Céline Alonzo vous présente "Génération Innovation", son émission qui donne la parole chaque semaine aux entrepreneurs.
Avec Laurent Benveniste, expert en innovation, Nicolas Durand, fondateur et président de Sea4Earth et Vincent Doumeizel, conseiller pour les océans au sein du Pacte mondial des Nations Unies, auteur de « La Révolution des Algues » aux éditions Equateurs
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##GENERATION_INNOVATION-2024-11-03##
Avec Laurent Benveniste, expert en innovation, Nicolas Durand, fondateur et président de Sea4Earth et Vincent Doumeizel, conseiller pour les océans au sein du Pacte mondial des Nations Unies, auteur de « La Révolution des Algues » aux éditions Equateurs
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00:00Cid, le réseau qui soutient les entreprises innovantes, vous présente...
00:05Sud Radio, Génération Innovation, Céline Alonso.
00:10Bonjour et bienvenue sur Sud Radio dans Génération Innovation, l'émission qui donne chaque semaine la parole à ceux qui changent le monde.
00:17D'ici 2050, on sera 10 milliards d'habitants sur Terre.
00:21Et selon l'OMS, nos besoins alimentaires vont augmenter de plus de 56%.
00:27Résultat, pour nourrir l'ensemble de la planète, il va falloir se réinventer
00:32et surtout trouver de nouveaux modes de production alimentaire plus durables.
00:37Une des réponses possibles à ce challenge, qui ne va pas être facile,
00:42serait la culture des algues, comme le préconise l'ONU, l'Europe et plus récemment la France.
00:48Mais aujourd'hui, dans notre pays, ce marché est encore limité et artisanal.
00:53Cependant, une jeune entreprise innovante française, implantée en région Pacaille et en Nouvelle-Aquitaine,
00:59a pour ambition de devenir un leader mondial dans ce secteur de l'algo-culture.
01:06On va en parler tout de suite sur Sud Radio avec son co-fondateur et président.
01:11Sud Radio, Génération Innovation, Céline Alonso.
01:16Nicolas Durand, bonjour à vous et merci d'être avec nous sur Sud Radio,
01:21avec Laurent Benveniste, expert en innovation. Nous sommes ravis de vous recevoir.
01:26Vous êtes ingénieur agro de formation et après de nombreuses années passées à l'étranger,
01:32notamment en Asie, vous êtes revenu en France pour fonder Sea for Earth en janvier 2023.
01:38Pourquoi vous êtes-vous lancé dans cette aventure et comment tout a commencé ? Nicolas, racontez-nous.
01:43Bonjour Céline, bonjour Laurent.
01:46Tout d'abord, j'ai vécu pendant 13 années en Corée du Sud et donc j'ai pu découvrir d'abord en tant que consommateur
01:54la consommation des algues dans l'alimentation de tous les jours.
01:58Ensuite, j'ai rapporté de Corée du Sud de mon épouse.
02:02Pas mal, pas mal, belle quête de votre part.
02:05Voilà, ce n'était pas forcément ce que j'allais faire, je n'allais pas en Corée pour ça,
02:10mais je suis revenu avec mon épouse et on a continué à consommer des algues, que ce soit moi ou les enfants.
02:15Donc on a des habitudes de consommation qui ont intégré l'algue dans notre consommation tous les jours.
02:20Et donc, sur cette base-là, en regardant un peu ce qui était fait dans le reste du monde,
02:26j'ai eu envie de lancer un projet qui avait du sens, du sens non seulement d'un point de vue économique,
02:32mais du sens aussi pour la planète, pour les générations futures,
02:35et donc de contribuer également à la question de souveraineté alimentaire en France
02:40et à la réindustriation de la France et aussi à la transition des métiers de la mer.
02:44En fait, le vrai sujet n'est pas forcément de parler d'algoculture,
02:48mais plus de parler de solutions à la problématique de l'alimentation de demain,
02:54comme vous venez de l'énumérer.
02:57Alors votre projet concerne particulièrement ce qu'on appelle des macro-algues marines.
03:03Expliquez-nous ce que sont ces algues précisément.
03:06Alors, pour faire très simple, on ne va pas entrer dans les termes scientifiques,
03:10les macro-algues, c'est les algues que vous pouvez voir,
03:12à la différence des micro-algues qu'on ne peut pas voir à l'œil nu.
