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00:00Générique
00:07Bienvenue dans Les Informés, votre demi-heure de décryptage de l'actualité sur France Info, à la télé, à la radio, bien sûr, avec vous Renaud Delis, bonjour Renaud.
00:16Bonjour Adrien.
00:17Et avec nos deux informés ce matin, Victoria Koussa, bonjour.
00:20Bonjour Adrien, bonjour à tous.
00:21Journaliste au service politique de France Info, on vous retrouve chaque matin dans le Brief politique à 7h24 à la radio.
00:27Et bonjour à vous, Louis Osalter.
00:28Bonjour.
00:29Journaliste au service politique du Figaro.
00:32Renaud, nous commençons avec ce tout dernier sujet dans l'actualité, j'allais dire, ça s'est passé cette nuit à Amsterdam,
00:40des agressions contre des supporters du Maccabi Tel Aviv en marge d'un match face à l'Ajax Amsterdam.
00:47Effectivement, en marge de ce match de football entre l'Ajax Amsterdam et le Maccabi Tel Aviv,
00:52des agressions antisémites contre des supporters du Maccabi Tel Aviv qui ont été pourchassés, roués de coups,
00:58quasi lynchés par un certain nombre d'individus, des attaques antisémites inacceptables contre des Israéliens.
01:03Amsterdam a dénoncé ce matin le Premier ministre néerlandais.
01:07Israël a évoqué des violences effroyables et d'ailleurs Benjamin Netanyahou a annoncé l'envoi immédiat de deux avions de secours
01:14pour porter assistance aux supporters israéliens qui ont ainsi été agressés.
01:18Les autorités néerlandaises ont aussi indiqué avoir procédé à 57 arrestations auprès d'individus considérés comme des agresseurs.
01:27Quelle est la réaction de la communauté des Français juifs ce matin en entendant ces événements ?
01:34Voici ce qu'en disait ce matin sur l'antenne de France Info Robert Regnez,
01:38qui est le directeur exécutif du CRIF, le Conseil représentatif des institutions juives de France.
01:45C'est totalement inacceptable, c'est malheureusement pas surprenant mais totalement inacceptable
01:50et je crois que ça montre que nos démocraties sont vraiment en danger.
01:54Je crois qu'une démocratie a pour rôle essentiel de défendre ses citoyens et de défendre ceux qui viennent dans le pays.
02:02Donc aujourd'hui on s'aperçoit qu'il y a un défaut, il y a un défaut d'information,
02:06il y a un défaut de préparation de la part de la police, de la part de l'état néerlandais
02:13et qui a mis en danger la vie de juifs et d'israéliens qui se sont fait attaquer hier par des hordes sauvages.
02:19Des événements finalement assez prévisibles au regard de ce que dit Robert Regnez à l'instant,
02:25inacceptables bien sûr mais auxquels on pouvait s'attendre.
02:28Pourquoi ? Parce que tout ceci survient dans un contexte de regain des actes antisémites en Europe et en France,
02:35notamment depuis le 7 octobre 2023 et l'attaque du Hamas et puis évidemment la guerre qui se développe à Gaza
02:43et tout ça survient dans un contexte encore plus précis dans quelques jours.
02:48Jeudi prochain aura lieu en France à Paris un autre match de football,
02:52match de football qui doit opposer la France à Israël.
02:54Le gouvernement français a insisté pour que ce match ait lieu dans des conditions normales à Paris
02:59et non pas qu'il soit délocalisé comme l'avait fait le gouvernement belge
03:03qui avait délocalisé au mois de septembre le match Belgique-Israël-Hongrie.
03:07Louis Osalter, Renaud le disait, on parle d'événements malheureusement prévisibles.
03:13C'est ça aujourd'hui le sujet y compris pour un simple match de foot.
03:18C'était d'ailleurs ce que disaient Robert Regnez ce matin chez nous, il disait ce n'est qu'un match de foot.
03:22Et ça confirme que ce conflit est une bombe à fragmentation internationale
03:26qui s'invite sur tous les terrains y compris ceux du sport.
03:29Et ce n'est pas la première fois, on le voit dans de moindres événements y compris moins violents.
