Samedi 19 octobre 2024, SMART WOMEN reçoit Laurent Zagaroli (Fondateur, Be a boss) , Florence Sandis (entrepreneure et présidente, médiaclub'Elles) et Christelle Gimaret (présidente fondatrice, Ekoklean)
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00:00Bonjour et bienvenue dans Smart Women, l'émission qui donne le pouvoir aux femmes, alors le pouvoir par l'exemple, le pouvoir par les témoignages de mes invités
00:13qui bien sûr partagent la conviction que les femmes doivent prendre leur juste place dans toutes les sphères de pouvoir, ce qui signifie qu'elles dirigent des entreprises
00:22quelle que soit la taille, qu'elles interviennent en tant qu'expertes dans les médias, qu'elles occupent des positions de premier plan politique, qu'elles soient bien sûr aussi investies
00:32dans les filières scientifiques et notamment qu'elles contribuent largement à tout ce qui est à base d'intelligence artificielle, enfin bref. Alors est-ce que c'est une question de justice ?
00:42Oui sans doute, mais enfin c'est au moins autant une question de performance économique et une question finalement de garantie, d'un équilibre mieux trouvé au niveau des décisions
00:54et des choix stratégiques apportés. Alors aujourd'hui pour parler de tout ça, je vais avoir le plaisir de recevoir tout d'abord Laurent Zagaroli qui est un entrepreneur
01:03et qui est le créateur de l'événement Be A Boss qui met en valeur des créatrices d'entreprises. J'aurai ensuite Florence Sandis qui est également entrepreneur,
01:13qui est aussi conférencière et qui est auteur et qui a créé le Media Club Elle. Elle nous parlera notamment de la position des femmes dans les médias.
01:23Et puis je ferai le portrait de Christelle Gimarae qui est la présidente fondatrice du groupe EcoClean. EcoClean c'est une belle PME qui se socialise dans le ménage,
01:35le ménage en B2B et également B2C depuis moins longtemps. Et finalement Christelle Gimarae s'est fait connaître parce qu'elle a eu une approche très innovante
01:47d'un métier pourtant traditionnel. Voilà donc le programme et tout de suite je vais recevoir Laurent Zagaroli.
01:58Bonjour Laurent Zagaroli. Bonjour Marie-Claire, merci pour l'invitation. Bienvenue dans Smart Women. Donc Laurent, je le disais en introduction, vous êtes un entrepreneur.
02:06Vous êtes un entrepreneur de l'événementiel. D'ailleurs vous avez une structure qui s'appelle My Original Event. Mais je vous ai fait venir parce que justement dans ce cadre-là,
02:15vous avez créé, vous avez été précurseur puisque vous avez créé il y a dix ans maintenant, l'événement Be A Boss qui met en valeur donc des femmes créatrices d'entreprises.
02:22Alors très directement, pourquoi l'idée vous est venue de créer cet événement ? Comment ça s'est passé ? Alors en fait à l'époque j'avais un média, j'étais associé dans un média
02:32qui s'appelait Digital Business News. On produisait toujours tous les jours des vidéos sur des startups, des incubateurs. Et puis on a commencé à organiser des événements
02:39pour mettre en relation des startups avec des investisseurs quand elles étaient en levée de fonds ou avec des grands groupes quand elles cherchaient des partenaires.
02:45Et puis au bout de trois événements, on s'est aperçu très vite qu'on avait vu zéro femme. Et on s'est dit, c'est pas possible, il faut qu'on crée un événement pour pousser les femmes à entreprendre.
02:53Et l'idée est venue de créer cet événement Be A Boss. Be A Boss. Et alors en quoi ça consiste exactement Be A Boss ? Alors Be A Boss, donc ça reste exclusivement aux femmes
03:01qui sont soit porteuses d'un projet de création d'entreprise, soit jeunes entrepreneurs et qui viennent assister pendant toute une journée à des pitches de femmes qui déposent un dossier de candidature
03:10pour postuler un autre award, à des témoignages de femmes qui servent un peu de rôle modèle et puis à des interventions de nos partenaires qui vont parler de sujets business, de financement,
03:18de pactes d'associés, de propriétés intellectuelles, etc. Et Be A Boss, c'est un événement qui se passe en région puisque vous couvrez quasiment toutes les régions ?
03:26Oui, exactement. Une des particularités de Be A Boss, c'est que c'est un événement qui a une couverture nationale. Aujourd'hui, on organise chaque année 8 étapes dans l'Hexagone et 3 aux Antilles-Guyane.
03:35Et puis on a chaque année une grande finale à Paris qui a eu lieu maintenant il y a 3 semaines au cours de laquelle on récompense les 3 lauréates de l'année.
