• il y a 2 mois

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00:00Ravis de vous retrouver pour les informer. Votre demi-heure de décryptage de l'actualité politique avec vous, Benjamin Sportouche. Bonjour, Benjamin.
00:07Bonjour à tous.
00:08Et avec nos deux informés ce matin, Rachel Garaval-Carcel. Vous êtes journaliste politique au Monde. Bonjour, Rachel.
00:13Bonjour.
00:14Et bonjour, Franck Dedieu.
00:15Bonjour.
00:16Vous êtes directeur adjoint de la rédaction de Maria. Notre premier sujet, Benjamin, le budget avec, vous nous le dites ce matin, Benjamin, le Sénat qui pourrait bien se retrouver en haut de l'affiche.
00:26Oui, en arbitre d'un budget qui semble bien embourbé pour l'instant. Le budget de la Sécurité sociale est actuellement à l'étude. Mais dès la semaine prochaine, le budget de l'État sera à nouveau en discussion dans l'hémicycle à l'Assemblée nationale pour la partie recette.
00:38Mais tout laisse à penser que les députés n'arriveront pas à s'entendre d'ici le 18 novembre, date limite pour l'examen à l'Assemblée.
00:45Et ensuite, ce sera au tour du Sénat, donc, de s'en emparer. Et la Haute Assemblée pourrait alors être la planche de salut du gouvernement, car la droite y est majoritaire.
00:53Et c'est une Assemblée plus prompte, il faut bien le dire, au compromis. Puis il faut aussi être honnête. Les débats y sont moins hystérisés.
00:59Bref, le Sénat pourrait sauver la mise de Michel Barnier et donner un budget au pays. Le Sénat régulièrement critiqué.
01:07Adrien, tient-il peut-être sa revanche là ? Mais est-ce qu'il est complètement légitime, c'est la question qu'on peut se poser, faute d'une élection directe par les Français ?
01:15Est-ce que c'est une Assemblée par défaut, uniquement en temps de coup dur ?
01:19Bon, je commence avec vous, Rachel Garraval-Carcel. Le gouvernement mise, donc, sur le Sénat ?
01:27Oui, moi, ça me paraît assez clair. Je pense qu'il y a déjà un indice dans la composition du gouvernement. Je vous rappelle qu'il y a une dizaine de sénateurs qui sont devenus ministres.
01:35Ce n'est pas fréquent, semble-t-il.
01:37Ce n'est pas fréquent. Jusque-là, sous la Ve République, il y avait eu une grosse cinquantaine de sénateurs qui étaient devenus ministres. Donc là, dix d'un coup, ça fait beaucoup.
01:44Donc c'est vraiment quelque chose de très nouveau. Et ça veut dire, effectivement, que le gouvernement a décidé de s'appuyer sur le Sénat pour une raison assez simple.
01:51Au Sénat, grâce à l'alliance avec LR, il a une majorité absolue. Au Sénat, il est soutenu par les LR, l'Union centriste et les deux groupes de l'ancienne coalition présidentielle.
02:02— Sauf que, pardon, on entre peut-être dans quelque chose d'un tout petit peu technique. Mais moi, j'ai toujours en tête que l'Assemblée nationale, dit-on, a le dernier mot.
02:09— L'Assemblée nationale a le dernier mot. Et c'est la faille de cette stratégie de s'appuyer sur le Sénat. Néanmoins, voilà, il faut rappeler comment dire quel est le chemin parlementaire du budget.
02:20On commence obligatoirement par l'Assemblée nationale. Puis on va au Sénat. Il y a éventuellement une seconde lecture dans les deux chambres.
02:28Ça n'arrive à peu près jamais que... En tout cas, ça fait longtemps que c'est plus arrivé que le budget adopté à l'Assemblée soit le même que celui adopté au Sénat.
02:36Donc là, on va en commission mixte paritaire, c'est-à-dire l'instance où les deux chambres sont censées essayer en tout cas de trouver un accord et pas d'obligation de résultat.
02:47Et là, de fait, le gouvernement, il pourra s'appuyer d'abord et avant tout sur le texte issu du Sénat, qui a de bonnes chances d'être plus proche de sa copie d'origine.
02:55Ce sera sans doute pas la même non plus, mais il sera plus proche que sur celle de l'Assemblée, puisqu'a priori, il n'y aura pas de copie de l'Assemblée,
03:01puisque là, l'examen de la première partie du PLF n'est pas terminé. Mais même si on l'arrêtait aujourd'hui, il y aurait toutes les chances
03:09que cette version très devenue NFP compatible, d'après la gauche, soit refusée par l'Assemblée.
