Mardi 5 novembre 2024, SMART BOURSE reçoit Thierry Guille (Président, Raymond James France) , Gilles Moëc (Chef économiste, Groupe Axa) , Evelyn Herrmann (Économiste Europe, Bank of America Global Research) et Thomas Friedberger (Directeur général adjoint, Tikehau Capital)
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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart for Change pour rester
00:12à l'écoute des marchés chaque jour du lundi au vendredi à 17h si vous nous suivez
00:15en direct à la télévision via vos box, émissions que vous retrouvez chaque soir
00:19bien sûr en replay sur notre site bsmart.fr ou encore à l'heure qu'il vous plaira
00:23en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:26Au sommaire de cette édition ce soir, les derniers moments d'attente avant la fin
00:32en tout cas du processus de vote et de l'élection présidentielle américaine.
00:37Pour les résultats, on verra si des résultats fiables peuvent être fournis, délivrés
00:44dans les prochaines heures à l'issue de ce scrutin.
00:46En tout cas, on va passer à une autre étape, les marchés, les investisseurs vont pouvoir
00:51passer à une autre étape qui va être celle de digérer les résultats qui sortiront
00:56bien à un moment ou à un autre des urnes américaines.
00:59Dans ce domaine, intéressant de constater que les premières institutions qui seront
01:04amenées à prendre des décisions immédiatement dans le sillage de cette élection américaine
01:09sont des banques centrales puisque nous aurons la décision par exemple de la banque centrale
01:13du Brésil.
01:14Attendue demain, la banque centrale du Brésil qui a commencé depuis son meeting de septembre
01:19à remonter d'un cran ses taux d'intérêt après les avoir largement ajustés à la
01:24baisse.
01:25La Fed bien sûr qui se prononcera sur sa décision de politique monétaire ce jeudi
01:30exceptionnellement le 7 novembre et puis la banque d'Angleterre également qui sera amenée
01:35à décider de son réglage de politique monétaire ce jeudi dans le sillage du budget qui a été
01:41présenté par le parti Labour les derniers jours pour le programme budgétaire britannique.
01:49La Fed sera donc en première ligne dans cette affaire, nous discuterons de tous ces enjeux
01:52bien sûr avec nos invités de Planète Marché dans un instant et puis la réponse du monde
01:57face à l'élection américaine, face aux risques Trump bien sûr, mais quoi qu'il
02:01en soit que ce soit Trump ou Harris à la Maison Blanche, l'Europe a besoin d'un changement
02:07radical.
02:08Nous en discuterons spécifiquement avec Gilles Mouet qui sera avec nous en visioconférence
02:12dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse ce soir, le chef économiste du groupe Axa
02:16sera également notre invité.
02:22Tendance mon ami, chaque soir c'est en ouverture de Smart Bourse Pauline Grattel qui vous apporte
02:32les infos clés du jour sur les marchés.
02:33Bonsoir Pauline.
02:34Bonsoir.
02:35L'élection américaine est bien sûr dans tous les esprits de la Planète Marché.
02:38Voilà comme hier l'élection US gèle la prise de risque sur les marchés, le CAC 40
02:43est d'autour de l'équilibre aujourd'hui, cette tendance est d'ailleurs partagée par
02:46les grands indices européens.
02:48Qu'en est-il des autres marchés notamment du marché obligataire aujourd'hui ?
02:51Le rendement américain à 10 ans reste ferme autour de 4,35% dans l'attente des résultats
02:56de l'élection et après un ISM service plus fort que prévu en octobre, l'indicateur
03:01d'activité ressort à 56% au global avec une très nette amélioration de la sous-composante emploi.
03:07Dans les enquêtes de conjoncture du jour, les investisseurs ont également pris connaissance
03:11du PMI Service britannique pour le mois d'octobre.
03:13Oui, cet indicateur montre que l'activité des services est au plus bas depuis presque
03:17un an à 52%.
03:19Pour rappel, la banque d'Angleterre rendra sa décision monétaire jeudi, l'institution
03:23estime que l'inflation dans les services est un élément central de son cycle de baisse
03:27des taux.
03:28En attendant, le rendement de l'obligation britannique à 10 ans atteint 4,55%, un plus
03:33haut de l'année.
03:34Du côté des entreprises, la saison de publication de résultats se poursuit et on peut le dire
03:38ainsi, Palantir aux Etats-Unis est en train de prendre beaucoup de hauteur et d'épaisseur
03:43au sein du S&P 500.
03:45Oui, Palantir signe une hausse de 20% à l'ouverture de Wall Street.
03:48L'entreprise publie ses résultats et évoque une demande inébranlable sur l'intelligence
03:52artificielle.
03:53Palantir dépasse les attentes de chiffre d'affaires et de bénéfice net sur le troisième
03:57trimestre et relève ses prévisions annuelles.
04:00En Europe et à Paris, Bouygues est aujourd'hui en tête du CAC 40.
04:03Oui, les investisseurs saluent la publication du troisième trimestre.
04:06Bouygues fait état d'un carnet de commandes à un niveau très élevé offrant de la visibilité
04:11sur l'activité future.
04:12Sur les neuf premiers mois de l'année, le bénéfice net s'élève à plus de 680 millions
04:17d'euros.
04:18Bouygues confirme également ses perspectives annuelles.
04:20Le titre progresse de 4% au cours de la séance.
04:22Et puis dans le secteur du retail, du commerce, alors que Casino est tombé et qu'Auchan
04:28se restructure lourdement, Carrefour de son côté réfléchit à différentes options
04:32pour améliorer sa valorisation.
04:34Information rapportée hier soir par l'agence Bloomberg.
04:36Oui, parmi ces options, Bloomberg évoque des acquisitions et des cessions d'actifs
04:40pour améliorer sa valorisation boursière.
04:42Carrefour pourrait même céder tout ou partie de son capital si un prétendant intéressé
04:46se manifestait.
04:47Le titre était en hausse de plus de 3% à l'ouverture des marchés ce matin avant de
04:52rendre un peu de performance.
04:53Et puis après presque deux mois, la grève touche à sa fin chez Bouygues.
04:58Oui, les ouvriers en grève ont accepté un accord salarial comprenant une hausse de salaire
05:02de 38% sur quatre ans.
05:04Cet accord permettra donc de reprendre les productions des avions dont les livraisons
05:08ont pris beaucoup de retard.
05:10Le titre est à l'équilibre aujourd'hui.
05:12Que peut-on dire de l'agenda de demain sur les marchés Pauline ?
05:14Demain, les investisseurs prendront connaissance des estimations finales des PMI d'octobre,
05:18notamment pour la zone euro.
05:19Les résultats d'entreprises continuent avec ceux de crédit agricole, Toyota et Téléperformance
05:24notamment.
05:25Tendance mon ami.
05:26Chaque soir en ouverture de Smartbourse, Pauline Grattel nous apporte les infos clés du jour
05:30sur les marchés.
05:39Trois invités avec nous chaque soir autour de la table pour décrypter les mouvements
05:43de la planète marché.
05:45Evelyne Herrmann est à nos côtés, économiste Europe chez Bank of America Global Research.
05:49Bonsoir Evelyne.
05:50Bonsoir.
05:51Thomas Friedberger nous accompagne également, directeur général adjoint de Ticket au Capital.
05:54Bonsoir Thomas.
05:55Bonsoir Grégoire.
05:56Et Thierry Guille avec nous autour de cette table, le président de Raymond James France.
06:00Bonsoir Thierry.
06:01Bonsoir Grégoire.
06:02Thierry, vous nous avez fait la gentillesse de venir avec les résultats de l'élection
06:05américaine, pour mettre fin au suspense, en tout cas les résultats tels que modélisés
06:10par l'analyste politique de la maison Raymond James à Washington, vous êtes venu avec
06:16les slides qui ont été présentés, qui sont très à jour, ce n'est pas des modèles
06:26ou des estimations qui datent d'il y a trois semaines, parce que ça a bougé quand même
06:30encore assez vite ces dernières semaines.
06:32Ça a l'air d'hier soir, on a fait un J plus 1 hier soir, il y aura un J plus 1 demain.
06:36D'accord.
06:37Bon, que peut-on dire du résultat potentiel de cette élection américaine telle que modélisée
06:41par votre analyste politique ?
06:42Alors, j'aurais aimé vous donner les résultats, ce n'est pas le cas, en fait depuis maintenant
06:46plusieurs mois, on tient une espèce de tableau de bord, en revenant en fait sur trois aspects
06:51de l'élection américaine, la présidence et le congrès dans sa globalité, qui comprend
06:56le Sénat et la Chambre des représentants.
06:59Du côté du congrès, globalement, aujourd'hui, vous avez donc le Sénat américain pour mémoire
07:06qui en fait change pour un tiers de ses membres, il y a 100 membres.
07:1034 sièges.
07:1134 sièges à renouveler cette année, un tiers tous les deux ans, donc il change en intégralité
07:14tous les six ans.
07:15Et sur les 34 sièges, il y a 23 sièges côté démocrate, donc les démocrates ont plus à
07:19perdre.