03:15Donc, les macro-algues, c'est ce que vous voyez à l'œil nu,
03:17elles poussent, elles vont croître évidemment en milieu marin, généralement,
03:22mais on peut les trouver aussi en eau douce ou en eau saumâtre,
03:25et on les trouve fixées soit sur des rochers, soit au fond des océans,
03:29des fois dérivantes, comme on peut le voir des fois notamment en Bretagne,
03:33et on a trois variétés, de manière très simple, les brunes, les rouges et les vertes.
03:39Et combien d'espèces à travers le monde ?
03:41Alors, en termes d'espèces, on estime, parce qu'on ne connaît pas encore toutes les espèces,
03:46il y en a 12 000 espèces, 12 000 espèces sur toute la planète,
03:52mais en France, on a un écosystème assez incroyable,
03:55et si vous prenez juste la Bretagne, vous avez 900 variétés d'algues en Bretagne.
03:59On doit faire des envieux dans le monde, j'imagine, non ?
04:02Les Asiatiques regardent ça d'un air envieux, effectivement,
04:05parce qu'on a un écosystème encore très protégé et très riche,
04:08il ne faut pas l'oublier, et c'est une richesse, une vraie richesse.
04:11Alors, sur toutes ces espèces, est-ce que toutes ces algues se cultivent ?
04:14Et de quelle façon, donc, si elles se cultivent, dites-nous ?
04:17Alors, dans le monde, sur les 12 000 algues, on sait en cultiver à peu près une vingtaine.
04:23Pas plus.
04:24Ah oui ?
04:25Et la réalité, c'est que si vous prenez les cinq algues les plus cultivées,
04:28vous couvrez 90% de la production mondiale.
04:31Donc, en fait, c'est très limité.
04:33Et comment on les cultive ?
04:35Alors, là aussi, il y a de nombreuses méthodes,
04:37mais la base, c'est, en fait, on a un substrat ou un support qui est ensemencé,
04:43et ensuite, il est mis en milieu marin.
04:46Ça peut être des filets, ça peut être des cordes,
04:49ça peut être aussi simplement planté directement comme une culture au fond de l'eau.
04:54Et grâce aux nutriments qui sont présents dans l'eau de mer,
04:58grâce au soleil qui fait la photosynthèse,
05:00eh bien, naturellement, ces algues vont croître.
05:03Et en Europe, on cultive majoritairement des grandes lames minères,
05:09c'est-à-dire des algues qui ont des crampons relativement forts.
05:13Pourquoi ? Parce qu'on a quand même des côtes,
05:15et en ce moment, c'est le cas quand on regarde la météo,
05:18qui peuvent être très agitées.
05:20Et donc, il faut des algues qui savent vraiment s'accrocher à leur substrat.
05:25Oui.
05:26Et certaines de ces algues ont développé apparemment un mode de reproduction sexué.
05:30D'autres se reproduisent, elles, très rapidement en mode asexué.
05:35Expliquez-nous exactement ce que c'est.
05:37Effectivement.
05:38Donc, on en est encore un peu à la jeunesse de la connaissance sur les algues,
05:41il ne faut pas l'oublier.
05:43Mais si on prend les algues, en fait,
05:46si vous prenez l'ulve, par exemple, qui est la laitue de mer,
05:49l'algue verte que vous trouvez sur nos plages,
05:51et des fois, en trop grand nombre, en Bretagne.
05:54Eh bien, cette algue, qui peut être dérivante,
05:57a une faculté de se reproduire de manière asexuée.
06:01On parle d'une reproduction par fission,
06:03c'est-à-dire que l'algue, avec les mouvements de la mer,
06:05va se séparer en petits morceaux,
06:07et chaque morceau va reconstituer une algue.
06:10Ce qui crée, en fait, une production de biomasse tout à fait expotentielle,
06:13et très rapide.
06:14Et il ne faut pas oublier que ces algues, en plus, sont nourries
06:16par les intrants issus de notre agriculture,
06:19qui arrivent par les cours d'eau,
06:21et elles adorent tout ce qui est nitrate et phosphate,
06:23et elles grandissent.
06:25Alors, en quoi ces algues ont-elles le potentiel
06:27de répondre aux enjeux alimentaires de demain ?
