Mercredi 13 mars 2024, SMART BOURSE reçoit Alexandre Drabowicz (Directeur des investissements, Indosuez Wealth Management) , Florent Martini (Directeur de gestion, Trecento AM) et Franck Dixmier (Directeur mondial des gestions obligataires, Allianz GI)
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00:00 *Musique*
00:10 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13 Florent Martigny est à nos côtés, directeur de la gestion chez Trecento H7 Management.
00:17 Bonsoir Florent. - Bonsoir Guillaume.
00:18 - Merci d'être là. Merci à Frank Dixmine de nous accompagner également.
00:21 Bonsoir Frank. - Bonsoir Guillaume.
00:23 - Vous êtes directeur de gestion obligataire d'Allianz Global Investors et Alexandre Drabovic,
00:27 directeur des investissements d'Indos US Wealth Management, est également avec nous.
00:30 Bonsoir Alexandre. - Bonsoir Édouard.
00:32 - Ravis de vous retrouver. On va parler de cette ambiance, je le disais, constructive
00:36 sur les actifs risqués, sur les marchés actions avec des records battus quasiment tous les jours.
00:41 Mais un mot de la toile de fond macro peut-être Alexandre pour commencer.
00:46 On commence à avoir une vision assez précise de la dynamique de la conjoncture au premier trimestre,
00:49 notamment aux États-Unis. On a eu encore le dernier rapport sur l'inflation, le rapport sur l'emploi.
00:53 On aura les ventes au détail devant nous pour mesurer un peu la santé du consommateur américain.
00:58 Est-ce qu'on reste dans un schéma de croissance résiliente, mais des inflationnistes ?
01:06 - Oui, je pense que c'est vraiment l'environnement actuel. À ce propos,
01:10 ce qu'on peut dire sur la croissance, non seulement elle a été résiliente,
01:13 mais elle a plutôt surpris à maintes reprises. Pour tous les économistes qui, depuis un an,
01:18 nous disaient "la récession va venir et c'est pour bientôt". - Deux ans Alexandre !
01:22 - Le chiffre était que l'année dernière, il y avait quand même 584 économistes
01:25 qui avaient prévu une récession en 2024. Et ça, ça explique finalement comment tout le monde s'est trompé
01:31 et pourquoi les investisseurs ont retourné finalement l'envers sur la croissance.
01:35 Il faut s'en féliciter, c'est plutôt une bonne nouvelle. Nous-mêmes, très récemment,
01:40 par exemple chez Indos Suez, on a réalisé notre prévision de croissance pour le PIB américain de 1%,
01:44 on est passé à 2,3%. On l'a fait en une seule fois. Donc on voit bien qu'il faut réaliser
01:50 qu'il y a cette insolence de l'économie américaine, il faut prendre acte.
01:54 C'est une bonne nouvelle, en tout cas les marchés le voient également cette fois-ci.
01:57 Une bonne nouvelle et réellement une bonne nouvelle pour les actifs financiers et les scénarios macro
02:01 parce que vous le disiez, on a une décrue de l'inflation, on était à 10% à une certaine époque,
02:06 on va débattre aujourd'hui, et oui, effectivement, le chiffre hier n'était pas...
02:09 La décrue ne se fait pas aussi vite qu'on l'attendait. Mais je note quand même que l'inflation cœur
02:15 qui a fait peur le mois dernier, finalement, elle a baissé un tout petit peu à 3,8%,
02:20 mais c'est quand même le plus bas depuis mai 2021. Donc ce n'est pas si mal.
02:25 Ce qu'on voit dans ce chiffre d'inflation est ce qui, je pense, est rassurant pour le marché
02:29 qui s'est inquiété de la petite bosse du mois de janvier en disant "Ah, ce ne sera pas aussi linéaire qu'on pensait,
02:35 peut-être qu'on va avoir une partie de l'inflation et notamment celle des services
02:39 qu'on ne maîtrise pas et que la Fed n'arrive pas à dégonfler".
02:43 On s'aperçoit qu'à l'intérieur des services, on a une grande partie qui est en décrue.
02:47 Et ce qui reste, en fait, qui peut préoccuper, c'est la partie dite "logement".
02:52 Alors c'est une spécificité américaine. On ne retrouve pas cette mesure de l'inflation des loyers
02:58 et notamment quelle serait l'inflation de votre loyer quand vous êtes propriétaire,
03:02 qui est une mesure spécifique américaine.
03:04 - Qui ne paye pas de loyer, par principe, le propriétaire.
03:06 C'est là où il y a quelque chose d'assez fantasmagorique dans cette mesure-là.
03:09 - Oui, en fait, ces notions... - Oui, oui, oui. Et ça pèse 30% du CPI, c'est ça,
03:14 toute cette composante logement. - Oui, c'est ça.
03:16 Mais si vous enlevez en fait ce que Powell regarde, le super corps,
03:20 eh bien là, la diffus est toujours bien enclenchée et c'est plutôt rassurant.
03:25 En tout cas, ça va toujours dans le sens où la Banque centrale américaine
03:29 pourra baisser cette hausse un peu plus tard que prévu.
03:32 L'année dernière, on était plutôt tout en à dire plus haut pour plus longtemps.
03:36 Cette année, c'est plus bas, mais plus tard.
03:38 Est-ce qu'on est dans cet équilibre, effectivement, où la croissance peut se poursuivre,
03:45 avec en parallèle une mécanique de désinflation,
03:48 quand bien même elle serait peut-être un peu plus lente,
03:50 et une Banque centrale américaine qui serait en position de recalibrer
03:54 le réglage de sa politique monétaire à un moment cette année,
03:58 peut-être à partir du mois de juin.
03:59 Est-ce que ce calendrier tient toujours la route, Franck ?
04:02 - Oui, pour nous, oui. Mais j'ajouterais juste un point.
04:04 En termes de panorama macroéconomique, il y a quelque chose d'assez frappant.
04:09 C'est cette divergence, cette différence de positionnement dans le cycle macro
04:13 entre les États-Unis et la zone euro.
04:16 Les États-Unis sont en phase de ralentissement,
04:18 avec une économie qui reste extrêmement résiliente.
04:19 On l'a vu, un marché de l'emploi, avec des créations d'emploi
04:23 qui sont toujours importantes, et on n'est pas très loin encore du plein emploi aux États-Unis.
04:28 Alors que l'activité en zone euro a touché un point bas fin 2023.
04:33 Donc on a un décalage cyclique là qui est intéressant,
04:36 parce qu'il ne se lie pas à travers la corrélation qu'on a sur les marchés de taux.
04:42 Sur les 20 dernières années, on n'a jamais vu une corrélation aussi forte
04:46 entre le marché des treasuries, donc des emprunts d'États américains,
04:49 et les emprunts d'États en zone euro, donc le bound, grosso modo.