07:20Et du côté du Sénat, selon notre analyste basé à Washington, il part du principe que
07:24le contenu du découpage électoral des personnalités et des élections de mi-mandat qu'on a obtenu
07:30à 75%, c'est assez tranché, ça devrait être une victoire pour les républicains.
07:34Là-dessus, je crois qu'il n'y a pas que nous, il y a pas mal de nos confrères qui
07:38sont un petit peu sur le même postulat.
07:39Du côté de la Chambre, ça peut paraître effectivement un peu bizarre, mais là aussi,
07:44il faut prendre en compte les personnalités locales, le système de vote, qui est le même
07:48que pour la présidence ou pour le Sénat, mais dans le découpage, et là par contre
07:52on est plus sur un schéma.
07:53Aujourd'hui, les républicains sont majoritaires, mais de très peu de sièges, de deux sièges
07:57je crois de mémoire, et là on parait plutôt sur une victoire des démocrates.
08:00Donc pour résumer au niveau du Congrès, on part vers une cohabitation.
08:03Après, la question qui se pose, c'est effectivement l'élection du Président lui-même.
08:08Et donc c'est là où on en vient, aux fameux états clés, aux fameux états pivots, c'est
08:13ça Thierry ?
08:14Alors, sur les sept états clés, c'est le deuxième slide que je vous ai apporté.
08:18Arizona, Géorgie, Michigan, North Carolina, Pennsylvanie, Michigan, Wisconsin aussi.
08:26Là, ce que je voulais vous montrer sur ce slide, on n'a pas forcément le résultat,
08:32encore une fois, on est dans la marge d'erreur, comme vous voyez la colonne de droite, elle
08:35date du 3 novembre, donc elle est toute récente.
08:37Ce qui est intéressant, c'est de voir l'évolution depuis fin...
08:40Donc ça c'est la première colonne, c'est quand Trump était opposé à Biden, deuxième
08:45colonne, c'est l'entrée en liste de Kamala Harris avec effectivement les dernières estimations
08:50qui datent d'hier ou d'avant-hier, c'est ça ?
08:51Exact.
08:52C'est-à-dire qu'en fait, quand on prend la première ligne, par exemple, à Z, c'est
08:54l'Arizona.
08:55Trump avait fin juillet environ presque 5,8% d'avance, presque 600 points de base d'avance,
09:01et on voit très clairement que les tendances, tous les états confondus, a largement fondu.
09:05Il a toutefois toujours, selon, encore une fois, cette liste, une légère avance, mais
09:10on voit qu'Harris pointe le bout de son nez, si je peux me permettre, et c'est là où ça
09:15rend la situation difficile.
09:17Pas mal d'analyses considèrent que la Pennsylvanie pourrait être le faiseur de rois ou de reines,
09:23on verra, il y a 19 sièges à la clé, ça va donner un peu la tendance.
09:27Mais c'est effectivement, encore une fois, nous on a, j'ai beaucoup échangé avec les
09:32gens de notre maison maire aux Etats-Unis, et on a essayé un petit peu de prendre le
09:35pouls, le sentiment, et tout le monde s'accorde à dire « it's too close to call », comme
09:39on dit, « c'est trop serré pour s'engager aujourd'hui ». Il semblerait que depuis
09:4424 heures, certains derniers instituts ont l'air de dire qu'il y a un petit peu une
09:48remontée de Kamala Harris, à voir, on verra demain, le sujet, après...
09:52On a vu un sondage dans l'Iowa, c'est ça, qui a pu faire bouger peut-être le marché
09:57hier, sondage qui est paru ce week-end, qui visiblement a conduit les investisseurs ou
10:01les spéculateurs, peut-être même d'ailleurs à ce niveau-là, à abattre un petit peu
10:05du trade Trump qui prévalait depuis deux semaines. On a vu le dollar baisser un peu
10:09hier, par exemple.
10:10Oui, et puis le trade Trump, il est largement joué depuis des semaines et des semaines.
10:13Il y a à la fois du prix de profit, la volonté de jouer autre chose. La vraie question qui
10:17va se peser pour nous tous, c'est quand pourra-t-on espérer avoir un résultat définitif ?
10:21C'est une question difficile, ça, Thierry, vous pensez ?
10:24Difficile...
10:25Ce n'est pas évident que demain, à 5h ou 6h du matin, on ait suffisamment d'éléments
10:31pour que... Alors, historiquement, c'est l'agence AP, Associated Press, qui appelle,
10:36qui donne le résultat et qui est ensuite repris par l'ensemble des networks américains.
10:41Ce n'est pas évident qu'on ait ce moment-là demain au petit matin.
10:46Ce n'est pas évident. Je vais dire deux rapides exemples, je vais essayer d'être assez rapide.
10:49En 2020, lorsque George Bush gagne contre Al Gore, il a fallu pratiquement deux mois.
10:55Oui, en Floride.
10:56Et c'était un État qui a fait la différence et sur un écart d'un peu plus de 500 voix.
11:00Et le SNP avait perdu quoi ? Plus de 10% peut-être dans l'intervalle ?
11:038% dans l'intervalle.
11:04L'autre exemple, c'est l'exemple de Trump en 2020 contre Biden.
11:10Là, c'était plus court.
11:11Dès le 8 novembre, enfin moins d'un mois après, ça a été validé par l'Associated Press.
11:17Mais dès trois jours après, on savait que c'était plutôt lui.
11:20Après, on connaît tous les problèmes qu'a soulevés Trump.
11:23C'était plus rapide.
11:24Mais voilà, ça peut être une question de jours, de quelques semaines.
11:28On ne pense pas que ça prendra deux mois.
11:30Un truc qui me frappe Thierry, mais je ferai tourner la parole là-dessus, c'est que l'économie
11:37n'est plus un facteur, ou la santé d'une économie ne semble plus être, en tout cas
11:41dans cette élection américaine, un facteur déterminant ou un avantage en tout cas pour
11:46une candidate, en l'occurrence, qui s'inscrit quand même dans la continuité de l'administration
11:50Biden.
11:51C'est-à-dire qu'il y avait cette fameuse idée propagée, amplifiée par Clinton, « it's
11:57the economy, stupid ». À la fin de la journée, visiblement, ce n'est pas ce qui va faire
12:01le vote des électeurs américains.
12:03Parce que tous les économistes décrivent quand même, on peut en débattre, discuter,
12:07nuancer, mais tous les économistes quand même décrivent une situation économique
12:11américaine qui reste impressionnante par rapport au reste du monde et par rapport à
12:16ce qu'on aurait pu imaginer à l'issue de la crise pandémique, etc.
12:20Les Américains ont un terme qu'on m'avait appris il y a pas mal d'années, on appelle
12:24ça le « perception change ». C'est-à-dire que vous avez vraiment donné la perception
12:26des choses et la réalité.
12:28Et vous avez un candidat républicain, Trump, qui vous martèle que tout va mal depuis des
12:32mois et des mois, quand ce n'est pas plus longtemps.
12:34Cette idée, elle fait son chemin dans une partie de son corps électoral qui n'a pas
12:38fait son « due deal ». C'est-à-dire qu'en fait, quand vous interrogez n'importe quel
12:41moteur de recherche, moi je l'ai fait à titre personnel, j'ai dit, j'ai voulu comparer
12:45le sandarin pour 500, j'ai voulu comparer l'évolution du PIB, j'ai voulu comparer
12:49les déficits publics.
12:50Rien, je dis bien rien, ne laisse penser aujourd'hui que la mandature de Biden ait été plus mauvaise
12:55que celle de Trump.
12:56C'est dans la perception des gens et ça, c'est l'impact de l'inflation.
12:59Je dirais que pour beaucoup de gens, une récession encore, c'est un autre cas de figure, on ne
13:03va peut-être pas le développer ici, mais l'inflation, ça touche tout le monde.
13:06Et en fait, la personne qui va faire le plein d'essence, les gens qui vont faire leurs
13:09courses, ça touche tout le monde.
13:11C'est-à-dire que ça touche même encore plus des catégories de population, les moins
13:15favorisées et les plus défavorisées.
13:17Et je pense que c'est là-dessus en fait que Trump met l'accent et c'est ce qui pèse
13:21un petit peu ou redonne ce sentiment qu'avec Biden, c'était moins bien.
13:25Toujours frappé de voir dans les sondages, l'opinion, les enquêtes de confiance auprès
13:28des ménages, etc.
13:29On a la polarisation des enquêtes avec les Républicains et les Démocrates du panel.
13:34Les Républicains, enfin ceux qui sont interrogés, les ménages dits Républicains, estiment
13:39que l'économie américaine est au fond du gouffre aujourd'hui.
13:42Jamais il n'y a eu pire situation économique aux États-Unis.
13:46Taux de chômage 4,1, PIB 2,8, hausse des salaires 4,20, voilà, je veux dire, on pourrait
13:52donner une mécanique chiffre.