06:30Alors, si on regarde le potentiel alimentaire,
06:34d'abord, c'est un potentiel accessible,
06:39et surtout, encore largement inexploité.
06:42D'accord ?
06:43Donc, pourquoi ça peut répondre au potentiel alimentaire ?
06:46Parce que d'abord, c'est une bombe nutritionnelle,
06:48je vais l'appeler comme ça, c'est un super-aliment.
06:50Dans les algues, vous trouvez 95% des besoins nutritionnels pour l'humanité.
06:57Donc, c'est quand même pas rien,
06:59et il n'y a pas beaucoup d'aliments qui sont comme cela.
07:02Elles contiennent des protéines,
07:04elles contiennent des vitamines,
07:05elles contiennent des minéraux,
07:07donc elles contiennent énormément de choses.
07:09Et en plus, elles apportent un vrai bienfait pour la santé.
07:13Ah oui, et des épreuves, effectivement,
07:15on en a parlé hors antenne, vous et moi.
07:17Au Japon, effectivement,
07:19actuellement, les macro-algues représentent près de 10% des apports journaliers des habitants,
07:23et des études ont vraiment démonté l'impact positif sur la santé des Japonais.
07:27Et c'est pour ça qu'au Japon, vous avez moins de cancer, moins de diabète,
07:30et qu'on a pu démontrer le potentiel et le bénéfice de l'algue dans l'alimentation humaine.
07:38C'est aussi bon pour l'environnement, il ne faut pas l'oublier.
07:41Parce qu'on parle souvent des grandes batailles sur l'accès à l'eau douce.
07:46Et en France, déjà, on commence à en voir les prémices,
07:50mais dans d'autres pays, c'est beaucoup plus important.
07:53Eh bien, il ne faut pas oublier une chose, ça paraît évident,
07:57mais pour ce qui est des macro-algues, on n'a pas besoin d'eau douce.
08:01C'est dans de l'eau salée, donc c'est une production alimentaire dans de l'eau salée.
08:05Et ça, c'est très important.
08:07Est-ce qu'on peut dire que c'est le mode de production le plus efficient qui soit ?
08:11Alors, c'est certainement un des modes de production les plus efficients.
08:15Pourquoi ? Parce qu'il y a une capacité de production de biomasse,
08:18je vous en parlais tout à l'heure.
08:20Et vous avez certaines variétés d'âles qui ont la capacité de croître
08:25de 40 à 60 centimètres en une journée.
08:27Ah oui, c'est impressionnant.
08:29Et qui peuvent faire, dans les grandes forêts de Kelp, 40 à 60 mètres de haut.
08:33Donc ce sont des forêts invisibles un peu à l'œil nu,
08:37on ne les connaît pas, on ne les voit pas,
08:39pourtant elles sont en train de disparaître, tout comme la forêt brésilienne.
08:41Et qui ont un vrai potentiel, même d'un point de vue carbone.
08:4430% du carbone est absorbé par les micros et les macro-algues en mer.
08:48Ah oui, alors la question qu'on peut se poser, Laurent Boveni,
08:51c'est est-ce que c'est bon ces algues ?
08:53Moi, personnellement, je ne mange pas les chouchis.
08:56J'ai des soucis, mais je ne mange pas les chouchis.
08:59Les algues, personnellement, le goût, je n'ai jamais été sensible à ce goût.
09:03Est-ce que ça a du goût ?
09:05Les algues, ce n'est pas bon, mais c'est très bon, les algues.
09:08Sauf que nous, on a une alimentation qui est très basée sur les céréales,
09:12ne serait-ce que par la révolution agricole.
09:15Vous en mangez tous les jours sans vous en rendre compte.
09:18C'est-à-dire ?
09:20Tout ce qui est texturant, gélifiant, ce que vous voyez, agar-agar, c'est de l'algue.
09:23Les yaourts, vous avez des algues dedans.
09:25Les crèmes, il y a des algues dedans.
09:27En fait, les Occidentaux, 56% de la production d'algues est utilisée uniquement pour ça.
09:30On en consomme énormément sans le savoir.
09:33Deuxième chose, c'est un exhausteur de goût.
