Mercredi 9 octobre 2024, SMART BOURSE reçoit Alexandre Baradez (Chef analyste, IG) , Virginie Robert (Présidente, Constance Associés) , Florent Wabont (Économiste, ECOFI) , Anthony Benhamou (Économiste et maître de conférences, Sciences Po Paris) et Marc-Olivier Strauss-Kahn (directeur général honoraire, Banque de France)
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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart for Change pour rester
00:12à l'écoute des marchés chaque jour à 17h si vous nous suivez en direct à la télévision
00:16via vos box, émission que vous retrouvez bien sûr chaque soir en replay sur bsmart.fr
00:20ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:24Au sommaire de cette édition ce soir, des marchés qui sont dans l'attente des prochains
00:28rendez-vous assez immédiats avec notamment le compte-rendu de la dernière réunion
00:32de politique monétaire de la réserve fédérale américaine, les minutes de la Fed qui seront
00:36publiées ce soir qui permettront peut-être d'éclaircir un petit peu l'enjeu des discussions
00:42de la réunion de la Fed des 17 et 18 septembre derniers qui a conduit à cette baisse historique
00:48pour débuter un cycle de baisse de taux en tout cas de 50 points de base, les minutes
00:52à suivre ce soir et puis demain bien sûr ce sera le grand rendez-vous de la semaine
00:55après le rapport sur l'emploi aux Etats-Unis la semaine dernière, les investisseurs prendront
00:59en connaissance des derniers chiffres d'inflation pour l'économie américaine pour le mois
01:04de septembre.
01:05Du côté des entreprises, nous allons entamer la saison de publication de résultats avec
01:09les grandes banques américaines qui publieront leurs résultats ce vendredi pour entamer
01:13cette séquence mais d'autres grandes entreprises publient aujourd'hui des points d'activité
01:19importants dans le monde des semi-conducteurs par exemple, on notera que TSMC, le taïwanais
01:24a largement battu les attentes en matière de croissance de ses ventes pour le troisième
01:28trimestre avec une progression de plus de 36% de ses ventes sur un an et puis dans le
01:35compartiment technologique, du nouveau ou pas, je ne sais pas, sur Google puisque la
01:40justice américaine semble décider à sous-peser en tout cas l'idée d'une séparation, d'une
01:47scission des activités de Google toujours avec cet argument lié à la concurrence et
01:52à la domination excessive de Google notamment en matière de recherche sur le web, nous
01:59discuterons du cas Google avec nos invités dans quelques instants autour de cette table
02:04et puis dans le dernier quart d'heure de Smartbourse, le quart d'heure thématique, nous ferons
02:07un point sur les enjeux en matière d'éducation économique et nous recevrons les deux auteurs
02:12de cet ouvrage, on parie que vous allez aimer l'économie, publié aux éditions Ellipse,
02:17nous recevrons donc Marc-Olivier Stroscan et Anthony Benhamou, deux économistes qui
02:21seront avec nous en plateau à partir de 17h45.
02:34En ouverture de Smartbourse, nous retrouvons Pauline Grattel, Tendance mon ami, les infos-clés
02:39du jour sur les marchés, bonsoir Pauline.
02:40Bonsoir.
02:41Oui, l'ambiance est plutôt à l'attente, l'attentisme même sur les marchés.
02:45Oui, les investisseurs devront attendre encore une journée avant de prendre connaissance
02:49du chiffre de la semaine d'inflation américaine de septembre.
02:52Par conséquent, la journée est calme aujourd'hui en l'absence d'événements économiques
02:56majeurs avant la publication ce soir des minutes de la fête qui rapporteront les discussions
03:01qui ont conduit à la baisse des taux de 50 points de base le 18 septembre dernier.
03:06Bon, concernant le cas chinois, les investisseurs restent assez prudents sur l'idée que l'économie
03:13chinoise va repartir fermement, significativement dans les prochains mois et les prochains trimestres.
03:19Oui, hier, la Chine n'a pas annoncé de nouvelles mesures pour relancer son économie.
03:23Les investisseurs ne prennent donc aucun risque.
03:26Du côté des marchés asiatiques, le CSI 300 repère ses gains d'hier et lâche 7% aujourd'hui,
03:31alors que le Hang Seng plongeait hier de plus de 9%.
03:34Il recule encore d'un peu plus de 1% aujourd'hui.
03:37A noter que le ministre des Finances chinois tiendra une conférence de presse spéciale
03:42ce samedi au sujet du plan de relance.
03:44Du côté des marchés européens, la séance est légèrement positive en général avec
03:48un CAC 40 au-delà des 7500 points.
03:50Que dire de la situation sur les marchés obligataires et des rendements obligataires
03:54aujourd'hui Pauline ?
03:55Le rendement de l'obligation américaine à 10 ans se stabilise entre 4 et 4,05% depuis
04:01hier.
04:02Le rendement à 2 ans reste au-dessus des 3,95%.
04:05En Europe, le spread entre l'Allemagne et la France se situe entre 75 et 80 points de base.
04:10Côté entreprises, le carnet du jour, c'est la nomination d'un nouveau directeur général
04:15chez Gucci au sein du groupe Kering.
04:17Oui, il s'agit de Stefano Cantino qui prendra la tête de Gucci le 1er janvier prochain.
04:21Il faisait déjà partie de l'entreprise puisqu'il avait été nommé directeur général adjoint
04:26en mai dernier.
04:27L'arrivée d'un nouveau DG était attendue et le marché a bien accueilli la nouvelle,
04:31le titre étant hausse de 2%.
04:33Dans le secteur des semi-conducteurs, TSMC fait donc mieux prévu sur son activité du
04:37troisième trimestre.
04:38Oui, l'entreprise taïwanaise fait état d'un chiffre d'affaires de 24 milliards de dollars
04:43et dépasse ainsi les attentes du marché et ses propres attentes.
04:46Un T3 solide donc, poussé toujours par la forte demande en matière d'intelligence
04:50artificielle.
04:51Et puis le serpent de mer autour de Google et le marché qui tergiverse ou qui évalue
04:55cette fois à nouveau la possibilité d'une scission demain des activités de Google.
05:01Le département de la justice américain envisage d'éventuels changements culturels chez Google.
05:05L'idée serait d'ouvrir son moteur de recherche entre autres à la concurrence.
05:09Alors justement que Google a affronté plusieurs procès antitrust, le titre Alphabet ouvre
05:14un léger repli à Wall Street.
05:15Bon, l'agenda de demain, quelles vont être les attentes justement autour de ce chiffre
05:19de la semaine comme vous le disiez Pauline ?
05:21Alors on parle donc de l'inflation américaine du mois de septembre qui est attendue à 2,3%
05:26sur un an.
05:27Après 2,5% en août, l'inflation cœur sur un mois est attendue en hausse de 0,2% à
05:33suivre demain.
05:34Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse, les infos clés du jour sur
05:38les marchés avec Pauline Grattel.
05:45Trois invités avec nous chaque soir pour discuter de la situation des marchés et décrypter
05:55les mouvements de la planète marché.
05:57Virginie Robert est avec nous ce soir, présidente de Constance Associé.
05:59Bonsoir Virginie.
06:00Merci d'être là.
06:01Merci à Alexandre Bardès d'être avec nous également.
06:03Bonsoir Alexandre.
06:04Vous êtes chef analyste chez IG et Florent Vabon nous accompagne également.
06:08Bonsoir Florent.
06:09Economiste chez Ecofier, ravi de vous retrouver tous les trois.
06:12Virginie, vous êtes spécialiste du marché américain.
06:15Combien de fois dans votre carrière vous avez entendu parler d'une possible scission
06:18de Google ?
06:19Je ne sais pas.
06:20Je pense qu'on a dû déjà en parler ensemble quand on a passé sur le fameux serpent de
06:24mer.
06:25Je ne sais pas combien de fois, mais je vous rappelle que Microsoft avait été soumis
06:30aussi il y a 20 ans à une possibilité, donc ce n'est pas juste le cas de Google.
06:37Oui, ça arrive en plus à un moment donné où on peut se poser la question, un, cette
06:45fameuse domination de Google, enfin la domination, elle est aussi chez d'autres, on va parler
06:53des sept magnifiques, et cette domination, elle risque d'être renforcée dans les années
06:58à venir avec tout ce qui se passe avec l'intelligence artificielle.
07:01C'est des hyperscalers.
07:03Et on ne sait pas non plus qu'elle va être.
07:07Google, Cgmini, parce qu'ils sont eux-mêmes challengés par les nouveaux outils.
07:14Donc tout ça est très compliqué et donc j'y vois une espèce de, je ne sais pas si
07:21c'est un mouvement encore un peu démagogique, je ne suis pas sûre que ça affole vraiment
07:25le marché.
07:26À une semaine de l'élection présidentielle, c'est vrai que, est-ce que la justice américaine
07:29peut endosser ce genre de décision, ce type de décision ? Pour l'instant c'est à l'étude.
07:34Oui, c'est à l'étude, on verra, et toujours, on se pose la question, parce qu'il y a tous
07:40ces nouveaux éléments depuis, la dernière fois où on a pu en parler, donc il faudra
07:44voir.
07:45Et quelquefois, on peut même se dire, de toute façon, ce qui est le plus important, ce n'est
07:49pas tellement le break-off ou le spin-off, c'est vraiment la mise à disposition, l'ouverture
07:56effectivement.
07:57Mais une fois de plus, comme vous avez l'intelligence artificielle, les outils d'intelligence artificielle,
08:02est-ce que ça aussi, ça fait partie du lot ? Je pense que ça vient là, pas tout à fait
08:06par hasard.
08:07Mais une fois de plus, après Google, on peut se dire que some of the part, voilà, après.
08:14Ça peut être intéressant d'investir dans des divisions de Google qui sont aujourd'hui
08:17intégrées au groupe.
08:18Pour le moment, c'est beaucoup de menaces, de mots lancés, mais on ne sait pas du tout
08:25ce que ça peut dire.
08:26Mais vous dites, le fait que ça revienne aujourd'hui, ce n'est pas tant le moteur
08:30de recherche Google traditionnel, qui est aujourd'hui partout, mais c'est l'idée
08:35que peut-être cette domination dans la recherche pourrait être encore accrue avec des outils
08:40d'intelligence artificielle.