03:33Je vous rappelle cette tribune Free Palestine déployée par les ultras du PSG
03:37lors du dernier match face à l'Atlético de Madrid au Parc des Princes.
03:42Je rappelle ce que disait Renaud sur le fait que les équipes de foot israéliennes
03:46peuvent assez difficilement jouer dans les enceintes à l'extérieur.
03:51C'est-à-dire que pas mal de pays considèrent que les conditions de sécurité ne peuvent pas être assurées.
03:55Et ça devient d'un enjeu footballistique, ça devient aussi un enjeu géopolitique
03:58puisque un match Belgique-Israël délocalisé-Hongrie,
04:02c'est parce que Viktor Orban, le Premier ministre hongrois,
04:05se pose comme l'un des meilleurs défenseurs d'Israël sur la scène européenne.
04:09Donc tous ces enjeux se conjuguent alors qu'ils n'ont pas grand chose à faire dans les enceintes sportives
04:14et puis évidemment dans des violences à l'extérieur qui sont parfaitement inacceptables.
04:17Dans ce contexte, il est important que le gouvernement français ait effectivement tenu
04:21à ce que ce match à venir entre la France et Israël se tienne en France, au stade de France,
04:27même s'il faudra évidemment assurer toutes les conditions de sécurité nécessaires.
04:31C'est un message important parce que sinon on va s'habituer.
04:33On va commencer à trouver normal qu'Israël ne puisse pas jouer dans tel ou tel ensemble,
04:37dans tel ou tel pays parce qu'en fait on aura accepté l'antisémitisme
04:41qui risquera de s'abattre sur ses joueurs et sur ses supporters.
04:44Victoria Coussin.
04:45Le fait de garantir ce match France-Israël, l'enjeu ça va être aussi pour l'exécutif
04:50d'assurer la sécurité des supporters puisque les images qui sont assez terribles
04:54qui nous viennent d'Amsterdam, si elles se produisent demain en France,
04:57déclencheraient pour sûr une immense crise politique.
05:00Et l'enjeu pour notamment le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau
05:03qui s'est très vite positionné sur les banderoles dont Louis parlait, l'enjeu...
05:07Qui sont, précisons-le, d'une nature quand même très différente de ce qu'on a vu hier soir à Amsterdam.
05:11Bien sûr, très différente, évidemment très différente,
05:13mais qui laissent place à ce conflit dans des tribunes d'un match de foot.
05:18Donc ces banderoles n'avaient rien à voir et n'avaient pas leur place à cet endroit-là.
05:22Et Bruno Retailleau s'est très vite positionné et il va falloir être à la hauteur
05:26de l'enjeu sécuritaire de ce match.
05:29La difficulté c'est toujours la même, c'est évidemment spectaculaire,
05:35c'est l'incapacité de certains à comprendre qu'on peut d'un côté condamner,
05:39combattre les choix politiques de tel ou tel gouvernement,
05:42et en l'occurrence du gouvernement israélien, par exemple, et de Benyamin Netanyahou.
05:45Il est parfaitement légitime de critiquer l'attitude de Benyamin Netanyahou
05:48et notamment son caractère belliciste, pour le moins qui ne me lie pas,
05:53que ce soit à Gaza ou au Liban.
05:56Et d'ailleurs en témoigne la position de la diplomatie française,
05:59qui a certes évolué, mais qui est aujourd'hui en conflit quasi ouvert avec Benyamin Netanyahou.
06:03On l'a encore vu hier à l'occasion du déplacement de Jean-Noël Barraud à Jérusalem,
06:06avec cet incident qui est survenu avec des forces de sécurité israéliennes
06:11s'introduisant sans l'autorisation du gouvernement français
06:13au sein d'un espace justement appartenant à la France à Jérusalem.
06:17Donc il y a un conflit diplomatique et politique croissant
06:20entre la France et Benyamin Netanyahou et son gouvernement,
06:23et ça c'est parfaitement légitime, on peut le juger,
06:26on peut y être favorable ou pas, à ce conflit encore une fois,
06:29et le fait de s'attaquer à des juifs,
06:31c'est-à-dire précisément en l'occurrence à des supporters de football
06:35qui n'ont rien à voir évidemment avec la nature de ce conflit.
06:38Il suffit de renverser, de changer l'identité par exemple des individus en question.
