Mercredi 9 octobre 2024, SMART BOURSE reçoit Florent Wabont (Économiste, ECOFI) , Virginie Robert (Présidente, Constance Associés) et Alexandre Baradez (Chef analyste, IG)
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00:003 invités avec nous chaque soir pour discuter de la situation des marchés et décrypter
00:15les mouvements de la planète marché.
00:17Virginie Robert est avec nous ce soir, présidente de Constance Associé.
00:19Bonsoir Virginie.
00:20Merci d'être là.
00:21Merci à Alexandre Bardès d'être avec nous également.
00:23Bonsoir Alexandre.
00:24Bonsoir.
00:25Chef analyste chez IG et Florent Vabon nous accompagne également.
00:28Bonsoir Florent.
00:29Économiste chez Ecofier, ravi de vous retrouver tous les trois.
00:32Virginie, vous êtes spécialiste du marché américain, combien de fois dans votre carrière
00:36vous avez entendu parler d'une possible scission de Google, Virginie ?
00:39Je ne sais pas, je pense qu'on a dû déjà en parler ensemble.
00:42Oui, je vous confirme.
00:43C'est le fameux serpent de mer.
00:45Oui, oui.
00:46Je ne sais pas combien de fois, mais je vous rappelle que Microsoft avait été soumis
00:50aussi il y a 20 ans à une possibilité, donc ce n'est pas juste le cas de Google.
00:57Oui, ça arrive en plus à un moment donné où on peut se poser la question, un, cette
01:05fameuse domination de Google, mais enfin la domination elle est aussi chez d'autres,
01:12évidemment on va parler des sept magnifiques, et cette domination elle risque d'être renforcée
01:18dans les années à venir avec tout ce qui se passe avec l'intelligence artificielle.
01:21C'est des hyperscalers.
01:23Et on ne sait pas non plus qu'elle va être, Google, Cgmini, parce qu'ils sont eux-mêmes
01:31challengés par les nouveaux outils, donc tout ça est très compliqué et donc j'y
01:38vois une espèce de, je ne sais pas si c'est un mouvement encore un peu démagogique, je
01:43ne suis pas sûre que ça affole vraiment le marché.
01:46À une semaine de l'élection présidentielle, c'est vrai, est-ce que la justice américaine
01:49peut endosser ce genre de décision, ce type de décision ? Pour l'instant c'est à l'étude.
01:54Oui, c'est à l'étude, bon on verra, et toujours on se pose la question parce qu'il
01:59y a tous ces nouveaux éléments depuis, la dernière fois où on a pu en parler, donc
02:03il faudra voir, et quelquefois on peut même se dire de toute façon, ce qui est plus important
02:09ce n'est pas tellement le break-off ou le spin-off, c'est vraiment la mise à disposition,
02:15l'ouverture, effectivement, mais une fois de plus, comme vous avez l'intelligence artificielle,
02:20les outils d'intelligence artificielle, est-ce que ça aussi ça fait partie du lot ? Je pense
02:24que ça vient là, pas tout à fait par hasard, mais une fois de plus, après Google, on peut
02:30se dire que some of the part, et voilà, après.
02:34Ça peut être intéressant d'investir dans des divisions de Google qui sont aujourd'hui
02:37intégrées au groupe.
02:38Pour le moment, c'est beaucoup de menaces comme ça, de mots lancés, mais on ne sait
02:44pas du tout ce que ça peut dire.
02:46Mais vous dites, le fait que ça revienne aujourd'hui, ce n'est pas tant le moteur
02:50de recherche Google traditionnel, qui est aujourd'hui partout, mais c'est l'idée
02:55que peut-être cette domination dans la recherche pourrait être encore accrue avec des outils
03:00d'intelligence artificielle.
03:01Tout à fait, mais à ce moment-là, ce n'est pas juste Google, on sait bien.
03:04Au contraire, cette IA, elle va mettre de la concurrence.
03:06Oui, elle va mettre de la concurrence, mais c'est quand même ces hyperscalers qui ont
03:11la data et qui la traitent déjà, que ce soit un Meta, un Google, même un Apple,
03:17avec l'intelligence artificielle embarquée dans ces devices.
03:20Enfin, là-bas.
03:21Oui, oui, oui.
03:22Pas tant que ça.
03:23Oui, pas encore chez nous, oui.
03:24Donc, tout ça peut être soumis, effectivement, ça pèse beaucoup de questions, de toute
03:30façon, d'un point de vue réglementaire.
03:31On voit bien que l'Europe a déjà pris le bâton.
03:34D'ailleurs, on peut en discuter.
03:36Oui, oui, oui.
03:37Ça, c'est le bâton réglementaire européen, il n'est jamais très loin.
03:41Donc, ce que je veux vous dire, c'est qu'on en reparlera, effectivement, ça va être
03:44des sujets qui vont être sur la table dans les mois et les années à venir, c'est évident.
03:49Alexandre, moi, si je regarde la réaction de Marche Aujourd'hui, je n'ai pas l'impression
03:52que le marché soit terrorisé à l'idée que Google soit séparé en petits morceaux dès demain.
03:56Non, parce que c'est effectivement ça.
03:58Non seulement, c'est Google, là, effectivement, c'est quand même la plus sérieuse procédure
04:00antitrust qu'il y ait depuis Microsoft, mais d'autres alertes sur Apple ou d'autres,
04:04des enquêtes qui ont été ouvertes, qui n'ont pas abouti non plus.
04:06Donc, c'est vrai que c'est devenu presque un bruit de fond, mais il y a quand même
04:09quelque chose qui, je pense, doit m'attirer l'attention, c'est sur le fait que, j'ai
04:14passé ce chiffre il y a quelques mois, c'était le nombre d'enquêtes antitrust aux Etats-Unis.
04:18Alors, soit pour des situations de monopole ou des situations de refus de vente, par exemple,
04:22ou des fusions qui ne peuvent pas se faire, le nombre d'enquêtes ouvertes est tombé
04:25l'année dernière à son plus bas niveau depuis la fin des années 90.
04:27C'est-à-dire qu'on n'a jamais eu aussi peu aux Etats-Unis d'enquêtes antitrust ouvertes.
04:31Alors, soit ça veut dire que la loi est très bien respectée et tant mieux, soit ça veut
04:34dire qu'il y a peut-être une forme de lobby qui est très, très bien fait, qui empêche
04:38certaines enquêtes d'aboutir.
04:39Et on peut aussi voir là, la montée en puissance de ces groupes, c'est cette magnifique parleur
04:43capi-boursière, leur gloutonnerie, finalement, qui a rempris.
04:46Et donc, est-ce qu'à un moment donné, pour faire une forme d'exemple, il n'y aura pas,
04:51et c'est tel ça, je ne dis pas le black swan, c'est un bien grand mot, mais peut-être,
04:55vu qu'on a touché des extrêmes quasiment en termes d'enquêtes antitrust et de faiblesse
04:59d'enquêtes antitrust, est-ce qu'on n'est pas sur l'autre versant désormais où les
05:02enquêtes seront d'autant plus nombreuses et si elles n'aboutissent pas à des chocs
05:06de démantèlement complet, peut-être, effectivement, des cessions partielles ou autres, ça, ça
05:09me paraît être plus probable dans la phase actuelle.