08:41Tout à fait, mais à ce moment-là, ce n'est pas juste Google.
08:43Au contraire, cette IA, elle va mettre de la concurrence.
08:46Oui, elle va mettre de la concurrence, mais c'est quand même ces hyperscalers qui ont
08:51la data et qui la traitent déjà, que ce soit un Meta, un Google, même un Apple avec
08:57de l'intelligence artificielle embarquée dans ces devices, enfin, là-bas, à l'Atlantique.
09:02Oui, oui, oui, pas encore chez nous, oui.
09:05Donc, tout ça peut être soumis, effectivement, ça pèse beaucoup de questions, de toute
09:10façon, d'un point de vue réglementaire, on voit bien que l'Europe a déjà pris le
09:13bâton.
09:14D'ailleurs, on peut en discuter.
09:16Oui, oui, oui, non, enfin, ça, c'est le bâton réglementaire européen, il n'est jamais
09:20très loin.
09:21Donc, ce que je veux vous dire, c'est qu'on en reparlera, effectivement, ça va être des
09:24sujets qui vont être sur la table dans les mois, les années à venir, c'est évident.
09:29Alexandre, moi, si je regarde la réaction de Marche Aujourd'hui, j'ai pas l'impression
09:32que le marché soit terrorisé à l'idée que Google soit séparé en petits morceaux
09:36dès demain.
09:37Non, parce que c'est effectivement ça, et non seulement c'est Google, là, effectivement,
09:39c'est quand même la plus sérieuse procédure antitrust qu'il y ait depuis Microsoft, mais
09:42d'autres alertes sur Apple ou d'autres, des enquêtes qui ont été ouvertes qui n'ont
09:45pas abouti non plus.
09:46Donc, c'est vrai que c'est devenu presque un bruit de fond, mais il y a quand même quelque
09:50chose qui, je pense, doit attirer l'attention, c'est sur le fait que, j'ai passé ce chiffre
09:55il y a quelques mois, c'était le nombre d'enquêtes antitrust aux Etats-Unis, alors
09:59soit pour des situations de monopole ou des situations de refus de vente, par exemple,
10:02ou des fusions qui ne peuvent pas se faire, le nombre d'enquêtes ouvertes est tombé
10:05l'année dernière à son plus bas niveau depuis la fin des années 90, c'est-à-dire
10:08qu'on n'a jamais eu aussi peu aux Etats-Unis d'enquêtes antitrust ouvertes.
10:11Alors, soit ça veut dire que la loi est très bien respectée, et tant mieux, soit ça veut
10:14dire qu'il y a peut-être une forme de lobby qui est très, très bien faite, qui empêche
10:18certaines enquêtes d'aboutir, et on peut aussi voir là, la montée en puissance de
10:22ces groupes, c'est cette magnifique, par leur capi-boursière, leur gloutonnerie, finalement,
10:26qui est en prise.
10:27Et donc, est-ce qu'à un moment donné, pour faire une forme d'exemple, il n'y aura pas,
10:31et c'est tel ça, je ne dis pas le black swan, c'est un bien grand mot, mais peut-être,
10:35vu qu'on a touché des extrêmes quasiment en termes d'enquêtes antitrust, de faiblesse
10:39d'enquêtes antitrust, est-ce qu'on n'est pas sur l'autre versant désormais, où les
10:43enquêtes seront d'autant plus nombreuses, et s'il n'aboutissent pas à des chocs de
10:46démantèlement complet, peut-être, effectivement, des cessions partielles ou autres, ça, ça
10:49me paraît être plus probable dans la phase actuelle, et il me semble, ça c'est un autre
10:53sujet qu'on peut voir après, mais l'aspect peut-être aussi un peu fiscal, c'est-à-dire
10:56qu'on voit avec le déficit américain, qui est désormais depuis 4 ans, est de niveau
11:02extrêmement fort, il y a le sujet fiscal aux Etats-Unis, il me semble être sous-estimé
11:06par les marchés, le sujet politique, et je pense que ce qui se passe en France, c'est
11:10quelque chose qu'on va voir arriver, à mon avis, assez rapidement aux Etats-Unis, et
11:13que donc, la fiscalité aussi de ces grands groupes peut rentrer un peu dans le scope,
11:16je dirais, des marchés et des observations par rapport...
11:19Donc un rapport de force qui serait un peu plus tendu entre l'exécutif américain et
11:24ses grands groupes, peut-être, demain ?
11:26Encore une fois, c'est moins la question de la force politique en présence que la
11:30situation du déficit américain, qui alerte le Trésor et la FED, c'est-à-dire que c'est
11:35pas juste une observation d'économistes, c'est la FED qui dit, ça c'est pas soutenable,
11:38et le Trésor qui dit, ça c'est pas soutenable, donc, à un moment donné, même si la situation
11:41n'est pas la même qu'en France, il y aura quand même besoin de ramener un déficit
11:44peut-être plus vers les 4% que vers les 6-7 sur lesquels on est actuellement, on était
11:47pas plus de 10% au moment du Covid, donc ça, je vois pas comment ça passerait en dehors
11:52d'un changement de fiscalité, et c'est évident qu'un gouvernement démocrate serait plus
11:54à même de mettre en place ces mesures qu'un gouvernement républicain.
11:58Et ce genre de menace, que ce soit réglementaire ou fiscale, budgétaire, il n'est pas intégré
12:02quand vous regardez aujourd'hui des cours de bourse comme ceux de Google, Apple, Microsoft...
12:06En fait, on compare ce qui s'est passé en France, par exemple, depuis juin dernier,
12:09avec la dissolution, et on a vu, on s'est dit, finalement, bah tiens, le CAC 40, c'est
12:13quand même un peu la France.
12:14On disait souvent, le CAC, c'est pas la France, etc., c'est des grands groupes, et on s'est
12:16rendu compte, certains avaient déjà vu la chose arriver, que la dissolution, ça peut
12:19entraîner soit l'arrivée au pouvoir de groupes radicaux, et c'est l'aspect fiscal qui faisait
12:24peur dans ce cas de figure-là, on disait, si c'est effectivement la gauche radicale,
12:27les taux d'imposition vont flamber, donc c'est ça qui avait, je pense, fait aussi baisser
12:30le CAC 40, et on se rend compte que finalement, un gouvernement plus de coalition et plus modéré
12:34remet quand même ces thèmes de fiscalité sur la table, et on a vu que ça avait quand
12:37même impacté, la superbe du CAC 40, je pense, depuis quelques mois, est aussi liée à ces
12:41questions de fiscalité, pas seulement d'instabilité politique ou autre, c'est à combien de plus
12:45seront taxés certains grands groupes, et je pense que ça, si on voit ce qui s'est passé
12:48en tout cas sur le CAC 40...
12:49Là, c'est un canal de transmission très direct entre un indice et sa zone domestique,
12:54quoi.
12:55C'est le cas qu'a démontré.
12:56Donc pourquoi serait-il autrement pour les indices américains si ces mesures, des mesures
12:57en peu d'exception, voyaient le jour ?
12:59Comment vous regardez le cas d'investissement Google aujourd'hui ? Est-ce que c'est une
13:02entreprise au-delà de la menace serpent de mer, comme vous dites, Virginie ? Est-ce
13:06que ça fait partie d'entreprises intéressantes pour vous à avoir en portefeuille ? C'est
13:10quoi le rationnel aujourd'hui d'un investisseur qui pourrait avoir du Google ? Je ne vous
13:16avais pas demandé avant, mais j'imagine que...
13:17Oui, c'est pas ma préférée.
13:18C'est pas votre préférée.
13:19Dans les magnifiques, ça n'a jamais été ma préférée, mais cela dit, c'est difficile
13:25de se passer de ces sujets-là.
13:27J'imagine, j'imagine.
13:28On doit oublier que ces groupes, on a quand même, dans la situation américaine, on a
13:34des moteurs de fusée qui sont allumés.
13:36Moi, j'appelle ça la révolution CapEx.
13:38D'accord ? Donc la révolution CapEx, c'est quoi ? C'est pour ça qu'on va avoir des
13:42taux longs, d'ailleurs, qui vont rester, à mon sens, à terme.
13:44Je ne parle pas de demain, de vers page qu'on a.
13:48Ça peut baisser un peu, mais d'accord.
13:50Mais bon, on a besoin d'investissement et les CapEx, où est-ce qu'ils sont ? Ces facilités
13:56sont effectivement chez les grands, que ce soit les Google, les Meta, les Amazon, enfin
14:01bon, on les connaît.
14:02Ces CapEx, ils sont énormes, les trois moteurs, vous les connaissez, c'est l'IA, effectivement,
14:08c'est l'évolution technologique, c'est le souci géopolitique, et donc l'industrie,
14:13la défense, etc., et la transition énergétique.
14:15Ces trois moteurs qui sont allumés, ils sont quand même très centrés sur les Etats-Unis.
14:20Il ne faut pas l'oublier.
14:21La transition énergétique, c'est aussi un thème européen.
14:26Mais on voit bien que, quand même, les facilités, l'investissement, les poches, les possibilités,
14:33elles sont entières, là-bas, et ces grands groupes participent, donc Google, à l'image,
14:40comme à Microsoft, c'est difficile de s'en passer, parce que ça va rester des acteurs
14:46indéboulonnables, pardon mon expression, mais on peut dire ce qu'on veut, et peut-être
14:50que Google fait beaucoup moins de bruit que Microsoft sur l'intelligence artificielle,
14:55mais en attendant, ils sortent quand même des produits, des tools, enfin des outils
14:59qui sont absolument aussi très percutants.
15:02La semaine dernière, ils en ont encore sorti un, un notebook LM, qui est très percutant.
15:07– Il fait quoi ? Je n'ai pas suivi tous les tools.
15:11– C'est un notebook, donc ça vous permet de soumettre des documents, mais enfin, vous
15:14en sortez avec un podcast, alors je ne vais pas vous inquiéter.
15:19– Non, mais moi, je demande, remplacez-moi, pas de problème, non, non, mais j'accepte
15:23l'augure d'être un jour remplacé, il n'y a pas de souci.