13:53Qu'est-ce qui compte sur le plan macroéconomique ou en tout cas sur les marges de manœuvre
13:58économique de la future administration américaine dans cette élection pour vous aujourd'hui,
14:03Evelyne ?
14:04D'un point de vue américain ou d'un point de vue européen ?
14:06Peut-être d'un point de vue américain, mais évidemment, vous êtes spécialiste
14:10de l'économie européenne et au-delà des États-Unis, moi ce qui m'intéresse beaucoup
14:14c'est la réponse du monde et la réaction des autres zones économiques.
14:17Alors pour les États-Unis, je pense qu'on est tous d'accord, l'économie est dans
14:20un très bon état et a priori, là où nos collègues diront qu'il faut faire beaucoup
14:25attention, c'est effectivement la future politique budgétaire.
14:28À quel point ça peut être, dans les scénarios suits, c'est peut-être le plus extrême
14:34en ce qui implique aussi la trajectoire des déficits budgétaires et compagnie et donc
14:39du coup, le soutien qu'on peut y avoir sur une certaine partie de l'économie, mais
14:44on préconise quand même des conclusions apparemment trop simples, donc du coup les
14:49politiques de migration peuvent peser sur la croissance puisque c'est un phénomène
14:53d'offres mais aussi de demandes effectivement, la politique de guerre commerciale, ça peut
14:59également peser sur l'économie dans l'agrégat parce que c'est un choc d'incertitude qui
15:03pèse beaucoup sur l'investissement et c'est peut-être là la transition en Europe.
15:09Pour l'Europe, il y a cette composition de potentielles tensions commerciales avec les
15:16US, soit avec les US directement, soit entre les US et la Chine, on a eu l'expérience
15:22de 2018-2019 de ce que ça fait avec le niveau d'incertitude dans l'économie, on a fait
15:28l'expérience à quel point ça peut peser sur les investissements même sans avoir des
15:35tarifs supplémentaires vis-à-vis des exportations européennes eux-mêmes. Donc du coup, ça
15:39c'est la composante que nous d'un point de vue Europe, on regarde de plus près, notamment
15:44dans la perspective que l'économie européenne ne va pas très bien pour commencer, on n'a
15:51pas du tout le même point de départ que les Etats-Unis, on a une insuffisance de demande
15:56interne, on a une insuffisance de demande externe, nos marchés d'exportation et notamment
16:01la Chine restent assez affaiblis, donc du coup, si on rajoute un choc d'incertitude voire
16:07même un choc de tarifs supplémentaires, ça peut significativement peser sur cette
16:13reprise sur laquelle je pense que tout le monde compte pour l'année prochaine et pour
16:172026.
16:18Ça peut changer le scénario de cette reprise européenne, le faire basculer alors, j'allais
16:24dire, au mieux vers une année de stagnation supplémentaire, voire quelque chose de plus
16:29récessif encore ?
16:30Ça dépend un peu des économies desquelles on regarde, donc du coup, la zone euro dans
16:35son agrégat, elle est quand même en train de croître un tout petit peu, on a un taux
16:39de croissance de 0,7 pour cette année dans la prévision.
16:42C'est aussi la périphérie.
16:43Oui.
16:44Ce n'est pas l'Allemagne qui a un taux de croissance de 0 depuis 2019, donc du coup,
16:50ça, on est d'accord que ça ne vient pas de là.
16:52La France y contribue quand même un peu, même si en France, on a la même tendance
16:58à toujours dire que l'économie va mal quand elle n'est pas si mal que ça, mais c'est
17:04vrai que si vraiment on a un choc d'incertitude ou un choc sur tout ce qui est exportation,
17:09ça pèse plus lourd sur l'économie qui est la plus exportatrice en zone euro, et c'est
17:13l'Allemagne.
17:14Donc du coup, c'est là qu'on s'attend à une reprise cyclique.
17:16S'il y a une baisse, s'il y en a encore, une année de zéro croissance, ça devient
17:19très compliqué parce qu'on voit déjà certains composants du marché du travail
17:23qui sont en train de se dégrader significativement, notamment l'emploi dans le secteur privé.
17:27En Allemagne, spécifiquement ?
17:28Oui.
17:29On a le glissement annuel des emplois dans le secteur manufacturier, il est négatif.
17:34Dans les services, on est arrivé à zéro, donc là, ce qui maintient un rythme de croissance
17:38dans l'emploi, c'est le secteur public.
17:40D'accord.
17:41Parce que c'était un des arguments du Joachim Nagel, je crois, il y a encore quelques semaines
17:43ou au mois de septembre, de dire, attention, l'Allemagne, effectivement, il y a une mauvaise
17:47réputation qui entoure l'Allemagne, mais moi, je regarde, on est au plein emploi, le
17:50marché du travail va bien, le bilan des entreprises est bon, etc.
17:53Bon, on parle des dégradations légères, on n'est pas en mode récession, mais ceci
17:57dit, la marge de continuer à un taux de croissance zéro diminue quand même très rapidement.
18:02Et comme tu disais juste, si on n'a pas cette reprise cyclique en Allemagne, d'un taux
18:07de croissance zéro vers un taux de croissance plus proche de 1% l'année prochaine pour
18:11des raisons liées à la demande externe ou liées aux incertitudes, aux chocs d'incertitude,
18:17ça va peser sur la zone euro dans son intégralité.
18:20Si l'Allemagne a zéro taux de croissance à la place de 80 points de base ou 1%, on
18:26enlève 30 points de base de la zone euro, il n'y a pas de reprise.
18:30Donc du coup, ça pèse, ça pèse sur les perspectives d'inflation, ça pèse sur la
18:34politique de la BCE.
18:35Donc nous, comme équipe, on est relativement bas de toute façon, on s'attend à un taux
18:39de dépôt à 1,5% à la fin de 2025.
18:41Ça, c'est dans un scénario où tout va bien.
18:44Si on part dans un scénario où l'incertitude grimpe, où on a un problème supplémentaire
18:49sur la demande internationale, voire sur la demande interne de CapEx en zone euro, on
18:54peut très bien s'imaginer une zone euro où on aura besoin d'une politique monétaire
18:58stimulatoire.
18:59Donc une BCE encore plus doviche dans le cadre d'un leadership Trump avéré aux Etats-Unis
19:07qui impliquerait à l'inverse un stance plus hawkish de la part de la réserve fédérale
19:12américaine.
19:13Potentiellement.
19:14D'accord.
19:15Donc là, un grand écart qui pourrait se créer.
19:17Oui, mais c'est quelque chose qu'on a discuté depuis 3-4 ans.
19:21Je sais, je sais.
19:22Il y a quand même des fondamentaux dans l'économie.
19:23Oui, oui, oui.
19:24Sauf qu'on a déjà du mal à y aller, enfin la BCE a déjà du mal à y aller aujourd'hui.
19:27Et les marchés aussi.
19:29Oui, mais c'est le risque.
19:31Thomas, qu'est-ce qui vous intéresse dans cette affaire américaine, cette élection
19:37et la manière dont le monde se prépare ? Quel que soit le résultat, le monde doit être
19:45prêt quand même aussi à apporter une réponse à la prochaine administration américaine.
19:49Oui, après nous on fait de l'investissement long terme donc je ne suis pas sûr que ça
19:53change grand chose à long terme, très honnêtement.
19:56Point intéressant, je veux bien qu'on en dise un mot.
19:58Je veux dire, le cycle est plus fort que Trump, les enjeux, les défis, la transition énergétique
20:03c'est plus fort que Trump.
20:05Même si les politiques climatiques sous Trump ne seront pas les mêmes que sous Harris,
20:10il y a quand même une tendance de fond puissante qui ne s'arrêtera pas à ça.
20:14Je pense qu'il y a des tendances fortes, oui.
20:15Après bon, sur le vote en lui-même et ce qu'on disait tout à l'heure sur l'économie,
20:23je pense qu'effectivement il y a pour la première fois peut-être une décorrelation
20:29entre la situation économique et le résultat de l'élection sur le candidat sortant.
20:33Mais c'est peut-être aussi dû au fait qu'il n'y a probablement jamais eu autant de gens
20:38en difficulté aux Etats-Unis.
20:39C'est-à-dire que l'économie va bien mais il n'y a jamais eu autant d'exclus de gens
20:42malades, de gens dépressifs, accros, de drogues, etc.
20:47Et donc en fait c'est aussi probablement lié à ça, c'est-à-dire qu'il y a une partie
20:51du pays qui va bien mais il y a aussi une partie du pays qui va très mal.
20:54Et donc on en revient toujours au même point, en tout cas en ce qui me concerne, c'est est-ce
20:58que le PIB c'est vraiment le bon indicateur de développement, de santé, d'épanouissement, etc.
21:04Disons que c'est un indice, c'est peut-être pas la vision la plus holistique qu'on peut avoir.
21:09Après sur le reste, je pense qu'effectivement il y a un impact court terme qui peut avoir
21:15son importance, c'est la trajectoire budgétaire, ça c'est sûr.
21:19Avec en filigrane probablement notre conviction que les taux d'intérêt long terme sont trop bas,
21:24c'est pas forcément les taux d'intérêt court terme qui sont trop hauts.