09:37Si vous mettez, par exemple, de l'algue avec du chocolat,
09:40il va avoir un goût de chocolat plus prononcé.
09:42Mais il faut savoir l'utiliser.
09:44On sait que le consommateur européen n'est pas un consommateur asiatique.
09:47Tout l'objet de notre travail, c'est d'innover en apportant de nouvelles solutions
09:51en termes de produits qui correspondent aux attentes des consommateurs.
09:54On sait aujourd'hui que les grands chefs s'intéressent aux algues.
09:58De plus en plus.
10:00Ça peut annoncer le futur.
10:03J'ai eu une autre vie à l'époque où je vendais du caviar.
10:07C'est sûr que les chefs sont la vitrine des grands chefs.
10:11En tous les cas, c'est la vitrine des prochains produits
10:14et de nos habitudes alimentaires qui changent au travers des grands chefs.
10:17Ils impriment une nouvelle vision de l'alimentation.
10:20Ce qui est étonnant, c'est qu'avec autant d'atouts, ces algues,
10:23ici en Europe, on n'est vraiment qu'au début de l'industrialisation des algues.
10:28Aujourd'hui, c'est l'Asie qui domine la production mondiale.
10:31Nicolas Durand ?
10:33L'Asie est le grand leader.
10:36Il cultive 98% de la production d'algues mondiales.
10:39C'est le consommateur aussi ?
10:41C'est le marché de consommation.
10:43Traditionnellement, ils en consomment 10%.
10:46En Corée, la consommation d'algues est équivalente à la consommation de salade verte.
10:51Ils en consomment beaucoup et ils ont le leadership.
10:56L'Europe ne représente que 1% de la production mondiale.
10:59Moins d'un pour cent.
11:01En France, on en est où précisément ?
11:04En France, on en est au tout début.
11:06On fait 300 tonnes de production en culture.
11:08C'est tout.
11:10D'où l'intérêt de cette entreprise que vous avez créée.
11:15Comment vous allez cultiver ces algues ?
11:17Quel est votre modèle de culture ?
11:19Comment vous allez surtout réussir à séduire le consommateur ?
11:22Parce qu'aujourd'hui, les algues ne font pas partie de nos modes de consommation.
11:27Vous nous direz tout dans un instant sur Sud Radio.
11:31Le réseau qui soutient les entreprises innovantes vous présente...
11:35Sud Radio. Génération Innovation. Céline Alonso.
11:40Nous sommes toujours sur Sud Radio avec Laurent Benveniste, expert en innovation,
11:44et Nicolas Durand, cofondateur et président de C4Earth,
11:48une jeune entreprise innovante qui a pour ambition de développer la filière algues en France et en Europe.
11:54Quelle est la vision de votre entreprise, Nicolas Durand ?
11:57Avant tout, comme vous en avez parlé dans l'introduction,
12:01notre vision, c'est vraiment de répondre à l'enjeu de la transition agroalimentaire
12:06au travers d'une végétalisation de l'alimentation.
12:09Pour cela, on veut développer un modèle agro-industriel
12:12intégrant la culture et la transformation des macro-algues
12:16au bénéfice d'une alimentation humaine durable.
12:18Vous allez donc cultiver des algues, mais quel est votre modèle précis de culture ?
12:23Le cœur du modèle de culture, ça va être la ferme 4.0.
12:26La ferme 4.0, qui a un développement en partenariat avec l'ECE Altech à Cadarache,
12:32Eranova, qui a sa ferme pilote à Port-Saint-Louis-du-Rhône,
12:36et Marie, pour les aspects génétiques qui sont basés à Roscoff.
12:40C'est un modèle innovant, si vous voulez, de ferme à terre,
12:44qui est capable de produire de manière optimisée la biomasse algale alimentaire,
12:50de qualité alimentaire, et sur une version modulable et duplicable.
12:56Et vous ambitionnez de produire quelle quantité d'algues par an ?
13:01L'objectif de la ferme 4.0, c'est de faire 900 tonnes de production par hectare par an.
13:07La grande question qui se pose, Laurent Bainvenis,
13:10effectivement on l'a dit il y a un instant sur Sud Radio,
13:13c'est que les algues ne font pas partie actuellement de nos modes de consommation.
13:17Vous, comment allez-vous réussir à séduire les consommateurs ?