15:26– Il y a des tas de choses qui vont arriver, on n'est qu'au début, donc voilà, ça
15:29va être difficile de se passer de ces grands groupes, parce qu'ils ont l'escalability…
15:34– Comme vous dites, c'est eux qui vont mettre ces produits à l'échelle et qui
15:37vont les diffuser.
15:38– Ils ont l'escalability, ils ont le cash et les talents.
15:41– Comment l'économiste que vous êtes, Florent, regarde ce sujet-là ? Vous avez
15:44le droit de botter en touche, mais il y a un rationnel macro-économique derrière l'idée
15:49de se dire, tiens, il faut peut-être démanteler un jour ces groupes qui ont une emprise trop
15:54importante avec un rationnel lié à l'anti-trust, à la concurrence, bien sûr.
15:59– C'est difficile de répondre à cette question, pour être honnête, ce n'est
16:02pas tout à fait ma spécialité, je pense que ça a été évoqué en Europe, on a beaucoup
16:06de réglementations de ce point de vue-là, donc, est-ce qu'aux Etats-Unis, non ? Ce
16:11qui a le plus attiré mon attention, en réalité, c'est plutôt le…
16:13– La fiscalité ?
16:14– La fiscalité des groupes, mais au-delà de ça, alors, ça ne répond pas du tout à
16:18ma question.
16:19– Non, ce n'est pas grave, vous avez le droit de botter en touche, je l'ai dit.
16:22– Ce qu'a dit Alexandre, c'est le lien entre la Fed et le déficit, pour moi, il
16:26n'est pas évident, en réalité, parce que la Fed, techniquement, n'a pas à se soucier
16:30du déficit, elle est indépendante, d'un point de vue politique, je peux envisager
16:36effectivement l'idée que ça puisse rentrer dans l'équation, mais c'est difficile
16:40pour moi à justifier, de dire, la Fed va baisser ses taux parce que le déficit est
16:44monstrueux ou parce qu'il faut refinancer l'État, etc., c'est difficilement entendable,
16:48je pense qu'au contraire, l'idée, c'est plutôt de se dire que les variables macro-économiques
16:51aujourd'hui permettent un ajustement de politique monétaire, et en plus de ça, en réalité,
16:56si la Fed ne… enfin, la Fed a même plutôt intérêt à baisser ses taux en cas de dégradation
17:02de l'économie par rapport au déficit, parce que ça voudrait dire que le déficit
17:04se creuserait davantage, donc en fait, c'est un peu le serpent qui se met en la queue.
17:07Alors, je parle souvent d'Alan Greenspan, pratiquement à chaque fois que je viens,
17:11alors lui, en revanche, avait… alors là, ça rejoint effectivement votre point de vue,
17:15c'est qu'Alan Greenspan avait des idées sur comment mener la politique budgétaire
17:22aux États-Unis, et il y avait quelques batailles avec Clinton à l'époque, mais quand bien
17:27même, ils n'ont pas leur mot à dire sur le déficit, sur la politique, de manière
17:33générale, c'est même plutôt contre-productif.
17:35Même si on entend régulièrement, mais enfin, en écoutant même Bernanke, Janet Yellen,
17:42qui fut présidente de la Fed et aujourd'hui secrétaire au Trésor, ou encore, aujourd'hui,
17:48Jay Powell, régulièrement, ils indiquent que la trajectoire de finances publics américaines
17:54n'est pas soutenable dans le temps, ça fait partie aussi du discours récurrent
17:58et permanent des banquiers centraux américains, enfin, en tout cas, depuis que je les suis,
18:01Florent.
18:02Oui, bien sûr, mais encore une fois, pour moi, ça ne rentre pas dans l'équation,
18:05et puis, c'est même plutôt contre-productif en réalité, c'est ce que la littérature
18:08économique récente a montré, c'est-à-dire que…
18:10Trop de porosité entre les deux, ça…
18:12Bien sûr, on pense évidemment à l'exemple Nixon-Burns, et en réalité, donc, pareil,
18:18je ne vais pas écorcher son nom, mais c'est une recherche qui est vraiment récente, qui
18:21essaie de dénombrer le nombre d'interactions entre les membres de la Fed, en tout cas le
18:29président de la Fed et les présidents.
18:31Donc évidemment, les fameuses Nixon tapes, etc., je veux dire, le nombre d'interactions
18:36avec Nixon et Burns a été énorme.
18:39Au-delà du raisonnable ?
18:40Exactement.
18:41Et depuis Hélène Grinspan, encore une fois, depuis la Grande Modération, etc., qu'on
18:45peut dater à peu près à partir de son arrivée, on a un nombre d'interactions qui est vraiment
18:48limité, et ce qui le montre surtout, c'est qu'en réalité, à vouloir trop interagir
18:52avec le politique, on met à mal le mandat de la Banque Centrale Américaine, et on a
18:57des gains d'inflation supplémentaires.
18:58Mais vous n'imaginez pas qu'on rentre dans un paradigme où, quand même, l'idée
19:02d'avoir des trésors et des banques centrales, alors coordonnées au mieux sur des objectifs
19:09souverains, comme on dit aujourd'hui, est-ce qu'on peut imaginer quand même un fonctionnement
19:14qui s'adapterait à ce genre de paradigme ? Ou est-ce que ça reste compliqué selon
19:21vous ?
19:22Il y a énormément de débats autour de ce qu'on appelle la dominance fiscale en ce
19:25moment.
19:26C'est-à-dire le fait que, ça rejoint encore une fois un peu ce que vous disiez, c'est-à-dire
19:29que les Etats prennent le pas, j'ai envie de dire, sur le rapport de force qui n'existait
19:37plus auparavant, parce qu'on parle énormément d'austérité, on n'en parle plus vraiment
19:40aujourd'hui.
19:41Peut-être qu'en France...
19:42Certains en reparlent.
19:43Mais je veux dire, les plans de dépenses pour la transition énergétique, les plans
19:48de dépenses pour la défense, etc., tous ces sujets-là, ce n'est pas synonyme d'austérité.
19:53Donc on va rentrer potentiellement dans un régime macro où l'affrontement ne sera
19:57plus visible.
19:59Mais pour autant, je...
20:01Voilà.
20:02Oui, je comprends.
20:03Il y aura de la friction, il y aura de l'affrontement, mais ça ne veut pas dire qu'il y aura une
20:08fusion des trésors et des banques centrales.
20:09Non, parce que c'est contre-productif de dire qu'une banque centrale va aider un gouvernement
20:12à se financer en termes de crédit.
20:16Oui, j'entends, quel que soit l'objectif.
20:18L'objectif peut être tout à fait respectable, il n'empêche que ce n'est pas un fonctionnement
20:22productif sur le long terme.
20:24Vous revenez des Etats-Unis, Virginie ?
20:26C'est quoi la couleur à un mois de l'élection ?
20:29Quand on discute avec des investisseurs, des gens qui vous avaient rencontrés ?
20:33S'agissant des élections ?
20:34Ben oui.
20:35Écoutez, ça je ne m'inventerai pas, parce que pour avoir suivi des élections depuis
20:39des décennies, c'est vraiment très...
20:42Jusqu'au dernier moment, vous savez le poids d'un ou deux Etats à la fin, le poids des médias.
20:51Est-ce que ça va être un game changer ou pas ?
20:53Est-ce que le résultat de cette élection, en fonction des scénarios qu'on peut avoir
20:57en tête, est-ce que ça change des choses importantes dans la manière d'investir en
21:022025 sur le marché américain ?
21:04Moi, personnellement, non.
21:05Pas du tout.
21:06Mais comme d'habitude, on y va chacun de sa théorie.
21:10Et évidemment, on va venir sur le sujet du budget et des dépenses, puisque les dépenses
21:18avec Donald Trump vont être beaucoup plus élevées.
21:22Voilà.
21:23Non.
21:24Bon, après, on le sait bien, il y a le Congrès derrière.
21:29Et puis, ce que j'ai toujours vu, finalement, après, c'est que, de toute façon, démocrate
21:36ou républicain, le pro-business demeure.
21:38Voilà, oui.
21:39Il ne faut pas l'oublier.
21:40Donc ça, c'est quand même essentiel.
21:43Donc oui, à la marge, il peut y avoir des différenciations, surtout beaucoup de bruit
21:48avant, un peu de bruit après, jusqu'à…
21:52Et vous n'avez pas de côté un portefeuille Harris et un portefeuille Trump à dégainer
21:56au lendemain du 5 novembre ?
21:58Non, non, non.
21:59Pas comme ça que ça se passe.
22:00La question, c'est plutôt de savoir si, effectivement, il vaut mieux être sur un
22:03Méta ou un Microsoft.
22:04Oui.
22:05C'est plutôt ça le sujet, pour moi.
22:06D'accord.
22:07Ça, c'est indépendant du reste.
22:08Oui, oui.
22:09Donc c'est complètement indépendant.
22:10Non, non, je crois qu'il n'y a pas de…
22:12Bon, et puis, pour l'avoir vécu…
22:14Il y aura sûrement des différenciations, mais ce n'est pas…
22:17Non, non.
22:19Il y a eu des différences de perception, celle de perturbation de cette élection,
22:20Alexandre ?
22:21Il y a eu des différences par rapport à 2016.
22:22Déjà, il y avait l'effet de surprise à l'époque.
22:23Trump, c'était quand même la grosse surprise.
22:24Personne ne s'y attendait, moi le premier.
22:25Et surtout, le défait marché qu'il y a eu derrière, c'est-à-dire le dollar
22:27qui a grimpé à fond, les taux qui ont grimpé.
22:29Et c'était vertueux pour le marché de l'action, c'est-à-dire, on percevait
22:31ça…
22:32Alors que les stratégistes disaient que si Trump était élu, le dollar allait s'écrouler.
22:34Oui, exactement.
22:35Il y a eu une repression stylistique.
22:36Alors, justement, il y a eu des Trump trades quand même.
22:40Exactement.