05:11Et il me semble, et ça c'est un autre sujet qu'on peut voir après, mais l'aspect peut-être
05:14aussi un peu fiscal.
05:15C'est-à-dire qu'on voit qu'avec le déficit américain qui est désormais depuis quatre
05:21ans et de niveau extrêmement fort, il y a le sujet fiscal aux Etats-Unis qui me semble
05:25être sous-estimé par les marchés, le sujet politique, et je pense que ce qui se passe
05:29en France, c'est quelque chose qu'on va voir arriver à mon avis assez rapidement aux Etats-Unis
05:33et que donc la fiscalité aussi de ces grands groupes peut rentrer un peu dans le scope
05:36des marchés et des observations par rapport...
05:39Donc un rapport de force qui serait un peu plus tendu entre l'exécutif américain et
05:44ses grands groupes, peut-être, demain ?
05:46Encore une fois, c'est moins la question de la force politique en présence que la situation
05:51du déficit américain qui alerte le Trésor et la FED, c'est-à-dire que ce n'est pas
05:55juste une observation d'économistes, c'est la FED qui dit « ça, c'est pas soutenable
05:58» et le Trésor qui dit « ça, c'est pas soutenable ». Donc, à un moment donné,
06:01même si la situation n'est pas la même qu'en France, il y aura quand même besoin
06:03de ramener un déficit peut-être plus vers les 4% que vers les 6-7 sur lesquels on est
06:06actuellement.
06:07On était à plus de 10% au moment du Covid.
06:09Donc je ne vois pas comment ça passerait en dehors d'un changement de fiscalité et
06:13c'est évident qu'un gouvernement démocrate serait plus à même de mettre en place ces
06:16mesures qu'un gouvernement républicain.
06:17Et ce genre de menace, que ce soit réglementaire ou fiscale, budgétaire, il n'est pas intégré
06:22quand vous regardez aujourd'hui des cours de bourse comme ceux de Google, Apple, Microsoft ?
06:27On compare ce qui s'est passé en France, par exemple, depuis juin dernier, juin avec
06:30la dissolution.
06:31Et on s'est dit que le CAC 40, c'est quand même un peu la France.
06:34On disait souvent que le CAC, ce n'est pas la France, etc., ce sont des grands groupes.
06:36Et on s'est rendu compte, certains avaient déjà vu la chose arriver, que la dissolution,
06:39ça peut entraîner soit l'arrivée au pouvoir de groupes radicaux et c'est l'aspect fiscal
06:44qui faisait peur dans ce cas de figure-là.
06:45On disait que si c'est effectivement la gauche radicale, les taux d'imposition vont flamber.
06:49Donc c'est ça qui avait, je pense, fait aussi baisser le CAC 40.
06:51Et on se rend compte que finalement, un gouvernement plus de coalition et plus modéré remet quand
06:55même ces thèmes de fiscalité sur la table.
06:56Et on a vu que ça avait quand même impacté.
06:58La superbe du CAC 40, je pense, depuis quelques mois, est aussi liée à ces questions de
07:01fiscalité, pas seulement d'instabilité politique ou autre, c'est à combien de plus seront
07:05taxés certains grands groupes.
07:06Et je pense que ça, si on reste, en tout cas, sur le CAC 40...
07:08Là, c'est un canal de transmission très direct entre un indice et sa zone domestique.
07:13C'est le cas qu'a démontré.
07:14Pourquoi serait-il autrement pour les indices américains si ces mesures, des mesures d'exception,
07:18vous voyez aujourd'hui ?
07:19Comment vous regardez le cas d'investissement Google aujourd'hui ? Est-ce que c'est une
07:22entreprise au-delà de la menace serpent de mer, comme vous dites, Virginie ? Est-ce
07:26que ça fait partie d'une entreprise intéressante pour vous, à avoir en portefeuille ? C'est
07:30quoi le rationnel aujourd'hui d'un investisseur qui pourrait avoir du Google ? Je ne vous
07:36avais pas demandé avant, mais j'imagine que...
07:37Oui, ce n'est pas ma préférée, dans les magnifiques, ça n'a jamais été ma préférée,
07:42mais cela dit, c'est difficile de se passer de ces sujets-là.
07:47Ah ben, j'imagine.
07:48On ne peut pas oublier que ces groupes, on a quand même, dans la situation américaine,
07:53on a des moteurs de fusée qui sont allumés.
07:56Moi, j'appelle ça la révolution CapEx.
07:58D'accord ? Donc la révolution CapEx, c'est quoi ? C'est pour ça qu'on va avoir des
08:02taux longs, d'ailleurs, qui vont rester, à mon sens, à terme.
08:04Je ne parle pas de demain, le verbage qu'on a.
08:07Ça peut baisser un peu, mais d'accord.
08:09Mais bon, on a besoin d'investissement et les CapEx, où est-ce qu'ils sont ? Ces facilités
08:16sont effectivement chez les grands, que ce soit les Google, les Meta, les Amazon, enfin
08:21bon, on les connaît.
08:22Voilà.
08:23Les CapEx, ils sont énormes.
08:24Et les trois moteurs, vous les connaissez, c'est l'IA, effectivement, c'est l'évolution
08:29technologique.
08:30C'est le souci géopolitique et donc l'industrie, la défense, etc. et la transition énergétique.
08:35C'est trois moteurs qui sont allumés et qui sont quand même très centrés sur les Etats-Unis.
08:40Il ne faut pas l'oublier.
08:41Donc oui.
08:42Oh, la transition énergétique, c'est aussi un thème européen.
08:45Bien sûr.
08:46Mais on voit bien que, quand même, je veux dire, les facilités, l'investissement, les
08:52poches, les possibilités, elles sont entières là-bas.
08:55Et ces grands groupes participent.
08:58Donc Google, à l'image, comme Microsoft, c'est difficile de s'en passer parce que
09:03c'est vraiment…
09:04On comprend.
09:05Ça va rester des acteurs indéboulonnables, pardonnez-moi l'expression, mais on peut
09:08dire ce qu'on veut.
09:09Et peut-être que Google fait beaucoup moins de bruit que Microsoft sur l'intelligence
09:14artificielle, mais en attendant, ils sortent quand même des produits, des tools, enfin
09:18des outils qui sont absolument aussi très percutants.
09:22La semaine dernière, ils en ont encore sorti un, « Notebook LM », qui est très percutant.
09:27Donc voilà.
09:28Qui fait quoi ? Parce que je n'ai pas suivi tous les tools.
09:31C'est un notebook.
09:32Donc ça vous permet de soumettre des documents.
09:34Mais enfin, vous en ressortez avec un podcast.
09:36Alors, je ne vais pas vous inquiéter.
09:39Non, mais moi, je demande, remplacez-moi, pas de problème.
09:42Non, non, mais j'accepte l'augure d'être un jour remplacé, il n'y a pas de souci.