13:21Dans la stratégie de la société, on a deux axes.
13:24On a un axe de remplacement, on est pragmatique.
13:27Qu'est-ce qui est consommé aujourd'hui en algues ?
13:29Vous le disiez que vous n'en mangez pas à l'introduction.
13:31Les feuilles à sushis sont très consommées par les autres consommateurs.
13:34Il y a une vraie demande sur les feuilles à sushis,
13:36notamment les jeunes qui font des sushis parties.
13:39Le sushi est sorti du restaurant pour arriver chez le consommateur,
13:43directement à la maison, et les gens produisent leurs propres sushis.
13:46Donc là, il y a un vrai marché.
13:48On est en train de développer des recettes,
13:50on a déjà fait la preuve de faisabilité,
13:52de feuilles à sushis made in France, avec nos algues de culture française.
13:56Un marché qui a déjà un fort potentiel,
14:00puisqu'on parle de 300 millions d'euros aujourd'hui en Europe,
14:03et qui devrait doubler, voire tripler d'ici 2030, selon les estimations.
14:07Donc là, c'est un premier marché.
14:10En plus, l'intérêt, c'est qu'au-delà de cette demande,
14:15il y a en plus une baisse de la production en Asie,
14:17puisque tout est importé aujourd'hui.
14:18Toutes les feuilles de sushis que vous consommez sont importées.
14:20Et le marché, si vous voulez, le prix du nori,
14:24la feuille à sushis, va augmenter,
14:26puisque le prix du nori a pris 180% cette année en Corée, déjà.
14:29Donc ça, c'est le premier axe, remplacement.
14:31Un deuxième axe, c'est innovation.
14:33Innovation, c'est justement pour amener l'algue dans l'assiette du consommateur
14:37sur des produits de consommation courante,
14:38donc des produits que vous avez l'habitude de consommer.
14:40Et pour cela, on va amener l'algue comme un ingrédient
14:45qui apporte une valeur ajoutée d'un point de vue nutritif.
14:48Je vous parlais de la bombe nutritive de l'algue.
14:50Justement, en mettant l'algue,
14:52qui va arriver comme un ingrédient dans des produits de consommation courante,
14:56vous allez améliorer la coyalité nutritive,
15:00l'impact environnemental, le goût de cet ingrédient.
15:03Exemple, vous avez effectivement collaboré avec des étudiants d'Agro-Paris Tech
15:08et vous avez développé des recettes, dont une de raviolis aux algues et au fromage.
15:12Exactement, et ça va sortir en 2025, entre autres, avec d'autres produits.
15:17On s'empressera de les déguster, Laurent Benveniste.
15:20Pour accélérer le développement de cette filière qui est prometteuse en France,
15:24vous allez quand même devoir relever de sacrés défis, Nicolas Durand.
15:29Il y a quatre défis majeurs.
15:31Il y a un premier défi, c'est celui de l'intégration de la chaîne de valeur.
15:34Aujourd'hui, quand vous regardez la situation de l'agriculture en France,
15:37ce n'est pas un secteur encore vraiment mature.
15:41On est un peu dans cette situation de l'œuf et la poule,
15:44où d'un côté, vous n'avez pas assez de production d'algues
15:46pour avoir une industrialisation massive,
15:48et de l'autre côté, pour avoir l'industrialisation,
15:52il faut évidemment que les quantités et les qualités d'algues soient présentes,
15:57mais que l'outil industriel soit présent aussi.
15:59Aujourd'hui, on n'a pas l'outil industriel.
16:01On a décidé, pour répondre à ce défi,
16:05de complètement intégrer la chaîne de valeur,
16:07c'est-à-dire de faire à la fois la culture et la transformation.
16:10Il y aura le défi aussi biologique, le défi de l'expansion,
16:14et le défi réglementaire aussi se posera pour vous.
16:17Exactement. D'un point de vue réglementaire,
16:19l'algue est un peu en zone grise,
16:21et il va falloir avancer pour pouvoir développer la réglementation
16:25et aussi permettre de conforter l'image des algues
16:29et la confiance du consommateur dans l'algue.
16:32Au niveau mondial, que se passe-t-il exactement ?
16:35On va justement en parler maintenant sur Sud Radio,
16:39avec Vincent Dumézel qui vient de nous rejoindre sur Sud Radio.