22:41Alors, ce qui me semble être différent de cette fois-ci, c'est qu'à l'époque,
22:42quand Trump est arrivé, il y avait un défait de surprise, il y avait un déficit américain
22:44qui est gravité aux alentours de 3 %, aujourd'hui, c'est aussi 7 %, et c'est-à-dire que la
22:49marge de manœuvre qu'il avait à l'époque et qui a été validée par le Congrès,
22:51c'est-à-dire qu'il ne l'a pas prise seul, il y avait un boulevard parce qu'en
22:54plus, on sortait un peu de l'ère Obama où il avait remis l'économie américaine
22:57en ordre, d'un point de vue réglementaire, post-suprême, d'un point de vue économique
23:00aussi.
23:01Donc, il y a eu de la marge pour la stimulation.
23:02Là, qu'est-ce qu'on a eu depuis 2020 si ce n'est de la stimulation, je ne vais pas
23:05dire outrance, mais le plan IRA, l'infrastructure ou autre de Biden ?
23:08Tu veux dire que les Trumponomics aujourd'hui, dans le contexte de 2024, avec un niveau de
23:12déficit comme celui qui a été atteint aux Etats-Unis, ne seraient peut-être pas forcément
23:16perçus pro-risques et pro-actifs risqués ?
23:18On va le faire, surtout parce que le Congrès lui donnerait le feu vert pour mettre ce même
23:21type de mesures en place.
23:22Il y aurait ces marqueurs classiques, baisse d'impôts, etc.
23:25Je pense que ça a quand même limité un petit peu l'appréciation de la Bourse si elle
23:29était réélue.
23:30Mais au-delà de ça, après, c'est un sujet… Je ne vais pas passer pour le pessimiste.
23:35Autant pour l'Europe, je vois des choses plutôt positives à moyen terme.
23:37Je suis le seul à en parler.
23:38Mais pour les Etats-Unis, j'ai l'impression de revivre, pourtant j'étais plus jeune
23:42à l'époque, mais j'en souviens quand même, de revivre un peu ce qui a amené à
23:45la bulle de 2000.
23:46Je ne dis pas qu'on est sur les mêmes valeurs qu'à l'époque, je ne dis pas que les
23:48boîtes étaient… Je suis d'accord là-dessus, on ne va pas revenir, on ne va pas comparer
23:51les deux.
23:52Mais on a l'impression d'être dans un système, enfin dans une phase, où ce qui
23:55pourrait à un moment donné faire consolider un peu le marché, par exemple, des alternances
24:01de « j'anticipe beaucoup de baisse d'euto, typiquement début d'année, puis j'anticipe
24:04plus du tout, puis j'anticipe à nouveau ». Ces espèces d'aller-retour, de va-et-vient
24:08de sentiment de marché sur la politique monétaire et avec un Jérôme Paul qui a toujours le
24:12mot qu'il faut pour rassurer sur l'après, ça veut dire que le dernier rallye qui s'est
24:18créée notamment sur ces anticipations de baisse d'euto, on était à 17 fois les
24:20bénéfices anticipés.
24:21Aujourd'hui, on revoit les mêmes patternes que c'est formé en début d'année, on
24:24le revoit presque formé maintenant, c'est-à-dire que Jérôme Paul baisse les taux de 50 points
24:27de base, on pense qu'il y aura beaucoup de baisse d'euto derrière, et puis on se
24:30rend compte que la résilience de l'économie américaine est bien là effectivement, l'ISM
24:33service rebondit sur un plus haut d'un an et demi, l'inflation sous-jacente, le PCE
24:37repart un peu, et on voit que le marché est assez peu sensible à ça, c'est-à-dire
24:40qu'on corrige de 5 ou 10 % et on reprend 20 % derrière.
24:44Et les multiples de valorisation aujourd'hui sur le S&P, c'est pas moins de 22 fois les
24:47bénéfices.
24:48Donc si on va plus haut, c'est-à-dire nettement plus haut, c'est 23, 24, 25, pour le S&P
24:53je parle, et on retrouve ensuite à 26 fois, c'était les niveaux sommés du Internet.
24:57Et là, la question ça veut dire, est-ce que le marché peut y aller ? Oui, si on n'arrête
25:01pas le marché, c'est-à-dire si un enfant dans un magasin de bonbons, il y va.
25:04C'est le rôle de qui ? De dire à un moment donné des choses.
25:06Alors on dit, mais c'est pas la fête, c'est pas son rôle, elle c'est son mandat, c'est
25:09emploi et inflation.
25:10Pourquoi se mouillerait-elle sur les valeurs de marché ? C'est pas son job.
25:13Greenspan, on en reparle, c'est bien lui qui à l'époque, en 1996 d'ailleurs, c'était
25:18au début du coup, de cette phrase, l'exuberance irrationnelle, il compare un peu ça par rapport
25:23au Japon, etc.
25:24Mais ça nous montre bien que les banquiers centraux, quand ils le souhaitent, ils peuvent
25:29avoir des messages qui sortent un peu du cadre de leur mandat, parce qu'éviter que l'on
25:33reproduise les mêmes erreurs qui ont été réalisées, c'est la prévoyance.
25:36Stabilité financière, oui, il y a un sujet de stabilité financière.
25:40Il me semble qu'aujourd'hui, on a des germes quand même d'instabilité future, vu les
25:44valeurs qu'on atteint, et l'histoire du nouveau paradigme, on était là-dedans à l'époque
25:49aussi, c'est-à-dire se dire, on va s'habituer à vivre à 25 ou 26 fois les bénéfices,
25:53c'est la nouvelle norme, parce que, regardez les fonds monétaires, il y a de la liquidité
25:55qui peut encore ressortir, etc.
25:57Donc c'est normal de pricer autant que ça, et puis il y a la révolution AI, c'est les
26:01mêmes choses qu'on entendait à l'époque, qui sont montées sur des niveaux bien plus
26:03extrêmes, mais on a des patterns un peu similaires.
26:07Pour moi, je suis un peu inconfortable avec cette idée qu'à 22 fois, avant l'élection
26:10américaine, avant les résultats, on continue de pousser les bonnes nouvelles, news is good
26:14news, en fait, c'est pas good news, it's good news, je suis d'accord, et à un moment
26:17donné, l'absence de news...
26:18On trouve toujours une manière de tourner la nouvelle du bon côté.
26:21Oui, mais il ne faut pas jouer que le S&P, parce que dans le S&P, il y a des tas de choses
26:25qu'on ne peut pas rebondir.
26:26Oui, alors voilà, c'est ça, le S&P écoéloéthique commence à rattraper un petit peu quand même,
26:31mais il partante très loin.
26:32Mais bon, la dignité à court terme, ça c'est certain.
26:34Que dit l'économiste de tout ça, Florent ? La Fed et les marchés, la Fed et la macro,
26:39la Fed et l'élection présidentielle.
26:41Pour revenir un peu à l'immédiateté des choses, quand vous regardez le flux de données
26:46économiques qu'on a depuis le 18 septembre, est-ce qu'on peut toujours dire que la Fed
26:51a fait le bon choix, qu'elle est dans le bon rythme, dans le bon tempo, et que le cycle
26:55de baisse de taux va continuer de se poursuivre devant nous ?
26:59On peut débattre en effet de la nécessité d'avoir plutôt fait 50 ou 25, mais à la limite
27:04c'est du passé, c'est trop tard.
27:05On a eu le débat.
27:06Je pense que le choix a été le bon, c'est-à-dire de baisser les taux en septembre, c'était
27:11la bonne décision, parce que, encore une fois, il s'agit plutôt d'un ajustement de
27:15politique monétaire.
27:16On a un marché de l'emploi qui, au vu des derniers chiffres, effectivement, montre,
27:21a priori, qu'il est encore plutôt vigoureux.
27:24Après, il faut disséquer les choses, c'est-à-dire que quand on regarde les créations nettes
27:27d'emplois non agricoles, alors effectivement, le rapport de l'emploi qui est sorti vendredi
27:32a été extrêmement surprenant, c'est-à-dire 254 000 emplois nouveaux créés dans l'économie
27:37américaine en septembre.
27:38Et surtout, on dit souvent, un point de donnée ne fait pas une tendance.
27:43Le problème, c'est qu'il y a deux points de données d'avant qui ont été relevés.
27:49Donc là, on change d'une certaine manière la situation, c'est-à-dire qu'on passe d'une
27:52moyenne sur les trois derniers mois de création d'emplois qui s'évaluait avant sur un point
27:57d'emploi à 116 000, il est désormais proche de 190 000.
28:01Ce n'est pas non plus exceptionnellement élevé, c'est-à-dire qu'on est proche des moyennes
28:07historiques.
28:08Par contre, quand on dissèque les secteurs, nous, ce qu'on aime bien faire, c'est de
28:12regarder d'un côté les secteurs gouvernementaux, de l'éducation et des services à la personne,
28:18de santé, etc.
28:19Ce qu'on peut qualifier d'emplois non cycliques, en réalité.
28:24Quand on regarde cette proportion-là, elle est énorme, d'un point de vue historique,
28:30par rapport en plus à tous les autres secteurs cycliques.
28:32Ça rebondit un petit peu sur le mois de septembre, mais c'est encore assez léger.
28:35La focale, à mon sens, elle devrait plutôt se situer, quand on évalue aujourd'hui le
28:40marché de l'emploi aux Etats-Unis, sur la fluidité sur le marché de l'emploi, la capacité
28:46qu'ont les nouvelles personnes qui rentrent sur le marché de l'emploi à trouver un emploi
28:49rapidement, facilement.
28:50Dans quelles conditions ?
28:52Il y a cette phrase qui ressort, aux Etats-Unis, c'est le meilleur marché de l'emploi qu'on
28:59n'a jamais vu.
29:00C'est vrai.
29:01C'est-à-dire que quand on regarde la classe d'âge, 25-54 ans, quand on regarde les femmes,
29:06qui étaient auparavant plutôt...
29:08Même les minorités.
29:09Exactement.
29:10Tout cet emploi maximum inclusif, qui est l'objectif explicite de la Fed, tout est au
29:17plus haut.
29:18Maintenant, c'est vraiment là-dessus qu'il faut regarder parce qu'aujourd'hui, les entreprises
29:23embauchent moins.
29:24C'est ce que nous indique le taux d'embauche dans les jolts.
