Chaque jour, découvrez la pépite du jour dans la France Bouge avec Elisabeth Assayag.
Retrouvez "La pépite" sur : http://www.europe1.fr/emissions/la-france-bouge-academie
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00:00Europe 1, la France bouge, la pépite.
00:04Donc Samir, vous avez 36 ans, l'entreprise a 3 ans, c'est ça ?
00:07Tout à fait, on va terminer la troisième année, on est dans la quatrième.
00:11Vous êtes combien dans l'entreprise ?
00:12Actuellement, nous sommes 14.
00:14Vous, vous êtes un sportif.
00:16Ce n'est pas un détail pour comprendre un peu le cheminement de tout ça.
00:20Vous l'avez dit, vous êtes atteint d'un diabète de type 1.
00:23Vous faisiez du sport de haut niveau, non ?
00:27Tout à fait, j'ai débuté le sport de haut niveau dans le rugby à l'âge de 15 ans.
00:33Contrairement aux images reçues, je m'entraînais une à deux fois par jour depuis l'âge de mes 15 ans.
00:40On se fait aussi très attention à notre alimentation et autres.
00:45Effectivement, en 2014, des symptômes qui sont toujours les mêmes.
00:50On perd du poids, on fait beaucoup pipi, on a beaucoup soif.
00:54On vous découvre le diabète avec une acétocytose élevée au niveau des urines.
01:02On vous explique que vous êtes diabétique et que votre vie va changer.
01:05Quel est le lien ? En étant un sportif de haut niveau, il a fallu arrêter ?
01:10Arrêter, non.
01:12Maintenant, quand vous êtes dans le sport de haut niveau, avec les enjeux que tout le monde connaît dans le sport,
01:18le manque de connaissances du grand public concernant le diabète,
01:23on estime qu'une personne diabétique ne peut plus être sportive de haut niveau.
01:28L'équipe de votre équipe sportive, au lieu de se renseigner, de se dire comment on peut aménager,
01:32comment on peut trouver des solutions et finalement, il n'y a peut-être pas autant de problèmes que ça,
01:36ils se sont dit qu'ils allaient vous mettre sur la touche.
01:39C'est arrivé en pleine saison, donc effectivement, les priorités sont peut-être ailleurs.
01:43Les erreurs aussi sont faites par moi-même, ce que je vais reprendre tout de suite.
01:47Je ne fais pas de réathlétisation, donc je me blesse, je fais des déchirures systématiques à chaque fois que j'accélère.
01:53Maintenant, la saison suivante, je vais jouer dans un autre club à côté de chez moi,
01:58qui avait un staff médical vraiment complet, le rugby club de Tricastin, je tiens à le souligner,
02:04parce qu'ils ont un staff médical qui m'a permis d'accepter de me remettre sur pied,
02:10en tout cas pour prendre plaisir dans ma passion.
02:14C'est dans le sport, mais c'est aussi dans certains métiers,
02:16il y a des métiers qui sont incompatibles avec le diabète,
02:19c'est par exemple le cas des personnels des armées, de la gendarmerie,
02:22et puis aussi le personnel navigant du transport aérien.
02:25Donc on n'imagine pas, il y a des maladies qui empêchent, qui entravent certaines carrières.
02:30C'est là, Samir Tevno, que vous décidez de développer, de créer un patch de maintien pour les capteurs.
02:36Vous vous êtes dit finalement, je vais faire de ma maladie une force,
02:42je vais créer quelque chose.
02:43Pour rebondir sur le précédent témoignage, moi au bout de deux ans, je ne veux plus me piquer le doigt,
02:49donc je le fais au feeling, c'est ce qui se passe quand on ne veut plus prendre sa glycémie.
02:54On ressent, si on est en hyperglycémie, on va beaucoup aux toilettes, on a soif,
02:58si on est en hypoglycémie, on n'est vraiment pas bien.
03:01On peut comparer ça à une voiture qui n'a plus d'essence.
03:04Donc quand je dis on le fait au feeling, on le fait au ressenti.
03:10De là arrivent les capteurs de glycémie.
