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Mardi 17 décembre 2024, SMART BOURSE reçoit Florian Ielpo (Responsable Macro au sein de l'équipe Multi-Asset, Lombard Odier IM) et Vincent Guenzi (Directeur de la Stratégie d'Investissement, Cholet Dupont Oudart)

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00:002 invités avec nous ce soir pour décrypter les mouvements de la planète marché, on
00:14va refaire un peu le match de 2024 mais surtout se plonger dans l'année 2025 qui approche
00:19à grands pas.
00:20Vincent Guenzi est avec nous, le directeur de la stratégie de Cholet-Dupont-Houdard.
00:23Bonsoir Vincent.
00:24Bonsoir Olivier Cohen.
00:25Merci d'être là et merci à Florian Hielbaud de nous accompagner également.
00:28Bonsoir Florian.
00:30Vous êtes le responsable de la macro chez Lombard, Audier, IEM, un mot peut-être de
00:35cette année 2024 et des tendances qu'on a pu observer tant sur le plan macroéconomique
00:41que sur le plan des marchés, on parle beaucoup de cet exceptionalisme américain qui se vérifie
00:47cette année, qui s'est vérifié également l'année précédente en 2023 Florian et c'est
00:54un chiffre qui vous revient mais que je mets en avant et que j'aimerais bien que vous
00:58puissiez commenter, c'est-à-dire que quand on parle d'exceptionalisme américain, il
01:01faut bien comprendre de quoi on parle, 80% des économies développées ont été en ralentissement
01:08économique sur 2023 et sur 2024, à l'exception des Etats-Unis, c'est ça l'exceptionalisme
01:15américain.
01:16Alors qu'on parle en fait tellement de l'économie américaine au quotidien qu'on a l'impression
01:20que l'économie mondiale va de mieux en mieux depuis deux ans, on confond les deux, on confond
01:25les deux et pire que ça, on est en train de se dire qu'en fait que la politique monétaire
01:28est complètement inefficace, c'est-à-dire que ça fait deux ans qu'on nous monte les
01:31taux de façon à ralentir la demande, à ralentir l'investissement et tenter de museler l'inflation
01:38sur le plan des marchés, sur l'inflation mais on a l'impression que cette économie
01:41américaine qu'on sait qu'on utilise comme mesure de la situation globale économiquement
01:45parlant, elle ne réagit pas du tout.
01:48Il y a un double exceptionalisme, c'est-à-dire que la situation américaine en termes de
01:53croissance elle est exceptionnelle, la situation en termes de marché elle l'est également.
01:57Alors j'ai d'abord, enfin si vous voulez bien d'abord, en termes de croissance, l'élément
02:02important à avoir en tête c'est évidemment politique fiscale, c'est ce qui est en train
02:06de se passer aux Etats-Unis en termes de politique fiscale est en fait un pare-feu
02:09allumé contre la Fed qui a justement empêché aux Etats-Unis de se produire exactement
02:14ce qui s'est produit en Europe, en Chine et comme vous le disiez dans 80% des économies
02:19qui composent le monde.
02:20Ça c'est un facteur où on devra s'interroger pour 2025, est-ce qu'il va continuer à rendre
02:26les Etats-Unis exceptionnels ou pas, ça c'est un premier point d'interrogation.
02:29Et puis la deuxième source d'exception c'est évidemment ce qui se passe sur le marché
02:33action américain et ce marché action américain en fait, et c'est probablement lié justement
02:38à ce qui se passe du côté économique, ce marché américain, il a concentré une attention
02:43très forte d'investisseurs qui sont soit des investisseurs particuliers qui investissent
02:49leurs économies dans des noms qu'ils connaissent bien, soit des investisseurs qui sont convaincus
02:53par le passif et sortir du passif, faire de la diversification dans cet environnement
02:59là ou simplement suivre les lignes de l'économie, c'est la boîte à baffes, c'est la soupe
03:04à la performance, c'est ça les benchmarks tout simplement.
03:07Mais il y a un vrai fondamental, c'est-à-dire que les marchés et voir combien les marchés
03:14américains aspirent l'épargne du monde depuis deux ans, il y a une vraie réalité économique
03:20fondamentale derrière ça, les marchés ne sont pas déconnectés de ce qui se passe
03:23sur le plan économique aujourd'hui aux Etats-Unis.
03:26Alors évidemment on pense à 2001 et on se demande si aujourd'hui la valorisation des
03:32earnings, la valorisation des dividendes n'est pas comparable à celle de 2001, alors pas
03:36encore, les PE sont encore loin de ce qu'on voyait en 2001 et ensuite un chiffre, si on
03:41ne s'intéresse plus au S&P mais juste à la croissance des profits dans les entreprises
03:46américaines telles que la comptabilité nationale le rapporte, on a une croissance des profits
03:50sur trois ans de 13%, c'est la plus forte croissance des profits qu'on ait observée
03:55sur 30 ans.
03:57Donc oui les entreprises américaines ont l'air attractives mais parce qu'elles le
04:02sont réellement, à la fois small, mid et large et c'est un peu ce que cette année
04:07a salué globalement, surtout post-élection américaine.
04:10Vincent, que vous inspire cette situation ? La question pour 2025 étant est-ce que cet
04:15exceptionnalisme américain tant sur le plan macroéconomique que sur le plan de la performance
04:19des marchés peut encore durer ? Ou est-ce qu'il est temps de s'interroger quand même
04:25sur d'autres opportunités peut-être qui pourraient exister en dehors du marché américain
04:29voire peut-être l'idée d'une fragilisation à un certain moment de ce marché américain
04:36qui reste une tentation très forte bien sûr.
04:38Je voudrais ajouter déjà quelques éléments sur le descriptif assez complet qu'a fait
04:43Florian sur l'exceptionnalisme américain.
04:45Si on remonte un cran plus haut dans l'analyse, il faut bien voir que depuis 30 ans, 40 ans,
04:53les Etats-Unis ont gardé leur taux de croissance potentiel globalement et la croissance est
04:57restée bonne ou amôlante aux alentours de 2-3% par an en moyenne.
05:01Pourquoi ? Parce qu'il y a une démographie qui est plus favorable que chez nous grâce
05:05à des migrations plus ou moins maîtrisées et assimilées et aussi parce qu'il y a des
05:10gains de productivité qui cycle après cycle sont toujours là.
05:13Donc ça c'est ce qui nous fait le cœur de la croissance américaine.
05:16Et ça vous dit que c'est 30 ans, c'est 30 ans d'investissement ?