06:44Va-t-on imaginer s'attaquer aux supporters de football de l'équipe d'Iran
06:48parce que la politique du gouvernement iranien est elle aussi pour le moins contestable ?
06:54On le voit tous les jours avec ce que subissent les femmes iraniennes en particulier.
06:58Personne ne va s'attaquer aux supporters iraniens si l'Iran joue demain
07:02et l'Iran participe à la Coupe du monde évidemment.
07:04Donc cette flambée d'antisémitisme, on le voit depuis le 7 octobre 2023,
07:07elle est terrible et le pire serait de fermer les yeux,
07:11de reculer, de décider que tel match ne doit pas avoir lieu
07:15pour des raisons de sécurité.
07:17Ce serait une forme de lâche soulagement.
07:19Et juste un dernier point, il faut quand même souligner
07:21qu'il y a un certain nombre de responsables politiques
07:23et très clairement un soumis d'ailleurs,
07:24qui à chaque fois remettent en cause la présence d'athlètes israéliens dans les compétitions.
07:28Ce fut le cas lors des Jeux olympiques
07:30ou qui a invité encore il y a quelques jours
07:32à faire le plus mauvais accueil aux Israéliens,
07:35à l'équipe de football israélienne jeudi prochain.
07:38Je pense que ces déclarations,
07:40même si on ne peut pas les lier directement à des attaques,
07:42à des violences, etc.
07:44Ce n'est pas ce que je fais.
07:45Il y a effectivement une forme de responsabilité politique
07:47dont certains s'exonèrent hélas.
07:49Malgré tout, Louis Osalter,
07:51on peut se dire que les autorités,
07:55que ce soit aux Pays-Bas ou en France,
07:57sont quand même informées des risques qui peuvent exister.
08:00De toute évidence, aux Pays-Bas,
08:02il y aura sans doute des enquêtes
08:04et on en saura sans doute plus un petit peu plus tard.
08:07De toute évidence, il y a peut-être eu des dysfonctionnements.
08:09Est-ce que nous, à l'inverse, en France,
08:11ces choses-là peuvent...
08:14Il est peu probable que ces choses arrivent, j'allais dire.
08:17Elles peuvent tout à fait s'anticiper,
08:19comme le disait Victoria.
08:20Il y a un enjeu qui est politique.
08:21Effectivement, ce sera à tout le monde une polémique
08:24si ça se passe mal.
08:25Il y a aussi un enjeu diplomatique.
08:26On rappelle les relations tendues,
08:29pour le moins tendues,
08:30entre Emmanuel Macron et Benjamin Netanyahou.
08:32L'incident d'hier à Jérusalem,
08:34sur un domaine qui est placé depuis des siècles
08:36dans la protection de la France,
08:37où des gendarmes français se sont fait arrêter
08:39par des policiers israéliens,
08:41alors même que le ministre français des Affaires étrangères
08:43a été en visite,
08:44il n'est pas de nature à arranger la relation franco-israélienne.
08:47Il est évident que le devoir de la France
08:49va être de protéger les supporters israéliens
08:52pour éviter que cette relation s'envenime un peu plus.
08:55Je souscris tout à fait à ce qu'a dit Renaud
08:56sur le fait qu'on peut tout à fait critiquer
08:58les choix de Benjamin Netanyahou,
09:00le carnage qui a lieu à Gaza,
09:02les frappes sur le Liban,
09:04sans avoir à mêler le sport,
09:07les matchs de foot,
09:08les matchs de toutes autres compétitions sportives,
09:10à ces histoires de politique et de géopolitique.
09:14C'est indécent de faire ça,
09:16surtout quand on s'en prend à l'intégrité des supporters.
09:18À Amsterdam, ce que rapporte la presse israélienne,
09:20c'est quand même que c'est un guet-apens prémédité.
09:23C'est-à-dire que ce ne sont pas des gens
09:24qui se sont croisés dans la rue par hasard.
09:25C'était une attaque qui était préméditée,
09:27donc ciblant des Israéliens
09:30parce qu'ils sont israéliens,
09:31parce qu'ils sont juifs.
09:32On comprend derrière ce qu'il en est.
09:34Un dernier mot, Victoria Koussa, peut-être ?