29:28D'autre part, le nombre d'offres d'emplois à pourvoir a diminué assez sensiblement.
29:34C'est-à-dire qu'aujourd'hui, si les entreprises américaines font face à une baisse de la
29:39demande qui viendrait d'un événement extérieur, elles auraient plutôt tendance à licencier.
29:44On arrive au moment où les décisions à venir, en cas de coup dur, seraient des décisions
29:49de licenciement.
29:50Les 50 BP de la Fed le 18 septembre, c'est pour stabiliser la situation.
29:53Je pense qu'elle va continuer.
29:55A 50 ou à 25 ?
29:57Plutôt à 25.
29:58Mais en revanche, par exemple sur la réunion de novembre, il n'est pas à exclure qu'elle
30:02ne fasse...
30:03Qu'elle ne fasse rien.
30:04Quelque chose de pas linéaire en fait.
30:06Le marché aime bien quelque chose de régulier de ce point de vue-là, mais il faut imaginer
30:10que ça puisse ne pas être linéaire.
30:12Bien sûr, et puis Alexandre le rappelait, ça virevolte tous les jours, les anticipations
30:15de marché.
30:16Oui, le narratif est un peu mouvant.
30:18Pour essayer de suivre, on est parfois à peu près à contre-pied.
30:24Oui, vous disiez, il faut anticiper que ça ne sera peut-être pas linéaire et un chemin
30:29tranquille jusqu'au taux neutre de la Fed.
30:32Ça ne sera pas linéaire, ça c'est évident et je pense que Jérôme Powell, il l'a bien
30:35compris et on sait bien, c'est son modus vivendi, lui, il va se placer.
30:40Et moi, je n'exclus pas.
30:41Pour rejoindre ce que disait Alexandre, c'est qu'effectivement, s'il y a un peu plus encore
30:46des dépenses, ça sera peut-être limité, mais etc.
30:49Post-élection.
30:50Post-élection.
30:51Plus ce que je disais sur les investissements à venir, etc.
30:55Bon, attention à l'inflation, on est content 2,3, 2,4, 2,5, tout ça, bon, c'est vraiment
31:03des différences.
31:04Mais ça peut avoir un niveau.
31:07Il y a Trump qui délivrerait le programme tel qu'il l'a conçu.
31:11Oui, ça peut être inflationniste, j'imagine, c'est pas un coup de contrôle de l'économiste,
31:14mais je crois qu'il y a assez peu de doutes là-dessus.
31:17Justement, comment la Fed peut gérer ses inconnues ? La Fed ou d'autres banques centrales ?
31:24Parce qu'il y a à la fois, évidemment, l'inconnue des résultats de l'élection présidentielle,
31:27mais ça, on aura à un moment la révélation.
31:29Il y a l'inconnue de l'intensité de la relance chinoise, par exemple.
31:34Il y a l'inconnue pétrolière, alors je parle de l'équilibre fondamental offre-demande,
31:39mais dans un contexte de tensions géopolitiques qui peuvent escalader et amener peut-être
31:43une prime plus ou moins structurelle sur des cours du pétrole.
31:46Du point de vue d'une banque centrale, tous ces phénomènes-là, comment est-ce qu'ils
31:49sont pris en compte aujourd'hui, Florent ?
31:51S'agissant des élections présidentielles américaines, en l'occurrence, c'est difficile
31:55de les intégrer.
31:56Ils verront bien le jour J, pour le dire très simplement.
32:00Mais ça peut bouleverser le plan de la Fed pour 2025 ?
32:03À mon sens, oui, parce qu'on vient de le rappeler, effectivement, c'est beaucoup plus
32:06inflationniste.
32:07Dans un premier temps, a priori, parce qu'encore une fois, on l'a vu avec la séquence 2018-2019,
32:15les tarifs douaniers imposés à la Chine et au monde entier avaient plutôt été récessionnistes
32:19pour l'activité manufacturière.
32:20À un moment, ça pèse sur l'activité ?
32:21Voilà.
32:22D'accord.
32:23C'est même un peu stagflationniste, quoi.
32:25Le mot, j'aime pas trop ce mot-là, mais disons que c'est plutôt un effet récessif,
32:30au moins sur le manufacturier.
32:32Après, sur la Chine, donc parlons-en, effectivement, du plan de relance en Chine, le sentiment
32:37de marché a fortement évolué là-dessus.
32:39Déjà, je pense qu'il faut essayer de quantifier l'ampleur des mesures de relance qui ont
32:45été annoncées par les autorités chinoises.
32:47D'un point de vue monétaire, donc d'un point de vue de la Banque centrale de Chine.
32:51Là, on a des détails.
32:52Exactement.
32:53Oui.
32:54Voilà.
32:55Oui, effectivement, sur des taux de marché, on les voit, on les observe.
32:58C'est pas aussi important que la dernière crise de confiance avérée qu'on a vécue,
33:05à savoir 2015-2016.
33:06D'accord.
33:07Donc ça, c'est le premier point.
33:09D'un point de vue budgétaire, c'est deux à trois fois moins important en termes de
33:13pourcentage de points de PIB aussi.
33:15Donc moi, mon analyse de la situation en Chine, c'est que ces mesures de relance, d'ailleurs,
33:19en fait, c'est pas le bon terme, à mon sens.
33:20Des mesures de soutien, de stabilisation.
33:23Stabilisation, ok.
33:24J'accepte, je prends l'idée.
33:26On voit que le marché immobilier se dégrade de mois en mois, de trimestre en trimestre.
33:30Donc la Banque centrale dit qu'on veut ramener une stabilité de la croissance et un rebond
33:34modéré des prix.
33:35C'est ça.
33:36Et donc l'enjeu...
33:37Il reste assez nuancé.
33:38Exactement.
33:39L'enjeu, c'est la confiance.
33:40La confiance du consommateur, la confiance du secteur immobilier.
33:41Donc ça, il va falloir accumuler un certain nombre de bonnets, etc.
33:44Je comprends.
33:45Ça ne change pas en un claquement de dos.
33:46Voilà.
33:47Et en fait, ce que dit le marché sur les actions chinoises, c'est qu'on a une expansion des
33:50multiples sur, prenons le MCI China, pour exemple, qui finalement essaie d'anticiper
33:56une forme de confiance retrouvée.
33:58Je comprends.
33:59Et donc c'est fébrile.
34:00Je comprends.
34:01De ce point de vue-là.
34:02D'ailleurs, on le voit sur les jours.
34:03Oui, oui, oui.
34:04C'est assez chaotique.
34:05Voilà.
34:06C'est assez chaotique.
34:07C'est assez divergent entre la Chine offshore Hong Kong qui est restée ouverte la semaine
34:10dernière, les marchés de Chine continentale qui ont rouvert, qui ont dû rattraper, mais
34:14qui...
34:15Voilà.
34:16Alexandre, qu'est-ce que vous dites sur la Chine ?
34:17Je pense qu'il y a...
34:18Ce qui est intéressant, c'est qu'on parle effectivement du bazooka de la crise émergente
34:20à l'époque, en 2015-2016.
34:22C'était un vrai bazooka.
34:23Donc, de manière indiscriminée, on tire partout.
34:25Et finalement, ce qui peut apparaître comme des mesures plus intelligentes, c'est-à-dire
34:28plus ciblées, plus modérées, et qui tapent un peu partout, c'est-à-dire qu'on abaisse
34:32les taux court-terme, les ratios prudentiels pour les banques, les taux immobiliers pour
34:36ceux qui ont déjà des crédits en cours, alors que les mesures qui étaient prises
34:41il y a à peu près un an, un an et demi, c'était des mesures pour éviter le choc
34:44systémique.
34:45On s'assure déjà que les masses de dons de l'immobilier ne s'affaisent pas et n'entraident
34:49pas l'économie avec.
34:50Donc, à l'époque, c'était plutôt ça.
34:51Et ensuite, on affine, on dégrossit vraiment le risque.
34:54Et puis là, on arrive dans la partie plus demande intérieure, où on essaie quand même
34:57de la soutenir un petit peu.
34:58Je pense que c'est comme ça que le marché l'a perçu, c'est comme des mesures qui
35:03sont effectivement, j'aime bien le mot, soutien, soutien à un peu relance.
35:07Et s'il y a besoin de faire plus, on en fera plus.
35:09C'est-à-dire qu'on…
35:10La porte reste ouverte.
35:11Voilà.
35:12C'est des ballons d'essai.
35:13On va voir comment ça réagit.
35:14Ça réagit plutôt très, très bien.
35:15Probablement trop fortement, mais ça réagit quand même plutôt bien.
35:16Et on sent qu'il y a encore de la réserve derrière, s'il faut aller…
35:18D'ailleurs, on a vu des déceptions sur une communication il y a 24 heures, probablement
35:22une communication plus positive ce samedi.
35:23Si elle n'est pas assez positive, elle sera peut-être plus positive le mois.
35:25Oui, c'est ça.
35:26On a l'impression que ça ne les gêne pas.
35:27À chaque déception, on donne un nouveau rendez-vous, quoi.
35:28Ça ne les gêne pas.
35:29C'est la course à l'échalote.
35:30C'est la course à l'échalote.
35:31Mais bon.
35:32Oui, oui.
35:33Ensuite, il y a un deuxième aspect.
35:34C'est que le rebond peut paraître incroyable, mais prenez ce qui s'est passé sur la tech,
35:37par exemple.
35:38C'est la tech américaine, mais si on compare la tech chinoise à une époque où on comparait
35:41les deux, c'était les gros concurrents, on voyait les Tencent rivaliser avec les légendes
35:44de tech américaines.
35:45Et puis, ça s'est complètement effondré entre le sommet de 2021 et le point bas qui
35:50était à peine, même pas un an et demi après, il s'est passé 75 % de baisse.
35:53Donc, c'est le quelconque d'une bulle Internet qu'on a eue sur les marchés chinois-américains.
35:56Donc, les revoirs des valeurs tech, ce qui était le cas à faire 50 % en 12 jours, c'est
36:02beaucoup.
36:03Mais vous partez de tellement bas que…
36:04Vous êtes à la hauteur de la défiance et du niveau des niveaux de faiblesse qu'il
36:07y avait.