03:42Et alors, comme vous avez 10 ans de recul, vous avez vu évoluer puisque je suppose que la première fois que vous avez lancé, vous deviez pas avoir énormément de candidats.
03:50Je ne sais pas. D'ailleurs, peut-être qu'il y en avait, mais moins sans doute qu'aujourd'hui. Comment vous avez vu évoluer les profils des candidats, leurs comportements ? Où en est-on ?
03:59La première année, c'est vrai qu'on avait, je crois, de mémoire 150 candidatures. Mais on n'avait fait qu'une seule étape sur Paris. Maintenant, on a entre 700, 800, 900 candidatures par an.
04:09Donc déjà, le nombre de candidatures a augmenté et surtout depuis quelques années. Et ce qu'on voit maintenant vraiment depuis 2-3 ans, c'est la diversité dans laquelle les femmes entreprennent.
04:20Vraiment, tous les secteurs d'activité sont couverts. Et puis surtout, la qualité des projets. Et puis on l'a vu lors de la finale, la qualité des pitches qui a vraiment été soulignée par les membres du jury.
04:32— Et vous me disiez, quand on en discutait juste avant l'émission, que vous aviez donc depuis le départ un nombre de lauréates marquées et qu'elles avaient plutôt bien évolué.
04:43— Oui. Alors si on est tous les 3 lauréates de cette année, on en avait récompensé 25 jusque-là. Sur les 25, il y en a 22 dont la société existe toujours. Donc c'est plutôt un bon score.
04:53Il y en a 3, je crois, qui ont vendu leur entreprise à un grand groupe. Et puis globalement, elles ont levé, je crois, pour un peu plus de 50 millions d'euros. Donc plutôt un bon score, oui.
05:01— Et entre toutes les candidates, donc, est-ce qu'il se crée un peu un esprit club ou autre ? Est-ce qu'elles se revoient ? Est-ce que ça joue aussi l'effet de réseau ?
05:11Parce qu'on sait que les femmes ont également... Alors c'est moins vrai aujourd'hui qu'avant. Mais elles ont également moins de réseau en général que les hommes. Donc est-ce que vous jouez également ce rôle ?
05:19— Alors on essaye. Après, c'est vrai que l'événement, il n'a lieu qu'une fois par an dans chaque région. Alors on réfléchit à monter un club dans les régions pour être présents plus souvent.
05:28Mais on voit régulièrement des femmes qui étaient dans l'assistance une année, puis que 2 ans après, déposent un dossier parce qu'elles ont créé leur boîte. Elles sont sélectionnées ou pas.
05:36Elles reviennent. Elles finissent en finale. Voilà. Et puis celles qui sont finalistes une année, on les fait revenir l'année d'après pour les mettre lors d'une table ronde pour qu'elles nous expliquent un peu leur parcours.
05:45Voilà. Et c'est vrai qu'on les invite assez régulièrement. Quand on est sollicité par d'autres structures qui font des appels à candidatures ou qui cherchent des speakers ou qui cherchent des femmes
05:53pour témoigner, pour s'emmener dans l'entrepreneur, par exemple, on les sollicite beaucoup. On a une communauté qui est assez importante et qui est très attachée et très réactive vis-à-vis de Bioboss.
06:01— Mais ça, c'est vraiment important, parce que c'est vrai que de faire circuler finalement à la fois les profils, les role models, c'est très intéressant. Dites-nous quelques mots, bien sûr, sur les lauréates 2024.
06:10Donc parlez-nous un petit peu. Qui sont-elles ? — Oui. Alors on a eu 3 lauréates cette année. Ability, qui est un dispositif médical d'aide à la rééducation à partir de réalité virtuelle.
06:21On a récompensé Tierre, qui est une application qui permet de sécuriser les communications au sein de couples séparés, victimes de violences conjugales. Donc les femmes peuvent sélectionner...
06:33— Malheureusement d'actualité, oui. — ...les horaires auxquels elles veulent recevoir les alertes. Toutes les insultes sont filtrées. Tout est enregistré, si elle a besoin de s'en servir plus tard, etc.
06:41Et puis la troisième candidate, c'est MyVisitor, qui est une plateforme qui permet de déléguer les visites d'appartements en région pour faciliter les étudiants qui sont en mobilité.
06:51Donc vous êtes à Angers. Vous allez étudier à Lyon. Vous devez voir 4 appartements. Soit vous prenez 4 fois le train. Voilà. Mais là, vous pouvez déléguer à quelqu'un.
06:59Et vous lui donnez vos consignes, ce que vous voulez qu'il filme, ce que vous voulez qu'il regarde.
07:02— D'accord. Oui. Donc c'est une personne qui va visiter pour vous. C'est pas une télévisite. C'est vraiment une personne.