04:52 C'est intéressant. C'est intéressant parce que ça crée des opportunités, en fait.
04:56 Il y a vraiment des positionnements là, qui, notamment en duration,
05:00 de positionnement sur le corps des taux, qui peuvent être mis à profit
05:04 pour bénéficier de ce décalage conjoncturel.
05:06 Alors maintenant, sur le calendrier, l'inflation fait de la résistance.
05:10 C'est vraiment l'enseignement qu'on a des derniers chiffres.
05:13 C'est absolument évident.
05:15 Mais la big picture, c'est qu'on reste dans un environnement désinflationniste.
05:21 Donc maintenant, ce que...
05:23 - Il n'y a pas de renversement de cette situation ?
05:24 - Non, non, non, non, non, non.
05:26 Surtout aux États-Unis. Enfin, aux États-Unis, on a des gains de productivité
05:30 un peu supérieurs à 1%.
05:32 Donc, c'est vrai qu'il y a toujours ce thème des salaires,
05:35 et donc le prix des services.
05:37 Le prix des services est encore trop élevé pour la Banque centrale.
05:41 Mais finalement, cette hausse des salaires,
05:42 elle est aussi absorbée par ces gains de productivité.
05:45 Donc, on n'a pas du un pour un entre hausse des salaires et coût du travail.
05:50 Grosse différence avec la zone euro.
05:51 Et c'est là le point de vigilance, en fait, pour la Banque centrale européenne.
05:54 Mais pour la Fed, alors c'est vrai qu'elle n'a pas aujourd'hui les arguments
05:58 pour justifier une baisse de taux.
06:00 Elle a un double mandat, la Fed. Un plein emploi et stabilité des prix.
06:03 Plein emploi, on y est presque.
06:04 Donc, en fait, elle va se focaliser uniquement sur l'inflation.
06:06 Elle n'a pas à baisser ses taux pour soutenir la croissance.
06:09 La croissance va bien.
06:10 Et sur l'inflation, c'est vrai qu'aujourd'hui,
06:14 rien ne presse, rien ne presse pour la Fed pour agir.
06:17 Mais enfin, ils ont envoyé aussi quelques signaux,
06:19 et le calendrier de juin nous paraît être raisonnable.
06:23 Cette situation qu'on décrit, Florent,
06:25 on va en venir quand même au marché boursier,
06:27 visiblement, pour les écoutis, en tout cas pour les actions,
06:31 c'est la situation idéale.
06:34 Alors peut-être que pour le marché obligataire,
06:37 il y a quelques ajustements encore devant nous
06:40 en termes de calendrier, de nombre de baisse de taux, etc.
06:42 Mais pour les marchés actions, j'allais dire, ce n'est plus le sujet.
06:46 Oui, ce n'est plus le sujet.
06:47 Et puis, effectivement, il y a eu de certains moments
06:49 où on s'est inquiétés de cette réaccélération potentielle de l'inflation.
06:53 Bien sûr.
06:54 Moi, ce que je lis au travers des résultats des entreprises
06:57 et des discours des entreprises,
06:58 c'est que cette réaccélération de l'inflation,
07:01 il me semble qu'il y a deux tendances sous-jacentes assez fortes
07:04 qui vont la caper.
07:06 La première, et du coup, je partage l'avis de Franck,
07:09 c'est aux États-Unis, notamment,
07:10 le fait que la productivité accélère
07:13 et plus vite que les salaires réels.
07:16 Et je crois que ça, c'est quelque chose qui va continuer à accélérer.
07:19 Parce que l'intelligence artificielle arrive
07:22 et que j'entends beaucoup de dirigeants d'entreprises en parler.
07:26 Donc, vous croyez vraiment à un cycle de regain de productivité, notamment, ces jours-ci ?
07:31 Je pense qu'on est sur une rampe de lancement.
07:33 Là, on a trois trimestres, mais ça peut être beaucoup plus.
07:35 Ça peut être beaucoup plus.
07:36 Je pense qu'on est au départ et qu'on est vraiment sur une rampe de lancement.
07:39 La semaine dernière, il y avait le patron d'IBM qui disait
07:42 "Voilà, mes équipes marketing, pour faire une campagne publicitaire,
07:46 aujourd'hui, ils utilisent le petit Dado Bee.
07:50 Avant, c'était deux semaines. Maintenant, c'est deux jours.
07:53 Les développeurs qui utilisent Copilot de Microsoft,
07:59 on a les premiers retours, c'est 50% de gain de productivité.
08:02 Si je sors un peu de la techno,
08:05 les avocats qui utilisent Lexis de chez Rilex,
08:09 c'est plusieurs heures gagnées par jour dans leur recherche juridique.
08:13 Et ça, je crois que c'est un phénomène qu'il ne faut pas prendre à la légère.
08:15 Je pense que ça va se diffuser dans beaucoup de secteurs.
08:18 Et donc, cette productivité-là, je la vois continuer à accélérer aux États-Unis.
08:22 Le deuxième point, la deuxième tendance de fonds sous-jacente,
08:26 c'est que les entreprises ont toujours du mal à continuer à augmenter les prix.
08:33 Ça, ça continue, notamment dans la food, c'est compliqué.
08:37 Nestlé a fait sa publication.
08:39 C'est 0% de croissance des volumes.
08:42 Et ça, ça fait plusieurs trimestres que ça dure.
08:44 Et puis, le corollaire de ça, c'est que je vois des gares de prix qui se réinstallent un petit peu partout.
08:49 Donc, on le voit dans le retail.
08:51 La semaine dernière, enfin hier, pardon, il y avait Call qui a publié,
08:54 donc un gros retailer US qui disait, voilà, les discounts, c'est plus saisonnier.
08:58 Maintenant, c'est tous les mois.
09:01 On le voit dans la logistique.
09:03 - Donc, il y a vraiment une stratégie prix des entreprises qui a changé.
09:06 - Il y a une stratégie prix qui est en train de changer.
09:08 Dans l'automobile, ça se voit très bien.
09:10 Dans certaines parties de l'industrie, ça se voit.
09:12 Même dans la techno, alors dans cet environnement, on disait, on est dans une économie d'abonnement, de SaaS, etc.
09:17 Il y a des stratégies de prix qui se mettent en place.
09:19 Je crois que le plus emblématique, c'est Alibaba qui a coupé ses prix sur le cloud de 50% il y a quelques semaines.
09:25 Il y a une petite guerre entre Amazon Web Services et Microsoft sur le stockage de données.
09:30 Et là, on a eu la fin des publications sur tout l'environnement de cybersécurité la semaine dernière.
09:37 Et donc, il y a un des leaders mondiaux de la cybersécurité qui s'appelle Palo Alto,
09:41 qui a complètement changé cette stratégie de prix.
09:44 Parce qu'aujourd'hui, les clients, ce qu'ils veulent, c'est avoir une plateforme complète avec tous les modules de cybersécurité.