09:46Il y a des choses qui vont arriver.
09:47On n'est qu'au début.
09:48Donc voilà, ça va être difficile de se passer de ces grands groupes parce qu'ils ont la
09:53scalabilité.
09:54Comme vous dites, c'est eux qui vont mettre ces produits à l'échelle et qui vont les
09:57diffuser.
09:58Ils ont la scalabilité, ils ont le cash et les talents.
10:01Comment l'économiste que vous êtes, Florent, regarde ce sujet-là ? Vous avez le droit de
10:05botter en touche, mais il y a un rationnel macro-économique derrière l'idée de se
10:09dire, tiens, il faut peut-être démanteler un jour ces groupes qui ont une emprise trop
10:14importante avec un rationnel lié à l'antitrust, à la concurrence, bien sûr.
10:20C'est difficile de répondre à cette question, pour être honnête, ce n'est pas tout à
10:22fait ma spécialité.
10:23Je pense que ça a été évoqué en Europe, on a beaucoup de réglementations de ce point
10:27de vue-là.
10:28Est-ce qu'aux Etats-Unis, non ? Ce qui a le plus attiré mon attention, en réalité,
10:32c'est plutôt la fiscalité.
10:33Mais au-delà de ça, ça ne répond pas du tout à votre question.
10:39Non, ce n'est pas grave.
10:41Ce qu'a dit Alexandre, c'est le lien entre la FED et le déficit.
10:45Pour moi, il n'est pas évident, en réalité, parce que la FED, techniquement, n'a pas
10:50à se soucier du déficit.
10:51Elle est indépendante, d'un point de vue politique.
10:54Je peux envisager l'idée que ça puisse rentrer dans l'équation, mais c'est difficile,
11:00pour moi, à justifier, de dire que la FED va baisser ses taux parce que le déficit
11:04est monstrueux ou parce qu'il faut refinancer l'État, etc.
11:07C'est difficilement entendable.
11:08Je pense qu'au contraire, l'idée, c'est plutôt de se dire que les variables macro-économiques
11:11aujourd'hui permettent un ajustement de politique monétaire.
11:14En plus de ça, en réalité, la FED a même plutôt intérêt à baisser ses taux en cas
11:21de dégradation de l'économie par rapport au déficit, parce que ça voudrait dire que
11:24le déficit se creuserait davantage.
11:25C'est un peu le serpent qui se met en la queue.
11:27Je parle souvent d'Alan Greenspan, pratiquement à chaque fois que je viens.
11:31Lui, en revanche, avait des idées sur comment mener la politique budgétaire aux Etats-Unis.
11:43Il y avait quelques batailles avec Clinton à l'époque, mais quand bien même ils n'ont
11:48pas leur mot à dire sur le déficit, sur la politique de manière générale, c'est
11:54même plutôt contradictif.
11:56Même si on entend régulièrement, mais en écoutant même Bernanke, Janet Yellen, qui
12:02fut présidente de la FED et aujourd'hui secrétaire au Trésor, ou encore aujourd'hui
12:07Jay Powell, régulièrement, ils indiquent que la trajectoire de finances publiques américaines
12:14n'est pas soutenable dans le temps.
12:16Ça fait partie aussi du discours récurrent et permanent des banquiers centraux américains,
12:20en tout cas depuis que je les suis, Florent.
12:23Encore une fois, pour moi, ça ne rentre pas dans l'équation et c'est même plutôt
12:26contre-productif.
12:27C'est ce que la littérature économique récente a montré, c'est-à-dire qu'on pense
12:33évidemment à l'exemple Nixon-Burns, et en réalité, pareil, je ne vais pas écorcher
12:38son nom, mais c'est une recherche qui est vraiment récente, qui essaie de dénombrer
12:44le nombre d'interactions entre les membres de la FED, en tout cas le président de la
12:50FED et les présidents.
12:51Évidemment, les fameuses Nixon-Tapes, etc., le nombre d'interactions avec Nixon et Burns
12:57a été énorme.
12:59Au-delà du raisonnable ?
13:00Exactement.
13:01Et depuis Erin Greenspan, encore une fois, depuis la grande modération, qu'on peut
13:05dater à peu près à partir de son arrivée, on a un nombre d'interactions qui est vraiment
13:08limité.
13:09Et ce qu'il montre surtout, c'est qu'en réalité, à vouloir trop interagir avec
13:12le politique, on met à mal le mandat de la banque centrale américaine et on a des gains
13:17d'inflation supplémentaires.
13:19Mais vous n'imaginez pas qu'on rentre dans un paradigme où l'idée d'avoir des trésors
13:24et des banques centrales, alors coordonnées au mieux sur des objectifs souverains, comme
13:31on dit aujourd'hui, est-ce qu'on peut imaginer un fonctionnement qui s'adapterait à ce
13:35genre de paradigme ? Ou est-ce que ça reste compliqué selon vous ?
13:41Il y a énormément de débats autour de ce qu'on appelle la dominance fiscale en ce
13:45moment.
13:46C'est-à-dire le fait que, ça rejoint encore une fois un peu ce que vous disiez, c'est-à-dire
13:49que les Etats prennent le pas, j'ai envie de dire, sur le rapport de force qui n'existait
13:57plus auparavant parce qu'on parlait énormément d'austérité, on n'en parle plus vraiment
14:00aujourd'hui.
14:01Peut-être en France.
14:02Certains en reparlent.
14:03Mais je veux dire, les plans de dépenses pour la transition énergétique, les plans
14:08de dépenses pour la défense, etc., tous ces sujets-là, ce n'est pas synonyme d'austérité.
14:14On va rentrer potentiellement dans un régime macro où l'affrontement ne sera plus visible.
14:19Mais pour autant, je...
14:22Je comprends.
14:23Il y aura de la friction, il y aura de l'affrontement, mais ça ne veut pas dire qu'il y aura une
14:27fusion des trésors et des banques centrales.
14:29Non, parce que c'est contre-productif de dire qu'une banque centrale va aider un gouvernement
14:32à se financer en termes de crédit.
14:35Oui, j'entends.
14:36Quel que soit l'objectif.
14:37L'objectif peut être tout à fait respectable, il n'empêche que ce n'est pas un fonctionnement
14:42productif sur le long terme.
14:44Vous revenez des Etats-Unis, Virginie ? C'est quoi la couleur à un mois de l'élection,
14:49quand on discute avec des investisseurs, des gens qui vous avaient rencontrés ?
14:53Les agissements des élections ?
14:54Ben oui.
14:55Ben écoutez, ça, je ne m'attendrai pas, oui, parce que pour avoir suivi des élections
14:59depuis des décennies, c'est vraiment très...
15:02Jusqu'au dernier moment, vous savez, le poids d'un ou deux Etats à la fin, le poids des
15:10médias.
15:11Est-ce que ça va être un game changer ou pas ? Je veux dire, est-ce que le résultat
15:14de cette élection, en fonction des scénarios qu'on peut avoir en tête, est-ce que ça
15:18change des choses importantes dans la manière d'investir en 2025 sur le marché américain ?
