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Dans son édito du 30/10/2024, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]

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Transcription
00:00Justement, cette tentation n'est pas nouvelle.
00:02À quand ça remonte, mon cher Mathieu ?
00:04Le point de départ en ce matière, c'est la Révolution, évidemment.
00:06Et plus particulièrement la Vendée, la Révolution française, je précise.
00:09Les Américains sont un peu plus compliqués.
00:10C'est important de préciser.
00:11Oui, les Américains se tentent de dire de la Révolution et c'est contre les Anglais.
00:13Ça commence mieux.
00:14Alors, quoi qu'il en soit, Révolution française et la Vendée,
00:18qui est pour moi le moment inaugural, en quelque sorte,
00:21du fanatisme politique propre à la modernité.
00:24La Vendée, qu'est-ce que c'est ?
00:25Posons les choses plus largement.
00:27La Révolution n'est pas qu'une révolution.
00:29Elle se veut comme une révélation.
00:31C'est la modernité inconsciente de sa dimension religieuse.
00:34C'est la religion des Lumières, pourrait-on dire, histoire de piquer mon ami Marc.
00:38Qu'est-ce qu'on entend par là ?
00:40Il y a une conception de l'humanité.
00:42Nous avons le sens de l'émancipation.
00:44Voilà, nous savons ce que veut dire libérer l'être humain.
00:47Il faut la franchir de ses racines, la franchir de sa religion,
00:50la franchir de ses coutumes et lui permettre d'être un homme universel,
00:53délivré des déterminismes et du poids du passé.
00:57Mais au moment de la Révolution, une catégorie émerge, il y en aura d'autres.
01:01Les Vendéens disent non merci,
01:03nous ne voulons pas troquer notre statut d'homme ancré, concret, réel,
01:07pour cette fausse libération d'homme abstrait que vous nous proposez.
01:12On pourrait dire que la révolte inaugurale de la modernité,
01:14c'est une révolte pour conserver ses coutumes, sa culture,
01:18son identité, on dirait, aujourd'hui.
01:20Comment présentons-t-on alors ces insurgés Vendéens ?
01:24Justement, j'y reviens, comme le bois mort de l'humanité.
01:26Il ne faut pas simplement les convaincre qu'ils ont tort,
01:28il faut en finir avec eux.
01:30Il faut les liquider, il faut les détruire.
01:33D'ailleurs, on se donnera les moyens de le faire, si je peux me permettre.
01:36Et cette opération inaugurale, la réduction en cendres,
01:40ou à tout le moins la destruction, ou à tout le moins la disqualification,
01:43de celui qui refuse la révélation moderne, la révélation révolutionnaire,
01:47sera souvent reconduite.
01:49Si je peux me permettre, c'est le clivage gauche-droite qui se construit là.
01:52La gauche s'auto-proclame gauche, je l'ai souvent dit,
01:54la gauche s'auto-proclame gauche,
01:56et renvoie à droite tout ce dont elle ne veut pas.
01:58Et là, il y a trois catégories à droite.
02:00Il y a le centre-droite, c'est celui qui accepte les orientations de la gauche,
02:04mais qui veut marcher à son rythme, en disant,
02:07je préfère ne pas courir, pourrais-je marcher lentement dans la même direction que vous ?
02:11Il y a la droite dite classique, dont la fonction consiste à dire,
02:14je suis contre ce que fait la gauche, mais je ne vais surtout pas me battre contre elle.
02:18Et ensuite, elle se rallie.
02:20Et il y a ce que la gauche appelle l'extrême-droite, comme d'habitude.
02:23Et ce que l'extrême-droite, c'est ceux qui refusent le discours de la gauche,
02:26et qui considèrent que les victoires de la gauche ne sont pas définitives,
02:29peuvent être renversées, et qu'on peut orienter l'histoire autrement.
02:33C'est ce que la gauche nomme l'extrême-droite.
02:35Alors, je l'ai dit, pour cette gauche, le moment inaugural, c'est la Vendée.
02:38Et dès lors, qu'est-ce qu'il faut ?
02:40La politique est pensée comme un travail de désherbage.
02:42Il faut régulièrement enlever les mauvaises herbes de l'humanité
02:46pour permettre à l'humanité d'avoir son destin d'émancipation désincarnée.
02:50Deuxième étape, Union soviétique, 1929-1933, la découlacisation.
02:56C'est un terme qu'on n'a pas utilisé depuis un certain temps.
02:58Mais pourtant, c'est pertinent.
03:00Parce que qu'est-ce que c'est, la découlacisation ?
03:02Et c'est pas facile à dire.
03:03Ah ben, je l'ai dit deux fois.
03:04Et découlacisation, une troisième fois.
03:07Tour du chapeau.
03:08Alors, découlacisation 4, qu'est-ce que j'entends par là ?
03:12C'est tout simplement, dans une catégorie historique en fait connue,
03:15il y a une classe sociale que l'on juge antirévolutionnaire,
03:18une classe sociale que l'on juge hostile à la révolution,
03:21une classe sociale qu'on juge hostile au progrès.
03:23Globalement, les petits propriétaires,
03:25normalement les fermiers attachés à leur terre,
03:27eh bien, on va la liquider, la déporter, l'exterminer à bien des égards.
03:31Donc, on va détruire cette classe sociale
03:33qui s'oppose à la nouvelle étape de la révélation moderne.
03:36Et c'est une étape assez importante, je crois, dans l'histoire.