03:12Comme elle le disait, une réelle révolution technologique qui nous change notre quotidien.
03:16Au-delà de nous donner l'information en temps réel, c'est qu'elle nous donne l'information constamment.
03:23Ça change beaucoup sur l'anticipation.
03:26L'avantage de cela, c'est que vous pouvez anticiper une éventuelle hypoglycémie, hyperglycémie.
03:34Ces capteurs, quand ils arrivent en France, ne sont pas remboursés.
03:37Ça a une durée de vie de 14 jours et ça coûte 60 euros unitaires.
03:40Donc je fais le choix de les utiliser.
03:43Sauf que je perds mon premier capteur au bout de trois jours lors d'un entraînement de rugby.
03:48Je l'ai mis un petit peu à mal.
03:50Et là je me suis dit, effectivement, il faut trouver une solution.
03:52Donc au début, je me suis strapé le bras.
03:54Sauf que straper le bras deux fois par jour pour s'entraîner, ce n'est pas agréable.
03:57Et je suis parti dans l'idée de trouver une solution, mais uniquement pour moi.
04:02Aucun moment, je n'ai pensé développer cette solution à plus grande échelle.
04:07Cette solution s'appelle Capteur Protect.
04:09Vous allez la pitcher et puis on se retrouve juste après.
04:11Vous êtes prêt ?
04:12Très bien.
04:13Allez, c'est à vous.
04:14Je suis Samir Thévenot, j'ai 36 ans, diabétique de type 1 depuis 10 ans.
04:18J'ai fondé Capteur Protect en 2021, suite à un besoin qui est né en 2017.
04:22Avec l'arrivée des capteurs et lorsque j'ai perdu mon premier capteur au bout de trois jours.
04:28J'ai décidé de développer, pour mon usage personnel au départ, un patch adhésif qui soit de qualité,
04:34qui permette d'allier confort de port, discrétion, performance de tenue,
04:38tout en respectant la peau, puisque mettre un adhésif 14 jours, ce n'est pas anodin.
04:43Et surtout, qui puisse permettre pour un enfant de s'amuser dans la cour,
04:48mais aussi pour un sportif, que ce soit aquatique, sport de contact,
04:53de pouvoir profiter de la vie comme tout le monde peut le faire.
04:56Et puis, une rencontre avec un endocrinologue reconnu en France, du côté de Montpellier,
05:01qui était surpris de ma solution, me propose de le développer et puis de m'ouvrir son service.
05:06Il me dit, je ne m'en occupe pas, mais je t'ouvre mon service et développe ton produit.
05:09Mais surtout, n'oublie pas des dispositifs médicaux.
05:12Donc, après 4 ans, un peu plus de 3 ans, on a lancé Capteur Protect,
05:17présent dans deux tiers des pharmacies françaises.
05:19Merci pour votre pitch, Samir Thévenot, fondateur de Capteur Protect.
05:22Vous connaissez Capteur Protect, Eric Heunecker ?
05:24Absolument.
05:25Vous travaillez ensemble ?
05:27Oui et non.
05:28Vous n'êtes pas concurrent ?
05:29On n'est pas concurrent.
05:30Par contre, nous, on a des partenaires avec qui on travaille, des fabricants de pompes,
05:33ou des fabricants de capteurs, qui sont les clients de Samir.
05:37Et donc, en fait, on interagit à la fois sur les salons, mais également en dehors, sur 2-3 échanges.
05:43On n'est pas concurrents, on se connaît depuis 2 ans, je pense.
05:46Là aussi, Capteur Protect, 100% française, puisque tout est fabriqué dans la Drôme.
05:53Tout à fait.
05:54Tous les matériaux jusqu'au packaging proviennent de Rhône-Alpes.
06:00Tout à fait.
06:01Donc, le seul produit, on va dire, ou matériau utilisé qui ne vient pas de France,
06:07qui vient d'Europe, c'est la colle, puisqu'on l'a développé avec un laboratoire européen.
06:11Mais effectivement, l'intégralité de nos partenaires sont en Rhône-Alpes.