15:24Moi, personnellement, non, pas du tout, mais comme d'habitude, on y va chacun de sa théorie.
15:30Et évidemment, on va venir sur le sujet du budget et des dépenses, puisque les dépenses
15:38avec Donald Trump vont être beaucoup plus élevées.
15:41Après, on le sait bien, il y a le Congrès derrière, et puis, ce que j'ai toujours vu,
15:52finalement, après, c'est que, de toute façon, démocrate ou républicain, le pro-business
15:58demeure.
15:59Il ne faut pas l'oublier.
16:00Donc ça, c'est quand même essentiel.
16:03Donc oui, à la marge, il peut y avoir des différenciations, surtout beaucoup de bruit
16:08avant, un peu de bruit après, jusqu'à...
16:12Et vous n'avez pas de côté un portefeuille Harris et un portefeuille Trump à dégainer
16:16au lendemain du 5 novembre ?
16:18Non, non, non.
16:19Pas comme ça que ça se passe.
16:20La question, c'est plutôt de savoir si, effectivement, il vaut mieux être sur un Meta ou un Microsoft.
16:24C'est plutôt ça le sujet, pour moi.
16:26Ça, c'est indépendant du reste.
16:27Oui, oui, donc c'est complètement indépendant.
16:29Je crois qu'il n'y a pas de...
16:31Bon, et puis, pour l'aveugle vécu, il y aura sûrement des différenciations, mais c'est
16:36pas...
16:37Non, non.
16:38Potentiel de perturbation de cette élection, Alexandre ?
16:40Déjà, il y avait l'effet de surprise à l'époque.
16:42Trump, c'était quand même la grosse surprise.
16:44Personne ne s'y attendait, moi, le premier.
16:45Et surtout, le défait marché qu'il y a eu derrière, c'est-à-dire le dollar qui a
16:47grimpé à fond, les taux qui ont grimpé, et c'était vertueux pour le marché action.
16:50C'est-à-dire qu'on percevait ça...
16:51Alors que les stratégistes disaient que si Trump était élu, le dollar allait s'écrouler.
16:55Mais justement, il y a eu des Trump trades, quand même.
16:59Exactement.
17:00Ce qui me semble différencier, c'est qu'à l'époque, quand Trump est arrivé, oh, l'effet
17:03de surprise, il y avait un déficit américain qui est gravité aux alentours de 3%.
17:06Aujourd'hui, c'est plutôt 6-7%.
17:08Et c'est-à-dire que la marge de manœuvre qu'il avait à l'époque, et qui a été
17:10vêtée par le Congrès, c'est mieux si on ne l'avait pas prise de seuls, il y avait
17:13un boulevard, parce qu'en plus, on sortait un peu de l'ère Obama, où il avait remis
17:16l'économie américaine en ordre, d'un point de vue réglementaire, post-suprême, mais
17:19d'un point de vue économique aussi.
17:20Donc, il y a de la marge pour la stimulation.
17:22Là, qu'est-ce qu'on a eu depuis 2020 ? Si ce n'est de la stimulation à, je ne vais
17:25pas dire outrance, mais le plan IRA, l'infrastructure ou autre de Biden.
17:28Ce qui fait dire que les Trumponomics, aujourd'hui, dans le contexte de 2024, avec un niveau de
17:32déficit comme celui qui a été atteint aux Etats-Unis, ne seraient peut-être pas forcément
17:36perçus, pro-risques et pro-actifs risqués.
17:38On va le faire.
17:39Surtout parce que le Congrès lui donnerait le feu vert pour mettre ce même type de mesures
17:41en place.
17:42Alors probablement, il y aurait ces marqueurs classiques, baisse d'impôts, etc.
17:45Je pense que ça a quand même limité un petit peu l'appréciation de la bourse.
17:48Il était réélu.
17:49Mais au-delà de ça, après, c'est un sujet...
17:51Je ne vais pas passer pour le pessimiste.
17:54Autant pour l'Europe.
17:55Moi, je vois des choses plutôt positives à moyen terme.
17:56Je suis heureux d'en reparler.
17:57Mais pour les Etats-Unis, j'ai l'impression, un peu de revie, pourtant j'étais plus jeune
18:01à l'époque, mais j'en souviens quand même, de revivre un peu ce qui a amené à la bulle
18:05de 2000.
18:06Je ne dis pas qu'on est sur les mêmes valeurs qu'à l'époque.
18:07Je ne dis pas que les boîtes...
18:08Je suis d'accord là-dessus.
18:09On ne va pas revenir.
18:10On ne va pas comparer les deux.
18:11Mais on a l'impression d'être dans un système, enfin dans une phase, où ce qui pourrait,
18:15à un moment donné, faire consolider un peu le marché, par exemple, des alternances de
18:20« j'anticipe beaucoup de baisse de taux, typiquement en début d'année, puis j'anticipe
18:23plus du tout, puis j'anticipe à nouveau ».
18:25Ces espèces d'aller-retour, de va-et-vient, de sentiment de marché sur la politique monétaire
18:30et avec un Jérôme Paul qui a toujours le mot qu'il faut pour rassurer sur l'après.
18:34Ça veut dire que le dernier rallye qui s'est créé, notamment sur ces anticipations de
18:38baisse de taux, on était à 17 fois les bénéfices anticipés.
18:41Aujourd'hui, on revoit le même pattern qui s'est formé en début d'année, on le revoit
18:44presque formé maintenant.
18:45C'est-à-dire que Jérôme Paul baisse les taux de 50 points de base, on pense qu'il
18:48y aura beaucoup de baisse de taux derrière, et puis on se rend compte que la résilience
18:50de l'économie américaine est bien là, effectivement.
18:52L'ISM Service rebondit sur un plus haut d'un an et demi, l'inflation sous-jacente,
18:56le PCE repart un peu, et on voit que le marché est assez peu sensible à ça.
18:59C'est-à-dire qu'on corrige de 5 ou 10 % et on reprend 20 % derrière.
19:03Et les multiples de valorisation aujourd'hui, sur le S&P, c'est pas moins de 22 fois les bénéfices.
19:07Donc, si on va plus haut, c'est-à-dire nettement plus haut, c'est 23, 24, 25, pour le S&P,
19:12je parle, et on retrouve ensuite à 26 fois, c'était les niveaux sommés de l'Internet.
19:17Et là, la question, ça veut dire, est-ce que le marché peut y aller ?
19:20Oui, si on n'arrête pas le marché, c'est un enfant dans un magasin de bonbons, il y va.
19:23C'est le rôle de qui ? De dire à un moment donné des choses.
19:26Alors on dit, mais c'est pas la fête, c'est pas son rôle, elle, c'est son mandat, c'est
19:28emploi et inflation.
19:30Pourquoi se mouillerait-elle sur les valeurs de marché, etc. ? C'est pas son job.
19:33Greenspan, on en reparle, c'est bien lui qui, à l'époque, en 1996, d'ailleurs, c'était au début,
19:38du coup, de cette phrase, l'exépérance irrationnelle, mais il compare un peu ça par rapport au Japon, etc.