16:43Bonjour à vous, Vincent.
16:45Bonjour.
16:46Vous êtes conseiller pour les océans au sein du pacte mondial des Nations Unies.
16:50Vous êtes aussi un fervent défenseur de l'utilisation des ressources maritimes,
16:54notamment des algues, pour relever les défis alimentaires et environnementaux de demain.
16:58Vous avez publié deux livres très intéressants,
17:01notamment un aux éditions des Équateurs,
17:06qui s'intitule « La révolution des algues »,
17:10qui est actuellement un best-seller.
17:12« Nourrir, soigner, fabriquer, protéger l'environnement ».
17:16Vous publiez aussi une BD très intéressante,
17:19« Comment les algues peuvent sauver le monde », édition La Cabane Bleue.
17:24Cette révolution des algues, Vincent Dumézel,
17:27est-elle déjà en marche à l'échelle mondiale ?
17:31Évidemment, elle l'est déjà.
17:33Les algues, c'est à l'échelle mondiale 36 millions de tonnes cultivées.
17:3799% sont en Asie.
17:39C'est déjà là.
17:41C'est presque 20 milliards d'euros de chiffre d'affaires,
17:43si on compte tous les produits dérivés.
17:45C'est des millions d'emplois,
17:47et ça contribue à nourrir plus d'un milliard de personnes.
17:49Je pense que c'est nous qui sommes un pays sous-développé sur les algues.
17:54Ce qui est dommage, parce que la France est quand même
17:56le deuxième plus grand territoire maritime au monde,
17:59avec 11 millions de kilomètres carrés.
18:00On le rappelle, 20 fois plus de mer que de terre dans ses ressources.
18:04On représente aujourd'hui au niveau mondial 0,1% de la production d'algues.
18:09Ce sont essentiellement de la cueillette en France.
18:12On est vraiment encore dans l'âge de pierre,
18:14des chasseurs-cueilleurs qui cueillons nos algues
18:16de façon opportuniste, sans du tout les cultiver.
18:19C'est pour ça que le livre s'appelle « La révolution des algues ».
18:22Il va falloir faire une révolution systémique,
18:24du même ordre que celle qu'on a faite il y a 12 000 ans
18:26avec l'agriculture, mais dans les océans.
18:28Donc, si on veut commencer à réparer les océans
18:30et à vraiment soulager aussi et à trouver une solution,
18:34je dirais, aux grands défis qui s'annoncent,
18:37que ce soit la crise alimentaire, la crise écologique,
18:41la crise climatique et la crise environnementale en général,
18:44il va falloir apprendre à cultiver les océans
18:47et à l'apprendre en faisant mieux avec ce qu'on a fait sur terre, je dirais.
18:51Et ce chemin-là, il a déjà commencé en Asie.
18:53Et la raison, elle est très claire, comme Nicolas vient de le signaler.
18:56Il y a une pression démographique qui a commencé beaucoup plus tôt en Asie.
19:00Donc, ils ont été obligés d'y aller.
19:02Et on va être obligés d'y aller aussi de toute façon,
19:05parce qu'on n'aura pas d'autre chose.
19:06Parce que dans les 50 ans à venir pour nourrir la planète,
19:08il faudra produire autant de nourriture qu'on ne l'a fait depuis 12 000 ans en tant qu'être humain.
19:12Mais est-ce que vous ressentez une prise de conscience des consommateurs
19:15quant à la nécessité justement de transformer les modes de production alimentaire ?
19:19Pas assez, en fait. Actuellement, c'est un vrai problème.
19:22Et c'est pour ça qu'on compte sur vous, les médias en général, je dirais.
19:25Il faut vraiment en parler, il faut expliquer.
19:28On compte aussi sur les grands chefs, qui sont d'excellents vecteurs,
19:31pour montrer combien les algues sont bonnes pour la planète,
19:34mais aussi pour la santé, et surtout délicieuses.
19:37On me dit souvent qu'une algue, ce n'est pas bon,
19:38parce que c'est vrai que ça a un goût un peu particulier, avec ce toumami très fort.
19:41Mais en fait, c'est comme les pommes de terre ou les fèves de cacao.
19:45Si vous les mangez crues, ce n'est pas bon.