07:06— Non. Non. C'est vraiment une personne qui va visiter sur place et qui va vous faire un compte-rendu en fonction des attentes que vous lui avez données.
07:11— D'accord. D'accord. C'est intéressant. On voit effectivement que c'est dans des activités très diverses. Mais écoutez, bravo. Merci pour cette initiative.
07:18— Merci à vous. — Parce que tout s'y contribue à rendre davantage visibles les femmes qui entreprennent et salutèrent. Donc merci. Merci, Laurent.
07:24— Merci.
07:25...
07:29— Bonjour, Florence Sandis. — Bonjour. — Merci. Merci pour votre présence.
07:33Alors Florence, bon, votre engagement en faveur de la juste place des femmes est ancien. Mais enfin il a vraiment pris corps finalement en 2017,
07:41puisque c'est l'année où vous avez notamment créé le Médiaclub L. Alors c'est une année importante pour vous, parce que dans le même temps,
07:48vous avez cette même année créé également votre propre entreprise. Vous avez brisé le plafond de verre, donc toujours sur la thématique de l'accompagnement des femmes,
07:56mais dans un mode d'exercice différent. Alors commençons par donc la place des femmes dans les médias, parce que c'est un sujet qui est dans les sphères de pouvoir
08:06que je citais. Je disais économique, politique, médiatique. Donc qu'en est-il ? Qu'est-ce que vous observez ? Comment ça évolue, les femmes dans les médias ?
08:15Alors quand on voit par exemple les présentateurs-présentatrices, on est à peu près à la parité. On a des têtes de fil comme Anne-Sophie Lapix, Anne-Claire Coudray,
08:24Babette Lemoyne. Donc on se dit tout va bien. Quand on gratte un peu, on voit que sur les femmes, si on prend toutes les femmes présentes sur les plateaux,
08:30on a 43 % de femmes. Donc c'est déjà plus 10 % par rapport à il y a 10 ans. Mais elles n'occupent que 34 % du temps de parole.
08:39Et quand on va après dans les détails, on voit que par exemple sur tous les sujets de technologie, elles sont que 21 % de femmes à être invitées.
08:45On les retrouve beaucoup plus sur les sujets de santé, de société. En sport, on n'en a que 33 %. Et même quand on ne parle que de sport féminin,
08:54elles ne sont qu'un tiers à commenter le sport à l'antenne.
08:57Oui, ça correspond finalement bien à ce que l'on peut observer en règle générale. Mais c'est vrai que noter le temps de parole versus le pourcentage de représentativité
09:09est quand même assez flagrant.
09:11Et puis plafond de verre aussi, puisqu'elles sont 48 % des personnes qui ont les cartes de presse, mais seulement 20 % en poste de direction.
09:18Oui, il y a les deux aspects. Il y a l'aspect poste occupé au sein des médias et puis il y a l'aspect intervention.
09:24Les experts, on en parlait en disant que c'est vrai que les femmes interviennent sur des sujets, mais dans les positions vraiment d'expertise sur des sujets en plus pointus,
09:33là on les trouve beaucoup moins.
09:34Et puis dès qu'il y a une guerre, une crise Covid, etc., le nombre d'experts baisse. Par exemple, après le 7 octobre, on est passé de 37 % à 30 % de femmes experts.
09:40Donc il y a des sujets régaliens sur lesquels on va inviter d'abord des hommes.
09:43Bien sûr, bien sûr. Alors vous avez créé Media Club L en réponse. Donc c'est quoi exactement Media Club L ?
09:51Alors Media Club L, c'est une association de professionnels des médias, tous médias, radio, télé, cinéma, qui œuvrent pour plus de parité dans les médias,
09:59donc plus de parité à l'antenne ou dans les journaux, dans ce qu'on voit, et également pour aider les carrières féminines au sein des entreprises, des médias.
10:08Et comment ça fonctionne ? Le dispositif repose sur quoi ?
10:12On organise beaucoup d'événements. Des événements où on fait rencontrer des femmes inspirantes, des tables rondes, on en est très terrain.
10:17Donc on fait beaucoup de mentoring aussi à Paris, de mentoring aussi de femmes, par exemple, pour être réalisatrice de flux, parce que c'est encore vraiment un buzz club.
10:25On a du mentoring international aussi à Cannes, au MIPCOM. Là, la semaine prochaine, on va faire notre 12e édition du mentoring.
10:32Donc on est très terrain. On a aussi des trophées Media Club L, une grande cérémonie chaque année où on remet des trophées à des femmes.
10:40Je suis fière d'avoir, depuis maintenant 7 ans, créé le premier prix de l'homme féministe.
10:44On a récompensé des hommes comme, par exemple, Augustin Trapenard, parce qu'on pense que c'est hyper important.