09:50 Et il y a d'autres acteurs qui ça l'ont senti avant, un acteur comme Crowdstrike notamment.
09:55 Et pour attirer les clients qui ne sont pas full Palo Alto dans leur offre,
09:59 ils ont dit, bon ben voilà, les modules qui vous manquent, on vous les offre.
10:02 Pendant 18 mois.
10:04 Donc, voilà, moi je pense qu'il y a deux tendances sous-jacentes qui sont très fortes et qui vont caper cette inflation,
10:11 cette réaccélération potentielle.
10:13 Dans le contexte où on a des taux qui sont encore en territoire restrictif,
10:18 avec le calendrier électoral qu'on connaît,
10:21 je suis assez d'accord avec les deux autres interlocuteurs pour dire que
10:25 le mois de juin, ça me semble assez raisonnable pour une première baisse de taux.
10:29 C'est très américain ce que décrit Florent là, gain de productivité, des stratégies prix d'entreprise qui évoluent.
10:36 Ou est-ce que c'est quelque chose qu'on peut retrouver en Europe également à un moment ?
10:40 On en discutait avant l'émission, mais dans la dernière conférence de presse de Christine Lagarde, la semaine dernière,
10:45 elle émet l'hypothèse que, oui, les salaires vont devoir baisser un petit peu,
10:50 mais qu'à côté de ça, le staff de la BCE imagine qu'on va connaître un regain de productivité également en zone euro,
10:58 peut-être pas de l'ampleur des États-Unis, mais quand même quelque chose,
11:01 et que les stratégies prix des entreprises vont évoluer également,
11:05 et qu'une partie des coûts salariaux sera absorbée désormais par les marges et les profits des entreprises,
11:11 plutôt qu'à être repassées sans arrêt aux clients final.
11:14 C'est une hypothèse forte de la part de la BCE.
11:17 Pour l'Europe, c'est des hypothèses fragiles ?
11:19 Oui.
11:20 Fortes, en tout cas ?
11:21 Ambitieuses.
11:22 Ambitieuses, oui.
11:23 Parce qu'on est en gain de productivité négatif.
11:27 Oui, on part de...
11:28 En zone euro, d'à peu près -1%.
11:30 Et c'est pour ça que la BCE est si nerveuse sur cette question des salaires.
11:36 Et ça justifie d'ailleurs sa prudence, extrême, extrême,
11:39 parce que la décélération de l'inflation, on la voit quand même, on la voit dans les chiffres, c'est assez clair,
11:44 mais sur les salaires, il y a cet indicateur des salaires négociés, que la BCE suit d'extrêmement près.
11:52 Donc au quatrième trimestre, c'est un indicateur trimestriel,
11:54 au quatrième trimestre, on avait +4,5%, contre +4,7% au trimestre précédent,
11:59 troisième trimestre 2023.
12:00 Donc on est, ok, sur une tendance positive, mais on est beaucoup trop haut.
12:05 Et ce chiffre d'indicateur des salaires négociés au premier trimestre 2024 sera disponible en mai.
12:11 Et c'est ça qui justifie en fait l'attentisme de la BCE,
12:14 alors peut-être qu'ils reviendront dessus, ils ont toute l'attitude pour revenir dessus,
12:18 peut-être avec plus de données,
12:19 et on a vu notamment que François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France,
12:24 était quand même très très optimiste, en donnant un calendrier printemps,
12:29 en disant que la réunion de juin de la BCE est encore incluse dans le printemps.
12:34 Oui, c'est du 21 mars au 21 juin.
12:36 Voilà, donc il a un peu télégraphié la première baisse de taux de la BCE en juin, début juin.
12:42 Gardez la parole Franck, et puis réaction aussi d'Alexandre,
12:46 qu'est-ce qui se passe après la première baisse de taux ?
12:48 Moi ça, ça m'intéresse.
12:50 Le timing, c'est important, ça détermine quand même une partie du chemin
12:55 et du chemin de baisse de taux qui vient ensuite mai.
12:59 Comment les banques centrales communiquent une fois que la première baisse de taux est délivrée,
13:02 sachant que c'est déjà une communication qui n'est pas évidente aujourd'hui ?
13:06 Aux Etats-Unis, certains membres de la FED s'inquiètent que la baisse de taux envoie un signal presque trop positif
13:12 pour des investisseurs et des acteurs économiques qui seraient prêts à repartir de l'avant à l'assaut de la croissance,
13:18 des investissements, etc. Peut-être un peu trop vite, trop fort.
13:22 Oui, mais ça c'est le sujet.
13:24 Il y a une très très bonne nouvelle dans la deuxième partie de 2023,
13:27 c'est que les banques centrales ont atteint le pic dans la baisse de taux.
13:30 Ça déjà, ça a changé complètement le panorama.
13:33 Et ça a généré d'ailleurs un rallye sur les taux qui était très excessif,
13:36 mais on voit l'impact que ça a sur les marchés.
13:38 La première baisse de taux, ça va être pareil.
13:40 Ça va être la piqûre de rappel qu'on entre réellement dans un cycle.
13:44 Et on sait que ce site est extrêmement favorable aux actifs de taux et aux actifs risqués également.
13:50 Ça va soutenir les valorisations des actions, des spreads, etc.
13:55 Mais oui, après toute la question, ça va être le calendrier, le timing.
13:59 Et il y a des vraies questions structurelles en fait.
14:01 Quand vous regardez l'économie américaine,
14:03 on en discute beaucoup avec nos économistes à Allianz,
14:05 celui de Vicksub, que vous connaissez.
14:08 Lui parle de mutation de l'économie américaine,
14:11 qui encaisse de plus en plus de chocs d'offres,
14:15 qui subit une réelle mutation sur le marché du travail,
14:19 avec un déficit en fait de main d'œuvre et de main d'œuvre qualifiée.
14:25 Et avec la perspective des élections américaines,
14:28 notamment peut-être la perspective d'une administration Trump 2.0,
14:33 on peut s'interroger aussi sur l'impact des nouvelles mesures que cette administration pourra prendre.
14:39 Et si on prend pour argent comptant le programme qui est d'ores et déjà disponible,
14:44 c'est absolument massif.
14:46 C'est inflationniste quoi.
14:48 C'est très inflationniste.
14:49 C'est extrêmement inflationniste.
14:51 Donc ça, ça veut dire effectivement...
14:53 C'est tarif pour tout le monde et on compense par des baisses d'impôts pour les ménages américains.
14:57 Voilà, c'est ça.
14:59 Donc beaucoup de questions, beaucoup beaucoup de questions.
15:01 Mais ça, c'est pas la question du jour.
15:03 C'est une question qu'on commencera à se poser sans doute dans quelques semaines, quelques mois.
15:08 Je pense que l'autre point va en tête sur...
15:11 Le jour où on va commencer à baisser les taux, c'est où va aller la liquidité ?
