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Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...

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00:00Hervé Lessenne, bienvenue à Patron en question.
00:03Vous êtes un serial entrepreneur, j'ai jamais vu ça, avec des entreprises à succès.
00:08Vous allez nous le raconter brièvement, mais actuellement vous êtes président fondateur de Grignion 2026.
00:15Et en une phrase, Grignion 2026, c'est ?
00:18C'est une association qui défend ce site de Grignion qui est situé près de Versailles.
00:23Magnifique.
00:24C'est un site de 300 hectares qui est l'ancienne école d'agronomie,
00:28qui est vieille de deux siècles d'agronomie,
00:31et que le gouvernement de l'époque voulait vendre à des promoteurs immobiliers,
00:35d'abord au PSG, puis à des promoteurs.
00:38Et on s'est battu depuis cinq ans pour que ça reste un site de développement agronomique
00:45avec un campus dédié à la transition écologique.
00:50Formidable. Ça c'est le dernier projet en date.
00:53Dites-nous rapidement, parce que moi j'ai vu pas mal de vos entreprises,
00:56vous avez commencé, c'était extraordinaire, avec des arômes agroalimentaires,
01:00dans l'agroalimentaire d'abord.
01:02Oui, tout à fait. J'ai passé toute ma vie dans l'agroalimentaire.
01:05J'ai créé mon entreprise qui s'appelle Naktis Flabor,
01:08et qui crée donc des arômes pour l'industrie alimentaire,
01:12et on a fait aussi quelques produits pour la parfumerie.
01:15Et combien de personnes à peu près ?
01:17Alors aujourd'hui il y a à peu près 600 personnes,
01:19et on fait à peu près 140 millions de chiffres d'affaires.
01:22Mais c'est une entreprise que malheureusement j'ai été dans l'obligation de vendre,
01:28parce que je n'avais pas de succession familiale.
01:31Donc là, ça a été la grande tristesse de ma vie.
01:34Oh si c'est bien repris.
01:36Oui c'est bien repris, et là l'entreprise continue à se développer.
01:40Il doit y avoir une statue.
01:41Voilà. Non sûrement pas.
01:43Mais bon, ça fait plaisir de voir que les équipes continuent à se développer
01:49et à vendre de merveilleux produits à l'industrie agroalimentaire,
01:54qui est à tort beaucoup décriée.
01:57Oui c'est vrai que maintenant on explique que la santé c'est surtout de ne rien prendre.
02:01Oui, malheureusement.
02:03Qu'il soit tout préparé, qu'il y ait des ingrédients, enfin bref.
02:07Absolument.
02:08Donc voilà.
02:09J'ai créé l'association des industries agroalimentaires en Ile-de-France,
02:13justement pour défendre l'agroalimentaire auprès du grand public.
02:19On est bien placé en France, l'agroalimentaire ?
02:21Oui absolument.
02:22C'est une très belle industrie qui emploie plus de 400 000 personnes
02:26et qui est très performante.
02:28Nos concurrents c'est qui ?
02:30Nos concurrents c'est tous les grands pays occidentaux.
02:34Mais l'agroalimentaire français est très bien placé,
02:38il y a de très beaux produits.
02:39Il n'y a pas seulement les produits de luxe qui tirent la balance commerciale,
02:42mais tous les produits.
02:44Depuis les produits sucrés, les produits salés, les boissons.
02:47On appelle des produits industriels.
02:48Dès qu'on dit produits industriels, on vous tombe dessus.
02:50Oui mais tout est produit industriel.
02:52Le fromage, le pain, c'est un produit industriel.
02:54Absolument.
02:55Il peut être fait de façon artisanale, semi-artisanale.
02:58Ou industriel et très bien, ou industriel et bio, tout est possible.
03:02Absolument.
03:03Après ça, dans vos gros projets, il y a quelque chose qui m'a fascinée,
03:07c'est que tout le monde connaît l'histoire de Atos,
03:10que vous pouvez me définir en deux mots.
03:13Comment vous êtes-vous intéressé à Atos ?
03:16Quand j'ai vendu mon entreprise, je me suis retrouvé investisseur.
03:21J'ai investi dans un certain nombre de startups d'entreprises,
03:24et d'entreprises cotées.
03:26J'avais un portefeuille d'une vingtaine d'entreprises cotées
03:29qui ont plutôt bien développé.
03:34Sauf une, Atos, où j'ai été séduit depuis très longtemps
03:39par cette entreprise très performante de quatre ans.
03:42A l'époque, c'était cent dix mille personnes
03:44que Thierry Breton avait bien développé.
03:47Il l'a bien développé ?
03:50Je croyais qu'il n'avait pas si bien développé.
03:52Il l'avait bien développé, mais avec un endettement
03:55qui était très important, beaucoup trop important.
