Aujourd'hui dans "Punchline", Thierry Cabannes et ses invités débattent de l'immigration en France notamment aux environs de Calais avec le Royaume Uni.
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00:00L'info en continu, c'est sur Europe 1.
00:0318h-19h sur CNews et Europe 1.
00:05Punchline, Thierry Cabane.
00:10C'est la dernière nuit droite pour votre Punchline Week-end.
00:12Je vous présente mon équipe du vendredi soir en grande forme.
00:16J'ai juste eu le temps de leur donner un peu de camomille
00:18pour essayer de calmer les débats.
00:19Mais on va voir si...
00:21Si les effets arrivent.
00:23Naïm Infanel est toujours présente.
00:25Nathan Devers, toujours présent.
00:26Jean-Marie Le Gouin, toujours présent.
00:28Louis de Ragnel, toujours présent.
00:30Vous allez bien ?
00:31Très bien.
00:32Bon, on va parler de Bruno Rotaillot, si vous le voulez bien, le mystère.
00:35Le ministre de l'Intérieur était sur le littoral nord aujourd'hui.
00:39Je vous rappelle qu'il avait été interpellé sur la crise migratoire
00:43dans la Manche par des élus
00:45au moment où du congrès des maires de France a apparaît.
00:48Le ministre de l'Intérieur a tenu parole.
00:50Il est allé à leur rencontre.
00:51Il a proposé un certain nombre de choses.
00:53On va écouter Bruno Rotaillot.
00:56Il faut changer notre relation avec le Royaume-Uni, dit-il.
00:58On réagit juste après.
01:00Si on ne sort pas de cette logique
01:02dans laquelle nous sommes depuis des années,
01:04on va courir après le problème en permanence
01:07et il y aura d'autres morts.
01:09Et ça, je ne le souhaite pas.
01:11Que faut-il faire, donc ?
01:13Je pense qu'il y a deux choses à faire.
01:15Là, pour aller directement
01:17non plus au traitement des conséquences
01:20mais au traitement des causes.
01:22Le premier point,
01:24c'est changer, modifier
01:26la relation avec les Anglais,
01:28avec le Royaume-Uni.
01:30Il y a un bras de fer à engager.
01:32J'espère que nous n'arriverons pas là.
01:35Mais on doit changer cette relation
01:37si on veut changer de braquet
01:39et si, justement,
01:41on veut un cadre nouveau.
01:43Louis de Reynalds, pédagogie.
01:45On explique un petit peu les enjeux.
01:47Les enjeux, de quoi parle Bruno Rotaillot ?
01:49Il parle des accords du Touquet.
01:51Les accords du Touquet ont été signés
01:53par la France et la Grande-Bretagne
01:55et stipulent que la frontière
01:57entre la France et la Grande-Bretagne
01:59se situe sur le territoire français
02:01le long des côtes de la Manche.
02:03Ce que Bruno Rotaillot veut remettre en question,
02:05c'est justement ce qu'il y a
02:07dans ces accords du Touquet.
02:09Pour être tout à fait complet et honnête,
02:11les Britanniques nous versent
02:13un chèque tous les ans
02:15qui augmente année après année.
02:17D'ailleurs, Gérald Darmanin,
02:19le prédécesseur de Bruno Rotaillot,
02:21qui est le président des Anglais,
02:23pour financer l'installation
02:25de caméras de vidéosurveillance,
02:27financer même l'achat de drones,
02:29les patrouilles en quad, à cheval,
02:31les hélicoptères,
02:33les patrouilles qui sont faites
02:35par les policiers et les gendarmes français.
02:37Mais on voit bien, manifestement,
02:39que ce n'est pas suffisant.
02:41Ces moyens qui sont mis en place
02:43ne sont pas suffisamment dissuasifs
02:45pour empêcher les migrants
02:47qui souvent viennent de pays
02:49anglophones, pardon,
02:51qui veulent aller en Grande-Bretagne,
02:53soit pour retrouver de la famille,
02:55soit pour trouver du travail,
02:57parce que la législation,
02:59jusqu'à il y a quelques mois,
03:01était très favorable à l'accueil
03:03des migrants et des clandestins
03:05pour faire le travail que les Anglais
03:07ne voulaient pas faire.