03:16Donc il n'y aura pas de texte de l'Assemblée. La base de discussion, ce sera le texte du Sénat.
03:20— Franc de Dieu, le Sénat, donc, Michel Barnier nous disait, Rachel, qui mise dessus. Est-ce que finalement, tout ça est très respectueux ?
03:30Alors on a souvent parlé du non-respect des exécutifs pour le Sénat. Mais est-ce que tout ça, à la fin, est très respectueux pour l'Assemblée nationale,
03:36parce qu'on a l'impression qu'on laisse les débats se dérouler, voilà, au fil de l'eau et se terminer un peu notre boudin ?
03:44— Il y a le respect de la Constitution. Vous avez dit, selon l'article 45, l'Assemblée a le dernier mot. L'Assemblée a le dernier mot
03:52si le gouvernement lui donne le dernier mot. Or, il est bien probable que ça se passe pas exactement comme ça et qu'on passe
03:59effectivement par une commission mixte paritaire. Il se trouve que vous avez quand même statistiquement... J'avais hier un constitutionnaliste
04:07qui disait... Alors tout texte confondu, 7 fois sur 10, la commission mixte paritaire est conclusive. Et 80% des amendements venant du Sénat
04:18finissent par être adoptés. Tout texte confondu. Il s'agit pas simplement du budget. Donc effectivement, ce gouvernement dont on dit parfois
04:26« bargner l'archer », pour dire combien les sénateurs ont de l'importance, effectivement, voilà, ça peut être effectivement une planche de salut
04:37pour le gouvernement. Ajoutez même à cela que même si d'un point de vue législatif et constitutionnel, c'est sans doute plus compliqué,
04:46mais il peut y avoir un jeu politique assez intéressant pour le gouvernement. C'est de dire « Regardez, avec l'Assemblée... »
04:53Je joue sur le volet recettes en me disant comme j'incarne une forme d'union nationale et je pacifie un peu les relations, j'accepte des augmentations
05:03de recettes, donc d'augmentation d'impôts, à charge pour l'Assemblée de voter les augmentations d'impôts. Et puis finalement, comme quand même je viens
05:11de LR et que le Sénat est bon camarade avec moi, eh bien le Sénat se chargera de voter une baisse des dépenses. Et donc vous avez une forme de
05:21« good cop bad cop », si j'ose dire, de manière à... C'est une sorte de martingale politico-idéologique qui permet à Barnier de s'en sortir
05:29selon ce schéma. – Rachel. – Je rappelle quand même qu'après la CMP, quand bien même... – Commission mixto-paritaire, on le rappelle.
05:36– Quand bien même est-elle conclusive, on repasse encore une dernière fois devant le Sénat et l'Assemblée pour un vote définitif.
05:42– Et c'est là où on peut faire le 49-3. – Alors d'abord, ces deux chambres peuvent refuser le texte sorti de la CMP s'il leur plaît pas,
05:49et on peut encore là faire le 49-3. Et effectivement, mon voisin a raison, c'est-à-dire ce qui ressortira de ce budget, c'est à quel point
05:57le gouvernement... Parce qu'à la fin, il y aura 49-3, parce que même le texte issu de la CMP ne sera pas approuvé par l'Assemblée nationale.
06:03Le gouvernement n'a pas de majorité, et même de très loin. Donc la question sera de savoir dans ce 49-3, où je rappelle que le gouvernement
06:09peut faire à peu près ce qu'il veut, reprendre son texte d'origine, reprendre le texte tel qu'il était, ajouter, enlever des amendements
06:15à peu près comme il le veut. Il faudra voir s'il en reprend effectivement de ceux qui sont passés, qui ont été votés par l'Assemblée nationale.
06:21Ça, ce sera un vrai test pour savoir si le respect qu'il veut montrer du Parlement est en bois ou un peu plus concret.
06:27– Benjamin, ce porte-touche quand même pour mettre un petit peu tout ça en perspective. On a une Assemblée nationale qui est éclatée.
06:33On a un Sénat qui est beaucoup moins dominé par la droite et le centre, même si c'est un tout petit peu effrité, mais ça reste quand même le cas.