36:08Le marché refait moins 15, même moins 20, même moins 30 derrière.
36:11Il peut retracer trois quarts du rebond, mais je pense que les bottoms, par contre, je pense
36:15à la fois sur les gros indices type MSCI emerging où le bottom depuis trois ans est
36:18formé et sur les gros indices chinois, je pensais que la capitulation a eu lieu en 2022
36:23ou pire, c'est-à-dire la Chine confinée, surreaction réglementaire, etc., l'économie
36:28qui s'est affaissée.
36:29Là, on sent que le bottom, la capitulation est intervenue et qu'on est dans un bottom
36:32large qui va du temps à se former, mais qu'il faut plutôt essayer de jouer les creux en
36:36rachat plutôt que de se dire « je vais re-shorter tout ça pour aller… ». C'est plutôt quand
36:39le marché relâche 15, 20 %, mieux aussi de racheter un peu que d'essayer de tout refourguer
36:43rapidement.
36:44Bon, puis on verra.
36:45Là aussi, ils ont l'horizon de l'élection américaine, j'imagine, côté chinois, enfin
36:48je veux dire…
36:49Il y a la concurrence indienne aussi.
36:50Il y a peut-être un peu de réelle politique.
36:51L'Inde qui monte en puissance.
36:52Enfin, je pense que la Chine le voit.
36:53Les flux directs d'investissements étrangers, c'était la douche froide ces derniers ans.
36:57Donc, il y a un besoin de réalité économique qui s'impose et ça, je trouve ça plutôt
37:01bien de voir la Chine réagir à ce moment-là.
37:04Florent, c'est une économie chinoise, alors stabilisée, on va le dire comme ça, c'est
37:09bon pour la Chine, c'est bon pour nous aussi en Europe.
37:11Enfin, je veux dire, il y a encore l'idée que ça peut générer des effets d'entraînement
37:15pour des économies très industrielles, manufacturières, type Allemagne, par exemple.
37:19Oui, il y a des canaux de transmission qui sont évidents, en effet.
37:21Mais qui restent valables aujourd'hui dans le monde de 2024, quoi.
37:24Je pense que ça s'est entendu.
37:26C'est-à-dire que je trouve assez modeste, finalement, ces plans qui ont été annoncés.
37:31C'est difficile d'envisager que ça ait un effet bénéfique très important là-dessus.
37:36Donc, en réalité, ça amène à la réflexion suivante, c'est de se dire que la Chine,
37:40si véritablement elle veut non pas stabiliser, mais relancer les choses, il va falloir s'attendre
37:45potentiellement à d'autres mesures.
37:47Et là, dans ce cadre-là, effectivement, les canaux de transmission sont assez connus,
37:52c'est-à-dire que l'industrie manufacturière chinoise repart, l'industrie manufacturière
37:57américaine, européenne, etc.
37:59Et concrètement, ça veut dire plus de croissance, plus d'inflation.
38:02Le sujet, quand même, c'est un peu le bémol que j'apporte, c'est que le monde a un peu
38:06changé.
38:07C'est-à-dire qu'on parle beaucoup de dériscage, il y a des concurrences accrues et des mesures
38:12douanières aussi qui sont appliquées, même du côté de l'Europe vis-à-vis de la Chine.
38:16Donc, ça limite un peu le potentiel.
38:17Et à minima, en réalité, et ça rejoint un peu le risque géopolitique, question à
38:24laquelle je n'ai pas répondu d'ailleurs, mais en réalité, ça peut rendre les banques
38:28centrales nerveuses, parce que c'est tous les événements qui sont un peu hors de leur
38:31portée.
38:32En réalité, le fait que la Chine ait été dans une aussi mauvaise situation économique
38:38jusqu'à présent a été très bénéfique pour les banques centrales, parce qu'on a
38:41eu une importation de déflation, c'est très déflationniste.
38:44Ça peut potentiellement l'être un peu plus, ou à minima, encore une fois, vu qu'on est
38:48désormais proche de la cible du côté de la Fed.
38:51Et des banques centrales nerveuses, c'est des banques centrales moins lisibles pour
38:54le marché, pour les investisseurs, moins sûredelles, moins en confiance ?
38:57Bien sûr.
38:58Ça, c'est quelque chose sur lequel ils ne peuvent pas avoir d'emprise, donc c'est difficile.
39:01Et puis, les risques géopolitiques, c'est terrible, parce que les risques géopolitiques,
39:03c'est des chocs d'offres, et les chocs d'offres, les banques centrales ne savent pas véritablement
39:09bien d'y répondre.
39:10C'est soit on soutient l'économie parce qu'un choc d'offres, c'est potentiellement récessif,
39:16soit on reste dans la politique monétaire parce que c'est inflationniste.
39:20Donc après, pareil, une recherche abondante sur ce sujet.
39:23Mais on sort de l'exemple récent assez...
39:26Voilà, il semblerait que certaines banques centrales aient plutôt envie de soutenir
39:29la consommation à court terme, mais qu'à long terme, elles montrent les taux d'intérêt.
39:32Mais ça, encore une fois, c'est des arbitrages qui sont très difficiles à faire pour les
39:36banques centrales.
39:37Je comprends.
39:38Des banques centrales nerveuses, ça rendrait les banques centrales nerveuses.
39:40On est de toute façon rentrés dans un régime macro beaucoup plus volatile, avec tous ces
39:44sujets-là.
39:45Un mot des entreprises, alors, justement, Virginie.
39:47On va attaquer la saison de résultats.
39:49Qu'est-ce que vous attendez des boîtes américaines, celles que vous suivez ?
39:51Et puis, en termes d'investissement, qu'est-ce que vous aimez dans le marché américain aujourd'hui
39:54?
39:55Qu'est-ce qu'on attend ?
39:56On attend plutôt un bon trimestre, justement.
39:59Alors bon, il y a beaucoup de différenciations, c'est toujours pareil.
40:02Après, à mettre en relation avec les valorisations et les attentes sur chacune des entreprises,
40:08évidemment.
40:09Est-ce que le marché et les investisseurs ont changé un peu leur focale au-delà des
40:12sept magnifiques ?
40:13Est-ce que ça se ressent ?
40:14Est-ce que ça va se voir aussi dans les résultats ?
40:15Je pense qu'au-delà des sept magnifiques, les consensus ne sont pas trop ambitieux.
40:23Or, sept magnifiques, c'est raisonnable.
40:28Oui, tout à fait.
40:29Il faudra voir.
40:30Mais là, une fois de plus, après, sur le long terme, il faut savoir, moi, je pense
40:34que l'IA va disrupter partout, à tous les étages.
40:37Donc, c'est encore un nouvel élément à analyser pour nous.
40:41Après, qu'est-ce qu'on aime ? Même regarder Pepsi qui a publié, parce qu'il y a déjà
40:49des sociétés qui publient.
40:50Pepsi qui a publié, ce n'était pas fantastique, on aurait pu même voir un petit peu de déception
40:59et finalement, le titre a monté derrière.
41:01Donc, j'ai le sentiment que le marché est plus porté par une visibilité long terme.
41:09Il a besoin d'y voir clair et donc, Pepsi, finalement, ça a été plutôt bien pris.
41:15Bon, je pense que c'était pourtant un petit peu décevant.
41:18Donc, qu'est-ce qu'on attend ? Plutôt de bonnes nouvelles, j'espère, sur nos dossiers.
41:22Est-ce que les entreprises de taille moyenne ou plus petite, est-ce qu'elles peuvent à
41:27nouveau attirer de l'intérêt ?
41:30Oui, absolument, parce qu'elles ont été beaucoup d'irrêtées, en fait.
41:34Là, les facteurs sont en place pour que le marché puisse quand même revaloriser ce segment-là.
41:41Oui, il y a des effets de mode, on le sait bien, il y a des rotations comme ça qui peuvent
41:48se mettre en place.
41:49Donc, non, moi, je pense que le marché, ce n'est pas un trimestre trop ambitieux.
41:55On a toujours des sujets, on le sait bien, on ne va pas parler d'NVIDIA, mais avec la
42:01lumière de TSMC, on peut se dire « Ah, ben tiens ! ».
42:04Oui, ce n'est peut-être pas le trimestre où NVIDIA va cracher, j'en sais rien, on verra.
42:08Mais sur les plus petites entreprises, je pense que le momentum est là.
42:14Oui, oui.
42:15Alexandre ?
42:16Virginie, l'aspect rotation, je crois qu'il va devenir plus important.
42:19Il y a déjà quelques exemples quand même sur les smalls qui, à mon avis, ont surperformé
42:22les larges de manière très, très importante.
42:23Alors, c'est vrai qu'avec la résilience, l'économie qui est en train de rebondir tôt
42:27au rebond du dollar, on peut se dire « Bon, ben ça, par contre, pour les smalls, du coup,
42:30c'est la fête, hésite un peu, ça s'encile tout de suite », ça peut les freiner un peu.
42:33Mais effectivement, je suis d'accord avec Virginie, il y avait une survente des smalls,
42:37une divergence massive tout l'épisode 2021, surtout 2022-2023, où les smalls raclaient
42:42encore le fonds, alors que les larges battaient record sur rebond.
42:44Et on pressait déjà de la récession, en fait, à l'époque, sur les smalls, qui n'est
42:47jamais arrivée.
42:48Donc, même si maintenant, et ce qui me semblerait être logique, on assiste à un ralentissement
42:52quand même à venir de l'économie américaine, parce qu'il faut quand même ramener l'inflation
42:54vers les 2 %, et il faudra quand même y arriver, ça fait quand même partie du mandat, même
42:57s'on a assez pivoté sur l'emploi, je pense que même s'il y a des retracements, on ne
43:01verra pas les points bas de 2022-2023, c'est-à-dire que je pense qu'il y a toujours du vrai potentiel
43:05et justement de la rotation.
43:06Et c'est ça qui fait que moi, je suis un peu plus méfiant sur les… pas les larges
43:10capes, peut-être spécialement, mais certaines larges capes, parce que je pense qu'il y
43:12a des flux qui peuvent s'orienter sur les smalls et aussi peut-être une orientation
43:15un peu géographique.