09:36Un dernier mot, oui, pour dire qu'il faut aussi
09:39comprendre l'impact de ce genre d'image
09:41au sein de la communauté juive en France également,
09:43qui se sent déjà particulièrement menacée
09:46et dont le malaise ne cesse de s'amplifier
09:50et que les politiques vont devoir vraiment prendre en compte.
09:53Effectivement. Merci à vous trois.
09:55Vous restez bien sûr avec nous.
09:56On va aborder notre deuxième sujet.
09:58D'abord, le Filinfo 9h15.
10:01À partir de 16h48 précise,
10:04aujourd'hui, les femmes travaillent gratuitement,
10:07date et heure symbolique calculée
10:09par la lettre d'information féministe Les Glorieuses.
10:11Sur la base de l'écart de salaire
10:13entre les hommes et les femmes en France,
10:15il est encore de près de 14%.
10:17Le Conseil représentatif des institutions juives de France,
10:21le CRIF, dénonce un lynchage de masse
10:23après l'agression hier soir
10:24de supporters de football israélien à Amsterdam.
10:27C'était en marge du match
10:28entre l'Ajax et le Maccabi Tel Aviv.
10:30Benjamin Netanyahou parle de violences effroyables
10:33et envoie deux avions de secours sur place.
10:35Donald Trump et Vladimir Poutine prêts à reprendre contact.
10:39C'est ce que le président américain
10:41et son homologue russe ont affirmé hier.
10:43Vladimir Poutine qui a par ailleurs
10:45félicité Donald Trump pour son élection.
10:47Dans le même temps, Volodymyr Zelensky,
10:49lui le répète, il n'y aura pas de discussion
10:51autour d'un cessez-le-feu avec Moscou.
10:53Déclaration après que la Russie
10:55intime aux Occidentaux de négocier
10:57sous peine de destruction de la population ukrainienne.
11:00Hier, huit personnes sont mortes dans des frappes
11:02sur Zaporizhia.
11:03Au moins 25 blessés cette nuit à Kharkiv.
11:16Et toujours avec Victoria Koussa,
11:18journaliste au service politique de France Info.
11:21Et Louis Osalter, journaliste de son côté
11:24au service politique du Figaro.
11:26Nous passons à notre deuxième sujet ce matin.
11:29Et c'est leçon qu'on peut peut-être tirer
11:32ou pas de la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis.
11:35Quelle leçon politique pour la situation politique en France ?
11:38Bien sûr, certes, le triomphe électoral de Donald Trump
11:40a des raisons spécifiquement américaines
11:42pour nombre d'entre elles,
11:44liées à la situation politique aux Etats-Unis.
11:46Mais il y a aussi des traits, évidemment,
11:48des traits communs avec l'évolution de nos sociétés
11:50de ce côté-ci de l'Atlantique.
11:52Et puis, des leçons à tirer, peut-être en particulier
11:54pour la gauche, c'est-à-dire pour ceux qui combattent
11:56justement le populisme incarné par Donald Trump.
11:59En l'occurrence, quelle leçon tirer, peut-être,
12:01de la défaite de Kamala Harris, de la candidate démocrate.
12:04La gauche se divise à ce sujet.
12:06Elle n'a pas forcément la même interprétation.
12:08Je vous propose d'écouter d'abord
12:10le député insoumis Antoine Léaument,
12:13qui lui met en cause, en quelque sorte,
12:15la molesse de la candidate démocrate.
12:18Non, ce n'est pas une surprise, en fait,
12:20parce que Trump a fait du Trump, quoi.
12:22Et Kamala Harris a fait du Hollande, quelque chose comme ça.
12:26Et ça donne un résultat, à la fin,
12:28qui est celui qu'on a sous les yeux.
12:30Et il y a une inquiétude aussi, en France,
12:32que certains veuillent suivre cette voie gauche,
12:34c'est-à-dire une voie molle, une voie soupe,
12:37qui, à la fin, amène l'extrême-droite au pouvoir.
12:40Alors, on le comprend, Antoine Léaument plaide pour sa paroisse.
12:42En l'occurrence, celle de Jean-Luc Mélenchon,
12:44de la brutalité, de la volonté de tout conflictualiser,
12:47d'incarner donc une gauche radicale.