15:16 On parle beaucoup de macroéconomie, c'est très important,
15:19 mais je pense que l'un des facteurs des fois qu'on a tendance à un petit peu sous-estimer,
15:23 c'est où va aller un petit peu l'argent ?
15:25 Je me rappelle que l'année dernière, il y a eu 1300 milliards de dollars
15:28 qui se sont déversés dans les fonds monétaires aux Etats-Unis.
15:30 Ça rapporte du 5%.
15:32 Demain, les taux baissent.
15:33 Le jour où nous, on ne le voit pas encore.
15:35 Vous êtes rémunéré à 5%, demain ça va à 4% ou à 3%.
15:38 Vous vous dites peut-être que finalement, 5% c'était bien, 3% c'est pas terrible.
15:43 Le S&P fait 25% de performance.
15:45 Je vais peut-être un petit peu réallouer sur les actions.
15:48 Donc même le 5% aujourd'hui rémunéré du stock de 7000 milliards de dollars de fonds monétaires,
15:54 rien que ça, c'est 350 milliards potentiels.
15:56 Alors que la dernière, les actions n'avaient enregistré que 170 milliards de souscription.
16:01 Vous voyez bien que cet effet, finalement, liquidité,
16:05 peut avoir un effet encore sur les valorisations et la performance du marché.
16:09 Mais le déclencheur, ça va être aussi la baisette aux fonds.
16:11 C'est typiquement ce qui fait peur à un banquier central américain comme Raphaël Bostic
16:15 ou comme ceux qui plaident plutôt pour une Fed qui resterait peut-être en statu quo
16:22 plus longtemps que ce qu'on imagine.
16:24 C'est l'effet de marché.
16:26 Déjà depuis 4 mois, la détente des conditions financières est quand même puissante.
16:29 C'est quand même un soutien pour la croissance et aussi peut-être pour la résilience de l'inflation.
16:33 Mais demain avec une baisse de taux, Raphaël Bostic parle de le risque d'une exébérance refoulée des investisseurs.
16:39 On attend la première baisse de taux pour repartir.
16:42 Il faut toujours quelqu'un aussi pour être un peu le jus de paix, pour tempérer les attentes.
16:46 La communication ne va pas être évidente.
16:48 Je rappelle que depuis 3 mois, les banques centrales n'ont fait que tempérer les attentes de marché.
16:54 On attendait 7 baisses de taux quand on a commencé l'année.
16:57 Si il y a 3 mois en arrière on avait dit qu'on n'aurait pas 7 baisses de taux mais 4 ou 3,
17:01 tout le monde aurait dit "mon Dieu, c'est la fin du monde pour les actions".
17:04 Le S&P est en hausse encore de 10%.
17:06 Donc, la Fed le pilote relativement bien.
17:10 Après, son mandat, ce n'est pas non plus d'avoir des taux réels beaucoup trop restrictifs.
17:14 Aujourd'hui, les taux réels sont trop élevés.
17:18 Elle ne veut pas non plus à un moment donné casser la machine.
17:21 Ce n'est pas son mandat.
17:22 Donc, accompagner finalement avec la baisse de taux,
17:24 qui ne sera pour moi que une normalisation.
17:26 On n'est pas là à baisser comme devrait le faire peut-être l'ABCE qui est plutôt ici en mode proactif pour la croissance.
17:32 - On n'est pas obligé d'avoir des baisses de taux à chaque meeting ?
17:36 - C'est ça.
17:37 - Ça peut être moins linéaire que ça d'une certaine manière ?
17:39 - On va faire du 3 fois 50 BP dans l'urgence.
17:42 D'ailleurs, si elle faisait 3 fois 50 BP, il y aura un problème.
17:45 Donc, aujourd'hui, si elle peut le faire de manière linéaire et finalement que le marché l'accompagne,
17:50 et puis on le voit, ça fait baisser aussi un petit peu la volatilité du marché obligataire.
17:54 Ça bouge encore beaucoup sur le obligataire, mais on a moins la volatilité qu'on a pu connaître le dernier semestre.
17:59 Ce qui me choque encore aujourd'hui, quand vous mesurez la volatilité par exemple d'un ETS sur les Treasury américains à 10 ans,
18:06 la volatilité est pratiquement deux fois supérieure à celle du S&P.
18:10 - Donc finalement, le risque il est où ?
18:12 - Pour des gérants un peu systématiques ou des portefeuilles équilibrés, effectivement, c'est une vraie question à se poser.
18:18 La volatilité est beaucoup plus faible depuis un moment sur les marchés actions que sur les marchés obligataires.
18:23 Parlons des marchés actions, du coup, Florent, comment vous regardez la situation actuelle ?
18:27 Donc, je le disais, c'est 17 records en 11 semaines pour le S&P 500.
18:31 Alors, évidemment, quand on est au sommet, on peut battre de nombreuses fois des records.
18:38 - La question étant, est-ce que les records sont faits pour être battus ?
18:42 Et est-ce qu'on est encore dans une ambiance où le potentiel plein des marchés actions n'a pas été totalement atteint ?
18:49 - La question qui se pose clairement, c'est est-ce qu'on est en euphorie ? Est-ce qu'on est en bulles ?
18:54 Est-ce que les marchés sont trop concentrés ? J'ai beaucoup entendu parler de ça.
18:58 Moi, je signale juste que les indices sont faits comme ça en fait.
19:03 Un indice, c'est on fait rentrer les gagnants, on fait sortir les perdants et on ne fait pas de rebalancement ou pondération.
19:09 Donc, si vous avez plus de grosses capilles qui montent, c'est sûr qu'elles prennent plus de place.
19:13 Il y avait une étude de Goldman qui était assez intéressante qui disait qu'effectivement,
19:17 on avait deux fois été autant concentrés sur le S&P dans l'histoire,
19:21 mais avec des valorisations qui étaient deux fois plus élevées qu'aujourd'hui.
19:24 Et du coup, voilà, moi je vois... Je vais plus parler de dispersion,
19:29 ce qui est plutôt positif à mon avis, puisque je vois que le marché est toujours très discriminant dans son approche.
19:36 Alors, on le voit en surface sur les magnifiques Sense7, Nvidia, Tesla, c'est le grand pk.
19:42 Mais quand on creuse un petit peu, il y a de la dispersion un peu partout.
19:45 D'un point de vue factoriel, si vous regardez les cycliques, vous avez les financières, la construction qui sont favorisées.
19:52 De l'autre, l'énergie, les ressources de base, la chimie, le marché en veut toujours pas.
19:57 Dans les défensives, la santé, ça c'est bien pour nous, va beaucoup mieux.
20:02 De l'autre côté, vous avez les staples, le retail, tout ça qui est toujours mis de côté.
20:06 Si je vais au sein des secteurs, vous avez aussi la dispersion intra-sectorielle.