03:09Si on peut schématiser et résumer
03:11les choses, en fait,
03:13nous, on est un peu les...
03:15Pardon, excusez-moi,
03:17les dindons de la farce.
03:19Noël approche.
03:21Excusez-moi.
03:23Tout le travail de Bruno Retailleau
03:25est d'essayer de remettre en question
03:27ces accords, de travailler avec
03:29le gouvernement britannique
03:31pour faire en sorte que les Britanniques
03:33durcissent leur législation, faire en sorte
03:35que l'accueil
03:37en Grande-Bretagne soit
03:39un peu plus dissuasif,
03:41mais même si les Britanniques sont d'accord avec nous,
03:43même s'ils vont dans notre sens,
03:45ça ne suffira pas. Pourquoi ?
03:47Parce que la question est beaucoup plus large.
03:49Se pose la question du contrôle
03:51des frontières extérieures de l'Union Européenne.
03:53Aujourd'hui, globalement,
03:55tous les pays qui contrôlent les frontières extérieures
03:57de l'Union Européenne savent
03:59qu'ils sont simplement des pays de transit
04:01et pas des pays de destination.
04:03Donc ils n'ont pas vraiment d'intérêt à contrôler
04:05les passages de migrants, puisqu'ils savent que les migrants
04:07ne vont pas s'installer chez eux.
04:09Donc ça, c'est la question de Frontex.
04:11Et à chaque fois, c'est le débat, d'ailleurs,
04:13c'est la question du rétablissement
04:15des contrôles systématiques aux frontières françaises.
04:17Puisque si le contrôle
04:19aux frontières extérieures de l'Union Européenne
04:21n'est pas opérant, ne fonctionne pas,
04:23se pose évidemment la question de la restauration
04:25de ces contrôles aux frontières intérieures
04:27des pays de l'Union Européenne.
04:29Autre réaction de Bruno Retailleau,
04:31et je vous fais réagir ensuite. Écoutez bien ce qu'il dit, justement,
04:33par rapport à la France.
04:35Lorsque
04:37j'ai déclenché une polémique en indiquant
04:39que pour moi,
04:41l'immigration
04:43qui est en dehors
04:45de tout contrôle, n'était pas une chance,
04:47je l'assume totalement.
04:49Ni pour la France,
04:51c'est une chance,
04:53ni pour les migrants.
04:55Parce que si l'immigration incontrôlée
04:57était une chance pour la France,
04:59les habitants de Calais,
05:01les habitants des communes environnantes
05:03n'auraient pas à subir
05:05ce qu'ils subissent quotidiennement.
05:07Nathan Dauvert a raison
05:09par rapport à Bruno Retailleau.
05:11Là, sur cette phrase de tact,
05:13c'est pas comme ça que je formulerais les choses.
05:15Vous avez les habitants de Calais,
05:17ce sont des gens qui sont exilés,
05:19qui ont fui, je veux dire, les trois quarts,
05:21la très large majorité des gens qui sont à Calais,
05:23enfin, par les habitants, pas les migrants.
05:25Oui, bien sûr, mais ce sont des gens,
05:27ils sont pas venus, si vous voulez, par choix,
05:29ils sont venus parce qu'ils ont été
05:31chassés de leur pays, qu'ils ont fui
05:33qui la guerre, qui la famine, qui la misère,
05:35qui les problèmes climatiques,
05:37qui le blocage politique, et tant qu'on n'aura pas
05:39réglé cette question à l'échelle internationale,
05:41de se dire comment se fait-il qu'il y ait la moitié du monde
05:43qui soit maudite par rapport à l'autre moitié,
05:45qui soit défavorisée par rapport à l'autre moitié,
05:47qui soit une terre de malheur, qui soit une terre
05:49dont on a envie de s'échapper par tous les moyens,
05:51tant qu'on n'aura pas répondu à ces questions,
05:53on ne pourra pas, si vous voulez, poser la question migratoire.