12:50Et ce serait, aux yeux des insoumis,
12:53la réponse à apporter à la montée du populisme et de l'extrême-droite.
12:56D'autres mettent en avant l'abandon des questions sociales et identitaires
13:01par une fraction de la gauche,
13:03qui conduira, justement, les classes populaires,
13:05comme on l'a vu, aux États-Unis.
13:07Mais aussi, un certain nombre d'électeurs des minorités,
13:10latinos, voire afro-américaines,
13:12mais aussi, d'ailleurs, les femmes,
13:14à s'être tournées plus volontiers qu'attendues
13:16vers Donald Trump, plutôt que vers Kamala Harris.
13:18On va s'interroger sur les leçons que peut en tirer la gauche,
13:21mais avant, peut-être un point de méthodologie, Victoria Coussin.
13:24La gauche aux États-Unis,
13:26est-ce qu'elle est comparable à la gauche qu'on a en France ?
13:30Bien sûr que non.
13:31Moi, je ne suis pas spécialiste de la politique américaine,
13:33mais, évidemment, transposer la situation aux États-Unis
13:36avec celle de la France,
13:38est, selon moi, un peu hasardeux.
13:41Elle est fille, dans la séquence qu'on voit Antoine Léaumant.
13:44On voit bien que l'idée, c'est surtout de se servir,
13:47de faire feu de tout bois.
13:49Toutes les raisons sont bonnes pour taper sur François Hollande
13:52et sur la social-démocratie pour les insoumis.
13:54Parce qu'on pourrait imaginer, Louis Eusalter,
13:56qu'un Jean-Luc Mélenchon,
13:58je ne sais pas comment ça se dirait en anglais,
14:00mais un Jean-Luc Mélenchon américain,
14:02pour vous, aurait-il autant de succès
14:05qu'il peut en avoir en France ?
14:07Dans la méthode,
14:09il y a une comparaison à faire avec Donald Trump,
14:11même si Mélenchon le réfuterait.
14:13Le populisme, ce n'est pas d'abord un parti politique.
14:16C'est une méthode.
14:17C'est exactement ce que fait Donald Trump.
14:19Et c'est ce que fait Mélenchon, souvent,
14:21à travers des outrances,
14:23à travers le fait de condamner les élites politiques,
14:26médiatiques, pour s'en distinguer
14:28et parler directement au peuple.
14:29Ça marche très bien aux Etats-Unis.
14:30Donald Trump vient de le prouver pour la deuxième fois.
14:32Les leçons à tirer pour la gauche.
14:34Il y a quand même quelque chose de fondamental,
14:36à mon avis, qui s'est passé dans cette élection américaine.
14:38C'est ce qu'a décrit Renault sur le vote des minorités
14:41et, dans une moindre mesure, sur le vote des femmes.
14:43Le Parti démocrate a longtemps fait le calcul
14:45que les minorités lui étaient acquises.
14:47Et qu'en gros, il y a des votes qui étaient
14:49automatiquement associés à la couleur de peau.
14:51Et on a vu l'inverse.
14:52Au fait qu'on était latino,
14:53au fait qu'on était africain-américain
14:55et même au fait qu'on était une femme.
14:56On a vu l'inverse.
14:57En Floride, le vote latino pour Donald Trump
15:00est absolument impressionnant.
15:01Et le Parti démocrate, qui pensait qu'un État
15:03traditionnellement républicain comme la Floride
15:05allait un jour basculer dans son escarcelle
15:07uniquement pour des raisons démographiques et migratoires,
15:09eh bien, ce calcul est complètement raté.
15:11Et d'ailleurs, c'est plutôt rassurant de se dire
15:13qu'on sort des assignations électorales.
15:16C'est-à-dire le fait que,
15:17puisqu'on est de telle origine, de telle région,
15:19de tel sexe, on devrait forcément voter
15:21pour tel ou tel candidat ou tel ou tel parti.
15:23Donc ça, c'est évidemment une déroute
15:26dans l'analyse du Parti démocrate.
15:27Et le Figaro a interrogé cette semaine
15:29parmi les multiples analyses du scrutin
15:31l'essayiste américain Yash Amoun,
15:33qui est démocrate anti-Trump,
15:34mais qui porte un regard assez lucide
15:36sur ce qu'est devenue la gauche,
15:37une partie de la gauche aux États-Unis.