03:57Et puis, je dirais, une présentation des bilans
04:01qui n'était pas très orthologue,
04:04et qui, surtout, n'était pas connue des petits actionnaires.
04:09Justement, vous incarnez la défense des petits actionnaires.
04:13On a créé une association pour défendre les petits actionnaires
04:16qui, effectivement, n'ont pas eu accès à toute information.
04:22Il faut savoir qu'à l'époque, c'était l'une des seules entreprises
04:27dont les commissaires aux comptes ont refusé de signer les comptes.
04:30C'est d'ailleurs, maintenant, un scandale financier.
04:34C'était sous Thierry Breton, ça ?
04:36Non, après Thierry Breton.
04:38C'est un scandale financier énorme.
04:40Et c'est de la faute de qui ?
04:42C'est de la faute d'un peu tout le monde,
04:44comme toujours dans cette situation,
04:46de dirigeants qui n'étaient pas à la hauteur de leurs tâches,
04:50de commissaires aux comptes qui n'ont pas fait leur travail
04:53de diligence, de banquier conseil.
04:55Parce qu'on ne comprend jamais, ça arrive tout le temps,
04:57tout d'un coup, même au niveau de l'État,
04:59il y a quelques milliards de différences.
05:01On ne comprend pas, c'est de la faute de qui ?
05:03Il y avait 2,5 milliards de dettes
05:05qui n'étaient pas connues du grand public
05:08et qui étaient l'objet de ce qu'on appelle
05:10du window dressing, c'est-à-dire qu'en fin d'année,
05:13on joue sur le crédit fournisseur,
05:15on joue sur le crédit client,
05:17on joue sur le facteur...
05:18Pour habiller tout ça.
05:19Pour habiller tout ça.
05:20Et quand, bien sûr, la situation a été...
05:24a été vue et issue de tout le monde,
05:28le cours s'est effondré.
05:30Et vous avez tenu le coup, et vous étiez le petit porteur.
05:33Oui, il s'est effondré, mais merci pour vous.
05:35Le cours, je dirais, qui est monté jusqu'à plus de 120 euros,
05:40c'est une entreprise du CAC 40, à l'époque de Thierry Breton.
05:43Donc c'était une entreprise avec une capitalisation
05:46très, très importante.
05:47Et vous avez tenu le coup, vous étiez le plus gros petit porteur.
05:50Oui, j'avais le plus gros pourcentage, effectivement.
05:53Vous l'avez toujours ?
05:54Non, maintenant, l'entreprise a fait l'objet
05:59d'une restructuration financière devant le tribunal de commerce.
06:03Donc tous les petits actionnaires ont tout perdu.
06:06Tout perdu ?
06:07Oui, tout perdu.
06:08Donc c'est un scandale financier énorme.
06:09Ah oui ?
06:10Oui.
06:11D'ailleurs, on se réserve le droit...
06:13Donc vous n'êtes plus du tout atos,
06:14parce que le futur président devrait être Philippe Salles,
06:17qui est un homme qui a redressé très bien, d'ailleurs,
06:20pas mal d'entreprises.
06:21On espère qu'il fera un bon travail,
06:23mais il ne peut rien faire pour les petits actionnaires précédents.
06:26Donc là, aujourd'hui, qu'est-ce qui se passe ?
06:28Il y a eu ce qu'on appelle un coup d'accordéon,
06:29c'est-à-dire que l'entreprise a réduit ses pertes
06:38avec une augmentation de capital
06:41par conversion de l'endettement en capital.
06:45Donc vous avez oublié atos ou vous avez encore un espoir ?
06:47Non, je n'ai pas oublié atos,
06:48parce que je trouve que ça reste quand même une très belle entreprise
06:51avec, je dirais, des équipes très performantes
06:55et sur un créneau très porteur.
06:57Et d'ailleurs, encore une fois, c'est un scandale.
06:59Jamais cette entreprise n'aurait dû aller au tapis.
07:02C'est imbraissemblable.
07:05Autant dans des secteurs en difficulté,
07:08mais dans l'informatique, c'est inimaginable.
07:12Il y a encore 3-4 ans,
07:14personne n'aurait imaginé un tel scénario.
07:17Écoutez, c'était très important de vous entendre dire ça.
07:20Et j'en profite pour conclure là-dessus,
07:23dire qu'aujourd'hui, quand on est un patron qui réussit,
07:27qu'on vend son entreprise, etc.,
07:29on réinvestit, on est dans la vie économique
07:31et on continue de prendre des risques.
07:32Et ça, je pense que c'est très important de le faire savoir.
07:35Donc bravo Hervé Le Sen,
07:36et puis on souhaite bonne chance, bien évidemment, à Grignion 2026.
07:40Merci beaucoup, Sophie.
07:41Merci.
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