05:19C'est même 50 ans.
05:20Ou même 50 ans ?
05:21Depuis les années 70.
05:22Ça ne tombe pas du ciel comme ça en 2020 ?
05:24La croissance des pays européens en absolu ou en relatif, c'est grosso modo les années
05:2870.
05:29C'est la fin des Trente Laurieuses.
05:30Les Etats-Unis, eux, ont traversé cette période, ont même réaccéléré parce qu'il y a eu
05:34des réaccélérations de la productivité.
05:35Pourquoi ? Parce que c'est un marché unique, parce que c'est un gouvernement unique, parce
05:40qu'il y a des politiques fiscales qui sont plus expansionnistes ou même budgétaires
05:43qui sont plus expansionnistes qu'il le faut.
05:45Ça n'empêche pas de temps en temps de remettre un petit peu de bon ordre et de rebaisser
05:50un peu la dette.
05:51Les Etats-Unis ont quand même réussi à le faire par le passé.
05:54C'est moins le cas aujourd'hui.
05:56Et puis, vous avez ce fameux écosystème de la tech qui s'est développé depuis les
06:01années 90, qui fait que bien sûr c'est un élément dans la productivité, mais c'est
06:05aussi un élément dans la croissance.
06:06Et tout ceci se traduit en des marges aux Etats-Unis qui sont au plus haut historique
06:10pour les entreprises, qui bien sûr rencontrent des cycles, mais qui chaque fois arrivent
06:14à aller plus haut.
06:15Ça se traduit dans la valorisation des marchés, plus la confiance des investisseurs, parce
06:20que les Etats-Unis ont été attaqués une fois sur leur sol, on s'en souvient.
06:24L'Europe confrontée aujourd'hui à plein de choses, les problèmes de gouvernance européennes,
06:28les problèmes à nos frontières avec l'Ukraine, etc.
06:31Dernier point sur les Etats-Unis, un pays qui est devenu autosuffisant quasiment en
06:36termes de matières premières énergétiques.
06:38Alors, ça ne veut pas dire qu'ils importent quand même du pétrole, mais en contrepartie
06:42ils exportent d'autres choses.
06:43Donc, ils sont autosuffisants et ça, c'est plutôt le côté républicain qu'il a développé.
06:50Bien qu'ils ne soient pas absents, bien entendu, des énergies renouvelables, c'est évident.
06:54Donc, voilà, il y a tous ces éléments qui se traduisent par ce que vous avez dit, une
07:00croissance qui est plus forte, un appétit des investisseurs qui vient.
07:03Et les investisseurs, ils viennent d'autant plus que, comme vous le disiez, si on regarde,
07:08si on compare, le reste du monde ne fait pas la figure.
07:12Ça n'a pas toujours été le cas.
07:14Il y a eu quand même un grand challenger des États-Unis sur le plan économique et
07:19sur le plan boursier, c'était les pays émergents.
07:21Il se trouve que les pays émergents, c'est de plus en plus concentré également, notamment
07:26autour de la Chine, et que quand ces pays émergents croissent un peu moins vite, ça
07:30se voit tout de suite dans la croissance mondiale.
07:31La croissance mondiale aujourd'hui, elle tourne aux alentours de 3.
07:34Il y a quelques années, on était aux alentours de 5 grâce aux pays émergents.
07:37Donc, là aussi, il y a ces éléments-là qui font que, même dans les pays émergents,
07:42il y a des flux qui partent vers les États-Unis.
07:44Et l'Europe a eu quelques vagues périodes de rémission en termes de performance par
07:48rapport aux États-Unis, voire même en termes de performance économique, mais là, c'est
07:51vraiment très flugace.
07:52Mais aujourd'hui, on a du mal, on a du mal quand même à se dire, l'Europe aujourd'hui
07:59est un strong buy.
08:00En plus, on n'oublie pas que les investisseurs anglo-saxons détiennent 40 % du CAIC et peut-être
08:07autant des indie-stocks.
08:09Donc, s'ils ne reviennent pas, c'est-à-dire tant qu'ils ne quittent pas leur pays.
08:12Donc, c'est très compliqué.
08:15Alors, on arrive à un point où, effectivement, on a un marché américain qui est très cher.
08:19Est-ce qu'on est au top d'une bulle, comme en l'an 2000 ? Je pense qu'on n'y est pas
08:25encore, mais on est bien en train de la gonfler, probablement.
08:27C'est un risque.
08:28C'est un risque.
08:29C'est un risque.
08:30Et les récessions, elles n'arrivent pas forcément parce que les taux montent.
08:33Elles arrivent parce qu'il peut y avoir une bulle boursière qui explose ou une bulle
08:36de dette.
08:37Donc, ça, c'est quelque chose que j'ai à l'esprit.
08:39Évidemment, il est impossible de dire à quel moment ça va se produire, mais je pense
08:43que le vrai risque aux États-Unis, il est plus là qu'ailleurs.
08:47Bon, on reparlera de la politique de Trump après.
08:49Et sur l'Europe, bien sûr, on a des valorisations qui sont très peu chères, en absolu et en
08:56relatif.
08:57Bien sûr, c'est lié à la composition des indices, mais pas que ça.
09:00Mais on voit même que dans la tech en Europe, on a plus de mal à trouver des valeurs pour
09:05faire jeu égal avec les valeurs américaines.
09:08Donc, c'est très compliqué.
09:10Et on a en Europe des marchés qui sont drivés par quelques valeurs, comme aux États-Unis.
09:15Vous décrivez quelque chose qui est devenu structurel dans l'esprit d'un stratégiste
09:18comme vous, Vincent, cette domination, cette dominance même du marché américain, des
09:24actions américaines, cette capacité à aspirer les flux d'épargne mondiaux.
09:27C'est quelque chose qui est inscrit dans le temps, qui est là pour durer.
09:30Oui, au-delà du fait que tactiquement, il y aura des moments pour l'Europe et on pourra
09:35en discuter.
09:36Mais là, c'est une vision structurelle.
09:38Sur des décennies, c'est la vision structurelle, il n'y a pas photo.
09:41La dernière période où l'Europe a franchement surperformé les États-Unis, c'est entre
09:462003 et 2007.
09:47C'est ça.
09:48Ça a duré 4 ans.
09:49C'est rien sur 40 ans.
09:50Donc, oui, il y aura bien sûr des retours en grâce de l'Europe, mais il y a beaucoup
09:54de prérequis, de catalyseurs, et aujourd'hui, on ne les a pas.