15:39Et qui dit que le Parti démocrate
15:40paye aujourd'hui le prix de sa politique identitaire.
15:42Au sens de politique des identités,
15:44de politique intersectionnelle,
15:45qui consiste à dire,
15:46puisque vous êtes latino,
15:47puisque vous êtes noir,
15:48puisque vous êtes femme,
15:49puisque vous êtes LGBT,
15:50vous êtes forcément oppressé.
15:51Donald Trump étant décrit
15:52comme le méchant vieux mâle blanc par excellence,
15:55il se trouve qu'effectivement
15:56il est un vieux mâle blanc de fait.
15:58Mais le fait de le décrire comme ça,
15:59ça n'a pas fonctionné.
16:01Les électeurs ne raisonnent pas tous comme ça,
16:03à coups d'assignations, à coups de repoussoir.
16:06Ils ont d'abord voté pour des sujets très, très ratés,
16:08qui sont l'inflation, la situation économique
16:10et l'immigration.
16:11Voilà.
16:12Et milliardaires par ailleurs.
16:13C'est comme ça que se passent les élections.
16:14Et les classes populaires.
16:15Oui.
16:16Renaud.
16:17C'est là qu'il y a un lien direct
16:18entre la vie politique américaine
16:19et la vie politique française et européenne d'ailleurs.
16:21Parce que cette lecture-là,
16:23elle existe évidemment au sein des gauches,
16:25de nombre de gauches européennes et françaises,
16:27au premier chef,
16:28c'est-à-dire une forme d'essentialisation
16:30de communautarisme
16:31et d'essentialisation des électeurs.
16:33Et c'est vrai que ça, c'est un contresens,
16:35et on l'a constaté avec le naufrage de Kamala Harris,
16:38considérer par exemple
16:39que des électeurs issus de telle ou telle minorité
16:42voteront forcément à gauche
16:44parce que l'adversaire est raciste,
16:45donc en l'occurrence les latinos ou les afro-américains
16:47voteront forcément tous à gauche
16:49parce que Donald Trump est raciste,
16:51ou considérer que les femmes
16:53voteront forcément à gauche,
16:54et en l'occurrence démocrate,
16:55parce que Donald Trump remet en cause l'IVG,
16:58c'est oublier que les latinos,
17:00les afro-américains, les femmes
17:02et bien d'autres, tous les américains,
17:04partagent peu ou prou les mêmes soucis,
17:06c'est-à-dire des soucis d'une part de pouvoir d'achat,
17:08des angoisses sociales,
17:09et puis des angoisses identitaires
17:11liées aussi à la crise migratoire
17:13et au devenir de leur pays.
17:14C'est à cette interrogation-là
17:15que la gauche doit répondre,
17:16non pas en essentialisant,
17:18en découpant en tranches l'électorat,
17:22mais en portant un récit fédérateur
17:24qui prenne en compte ces angoisses-là,
17:26ces attentes-là,
17:27ce que ne fait pas une bonne partie de la gauche,
17:30en l'occurrence les démocrates aux Etats-Unis,
17:32mais aussi les insoumis,
17:34on le voit en France,
17:35et d'ailleurs c'est le reproche que leur a fait
17:36très clairement François Ruffin,
17:38en rompant avec Jean-Luc Mélenchon,
17:39en mettant en cause justement
17:40cette façon de faire de la politique
17:42de façon presque raciale,
17:43avait dit François Ruffin,
17:45qui est vouée à l'échec en plus.
17:46Non seulement,
17:47elle interroge sur évidemment
17:49la remise en cause de l'universalisme républicain,
17:51d'un point de vue philosophique c'est dangereux,
17:53mais d'un point de vue arithmétique,
17:54c'est perdant.
17:55J'allais vous dire justement,
17:56Victor Iacoussa,
17:57est-ce que certains,
17:59si on fait cette interprétation,
18:00est-ce que certains à gauche en France
18:02peuvent se dire, ben voilà,
18:03on vous l'avait bien dit,
18:04essentialiser, communautariser,
18:07c'est pas du tout ce qu'il faut faire ?