10:50En effet, c'est l'affaire de tous, la parité. Et donc c'est important de mettre à l'honneur ces hommes-là.
10:54C'est toujours une question d'équilibre. Le sujet n'est pas d'être les femmes contre les hommes, contrairement à ce qu'on peut entendre parfois.
11:00Pas du tout. C'est avec, mais c'est avec, à parité, parce qu'il n'y a aucune raison qu'il en soit différemment.
11:05On voit bien au niveau des médias ce que ça peut donner. Comme vous êtes également au niveau des entreprises, puisque vous faites du coaching,
11:14sans parler de l'activité en tant que telle, mais qu'est-ce que vous observez au niveau des positions des femmes dans les instances des entreprises,
11:23avec cette évolution sur les 7 ans que vous venez de passer ?
11:26Ce que j'observe, c'est... Merci les quotas, parce que même si les femmes sont déjà très diplômées, ça permet justement qu'on aille les chercher.
11:33On est passé de 11% à 45% de femmes dans les instances d'administration, dans les entreprises cotées.
11:39Avec l'allure Marie-Pierrick Saint, on commence à regarder beaucoup plus de femmes dans les comex.
11:43Elle commence à vraiment monter de façon plus importante dans les hiérarchies maintenant.
11:50Je vois toujours un problème dans la notion de gouvernance.
11:55Elles n'ont pas envie forcément de ces postes-là, parce qu'elles n'ont pas envie de ressembler à l'homme ou à la femme qui est à ces postes,
12:02en se disant qu'elles vont sacrifier une partie de leur vie.
12:04Je pense que quand elles seront plus nombreuses à avoir les clés de la maison, elles pourront aussi changer les serrures et l'architecture,
12:11pour qu'on ait une autre idée de la gouvernance et qu'elle puisse donner une autre couleur.
12:15Parce qu'on voit aussi, par exemple, quand on a des femmes à la tête d'entreprises, au PDG, elles virent beaucoup plus vite.
12:22On le voit par exemple dans le CAC 40.
12:25Comment faire pour qu'elles restent et comment faire pour qu'elles se sentent bien ?
12:29Il faut valoriser effectivement, parce que le CAC 40, c'est très visible, mais il y a toutes ces femmes qui sont dans des TPE, dans des PME, dans des ETI
12:40et qui font un superbe travail dans toutes ces activités, mais qu'on ne connaît pas suffisamment.
12:45Ça rejoint l'idée que vous avez quand vous dites qu'il faut qu'elles puissent s'identifier, la fameuse question du rôle modèle.
12:51C'est vrai qu'il y en a, en fait, mais on ne les voit pas assez.
12:54Et créer leur propre leadership avec leur singularité, qui elles sont, oser affirmer qu'elles sont.
13:00Je sais que c'est un des thèmes qui vous tient à cœur, qui est de dire que la singularité est un atout.
13:05Oui, quand on est soi-même, on est forcément bon.
13:08Oser être vous-même, ne pas changer les autres, ne pas essayer de copier, mais vraiment être vous-même, ça paie toujours l'authenticité aussi.
13:15Très bien, merci pour cette action.
13:18Sur les temps, je pense que vous avez encore quelques temps devant vous à pouvoir exercer votre métier et à accompagner des femmes,
13:25parce qu'on n'est pas encore au niveau, mais ceci dit, c'est une plaisanterie.
13:28Là, vous allez voir, je vais recevoir une femme que vous connaissez, d'ailleurs, je crois, et qui est une chef d'entreprise.
13:33Estelle Gimarae.
13:34Et alors, elle a tout compris des atouts de la singularité.
13:37Merci beaucoup, Florence.
13:40Merci à vous.
13:41Bonjour. Bonjour, Estelle Gimarae.
13:48Bonjour.
13:49Ravi de vous retrouver sur le plateau de Smart Women.
13:52Enchantée d'avoir été invitée.
13:55D'ailleurs, on parlait à l'instant avec Florence Andis, la question des experts dans les médias.
13:59Alors, vous, vous êtes une experte dans les médias.
14:01D'ailleurs, vous êtes référencée sur la plateforme du même nom.
14:05Bon, je ne sais pas si elle fonctionne, mais enfin, vous faites partie des experts.
14:08Puis, vous êtes aussi, d'ailleurs, coach dans l'équipe de la France qui bouge.
14:12De la France bouge, oui, tout à fait.
14:13C'est pas de l'Europe, oui.
14:14Très bien.
14:15Donc, on voit que...
14:16Bravo pour cela.
14:17Alors, cela étant, moi, je vous ai fait venir pour parler de votre histoire entrepreneuriale.
14:21Alors, je sais que vous êtes tombée dedans, comme on dit, quand vous étiez toute petite,
14:25puisque vous êtes d'une famille d'entrepreneurs.