09:58Bon, stop ou encore, là, pour 2025, en tout cas, Florian, qu'est-ce que vous dites ? Vous
10:04dressez un constat parfait avec une perspective historique.
10:08La fonction du marché, c'est de mettre un prix sur tout ça.
10:10On peut imaginer que cet exceptionalisme américain, vous le disiez, le marché américain peut
10:14paraître cher, etc.
10:15Beaucoup de choses et de bonnes nouvelles sont déjà intégrées dans les cours américains
10:21et, j'allais dire, en creux dans la faiblesse des valorisations qu'on peut observer dans
10:26le reste du monde.
10:28Est-ce qu'on imagine, dans le cadre des réflexions 2025, différents catalyseurs qui pourraient
10:34amener au moins une réallocation partielle ?
10:37Faisons juste la différence entre ce qui se passe de façon structurelle et ce qui
10:43se passe de façon tactique ou cyclique.
10:45Structurellement, l'exceptionalisme américain est là parce que la structure de l'économie
10:49américaine, des entreprises américaines le permet et la structure européenne ne le
10:52permet pas.
10:53Je pense que ça, c'est un problème qu'on peut mettre de côté.
10:55C'est « own it, don't trade it » ou « trade it, don't own it ».
10:59C'est exactement ce mantra-là, c'est-à-dire qu'on a un cœur de portefeuille qui va
11:04durablement être américain et de temps en temps on va avoir des satellites qui peuvent
11:08être européens.
11:09L'an passé, ce que je disais, c'est qu'avec ce ralentissement, on a globalement eu une
11:16préférence pour les Etats-Unis, au passage, une préférence pour les actifs de croissance,
11:22c'est plutôt un positionnement classique de portefeuille action en période de ralentissement
11:27économique.
11:28Donc ce n'est pas complètement non plus déraisonnable tactiquement non plus.
11:31La croissance devient un refuge, là où elle existe.
11:33Exactement, elle porte très mal son nom d'ailleurs.
11:34Oui, je suis d'accord, ça prête à confusion, on est d'accord.
11:38Nous, ce qu'on voit aujourd'hui, c'est qu'on a globalement dans nos signaux de
11:42suivi de la macro, une majorité de données qui est en train de s'améliorer.
11:46C'est une petite tendance qui a commencé en septembre-octobre, qui a continué à
11:50s'amplifier.
11:51Aujourd'hui, en décembre, elle est vraiment très nette, on a 58% des données économiques
11:54qui sortent qui sont en amélioration.
11:56Sur le plan mondial ?
11:58Sur le plan mondial, là où on voit le plus d'amélioration, c'est plutôt du côté
12:03chinois et européen, et suédois, petite économie très ouverte.
12:07C'est un phare dans la nuit assez intéressant.
12:11La Riksbank a baissé de 50 points de base, je crois, à son dernier mouvement, pour donner
12:15un peu de perspective, n'est-ce pas ?
12:18Il y a un phénomène en ce moment de ce qu'on appelle une reprise nominale, c'est-à-dire
12:23qu'on voit aujourd'hui des signaux d'amélioration cyclique de ces économies-là, à la fois
12:28du côté des prix et à la fois du côté de l'activité réelle.
12:31Ça, ça cadre assez bien avec les prévisions de l'UFMI que je vous partageais avant la
12:36commission.
12:37Et l'UFMI aujourd'hui, qu'est-ce qu'il voit ? Il voit 60% des économies mondiales
12:43développées en accélération l'an prochain.
12:46Donc l'inverse de 24 et 23, où on avait même jusqu'à 70 ou 80% des économies développées
12:51en ralentissement.
12:52Là, ça s'inverse, on va avoir 60% du monde développé qui va être en accélération
12:56et en dynamique de croissance sur 2025.
13:00Nominal.
13:01Nominal.
13:02C'est-à-dire qui peut influencer les profits des entreprises locales.
13:05Ça, c'est plutôt quelque chose de rassurant.
13:07Donc si on accepte le narratif de « oui, il y a eu concentration de la performance
13:11économique et donc concentration de la performance de marché », si on inverse la tendance,
13:16ça pourrait nous aider non pas à voir les actions américaines tomber, mais avoir un
13:21effet de rattrapage temporaire de valeurs qui, pour l'instant, ont été délaissées.
13:25Évidemment, on parle d'Europe, on parle des émergents au sens général, côté crédit,
13:31côté action.
13:32Et ça, pour nous, c'est un scénario qui nous va assez bien.
13:34C'est-à-dire qu'on arrête ce pari croissance parce qu'il n'y a plus de ralentissement
13:39et on passe sur un pari value parce qu'il y a accélération de la croissance.
13:42Reprise cyclique.
13:43Reprise cyclique.
13:44Ce qu'on aurait typiquement fait en 2009.
13:45Et ça, c'est des signaux auxquels le marché peut réagir assez vite ?
13:51Alors, on peut regarder les performances de décembre.
13:55L'Europe, pour le moment…
13:56Ce qui m'a marqué, juste la petite parenthèse, c'est le point que je faisais quand Pauline
14:00nous parlait de l'enquête ZOO et de l'enquête IFO en Allemagne.
14:02C'est-à-dire que c'est très intéressant de voir la vision de l'investisseur allemand
14:06mesuré par le ZOO qui remonte parce qu'on a une perspective ou un espoir de changement
14:11à horizon de quelques mois, quand la vision du chef d'entreprise allemand, elle ne cesse
14:16de se dégrader parce que lui, il est quand même un peu dans le présent quand même
14:20et assez pragmatique sur la question de long terme, de la soutenabilité, de son modèle
14:27économique, etc.
14:28Très intéressant de voir ces deux angles de perspectives très différents, pourtant
14:32sur une réalité identique qui est celle de l'Allemagne.
14:34Il est pessimiste, le chef d'entreprise, parce qu'il a entendu parler de l'élection
14:38américaine et parce qu'il n'a probablement pas spécialement en tête ce que des baisses
14:41d'autos de la BCE peuvent produire en termes de reprise cyclique.
14:43Ces deux ans de ralentissement, on les doit à nos banques centrales qui ont fait leur
14:47travail pour purger nos économies d'une inflation excédentaire, excessive.
14:51Le moment où elles baissent leurs taux, pour autant que la baisse de taux des banques centrales
14:55se transmette à la fin de la courbe, c'est-à-dire que les taux dix ans baissent de concert
14:58avec les taux courts, on pourrait imaginer encore une fois un scénario inverse où les
15:02banques centrales viennent au secours de la conjoncture, simplement elles sont bien moins
15:06efficaces à lutter contre l'inflation ou à relancer l'économie que la politique
15:11fiscale.