18:09Oui, c'est sûr que ça peut effectivement
18:11confirmer une stratégie
18:14d'un côté de la gauche.
18:16Après, concernant Alephi,
18:18Alephi change souvent de stratégie,
18:20ça c'est quand même à prendre en compte,
18:21c'est-à-dire qu'avant les Européennes,
18:22effectivement,
18:23il y a eu toute une campagne
18:25sur Gaza,
18:26sur la Palestine,
18:28qui a porté ses fruits,
18:29puisque la candidate insoumise
18:31aux Européennes Manon Aubry
18:33a réussi à gagner,
18:35je crois, il me semble,
18:36trois points par rapport à l'élection d'avant.
18:38Et ça a servi surtout,
18:40d'après Alephi,
18:41à mobiliser des abstentionnistes
18:42et à les mettre dans le scope
18:44des insoumis.
18:45Donc déjà,
18:46ça c'est un premier pari gagnant,
18:47et là on...
18:48Enfin, ça fait 9% à l'arrivée.
18:50Ça fait 9% à l'arrivée,
18:51mais c'est déjà...
18:52Ça a dopé un peu la campagne quand même.
18:53Ça a dopé la campagne,
18:54c'est une progression,
18:55et juste pour terminer sur les insoumis,
18:57là, en parlant par exemple
18:59avec Manuel Bompard,
19:00on sent que là,
19:01ils veulent vraiment aussi s'orienter
19:03sur d'autres terrains.
19:04Et même,
19:05cette nouvelle stratégie
19:06d'aller aussi parler aux électeurs du RN
19:08pour tenter de les rallier à Alephi,
19:12dans la perspective d'une stratégie anticipée
19:14et toujours aussi dans cette théorie de
19:16à la fin ce sera eux ou nous,
19:18eux Marine Le Pen,
19:19nous Alephi.
19:20Oui, c'est une sorte d'ivariable,
19:21en quelque sorte.
19:22Oui.
19:23En parallèle,
19:24on observe une forme d'institutionnalisation
19:25des insoumis à l'Assemblée,
19:26où ils ont décroché des postes,
19:27notamment de vice-président,
19:28donc ils sont amenés à présider des séances,
19:31et là,
19:32ils se mettent à poster des vidéos
19:33en expliquant,
19:34un, qu'ils sont fiers
19:35de présider des institutions,
19:36ils sont fiers d'avoir ces postes,
19:37et puis,
19:38ils montrent une attitude
19:39tout à fait respectueuse,
19:41un peu comme l'a fait
19:42le Rassemblement National
19:44en arrivant au même poste.
19:45Donc,
19:46il y a des variations
19:47entre des périodes
19:48où Jean-Luc Mélenchon
19:49épouse le bruit et la fureur
19:50qu'il a théorisé
19:51depuis bien longtemps,
19:52et en même temps,
19:53un phénomène d'institutionnalisation,
19:55et c'est là qu'on voit
19:56qu'il reste pour l'instant
19:57une différence fondamentale
19:59entre politiques françaises
20:00et américaines,
20:01qui est que
20:02même les parties
20:03les plus extrêmes
20:04du spectre politique
20:05n'épousent pas
20:06une stratégie totalement populiste.
20:07On l'a vu avec
20:08l'institutionnalisation
20:09de Marine Le Pen,
20:10qui n'a pas soutenu,
20:11cette fois,
20:12Donald Trump,
20:13et c'est presque gêné
20:14qu'il gagne,
20:15on l'a remarqué
20:16quand on a eu les résultats.
20:17On le voit avec Jean-Luc Mélenchon
20:18qui aussi,
20:19avec ses troupes,
20:20sur les stratégies adoptées,
20:21parce que lui aussi
20:22se dit parfois
20:23qu'il doit montrer
20:24un certain respect
20:25pour les institutions,
20:26parce qu'il y a peut-être
20:27un petit peu moins
20:28de respect pour les institutions
20:29en France
20:30que ça n'est le cas
20:31aux Etats-Unis
20:32où Donald Trump
20:33a capitalisé
20:34sur un rejet total
20:35de l'establishment américain.
20:36Deux mots,
20:37parce que j'avais quand même
20:38une question à vous poser.