19:44Mais ça nous montre bien que les banquiers centraux, quand ils le souhaitent,
19:48ils peuvent avoir des messages qui sortent un peu du cadre de leur mandat,
19:51parce qu'éviter que l'on reproduise les mêmes erreurs qui ont été réalisées, c'est de la prévoyance.
19:55Stabilité financière.
19:56Oui, oui, il y a un sujet de stabilité financière.
19:59Et il me semble qu'aujourd'hui, on a des germes quand même d'instabilité future,
20:03vu les valeurs qu'on atteint, et l'histoire du nouveau paradigme, on était là-dedans à l'époque aussi,
20:08c'est-à-dire se dire, on va s'habituer à vivre à 25 ou 26 fois les bénéfices,
20:11c'est la nouvelle norme, parce que, regardez les fonds monétaires,
20:14il y a de la liquidité qui peut encore ressortir, etc.
20:16Donc c'est normal de pricer autant que ça, et puis la révolution haït.
20:19C'est les mêmes choses qu'on entendait à l'époque, qui sont montées sur des niveaux bien plus extrêmes,
20:23mais on a des patterns un peu similaires.
20:26Pour moi, je suis un peu confronté à cette idée qu'à 22 fois, avant l'élection américaine, avant les résultats,
20:31on continue de pousser les bonnes nouvelles, news is good news en fait, c'est pas good news,
20:35news is good news, je suis d'accord.
20:37On trouve toujours une manière de tourner la nouvelle du bon côté.
20:41Oui, mais il ne faut pas jouer que le S&P, parce que dans le S&P, il y a des tas de choses qui ont pas rebondi.
20:45Oui, alors voilà, c'est ça.
20:47C'est toujours le même sujet.
20:48Le S&P écoéloéthique commence à rattraper un petit peu quand même, mais partons très loin.
20:52Mais voilà l'idée à court terme, ça c'est certain.
20:53Que dit l'économiste de tout ça, Florent ?
20:55La Fed et les marchés, la Fed et la macro, la Fed et l'élection présidentielle.
21:00Pour revenir un peu à l'immédiateté des choses,
21:03quand vous regardez le flux de données économiques qu'on a depuis le 18 septembre,
21:07est-ce qu'on peut toujours dire que la Fed a fait le bon choix, qu'elle est dans le bon rythme, dans le bon tempo,
21:13et que le cycle de baisse de taux va continuer de se poursuivre devant nous ?
21:18Bon, on peut débattre en effet de la nécessité d'avoir plutôt fait 50 ou 25,
21:23mais à la limite c'est du passé, c'est trop tard.
21:25On a eu le débat.
21:26Je pense que le choix a été le bon, c'est-à-dire de baisser les taux en septembre,
21:30c'était la bonne décision, parce que, encore une fois, il s'agit plutôt d'un ajustement de politique monétaire.
21:35On a un marché de l'emploi qui, alors, au vu des derniers chiffres,
21:39effectivement, montre, a priori, qu'il est encore plutôt vigoureux.
21:44Après, il faut disséquer les choses.
21:45C'est-à-dire que, quand on regarde les créations nettes d'emplois non agricoles,
21:48alors, effectivement, le rapport de l'emploi qui est sorti vendredi a été extrêmement surprenant,
21:52c'est-à-dire 254 000 emplois nouveaux créés dans l'économie américaine en septembre.
21:57Et surtout, on dit souvent, un point de donnée ne fait pas une tendance.
22:02Le problème, c'est que les deux points de données d'avant ont été relevés.
22:08Donc là, on change d'une certaine manière la situation.
22:10C'est-à-dire qu'on passe d'une moyenne sur les trois derniers mois de création d'emploi
22:14qui s'évaluait avant sur un travail d'emploi à 116 000,
22:18est désormais proche de 190 000.
22:21Ce n'est pas non plus exceptionnellement élevé.
22:24C'est-à-dire qu'on est proche des moyennes historiques.
22:27Par contre, quand on dissèque les secteurs,
22:30nous, ce qu'on aime bien faire, c'est de regarder, d'un côté, les secteurs gouvernementaux,
22:35de l'éducation et des services à la personne, de santé, etc.
22:39Ce qu'on peut qualifier d'emploi non cyclique, en réalité.
22:43Quand on regarde cette proportion-là, elle est énorme, d'un point de vue historique,
22:49par rapport, en plus, à tous les autres secteurs cycliques.
22:52Ça rebondit un petit peu sur le mois de septembre, mais c'est encore assez léger.
22:56La focale, à mon sens, devrait plutôt se situer,
22:59quand on évalue aujourd'hui le marché de l'emploi aux Etats-Unis,
23:01sur la fluidité sur le marché de l'emploi.
23:05La capacité qu'ont les nouvelles personnes qui rentrent sur le marché de l'emploi
23:08à trouver un emploi rapidement, facilement.
23:10Dans quelles conditions, etc.
23:11Exactement. Parce qu'il y a cette phrase qui ressort, effectivement,
23:14aux Etats-Unis, c'est le meilleur marché de l'emploi qu'on a jamais vu, etc.
23:19C'est vrai. C'est-à-dire que quand on regarde la classe d'âge 25-54 ans,
23:23quand on regarde...
23:24Le prime est au top.
23:25Exactement. Quand on regarde les femmes, qui étaient auparavant plutôt...
23:27Même les minorités.
23:28Exactement. Tout cet emploi maximum inclusif,
23:32qui est l'objectif explicite de la Fed, tout est au plus haut.
23:37Maintenant, c'est vraiment là-dessus qu'il faut regarder,
23:40parce qu'aujourd'hui, les entreprises embauchent moins.
23:43C'est ce que nous indique le taux d'embauche dans les jolts.
23:47D'autre part, le nombre d'offres d'emploi à pourvoir a diminué assez sensiblement.
23:54C'est-à-dire qu'aujourd'hui, si les entreprises américaines font face à une baisse
23:58de la demande qui viendrait d'un événement extérieur,
24:01elles auraient plutôt tendance à licencier.
24:03D'accord. On arrive au moment où les décisions à venir, en cas de coup dur,
24:07seraient des décisions de licenciement.
24:09Les 50 BP de la Fed le 18 septembre, c'est pour stabiliser la situation.
24:12D'accord.
24:13Et je pense qu'elle va continuer. En revanche...
24:15À 50 ou à 25 ?
24:16Plutôt à 25, mais en revanche, par exemple, sur la réunion de novembre,
24:20ce n'est pas à exclure qu'elle ne fasse rien.
24:23Qu'elle ne fasse rien. Quelque chose de pas linéaire, en fait.
24:25Oui, c'est tout à fait possible.
24:26Le marché aime bien quelque chose de régulier, de ce point de vue-là.
24:29Mais il faut imaginer que ça puisse ne pas être linéaire.
24:31Bien sûr. Et puis Alexandre l'a rappelé, ça virevolte tous les jours,
24:34les anticipations de marché.
24:35Oui, le narratif est un peu mouvant.
24:37Il faut essayer de suivre. On est parfois à peu près à contre-pied.