15:12La politique fiscale c'est un peu le dernier éléphant dans le magasin de porcelaine de
15:152025.
15:16On va avoir en termes de policy mix quelque chose de toujours très fort aux Etats-Unis,
15:25un peu Goldilocks, une Fed qui va quand même continuer de baisser un peu ses taux et du
15:30déficit qui augmentera peut-être pas autant qu'il a augmenté ces dernières années
15:33mais qui va se maintenir à un niveau important, tandis qu'en Europe on aura presque un peu
15:38l'inverse, on va avoir de la consolidation budgétaire au niveau agrégé zone euro et
15:44une BCE qui pourrait être encore peut-être un peu prudente dans son rythme et la délivrance
15:52de baisse de taux.
15:53Je serais plus pessimiste que vous sur la partie fiscale, c'est-à-dire que la consolidation
15:58fiscale elle commence pas uniquement lorsqu'on tente de faire des économies mais lorsque
16:05le déficit d'année en année est de moins en moins prononcé.
16:08On s'est habitué à des déficits abyssaux aux Etats-Unis, il faut bien comprendre que
16:13l'année où les Etats-Unis font 13% de déficit public en miroir, il y a 49% pour être précis
16:21de croissance des profits des entreprises.
16:23Il y a un fort effet stimulant de l'ISB qui est extrêmement fort, de moins en moins
16:30fort par rapport à ce qu'on avait dans les années Reagan mais qui reste extrêmement
16:33fort et ça on l'aura de moins en moins aux Etats-Unis.
16:36De toute façon, deuxième élément, ce déficit qui va être creusé aussi parce qu'on a
16:41les tax cuts sur la partie entreprise donc l'impôt sur les profits qui devraient être
16:47revus à la baisse mais ça ne stimule pas la demande, ça gonfle les profits temporairement
16:54des entreprises mais par contre ça ne stimule pas la demande alors que jusqu'à présent
16:57on avait quelque chose de très positif, très pro-cyclique dans la démarche.
17:03Donc on peut aussi avoir une nature de déficit qui est très différente de ce qu'on a eu
17:07de présent.
17:08J'entends, la composition du déficit qui change et donc c'est plus la même histoire
17:11macro forcément pour le régime économique américain.
17:15Vincent, sur ce qui peut se passer aux Etats-Unis en 2025, en intégrant bien sûr le facteur
17:21politique Trump, en spéculant même j'ai envie de dire sur le facteur Trump, où est-ce
17:26que vous l'attendez, où est-ce qu'on l'attend peut-être moins et est-ce que Trump va chercher
17:31à préserver, à magnifier encore un peu plus cet exceptionnalisme américain ou est-ce
17:36que, je ne sais pas, quelques maladresses ici et là, est-ce qu'il pourrait fragiliser
17:41cet exceptionnalisme américain aux yeux des investisseurs mondiaux ?
17:44Je crois qu'il est difficile de faire des prévisions.
17:48On connaît Donald Trump, on connaît son programme et comme vous le savez il ne va pas appliquer
17:55la totalité de son programme, il va être beaucoup plus pragmatique, de même qu'il
18:00a nommé des gens pour ça, des secrétaires au Trésor, des gens plutôt comptables des
18:06dénies publiques.
18:07Il n'empêche que le motif pour l'année prochaine c'est des baisses d'impôts, on en a parlé,
18:14c'est relancer ou améliorer encore le bilan énergétique pour faire baisser les prix
18:18du pétrole pour répondre à la problématique des prix que les électeurs ont exprimés,
18:24c'est faire de la déréglementation et puis effectivement c'est, comment dire, mettre
18:33en place un certain nombre de mesures protectionnistes et s'adresser au problème de l'immigration.
18:39Il ne peut pas tout faire, il va le faire progressivement et je pense qu'effectivement
18:45il est difficile aujourd'hui de mesurer les impacts réels.
18:49Il y a eu des études qui disaient que ça allait augmenter le déficit budgétaire,
18:53créer de l'inflation.
18:54Compliqué de boucler un tel programme, de faire le bouclage d'un tel programme économique,
18:59est-ce qu'on met tout dedans, est-ce qu'on en met un peu ? Personne ne sait.
19:02Le pragmatisme c'est prendre des mesures progressivement, c'est commencer à négocier
19:08sur les droits de douane, c'est commencer à pointer du doigt l'immigration mais il
19:13est évident que l'économie américaine a besoin d'immigration parce que sinon ce
19:16serait plus inflationniste.
19:17Donc les droits de douane qui seront mis en place feront un petit peu de surplus de recettes,
19:22la baisse des impôts des entreprises, est-ce qu'elle va se traduire par un effet volume
19:27qui compensera la baisse du taux ? Je ne suis pas sûr mais même au niveau de la baisse
19:31des impôts, on n'est pas certain qu'il accorde 15% à toutes les entreprises.
19:34Donc wait and see, le dosage et le timing sera clé, c'est pour ça que les investisseurs
19:41aujourd'hui se disent bon, le vent nous pousse dans le bon sens, on ne regarde pas trop mais
19:46du coup on est probablement en train d'intégrer dans les cours un certain nombre de ces bonnes
19:50mesures pour les marchés et après il y aura la réalisation et c'est là qu'on verra
19:55s'il y a un risque de faux pas.
19:57Je n'y crois pas trop au risque de faux pas, sur la partie qui nous concerne qui est l'Ukraine
20:04là je crois que c'est très...
20:05Il a appris depuis le dernier mandat quoi.
20:07Oui d'une part, d'autre part il n'avait pas fait énormément d'erreurs sur le plan économique,
20:13il a une Fed qui ne va pas s'opposer à lui et je ne suis pas sûr qu'il fasse, je pense
20:17qu'il ne gardera pas Well de toute manière, donc je pense que l'exceptionnalisme va durer
20:23mais les investisseurs comme l'année dernière, comme cette année vont avoir à l'esprit,
20:28ça fait quand même X années de croissance aux Etats-Unis, on va continuer à être rivés
20:33sur quand est-ce que le ralentissement risque de se produire.
20:37C'est une question qui va revenir.
20:38On avait la désinversion de la courbe des taux, elle s'était produite donc on pourrait
20:43quand même se dire soyons vigilants dans les six mois à un an qui viennent il y a quand
20:46même un risque.