14:27Votre grand-père, votre père dirigeait l'affaire familiale.
14:30Cette affaire familiale a été vendue.
14:31Donc, ce n'est pas en son sein que vous avez accompli vos premiers pas d'entrepreneur.
14:35Pas du tout.
14:36Vous avez démarré votre activité, en fait, par une dizaine d'années où vous étiez enseignante chercheuse,
14:40après avoir passé un doctorat d'économétrie.
14:43Mais vous me disiez que vous aviez toujours eu, finalement, le petit point clignotant dans le cerveau
14:49qui vous disait que vous vouliez créer votre boîte.
14:51Mais il fallait trouver le sujet, le sujet adéquat.
14:54Bon, alors, le sujet, vous l'avez trouvé, puisque vous avez démarré Artupox.
14:58Vous vous appelez Artupox, à l'époque, en 2005, c'est ça ?
15:022005.
15:032005, c'est bien ça.
15:04Bon, racontez-nous le déclic.
15:06Comment il est venu ? Est-ce que vous en avez fait ?
15:08Alors, effectivement, je n'ai pas fait mes premiers pas dans l'entreprise familiale,
15:12mais j'y ai fait mes premiers pas à tout court, puisque je traînais dans les usines de mon grand-père.
15:16Et je voyais bien que ça s'affairait, que ça donnait des ordres dans tous les sens,
15:20ça bougeait, il y avait de l'adrénaline.
15:22Et là, je me suis toujours dit que c'est ça que je voulais faire.
15:25Et puis, effectivement, la vie fait qu'on fait des études.
15:28Et puis, finalement, on dévie un petit peu.
15:30Mais cette petite graine de l'entrepreneuriat, elle était toujours présente.
15:33Et il y a un moment donné où elle est clos.
15:35Et là, on ne peut pas faire autrement.
15:37Et ça ne sert à rien de lutter.
15:39Il faut créer sa boîte, quitte à la...
15:40Ce n'est pas grave.
15:41Il faut essayer.
15:42Parce que de toute façon, vous aurez toujours le regret de ne pas l'avoir fait.
15:45Et puis, vous aurez toujours la sensation de ne pas être au bon endroit.
15:49Donc, moi, je me suis dit, je n'ai pas d'idée pour l'instant.
15:52Donc, je ne crée pas.
15:53Mais par contre, j'étais à l'affût.
15:54Tout le temps à l'affût.
15:55Et puis, en voyageant, parce que c'est ma passion,
15:57j'ai découvert que le nettoyage se faisait de façon complètement différenciée
16:02dans plein de pays par rapport à ce qui se faisait en France.
16:05En France, le nettoyage, quand vous en parlez,
16:07souvent, les gens vous disent, je ne sais même pas de quoi vous me parlez.
16:10Moi, quand j'arrive, mon bureau, il est propre.
16:11Il a tout ce qui compte.
16:12Oui, là, c'est dans le milieu.
16:13On est d'accord dans le milieu entreprise, justement.
16:14Voilà.
16:15Exactement.
16:16Donc, du coup, je me suis dit qu'il y avait quelque chose à faire.
16:18Parce que des entreprises de nettoyage, ça va de l'entreprise unipersonnelle au grand groupe.
16:22Et c'est sur un marché qui capte quasiment 4 milliards d'euros.
16:25Donc, il y a de la place pour tout le monde, pour tous les nouveaux entrants.
16:28Mais si vous êtes la énième entreprise, il n'y a pas de facteur différenciant,
16:32j'ai envie de dire, ça va être compliqué.
16:34Donc, moi, j'avais bien saisi qu'il fallait se différencier.
16:37Et puis, j'avais saisi aussi que monter une entreprise, c'est aussi être un héros des temps modernes.
16:43Donc, l'idée, c'était de bouger les lignes.
16:45Et moi, j'ai cœur à bouger les lignes.
16:47Moi, je ne veux pas changer le monde, mais je voulais changer leur monde.
16:50Et leur monde, c'était que tout d'un coup, ces invisibles,
16:53on les mettait en valeur au sein d'Artupox, puis après d'EcoClean.
16:56Et surtout, on arrêtait de leur bousiller la santé.
17:01Donc, moi, j'ai importé des produits d'Allemagne qui étaient écologiques.
17:04Et puis, on a toujours eu cette présence d'esprit de se dire,
17:08mais tout ça, ça ne suffit pas parce qu'il faut aussi qu'on puisse travailler que du lundi au vendredi.
17:12Parce que nous, on travaille du lundi au vendredi.
17:14Donc, je ne vois pas pourquoi il y aurait des sous-catégories qui travailleraient la nuit, le week-end.
17:19Donc, quand j'ai créé Artupox en 2005, c'était sur les balbutiements du développement durable.