24:43Oui, vous disiez, il faut anticiper que ça ne sera peut-être pas linéaire
24:48et un chemin tranquille jusqu'au taux neutre de la Fed.
24:51Ça ne sera pas linéaire, ça c'est évident.
24:53Et je pense que Jérôme Powell, il l'a bien compris.
24:55Et on le sait bien, c'est son modus vivendi.
24:58Lui, il va se placer.
25:00Et moi, je n'exclus pas.
25:01Pour rejoindre ce que disait Alexandre, c'est qu'effectivement,
25:04s'il y a un peu plus encore des dépenses, ça sera peut-être limité, mais etc.
25:08Post-élection.
25:09Post-élection, plus ce que je disais sur les investissements à venir, etc.
25:15Bon, attention à l'inflation.
25:18On est content 2,3, 2,4, 2,5, tout ça, c'est vraiment des différences.
25:23Mais ça peut avoir un nouveau schéma inflationniste.
25:30Oui, ça peut être inflationniste.
25:32J'imagine qu'il sera sous le contrôle de l'économiste.
25:34Je crois qu'il y a assez peu de doute là-dessus.
25:36Justement, comment la Fed peut gérer ses inconnus ?
25:43La Fed ou d'autres banques centrales.
25:44Parce qu'il y a à la fois, évidemment, l'inconnu des résultats de l'élection présidentielle.
25:47Mais ça, on aura à un moment la révélation.
25:49Il y a l'inconnu de l'intensité de la relance chinoise, par exemple.
25:53Il y a l'inconnu pétrolière.
25:56Alors, je parle de l'équilibre fondamental offre-demande,
25:58mais dans un contexte de tensions géopolitiques qui peuvent escalader
26:01et amener peut-être une prime plus ou moins structurelle sur des cours du pétrole.
26:05Du point de vue d'une banque centrale, tous ces phénomènes-là,
26:08comment est-ce qu'ils sont pris en compte aujourd'hui, Florent ?
26:10S'agissant des élections présidentielles américaines, en l'occurrence,
26:13c'est difficile de les intégrer.
26:16Ils verront bien le jour J.
26:19Mais ça peut bouleverser le plan de la Fed pour 2025 ?
26:22À mon sens, oui. Parce qu'on vient de le rappeler, effectivement,
26:25c'est beaucoup plus inflationniste.
26:27Dans un premier temps, a priori, parce qu'encore une fois,
26:30on l'a vu avec la séquence 2018-2019,
26:34les tarifs douaniers imposés à la Chine et au monde entier
26:37avaient plutôt été récessionnistes pour l'activité manufacturière.
26:39À un moment, ça pèse sur l'activité.
26:41C'est même un peu stagflationniste.
26:44Le mot, j'aime pas trop ce mot-là,
26:47mais disons que c'est plutôt un effet récessif, au moins sur le manufacturier.
26:51Après, sur la Chine, parlons-en du plan de relance en Chine.
26:55Le sentiment de marché a fortement évolué là-dessus.
26:59Je pense qu'il faut essayer de quantifier l'ampleur des mesures de relance
27:04qui ont été annoncées par les autorités chinoises.
27:07D'un point de vue monétaire, de la Banque centrale de Chine...
27:10Là, on a des détails.
27:12Exactement.
27:14Sur des taux de marché, on les voit, on les observe.
27:18C'est pas aussi important que la dernière crise de confiance avérée qu'on a vécue,
27:24à savoir 2015-2016.
27:27Ça, c'est le premier point.
27:29D'un point de vue budgétaire, c'est deux à trois fois moins important
27:32en termes de pourcentage de points de PIB aussi.
27:34Mon analyse de la situation en Chine, c'est que ces mesures de relance...
27:38D'ailleurs, c'est pas le bon terme, à mon sens.
27:40C'est pas des mesures de soutien, de stabilisation.
27:44J'accepte, je prends l'idée.
27:46On voit que le marché immobilier se dégrade de mois en mois, de trimestre en trimestre.
27:50La Banque centrale dit qu'on veut ramener une stabilité de la croissance
27:53et un rebond modéré des prix.
27:55Ça reste assez nuancé.
27:57Exactement. L'enjeu, c'est la confiance.
27:59La confiance du consommateur, la confiance du secteur immobilier.
28:01Donc ça, il va falloir accumuler un certain nombre de bonnes données, etc.
28:04Ça ne change pas en un claquement de dos.
28:06Ce que dit le marché sur les actions chinoises,
28:08c'est qu'on a une expansion des multiples, pour le MCI China,
28:13qui finalement essaie d'anticiper une forme de confiance retrouvée.
28:18Je comprends.
28:19Donc c'est fébrile, de ce point de vue-là.
28:21D'ailleurs, on le voit sur les jours.
28:23Oui, c'est assez chaotique.
28:25C'est assez divergent entre la Chine offshore Hong Kong,
28:28qui est restée ouverte la semaine dernière,
28:30les marchés de Chine continentale qui ont rouvert, qui ont dû rattraper.
28:34Alexandre, qu'est-ce que vous dites sur la Chine ?
28:36Ce qui est intéressant, c'est qu'on parle effectivement du bazooka
28:39de la crise émergente à l'époque, 2015-2016.
28:41C'était un vrai bazooka.
28:42Donc, de manière indiscriminée, on tire partout.
28:44Ce qui peut apparaître comme des mesures plus intelligentes,
28:47c'est-à-dire plus ciblées, plus modérées,
28:49et qui tapent un peu partout.
28:51C'est-à-dire qu'on abaisse les taux court terme,
28:53les ratios prudentiels pour les banques,
28:55les taux immobiliers pour ceux qui ont déjà des crédits en cours.
28:58Alors que les mesures qui étaient prises il y a à peu près un an,
29:01un an et demi,
29:02c'était des mesures pour éviter le choc systémique.
29:04On s'assure déjà que les mastes d'ondes de l'immobilier ne s'affaissent pas
29:07et n'entraînent pas l'économie avec.
29:09Donc, à l'époque, c'était plutôt ça.
29:11Et ensuite, on affine.
29:12C'est-à-dire qu'on dégrossit vraiment le risque.
29:14Et puis là, on arrive dans la partie plus demande intérieure
29:16où on essaie quand même de la soutenir un petit peu.
29:18Et je pense que c'est comme ça que le marché l'a perçu.
29:22C'est comme des mesures qui sont effectivement, j'aime bien le mot, soutien,
29:25soutien à un peu relance.
29:27Et s'il y a besoin de faire plus, on en fera plus.
29:29La porte reste ouverte.
29:30C'est des ballons d'essai.
29:31On va voir comment ça réagira.
29:32Ça réagit plutôt très, très bien.
29:33Peut-être probablement trop fortement, mais ça réagit quand même plutôt bien.
29:35Et on sent qu'il y a encore de la réserve derrière s'il faut aller.
29:38D'ailleurs, on a vu des déceptions sur une communication il y a 24 heures.
29:41Probablement une communication plus positive ce samedi.
29:43Si elle n'est pas assez positive, elle sera peut-être plus positive.
29:44Oui, c'est ça.