20:39C'est le cœur de la différence,
20:40vous avez raison,
20:41c'est-à-dire que
20:42même les partis extrêmes
20:43ou radicaux en France
20:44ne remettent pas en cause
20:45la règle commune,
20:46c'est-à-dire l'élection.
20:47C'est ce qu'a fait
20:48Donald Trump
20:49le 6 janvier 2021.
20:50C'est ce à quoi il faut
20:51veiller évidemment
20:52tant qu'un parti en France
20:53ne remet pas en cause l'élection.
20:54En fait,
20:56qui divise la gauche française
20:57et les gauches européennes.
20:58On en parlait à l'instant
20:59évidemment,
21:00ou au contraire,
21:01faire émerger
21:02un discours plus universaliste
21:03et plus fédérateur.
21:04Et puis,
21:05il y a un autre réflexe
21:06qu'on voit,
21:07y compris à travers
21:08les réactions des insoumis
21:09qu'on écoutait tout à l'heure
21:10après cette défaite de Kamala Harris,
21:11c'est toujours
21:12le syndrome presque pavlovien
21:13que quand la gauche perd,
21:14elle pense toujours
21:15qu'elle n'a pas été assez à gauche,
21:16qu'il faut être plus à gauche.
21:17On ne sait pas bien
21:18ce que ça veut dire d'abord.
21:19Et deuxièmement,
21:20là ponctuellement
21:21dans ce scrutin américain,
21:22il y a des éléments
21:23qui montrent le contraire.
21:24Par exemple,
21:25Bernie Sanders,
21:26le leader de la gauche radicale
21:27au sein des démocrates,
21:28a fait moins de voix
21:29dans le Vermont
21:30que la candidate démocrate
21:31Kamala Harris.
21:32Et un candidat très à gauche,
21:33il y en a eu un par exemple
21:34à une présidentielle américaine,
21:35c'est George McGovern en 1972.
21:36C'est celui qui a pris
21:37la plus grosse raclée
21:38de toute l'histoire
21:39des candidatures démocrates
21:40à la présidentielle.
21:41Je vous pose une question
21:42à laquelle vous allez devoir répondre
21:43chacun en cinq secondes.
21:44Est-ce que quand on sait
21:45que Kamala Harris
21:46a dit que Donald Trump
21:48était fasciste
21:49et ça n'a pas fonctionné,
21:50est-ce que ce n'est pas aussi
21:51peut-être la preuve
21:52que démoniser, j'allais dire,
21:56ne fonctionne pas
21:57forcément non plus ?
21:58Parce que je pense
21:59que c'est sans doute
22:00le mot le plus dur
22:01d'une candidate démocrate
22:02contre un candidat républicain
22:03qu'on a pu voir.
22:04Cet argument,
22:05effectivement,
22:06d'après une grande partie
22:07de la classe politique,
22:08ne fonctionne plus
22:09pour lutter contre
22:10la percée du Rassemblement national.
22:11C'est aussi peut-être
22:12une leçon à retenir.
22:13Elle a sans doute
22:14achevé de perdre l'élection
22:15en faisant cette déclaration.
22:16Mais surtout,
22:17ça ne pouvait pas fonctionner
22:18pour une raison simple,
22:19c'est qu'il avait déjà
22:20un argument.
22:21Et s'il était effectivement fasciste,
22:22les Américains
22:23auraient eu le sentiment
22:24qu'il avait mis en place
22:25le fascisme aux Etats-Unis.
22:26Donc cet argument était
22:27totalement contre-productif,
22:28un argument boomerang.
22:29Si c'est ça le fascisme,
22:30ce sont dits certains électeurs,
22:31eh bien, revotons pour lui.
22:32Eh bien, nous sommes fascistes.
22:33D'accord.
22:34Merci beaucoup.
22:35Merci Renaud Delis
22:36pour les informer.
22:37Merci Victoria Koussa,
22:38Service politique de France Info,
22:39le brief politique à ne pas rater
22:40tous les matins,
22:417h24.
22:42Et merci Louis Osalter,
22:43on a le plaisir de vous lire,
22:44bien sûr,
22:45dans le Figaro.
22:46Les informés reviennent
22:48ce soir à 20h.

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