17:24On n'en parlait pas beaucoup à l'époque.
17:27Personne ne comprenait ce que je disais.
17:29Par contre, quand je leur disais, vous allez avoir des gens qui vont incarner le fait que votre bureau soit propre le matin.
17:35Ils pourraient lui dire bonjour, vous verrez, mort pas, tout ça.
17:38Eh bien, ça a créé un lien et bizarrement, ça a pris.
17:41L'assaut, ça a pris.
17:42Et le premier client, parce que c'est une anecdote quand même busante, donnez-nous là.
17:47Le premier client, en fait, c'est...
17:49Donc, je vais chez le coiffeur, comme toutes les femmes.
17:51Et il se trouve que j'entends le patron qui rentre en hurlant un petit peu sur ses équipes en disant
17:57et alors, cette entreprise de nettoyage, vous en êtes où ?
17:59Il y a des filles qui n'osent pas lui dire, parce qu'il est un peu imposant, dire je ne sais pas trop.
18:04Et là, je me suis dit c'est ta chance.
18:06Donc là, je dis, alors que j'avais à peine immatriculé.
18:08Et là, j'ai dit écoutez, moi, je vous ai entendues.
18:11Ce n'est pas que j'écoutais, mais il se trouve que j'ai une boîte de ménage.
18:14Donc, si ça vous intéresse, faisons un test.
18:16Et en fait, je lui ai enlevé tellement une épine du pied que le mec, il n'avait pas un salon.
18:21Il en avait 17.
18:22Mais là, vous étiez bien tombée.
18:23Voilà.
18:24Parce que le facteur chance joue.
18:26Alors, le facteur chance joue, mais moi, en tant que scientifique, je sais que le hasard n'existe pas.
18:30Voilà, il n'y a que des rendez-vous.
18:31Bien sûr.
18:32Et voilà, ce jour-là, j'avais rendez-vous avec les débuts de ma boîte.
18:36Et puis après, de bouche à oreille, par capillarité, ça s'est développé.
18:41Et aujourd'hui, 20 ans après, puisque nous sommes passés de 2005 à 2024, on s'aperçoit que,
18:45ben oui, j'ai fait bouger les lignes parce que le travail de jour, il est quasiment devenu la norme.
18:50Oui, il est devenu une norme, alors que ça ne l'est pas du tout.
18:52Voilà.
18:53Les produits industriels, écologiques, ben maintenant, il y a des gammes partout.
18:57C'est banal, mais dans le bon sens du terme.
18:59Alors, c'est banal dans le bon sens du terme.
19:01En tout cas, ça a été vulgarisé.
19:02Et puis, on s'aperçoit aussi qu'on réduit aussi le taux de turnover.
19:08Donc ça, c'est des coûts cachés dans l'entreprise.
19:10Mais quand vos salariés sont heureux, ben ils ne quittent pas.
19:15Parce qu'il faut savoir que c'est quand même un turnover qui a approximativement de 50% dans les entreprises de nettoyage.
19:22Mais dans celles qui font les choses bien...
19:24Et vous, ce n'est pas le cas du tout ?
19:25Ah ben nous, c'est epsilon.
19:26Oui, c'est epsilon.
19:27C'est moins de 1%.
19:28Je crois qu'en 20 ans, on a eu 3 procès.
19:32Justement, si on parle...
19:33Parce qu'on va parler également, bien sûr, de la deuxième activité que vous avez déployée avec le handyman.
19:38Mais pour rester encore un petit peu sur Artupox, c'est-à-dire sur la partie vraiment B2B, puisque c'est celle-là dont on parle.
19:43Celle qui est historique.
19:44Voilà, qui est historique.
19:45Aujourd'hui, qu'est-ce que ça représente ?
19:47Alors non pas en chiffre d'affaires, mais qu'est-ce que ça représente en nombre de salariés ?
19:52Qu'est-ce que ça représente en termes de grands clients ?
19:55Quel est votre environnement ?
19:57Alors l'environnement, là, à date, c'est 3000 écocleaners répartis sur tout le territoire.
20:02Vous pouvez les appeler écocleaners.
20:03Oui.
20:04C'est le nom que vous leur avez donné.
20:05Écocleaners, écocleaners, voilà.
20:07Et comme on dit, des clients.
20:09C'est 80% de B2B et c'est 20% de B2C.
20:15Et c'est plutôt grands groupes.
20:17Sachant qu'on vient d'être labellisés bicorps.
20:20Et là, avec les normes CSRD qui vont arriver là depuis janvier,
20:25on voit qu'il y a une vraie appétence.
20:28Alors qu'elle soit officielle, officieuse ou qu'elle soit véridique ou plutôt par contrainte,
20:35peu importe, les faits sont là et ils n'ont pas le choix
20:38parce qu'actuellement il n'y a que deux boîtes qui sont certifiées bicorps en France.