21:28Et ça, une victoire de Trump, je pense, accentuerait cette remontée des taux longs qui aura un
21:35impact probablement sur les multiples de valorisation côté equity, que ce soit coté ou non coté,
21:42mécaniquement.
21:43Et puis probablement aussi, je pense, sur les primes de risque d'une manière générale
21:47sur les actifs risqués à moyen terme.
21:50Donc là, c'est pas un Trump market positive que vous décrivez comme on a pu l'avoir au final en 2016 ?
21:56Alors, market positive sur certains secteurs et sur certaines classes d'actifs,
22:03mais sur les taux longs termes en général, je pense pas que ça soit très positif qu'il gagne.
22:10Ensuite, sur le reste, sur l'impact sur l'Europe, je sais pas.
22:15Je suis pas sûr que ça fasse une grosse différence, à part peut-être sur la guerre en Ukraine.
22:22Je suis pas un spécialiste des géopolitiques, mais j'ai l'impression quand même qu'on se
22:28dirigerait en 2025 vers des pourparlers de paix, quoi qu'il arrive, mais peut-être qu'une
22:31victoire de Trump peut les accélérer, parce qu'il annoncerait que le soutien américain
22:37se retire plus vite que si c'était Kamala Harris qui gagnait.
22:42Et après, sur les tendances fortes, on a la conviction chez nous que Trump ou pas Trump,
22:50la transition énergétique est d'une certaine manière en route aux Etats-Unis, pas pour
22:55sauver la planète, mais parce qu'adresser l'efficience énergétique de ces process
23:01industriels, de ces bâtiments...
23:02Faire tourner les data centers, quoi !
23:04Ouais, c'est un élément de compétitivité pour les entreprises, à un moment où il
23:07y a du re-insuring, où les coûts salariaux ont augmenté, parce que quand vous relocalisez
23:15de la production aux Etats-Unis, ça vous coûte plus cher, et donc en fait, sur ces
23:20sujets-là, on voit quand même une tendance assez forte sur les sujets de déficience
23:26énergétique, plus que de transition énergétique des entreprises, qui font qu'il y a une tendance
23:32très forte qui se dégage sur les apporteurs de solutions là-dedans, quoi.
23:35Et ça, que Trump gagne ou pas...
23:37Et ces stratégies d'entreprise, elles ne changeront pas, parce qu'un Trump revient
23:41à la Maison-Blanche et redonne des permis de forêt à, j'allais dire, tout le bassin
23:45Permian, etc.
23:46Honnêtement, je ne pense pas.
23:48Et je pense aussi que les Etats-Unis, collectivement, sont aussi plus malins que ça, c'est-à-dire
23:56qu'ils ont bien compris que c'était quand même une terre bénie des dieux pour les
24:00énergies renouvelables, c'est-à-dire que le Texas, qui est quand même très vocal
24:03sur...
24:05C'est quoi ? C'est le plus gros Etat solaire des Etats-Unis et du monde ?
24:08Le plus gros producteur d'énergie renouvelable des Etats-Unis.
24:10Et pourquoi ? Parce que je pense qu'ils ont parfaitement compris que quand on a beaucoup
24:16de soleil, beaucoup de vent et le potentiel de développer un parc nucléaire performant,
24:22l'indépendance énergétique, quelle que soit la trajectoire des réserves de shale et du
24:29coût du pétrole, elle peut être assurée et qu'ils peuvent parfaitement exporter leur
24:33shale beaucoup plus cher ailleurs, vers des gens qui n'en ont pas, comme nous, et que
24:38donc c'est économiquement intéressant pour eux.
24:41Bon, sur le plan effectivement des marchés, alors risque d'un peu de bruit si les résultats
24:49ne sont pas délivrés rapidement, ça je crois qu'on a compris Thierry, et ensuite, est-ce
24:56que quand même la course des marchés, la course de l'économie peut être altérée
25:03par une victoire, quelle qu'elle soit, mais en l'occurrence de Trump si c'est le risque,
25:09ou est-ce qu'il y a quand même là aussi pour vous des tendances de fond ? Je ne sais pas.
25:13Palantir nous envoie un message sur l'intelligence artificielle aujourd'hui, je ne suis pas sûr
25:16que Trump, ou Harris d'ailleurs, changerait beaucoup de choses au message envoyé par
25:22un palantir aujourd'hui qui nous dit à ce stade que la demande pour l'IA est inébranlable.
25:26C'est un exemple, pour dire qu'il y a des choses quand même aussi dans les marchés
25:31qui sont solides.
25:32Oui, alors pour remédier sur l'IA tout ce que vous avez eu depuis un mois, voire plus,
25:37sur l'IA, franchement, c'est une tendance lourde.
25:40Vous l'avez vu sur la date d'NVIDIA, vous l'avez vu sur tout ce qui est, il faut de
25:45la mémoire pour faire de l'IA, donc vous regardez les résultats même de Micron qui
25:49n'ont pas forcément été bien pris, mais il faut de la mémoire à bandes larges du
25:54HBM, les résultats étaient bons, vous regardez les datacenters, les sociétés comme Equunix,
25:59le Digital Realty, les résultats ont été excellents, après vous allez voir des sociétés
26:03comme Mirette Pacard, ou bien vous prenez des sociétés comme Dell, tout va dans le
26:08même sens.
26:09Donc là, c'est un no-brainer pour nous, la tendance va se poursuivre.
26:13Je ne suis pas sûr, pour répondre à votre première question, que les politiques et
26:16vraiment les moyens, que ça bouge beaucoup.
26:20Moi, je suis dans le métier depuis 1984, j'ai vu pas mal de choses, je n'ai pas connu
26:2580 avec Reagan à l'époque, avec sa cour de l'affaire et qui s'est inspiré à l'époque
26:30de la politique de Thatcher, mais globalement, l'impact des politiques, il est minimal.
26:34On parle à l'instant des énergies renouvelables, sur les énergies renouvelables, nous, on
26:39est convaincus, d'abord, l'Iraplaine de Biden, il a tellement d'emplois à la clé,
26:44dans des états républicains, qu'il ne va pas se tirer le bal dans le pied, j'ai un
26:51avis.
26:52Sur le solaire, c'est autre chose, mais là où il y a des points...
26:57Même sur la politique migratoire, pour avoir lu quelques papiers à ce sujet, beaucoup
27:02d'analystes estiment que, comme souvent chez Trump, il y a le discours, l'affichage, et
27:08que derrière, évidemment, on imagine bien que les états républicains en bord de frontières
27:14seraient un peu déçus de ne plus avoir de main-d'oeuvre entrante pour venir suppléer
27:19à une main-d'oeuvre manquante, peut-être parfois, dans certains endroits et certains
27:23métiers.
27:24D'où l'importance du résultat du Congrès, il ne peut pas diriger par Houkaz, donc encore
27:29une fois, à un moment donné, il va devoir faire avec la carte du Congrès, c'est pour
27:35ça que ce sera important de savoir, est-ce que la marge sera ténue, est-ce qu'elle sera
27:39plus large, et ça, ça donnera un petit peu les choix.
27:42Après, il y a forcément des secteurs qui tireront mieux leur épingle du jeu.
27:47La logique sectorielle du marché peut être différente en fonction des résultats ?
27:55Pas beaucoup, enfin, sous Trump, la santé devrait plutôt mieux s'en tirer, l'immobilier,
28:02Kamala Harris et sa proposition de loi, et pour aider les primo-accédants, ça devrait
28:06aider.
28:07On peut trouver toujours des arguments, mais sur le long terme, tout va dépendre vraiment
28:12de l'économie et je pense que les décisions de la Fed, la Fed a une décision, c'est ce
28:17que je répète à peu près assez souvent en ce moment, on est dans un monde américain
28:21avec une inflation corps qui est à 2,7, mais l'amener à 2, ça va être compliqué, on
28:27a des taux longs, on l'a évoqué à l'instant, qui restent, est-ce qu'ils ne devraient pas
28:30encore être plus hauts, je ne sais pas, qui sont sur du 4,30, 4,40, vous avez des
28:35salaires qui croissent de 4 et qu'on n'arrive pas à faire beaucoup baisser plus, donc la
28:41Fed, à un moment donné, moi je pense qu'à aujourd'hui, encore une fois, je me méfie
28:45des opinions longues, on s'est tous trompés l'année dernière, en décembre dernier,
28:48quand on voyait tant de baisses de taux en 2024 qu'on n'a jamais eues, et donc faire
28:51des paris au-delà de 2 mois, 3 mois, c'est compliqué, et le vrai enjeu de la Fed, c'est
28:57comment ils vont s'adapter par rapport à ça pour 2025.
29:00Sur la Fed, enfin les banques centrales, mais la décision du 7 novembre de la réserve
29:05fédérale américaine, on peut imaginer quand même, Edwin, qu'elle est déjà fondée,
29:09notamment sur les dernières données économiques, alors le rapport emploi qui a été un peu
29:15bruité par les effets climatiques et la grève chez Boeing, ou encore l'ISM aujourd'hui,
29:20mais cette décision du 7 novembre, elle doit être encore rendue j'entends, mais on peut
29:26imaginer que chaque membre de la Fed a déjà pris sa décision, quel que soit le résultat
29:29de l'élection présidentielle américaine.