20:11 Dans l'industrie, il y a des valeurs qui cochent un peu toutes les cases,
20:15 qui sont à la fois exposées sur le renouvellement des infrastructures aux US avec les Biodenomics,
20:20 mais qui profitent également de tendances très fortes comme la transition énergétique,
20:25 la croissance sur les data centers qui sont extrêmement consommateurs en énergie et qui fournissent beaucoup de chaleur.
20:31 Toutes les entreprises qui font de l'optimisation énergétique, ça marche bien.
20:37 De l'autre côté, vous avez tout ce qui est machinerie industrielle qui est en assez net ralentissement.
20:41 Et même si je descends dans les sous-segments, j'ai parlé de la cybersécurité tout à l'heure, il y a du tri qui est fait.
20:47 Le seul endroit où j'ai vu un peu d'exagération, c'est sur les semi-conducteurs
20:51 où le marché jusqu'à il y a quelques semaines faisait vraiment le prix entre l'IA, l'infrastructure,
20:57 on sait pourquoi ça marchait. De l'autre côté, tout ce qui était auto-industrie s'était un peu moins favorisé.
21:02 Là, ces derniers temps, il a un peu embarqué tout le monde.
21:06 Moi, il y a un indicateur que j'aime bien, c'est le taux de participation que je surveille.
21:12 Sur les semi, on est arrivé à 50% d'entreprises qui se comportaient mieux que leur indice de référence ou leur secteur.
21:19 Moi, sur cet indicateur-là, quand j'arrive à 35, déjà c'est tendu.
21:23 Donc voilà, on a embarqué vraiment tout le monde. Donc un peu une petite euphorie passagère.
21:29 - Donc là, il y a une participation très très large, vous dites finalement, à l'arrivée des semi, trop large pour être justifié.
21:34 - Pour que ça continue, si vous voulez. - Très clair.
21:37 - Donc ça ne m'étonne pas, si vous voulez, si à un moment donné, il y a des mouvements de normalisation.
21:41 Les valorisations se sont un petit peu emballées sur les semi,
21:45 on a vu des petites pointes d'exagération à certains endroits.
21:49 Nous, on a participé à l'IPO de ARM.
21:52 Donc on est rentré progressivement pour 1% du fonds.
21:55 Il y a quelques semaines, le titre a publié, il a doublé en trois jours.
21:59 Ça, ce n'est pas des comportements normaux.
22:01 - Donc il y a des poches, comme ça, vous dites, des hibérrences.
22:05 - Mais pour l'instant, c'est très isolé.
22:06 - Mais quand vous faites une analyse même granulaire du marché, il n'y a pas de bulle générale sur les actifs actions.
22:13 - Exactement. Le problème viendra le jour où tout monte à la même vitesse.
22:17 Là, ça deviendra compliqué. Pour l'instant, le marché est encore discriminant.
22:20 Donc, on reste constructif.
22:21 - Bon, sur la question de la bulle, puisque c'est la question qu'il faut poser, Alexandre, qu'est-ce que vous dites ?
22:25 Est-ce qu'il y a, là aussi, des poches de surchauffe bien identifiées à surveiller ?
22:30 Est-ce qu'il y a le risque d'un emboîlement plus général ?
22:33 Et puis, c'est toujours la même question.
22:35 - Je rappelle que la bulle dot-com explose en mars 2000, mais que de 95 ou 97 à 2000, ça ne fait que monter, quoi.
22:45 - Je pense que le contexte, franchement, il est...
22:47 Alors, oui, c'est un parallèle qui est facile à utiliser.
22:50 Maintenant, les conditions sont quand même très différentes.
22:53 D'une part, on n'est pas dans un cycle où la Fed a baissé ses taux.
22:57 Ce n'est pas la Fed qui a déclenché cette bulle aujourd'hui.
23:00 Donc là, le déclencheur, quelque part, ça va être aussi l'intelligence artificielle.
23:04 On a remonté les taux quand même 11 fois.
23:06 Donc, on peut dire que c'est ça qui crée une bulle.
23:09 Je reviens à ce qui a été dit sur les valorisations.
23:11 On est deux fois moins cher aujourd'hui quand on est en valorisation.
23:13 Si on prend les valorisations des 10 plus grosses capitulations boursières aux Etats-Unis,
23:18 effectivement, sur les deux années à venir, elles sont à 27 fois.
23:21 On est loin des 50 ou des 80 qu'on a connus dans les années 2000.
23:25 - Fais ce qui était à 100 PE en 2000, quoi.
23:27 - Voilà. Et puis, surtout, pour moi, la grande différence aujourd'hui,
23:30 c'est que vous avez des sociétés qui sont extrêmement profitables.
23:34 Moi, je les appelle les 7 fantastiques, en fait.
23:37 Elles ont quand même des taux de croissance de vente 4 fois supérieurs au reste de la cote.
23:42 Et elles ont des marges 2 fois supérieures au reste de la cote.
23:46 Donc, ce n'est pas aberrant de les payer un peu plus cher.
23:49 Finalement, il y a un peu le phénomène de rareté.
23:51 Et cette croissance, elle est délivrée tous les trimestres.
23:54 C'est l'inverse de ce qu'on pensait sur la croissance américaine qui devrait aller en récession tous les trimestres.
23:59 - Et puis, une boîte comme Nvidia, qui est suivie par les meilleurs analystes du monde,
24:02 est capable de vous sortir de vos résultats et de surprendre toute la cote
24:05 et de prendre 270 milliards de capi en une séance.
24:08 C'est absolument inédit.
24:10 Donc, je dirais, tant mieux. Ce n'est pas une situation de bulles à ce stade.
24:13 Il faut être vigilant, évidemment, au niveau stop-picking.
24:16 C'est plutôt une bonne nouvelle aussi pour des gérants qui sont capables, effectivement,
24:19 d'aller trouver des dossiers spécifiques et des pipites par ailleurs.
24:22 Je pense que l'exemple qui était donné sur RM est un bon exemple.
24:26 Mais aujourd'hui, on a quand même une petite diffusion qui est en train de s'opérer sur le marché.
24:30 Maintenant, il y a la discrimination au sein des 7 fantastiques.
24:33 Peut-être que demain, on les rappellera à ce que nous, on appelait à l'époque les 4 fantastiques.
24:37 - Oui, c'est ça.
24:38 - Le nombre se réduit un peu à vitesse grandée.
24:41 - Mais ça veut dire que, par ailleurs, il y a une diffusion.
24:44 Le S&P 500, là, sur un mois, il fait 5%.
24:47 Et ce qu'on appelle le S&P et Colwate, celui qui n'est pas pondéré de la capitalisation,
24:53 il fait également même un peu plus que 5%.
24:55 - Donc ça, c'est plutôt une bonne nouvelle.
24:56 Ça veut dire que, quelque part, on a un petit peu de normalisation qui s'opère.