05:55En revanche, là où Bruno Retailleau a raison,
05:57c'est de dénoncer les accords du Touquet.
05:59L'Angleterre, de toutes les manières,
06:01sur la question européenne, a toujours agi,
06:03en le revendiquant, avec un égoïsme
06:05absolu. Le Brexit n'en aura été
06:07que le dernier acte, mais avant le Brexit,
06:09ils ont déjà montré cela.
06:11La situation à Calais est absurdissime.
06:13Vous avez des exilés qui sont pour la plupart anglophones,
06:15qui veulent aller au Royaume-Uni
06:17pour une raison très simple, c'est qu'ils ont souvent un point d'atterrissage.
06:19Ils ont des gens de leur famille, ils ont des amis,
06:21ils savent dans quelle ville...
06:23C'est l'héritage du Commonwealth.
06:25Comme nous, c'est notre ancien héritage colonial.
06:27Bien sûr. Ils savent où aller,
06:29ils savent souvent quel travail ils veulent faire, etc.
06:31Ils n'ont absolument pas envie de rester en France.
06:33Ils ne parlent pas la langue, ce n'est pas un pays qui les intéresse.
06:35Et les Anglais nous payent,
06:37nous monnaient, pour externaliser
06:39leur politique migratoire.
06:41Et ça, c'est en effet un problème, et je pense que c'est une question de dignité.
06:43On a dénoncé récemment
06:45le fait que Mme Mélanie a voulu externaliser
06:47la gestion de sa politique migratoire.
06:49On ne peut pas le dénoncer sur l'Italie.
06:51On est devenus les Italiens des Anglais.
06:53En réalité, c'est ça le problème.
06:55On est devenus l'Albanie des Anglais.
06:57Jean-Marie Legray.
06:59Il y a plusieurs choses. Je vous parlais de la dernière phrase
07:01de Bruno Rotailleau.
07:03Elle est beaucoup moins discutable que la première
07:05qu'il avait prononcée il y a un mois, puisqu'il parlait
07:07de l'immigration en général. Là, il dit
07:09l'immigration clandestine, en quelque sorte.
07:11Et là-dessus...
07:13Et pour le migrant.
07:15Donc ça, j'allais dire,
07:17on peut trouver ça opportun ou pas opportun
07:19de le signaler, mais en tout cas de cause,
07:21ce n'est pas en soi critiquable,
07:23me semble-t-il, et donc il précise sa pensée,
07:25ce qui lui permet peut-être de rassurer
07:27un certain nombre de gens, surtout s'il veut aller
07:29après à l'Assemblée pour faire voter des lois.
07:31Donc je crois qu'il a raison d'aller
07:33sur ce nouveau terrain plutôt que de rester
07:35sur l'ancien. Pour le reste,
07:37l'ambiguïté, pour ne pas dire l'hypocrisie
07:39britannique, c'est-à-dire
07:41qu'une partie du système social
07:43ou économique britannique fonctionne avec
07:45des immigrants clandestins qui n'ont pas pied
07:47et qui travaillent
07:49pour des tarifs...
07:51C'est comme ça que les restaurants de Londres et tous les services
07:53à la personne de Londres fonctionnent.
07:55Donc les gens se disent
07:57non seulement j'ai de la famille, non seulement je parle
07:59plutôt anglais que français
08:01ou allemand, et non seulement ça,
08:03mais en plus, là-bas, je sais que
08:05sans aucun problème, sans aucune difficulté,
08:07je trouverai un travail, certes mal payé,
08:09mais qui est quand même le début de quelque chose.
08:11Bruno Rotaillot a
08:13raison de pointer
08:15du doigt cela.
08:17Si on pouvait faire évoluer le droit social
08:19britannique
08:21avec un certain nombre d'éléments,
08:23c'est-à-dire de nature continentaux, français mais continentaux,
08:25européens, c'est-à-dire qu'il faut...