06:15Vous avez lancé cette entreprise au début avec vos fonds propres,
06:18ensuite, aide au financement, vous êtes allé voir du côté des banques,
06:21notamment de l'ABPI.
06:23Si vous êtes parmi nous ce soir sur Europe 1, c'est aussi parce que vous avez des besoins.
06:27Il n'y a pas encore eu d'investisseurs, je crois, dans l'entreprise ?
06:33Non, nous n'avons pas encore activé cette étape-là.
06:36Puisque, comme je vous l'ai dit encore une fois, on n'avait pas prévu d'avoir cette ampleur,
06:41puisqu'on est présent dans un peu plus de 12 000 pharmacies en France,
06:44chez tous les grossisses qui leur permettent d'être 100% disponibles.
06:47Ça a été une surprise ?
06:48Oui, la surprise, c'est notre premier client.
06:50C'était un groupement de 400 pharmacies.
06:52On a quand même subi deux ruptures de stock,
06:55lors de nos 8 premiers mois d'activité.
06:58Une réelle surprise.
07:00Vous n'y attendiez pas. Fabrice ?
07:02Je voulais dire bravo déjà pour le pitch.
07:04Je dis souvent que sans problème à résoudre, il n'y a pas de startup.
07:07Tu l'as parfaitement illustré dans l'histoire que tu nous as racontée.
07:11Ton pitch, en plus, je l'ai trouvé très touchant,
07:13parce qu'il part déjà d'une histoire personnelle,
07:15t'expose bien le problème et on se rend compte que le problème qui est le tien,
07:18il concerne un grand nombre de personnes.
07:20C'est ce que tu disais tout à l'heure.
07:22C'est 12 000 pharmacies aujourd'hui qui le distribuent.
07:25Il y a une vraie traction autour de ce que tu fais,
07:27et en plus, c'est produit en France.
07:28Donc bravo. La question que je voulais te poser,
07:30c'est que tu faisais quoi avant de monter cette boîte ?
07:32Parce qu'on ne s'improvise pas, chef d'entreprise.
07:34Ce que je comprends, c'est que c'est né d'une rencontre
07:36entre un chercheur, ou en tout cas un docteur, et toi.
07:42Qu'est-ce que tu faisais avant ?
07:43Et comment tu fais aujourd'hui pour développer ta boîte ?
07:45Et comment tu en vis ?
07:48Quand on me découvre diabète, je suis sportif de haut niveau.
07:51Ensuite, je travaille parallèlement pour une société
07:53qui commercialisait des logiciels pour l'imagerie médicale.
07:56Je traînais un petit peu les hôpitaux.
07:58Dans cet univers.
07:59Quand je rencontre ce médecin,
08:02derrière, quand j'ai dit qu'il ouvre son service,
08:05il nous ouvre l'accès au laboratoire, aux pharmaciens de l'hôpital.
08:09Effectivement, on est parti d'une feuille blanche.
08:12Concrètement, une vraie feuille blanche.
08:15Il a fallu s'intéresser, s'ouvrir,
08:20en tout cas se poser les bonnes questions.
08:26Autant le choix d'entreprenariat que le développement de cette solution
08:29s'est fait conjointement.
08:31Et là maintenant ?
08:33Vous êtes toujours dans cet univers médical ?
08:35Non, je travaille uniquement sur Capteur Protect
08:39depuis maintenant trois ans.
08:41Et vous arrivez à en vivre ?
08:43Tout à fait, on est une équipe de 14 salariés.
08:45On arrive à en vivre.
08:47On fait des choix pour rester chez nous,
08:52tant qu'on peut l'être.
08:55C'est une volonté.
08:57Au niveau de la société.
09:00Il n'y a pas de crise de capitaux ?
09:02On n'est pas fermé à ça,
09:04mais souvent ça peut faire très peur,
09:06sur des fonds d'investissement ou des choses
09:08où on a peut-être des mauvaises images reçues.
09:12Mais en tout cas, jusqu'à présent,
09:14sur notre développement qu'on avait en France
09:16et maintenant à l'Europe,
09:18on a tenté de joindre l'aventure seul.