20:47Elle vient de se réinverser un petit peu, bon on verra bien, mais c'est comme l'Europe,
20:53on était dans l'attente d'une reprise, il y a eu des signaux, ils sont éteints, il
20:57y a eu d'autres signaux, ils sont éteints, il y a eu les Jeux olympiques, ça c'est éteint,
21:01là il y aura des élections en Allemagne, ils vont faire de la relance budgétaire parce
21:06que bon peut-être, mais je pense que les investisseurs européens ils en ont un petit
21:10peu assez de prendre des paris tant qu'on ne voit pas quelque chose de concret et s'il
21:14y a bien quelque chose où on manque de visibilité de ce point de vue-là c'est en Europe, aux
21:17Etats-Unis il y a quand même un certain leadership, il y a un seul gouvernement, les décisions
21:22se prennent plus rapidement et sont plus efficaces, chez nous c'est très compliqué donc moi
21:27je pense que pour l'instant les investisseurs ne vont pas tenter de faire la baisse du spread
21:33entre les deux.
21:34Est-ce que néanmoins sur le marché américain il y a des opportunités, d'autres histoires
21:40à raconter et à saisir que la seule histoire des sept magnifiques ? Ce qui est intéressant
21:45c'est que depuis l'élection de Trump, on a eu, alors ça se joue, ça change un peu
21:50tous les quinze jours, mais il y a eu le phénomène Trump trades, on a vu les small cap, le Dow
21:56Jones, les banques etc. et puis là depuis le début du mois de décembre c'est quand
22:01même plutôt le retour du Nasdaq en folie, le Russell qui repique un peu du nez, le Dow
22:08Jones là qui a peut-être bouclé neuf séances de baisse consécutives, ce qu'on n'a plus
22:11vu depuis, le Dow Jones j'ai dit quoi ? Oui le Dow Jones, c'est juste le Dow mais c'était
22:16le symbole de la victoire de Trump il y a encore un mois, non mais comment vous regardez
22:23ces mouvements et est-ce qu'il y a des choix à faire sur le marché américain pour 2025
22:28qui pourraient être des choix différents de ceux qui ont payé en 23 et en 24 par exemple ?
22:32Revenons sur les mouvements, les mouvements c'était clairement un phénomène d'anticipation
22:37et le fait que ça revienne un petit peu en arrière ça illustre le fait qu'on a
22:42déjà pas mal joué, après ce n'est pas forcément terminé, effectivement ça va
22:46dépendre du calendrier et de l'agenda des réformes que Trump va réellement mettre
22:51en place, les droits de douane qui seront négociés avec chaque pays et donc je pense
22:56qu'il y a encore du potentiel mais effectivement c'est là qu'il y a la petite marge d'erreur
22:59d'autant que parallèlement à ça, ça ne veut pas dire que le trade sur les techs
23:04et sur les 7 magnifiques ou les 6 magnifiques est terminé, or s'il y a une bulle qui doit
23:09éclater à un moment donné ce sera là, la fin des bull markets c'est quand les leaders
23:15du marché s'effondrent donc je trouve que les marchés, il est difficile, enfin il est
23:21rare d'avoir des marchés qui restent en équilibre, ils vont toujours dans un sens
23:24ou dans l'autre, la seule chose qui me rassure un petit peu de ce point de vue là c'est
23:29que depuis quelques mois on a quand même vu des arbitrages se mettre en place, de temps
23:33en temps la tech soufflait un petit peu et on n'avait pas pour autant un effondrement
23:38du marché parce qu'il y avait un peu de rotation qui se mettait en place mais quand tout sera
23:42revenu à son prix ça sera quand même plus compliqué donc pour l'année prochaine je
23:46pense que les investisseurs vont être tentés aux Etats-Unis effectivement de diversifier
23:51davantage surtout que sur la tech il y a toujours un petit nuage qui est le nuage de la réglementation,
24:02de loi anti-monopole, anti-trust, donc on va tout déréglementer mais on va casser
24:07les monopoles de la tech américaine, j'ai du mal à y croire, j'ai du mal à y croire
24:11mais bon à un moment donné quand tout est très cher c'est quand même des éléments
24:15qui viennent à l'esprit des investisseurs donc à la limite que pendant les 6 premiers
24:20mois de l'année on commence à avoir une rotation, un peu moins de performance du Nasdaq et de
24:25rattrapage du reste du marché en fonction des mesures qui sont mises en place, ça ne
24:30me choquerait pas du tout, est-ce qu'on risque d'avoir la même chose en Europe, c'est plus
24:34compliqué, je crois qu'il nous faut des catalyseurs et outre l'Allemagne je pense qu'un catalyseur
24:40essentiel vis-à-vis des investisseurs étrangers c'est l'Ukraine, l'Ukraine qui est un facteur
24:45de risque géopolitique, j'entends, la levée de ce facteur-là j'aimerais bien effectivement
24:51et on a tous envie de voir effectivement ce que ça pourrait donner mais si on reste sur
24:55les US, j'entends le narratif, à la fin de la journée quand je regarde aujourd'hui
25:02les Mag 7 pèsent plus de 33% du S&P 500 ce qui est un nouveau record historique, jamais
25:09l'emprise de cette valeur n'a été aussi importante sur un indice large comme celui
25:13du S&P 500, il n'y a pas beaucoup d'incitation comme vous le disiez au tout début, il n'y
25:18a toujours pas beaucoup d'incitation je trouve à sortir de ce trade-là.
25:22Et puis la question c'est qui est derrière ce trade-là ? Est-ce que ce sont des gens
25:25qui vont aller choisir justement ces noms-là en particulier, qui surfent encore sur la
25:31vague d'épargne qui était liée au Covid ? On a peu de mesures de ça, les enquêtes
25:36AIEI...
25:37Qui achètent encore des Mag 7 aujourd'hui, c'est ça la question.
25:40Voilà, ces enquêtes de positionnement des investisseurs de détail particulier montrent
25:46clairement qu'ils sont sur pont des réactions, notamment les ménages américains, soit,
25:51mais il y a aussi la montée d'ETF, la montée justement de ce phénomène de passivisation
25:57de l'investissement qui justement peut contribuer à accélérer ces phénomènes de tendance
26:03en alimentant cette surconcentration, ça c'est assez difficile.
26:06Pour relativiser ça, ce qu'on voit aujourd'hui, le grand acteur qui manquait, ce ne sont pas
26:14c'est nous, ce sont les investisseurs professionnels, les investisseurs institutionnels.
