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Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour. Ils tirent le bilan de la visite présidentielle d'Emmanuel Macron au Maroc.
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Transcription
00:00Heureux Pinsoir.
00:0219h21, Pierre de Villeneuve.
00:04Toujours avec Philippe Guibert et Mathieu Bockcôté pour évoquer à nouveau ce voyage au Maroc d'Emmanuel Macron.
00:12Je pense que Xavier Driancourt a raison de dire qu'il est encore trop tôt pour peser les tenants et les aboutissants
00:18et les conséquences positives ou négatives de ce déplacement.
00:22En tout cas, il y a une actualité, j'allais dire, je mouille un peu ma chemise, mais risible,
00:28qui a, j'allais dire, épouvanté ce déplacement, c'est la présence de Yacine Bellatar.
00:38Et quand on demande finalement au chef de l'État ce qu'il pense de cette polémique, voilà ce qu'il répond ce matin.
00:44Je ferai aucune remarque sur des choses qui n'ont aucun intérêt et qui sont très anecdotiques.
00:48Quand on regarde, je suis fasciné, vous avez un pays et des compatriotes qui disent c'est historique,
00:53nous on a un chantier nouveau. Et donc je ne m'intéresse pas aux anecdotes.
00:57Je ne m'intéresse pas aux anecdotes, dit le président.
01:00Je crois que le président s'y intéresse suffisamment pour l'éviter.
01:03L'anecdote, il a placé l'anecdote dans ses bagages. Je note une chose, ce n'est pas une anecdote, M. Bellatar, c'est un symbole.
01:11C'est un symbole qui, par exemple, sur Charlie, sur Nice, dit je ne suis ni Charlie ni Nice.
01:17Autrement dit, c'est quelqu'un qui ne pleure pas les victimes du terrorisme islamiste en France.
01:22Premier élément, c'est quelqu'un qui explique que, de son point de vue, les musulmans ne s'intégreront, ne s'assimileront jamais en France.
01:30C'est ce qu'il dit. Donc le président de la République décide en dernière instance qui sera ou non avec lui,
01:36l'acceptant dans ses bagages, ayant une relation privilégiée avec lui à ce que nous en savons depuis un certain temps.
01:42Il le consulte lorsqu'il le faut. Apparemment, on le dit souvent sous son conseil qu'il n'a pas marché contre l'antisémitisme.
01:48Ce qu'on en comprend, à tout le moins, ce n'est pas un détail que la présence de M. Bellatar.
01:57C'est un symbole envoyé à une partie de l'électorat. Peut-être est-ce aussi un complice intellectuel d'Emmanuel Macron
02:02avec qui il se reconnaît dans une certaine vision de la France. Je n'en sais rien.
02:05Ce que je sais, c'est qu'il avait sa place dans l'avion et on peut s'en désoler.
02:10Par rapport à l'enjeu du voyage au Maroc, l'enjeu dont on parlait tout à l'heure, diplomatique, économique, migratoire,
02:17c'est un sujet second. Anecdotique, je ne sais pas, mais c'est un sujet second.
02:22En revanche, là, il y a eu une erreur de casting dans la mesure où en France, la couverture de ce voyage a été beaucoup parasitée,
02:32c'est un euphémisme, par la présence de M. Yassine Bellatar.
02:36Est-ce que le Président de la République a une complicité intellectuelle avec lui ?
02:39Je n'en suis pas sûr. L'Elysée dit le contraire.
02:42C'est normal, vous avez travaillé au service d'information du gouvernement.
02:47Vous considérez que quand l'Elysée dit, c'est que c'est la preuve d'art ?
02:50Je pense qu'elle considère Bellatar, à tort ou à raison, à mon avis plutôt à tort,
02:55comme quelqu'un qui va leur donner la température d'une partie de l'opinion publique, de la communauté musulmane.
03:04C'est des choses qu'on fait en amont, quand on prépare un voyage d'échanges, on sait ce qu'il se passe dans le pays.
03:11C'est ce qu'on fait discrètement.
03:14Si on prend tous les preneurs de température avec soi, il fallait aussi avoir une place pour Mme Knafo, une place pour Mme Maréchal, une place pour un communiste probablement.
03:23Peut-être moins par rapport à un voyage au Maroc.
03:26Ce que j'entends par là, c'est que s'il s'agit, en fonction du critère français, d'inviter des gens dans l'avion qui représentent des segments de l'électorat en France,
03:36je me désole, mais je vais la rendre aux chefs de parti.
03:39Plus généralement, au lieu de ce voyage au Maroc, je pense qu'il est perçu comme une personnalité faisant remonter une température en France.
03:50Ce qui est triste, c'est que c'est probablement vrai. Et puisque c'est vrai, c'est inquiétant.
03:53Mais ça ne dit pas une complicité intellectuelle et idéologique avec lui.
03:57En tout cas, la complicité visible aux caméras, et notamment les caméras de CNews qui ont chopé ce moment entre Lecornu et Bellatar,
04:08où ils se tiennent par le bras, etc.
04:11Et vous avez quand même l'explication, pardonnez-moi, mais la plus foireuse que j'ai jamais entendue dans les relations internationales,
04:18où vous avez le ministère des Armées qui dit que le ministre a dû le confondre avec un technicien.
04:25Alors là, il y a une explication plausible, je le dis de manière moqueuse.