09:20Mais effectivement, ce choix-là
09:24a fait qu'on limite les dépenses.
09:27Tu disais que le capteur c'était 60€ ?
09:29Ça coûte combien un patch ?
09:31Un patch, on est autour de 2,50€,
09:34donc c'est des boîtes de 4,
09:36c'est 10€ pour deux mois d'usage.
09:38Ça vaut le coup d'investir dans un patch
09:40sans capteur à 60€, c'est très clair.
09:44Je crois que tu as des ambitions
09:46en plus de déploiement à l'international.
09:48Oui, c'est l'une de ces demandes.
09:50Déjà pour t'accompagner,
09:52je pense que tu as déjà rencontré BPI,
09:55mais ils ont des aides d'accompagnement
09:57à l'export notamment.
09:59Ça s'appelle l'ADE,
10:01aide au développement à l'export.
10:03Je t'invite vraiment à aller consulter
10:05pour pouvoir bénéficier de subventions
10:07qui vont te permettre de couvrir
10:10pour aller chercher des relais financiers.
10:12Bien sûr, tu as le prêt bancaire,
10:14mais c'est ce que tu as déjà utilisé.
10:16On peut continuer comme ça.
10:18D'ailleurs, il y a plein d'entrepreneurs
10:20qui se développent sans jamais ouvrir leur capital.
10:22Ça fonctionne aussi, ça s'appelle
10:24des entrepreneurs qui utilisent le bootstrap.
10:26En tout cas, ils continuent à se développer
10:28avec leur chiffre d'affaires.
10:30Sinon, tu as des business angels
10:32qui sont spécialisés dans ton secteur,
10:34je pense notamment à Angel Santé.
10:36Je ne sais pas si tu les as croisés,
10:39et ça peut être intéressant de les rencontrer
10:41à la fois pour aller chercher un petit peu d'investissement,
10:43mais aussi pour connaître leur réseau.
10:45C'est bien souvent des professionnels
10:47du monde de la santé ou des médecins.
10:49Je trouve que dans le sujet qui est le tien,
10:51ça peut faire sens.
10:53Et enfin, peut-être dernière chose
10:55que j'aimerais partager avec toi,
10:57c'est que nous-mêmes, on a monté un club
10:59d'entrepreneurs business angels.
11:01Là aussi, c'est intéressant de venir les rencontrer
11:03pour regarder un petit peu comment...
11:05Il faut venir un peu plus voir le village.
11:07Ou venir voir ceux qui peuvent t'aider
11:09et qui ont le même état d'esprit
11:11qu'il y a le tien, celui d'un entrepreneur
11:13dans le secteur de la santé.
11:15Pour compléter, effectivement,
11:17quand je dis qu'on voulait rester chez nous,
11:19aujourd'hui, la recherche qu'on va faire
11:21sur une ouverture de capital,
11:23ce sont des gens qui sauront nous accompagner
11:25pour passer des étapes supplémentaires
11:27comme l'internationalisation.
11:29Vous êtes de combien, Samir ?
11:31On est de l'ordre d'un peu plus d'un million d'euros
11:33sur grosse tranche.
11:35Et, en tout cas,
11:37sur notre développement hors US.
11:39Parce que, comme je le disais, on va rechercher
11:41des gens qui vont pouvoir nous accompagner
11:43pour le développement US,
11:45qui nécessitent un autre montant de levée de fonds.
11:47Eric Hunecker, c'est faisable.
11:49Vous êtes le pro des levées de fonds, quand même.
11:51On a fait un certain nombre de levées de fonds.
11:53Beaucoup, mais vous pouvez nous les raconter.
11:55Vous allez nous les raconter, après la musique.
11:57Mais c'est faisable, un million d'euros ?
11:59Oui.
12:01Quand on a un problème à résoudre,
12:03quand on a de la traction,
12:05quand on est capable de montrer qu'on a
12:07une traction, une croissance
12:09de chiffre d'affaires,
12:11des fondamentaux, des personnes solides à la tête,
12:13rien ne nous empêche.