
47:47et retrouve de plus en plus d'importance,
47:49mais qu'il faut quelque chose
47:51qui le maintienne sur
47:53des perspectives, de faire que ça ne soit pas
47:55le marché qui domine tout, la concurrence.
47:57J'ai une question pour le parti socialiste,
47:59et où en êtes-vous avec la France insoumise ?
48:01Vous aviez critiqué, il y a six mois
48:03maintenant, très fortement la France insoumise,
48:05notamment sur sa stratégie,
48:07soit communautariste, soit
48:09qui voulait s'adresser au quartier.
48:11Vous en êtes où dans ces critiques-là ?
48:13Je n'ai pas besoin de la répéter éternellement.
48:15Vous savez...
48:17Si vous étiez aujourd'hui à l'Union de la Gauche,
48:19est-ce que vous avez évolué sur ces critiques ou pas ?
48:21Aucunement. J'ai un grand souci,
48:23moi, de cohérence interne. C'est-à-dire
48:25qu'il y a vingt ans, j'étais pour
48:27le protectionnisme, et je le suis encore. Et si jamais
48:29je devais changer d'avis, je m'en expliquerais auprès de vous.
48:31Ce que j'ai écrit il y a six mois,
48:33qu'il nous faut la France en entier
48:35et pas à moitié, je continue de le maintenir
48:37aujourd'hui. Que non, il ne faut pas laisser tomber
48:39ce que... et se concentrer
48:41seulement sur la jeunesse et les
48:43quartiers populaires. Même si on doit
48:45l'embrasser dans notre... Il y a six mois, ça vous faisait
48:47quitter la France insoumise. Je n'y suis pas
48:49rentré. Ce dimanche, ce que vous dites...
48:51Oui, mais en tout cas, il y avait un divorce
48:53avec Jean-Luc Mélenchon.
48:55Maintenant, il est acté, vous savez.
48:57Ce que vous dites aujourd'hui, c'est que Jean-Luc Mélenchon
48:59sera candidat, qu'il faut une union de la gauche
49:01et que c'est quasiment Jean-Luc Mélenchon LE candidat
49:03évident de la gauche.
49:05Je ne sais pas si
49:07vous avez compris ça, tous ici, mais c'est pas ça
49:09que je dis. Il choisit d'être candidat.
49:11On verra bien s'il le sera jusqu'au bout.
49:13Vous vous préparez ? Vous collectez les 500 signatures ?
49:15Vous commencez à faire des démarches ?
49:17J'y travaille. J'y travaille. De quelle façon ?
49:19J'y travaille de manière collective, avec
49:21des communistes, avec des socialistes,
49:23avec des écologistes, avec des insoumis, insoumis.
49:25Non pas pour avoir une candidature
49:27solitaire et
49:29possiblement sectaire,
49:31mais pour avoir une candidature
49:33qui émerge, qui soit une candidature de rassemblement.
49:35On peut être candidat sans la France Insoumise ?
49:37A gauche ? Vous savez,
49:39à un moment, on verra comment se dérouleront
49:41les choses et on ne peut pas
49:43préjuger de rien. Mais
49:45se posera peut-être, à un moment,
49:47pour Jean-Luc Mélenchon
49:49la question de la trace
49:51qu'il veut laisser dans l'histoire. Est-ce que
49:53la trace qu'il veut laisser dans l'histoire
49:55c'est d'avoir ouvert
49:57la porte à Marine Le Pen ?
49:59Ou bien est-ce que la trace qu'il
50:01veut laisser dans l'histoire, c'est d'avoir été
50:03un homme qui, en effet, et je le maintiens,
50:05je l'ai toujours maintenu à travers mes critiques,
50:07a permis à la gauche de se retrouver
50:09debout sur ses deux jambes, une jambe rouge et une jambe
50:11verte. C'est intéressant ce que vous dites. Vous considérez
50:13donc que Jean-Luc Mélenchon pourrait
50:15aider s'il allait jusqu'au bout
50:17au second tour
50:19de l'élection présidentielle, pourrait aider à l'élection
50:21de Marine Le Pen ? C'est ça votre raisonnement ?