03:39Parce qu'encore une fois, si vous ne prêtez pas serment
03:42d'adhésion totale à la modernité révolutionnaire,
03:45nous en finirons avec vous.
03:47La troisième étape, nous y sommes, c'est aujourd'hui.
03:49C'est ce qu'on pourrait appeler les peuples historiques occidentaux.
03:52De manière caricaturale pour la gauche,
03:54c'est l'homme blanc hétérosexuel de plus de 50 ans.
03:56Adieu, Thierry.
03:58Merci. Au revoir.
04:00Et qui est considéré comme le nouvel obstacle
04:02à l'avènement de la diversité.
04:04Il fait obstacle au monde moderne,
04:06il fait obstacle à la nouvelle étape de l'émancipation moderne.
04:09C'est le culte diversitaire, le culte des minorités.
04:12Et là, on a le vrai clivage, le clivage éternel
04:14entre d'un côté le culte de l'utopie et du réalisme
04:17et de l'autre côté, on pourrait dire,
04:19le culte diversitaire aujourd'hui et la volonté d'enracinement.
04:22Et aujourd'hui, partout en Occident,
04:24on maudit systématiquement ces populations enracinées
04:27qui n'acceptent pas d'être expulsées symboliquement
04:29ou politiquement de leur propre pays.
04:31Pourquoi on parle de Trump soudainement ici?
04:33Oui, parce qu'il ne disparaît pas.
04:35Donald Trump, à travers cela, c'est celui qui est vu aux États-Unis,
04:38malgré tous les défauts qu'on peut lui prêter, ne l'oublions pas,
04:41il est vu comme pouvant entraver ce processus
04:43d'émancipation diversitaire aux États-Unis.
04:46Et dès lors, qu'est-ce qu'on fait? On le nazifie.
04:48On cherche, lui aussi, à le présenter
04:50comme l'expression folle du bois mort de l'humanité.
04:53Alors, question, quand on fait à la gauche,
04:55pour en finir avec cette part du peuple
04:57qu'elle n'apprécie pas vraiment, c'est le moins que l'on puisse dire.
04:59Ah oui, mais il faut en finir avec ces gens-là.
05:01Ils sont détestables à se continuer de ne pas vouloir
05:03exactement comme la gauche les voudrait.
05:05Point de départ, c'est un interdit moral.
05:07On connaît, c'est connu, c'est la disqualification,
05:10frauduleuse, toujours au nazisme, au fascisme.
05:12C'est la diabolisation médiatique.
05:14C'est quelquefois aussi, c'est particulier,
05:16c'est là qu'on décide de parler de certains méchants
05:18sans jamais leur donner la parole.
05:20Donc, on va en parler régulièrement, je pense, à certains écrivains.
05:22On va toujours en parler.
05:24On va toujours en parler de manière très méfiante,
05:26mais on ne leur tendra jamais le micro,
05:28parce que si on leur tendait le micro,
05:30on risquerait d'être dans une situation
05:32où ils ne ressembleraient pas à la caricature qu'en fait la gauche.
05:34C'est aussi, pour la gauche, le souci,
05:36c'est la maîtrise du récit médiatique,
05:38ce que disait Mme Clinton.
05:40Sa grande inquiétude aujourd'hui,
05:42c'est la perte du contrôle du récit médiatique.
05:44C'est aussi la volonté
05:46de caricaturer toujours l'adversaire.
05:48Donc, première, on frappe d'interdit moral.
05:50Deuxième méthode, c'est plus simple,
05:52c'est la psychiatrisation. On connaît, c'est classique.
05:54Donc, j'ai la raison,
05:56et puisque j'ai le monopole de la raison,
05:58j'ai aussi le monopole de la santé mentale,
06:00donc de votre côté, vous êtes un phobe.
06:02Et là, les phobies peuvent s'accumuler.
06:04Donc, transphobe, homophobe, xénophobe,
06:06bon, tout ça.
06:08On pourrait dire tromphophobe aussi peut-être aujourd'hui.
06:10Mais quoi qu'il en soit,
06:12c'est une collection de tarés, et il faut les rééduquer.
06:14Et comment on rééduque?
06:16Souvent, justement, en envoyant des associations militantes
06:18dans les écoles ou ailleurs,
06:20des campagnes de sensibilisation
06:22pour reprogrammer l'esprit du commun des mortels.
06:24Il y a les persécutions juridiques,
06:26nous les connaissons.
06:28Les persécutions juridiques consistent quelquefois
06:30soit à censurer les discours,
06:32soit à dissoudre des groupes qui pensent mal,
06:34qui sont accusés de porter un discours illégitime.
06:36On va même aller quelquefois jusqu'à la proposition
06:38de la dissolution des partis politiques.
06:40Il ne faut pas l'oublier.
06:42La censure.
06:44Les nouveaux prisonniers politiques d'Occident existent.
06:46Ce sont globalement les militants dits identitaires
06:48qui sont frappés et interdits
06:50parce qu'on les traite de nouveaux nazis.
06:52Très injustement, dois-je le dire.
06:54Et la dernière étape,
06:56c'est peut-être celle privilégiée par l'époque,
06:58c'est l'immigration massive.
07:00On se dit que la submersion migratoire
07:02est un peuple résiduel qui s'entête
07:04à ne pas vouloir disparaître.
07:06Au terme de tout cela, nous serons tous modernes
07:08et heureux de l'être.

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