06:40Il n'y a pas ni la France insoumise, j'allais dire ni l'ERN, mais l'ERN il est présent, mais de façon très très modeste.
06:46Est-ce que, je repose un petit peu cette question de légitimité démocratique, est-ce que s'appuyer si fortement sur une chambre
06:54dont on rappelle que les membres sont élus au scrutin indirect, est-ce que tout ça est bien normal, j'allais dire, politiquement ?
07:02– C'est notre système bicaméral. Alors il a été très fortement critiqué, bien évidemment qu'il y en a beaucoup qui voulaient s'en séparer.
07:08On s'en rappelle du général De Gaulle, qui a fait même un référendum pour s'en dispenser, pour supprimer le Sénat.
07:13On sait très bien comment ça s'est terminé, c'est lui qui a dû partir.
07:16Lionel Jospin disait que c'était une anomalie démocratique en 1998, c'était la gauche à l'époque.
07:20Et puis même Emmanuel Macron, récemment, qui a toujours eu le Sénat contre lui, qui a été pour lui une chambre d'opposition,
07:25à un moment donné, dans une lettre aux Français qu'il avait publiée en 2022, il laissait entendre qu'on pouvait tout à fait imaginer
07:30de fondre le CESE, le Conseil économique, social et environnemental, et le Sénat.
07:34Donc il n'a jamais eu la côte, le Sénat.
07:36Mais en même temps, il nous a parfois sauvé de l'ornière, et en particulier le gouvernement et Michel Barnier.
07:41Alors oui, ça pourra apparaître comme étant un passage en force vis-à-vis de l'Assemblée nationale.
07:46Mais bon, pardon, au final ça reviendra à l'Assemblée.
07:49Et puis Michel Barnier pourra très bien dire, et c'est ce qu'il entend faire, la stratégie politique est là.
07:53Il dit « Ben regardez, moi je suis allé jusqu'au bout du processus parlementaire, je suis passé par les assemblées,
07:58je n'ai enjambé personne, je suis allé jusqu'au 18 novembre pour les députés,
08:02puis après le Sénat a joué son rôle, et je n'aurai utilisé le 49-3 qu'une seule fois,
08:07et non pas de multiples reprises pour faire adopter le budget. »
08:11Voilà un peu dans quelle disposition d'esprit il est.
08:13Écoutez, stratégiquement ça se joue, on verra s'il y arrive.
08:16Mais pour l'instant, les députés lui donnent plutôt gain de cause sur cette tactique-là.
08:22– Je vais vous poser une question, Franck de Dieu, sur la stratégie, la tactique de Michel Barnier.
08:25Mais d'abord, Rachel Gravin-Lecarcel, parce que je sais que vous êtes une spécialiste de la cuisine parlementaire,
08:30ça va permettre tout ça, et comme le disait Benjamin, à Michel Barnier de peu utiliser le 49-3 finalement ?
08:36Contrairement à Elisabeth Borne qui les accumulait, c'était presque devenu un sketch à force.
08:40– Effectivement, le gouvernement semble choisir de laisser aller les débats à leur terme.
08:45Sauf que sur l'examen du budget, le Parlement n'a pas tout son temps.
08:48En fait, il a 70 jours pour adopter le budget, et en première lecture c'est 40 jours à l'Assemblée nationale,
08:55et je crois 15 jours au Sénat si je ne dis pas de bêtises.
08:58Donc effectivement, s'il choisit d'aller au bout des débats, mais en même temps de subir de très nombreuses défaites,
09:04c'est ce qui s'est passé la semaine dernière, c'est ce qui se passe depuis hier soir
09:07sur la première partie du projet de loi de finances de la Sécurité sociale,
09:11il décide d'assumer ces défaites, au fond peut-être de les banaliser,
09:15et de dire finalement je n'utiliserai le 49-3 qu'à la fin.
09:18Ce qui au fond est la même chose, puisque comme je vous l'ai dit,
09:21il peut réécrire vraiment de fond en comble le texte s'il le veut,
09:24mais effectivement, médiatiquement, politiquement, ça n'aura peut-être pas exactement le même impact.
09:29Mais encore une fois, je le redis, tout dépendra de ce qu'il gardera ou de ce qu'il laissera des débats parlementaires
09:34qu'il aura laissé aller jusqu'au bout, mais peut-être pour ne rien en faire à la fin.
09:38On va continuer de parler de cette cuisine parlementaire qui est effectivement passionnante parce qu'elle a des incidences.