43:16On sait que pour beaucoup de gérants, alors c'est vrai que l'Europe envoie un message
43:18en ce moment qui n'est vraiment pas top, mais il y a encore deux mois de ça, beaucoup
43:22de gérants disaient « oui, l'Europe envoie des choses positivement ». Moi, j'en vois
43:24toujours positivement, je pense qu'Italie a encore du jus de vent sans aucun problème
43:27ou autre, les choses changent sur la partie sud de l'Europe.
43:30Donc, je verrais bien aussi une réorientation un peu géographique, la Chine qui va un peu
43:33mieux, ça peut, à la marge, mais réorienter un petit peu les flux, pas que spéculatifs
43:37qu'on a vus ces derniers temps, mais des flux peut-être un peu plus structurels et
43:39un peu plus de smart monnaie là-dessus.
43:41Donc voilà, je verrais bien une… voilà, l'Europe, pas aller beaucoup plus bas que
43:45ce qu'on a vu, la Chine se stabiliser, repartir un peu, les smalls avec du potentiel et vraiment
43:49les méga-caps US, ou très larges caps, voilà, connaître une période plus stagnante.
43:56Non mais c'est bien ! Si ça se passe comme ça, c'est bien !
43:59La phase de 2014-2016, on avait une phase où il y avait…
44:03Ouais, latérale, un peu.
44:05Que d'autres en profitent, que le mouvement, que le momentum se diffuse un petit peu en
44:09dehors de ce seul groupe de valeurs.
44:11Rapidement, en une minute sur la BCE, oui, c'est fait la semaine prochaine, 25 points
44:16de base.
44:17Ça va aller plus vite encore demain, Florent ? Il y aura un moment cette nécessité ?
44:21Alors, moi, la nécessité, oui, elle est présente.
44:24Dans mes prévisions, j'ai octobre, décembre et janvier.
44:27À 25 ?
44:28À 25, à chaque fois.
44:29D'accord.
44:30Je pense que là, effectivement, le marché anticipe bien les choses.
44:33Peut-être un peu moins sur 2025, mais on aura l'occasion de parler.
44:39Oui, mais c'est bien, 3 mois déjà, 3 meetings, enfin en tout cas, 3 réunions, c'est un
44:43bon horizon.
44:44C'est un bon horizon.
44:45Merci à vous trois d'avoir été invités de Planète Marché ce soir.
44:47Florent Vabon, économiste chez ECOFI, Virginie Robert, présidente de Constance Associé,
44:51et Alexandre Baradez, bien sûr, chef analyste chez IG.
45:05Le dernier quart d'heure de Smartbourg.
45:07Chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
45:08Le thème ce soir, c'est celui de la pédagogie, de l'éducation économique.
45:13J'ai intitulé cette interview « La culture économique pour tous ». Nous en parlons
45:17avec deux économistes à mes côtés.
45:19Auteurs de cet ouvrage, on parie que vous allez aimer l'économie, parue aux éditions
45:23Ellipse.
45:24Je cite Marc-Olivier Stroskane, directeur général honoraire de la Banque de France.
45:28Vous êtes économiste, enseignant dans différentes institutions.
45:31Marc-Olivier, bonsoir.
45:32Merci beaucoup d'être là.
45:33A vos côtés, votre co-auteur, Anthony Benhamou, économiste, bien sûr, lui aussi, et enseignant.
45:38Vous êtes notamment maître de conférences à Sciences Po.
45:40Anthony, bonsoir.
45:41Bonsoir, merci Grégoire.
45:42Quelle est la raison d'être de ce livre aujourd'hui ? Quelle a été la réflexion
45:48qui vous a animé et qui conduit à la publication de cet ouvrage ?
45:51En fait, on part d'un constat assez simple.
45:53Les Français adorent l'économie, ils aiment l'économie même s'ils ne la comprennent
45:57pas toujours.
45:58Mais ils ne savent pas qu'ils en font tous les jours.
46:01Donc on a voulu leur montrer qu'ils en font tous les jours et on a voulu leur faire comprendre
46:07qu'en faisant de l'économie, ils deviennent plutôt acteurs de la société et non plus
46:10de simples spectateurs.
46:12Donc pour ça, on a fait un ouvrage assez ludique et pédagogique et on a une méthode
46:17qui est assez simple, qui tient sur trois termes.
46:20D'abord, on simplifie, on illustre et puis on explique avec un ton décalé et d'ailleurs
46:26sur le ton décalé, j'en veux pour preuve notre couverture où on a un faucon et une
46:31colombe dans la même voiture et avec le même volant, avec deux volants, pardon, un volant
46:36chacun.
46:37Et si l'un tourne le volant d'un sens et le dans l'autre sens, c'est le tête à
46:41queue assurée.
46:42Donc il va falloir trouver des compromis.
46:44J'ajoute juste un dernier point Grégoire, ce n'est pas qu'un livre sur l'ornithologie,
46:47mais on a également une chouette qui a fait passer le bouquin, qui est Christine Lagarde.
46:52Mais bien sûr, qui s'est présentée telle une chouette dans cette animalerie des banquiers
46:57centraux.
46:58Qu'est-ce qui vous a poussé à participer, à écrire ce livre Marc-Olivier ? Encore
47:04une fois, quels sont les objectifs que vous poursuivez avec cet ouvrage ?
47:07Alors c'est un peu la même chose, je vais compléter quand même ce qui a été dit
47:11pour qu'on comprenne un peu qu'est-ce que c'est cette histoire de faucon, de colombe
47:15et de chouette.
47:16Et de chouette aujourd'hui.
47:17La caricature, c'est que le faucon il est strict, il est rigoureux, notamment dans
47:23la lutte contre l'inflation, mais ce n'est pas nécessairement dire qu'il est méchant
47:27parce que l'inflation c'est une taxe, notamment sur les plus pauvres, qui ne peuvent pas épargner.
47:31La colombe au contraire, elle est plutôt arrangeante et elle a peur du chômage, elle
47:36a peur de la récession, elle veut éviter même la déflation, c'est-à-dire un système
47:43de baisse des prix qui s'auto-entretient et qui a mené dans le passé, en 1930, à
47:48la Grande Dépression et à la Deuxième Guerre mondiale.
47:50Donc c'est un peu les rôles qu'on a joués par moment en discutant, parce qu'en économie
47:56il n'y a pas qu'une seule façon.
47:57Qui a joué le faucon ? Qui a joué la colombe ?
47:58Ça dépend des sujets.
47:59C'est comme les Daft Punk, on ne s'est jamais inquiétés derrière.
48:03C'est interchangeable.
48:04Et quand on a posé la question à Christine Lagarde, qui nous a fait la même idée,
48:09préfacée, et on lui a demandé s'il était plutôt faucon ou colombe, elle a choisi un
48:14autre rapace, mais qui est sage et perspicace, c'est la chouette.
48:18Et qui a la capacité, je crois, je ne suis pas un spécialiste, mais de tourner la tête
48:21effectivement au moins dans les deux sens.
48:23Sans pour autant être une jurouette.
48:25Non, mais moi, j'ai lu la préface de Christine Lagarde bien sûr, j'ai lu aussi la postface
48:29de Peter Pratt.
48:30Très intéressant, parce que je rappelle, Peter Pratt, pour les plus jeunes, ça fait
48:33partie du Triumvirat, qui a, moi je le dis comme ça, qui a sauvé l'euro en 2012.
48:37Ce sont les trois piliers du whatever it takes, Mario Draghi, Benoît Curé et Peter Pratt,
48:41qui était chef économiste de la Banque Centrale Européenne à l'époque.
48:43Il réagit à l'idée des faucons et des colombes.
48:46Il dit, c'est marrant parce qu'on m'a toujours classifié comme une colombe, alors que moi-même,
48:50je me considère comme faucon, dans le sens où, quand le risque déflationniste était
48:55tellement important en zone euro telle qu'on l'a vécu, moi je mettais toute mon énergie
49:00justement pour atteindre l'objectif de 2% tel un faucon, il se voyait lui-même comme
49:05un faucon à l'époque.
49:06Et donc, c'est pas une animalerie tout ça, c'est pour rendre les choses concrètes, parler
49:10avec des termes simples, alors ça intrigue un petit peu aussi, et on a essayé d'avoir
49:15très souvent, de raconter des histoires, et d'avoir des images parlantes, alors c'est
49:21celles connues de l'inflation, parce que l'inflation, ça peut être dangereux aussi, on l'a vu
49:27récemment, et cette image que lorsqu'elle sort du tube de dentifrice, c'est difficile
49:32de l'y remettre, les banques centrales sont en train d'y arriver, on a ce dessin de Peter
49:38Pratt qui...
49:39Alors je n'ai pas marqué la page, mais oui, oui, oui, fait par l'IA, c'est ça, Marc-Olivier ?
49:45C'est en fait Anthony qui a demandé à l'IA de faire, je vais peut-être le continuer.
49:49Oui, oui, non, j'ai demandé à l'IA, en fait, l'objectif, c'était, à un moment donné
49:52on a senti qu'on était dans beaucoup de jargon un peu monétaire, on s'est dit on va faire
49:56une pause, il faut que le lecteur aussi fasse une pause, et pour amuser le lecteur, on va
50:00demander à l'IA de nous représenter un banquier central en train de jongler avec des sigles
50:03monétaires qu'on explique par ailleurs, et, surprise, l'IA nous donne un banquier central
50:09qui ressemble à Peter Pratt.
50:10Il vous sort Peter Pratt.
50:11Incroyable.
50:12Et donc quand on a montré ça à Peter, lui-même était très ravi de voir ça.
50:16Oui, il n'y a pas eu de connivence entre vous et l'IA pour aboutir à ce qui ressemble
50:20très fortement, je dois le dire, au portrait de Peter Pratt.
50:23Qu'est-ce qui fait peur aux Français ?
50:25Christine Lagarde, la première ligne de sa préface, elle cite ce chiffre, 80% des Français
50:30s'intéressent à l'économie, très bonne nouvelle, mais seuls 34% se pensent bien informés,
50:35et je crois qu'ils sont une quinzaine à penser maîtriser les concepts économiques.