04:29Mais puisque M. Bellatar s'est présenté à ce voyage sans le respect le plus élémentaire des convenances, des formes,
04:36il s'est présenté en jogging, en sweatshirt.
04:39Le jogging en question est en vente, apparemment. Vous avez suivi ça ?
04:44Non, mais est-ce que j'en ai compris dans ma vie ?
04:48Assez rarement en public.
04:50Mais j'ai quand même comme souci, me semble-t-il. Il y a un respect des formes dans la vie.
04:54Il y a un respect minimal des personnes dans lesquelles on se présente.
04:56Il a dit que c'était un problème de valise, Bellatar.
04:58Non mais il faut arrêter de rire des gens.
05:00Il y a un moment où il faut cesser de prendre les gens pour des cons.
05:03Et ce moment, ça devrait être maintenant.
05:07Je suis assez d'accord avec vous sur le fait qu'il faut cesser de rire des gens
05:11parce que M. Bellatar n'est pas quelqu'un de sérieux de ce point de vue-là.
05:17Le pire dans l'explication du ministre Lecornu, c'est qu'elle apparaît un peu absurde
05:23et que souvent les explications absurdes peuvent être tout à fait plausibles.
05:27C'est des choses qui arrivent, on en a connu.
05:30Mais tout ça est très mauvais pour l'image de joyage,
05:33alors que je pense, comme l'ambassadeur avec lequel on discutait tout à l'heure,
05:36que c'est quand même une bonne initiative d'Emmanuel Macron.
05:39Et je trouve vraiment dommage que la couverture de ce voyage, pour les Français,
05:43ait été vraiment gâchée par ce personnage qui a beaucoup moins d'importance qu'en réalité.
05:49On va arrêter de lui faire de la publicité.
05:51Écoutez ce que dit le président ce matin lors d'une rencontre avec la communauté française du Maroc.
05:55Vous savez, moi je suis un très grand partisan du En Même Temps.
05:58Beaucoup de gens pensent que le En Même Temps, c'est une ambiguïté ou un refus de choisir.
06:07C'est une grande faute de penser ça.
06:10C'est un refus de céder à l'occasion de simplification dans un monde de plus en plus complexe.
06:16Et c'est assumé que nous sommes dans un monde où, force est de le constater,
06:19les identités sont parfois plurielles et elles ne retranchent rien à aucune d'elles.
06:24Qu'est-ce que vous pensez de cet échange, mon cher Mathieu ?
06:27Je crois que c'est malheureusement inexact.
06:29Il arrive des moments où des identités sont en tension.
06:32La loi de l'histoire, en fait, c'est que des identités peuvent cohabiter en temps de paix.
06:37Quelquefois, quand on entre dans des périodes plus houleuses de l'histoire, les identités se rencontrent.
06:42Et quand on voit, par exemple, on le voit en Europe, une partie,
06:46pas toute la population musulmane évidemment et heureusement,
06:48mais une partie de la population musulmane est animée quelquefois par une forme de revanchisme historique.
06:54Le Sud remonte vers le Nord, traversé par la mémoire de la Reconquista.
06:59Un jour, nous l'avons subi. Un jour, ce sera le jour de la contre-victoire.
07:02Je pense que ça fait partie...
07:04Ça ne fait rien, Philippe Guibert.
07:06Et qu'on se comprenne bien, je ne parle pas de tous d'aucune manière.
07:09Mais je pense qu'on est dans un monde qui est celui, Donnington nous en parlait,
07:12du choc des civilisations. Je crois que c'est une réalité.
07:15Ensuite, le politique ne doit pas exacerber, ne doit pas jeter de l'huile sur le feu,
07:19mais ne doit pas non plus nier la réalité.
07:22Je ne suis pas persuadé que les migrants, qu'ils soient marocains ou autres,
07:25aient en souvenir la Reconquista de la fin du XIVe siècle.
07:28Non, non, mais il existe une chose que l'on est conscient des civilisations.
07:31Oui, mais la réalité, c'est qu'on n'arrive pas à intégrer et à assimiler ensuite,
07:36parce qu'en général, ça se passe en deux temps, une partie de la population musulmane...
07:39Pour des questions de nombre. En bonne partie, des différences culturelles et civilisationnelles.
07:43Pas que pour des questions de nombre. Il peut y avoir, effectivement, la question du nombre.
07:46Mais le fait de cultiver une vision sinon radicale, en tout cas rigoriste, de l'islam,
07:53n'est pas toujours compatible et n'est pas compatible en réalité avec les modes de vie et les lois en France.
07:58C'est ça, la réalité. Mais je ne suis pas sûr que ce soit la Reconquista qui soit le moteur...
08:03Je n'ai pas mal compris. Je dis qu'il existe... Quand on parle de choc des civilisations,
08:07et qu'on va aller au-delà du slogan, de la formule,
08:11qu'est-ce qu'on veut dire ? C'est qu'il existe une telle chose qu'on est conscient des civilisations
08:14et qu'il n'est pas interdit de penser qu'il meut, aujourd'hui, en partie, les populations qui se confrontent
08:20ou au moins qui sont en friction.
08:22Je crois qu'elles ont envie de vivre leur culture et que cette culture dans le monde musulman
08:28est travaillée par une vision très rigoriste de l'islam.
08:30La suite hors antenne, messieurs, puisque le temps nous manque.
08:34Merci beaucoup Mathieu Bockcôté et Philippe Guybert.

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