09:43On va parler aussi de la stratégie de Michel Barnier.
09:46D'abord le fil info, 9h15, Maureen Suignard.
09:50Une frappe israélienne a fait plus de 55 morts à Beit Laïa, dans le nord de la bande de Gaza, selon la Défense civile.
09:56Le service palestinien affirme que c'est un immeuble résidentiel qui a été touché
10:01et que de nombreuses victimes se trouvent encore sous les décombres.
10:04Téléphone portable au volant, distance de sécurité non respectée, ceinture de sécurité qui n'a pas été passée.
10:10Le gouvernement veut verbaliser trois nouvelles infractions grâce à l'intelligence artificielle.
10:14L'exécutif veut doter plusieurs centaines de radars de nouvelles fonctionnalités.
10:18Pour cela, il prévoit d'allouer 46 millions d'euros à la sécurité routière dans le budget 2025.
10:23Un AVC sur 4 survient avant 65 ans et un sur 10 avant 50 ans.
10:29L'alerte sur France Info de la présidente de la société française neurovasculaire.
10:34C'est aujourd'hui la journée mondiale de la prévention de l'AVC.
10:37Un visage qui se déforme brutalement, une perte de la force musculaire et du langage doit nous pousser à consulter très rapidement.
10:44France Info vous donne rendez-vous à 11h40 pour vous dévoiler le tracé du tour de France 2025.
10:49Mais on peut déjà vous dire que le tour masculin va partir de Lille.
10:52Et après 36 ans d'absence, le sommet de Luchon-Superbannière dans les Pyrénées fait son grand retour.
10:59France Info
11:03Les informés. Benjamin Sportouche. Adrien Bec.
11:09Et toujours avec Rachel Garra, Val Carcel, journaliste politique au Monde.
11:13Et Franck Dedieu, directeur adjoint de la rédaction de Marianne.
11:17Franck Dedieu, justement. Benjamin Sportouche nous disait un petit peu avant le Fil Info
11:21qu'il s'agissait pour Michel Barnier de démontrer qu'il était prêt à écouter, à laisser les débats se dérouler.
11:29C'est donc un changement de style total.
11:33On en parlait aussi avec Rachel avec cette idée de montrer qu'il ne s'agit pas trop d'utiliser le 49.3.
11:38Même si on a l'impression, on entendait Clémence Guettet le dire tout à l'heure sur notre plateau,
11:43que par conséquent la majorité se désintéresse des débats.
11:47Il y a l'idée effectivement d'écouter. On l'a vu lors de sa prise de fonction.
11:52L'idée d'écouter tout le monde, de considérer qu'il n'y a pas une institution ou des bons élèves qui ont raison par rapport à d'autres.
12:00Et de ce point de vue, pour rebondir à ce que disait Benjamin, le Sénat peut l'aider.
12:06On disait à la Troisième République, c'est l'assemblée du seigle et de la châtaigne.
12:11Parce que non seulement il n'est pas démocratique au sens de la démocratie directe, une légitimité directe.
12:17Il a une légitimité démocratique, mais indirecte.
12:20Et donc à ce titre-là, moins de poids que l'Assemblée nationale.
12:23Mais on a critiqué aussi sa représentativité.
12:26Cette représentativité, le grand paradoxe, c'est que ça plaît aux Français.
12:32L'idée de se dire qu'ils représentent la ruralité, qu'ils représentent déjà des élus locaux.
12:38On sent bien qu'aujourd'hui, face à une Assemblée nationale qui est un peu fiévreuse,
12:43qui est un peu, vous avez employé je crois dans votre émission précédente, le terme de bordélisée,
12:49eh bien il y a un contraste avec ce Sénat dont les deux particularités qui jouent en sa défaveur,
12:56c'est-à-dire la légitimité et la représentativité, deviennent aujourd'hui pratiquement,
13:02heureusement ou malheureusement, des arguments qui permettent à Michel Barnier d'apaiser
13:07et de faire avec une majorité qui n'en est pas une, la vérité.
13:11Et la moyenne d'âge aussi.
13:1362 ans et 9 mois, je crois.
13:15Alors l'Assemblée, c'est autour de 40...
13:18Je ne sais pas, Rachel, vous savez peut-être ça.
13:21Je vous pose une colle.
13:22Eh bien je m'en excuse.