29:31Est-ce que ça vaut pour les meetings suivants ?
29:33On s'attend à une baisse, comme je pensais avant, 25 points de base, nos collègues pensent
29:38que ça va se poursuivre aussi en fin d'année, donc novembre c'est faisable, décembre c'est
29:43encore faisable, c'est vraiment sous l'hypothèse que l'économie va relativement bien mais
29:51la désinflation continue à faire un certain progrès, donc du coup on est certes dans
29:55une situation, on n'est pas très sûr si on arrive vraiment à retourner à 2%, mais
30:00pour l'instant on fait du progrès, donc du coup il y a une certaine naturalité presque.
30:06On accompagne le mouvement.
30:07On veut éviter que ça va trop loin et on est très probablement encore bien au-dessus
30:14des taux neutres, donc il y a de la marge jusqu'à ce qu'on arrive vraiment au point où la politique
30:20monétaire ne sera plus restrictive.
30:21Pour 2025, ça devient plus compliqué, donc là il y a plus de questions qui se posent.
30:27Dans un scénario de base de statu quo, on va dire, sur lequel on est basé aujourd'hui,
30:33la désinflation progresse, nos collègues ont un taux terminal de la fête de 3 à 3,25
30:39dans le scénario, mais il y a des risques à la hausse, même avec l'économie telle
30:43qu'elle est aujourd'hui, même sous un scénario, disons, statu quo, parce que c'est une économie
30:48qui continue à croître très fortement, c'est une économie où le taux d'inflation sous-jacente
30:52reste relativement stable.
30:54Il y a très peu de choses à voir pourquoi il y a des risques à la baisse, il y a peut-être
30:59plus de risques à la hausse, alors le risque de réaccélération dont on a parlé les dernières
31:03trois semaines, on va dire, a un peu diminué aujourd'hui, mais il y est encore, il est
31:08au moins aussi prononcé que le risque d'une désaccélération si on assume encore une
31:13fois un scénario statu quo, donc c'est un scénario qui, pour la fête, est relativement
31:20compliqué pour commencer, mais d'ici la fin de l'année, c'est quand même relativement
31:26probable, et ce que les marchés pressent d'ailleurs, qu'on aura une poursuite des baisses de taux.
31:31Je reviens sur la politique des tarifs, bon, Trump peut avoir un peu de marge de manœuvre
31:37quand même s'il accède à nouveau à la Maison Blanche de ce point de vue-là, donc
31:40a priori l'Europe, alors j'essaie de suivre, mais c'est autour de 10%, 10, 20, bon c'est
31:4510% pour l'Europe, ce serait 60% pour la Chine, qu'est-ce qui est le plus problématique
31:50pour l'Europe, Evelyne ? Est-ce que c'est les 60% de tarifs additionnels potentiels
31:56supplémentaires sur la Chine, on parle bien des produits chinois, importés par les Etats-Unis,
32:02ou est-ce que c'est les tarifs directs sur l'Europe de l'ordre de 10% ?
32:06J'ai envie de dire que c'est l'incertitude, donc c'est le fait que déjà on est dans
32:11un contexte qu'on ne sait pas ce qui va se passer, on ne sait pas comment les choses
32:16vont se développer, s'il y a une flambée des tensions commerciales, encore une fois
32:21entre les US et la Chine, c'est ce qu'on avait en 2018-2019, c'est l'Europe la victime,
32:27tout le monde, il n'y a personne qui a eu des taux de croissance exorbitants pendant
32:31cette période-là, donc du coup ce n'est pas quelque chose qui est bénéfique à n'importe
32:35quelle économie, mais l'Europe, qui a donc une insuffisante demande interne, une très
32:42grande exposition vis-à-vis le commerce international, se fait coincer là-dedans, et donc du coup
32:47c'est cet impact de l'incertitude qui pèse beaucoup.
32:50Après on a vraiment aussi un problème de dynamique de prix mondiale, si vraiment la
32:59Chine perd accès d'une façon ou d'une autre au marché américain, le monde pour les exportations
33:05chinoises se réduit, et donc du coup ça augmente la pression encore une fois sur
33:10l'Europe, et ça probablement augmente la pression des inflationnistes sur les prix
33:15de biens dans le monde hors Etats-Unis, c'est un peu plus compliqué, mais dans le monde
33:22en son intégralité.
33:23En Europe on n'a pas forcément une réponse.
33:25Après pour la quantification de ce que ça veut dire d'avoir des tarifs des Etats-Unis
33:29sur l'Europe même, on a essayé ça en 2018-2019, à l'époque on parlait d'une hausse
33:35des tarifs sur l'automobile, notamment à 25% il me semblait, ce qui était une augmentation
33:39de 22,5%, et un tarif généralisé de 10% supérieur à tous les restes des importations.
33:46On a regardé les chaînes de valeur, donc vraiment juste l'impact direct sur le commerce,
33:53les élasticités de demande vis-à-vis une augmentation des prix à travers les tarifs
33:58et a priori plus important que l'élasticité vis-à-vis un changement des taux de change,
34:04ce qui mettait dans les calculs à peu près 60-70 points de base du PIB européen à risque.
34:09Ça viendra en plus, mais pour un premier instant je dirais que c'est vraiment le phénomène
34:13d'incertitude qui peut peser le plus.
34:16Thomas, je reviens sur la réponse de l'Europe, alors effectivement la vie des affaires suit
34:23son cours.
34:24Trump, vous l'avez dit aussi, peut quand même être un accélérateur de tendances
34:28à certains endroits.
34:30Vous défendez chez TIKEO, mais d'autres aussi, Mario Draghi en premier, l'idée d'un besoin
34:35de changement dans le modèle européen, pour vous c'est une tendance lourde qui se retrouve
34:40dans l'idée de la souveraineté, de la résilience, tout ça résonne évidemment
34:44avec le rapport Draghi, les rapports précédents d'Enrico Letta, Christian Noyer, etc.
34:49Trump peut être un accélérateur quand même pour cette quête de souveraineté en Europe
34:57qui est un peu au stade débauche aujourd'hui.
34:59Peut-être pas pour l'investisseur parce qu'il y a toujours des choses à faire de
35:03ce point de vue-là, mais quand on regarde la dimension un peu intégrée, politique,
35:06on sent que le cap n'est pas encore forcément clairement défini.
35:11Ce n'est pas facile, j'essaie de le dire gentiment, et d'ailleurs on ne s'attend
35:18pas à ce que ça devienne très clair.
35:20On a un commissaire à la défense, a priori, dans la nouvelle commission.
35:24Mais, ceci dit, dans la pratique, il y a des choses qui se passent.
35:29Il y a des choses qui se passent, il y a des choses qui se passent.
35:31Les entreprises n'attendent pas Bruxelles.
35:33Les entreprises et les États aussi.
35:35Les États et les supranationaux.
35:37Le Fonds européen d'investissement, par exemple, fait plein de choses là-dedans.
35:41Il y a des initiatives de place, des partenariats publics-privés.
35:45Il y en a de plus en plus dans pas mal de secteurs.
35:48On a annoncé des choses nous dans l'aérospace récemment.
35:53On fait beaucoup de choses dans la cyber avec des partenariats,
35:55avec le ministère de la Défense, avec les grandes entreprises, etc.
35:59Donc la prise de conscience est quand même réelle ?
36:01Oui, elle est réelle.
36:02Alors après, est-ce qu'elle va être européenne dans un contexte
36:05où la tentation est quand même au repli national ?
36:09C'est ça vraiment qu'on va voir.
36:12Ça va aussi beaucoup dépendre de l'attitude de l'Allemagne,
36:15qui est dans une situation quand même assez compliquée,
36:18parce qu'on voit bien, par exemple, sur les tarifs,
36:21c'est eux qui sont les plus réfractaires à mettre en place des tarifs,
36:23parce que les entreprises chinoises étaient jusqu'à présent leurs clients.
36:26Ils ont voté contre, si je ne dis pas de bêtises, pour les tarifs auto.
36:31Mais dans un contexte quand même où je pense
36:36tous les gouvernements ont bien en tête
36:39que si ça ne se fait pas au niveau européen,
36:41ça sera quand même très compliqué de résister
36:43à la fois à la Chine et aux Etats-Unis.
36:45Il y a quand même de l'espoir.
36:47Et il y a quand même des choses qui se font
36:49à la fois au niveau européen et au niveau national.
36:52Et ce qui se fait au niveau national déborde sur le cadre européen.
36:57Parce qu'aujourd'hui, les supply chains sont quand même européennes,
37:03par exemple dans l'aérospace, clairement.
37:06Et donc ce qui est fait en France, de l'initiative française,
37:09a aussi des impacts en dehors de France.
37:11Et même chose pour d'autres pays.