25:00 Et ça, c'est plutôt ça.
25:01 - Et du coup, vous êtes sorti d'ARM ?
25:03 - On a pris les gants.
25:06 - Quand ça va trop vite, il faut que le risk management soit bien resserré.
25:11 Est-ce que sur des marchés de crédit ou obligataires,
25:14 est-ce qu'on trouve également des phénomènes un peu de surchauffe en regardant peut-être les spreads ?
25:19 Le high yield américain, c'est quoi ?
25:21 Près de 300 points de base de spread aujourd'hui, Franck ?
25:24 - Oui, on a à peu près le même phénomène.
25:26 Quand vous regardez les performances depuis le début de l'année,
25:29 les seules performances positives, vous les avez sur les marchés du crédit high yield.
25:34 La première performance, d'ailleurs, c'est le high yield asiatique.
25:37 - Qui est plus proche du comportement des marchés actions, si je dis les choses un peu simplement.
25:40 C'est l'actif risqué dans les marchés de crédit.
25:43 - Le high yield en Asie, c'est plus de 5% de performances sur l'indice depuis le début de l'année.
25:49 - C'est énorme !
25:51 - Ça a été très vite. La chute avait été monstrueuse aussi.
25:54 On avait perdu plus de 30% sur les deux dernières années, donc c'était quand même assez cruel.
25:58 Le high yield américain s'est très bien comporté aussi.
26:01 Un peu plus de 1% de performances pour le high yield en zone euro.
26:05 Donc c'est bien. Si on fait 1% de performances en deux mois, trois mois, c'est plutôt pas mal sur l'obligataire.
26:11 Par contre, c'est vrai que les indices larges, euro aggregate, US aggregate, sont négatifs en performances absolues.
26:17 Alors pas de beaucoup, c'est du -0,5, -0,8, mais ça traduit quand même cette espèce de correction et cette volatilité aussi qu'on a eu sur les taux.
26:26 Parce que les taux, effectivement, sont l'actif d'ajustement.
26:29 C'est ça qui price les anticipations des banques centrales.
26:33 Et là-dessus, c'est vrai qu'on a été tellement dans l'excès en fin d'année, qu'on a un peu souffert en ce début d'année.
26:38 Mais soyons positifs, ça redonne aussi de la valeur.
26:41 - Oui, oui, bien sûr !
26:43 - En fait, on avait très peur de ce qu'on a vu en fin d'année.
26:46 Parce qu'une telle performance, aussi concentrée en deux mois, on se disait "bon, qu'est-ce qu'on peut dire de notre client ?"
26:53 Et on peut être raté de poche.
26:55 - On était passé de 5 à moins de 4 peut-être sur le disant américain, c'est ça ?
26:59 - Oui, c'est ça, on était à 5,10, 3,90.
27:02 - Oui, c'est ça.
27:03 - Oui, 120 BP d'amplitude sur le plus haut, le plus bas en deux mois.
27:07 Donc c'est gros, c'est important.
27:09 Donc, enfin la bonne nouvelle, c'est que les marchés de taux sont redevenus investissants.
27:13 - D'accord. Et là, chaque correction qu'on a sur de l'obligataire américain sans risque,
27:18 c'est une occasion de remettre pour des clients, par exemple, qui auraient raté les points d'entrée ?
27:25 - Oui, ça prend en danger.
27:26 En fait, on est très très confortable avec, aujourd'hui, les institutions de marché sur le calendrier banque centrale.
27:31 Ça, c'est de l'aide. Parce que c'est ça qui génère la volatilité.
27:34 Donc après, il faut aller chercher des stratégies de carry.
27:36 Pas évident dans des cours d'inversé.
27:38 D'où l'intérêt du crédit, et d'où la bêtise sur le crédit, aussi.
27:41 Parce que cette performance, ça ne s'est pas faite dans le vide.
27:44 Il y a eu un appétit, mais phénoménal, sur les spreads.
27:47 - Oui, et puis quand on voit le primaire aussi, ça donne des indications quand même.
27:51 - Plus de 30% d'émission primaire par rapport à la même période l'an dernier.
27:55 - Alexandre ? Je voulais réagir.
27:57 - Oui, alors, je rejoins sur le fait, effectivement, que les courbes d'intérêt étant inversées,
28:02 il y a une opportunité, effectivement, sur l'obligataire.
28:04 Je vois, nous, en banque privée, les clients en recherche du rendement.
28:08 Il est certain que d'avoir des courbes obligataires inversées vous permet d'aller capter du rendement
28:12 sur des parties de 3-5 ans, et éviter la duration longue,
28:15 qui est trop sensible, finalement, à la volatilité qui est trop élevée.
28:19 Moi, pour moi, l'une des énigmes, encore, c'est finalement le point d'équilibre des taux longs.
28:23 Les taux américains, effectivement, ils se varient entre 4 et 4,20 actuellement.
28:28 La vraie question, c'est comment ce niveau peut continuer à être maintenu ?
28:34 On a une réaccélération économique, on a quand même un trésor américain qui va devoir beaucoup émettre.
28:40 Il faudra parier que si on va sur une année électorale, les deux candidats, de toute façon,
28:44 vont aller en sur-enchaire à celui qui va rallonger le plus d'argent.
28:48 Donc, un déficit potentiellement américain encore plus élevé.
28:51 On crée 1 000 milliards de dettes américaines supplémentaires tous les 6 mois.
28:56 A ce rythme-là, on va être à 35 000 milliards au mois de juin.
28:59 Donc, à un moment donné, quelqu'un va devoir acheter cette dette en face.
29:02 Les investisseurs aujourd'hui sont beaucoup plus sensibles à la rémunération que vous leur donnez.
29:07 Faut réparier. Donc, cette volatilité sur le long, en tout cas, va continuer.
29:11 Et que le point d'équilibre, en tout cas pour moi, sur les taux longs termes américains, on n'y est pas encore.
29:15 Oui, et puis en plus, une stratégie de trésor qui a été quand même d'émettre massivement sur du très court,
29:21 en réduisant un peu la taille des émissions longues, voire très longues.
29:24 Donc, il y a un moment où il va falloir quand même que les prix de long terme s'ajustent aussi, peut-être,
29:30 à d'autres programmes d'émissions. Ils ne vont pas pouvoir émettre que du T-bills pendant toute la vie.
29:36 Ce sera un peu compliqué. Franck, oui, sur le risque Trump, c'est ça ?
29:40 Non, mais pour remédier là-dessus, en fait, c'est exactement notre analyse.
29:43 Le premier facteur de risque dans nos portefeuilles obligataires, aujourd'hui, c'est le positionnement sur le compte des taux.
29:48 La duration vient en 5ème ou 6ème position.
29:51 D'accord.
29:52 C'est absolument clé.