26:19Quand on s'intéresse aux bêtas des hedge funds macro, comme une forme de proxy pour
26:25approcher ça, depuis deux ans, ils ont été relativement pessimistes vis-à-vis des marchés
26:30actions, même vis-à-vis du Nasdaq, ils ont refusé de rentrer dans ces rallies-là, dans
26:34l'ensemble, ils ont rarement eu des bêtas ou des expositions à actions aussi faibles
26:39dans leur portefeuille.
26:40Ça fait deux mois que ces tendances-là, elles ont changé et quand on regarde la sensibilité
26:45de leur performance, celle du marché actions, on voit clairement qu'aujourd'hui, elles
26:50ont rechargé leurs expositions à actions, et tenez-vous bien, elles ne l'ont pas faite
26:54de façon classique, c'est-à-dire qu'elles ne sont pas allées chercher les winners,
26:57pas le momentum, mais elles sont allées chercher tous les indices actions.
27:03C'est-à-dire qu'on a vu des surpondérations au Japon, on a vu des surpondérations émergentes,
27:08des surpondérations au Nasdaq, des surpondérations européennes.
27:11Et ça c'est quelque chose de nouveau dans l'échiquier, et je pense justement que c'est
27:14ce qui explique cette rotation qu'on commence un petit peu à voir sous ces petits moments
27:17de recul du Nasdaq, où on voit que dans l'ensemble le marché continue à tenir, et qu'on voit
27:21que ce mois-ci, l'Europe ne sort pas de l'horloge.
27:23Il y a un panachage dans les choix qui sont faits par des investisseurs sophistiqués,
27:27professionnels et très réactifs.
27:29Exactement, qui eux ont acheté la thèse du ralentissement des deux dernières années.
27:32Ils ont ouvert leur livre d'investissement, et il est écrit « ça ralentit, n'achetez
27:41pas d'actions ». Ils l'ont fait, ça accélère, ce que je disais.
27:43Racheter des actions, est-ce que ça suffira à réduire le gap US-Europe, US-Chine, US-émergents ?
27:51Énorme point d'interrogation.
27:52En tout cas, ça va aider, ça devrait continuer à aider dans ce début d'année, les performances
27:57des autres.
27:58J'entends, des autres en relatif, effectivement.
28:01Il y a un point qu'on retrouve souvent dans le scénario du rattrapage du reste du marché
28:09ou de la diffusion de la hausse, c'est comme vous disiez Vincent, l'idée de dire « pas
28:13besoin de voir les Mac 7 ou la Tech souffrir ». Sauf que quand vous me décrivez une logique
28:19de marché tirée par des particuliers, des effets moutonniers, des effets de passivité,
28:24je me dis là aussi, c'est quoi l'histoire qui permet à la Tech de rester flat, c'est-à-dire
28:31de ne plus monter mais de ne pas baisser non plus ?
28:32La réponse est peut-être dans la demande globale.
28:37Il suffirait que dans l'ensemble, on ait une reprise conjuguée, globale, qui amène
28:42une forme de croissance supérieure à ce qu'on a vu précédemment.
28:45Parce que si le Nasdaq se met à perdre 20%, je ne sais pas ce qui se passe sur le reste
28:49du marché tout aussi valable que soient les opportunités qu'on trouve.
28:54Ça, c'est le grand point d'interrogation, je trouve, si j'ose.
28:57Mais sur cet aspect-là, il y a un espèce d'effet esprit animaux.
29:00Si ce sont bien les retails qui sont derrière la performance qu'on a pu observer sur les
29:04actions américaines, il faut prier pour que lorsque l'on ait un recul des marchés actions
29:11de plus de 10%, cette baisse ne fasse pas la une des journaux.
29:14Parce que là, on pourrait avoir un effet moutonnier.
29:17Ces journaux sont probablement également exposés au marché des crypto-currencies,
29:21et l'ampleur du mouvement et de l'effet richesse négative pourraient être surprenants.
29:24La petite mise à jour, c'est que ça ne se fait plus dans les journaux, Florian.
29:28Ça se fait sur les réseaux sociaux aujourd'hui.
29:30Il y a quand même une viralité, une vitesse de viralité qui est très différente.
29:34On n'attend plus la publication de l'hebdomadaire boursier pour faire ses choix aujourd'hui.
29:38Enfin, je crois.
29:39On ne l'a pas vu en août, ça.
29:40On n'a pas vu en août ça.
29:41C'était le mois d'août.
29:42C'est un élément important.
29:43C'était le mois d'août.
29:44Vincent.
29:45Je voudrais rebondir sur le sujet des hedge funds parce que c'est vrai que si on regarde
29:49toutes les... par une grille d'analyse, si on est déjà dans un phénomène de bulles
29:54ou non aux Etats-Unis, il y a quand même quelques cases qui ne sont pas encore cochées.
29:58Il y a notamment celles des hedge funds qui, globalement, ne sont pas très investies
30:02et n'ont pas un gros effet de levier par rapport à des phases pré-explosion de bulles.
30:07Mine de rien, il y a quand même les particuliers qui détiennent beaucoup d'actions mais qui,
30:13bien sûr, en termes de volume, ne représentent rien puisqu'il y a beaucoup de trading algorithmique.
30:17Et il y a surtout encore un grand absent, alors aux Etats-Unis mais encore plus en
30:23Europe, bien entendu, c'est les introductions en bourse.
30:26Ah oui.
30:27Et ce qui m'étonne, c'est que le driver du marché et qui fait quand même la croissance
30:32des valeurs de tech, ce n'est pas parce que les gens ont envie de payer les valeurs de
30:36tech plus chères.
30:37C'est parce qu'elles croissent beaucoup plus vite, comme on l'a dit tout à l'heure.
30:3930% de croissance.
30:40Et donc, à un moment donné, quand on a un engouement qui se met en place, derrière,
30:44on a des jeunes pousses.
30:45Et dans toutes les phases de bulles, il y a une explosion des IPOs.
30:50Et là, on en est loin.
30:52Donc moi, j'attends de voir un certain nombre de boîtes qui ne gagnent rien et qui nous
30:55disent « moi, je vais vous faire le permis de conduire à l'intelligence artificielle
31:00ou la distribution de boissons à l'intelligence artificielle, comme on l'a vu en l'an 2000.
31:04Et là, on aura tous les éléments constitutifs d'une bulle.
31:08Donc, on n'y est pas encore.
31:09Mais on commence à avoir des intros, quand même, sur le secteur.