37:15Donc, je ne suis pas si négatif que ça.
37:20Et Trump peut accélérer ces tendances ?
37:22Et Trump peut accélérer ces tendances-là, clairement.
37:24Ça peut jouer comme un électrochoc.
37:29Et d'ailleurs, les investisseurs internationaux s'y trompent pas.
37:33Il y a quand même un gros intérêt pour l'Europe
37:36en Asie, au Moyen-Orient,
37:38ne serait-ce que parce que,
37:40pour une allocation d'actifs globale,
37:42quand on ne veut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier
37:44sur les Etats-Unis,
37:46ce qui est une évidence, par exemple,
37:49pour des investisseurs chinois,
37:51il n'y a pas beaucoup d'alternatives pour déployer beaucoup de capital.
37:53Et notamment dans le non-côté.
37:55Dans le côté, il y a des alternatives avec des marchés liquides au Japon, etc.
37:57Mais dans le non-côté, vous n'avez pas le choix, c'est l'Europe.
37:59Et donc, vous êtes obligés de regarder l'Europe.
38:02Et en Europe, il y a quand même pas mal de belles choses à faire
38:04pour tous ces gens-là. Et ils le font.
38:06Donc, là aussi, on a une vision un peu tronquée.
38:08On regarde les flux d'investissement
38:10qui traversent souvent des marchés liquides.
38:12C'est vrai qu'on ne voit pas grand-chose arriver
38:14du reste du monde vers l'Europe.
38:16Mais vous dites, dans d'autres marchés non-côtés,
38:18là, il y a quand même de l'argent étranger
38:21qui vient s'investir en Europe.
38:23Oui. Alors, je ne vous dis pas qu'il n'y a pas des doutes.
38:25Il n'y a pas de marée non plus.
38:27Mais il y a quand même beaucoup de capital
38:29qui est déployé en Europe.
38:31Et il y a des points...
38:33Les investisseurs,
38:36notamment en Asie et au Moyen-Orient,
38:39regardent de très près ce qui se passe en Europe,
38:41sont très renseignés sur ce qui s'y passe,
38:43font des deals, des gros deals,
38:45co-investissent avec des acteurs européens comme nous,
38:49sont sensibles à des initiatives
38:53des partenariats publics-privés,
38:55sont sensibles à ceux dans quoi investit
38:57le Fonds européen d'investissement,
38:59ceux dans quoi investit la BPI.
39:01Donc, ils achètent quand même cette idée européenne.
39:03Et le mode de fonctionnement de l'Europe qui va avec.
39:08Ça permet de dire un mot du marché américain.
39:11Encore une fois, quel que soit le résultat,
39:13on a fait deux ans de super bull market.
39:16Je crois que le S&P a repris plus de 60%
39:18depuis le point bas d'octobre 2022.
39:20C'est le dernier calcul que j'ai vu.
39:2240% sur 12 mois, c'est possible que ce soit plus.
39:24Sur les deux ans, je crois que c'était de l'ordre de 60%.
39:28Et indépendamment du cycle politique,
39:32est-ce que le cycle des marchés reste porteur ?
39:35Est-ce qu'une troisième année de bull market,
39:37ça peut être encore une bonne année ?
39:39Ou est-ce que c'est déjà peut-être un peu le trop-plein ?
39:43Pour nous, ce n'est pas le trop-plein.
39:45Vous savez que je vous ai souvent parlé
39:47de mes fameuses statistiques que je regarde souvent
39:49sur les marchés en allant chercher dans l'histoire
39:51pour lire dans le mar de café les 12 mois à venir.
39:54Et quand on regarde l'évolution des marchés américains
39:56sur les 12 derniers mois qui ont monté de plus de 30%,
39:59quand vous remontez sur une périodicité
40:01qui amonte pratiquement à 1926,
40:03c'est-à-dire tout petit peu avant le krach de 1929,
40:05donc quasiment sur un siècle,
40:07vous avez une hausse des marchés à venir
40:09dans les 12 prochains mois qui est de l'ordre de 12 à 13%.
40:12Ça vaut ce que ça vaut.
40:14Mais on reste dans un bull market, c'est l'idée.
40:16On reste dans un bull market.
40:18Pour permettre à ce marché de se poursuivre,
40:20il faudra que la croissance des profits soit au rendez-vous.
40:24Aujourd'hui, notre stratégiste considère
40:27que les anticipations de profit sur le SPI
40:30sont un petit peu généreuses,
40:32mais globalement, on devrait avoir en 2025
40:34des croissances à deux chiffres, 11, 12, 13.
40:36C'est un peu le consensus qu'on trouve
40:38chez Faxet, chez Bloomberg,
40:40dans pas mal de maisons, ou chez nous.
40:42Ce qui vous mettrait des profits sur SPI
40:44à peu près à 274, 75 dollars l'année prochaine.
40:47Sur un SPI qui serait aujourd'hui à 5 017,
40:49ça vous met des PE à 21,5, 22.
40:51Certes, c'est plus tendu que des indices européens,
40:54ça le sera toujours,
40:56parce que la composition des indices n'est pas la même,
40:58mais on n'est pas dans la fin des années 90
41:01avec des PE beaucoup plus tendus.
41:03La seule chose qu'on a tendance un peu à dire,
41:05c'est affranchissez-vous de l'idée
41:07de vouloir jouer forcément des thématiques
41:09style opposé croissance à value,
41:11ce genre de choses.
41:13C'est du stock picking.
41:15C'est vraiment l'idée qu'on véhicule énormément.
41:17Quand vous regardez les financières,
41:19il faut faire du fine tuning.
41:21On a beaucoup recommandé,
41:23je l'ai souvent évoqué avec vous,
41:25l'assurance plutôt que les banques,
41:27c'est un peu inversé aujourd'hui.
41:29Est-ce qu'il y a des banques qui sont sous l'emprise
41:31de 5, 6, 7 grandes valeurs
41:33et que ces valeurs-là peuvent à un moment
41:35ne plus délivrer autant de performances
41:37que ce qu'elles ont pu délivrer en un an ou deux ans ?
41:39Les Américains apprennent le terme de Barbell Approach.
41:41En gros, c'est un peu tout,
41:43mais c'est à faire décorréler peut-être le marché.
41:45Idéalement, si je devais vous illustrer cet exemple,
41:47ça serait faites du S&P 500,
41:49mais faites de l'equal weight.
41:51C'est-à-dire décorréler.
41:53C'est un indice qui tient compte des market cap.
41:55Et le décorréler du poids des 7 grandes valeurs,
41:57c'est-à-dire que vous les gardez,
41:59mais allez chercher de la value ailleurs.
42:01Et là, il y a des choses.
42:03Je pense que l'immobilier est une des pistes
42:05si les taux continuent à se poursuivre.
42:07Ça l'a déjà été, ça devrait continuer.
42:09L'industrie est plus nuancée.
42:11La santé est particulièrement en retard aux Etats-Unis,
42:13mais ça va dépendre de qui sera élu,
42:15parce que Medicare, c'est quand même...
42:17Aujourd'hui, il y a pas mal d'indécisions,
42:19mais vous évoquiez tout à l'heure la thématique de l'IA.
42:21Ça, c'est un thème à continuer à jouer.
42:23Voilà, c'est ça.
42:25On est dans un marché de stockpicking.
42:27Je pense que c'est ce qui devrait prévaloir
42:29sur les 12 prochains mois.
42:31Évelyne, il nous reste quelques minutes
42:33pour dire un mot spécifique de l'Allemagne.
42:35C'est à peu près toujours la même question
42:37à chaque fois que vous venez.
42:39Que se passe-t-il en Allemagne ?
42:41Combien de temps l'Allemagne pourra supporter
42:43encore cette stagnation économique ?
42:45Je ne sais pas si on se rend bien compte
42:47quand même de la crise,
42:49si on se rend bien compte
42:51de la crise,
42:53mais c'est quand même une crise majeure.
42:55Oui, depuis 2019,
42:57on a une croissance de zéro à peu près.
42:59Non, mais c'est ce que je disais.
43:01Bon, après,
43:03on a des gains de pouvoir d'achat
43:05dans l'Europe dans son intégralité,
43:07mais notamment en Allemagne,
43:09qui sont très conséquents.
43:11Donc, ça prend relativement peu
43:13pour avoir une toute petite amélioration
43:15cyclique dans l'économie.
43:17Mais on est un peu au point de bascule
43:19où, effectivement, le marché de travail
43:21commence à craquer un tout petit peu.
43:23Donc, ça m'inquiète un tout petit peu.
43:25La grande question, c'est
43:27qu'est-ce qui va se passer avec la politique.
43:29On en a parlé.
43:31La prochaine grande élection du monde,
43:33je pense, c'est celle de septembre 2025
43:35en Allemagne.
43:37Oui. Alors, aujourd'hui,
43:39il y a des discussions si on attend
43:41jusqu'à septembre 2025 ou pas,
43:43mais vous avez raison.