13:23Alors je rebondis sur ce que disait Franck, effectivement,
13:27avec l'idée effectivement que, voilà, Michel Barnier, l'idée d'utiliser,
13:34je ne dis pas de façon péjorative, mais des représentants des territoires, des élus ruraux,
13:40plus ou moins quand même, le Sénat c'est quand même essentiellement beaucoup des élus ruraux,
13:44ça, ça peut être utile selon vous auprès de l'opinion ?
13:47Est-ce que ça peut fonctionner ?
13:48Ou est-ce que les gens vont quand même finir par se dire,
13:50oui, il y a peut-être des représentants des élus ruraux,
13:53mais il y a quand même les représentants de nous, l'Assemblée nationale,
13:56qui existent ?
13:57Ben oui, c'est quand même le problème.
13:59Effectivement, c'est avant tout une manière institutionnelle, légale,
14:04il n'y a rien d'illégal dans ce qui est fait, évidemment,
14:07de contourner une Assemblée où c'est beaucoup plus difficile pour lui.
14:11Évidemment que c'est beaucoup plus facile d'aller chercher le compromis au Sénat,
14:14même si, certes, l'affaire sera sans doute plus facile au Sénat pour lui,
14:19mais je ne pense pas qu'il faut s'imaginer que les LR seront de douze agneaux
14:23avec les ministres macronistes.
14:25J'ai eu l'occasion de faire des questions au gouvernement
14:27depuis la nomination du gouvernement Barnier.
14:29Pour l'instant, les gestes d'affection des LR envers la ministre Macroniste
14:32ont resté pudiques.
14:34Donc on verra ce qui se passera pendant le débat budgétaire.
14:37Mais à un moment donné, effectivement, l'Assemblée,
14:39celle pour laquelle on a voté il y a quatre mois,
14:42il faudrait éviter de la bypasser.
14:45Je rappelle qu'on parlait de la question de leur élection,
14:47mais moi, je pense que le plus gros problème démocratique,
14:50c'est que du coup, le gouvernement s'appuie sur une chambre
14:53dans laquelle il ne peut pas être renversé.
14:55Alors, bien entendu, on l'a redit, l'Assemblée a le dernier mot
14:59et l'Assemblée peut bien le renverser.
15:01Il n'y a pas de motion de censure au Sénat,
15:03il n'y a pas de 49.3 non plus,
15:05mais effectivement, forcément, c'est plus facile d'aller au Sénat.
15:07Et d'un tout petit mot peut-être à vous deux, Franck,
15:09est-ce que cette tactique,
15:11si le gouvernement doit ne pas tomber à l'occasion du budget,
15:14elle peut être réutilisée après sur d'autres textes ?
15:17Non, parce qu'il y a les 49.3 open bar sur les lois budgétaires,
15:22sur les lois de finances,
15:24et après, vous avez un 49.3 par session,
15:27et une session, c'est de septembre à juin.
15:30Et donc, s'appuyer sur le Sénat,
15:32il pourra continuer, mais avec moins d'effet ?
15:35Il pourra le faire sur d'autres sujets, effectivement.
15:38Maintenant, il y a un sujet dont on n'a pas beaucoup parlé,
15:41c'est qu'on s'est dit, au fond, les LR,
15:43ils retrouvent quelque part une forme d'ossature idéologique claire
15:49par l'intermédiaire du Sénat,
15:51claire sur le plan budgétaire.
15:53On ne veut pas trop augmenter les impôts,
15:55on veut fortement baisser la dépense.
15:57Sauf qu'il y a tout de même un contraste,
15:59on parlait de cette proximité avec les élus locaux,
16:03avec le peuple, l'électorat LR aujourd'hui a changé.
16:07Ce n'est pas, si vous regardez dans les circonscriptions,
16:09ceux qui ont été élus à l'Assemblée,
16:11ce sont plutôt des circonscriptions
16:13qui sont beaucoup plus populaires qu'auparavant,
16:16beaucoup moins bourgeoises,
16:18où il y a plus rural,
16:20où il y a un besoin de services publics,
16:22où il y a un besoin aussi de dépenses,
16:24et où l'idée selon laquelle les LR du Sénat
16:26seraient tout à fait conformes, je dirais,
16:30à classiquement ce qu'était la droite,
16:33n'est plus exactement vraie.
16:35Oui, c'est une droite, entre guillemets,
16:37je mets des guillemets, moins bourgeoise,
16:39effectivement, qu'elle n'a pu être.