50:40J'ai l'impression que l'économie fait peur.
50:42Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ? Et comment est-ce que vous expliquez cet écart
50:46entre l'amour déclaré des Français pour la chose économique et la réticence ou les
50:53freins qu'ils peuvent avoir à se penser informés sur les sujets économiques ?
50:58L'amour déclaré, pas vraiment, c'est pour ça qu'on les y pousse, l'intérêt marqué,
51:05et comme l'a expliqué auparavant Anthony, c'est parce qu'on l'a vu au quotidien.
51:09On est tous des Monsieur Jourdain de l'économie, on fait de l'économie sans le savoir, vous
51:12l'avez dit.
51:13Exactement.
51:14Après, elle est rébarbative, elle est souvent très mathématisée, et ça, ça fait peur.
51:18C'est la faute à qui ça ? Aux économistes, Marc-Olivier ?
51:21Une branche de l'économie, effectivement, a fait ça, et à part dans un ou deux chapitres
51:27un peu théoriques, on a vraiment minimisé les formules mathématiques.
51:31Il faut reconnaître que parfois, une formule mathématique simplifie la présentation,
51:35donc pourquoi s'en priver ? Mais on a beaucoup recouru à des histoires, à des images, il
51:41y en a une autre, on n'ira pas dans le détail, mais il y a un concept en économie qui a consisté
51:46à mettre beaucoup de liquidités dans l'économie après la première grande crise récente,
51:52c'est-à-dire la crise financière mondiale, puis pendant la pandémie, ça s'est appelé
51:56en anglais le quantitative easing, ou bien l'accommodement quantitatif, qui consiste
52:02à mettre beaucoup de liquidités, puis on peut, à l'inverse, la retenir.
52:05La reprendre.
52:06Et donc, quand on l'explique ici, on fait l'image d'une baignoire, tout simplement,
52:10qui remplit plus ou moins de liquidités, un robinet qu'on ouvre et qu'il en ajoute, ça,
52:15c'est la liquidité injectée par la banque centrale, et puis au fond, le bouchon qu'on
52:19enlève lorsqu'on veut la retirer, c'est ce qui se passe actuellement, pour réabsorber
52:23cet excès de liquidités qui a été donné à l'économie parce qu'on ne savait pas
52:28de combien elle en avait besoin.
52:30On parle souvent de plomberie, mais je trouve que les images physiques, mécaniques, automobiles,
52:35moi aussi, ça fait 15 ans que je parle de sujets complexes, etc., j'essaye de trouver
52:39des images, et il y a toute une gamme d'images qui s'offrent à nous et qui, je pense, permettent
52:43de rendre accessibles sans dénaturer le propos économique.
52:47Comment on enseigne mieux l'économie aujourd'hui, Anthony ? Vous êtes tous les deux enseignant,
52:53et j'aimerais bien que vous nous expliquiez votre démarche, alors que ce soit peut-être
52:56face au public de Sciences Po, mais face à d'autres publics qui ne sont pas forcément
52:59destinés justement à l'acquisition de ces choses-là.
53:03C'est vrai que Marc-Olivier et moi, on enseigne à un public qui a envie de comprendre l'économie,
53:09mais on dispense aussi des conférences, que ce soit à des chefs d'entreprise qui vivent
53:13au quotidien, le carnet de commandes, quand par exemple la Banque Centrale a remonté
53:17ses taux à partir de 2022, ça a directement impacté les chefs d'entreprise, ils ne comprenaient
53:22pas pourquoi la Banque Centrale remonte les taux, qu'est-ce qui se passe, pourquoi le
53:25prix des matières premières a augmenté, donc il faut pouvoir adapter sa façon de
53:29parler de l'économie en fonction du public.
53:31Donc on le fait auprès des chefs d'entreprise, on le fait auprès des étudiants, et on le
53:35fait aussi maintenant auprès des enfants avec cette association que j'ai fondée en
53:382022 qui s'appelle A3E, Agir pour l'éducation économique des enfants, où on intervient
53:43dans des classes, l'objectif c'est de rentrer dans le monde des enfants, ce n'est pas de
53:46les faire rentrer dans un premier temps dans un autre monde, et de leur expliquer des
53:50choses pas compliquées, mais sur lesquelles ils vont être confrontés tout le long de
53:56leur vie par exemple.
53:57C'est quoi un concept qu'on peut passer aux enfants ?
53:58La formation des prix, la formation des prix, et donc là on va leur expliquer rareté
54:02et utilité, on va leur expliquer le concept de marge, on va leur expliquer la concurrence
54:06et l'offre et la demande.
54:07Tout ça en entrant dans le monde des enfants, typiquement, on va leur présenter une planche
54:12où on aura une carte Pokémon, première édition, drague au feu, etc., qui a été
54:16adjugée à plus de 420 000 euros aux enchères à Londres en 2018, et puis une bouteille
54:20d'eau à 2 euros.
54:21Et puis on leur demande « lequel est le plus cher selon vous ? » Alors, comme on est rentrés
54:25dans le monde des enfants, ils savent très bien que c'est la carte Pokémon, on fait
54:29disparaître notre bouteille d'eau, et puis on refait apparaître une bouteille d'eau
54:32dans un désert aride.
54:33Et là en fait, ils sont tous prêts à donner leur carte, donc une bouteille d'eau vaut
54:37plus que 420 000 euros.
54:38Donc là, on aborde la rareté, l'utilité.
54:41Le prix, la valeur ?
54:42La valeur aussi.
54:43On fait ça aussi sur les marges, avec des choses qui parlent aux enfants, des hamburgers,
54:48etc.
54:49Mais on entre à chaque fois dans leur monde, avant de les faire entrer dans notre monde,
54:51notamment à Citeco.
54:52Mieux enseigné, c'est aussi enseigné, comment dire, ces concepts ou ces notions d'êle
54:58plus jeune âge.
54:59L'enfant n'a pas de limite par rapport à ça.
55:02Il n'y a pas de limite.
55:03Je vais évoquer, parce qu'il a fait la transition quasiment, Citeco, la cité de l'économie,
55:07où on retrouve cette histoire de la rareté qui est empruntée à une image d'Adam Smith
55:14avec un diamant et un verre d'eau.
55:15Et ça parle énormément aux enfants quand ils viennent visiter, mais aussi aux plus
55:20grands.
55:21Et donc, cette cité de l'économie qui est à Paris, qui est une ancienne succursale
55:24de la Banque de France, dans un bâtiment magnifique, néo-gothique, rien que pour les
55:30gens, le visite pour l'architecture et le patrimoine, il est plein de numériques.
55:35Il y a des jeux qui amènent à s'engager, et de tous âges.
55:38On ne peut y emmener que des enfants, même...
55:41Il y a eu quoi, l'exposition Astérix, c'est ça, Marc Olivier ?
55:46Anthony est actuellement sollicité pour nous aider, je dis nous parce que je continue à
55:51être dans le processus, à créer un espace enfant-famille qui n'apparaîtra que l'année
55:57prochaine.
55:58C'est la cité de la Villette, quoi !
55:59C'est la cité de la Villette de l'économie !
56:00Et dans Paris !
56:01Et dans Paris !
56:03Et puis il y a d'autres actions qui doivent être faites, on ne va pas s'étendre là-dessus,
56:07mais sur les collégiens, parce que les enfants c'est bien, les terminales ou les secondes
56:12de l'économie, pas tous, pas toujours, les étudiants s'en occupent, les entrepreneurs,
56:18mais les collégiens aussi, et là il y a une démarche d'acquisition d'un passeport
56:22financier qui est lancé par la Banque de France.
56:25Un chapitre qui vous parle d'actualité à nous vendre, Anthony, Marc Olivier, vous
56:30avez chacun une minute là.
56:32Il y en a un qui vient et puis il y en aura d'autres après, c'est celui sur la dérive
56:37des finances publiques, parce que c'est d'actualité, avec l'idée que la dette publique peut avoir
56:46une utilité, parce que l'État peut faire des investissements qui feront de la croissance
56:49future, mais que pour autant c'est un fardeau à porter, on le ramène à la capacité à
56:54rembourser, c'est-à-dire le flux de production chaque année, le PIB, et à ce moment-là
57:00on essaye de le stabiliser.
57:02Cette dette est créée par une accumulation de déficit depuis 50 ans, et actuellement
57:10on a une croissance qui ne fait que 3%, à peu près, en potentiel, puisque 1% de croissance
57:16réelle, 2% d'inflation une fois qu'on y est revenu, et donc c'est logique qu'il
57:21faille revenir d'un déficit qui est de 6% à 3%.
57:24Après il y aura un problème sur les taux d'intérêt, et actuellement c'est un peu
57:28inquiétant, parce que la France est challengée sur sa capacité à ramener progressivement
57:37ce chiffre.
57:38Mais il y a donc une transition sur d'autres chapitres aussi.
57:40C'était celui que vous vouliez citer Anthony, il faut en trouver un autre alors !
57:45Non mais c'est facile, quand tu parlais de dette publique, le ratio de la dette c'est
57:48la dette sur PIB, donc il y a le chapitre sur la croissance, comment on fait de la croissance,
57:52et comment on fait de la croissance dans ces nouveaux environnements aussi, où on a des
57:55contraintes, des transitions actuelles, où il faut une croissance soutenable, durable,
57:58donc le chapitre 2 de mémoire, qui s'appelle « De l'état stationnaire à la stagnation
58:04séculaire ? ».
58:05Oui, c'est des mots compliqués !
58:06La stagnation séculaire, c'était le grand drame du cycle précédent, c'est ça.
58:11Merci beaucoup messieurs, merci d'avoir pris ces quelques minutes pour venir nous
58:15exposer les enjeux de l'éducation économique, comme je le dis, et puis nous parler de votre
58:20ouvrage.
58:21On parie que vous allez aimer L'Économie, paru aux éditions Ellipse avec les deux auteurs
58:24avec nous en plateau aujourd'hui, Anthony Benhamou, économiste et maître de conférences
58:28à Sciences Po Paris, et Marc-Olivier Stroscane, économiste, enseignant et directeur général
58:32honoraire de la Banque de France.
58:33Merci à vous deux.
58:34Merci beaucoup.