29:53 Donc, il y a la valeur sur ce qu'on appelle le belly, donc le ventre de la courbe.
29:56 3-5 ans, c'est ça. Le ventre mou de la courbe des taux.
29:59 Sur la partie action, comment on gère, alors, ou comment on profite de la dispersion, du coup, pour reprendre votre analyse ?
30:07 Franck, j'imagine qu'il faut, d'une manière ou d'une autre, être présent sur la tech américaine,
30:11 en tout cas, ce qui est tiré ou tracté par la tech américaine.
30:15 Comment on s'expose à cette thématique-là, aujourd'hui, et qu'est-ce qu'on a envie d'avoir, en plus, à côté ou en face,
30:21 s'il faut se couvrir contre un risque, à un moment peut-être, de surchauffe ?
30:24 Ça ne va pas vous surprendre, mais je vais vous parler de santé.
30:26 Qui est un des grands thèmes d'expertise de Trecento, bien sûr.
30:29 Pour se diversifier, c'est bien. Nous, en plus, on s'attache à avoir une volatilité assez faible sur le fond Trecento santé.
30:35 Et puis, voilà, il y a le risque électoral américain qui nous semble assez contenu.
30:41 On ne voit pas, Biden, aller beaucoup plus loin que ce qu'il a déjà fait.
30:45 Sur la santé, notamment ?
30:46 Sur la santé, oui.
30:47 On ne va pas se refaire l'épisode Hillary Clinton ?
30:49 Non, disons qu'il a déjà fait beaucoup de choses. Il a annoncé, pendant sa candidature actuelle, encore des choses.
30:57 Et pour que ça se réalise, bon, déjà, il faudrait qu'il soit élu. Il faudrait qu'il y ait un sweep démocrate.
31:02 D'accord.
31:03 Donc, c'est quand même beaucoup de soucis.
31:04 D'accord.
31:05 Et de l'autre côté, si on a un Trump, je rappelle que quand Trump a été élu…
31:09 Donc, la menace est toujours récurrente pour la santé à chaque élection américaine, mais vous dites qu'elle est peut-être un peu moins forte cette fois-ci.
31:15 Voilà, il a déjà fait beaucoup de choses. Et de l'autre côté, on a un Trump qui, je le rappelle, la santé est un des meilleurs performeurs sectoriels quand Trump était élu.
31:24 Il y a quelques années.
31:26 Et puis, voilà, sinon, sur la santé, vous savez que le secteur n'a pas très bien marché l'année dernière.
31:32 Non, non.
31:33 Et voilà, il y a des endroits…
31:36 Mis à part Novo Nordisk et Lilly, effectivement, le reste a plutôt directé.
31:40 Ça a été les deux arbres qui ont caché la forêt. Notamment, ces deux acteurs-là ont complètement disrupté la Medtech, l'équipement médical.
31:48 On est revenu sur des niveaux de valorisation très intéressants.
31:52 Malgré le fait qu'il y ait déjà eu un petit rebond, il y a des niveaux de procédures qui reviennent à la normale, des effets Covid qui sont un petit peu nettoyés.
32:01 Ça se voit également sur tout ce qui est Life Science, tout ce qui est outils à destination des laboratoires, organismes de recherche externalisés.
32:09 Là aussi, il y a des effets Covid qui ont été nettoyés. Il y a un beau tome d'activités qui arrivent.
32:14 Et puis, là aussi, il y a l'intelligence artificielle qui est là, qui va augmenter le nombre de découvertes de molécules,
32:21 qui va raccourcir les procédures entre chaque phase de développement d'un médicament.
32:25 Et ça, c'est typiquement un secteur où les effets de diffusion des nouveaux outils IA vont se matérialiser et peut-être même déjà en train de se matérialiser ?
32:34 Sur la découverte des molécules, ça ne se voit pas encore parce que faire un médicament, ça prend beaucoup de temps.
32:40 Mais oui, effectivement, c'est quelque chose qu'on peut commencer à anticiper. Mais il y a des choses comme le diagnostic, par exemple.
32:45 L'imagerie médicale est très intéressante puisque ça se porte très bien au deep learning.
32:50 Le deep learning a commencé à apprendre de la reconnaissance de chiffres, de lettres.
32:54 Et l'imagerie médicale se porte très bien au deep learning. Et donc, il y a des entreprises qui commencent déjà à profiter de ça.
32:59 Mais oui, l'intelligence artificielle va se diffuser dans la santé. Et ce n'est pas moi qui le dis, c'est NVIDIA qui disait que son premier client final sera le secteur de la santé.
33:10 Ah oui !
33:11 Ça va être son premier marché adressable en client final.
33:14 Oui. Qui sera intermédié par d'autres acteurs.
33:18 Qui sera intermédié par d'autres acteurs.
33:19 On verra si NVIDIA devient à un moment une boîte vraiment bitoussie ou s'il reste effectivement à fournir des grands groupes comme ceux qu'ils fournissent aujourd'hui.
33:28 Comment on se diversifie ? Comment on gère le risque de concentration dans les marchés quand on réfléchit en matière d'allocation globale, Alexandre ?
33:36 Écoutez, pour nous aujourd'hui, c'est un petit peu trouver des poches de valeur dans d'autres marchés.
33:41 Difficile en fait de ne pas rester investir sur les marchés américains. Après, c'est comment on va le compléter.
33:48 Notre choix aujourd'hui, c'est plutôt les actions émergentes au sens large.
33:52 Pour faire simple, vous avez une décote de 50% en termes de valorisation, mais vous avez une croissance des profits attendue de plus de 50% supérieure par rapport à l'indice américain.
34:02 Et puis surtout, un marché qui est un petit peu déserté par les investisseurs institutionnels.
34:09 C'est vrai que la Chine a fait beaucoup de mal aux émergents.
34:11 Finalement, RENCEL qui a embarqué toute la cote à la baisse.
34:14 Beaucoup de gens aujourd'hui même résonnent en fait sur l'indice émergent ex-Chine.
34:17 Bien sûr.
34:18 Pour le sortir des benchmarks et de se dire bon, je ne le prends plus en considération.
34:22 Si jamais ça rebondit comme ça, je ne l'ai pas dans mon indice. Personne n'a à me dire que j'ai loupé le train.
34:28 Néanmoins, on discutait tout à l'heure de l'Inde.
34:31 Regardez, le poids de l'Inde a été multiplié par 5 en 5 ans.
34:35 Il n'est pas encore tout à fait au même niveau que la Chine, mais il s'en rapproche.
34:39 Donc, on a un marché émergent global qui devient beaucoup plus diversifié avec des poches où on trouve des dossiers très intéressants.
34:47 On peut penser par exemple dans le semi-conducteur Taïwan, qui a des valeurs incroyables.
34:52 En Corée en ce moment, on a non seulement un marché qui se porte bien.