29:45On a l'impression que ça ne les gêne pas.
29:46À chaque déception, on donne un nouveau rendez-vous.
29:48Ça ne les gêne pas.
29:49C'est la course à l'échalote.
29:50Mais bon, oui, oui.
29:51Ensuite, il y a un deuxième aspect.
29:52Le deuxième aspect, c'est que le rebond peut paraître incroyable.
29:55Mais prenez ce qui s'est passé sur la tech, par exemple.
29:57Virginie Collet est bien la tech américaine.
29:59Mais c'est là qu'on parle la tech chinoise.
30:00À une époque, on comparait les deux.
30:01C'était les gros concurrents.
30:02On voyait les Tencent rivaliser avec les gens de la tech américaine.
30:05Et puis, ça s'est complètement effondré.
30:07Entre le sommet de 2021 et le point bas qui était à peine, même pas un an et demi après,
30:11il s'est passé 75 % de baisse.
30:13Donc, c'est le quelconque d'une bulle Internet qu'on a eue sur les marchés chinois américains.
30:16Les marchés chinois, pardon.
30:17Donc, les revoirs des valeurs tech, ce qui était le cas à faire 50 % en 12 jours, c'est beaucoup.
30:21Mais vous partez de tellement bas que…
30:23Vous êtes à la hauteur de la défiance et du niveau, des niveaux de faiblesse qui avaient été atteints.
30:27Et donc, c'est pour ça qu'il ne faut pas s'affoler.
30:28Si derrière, le marché refait moins 15, moins 20, même moins 30 derrière,
30:30il peut retracer trois quarts du rebond.
30:32Mais je pense que les bottom, par contre, je pense à la fois sur les gros indices type MSCI Emerging
30:37où le bottom, depuis trois ans, est formé.
30:39Et sur les gros indices chinois, je pense aussi que la capitulation a eu lieu en 2022,
30:43ou pire, c'est-à-dire la Chine confinée, suraction réglementaire, etc., l'économie qui s'est affaissée.
30:49Là, on sent que le bottom, la capitulation est intervenue
30:51et qu'on est dans un bottom large qui va du temps à se former,
30:53mais qu'il faut plutôt essayer de jouer les creux en rachat,
30:56plutôt que de se dire « je vais reshorter tout ça pour aller… »
30:58C'est plutôt quand le marché relâche 15, 20 %, mieux vaut essayer de racheter un peu
31:01que d'essayer de tout refourguer rapidement, je pense.
31:03Bon, puis on verra.
31:04Là aussi, ils ont l'horizon de l'élection américaine, j'imagine, côté chinois.
31:08Enfin, je veux dire…
31:09Là aussi, il y a peut-être un peu de règle politique.
31:11L'Inde qui monte en puissance, la Chine le voit.
31:13Les flux directs d'investissement étrangers, c'était la douche froide ces derniers ans.
31:17Donc, il y a un besoin de réalité économique qui s'impose.
31:20Et ça, je trouve ça plutôt bien de voir la Chine réagir à ce moment-là.
31:23Florent, c'est une économie chinoise stabilisée, on va le dire comme ça.
31:27C'est bon pour la Chine, c'est bon pour nous aussi en Europe.
31:30Enfin, je veux dire, il y a encore l'idée que ça peut générer des effets d'entraînement
31:34pour des économies très industrielles, manufacturières, type Allemagne, par exemple.
31:38Oui, il y a des canaux de transmission qui sont évidents, en effet.
31:41Mais qui restent valables aujourd'hui dans le monde 2024, quoi.
31:44Je pense que ça s'est entendu.
31:46C'est-à-dire que je trouve assez modeste, finalement, ces plans qui ont été annoncés.
31:50C'est difficile d'envisager que ça ait un effet bénéfique très important là-dessus.
31:55Donc, en réalité, ça amène à la réflexion suivante, c'est de se dire que la Chine,
31:59si véritablement elle veut non pas stabiliser mais relancer les choses,
32:03il va falloir s'attendre potentiellement à d'autres mesures.
32:06Et là, dans ce cadre-là, effectivement, les canaux de transmission sont assez connus.
32:11C'est-à-dire que l'industrie manufacturière chinoise repart,
32:15l'industrie manufacturière américaine, européenne, etc.
32:18Et concrètement, ça veut dire plus de croissance, plus d'inflation.
32:21Le sujet, quand même, c'est un peu le bémol que j'apporte, c'est que le monde a un peu changé.
32:26C'est-à-dire qu'on parle beaucoup de dériscage.
32:28Il y a des concurrences accrues et des mesures douanières aussi qui sont appliquées,
32:33même du côté de l'Europe vis-à-vis de la Chine.
32:35Donc ça limite un peu le potentiel.
32:37Et à minima, en réalité, et ça rejoint un peu le risque géopolitique,
32:42question à laquelle je n'ai pas répondu d'ailleurs,
32:45mais en réalité ça peut rendre les banques centrales nerveuses.
32:48Parce que c'est tous les événements qui sont un peu hors de leur portée.
32:51En réalité, le fait que la Chine ait été dans une aussi mauvaise situation économique jusqu'à présent
32:58a été très bénéfique pour les banques centrales.
33:00Parce qu'on a eu une importation de déflation.
33:03Ça peut potentiellement l'être un peu plus, ou à minima,
33:06vu qu'on est désormais proche de la cible du côté de la Fed.
33:11Et des banques centrales nerveuses, c'est des banques centrales moins lisibles pour le marché,
33:14pour les investisseurs, moins sûres d'elles, moins en confiance ?
33:17Bien sûr, ça c'est quelque chose sur lequel ils ne peuvent pas avoir d'emprise,
33:19donc c'est difficile.
33:20Et puis les risques géopolitiques, c'est terrible.
33:22Parce que les risques géopolitiques, c'est des chocs d'offres.
33:25Et les chocs d'offres, les banques centrales ne savent pas véritablement bien d'y répondre.
33:29C'est soit on soutient l'économie parce qu'un choc d'offres c'est potentiellement récessif,
33:35soit on reste dans la politique monétaire parce que c'est inflationniste.
33:39Donc après, pareil, il y a une recherche abondante sur ce sujet.
33:42Mais on sort de l'exemple récent.
33:45Il semblerait que certaines banques centrales aient plutôt envie de soutenir la consommation à court terme,
33:49mais qu'à long terme elles montrent les taux d'intérêt.
33:51Mais ça, encore une fois, c'est des arbitrages qui sont très difficiles à faire pour les banques centrales.
33:56Je comprends.
33:57Des banques centrales nerveuses.
33:58Ça rendrait les banques centrales nerveuses.
34:00On est de toute façon rentrés dans un régime macro beaucoup plus volatil avec tous ces sujets-là.
34:04Un mot des entreprises, alors.
34:06Virginie, on va attaquer la saison de résultats.
34:08Qu'est-ce que vous attendez des boîtes américaines, celles que vous suivez ?
34:11Et puis en termes d'investissement, qu'est-ce que vous aimez dans le marché américain aujourd'hui ?
34:14Qu'est-ce qu'on attend ?