43:45C'est le prochain gouvernement
43:47qui, potentiellement,
43:49pourra discuter ou pas
43:51une réforme des règles budgétaires
43:53allemandes qui sont nettement
43:55plus strictes, nettement plus sévères
43:57que les règles budgétaires européennes.
43:59Il n'y a pas de marge de manœuvre
44:01pour l'Allemagne aujourd'hui.
44:03Alors, si on parle d'un scénario
44:05complètement récessionnaire en Allemagne,
44:07il y aura une réponse budgétaire.
44:09Il y a quand même dans cette fonction
44:11de réaction allemande l'idée que...
44:13Si ça va très mal...
44:15C'est en cas de catastrophe...
44:17On ne fait rien pour éviter ça.
44:19Donc, c'est ça. On ne fait rien
44:21pour améliorer la tendance de long terme.
44:23C'est pour ça qu'on regarde
44:25ce qui va se passer après les prochaines élections.
44:27C'est une question de qui sera au pouvoir,
44:29quelles seront les initiatives,
44:31mais aussi de quelle est la composition
44:33du Parlement. Est-ce qu'on a besoin
44:35d'une majorité de deux tiers ?
44:37Aujourd'hui, elle n'est pas assurée.
44:39C'est ça ce qui pose problème.
44:41À long terme, la règle budgétaire
44:43n'est pas compatible avec tout ce qu'il faut faire.
44:45Les dépenses de défense,
44:47tout ce qu'il faut pour arriver
44:49à des politiques...
44:51Enfin, carbon neutrality,
44:53ce n'est pas compatible.
44:55Mais la règle budgétaire est liée.
44:57Est-ce que c'est à l'occasion de ces élections
44:59que le modèle allemand peut avancer
45:01au-delà de la règle budgétaire
45:03ou est-ce qu'il faut attendre ?
45:05Après le marché, quand on commence à en parler,
45:07je pense que ça y est.
45:09Le temps politique en Allemagne
45:11sera beaucoup plus long que...
45:13C'est sûr.
45:15Merci beaucoup à vous trois
45:17d'avoir été les invités de Planète Marché
45:19dans cette veillée d'armes
45:21à quelques heures, peut-être,
45:23des résultats de l'élection présidentielle américaine.
45:25Évelyne Hermann était avec nous,
45:27Bank of America, Global Research,
45:29Thomas Friedberger, TKO Capital
45:31et Thierry Guil, Raymond James France.
45:33Le dernier quart d'heure de Smart Bourse,
45:35le quart d'heure thématique, le thème ce soir,
45:37c'est comment est-ce que le monde,
45:39le reste du monde, se prépare
45:41à accueillir le résultat de l'élection
45:43américaine et le potentiel
45:45risque Trump, comme on l'appelle.
45:47Nous en parlons avec Gilles Mouet,
45:49chef économiste du groupe AXA,
45:51avec nous en visioconférence.
45:53Bonsoir, Gilles, bienvenue.
45:55Merci beaucoup d'être avec nous.
45:57Je sais que vous avez passé beaucoup de temps
45:59avec nous.
46:01Je sais que vous avez passé
46:03beaucoup de temps, Gilles, à travailler
46:05la question politique à travers
46:07la dynamique des sondages
46:09aux Etats-Unis.
46:11C'est soit une passion, soit une nécessité
46:13dans les deux cas. C'est en tout cas
46:15le travail que vous avez effectué,
46:17Gilles. Quelles sont les dernières observations
46:19que vous faites sur cette
46:21question de politique
46:23immédiate, à travers notamment
46:25la dynamique des sondages,
46:27qui a connu un mouvement de renversement
46:29depuis qu'un jour trois semaines ?
46:31Oui, en fait, ce qui était assez frappant,
46:33c'est qu'on a eu une longue période
46:35de stabilité de l'avance
46:37de Kamala Harris.
46:39Quand on prend les grands agrégateurs
46:41de sondage, 538,
46:43au Real Clear Politics,
46:45on était en gros entre 2,5
46:47et 3 points.
46:49Ça pendant tout le mois de septembre
46:51et la première moitié d'octobre.
46:53Ce qui était d'ailleurs déjà une avance
46:55un peu faible pour Kamala Harris.
46:57Quand on se souvient
46:59des huit points d'avance qu'avait
47:01Biden à la même étape de la course
47:03en 2001. Et puis après,
47:05le premier jour, c'était le 19 octobre,
47:07l'avance de Kamala Harris
47:09est tombée en dessous de 2%,
47:11et elle a continué graduellement et marginalement
47:13assez frittée, jusqu'à
47:15arriver à 1%.
47:17Et ce qui s'est passé
47:19au même moment, c'est un renversement
47:21des avances dans
47:23beaucoup d'états pivots.
47:25On a
47:27toujours une certaine résistance de Kamala Harris
47:29dans les états des Grands Lacs,
47:31en revanche, une poussée assez claire
47:33de Trump dans les états du Sud
47:35et dans les états de l'Ouest.
47:37Ce qui aboutissait au résultat
47:39tout simple, et qui à mon avis expliquait
47:41la réaction de marché depuis
47:43une quinzaine de jours, qui était que sur
47:45la base des sondages,
47:47la probabilité la plus nette, c'était celle
47:49d'une victoire de Donald Trump,
47:51s'accentuant du fait
47:53que la plupart
47:55des acteurs de marché intègrent
47:57le fait que Biden avait une avance
47:59de 8 points dans les sondages,
48:01plan national, l'avance de 8 points
48:03le 3 novembre 2020,
48:05et qu'il a gagné par simplement 4 points.
48:0710 par 2, c'est ça.
48:09Donc voilà, peut-être
48:11qu'entre temps, la qualité des sondages s'est nettement
48:13améliorée,
48:15mais tout cela constitue
48:17un faisceau d'indices qui expliquent,
48:19à mon avis, la réaction de marché.
48:21La réalité, c'est que
48:23personne n'en sait rien.
48:25Il y a eu une interview très intéressante
48:27à la Harvard Gazette
48:29de l'un des grands patrons des
48:31sondeurs américains qui avait été président
48:33de la commission, justement, qui s'était penché
48:35sur l'erreur de prédiction de
48:372020, et qui en gros
48:39concluait par « je n'en sais rien,
48:41moi pas plus que vous ».
48:43Donc voilà, on est dans cet état
48:45d'incertitude assez complète.
48:47Est-ce qu'on a un peu plus de
48:49d'incertitude sur l'autre bataille
48:51qui est une bataille décisive aussi, qui est celle du Sénat,
48:53Gilles ?
48:55Le Sénat, si on prend par exemple
48:57les prévisions de
48:59538, qui est
49:01plutôt un bon
49:03track record, pas parfait, mais plutôt un bon track record
49:05dans la matière, pour eux,
49:07la messe est dite.
49:0990% de probabilité d'une victoire sénatoriale
49:11pour les Républicains.
49:13Et ça, on le sait depuis
49:15un moment que
49:17c'est tout avantage, en fait, les Républicains
49:19en la matière. D'abord parce qu'on part
49:21déjà d'une majorité extrêmement fine,
49:23d'un siège pour les démocrates.
49:25Deuxièmement parce que l'un de ces démocrates,
49:27Manchin,
49:29était élu
49:31de Virginie Occidentale.
49:33C'était un peu une anomalie, c'est-à-dire que c'était un sénateur
49:35démocrate, avec d'ailleurs des vues
49:37parfois assez étranges pour son parti,
49:39mais élu par un État foncièrement
49:41républicain, Manchin,
49:43prenant sa retraite, il était presque évident,
49:45presque évident que la Virginie Occidentale
49:47repasse du côté républicain.
49:49Et puis, dans
49:51d'autres anomalies, entre guillemets,
49:53par exemple dans des
49:55États montagneux de l'Ouest,
49:57et fondamentalement le simple fait
49:59arithmétique que, puisque
50:01le Sénat n'est pas renouvelé dans son
50:03ensemble, cette fois-ci
50:05ce sont surtout des sièges
50:07démocrates qui sont remis en jeu.
50:09Et donc, arithmétiquement,
50:11la probabilité de perte
50:13démocrate est plus importante que la
50:15probabilité de perte républicaine.
50:17Donc, que le Sénat passe du côté des
50:19républicains, c'est probablement
50:21assez écrit. La question
50:23peut-être plus fondamentale,
50:25c'est celle de la Chambre,
50:27en tout cas d'un point de vue marché,
50:29parce que la Chambre d'un représentant,
50:31elle est vraiment centrale pour tout ce
50:33qui concerne les négociations budgétaires,
50:35qui, à mon avis, vont être un des grands éléments
50:37de différenciation, en fait,
50:39entre une présidence Harris et une présidence
50:41Trump. Il y a eu
50:43un très très bon calcul fait par la
50:45Penn-Wilson, qui
50:47arrive au résultat suivant. Si c'est
50:49Trump, et qu'il a les moyens d'appliquer
50:51sa politique, ce qui voudrait dire qu'il a une majorité
50:53à la Chambre d'un représentant,
50:55c'est deux points de déficit budgétaire en plus,
50:57tous les ans pendant dix ans. Si c'est Harris,
50:59c'est seulement 0,5 points en plus. Dans aucun des cas,
51:01le déficit s'améliore, mais l'écart va
51:03de 1 à 4 entre les deux sur la question
51:05du déficit. Et pour ça, il faut
51:07vraiment que
51:09le président puisse contrôler
51:11la Chambre. Et ça, c'est moins évident.