20:42Dans votre activité.
20:43Dans notre activité, voilà.
20:44Donc ça c'est quand même incroyable de se dire que ce label-là n'est pas été plus pris en main par le secteur du nettoyage.
20:52C'est un label qui est exigeant, on le sait.
20:54Très exigeant.
20:55Et alors vous, dans votre modèle, au-delà du fait que vos cleaners viennent dans la journée,
21:03tout ce que vous avez évoqué jusqu'à présent, vous avez également un élément au niveau du salaire
21:07parce que vous payez beaucoup plus que la moyenne.
21:09Donc il y a le salaire.
21:10Allez-y, parlez-nous un petit peu de ça aussi.
21:12En fait, quand vous montez une société, quand vous montez votre boîte,
21:15soit vous prenez le prisme de se dire quelles sont les attentes du client et je vais répondre au marché.
21:20Soit alors, comme moi j'ai évoqué, je voulais changer les lignes.
21:23Donc moi j'ai pris plutôt le prisme du salarié.
21:25Et voilà, qu'est-ce qu'il attend le salarié ?
21:27Il attend d'être bien rémunéré.
21:29Donc nous on les paye 18 euros de l'heure versus 9,43 je crois.
21:33Le double du prix du marché, c'est quand même une gageure.
21:35Exactement, sachant qu'on est au même prix de marché pour le client.
21:39Donc ça veut dire que ce sont nos marges que nous réunions et non pas le salaire.
21:43Le même prix pour le client, c'est exactement pareil ?
21:45Le même prix, on est à 2 euros près.
21:47D'accord.
21:48Parce que la qualité doit se payer, normalement.
21:51Alors la qualité se paye, mais on est aussi sur des activités de volumétrie.
21:55Donc il y a un moment donné où plus vous achetez d'heures et moins vous payez.
21:59Ce qui est une logique de marché.
22:01Après, il y a aussi le fait qu'il y a de la reconnaissance.
22:04Parce que comme ils sont affectés à des clients, nous on procède un peu comme une SS2I.
22:09C'est-à-dire qu'on va vous placer vos éco-cleaners.
22:11Donc vous avez toujours les mêmes gens.
22:13Du coup ça crée une équipe et ça crée une connivence.
22:16Résultat, moi mes éco-cleaners, des fois si vous leur demandez pour qui ils bossent,
22:20il y en a qui ne vont même pas vous dire éco-cleaner.
22:24Et c'est là qu'on se dit, le pari est réussi.
22:27Ensuite, vous vous dites, si je prends le prisme du cleaner plutôt que du client,
22:34vous rentrez dans une logique où vous avez ces partages des fruits de la croissance.
22:43Et la rétribution aussi en fonction des résultats.
22:47Parce que je ne vois pas pourquoi.
22:49Le fait, ils sont déjà assez sanctionnés par la vie.
22:52Ils ne sont quand même pas issus de grandes écoles, ils n'ont pas fait d'études.
22:56On sait aussi que souvent ce sont des travailleurs qui sont immigrés.
23:00Il y a beaucoup d'écueils déjà de l'entrée sur le marché du travail.
23:04Je ne vois pas pourquoi ces gens-là ne seraient pas intéressés aux résultats
23:07et ils n'auraient pas les marges de progression comme dans n'importe quel groupe.
23:11Donc voilà ce que nous faisons. Nous avons pris le prisme côté éco-cleaner.
23:16Vous regardez aussi la distance pour qu'il n'ait pas à passer des heures entières dans les transports.
23:22Toujours dans cette démarche de QVT, de qualité de vie au travail,
23:26il est hors de question pour moi qu'un cleaner ait plus de 5 stations entre 2 clients.
23:34Et sur le territoire national, il est hors de question qu'il ait plus de 20 minutes entre 2 clients.
23:39Ça veut dire quoi ? Ça se traduit comment ?
23:41Ça veut dire qu'on ne travaille pas pour payer son plein d'essence ou passer sa vie sur les routes.
23:45Ça veut dire quoi aussi ? Ça veut dire que du coup, comme vous êtes géolocalisé,
23:48ça veut dire qu'au niveau environnemental, vous avez quand même une réduction des gaz à effet de serre.
23:54Et puis sur la fatigue, parce que quand votre éco-cleaner fait 5 clients par jour,
24:01il y a un moment donné où, alors 5 c'est un peu beaucoup parce qu'il y en a plutôt une moyenne de 2h30 par client,
24:07mais s'il en fait 3, il ne faut pas qu'il y ait une amplitude horaire non plus qui fasse 12h.
24:12Parce que sinon, on n'est plus dans notre scope de faire de l'impact.