50:23D'une part, quand on regarde,
50:25ça participerait à la division de la gauche parce que
50:27on sait bien
50:29que le candidat de consensus,
50:31le candidat commun, le candidat
50:33unique, ça peinera aujourd'hui
50:35compte tenu de nombreuses
50:37prises de position à être Jean-Luc Mélenchon.
50:39Et de l'autre côté,
50:41quand on regarde ce qui se passe, même dans
50:43les codes de popularité, combien
50:45les hommes politiques sont aimés ou détestés,
50:47on voit qu'un duel face à Marine Le Pen,
50:49pour l'instant, ne lui laisse aucune chance.
50:51Donc, il y a
50:53du coup à en tirer des conclusions, en effet.
50:55L'élu européen et porte-parole
50:57du PS, Chloé Rydel, fait cette analyse
50:59de la gauche, cette semaine.
51:01La rupture n'est plus entre réformistes
51:03et révolutionnaires, nous sommes des
51:05radicaux réformistes. La rupture
51:07à gauche est aujourd'hui entre les démocrates et ceux
51:09qui défendent les régimes autoritaires,
51:11les islamistes.
51:13Est-ce que ça correspond un peu, finalement,
51:15à votre lecture ? – Moi, j'ai toujours été un réformiste
51:17révolutionnaire, c'est comme ça que ce définitif
51:19j'aurais, vous savez, à la fois être capable
51:21de faire juste des petits pas,
51:23mais les faire vers un horizon
51:25dans une direction. Et
51:27Chloé Rydel
51:29acte là, ce qui serait une différence
51:31essentialisante. Je pense
51:33qu'y compris au sein de la France insoumise,
51:35il y a plein de gens qui s'interrogent,
51:37plein de gens qui doutent, plein de gens qui évoluent,
51:39et que je n'ai pas envie de construire
51:41un nouveau mur, comme il a été
51:43construit le mur entre les réformistes
51:45et les révolutionnaires, j'ai pas envie de construire
51:47un nouveau mur sur la question de la démocratie.
51:51Le grand jury inattendu.
51:53– Alors, d'abord avec une première question,
51:55serez-vous candidat aux élections municipales
51:57l'année prochaine ? – Non.
51:59– Et votre petite sœur, Laurence Ruffin,
52:01se lance, elle, à son tour en politique,
52:03elle va peut-être être candidate pour succéder à Éric Piolle,
52:05le maire de Grenoble,
52:07qui a dit qu'il ne se représenterait pas l'année prochaine.
52:09Vous ne l'avez pas dissuadée de se lancer en politique ?
52:13– C'est venu d'elle,
52:15et je la laisse faire son chemin,
52:17et je ne m'en mêle pas.
52:19– Vous ne l'appuyez pas, ne lui donnez pas de…
52:21– Je crains que son principal problème,
52:23obstacle possible,
52:25ce soit de porter aussi le nom de son frère.
52:29Donc voilà, je cherche à me tenir
52:31le plus en retrait du choix de ma sœur.
52:33En revanche, moi j'ai toujours dit
52:35que ma sœur, elle devrait être la ministre de l'économie.
52:37Que dans un pays
52:39qui serait bien fait,
52:41on aurait ma sœur au ministère de l'économie,
52:43parce que je suis convaincu
52:45qu'elle apporterait vraiment un plus
52:47à l'économie de notre pays
52:49par son soutien de la coopération,
52:51de l'entraide et une connaissance profonde.
52:53– Vous croyez à la politique en famille ?
52:55– Non, on en parle très peu en famille.
52:57Vous savez, on a plein de choses à discuter,
52:59d'un match de paddle,
53:01d'un match de ping-pong,
53:03de ce genre de choses-là,
53:05ou de jeux de société, mais on parle très peu de politique en famille.
53:07– Mais vous êtes sur le même positionnement politique ?
53:09– Pardon ? – Vous êtes sur le même positionnement politique ?
53:11– Il y a évidemment une proximité,
53:13je pense, voilà.
53:15– Merci beaucoup François Dufresne. – Merci à vous.
53:17– Pour ce Grand Jury, bon dimanche à tous,
53:19à la semaine prochaine.