51:13C'est moins évident parce que
51:15la course est plus
51:17ouverte. Il n'y a pas
51:19cet écart arithmétique entre
51:21sortant républicain et sortant
51:23démocrate. Il y a eu, par ailleurs, des redécoupages
51:25électoraux dans des États
51:27qui sont déjà assez féroces aux démocrates,
51:29par exemple, dans l'État de New York.
51:31Donc, même si Trump
51:33est élu, il n'est pas totalement évident
51:35qu'il puisse gagner la Chambre.
51:37Ma question,
51:39est-ce que le risque Trump
51:41est plus encadré
51:43qu'en 2016, quand il est arrivé par
51:45surprise ? Vous dites,
51:47évidemment, la question est de savoir
51:49jusqu'où il aura les mains libres avec
51:51le Congrès. Même si
51:53l'ensemble du Congrès était rouge,
51:55vous dites que Trump n'a pas
51:57forcément la main sur l'ensemble du
51:59caucus républicain aujourd'hui et qu'il y a peut-être
52:01encore des gens dans la pièce républicaine
52:03qui resteraient des adultes
52:05de ce point de vue-là,
52:07Gilles. Et puis, il y a
52:09quand même toujours la dimension commerciale
52:11et tarifaire.
52:13Où est-ce que le risque Trump peut être
52:15encadré, selon vous, et où est-ce qu'il peut
52:17être un peu plus débridé, en revanche,
52:19que par rapport à 2016 ?
52:21Sur la question budgétaire,
52:23là, la résistance
52:25du Congrès peut être très forte, parce
52:27qu'effectivement, on va trouver dans ce qu'on
52:29appelle le caucus républicain
52:31des gens qui sont des républicains traditionnels,
52:33des républicains canales historiques,
52:35qui sont plutôt prudents en matière
52:37de finances publiques. On part déjà
52:39d'un déficit tendanciel entre
52:416 et 7 %, d'après
52:43le CBO.
52:45Ça, c'est la base.
52:47Si on rajoute deux points de plus, on est quand même là dans des choses
52:49qui sont quand même très irsutes en termes
52:51de soutenabilité de la dette. Donc, on peut s'attendre à la résistance
52:53côté républicain,
52:55d'autant plus si Trump n'a pas
52:57la main, n'a pas de
52:59majorité républicaine à la Chambre. En revanche,
53:01il y a des éléments sur lesquels il a
53:03une capacité d'action
53:05quasiment totale.
53:07Et c'est la question de la guerre commerciale,
53:09puisqu'on l'a vu déjà
53:11lors de son premier mandat, il peut le faire
53:13par ce qu'on appelle des executive orders,
53:15donc il peut utiliser un arsenal
53:17qui lui est propre pour mettre en place
53:19cet arrif. Même chose sur l'immigration,
53:21qui est un sujet qui est sous-discuté
53:23en Europe, mais qui est absolument central
53:25à mon avis pour toute la
53:27mécanique macroéconomique américaine
53:29qui va venir.
53:31L'année dernière, on a probablement eu environ
53:333 millions d'arrivants aux États-Unis.
53:35Ça représente deux points de main-d'oeuvre en plus.
53:37On n'aurait jamais eu
53:39le ralentissement de l'inflation que l'on a
53:41connu depuis maintenant un an, un an et demi
53:43sans cet apport d'immigrants.
53:45Trump, aujourd'hui,
53:47sa position officielle, c'est non pas simplement
53:49l'arrêt des flux, c'est le renvoi,
53:51c'est l'exclusion massive
53:53des immigrants illégaux.
53:55Et là-dessus, il peut le faire,
53:57en grande partie, en tout cas,
53:59par executive orders. Donc, même s'il y a
54:01la résistance du côté du
54:03caucus républicain, sur ce type
54:05d'éléments, ça serait plus compliqué
54:07à mettre en œuvre, sauf à faire imaginer
54:09un système, en gros, d'arbitrage,
54:11un système d'échange
54:13entre
54:15la Chambre, une Chambre potentiellement
54:17républicaine et Trump, parce que
54:19vous avez beaucoup de gens chez les républicains qui vont être
54:21très inquiets d'une politique de renvoi
54:23massif des immigrés illégaux, parce qu'ils
54:25savent que certains secteurs de l'économie américaine ne peuvent
54:27pas fonctionner sans ces immigrants
54:29illégaux. Et donc, essaierait en fait de...
54:35Petite déconnexion
54:37avec Gilles,
54:39on va voir si on peut retrouver Gilles,
54:41il nous reste quelques minutes
54:43sur cette élection américaine,
54:45bien sûr, et
54:47la politique migratoire
54:49de Donald Trump, si
54:51elle était appliquée, qui poserait évidemment
54:53un certain nombre de questions pour la
54:55macroéconomie américaine,
54:57spécifiquement, puisque 3 millions
54:59de migrants sont arrivés
55:01dans l'économie américaine l'an dernier
55:03et ont largement participé
55:05à augmenter l'offre de travail,
55:07à faire baisser l'inflation
55:09et à augmenter également une partie de la
55:11demande dans l'économie américaine.
55:13Gilles, on a été coupé sur
55:15la politique migratoire, le risque
55:17d'exécution de la politique migratoire,
55:19tel que la doctrine Trump,
55:21la conçoit
55:23aujourd'hui,
55:25le système
55:27des executive orders lui donne
55:29quand même un certain nombre de marges de manœuvre
55:31sur cette politique-là. Je voulais
55:33qu'on dise un mot aussi de la politique commerciale,
55:35Gilles, votre point étant de dire
55:37que, pour l'Europe,
55:39le plus grand risque, c'est la politique
55:41tarifaire des Etats-Unis vis-à-vis
55:43de la Chine, pas forcément vis-à-vis
55:45de l'Europe elle-même.
55:47Parce que les 10% de droits de douane,
55:49justement, s'ils sont appliqués
55:51sur tout le monde, l'impact est
55:53assez limité, parce que
55:55vous n'êtes pas en état
55:57de désavantage vis-à-vis
55:59de vos compétiteurs des pays tiers,
56:01vous ne rentrez pas en
56:03compétition avec les sites coréens
56:05ou avec les Mexicains sur le marché
56:07américain, et donc la souffrance
56:09viendrait simplement du fait qu'il pourrait y avoir substitution
56:11par des producteurs domestiques
56:13américains, ce qui est difficile à mettre en œuvre
56:15à très court terme, et puis par ailleurs,
56:17imaginez que 10 points de droits de douane,
56:19ça s'absorbe assez
56:21facilement par une dépréciation,
56:23elle aussi, finalement, assez mesurée du change.
56:25Par exemple, 10%
56:27sur
56:29l'euro dollar, c'est gérable.
56:31En revanche, 60%
56:33de droits de douane
56:35sur la Chine, le risque là,
56:37c'est, un, une baisse très
56:39forte de la demande chinoise, avec un effet en retour
56:41sur les exportateurs européens, notamment
56:43l'Allemand, l'autre risque, c'est que la réponse
56:45de Pékin, ce soit une dépréciation très forte
56:47de sa devise, et donc là,
56:49un vrai désavantage compétitif
56:51entre nos producteurs et les producteurs chinois.
56:53Dans une situation comme celle-là,
56:55Gilles, est-ce qu'on peut imaginer
56:57une Fed qui aurait
56:59la nécessité d'avoir un réglage
57:01peut-être plus dur de sa politique monétaire,
57:03et face à cela, une BCE qui devrait
57:05se pousser à aller
57:07beaucoup plus loin, peut-être, dans l'accommodation,
57:09c'est quelque chose de possible ?
57:15Bien sûr qu'on met la réponse de Gilles Mouek,
57:17c'est l'interview
57:19maudite, bon ben c'est pas grave, je crois qu'on va s'arrêter
57:21là avec Gilles pour ce soir,
57:23en attendant de toute façon le résultat de cette élection
57:25américaine, on aura largement
57:27l'occasion d'y revenir, avec toutes les
57:29conséquences que ça implique, notamment pour les
57:31banques centrales, je vous rappelle que la Fed sera
57:33l'une des premières banques centrales à réagir,
57:35en tout cas, à devoir prendre
57:37une décision de politique monétaire dans le siège de cette
57:39élection, la Fed qui rendra cette décision
57:41ce jeudi 7 novembre,
57:43quel que soit le résultat, ou l'absence
57:45de résultat d'ailleurs, de cette
57:47élection présidentielle américaine.
57:49C'était quand même Gilles Mouek, avec nous, je le rappelle,
57:51chef économiste du groupe AXA,
57:53invité de ce dernier quart d'heure de Smart Bourse, ce soir
57:55sur Be Smart For Change.