31:13Évidemment, il y en a eu des très grosses par le passé, mais là, on commence à avoir
31:16des petites boîtes qui sont dans cette activité, qui viennent sur le marché.
31:20Armholding a été une des grandes introductions en bourse de l'année dans le secteur tech.
31:25Mais c'est vrai qu'il y en a eu moins que d'habitude.
31:27Mais c'était une société déjà.
31:28Oui, connue, reconnue, identifiée.
31:30Elle ne venait pas de nulle part, je suis bien d'accord.
31:33Donc, voilà, je crois qu'il y a des signaux à garder.
31:36Et quant à l'Europe...
31:37Alors, l'Ukraine.
31:38Comment réfléchir à l'idée, puisqu'il nous a promis que, day one, le conflit allait
31:42s'arrêter ?
31:43Évidemment.
31:44Mais il y a sans doute une pression très forte qui va s'exercer pour, au moins, quelque
31:49chose de temporaire ou une baisse d'intensité, voire cesser le feu entre la Russie et l'Ukraine.
31:54Comment réfléchir à ça et aux conséquences ?
31:56Mais, honnêtement, c'est impossible à savoir.
32:02On peut imaginer qu'il va vouloir négocier, dire à Poutine, on lèvera les sanctions,
32:08mais il faut que tu recules un petit peu, que tu rendes un petit peu à l'Ukraine.
32:11On verra.
32:12Mais ce que je crois, c'est que, déjà, un cesser le feu, ça peut quand même redonner
32:16un petit coup de projecteur sur l'Europe, qui s'est quand même prise successivement
32:20le Covid, l'Ukraine, la hausse des prix de l'énergie qui nous a beaucoup plus touchés
32:26que les Etats-Unis.
32:27Donc, il y a tous ces éléments-là qui peuvent, je pense, aider à un rattrapage de l'Europe,
32:33parce que les capitaux n'ont pas envie de venir, ils sont focalisés sur les Etats-Unis.
32:39Donc, il suffit qu'il y ait un petit appel d'air et ça peut aller relativement vite.
32:44Je ne sais pas si ça va se produire, mais ça fait partie, moi, des catalyseurs que
32:47je mets en avant.
32:48Mais c'est un facteur qui est encore important.
32:49Parce que, est-ce que ce n'est pas devenu un peu le new normal des investisseurs depuis
32:54deux ans ? Malheureusement, si je peux dire.
32:56Il y a deux choses.
32:57Il y a l'Ukraine.
32:58Et pour l'Europe, il y a le deuxième élément qui est la Chine, qui est une relance réussie
33:04en Chine.
33:05Et pour l'instant, on l'attend toujours.
33:06Même s'il y a des petits signaux, il y a déjà eu ces derniers mois des signaux d'amélioration,
33:10puis ça a retombé, ça a redémarré, etc.
33:12Donc, il faut que ça s'enclenche.
33:13Mais là, ça ne va pas se faire non plus du jour au lendemain.
33:15Vous avez bien vu que lors de la dernière réunion des autorités chinoises qui ont
33:20dit qu'on va commencer quand même à s'inquiéter un petit peu plus du soutien à l'économie,
33:24ça a aidé le marché chinois, puis trois jours après, le soufflet est retombé.
33:27Donc, il faut que tout ceci s'en mette en place.
33:30Si on arrive à avoir ces deux catalyseurs et qu'au niveau de la guerre commerciale
33:36entre Etats-Unis et Europe, les choses sont à peu près correctement gérées, je pense
33:41que ça peut être suffisant pour nous donner un potentiel de rattrapage et peut-être même
33:45pour le CAC qui, lui, a particulièrement souffert de la situation française.
33:49Alors, la politique ne va certainement pas s'améliorer, mais les valeurs de luxe peuvent
33:52quand même...
33:53Oui, j'entends.
33:54Il ne faut pas être négatif, parce qu'il y a déjà beaucoup de mauvaises nouvelles
33:57qui sont dans les cours.
33:58Est-ce que l'élastique est très tendu ? Il faut qu'on lâche l'élastique pour que
34:03ça revienne dans l'autre sens.
34:04Et au-delà des valorisations, les perspectives bénéficiaires sont là aussi comme facteur
34:08positif ?
34:09Elles viendront en anticipation.
34:11D'accord.
34:12Elles viendront en anticipation.
34:13Aujourd'hui, on ne va pas s'amuser à augmenter le taux de croissance attendu de 30 % parce
34:17qu'on est bas.
34:18Non, non.
34:19Il faut qu'il y ait des éléments.
34:20Le marché s'appréciera d'abord par les PE et ensuite, c'est les earnings qui seront
34:24revendicables.
34:25Qui arriveront.
34:26D'accord.
34:27Oui, le marché anticipe, effectivement.
34:28Oui, sur la Chine, Florian, qu'est-ce que vous dites ? Est-ce que c'est un joker de
34:33marché pour l'investisseur en 2025 ?
34:36Moi, là, j'ai vu le grave qui me marque un peu sur cette fin d'année, c'est le plongeon
34:40du 10 ans chinois.
34:41C'est-à-dire qu'on était encore à 2 % plus il y a quelques semaines et là, sur les dernières
34:46semaines, c'est un plongeon sous 2 %, 1,75 %, je crois, pour le 10 ans chinois aujourd'hui.
34:53Le 30 ans chinois est à coude à coude avec le 30 ans japonais.
34:57Donc, est-ce que c'est ça ? Est-ce que c'est la bonne comparaison ? Et pourquoi le 10 ans
35:04chinois s'est effondré comme ça ?
35:05Ce n'est pas la bonne comparaison, mais c'est la bonne direction.
35:09C'est le chemin.
35:10D'accord.
35:11C'est un peu le souci qu'on a aujourd'hui.
35:12Nous, sur la Chine, on dit une chose très simple.
35:13On dit que l'économie chinoise, ce n'est pas le marché chinois.
35:16C'est-à-dire que quand on achète des actifs chinois, on n'est pas en train d'acheter
35:20en fait un ETF infrastructure.
35:22Le PIB chinois, c'est un ETF infrastructure et alors que dans les valorisations chinoises,
35:27on a beaucoup de technologies, ils font beaucoup de progrès, beaucoup d'investissements.
35:30On y voit, nous, une attraction supérieure dans les assets que dans l'économie elle-même.
35:36Avec un risk-reward qui s'est nettement amélioré, avec un sentiment qui peut également s'améliorer
35:41à l'aune des mesures, pour l'instant, qui restent relativement incertaines, mais bon,
35:45ils ont l'air de, en tout cas, gérer ça avec prudence, en anticipation du vrai programme
35:50tel qu'il sera implémenté par Donald Trump.