16:41Et de ce point de vue, les sénateurs
16:43peuvent être un contraste avec l'opinion publique LR.
16:45C'est effectivement très intéressant comme remarque,
16:48et merci à vous Franck, vous restez bien sûr avec nous,
16:50puisqu'on va parler de notre deuxième sujet,
16:52Benjamin Sportouche,
16:54qui s'agit de la santé de Michel Barnier.
16:56Exactement, on l'a appris hier et ce fut une surprise,
16:58le Premier ministre a été opéré ce week-end
17:00d'une lésion cervicale, je cite Matignon,
17:02une première pour un Premier ministre
17:04depuis 40 ans, et les résultats de l'analyse
17:06seront connus d'ici à quelques semaines,
17:08c'est ce qu'indique aussi le communiqué signé
17:10du médecin du Premier ministre.
17:12Alors Matignon se veut rassurant,
17:14tout s'est très bien passé, c'est ce que dit aussi
17:16le communiqué, le chef du gouvernement
17:18qui est âgé de 73 ans, rappelons-le,
17:20a repris normalement son travail dès hier,
17:22il faudra cependant attendre jeudi pour le voir
17:24apparaître publiquement en Conseil des ministres.
17:26Alors à ce stade, Matignon n'a pas voulu
17:28en dire plus sur la pathologie dont souffre
17:30Michel Barnier, sur les modalités également
17:32et le lieu de l'intervention chirurgicale,
17:34on sait qu'Emmanuel Macron a été mis au courant
17:36de l'opération du Premier ministre,
17:38une annonce qui relance bien sûr le débat
17:40sur ce que nous devons ou pas
17:42savoir de nos dirigeants,
17:44s'est-on assez ou pas,
17:46la transparence de la vie publique passe-t-elle forcément
17:48par celle de la santé de nos dirigeants ?
17:50Il y a toujours effectivement l'équilibre entre
17:52vie privée, vie publique, voyeurisme,
17:54on a vu aux Etats-Unis les bulletins de santé
17:56de Kamala Harris, Donald Trump
17:58qui refuse de s'y plier,
18:00on va mettre tout ça en perspective.
18:02D'abord, venons-en à ce communiqué,
18:04Rachel,
18:06est-ce que d'après vous,
18:08déjà est-ce que c'est quelque chose qui est inédit
18:10et est-ce que l'équilibre là est respecté
18:12à vos yeux ?
18:14Inédit, je ne sais pas, on a dit que c'était la première fois
18:16depuis 40 ans, officiellement,
18:18la vérité c'est qu'on l'a supprimé.
18:20Pour un Premier ministre.
18:22Moi je pense que ce communiqué
18:24il aurait dû arriver avant.
18:26Je pense que le problème c'est la surprise
18:28dans la présentation que vous avez faite.
18:30Je ne cherche pas à savoir, je ne cherche pas à voir
18:32le rapport de l'intervention.
18:34J'ai lu ça dans certains médias
18:36et dans certains politiques
18:38qui disent que ça aurait dû arriver avant, pourquoi ?
18:40Parce que je pense qu'on doit être prévenu avant
18:42parce que ça ne peut pas se passer
18:44aussi, potentiellement.
18:46Imaginez si ça se serait mal passé.
18:48Au fait, il s'est fait opérer ce week-end
18:50mais c'est très mal passé.
18:52On aurait dû le savoir avant
18:54surtout pour une intervention évidemment programmée
18:56par définition.
18:58On n'est pas obligé de savoir
19:00tous les détails de ce qui se passe, juste savoir
19:02la deuxième tête de l'exécutif,
19:04parce que c'est quand même ça Michel Barnier,
19:06on n'a pas besoin de le savoir de toutes les personnalités politiques,
19:08de tous les ministres.
19:10Président, Premier ministre, ça me paraît être des gens
19:12dont on doit connaître
19:14un peu l'état de santé.
19:16A partir du moment où c'est grave, j'ai rien à faire.
19:18On rappelle que le Premier ministre, il a en charge
19:20la force armée par exemple.
19:22Je pense qu'on aurait dû le savoir avant
19:24et puis avoir le communiqué qui nous dit
19:26que ça s'est bien passé, que c'est mal passé.
19:28Sachant aussi que dans ce communiqué on nous dit
19:30qu'il va y avoir des analyses de ces lésions.
19:32Je ne suis pas médecin, je ne sais pas ce que ça veut dire.