24:15Non mais ce qui est intéressant, c'est de voir dans une activité aussi traditionnelle
24:18et effectivement au départ peu valorisée par l'image qu'on en donne,
24:23le fait que vous ayez réussi à, en mettant le salarié au cœur du dispositif
24:28et au cœur de ce que vous avez tissé pour pouvoir les faire travailler dans de bonnes conditions,
24:32que vous arriviez néanmoins à être rentable depuis le début.
24:36Il faut le dire parce que souvent on a l'impression que s'il y a cette notion de partage de la valeur,
24:41il y a une perte de rentabilité, vous êtes la entreprise qui est rentable.
24:44Non il n'y a pas une perte de rentabilité, il y a une redistribution de la valeur qui est différente.
24:49C'est du modèle classique.
24:50Bien sûr.
24:51C'est très important de le dire ainsi.
24:54Et comme vous avez un taux de satisfaction de vos salariés par symétrie,
24:59la symétrie des attentions dont on parle en général,
25:01vous avez une satisfaction également de vos clients.
25:03Au final, c'est toujours positif.
25:05Depuis, vous avez fait évoluer l'entreprise puisque vous avez également créé une branche,
25:09je crois que c'était pendant le Covid d'ailleurs,
25:11vous avez créé une branche qui est une branche qui s'adresse davantage non plus aux entreprises,
25:15mais au particulier ou au système type Airbnb par exemple,
25:21où il faut faire du ménage à la demande.
25:23C'est On Demand.
25:24Vous avez fait un gros investissement informatique pour y parvenir.
25:26Parlez-nous de cette branche.
25:28Ecoclean On Demand, l'histoire c'est quoi ?
25:32Pendant le Covid, plus personne ne travaillait, c'était du télétravail partout.
25:36Seule chose qui fonctionnait encore un petit peu, c'était l'hôtellerie et les voyages.
25:40Donc, il y avait des Airbnb.
25:42Et à la demande des Airbnb, en fait, on a créé cette plateforme.
25:45Donc là, effectivement, on a fait un gros investissement.
25:48On parle d'un million cinq.
25:50Donc là, pour le coup, notre rentabilité, elle est un petit peu écornée,
25:53mais on va se remonter, ce n'est pas grave.
25:55Et l'idée, c'était de faire le Uber du nettoyage version bicorp.
26:00Donc, qu'est-ce que c'est en substance ?
26:02Vous commandez aussi simplement une prestation de nettoyage
26:05que si vous commandez un plat cuisiné ou un chauffeur.
26:09L'application s'appelle Ecoclean On Demand.fr.
26:13Elle est sur tous les stores.
26:14Vous avez le site aussi qui vous explique absolument tout.
26:17Et dans les faits, c'est moins de 40 secondes pour commander.
26:21Et c'est 20 minutes pour que la personne arrive chez vous.
26:24Sachant que si ça vous plaît, vous pouvez la mettre en favori.
26:26Et ce sera comme en B2B, toujours la même personne.
26:29Alors 20 minutes, c'est dans Paris intramuros.
26:31En région, on est plutôt sur une heure parce qu'il y a les temps de déplacement.
26:34Le maillage de transports en commun n'est pas forcément aussi optimisé qu'à Paris.
26:39Mais en tout cas, c'est partout en France et au Québec.
26:42Même les villes jusqu'à 3 000 habitants ?
26:44Jusqu'à 3 000 habitants, on sait pénétrer ces marchés-là.
26:48Après, on a des demandes spécifiques, par exemple, d'assureurs.
26:51Où là, effectivement, on peut ouvrir un village spécialement pour eux.
26:55Parce qu'il y a une demande très ponctuelle.
26:57Et la souplesse fait que, comme on dit toujours à nos éco-cleaners, ton job te suit.
27:02Ce qui veut dire que si, par exemple, on a un étudiant,
27:05parce que 80% de nos éco-cleaners sont étudiants,
27:07et bien la semaine, il fait ses études à Bordeaux,
27:12et puis il veut aller voir sa copine à Marseille,
27:14et bien il peut aller travailler à Marseille.
27:16Et puis s'il veut aller faire ses études au Québec,
27:18et bien il peut parce que nous sommes aussi au Québec.
27:20Québec et Suède.
27:21Et Suède, voilà, tout à fait.
27:23Mais Stockholm, en vérité.
27:24On pourrait encore en parler longtemps.
27:26Parce que c'est très intéressant de vous écouter sur le temps.
27:29Mais notre temps est écoulé.
27:31Donc nous sommes au terme de cette émission.
27:33Merci de l'avoir suivi.
27:35J'espère que vous avez pris du plaisir.
27:37Et je vous donne rendez-vous au mois prochain.
27:39Merci.