08:27Le droit du travail n'est pas
08:29le droit de n'importe qui à faire n'importe quoi.
08:31Cela serait positif
08:33non seulement pour les salariés britanniques mais aussi
08:35effectivement pour les questions d'immigration.
08:37Allez, le mot de la fin sur le sujet que vous n'avez même pas d'aide.
08:39Oui, enfin, moi je ne suis pas trop d'accord
08:41pour tomber comme ça sur les anglais parce que
08:43je pense qu'il faut aussi s'interroger sur
08:45notre espèce Schengen où finalement
08:47les gens passent facilement.
08:49Parce que normalement on est censé les retenir
08:51à un moment à une frontière intérieure
08:53de l'Union européenne
08:55et puis se charger notamment
08:57d'étudier leurs dossiers, de ne pas les laisser passer.
08:59Aujourd'hui, les personnes passent
09:01quand même facilement en Europe
09:03de pays en pays
09:05jusqu'à ce qu'ils arrivent justement
09:07à Calais pour pouvoir
09:09passer en Angleterre. Donc il faut
09:11aussi qu'on s'interroge sur ces frontières
09:13et que peut-être que l'espèce Schengen finalement
09:15ne fonctionne pas et qu'il faudrait rétablir
09:17avec effectivement la suppression
09:19de la loi
09:21de la loi Valls
09:23qui a en fait supprimé
09:25le délit de clandestinité qui permettait
09:27de contrôler. Parce qu'aujourd'hui
09:29on ne peut pas contrôler.
09:31C'est pour ça qu'il y a aujourd'hui entre
09:33600 000 et 900 000
09:35personnes.
09:37On n'a pas le droit de contrôler.
09:39De contrôler ? On n'a pas le droit de contrôler quelqu'un ?
09:41Non, non. On n'a pas le droit de contrôler
09:43en fonction du délit de clandestinité.
09:45C'est pas un délit
09:47qui est réprimé en tant que tel, Madame.
09:49C'est pas la même chose. Oui, c'est ça, mais ça pose un problème
09:51pour le contrôle. Non, mais ce qui est intéressant
09:53c'est que ça soulève
09:55le débat des intérêts
09:57très divergents qu'il y a au sein des pays
09:59de l'Union Européenne et de l'espèce Schengen.
10:01C'est-à-dire que quand vous êtes Premier ministre
10:03espagnol, la défense de vos intérêts
10:05n'est pas du tout la même sur la question migratoire
10:07que quand vous êtes président français.
10:09Par exemple, l'Espagne est en train de
10:11régulariser 900 000 clandestins
10:13et globalement le coût du travail est beaucoup
10:15plus faible en Espagne qu'en France.
10:17Les clandestins latinaux
10:19qui vont... Oui, vous avez raison.
10:21C'est pas les mêmes. Vous avez raison,
10:23mais via les Canaries et via
10:25les Pyrénées, vous avez quand même
10:27une immigration clandestine qui est
10:29très forte, qui arrive donc de l'Espagne
10:31et qui veut aller en France parce que ce sont des gens qui
10:33veulent monter vers les pays du nord de l'Europe
10:35parce qu'il y a plus de protection sociale,
10:37parce que les salaires sont meilleurs.
10:39Et donc quand vous avez un pays comme l'Espagne
10:41qui fait ça, par exemple, avant c'était la Grèce,
10:43il y a eu la question de l'Italie aussi il y a quelques années
10:45avant l'arrivée de Giorgia Meloni.
10:47Quand des pays font ça, forcément, ça
10:49dérègle un peu tout le système et vous avez beau avoir
10:51la meilleure réglementation
10:53dans d'autres pays, je pense même à la France,
10:55alors on n'a pas une super réglementation là-dessus,
10:57c'est quand même très compliqué d'aller
10:59à chaque fois à contre-courant
11:01de pays qui contrôlent
11:03les frontières extérieures de l'Union européenne
11:05et qui ne vont pas dans votre sens.