34:15On attend plutôt un bon trimestre, justement.
34:18Alors bon, il y a beaucoup de différenciations, c'est toujours pareil.
34:21Après, à mettre en relation avec les valorisations et les attentes sur chacun des entreprises.
34:26Chacune des entreprises, évidemment.
34:28Est-ce que le marché et les investisseurs ont changé un peu leur focale au-delà des 7 magnifiques ?
34:32Est-ce que ça se ressent ? Est-ce que ça va se voir aussi dans les résultats ?
34:35Je pense qu'au-delà des 7 magnifiques, les consensus ne sont pas trop ambitieux.
34:45Or, 7 magnifiques, c'est raisonnable.
34:47Oui, tout à fait.
34:48Donc bon, il faudra voir.
34:50Mais là, une fois de plus, après, sur le long terme, il faut savoir.
34:53Moi, je pense que l'IA va disrupter partout, à tous les étages.
34:56Donc c'est encore un nouvel élément à analyser pour nous.
35:02Après, qu'est-ce qu'on aime ?
35:06Même regarder Pepsi qui a publié.
35:08Parce qu'il y a déjà des sociétés qui ont publié.
35:10Pepsi qui a publié, ce n'était pas fantastique.
35:16On aurait pu même voir un petit peu de déception.
35:18Et finalement, le titre a monté derrière.
35:20Donc j'ai le sentiment que le marché est plus porté par une visibilité long terme.
35:28Voilà, il a besoin d'y voir clair.
35:30Et donc, Pepsi, finalement, ça a été plutôt bien pris.
35:34Bon, je pense que c'était pourtant un petit peu décevant.
35:37Donc, qu'est-ce qu'on attend ?
35:39Plutôt de bonnes nouvelles, j'espère, sur nos dossiers.
35:42Est-ce que les entreprises de taille moyenne ou plus petite,
35:45est-ce qu'elles peuvent à nouveau attirer de l'intérêt ?
35:49Oui, oui, absolument.
35:50Parce qu'elles ont été beaucoup d'irrêtées, en fait.
35:52Là, les facteurs sont en place pour que le marché puisse quand même revaloriser ce segment-là.
36:01Il y a des effets de mode, on le sait bien.
36:03Il y a des rotations comme ça qui peuvent se mettre en place.
36:08Non, je pense que le marché, ce n'est pas un trimestre trop ambitieux.
36:14On a toujours des sujets, on le sait bien, on ne va pas parler d'Nvidia.
36:18Mais, bon, avec la lumière de TSMC, on peut se dire, ah bah tiens !
36:23Oui, ce n'est peut-être pas le trimestre où Nvidia va crasher, j'en sais rien, on verra.
36:27Mais sur les plus petites entreprises, je pense que le momentum est là.
36:34Oui, oui, avec Sander.
36:35Virginie, l'aspect rotation, je crois qu'il va dire plus important.
36:38Il y a déjà quelques exemples quand même sur les smalls qui, à mon avis,
36:41surperformaient les larges de manière très, très importante.
36:43Alors, c'est vrai qu'avec la résidence, l'économie qui est en train de rebonder,
36:47on peut se dire, bon, ça, par contre, pour les smalls, du coup, c'est la fête,
36:50hésite un peu à continuer, ça s'encile tout de suite, ça peut les freiner un peu.
36:53Mais, effectivement, je suis d'accord avec Virginie, il y avait une survente des smalls
36:56et une divergence massive tout l'épisode 2021, surtout 2022-2023,
37:00où les smalls raclaient encore le fonds, alors que les larges battaient record sur record.
37:04Et on pressait déjà de la récession, en fait, à l'époque, sur les smalls,
37:06mais qui n'est jamais arrivé.
37:07Donc, même si maintenant, et ce qui me semblerait être logique,
37:09on assiste à un ralentissement, quand même, à venir de l'économie américaine,
37:12parce qu'il faut quand même ramener l'inflation vers les 2%,
37:14et il faudra quand même y arriver, ça fait quand même partie du mandat,
37:16même si on a assez pivoté sur l'emploi, je pense que, même s'il y a des retracements,
37:20on ne reverra pas les points bas de 2021-2022,
37:22c'est-à-dire que je pense qu'il y a toujours du vrai potentiel,
37:24et justement, de la rotation.
37:25Et c'est ça qui fait que moi, je suis un peu plus méfiant sur les...
37:27Alors, pas les larges capes, peut-être spécialement, mais certaines larges capes,
37:30parce que je pense qu'il y a des flux qui peuvent s'orienter sur les smalls
37:33et aussi, peut-être, une orientation un peu géographique.
37:35On sait que pour beaucoup de gérants...
37:37Alors, c'est vrai que l'Europe envoie un message en ce moment qui n'est vraiment pas top,
37:39mais il y a encore deux mois de ça,
37:41beaucoup de gérants disaient, oui, l'Europe, on voit les choses positivement.
37:43Moi, je vois toujours positivement.
37:44Je pense qu'Italie a encore du jus de vent sans aucun problème ou autre.
37:47Les choses changent sur la partie sud de l'Europe.
37:49Donc, je verrais bien aussi une réorientation un peu géographique.
37:51La Chine, qui va un peu mieux, ça peut, à la marge,
37:54mais réorienter un petit peu les flux, pas que spéculatifs qu'on a vus ces derniers temps,
37:57mais des flux peut-être un peu plus structurels,
37:59et un peu plus de smart money là-dessus.
38:00Donc, voilà, je verrais bien.
38:02L'Europe n'est pas beaucoup plus bas que ce qu'on a vu.
38:05La Chine se stabilise et va repartir un peu.
38:07L'Estonie a du potentiel.
38:08Il y a vraiment des méga-caps US, ou très larges caps.
38:12On connaît une période...
38:14Stagnée un peu plus.
38:15Plus stagnante.
38:16Non, mais c'est bien.
38:17Si ça se passe comme ça, c'est bien.
38:19La phase de 14-16.
38:21On avait une phase...
38:22Oui, latérale, un peu.
38:24Que d'autres en profitent.
38:26Que le momentum se diffuse un petit peu en dehors de ce seul groupe de valeurs.
38:31Rapidement, en une minute, sur la BCE.
38:33Oui, c'est fait la semaine prochaine, 25 points de base.
38:36Ça va aller plus vite encore demain, Florent ?
38:39Il y aura à un moment cette nécessité ?
38:41Moi, la nécessité, oui, elle est présente.
38:44Dans mes prévisions, j'ai octobre, décembre et janvier.
38:47À 25 ?
38:48À 25, à chaque fois.
38:49Je pense que là, effectivement, le marché anticipe bien les choses.
38:53Peut-être un peu moins sur 2025.
38:57Mais on aura l'occasion de parler.
38:59C'est bien, trois mois déjà, trois réunions.
39:02C'est un bon horizon.
39:04Merci à vous trois d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
39:07Florent Vabon, économiste chez ECOFI.
39:09Virginie Robert, présidente de Constance Associée.
39:11Et Alexandre Baradez, bien sûr, chef analyste chez IG.