19:34Mais si ce sont des analyses
19:36qui se révèlent négatives,
19:38il faudra peut-être aussi le savoir.
19:40Malgré tout, Franck Dedieu, on a quand même l'impression,
19:42parce que vous disiez d'ailleurs,
19:44il y a peut-être des premiers ministres qui ont été opérés,
19:46sans qu'on le sache, on a l'impression quand même
19:48que sur la transparence, il y a quand même eu
19:50un progrès ces dernières années en France.
19:52C'est-à-dire qu'il y a une volonté,
19:54alors je ne sais pas si c'est
19:56à vrai dire ces dernières années,
19:58il y a une volonté de la part de l'opinion publique
20:00de savoir quelque chose.
20:02Et on a parlé
20:04on a parlé de
20:06l'AVC de Jacques Chirac,
20:08du malaise vagal de Nicolas Sarkozy.
20:10Si vous remarquez bien, depuis
20:12quelques heures, on fait une comparaison
20:14par rapport au président de la République.
20:16Et pas par rapport au premier ministre.
20:18Alors bien sûr, c'est
20:20une nouveauté, mais il y a aussi quelque part
20:22un symbole.
20:24Je pense que ce n'est pas nouveau,
20:26le dévoilement de l'intime
20:28est un attribut aussi du pouvoir.
20:30C'est-à-dire que l'opinion publique souhaite aussi
20:32rappelez-vous le coucher du roi
20:34ça fait partie de
20:36Kantorowicz qui est un politologue
20:38qui a eu beaucoup de succès dans les années 60
20:40avait sa théorie des deux corps du roi
20:42une sorte de corps moral
20:44qui représentait sa fonction
20:46et lorsque les deux se mêlent, c'est là où il y a
20:48quelque chose de suprême.
20:50Je ne sais pas si, je ne veux pas
20:52être
20:54comment dire, en rajouter
20:56mais je ne suis pas
20:58sûr que quelque part le fait
21:00d'être transparent
21:02sur l'état de santé
21:04fragilise tant que ça le Premier ministre.
21:06Alors ça peut le faire
21:08sur le plan physique évidemment
21:10mais sur le plan de la symbolique
21:12politique, je crois
21:14que cette idée-là
21:16la santé et la
21:18vulnérabilité est aussi un attribut du pouvoir.
21:20Je pense qu'ils ont pris
21:22un risque en termes de communication
21:24de tempo de communication en effet comme disait Rachel
21:26parce qu'aujourd'hui à l'ère des réseaux sociaux
21:28on peut bien se dire qu'une photo du Premier ministre
21:30arrivant à cet hôpital
21:32ça aurait pu leur échapper
21:34je trouve ça presque miraculeux
21:36qu'il n'y ait pas eu d'information, qu'il leur ait échappé
21:38qu'ils aient réussi à garder le contrôle
21:40de cette communication. Mais c'était totalement risqué
21:42qu'en effet ils auraient pu prévenir avant
21:44pour qu'il y ait moins de spéculation. Parce que bien évidemment
21:46que ça peut devenir un fait politique très rapidement
21:48je voyais Sophie Binet, la patronne de la CGT
21:50qui disait ce matin que vu l'état du pays
21:52je la cite, on a besoin d'un Premier ministre
21:54en forme. Oui, la santé d'un Premier ministre
21:56ça devient un sujet politique
21:58quand le pays a besoin de gens qui sont
22:00au chevet de ce pays en quelque sorte
22:02qui en ce moment ne va pas si bien que ça
22:04notamment, on en a parlé d'un point de vue budgétaire
22:06donc tout peut devenir politique
22:08mais attention, on est aussi dans un pays
22:10et tant mieux j'allais le dire, où l'intimité
22:12où l'intime a toujours été protégée
22:14de la part des politiques, il y a toujours une forme de consensus
22:16là-dessus. Et j'entendais Clémence Guetter
22:18à votre micro tout à l'heure. Elle était en effet
22:20extrêmement très prudente. Exactement.
22:22Merci à vous Benjamin Sportouche
22:24on se retrouve demain si vous voulez bien
22:26Merci Rachel Garaval-Cassel
22:28vous êtes journaliste politique au monde
22:30et merci à vous Franck Dedieu, directeur adjoint
22:32de la rédaction
22:34de Marianne. Fin de ces informés
22:36qui reviennent évidemment ce soir à 20h
22:38Agathe Lambret, Jean-Rémi Baudot

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