35:54Pour ce qui est du 10 ans chinois, c'est naturel, vous avez un pays qui est en debt deflation,
35:59en déflation par la dette.
36:00On connaît bien ce sujet-là, on le connaît depuis 1930.
36:03Fischer, c'est quelque chose qu'on connaît vraiment très bien et on sait que c'est très
36:06difficile à arrêter.
36:08Souvenez-vous de la conclusion de la thèse de Bernanke qui disait que le problème du
36:13Japon, c'est simple, c'est qu'ils n'en ont pas fait suffisamment, ni suffisamment tôt.
36:18Alors le suffisamment tôt, maintenant, on me parle...
36:21Une réaction trop timorée, trop faible par rapport à la situation.
36:25Le stop lending chinois, on a inventé ce terme de stop lending pour la Chine et on en parle
36:31depuis 2008.
36:32Ça fait quand même plusieurs décennies que l'on parle de cette situation-là.
36:36Long atterrissage.
36:37C'est un très long atterrissage, on touchera un jour là où peut-être, mais la Chine aujourd'hui
36:43elle est face au même problème que le Japon, comme vous le disiez, il y a une vingtaine
36:46d'années auparavant.
36:47Exactement la même structure, on défie le géant, l'hégémonie qu'est les Etats-Unis
36:52aujourd'hui.
36:53On a construit une croissance au travers de l'immobilier, on remonte la chaîne progressive
36:58de la technologie.
36:59On a vraiment plein de similitudes, la question c'est est-ce qu'ils vont prendre suffisamment
37:02le taureau par les cornes l'an prochain ou pas, lorsque la guerre commerciale va commencer.
37:07Cette guerre commerciale elle va commencer, si on imagine qu'à théorie qu'ils font
37:13les 10% de hausse prévues globalement, c'est une mesure qui n'est pas inflationniste,
37:19c'est une mesure qui est récessionniste.
37:20C'est une mesure qui va détruire de la demande mondiale, surtout si...
37:23Guerre commerciale généralisée sans discrimination, c'est récessionniste.
37:27C'est récessionniste.
37:2810% de hausse de tarifs, c'est à peu près 1,2% de contraction du commerce mondial,
37:33ça fait à peu près 80 points de base de croissance mondiale en moins.
37:36C'est énorme, c'est un tiers des 3% quasiment dont on parlait précédemment.
37:39Donc ça peut vraiment être un danger, pour nous c'est vraiment le risque de que, c'est
37:44vraiment le tel risque de 2025.
37:46J'ai pas l'impression qu'il ait reparlé beaucoup des 10% de tarifs pour tout le monde.
37:51Non.
37:52Il a parlé Canada, Mexique, Chine, ça a été annoncé assez vite et on verra ce qu'il
37:56en est le 20 janvier prochain, mais j'ai pas l'impression qu'il en ait remis beaucoup
37:59sur le reste du monde, l'Europe notamment.
38:03On a quand même vraiment l'impression qu'il est déjà, alors on dit beaucoup qu'il est
38:07transactionnel, mais qu'il est déjà, avant même son investiture, qu'il est déjà à
38:13la manœuvre, aux commandes, et qu'il est déjà en train de négocier, peut-être pour
38:19nous annoncer le 20 janvier que ça y est, avec le Mexique c'est fait, c'est réglé,
38:23il n'y aura pas 25%, ils ont accepté mes demandes, pareil avec le Canada, pareil avec
38:27la Chine, enfin, ça peut aller très vite quoi !
38:30Il n'avait pas parlé de 25% sur le Canada et sur le Mexique ?
38:33Ah non, c'était nulle part.
38:34Tu vois que du jour au lendemain, il peut encore nous surprendre.
38:37Il faut espérer qu'on ait une approche transactionnelle à la situation, parce qu'encore une fois,
38:42c'est vraiment pour moi, c'est le plus gros de tous les dangers.
38:44Le reste de ces mesures politiques, ce sont des mesures locales, c'est-à-dire que c'est
38:47un problème américano-américain, ça c'est la seule mesure de son programme qui nous
38:50touche tous, qui touche l'économie mondiale dans sa globalité, et notre fonction de réaction
38:54à sa politique va être particulièrement aussi décisive.
38:58Un mot, il nous reste une minute quarante, on n'a pas parlé de la Fed, demain soir,
39:01c'est quoi le cœur du message qu'on attend de la part de Jérôme Poel ?
39:05Poursuite de la recalibration, révision des prévisions, plutôt à la hausse, à la fois
39:11sur l'inflation et sur la croissance potentiellement, pas énorme, mais pour 2025, un peu plus de
39:14croissance, un peu plus d'inflation, un peu moins de chômage, souvenez-vous, la grande
39:17révision, c'était un peu plus de chômage, pardon.
39:20Ah oui, d'accord.
39:21C'était la première des grandes révisions, aujourd'hui, elle est encore une fois dans
39:25une ligne de crête, cette Fed, elle va nous amener vers un taux neutre, à toi de trouver
39:28à ta ton ce taux neutre, ce n'est pas facile, ce qui m'intéresse, moi, c'est quel va être
39:32le ton du meeting, parce qu'on peut faire cette baisse d'auto avec un emballage plutôt
39:37hauque ou plutôt neutre, j'ai bien peur que si c'est un peu trop hauque pour le marché,
39:44on puisse voir quelques secousses.
39:45Vous disiez, il n'y aura pas forcément de conflits forts entre Poel et Trump ?
39:50Non, je ne crois pas, je ne crois pas, et moi je m'attends en fait à un ton assez neutre,
39:55exactement pour la même raison, c'est qu'aujourd'hui, il ne sait pas plus que vous et moi ce que
39:59va faire Trump dans deux mois, et donc il ne spécule pas là-dessus, donc il va agir
40:05en fonction, et donner un discours en fonction des derniers chiffres qui ont été publiés
40:08sur le chômage, sur l'inflation, bon, ça n'a pas été catastrophique donc il va rester
40:12sur la même tonalité de l'accompagnement.
40:14A suivre demain soir, évidemment, décision de la Fed, on aura aussi la décision de la
40:19Banque du Japon, je crois que c'est cette nuit, et la Banque d'Angleterre, bien sûr,
40:23demain également.
40:24Merci beaucoup messieurs.
40:25Merci à vous.
40:26Merci à vous.
40:27Merci à vous.
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40:29Merci à vous.
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