34:56 Ce qu'on aime bien aujourd'hui par exemple en Corée, c'est que vous avez une réforme de la gouvernance des entreprises.
35:02 Ce n'est pas tout à fait ce qu'a fait le Japon avec Abenomics à partir de 2013, mais pas loin.
35:06 De façon à un petit peu inciter les entreprises à faire du rachat d'actions, à payer plus de dividendes
35:13 et à arrêter de faire des investissements croisés entre elles.
35:17 Et ça, ça peut être un libérateur de valeur.
35:19 Donc, on voit que dans les marchés émergents, en tout cas pour nous, on retrouve pas mal d'histoires spécifiques pays au sein de la zone émergente
35:26 qu'on a bien complétée dans les portes de ce nouveau.
35:28 Vous voyez de la valeur dans les émergences, sur le plan obligataire aussi ?
35:31 Oui, absolument. Ça, c'est un thème majeur.
35:34 Enfin, historiquement, le signal pour la date émergente, c'est le sommet sur la hausse des taux des banques centrales.
35:41 Directeur Fed.
35:42 Donc, à plus ou moins 3 mois, c'est le signal qui a toujours marché.
35:45 Et fondamentalement, c'est des pays qui ont des...
35:47 Enfin, évidemment, il faut être extrêmement sélectif, parce que c'est un ensemble vaste.
35:51 Mais vous avez des excédents primaires.
35:54 Vous avez donc des positions même budgétaires qui sont meilleures que les positions budgétaires en moyenne des pays développés, notamment la zone euro.
36:01 Je me rappelle, il y a 10 ans et plus, c'était les 5 fragiles.
36:05 C'était... On parlait des pays fragiles, émergents, des pays en crise, en déficit, jumeaux, etc.
36:12 Ces situations-là, budgétaires, ont beaucoup changé.
36:15 Absolument. Et en termes de diversification obligataire, donc je parlais de cette corrélation extrême en termes d'emprunts d'État.
36:22 Donc là, il y a des opportunités qui se créent.
36:24 Mais sur les devises également, regardez la volatilité.
36:26 La volatilité sur les devises majeures, elle est pratiquement à son plus bas historique.
36:32 Là aussi, il y a des choses à faire, parce qu'il y a des décalages conjoncturels.
36:36 Il y a des stratégies de banque centrale différentes.
36:38 Donc, on est long Yen, par exemple. On est long couronne norvégienne.
36:42 On fund ça avec un peu d'euros et un peu de dollars.
36:47 Mais il y a pas mal de choses à faire, oui.
36:50 Long Yen, parce que la banque du Japon va sortir des taux négatifs ?
36:54 Oui, on y croit beaucoup.
36:56 Il y a eu un rapport sur les salaires, une exonération de salaires au Japon, qui est extrêmement positive.
37:01 C'est exactement ce que voulait la banque du Japon.
37:03 En fait, il y a des banques centrales qui ne veulent pas d'inflation, mais la banque du Japon qui veut de l'inflation.
37:08 Et de l'inflation, on s'aime un peu, PRN.
37:10 Mais on ne sait plus.
37:11 Ça fait 25 ans qu'elle l'attend.
37:13 Oui, mais même en zone euro, on est parti d'une séquence qui s'appelait la stagnation séculaire, la grande modération, etc.
37:21 Où les économies étaient à la recherche d'inflation pendant 10 ans.
37:25 Sortir des taux négatifs, est-ce que ça peut entamer la bonne marche du marché d'action japonais, Alexandre ?
37:32 Ou est-ce que ça peut, je ne sais pas, créer une impulsion supplémentaire pour les actions japonaises qui ont comblé un gap de 34 ans ?
37:40 Enfin ! J'étais allé au Japon la première fois en 1990, donc je n'ai connu qu'un marché qui a baissé pendant 25 ans.
37:48 C'est plutôt une bonne nouvelle.
37:50 J'aurais une vue un peu plus nuancée sur la sortie de la Banque du Japon des taux négatifs.
37:56 Je pense qu'honnêtement, elle va passer de -0,1 à 0.
38:00 Est-ce que c'est un gros move ? Je ne pense pas.
38:04 Est-ce que c'est un changement d'ordre ? Non.
38:06 Je pense que la Banque du Japon peut être très patiente.
38:09 Elle l'a dit à plusieurs reprises.
38:11 Je ne pense pas qu'elle va s'embarquer dans une série de remontées de taux.
38:15 Elle a vraiment cette volonté de s'assurer que l'inflation soit bien maintenant persistante.
38:20 Elle n'est pas encore convaincue.
38:21 On a des bons signaux.
38:23 Maintenant, ce qui veut dire que dans cet environnement, c'est plutôt positif pour les actions japonaises.
38:30 Je ne suis pas convaincu qu'aujourd'hui, il ne faut pas couvrir le risque de change.
38:37 Dit autrement, le Yen peut continuer à rester faible dans son environnement.
38:41 Pour acheter les actions japonaises, il faut prendre la décision de se couvrir ou pas.
38:47 Si vous ne couvrez pas votre risque de devise, finalement, l'année dernière, les actions open faisaient mieux que les actions japonaises.
38:53 Effectivement, sur la performance, on l'a rien dit.
38:57 On s'est dit que c'était génial.
38:59 Mais quand vous êtes en euro, vous la ramenez dans votre performance, dans votre devise.
39:03 Il faut faire deux choix.
39:05 Il faut la direction du marché et la décision sur la devise.
39:09 Vous dites que sur le Yen, ce n'est pas évident qu'on ait un mouvement de réappréciation du Yen qui soit majeur.
39:15 Je pense que la réappréciation du Yen, si elle devait venir, le déclencheur ne sera pas la remontée des taux de la Banque du Japon.
39:22 Ce serait plus soit si on a un choc sur les marchés, parce qu'en général, c'est une devise de refuge.
39:27 Ou bien parce qu'on a, côté américain, une baisse plus prononcée des taux.
39:32 Et le différencier des taux devient un peu moins favorable pour les investisseurs en dollars.
39:37 Bon, quelques réponses la semaine prochaine, puisqu'on aura et la réunion de la Banque du Japon, 18 et 19 mars,
39:43 et la réunion de la Réserve fédérale américaine, 19 et 20 mars prochains.
39:46 Je rappelle au passage un décalage de seulement 5 heures avec la côte est des Etats-Unis.
39:50 Donc ça réduit un petit peu le lag entre les décisions américaines, la publication des statistiques, l'ouverture du marché américain.
39:58 Et nous, en France, l'ouverture est donc à 4h30 désormais et à 21h pour la clôture pendant les prochaines semaines.
40:05 Merci beaucoup messieurs, merci d'avoir été des invités de Planète Marché ce soir.
40:08 Frank Dixmier, Allianz Global Investors, Alexandre Rabovitch, Indos US Wealth Management et Florent Martini, Trecento Asset Management.
40:15 Management.