19:46Si vous les cuisinez en chocolat ou en frites, c'est excellent.
19:49Et là, il y a un travail d'éducation énorme à faire auprès des consommateurs
19:53pour leur dire, vous allez non seulement aider la planète,
19:56mais vous allez aussi vous faire du bien à vous, c'est délicieux,
19:59et ça donne aussi un peu d'espoir à la jeunesse.
20:02Mais justement, cette jeunesse, est-ce que vous pensez que cette jeunesse à travers le monde,
20:05est-ce qu'elle est prête à soutenir les transformations majeures ?
20:08Je la sens excessivement prête, et ça me donne beaucoup d'espoir.
20:11Et je pense que cette jeunesse, en retour, il faut lui donner de l'espoir,
20:14parce qu'on l'a beaucoup nourrie de peur et de drame, cette jeunesse,
20:18avec des prémonitions extrêmement sombres.
20:21Et on n'arrive à rien en ayant peur.
20:24Il faut lui donner de l'espoir, lui donner des solutions.
20:27Les algues, c'est peut-être la plus grande solution au monde,
20:30qui n'est pas encore explorée par sa biomasse, par sa productivité.
20:34Donc il faut commencer à la regarder.
20:36Et moi, je crois, et c'est ce que je répète à cette jeunesse que je rencontre,
20:39c'est pour ça que j'ai fait un livre jeunesse.
20:41Non, ce n'est pas une BD, c'est un livre jeunesse, la BD arrive en avril.
20:44C'est pour ça que j'ai fait un livre jeunesse, c'est de parler à cette génération,
20:47et de leur dire que si vous, vous arrivez à cultiver les océans,
20:50et bien on se souviendra de vous comme de la première génération sur Terre
20:53qui a su nourrir l'intégrité de la planète, qui n'est jamais arrivée jusqu'à maintenant,
20:57tout en réparant le climat, en réduisant la perte de biodiversité,
21:00et en amenuisant les différences et les injustices sociales,
21:03et en donnant des sources de revenus et d'emplois aux populations côtières.
21:06Donc il y a vraiment une révolution à faire, et cette jeunesse, elle est pleine d'espoir,
21:09et je la sens extrêmement prête, bien plus que nous l'étions,
21:11parce qu'ils sont totalement conscients de l'impasse écologique dans laquelle on est
21:15si on ne change pas nos systèmes.
21:16Merci Vincent Douméziel d'être intervenu sur Sud Radio,
21:19je rappelle que vous êtes l'auteur de La Révolution des Algues.
21:22Nicolas, pour conclure cette émission, il nous reste 40 secondes malheureusement,
21:28vous en êtes où actuellement de votre projet ?
21:31Actuellement on a réalisé toutes les preuves de faisabilité,
21:35que ce soit sur la ferme, que ce soit sur les recettes, ou même les feuilles à sushi,
21:40on est en train de sortir d'ailleurs le mois prochain le pilote industriel de la feuille à sushi,
21:44et on est sur une levée de 5 millions si vous voulez,
21:48parce qu'il faut financer tout ça et toutes les preuves de concept,
21:515 millions pour fin 2025 on va dire,
21:55et financer les preuves de concept c'est à peu près 800 000 euros.
21:58On a d'ailleurs à ce sujet une levée de fonds en ligne le 20 novembre,
22:03donc si certains des auditeurs veulent entendre un peu plus au propos des algues,
22:08vous pouvez aller sur notre site seaforers.com et vous aurez les informations pour me connecter.
22:12Un mot pour conclure Laurent Bavéniste ?
22:14C'est typiquement le type de projet qu'on accueille dans Génération Innovation,
22:18un acteur qui a fait son marché de technologie à travers le monde,
22:21qui est en capacité de proposer la création d'une nouvelle filière,
22:26et qui passe pour réussir par un travail d'éducation, c'est-à-dire la mobilisation de tous.
22:30Laurent Bavéniste et Nicolas Durand, merci d'être venus sur Sud Radio.
22:34Chers auditeurs, on se retrouve la semaine prochaine dans Génération Innovation
22:38pour un nouvel épisode de cette émission.
22:41D'ici là, vous pouvez nous réécouter en podcast ou sur sudradio.fr.
22:45Bon dimanche sur Sud Radio.