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Avec Joseph Peraldi, combattant pour l'indépendance corse (ancien bras armé de Corsica Viva) et Frédéric Ploquin, auteur de "Confessions d'un patriote corse"

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Transcription
00:00Avant cela, la vérité sur une histoire de vie complètement dingue,
00:04avec des mystères révélés sur les services secrets français,
00:08la cavale de Colonna et bien d'autres choses,
00:11avec les confessions de Jean Péraldy, l'une des figures corse de ces 40 dernières années.
00:18Son livre est dans le top 5, je vous le disais, des ventes.
00:21Ça se lit comme un roman, co-écrit avec Frédéric Ploquin,
00:24confessions d'un patriote corse des services secrets français ou FLNC.
00:30Bonjour Jean Péraldy.
00:32Bonjour.
00:33Merci d'être avec nous.
00:34Bonjour Frédéric Ploquin.
00:35Bonjour à vous.
00:36Je le disais, vous nous racontez tout sur la Corse du Maquis,
00:40la cavale de Colonna, les échanges avec les policiers, avec Gaston Defer,
00:45maire de Marseille, à l'époque ministre de l'Intérieur,
00:48patron de la Provence également, qui a été votre patron,
00:50parce que vous étiez, vous allez nous dire si c'était une couverture ou pas,
00:53mais j'ai l'impression que non, c'est ce que vous racontez.
00:55Vous étiez quand même journaliste, photographe de presse
00:58et vous avez eu accès, à un certain moment donné, à des situations complètement dingues.
01:05Et puis vous parlez aussi, Charles Palsqua, des règlements de comptes en Corse.
01:10Je ne sais pas si ça va vous parler, Orsonis, Antonis,
01:12en fait tous ces gens qui ont été tués par balles, abattus,
01:15les fameux règlements de comptes entre les deux camps.
01:17Bien sûr, FLNC, Canal Historique et puis les autres.
01:23J'opère Aldi, pourquoi aujourd'hui raconter en fait tout cela ?
01:28Et est-ce que vous ne risquez rien d'ailleurs, en révélant tout cela ?
01:31Notamment sur la cavale de Colonna, parce que quand on lit ça,
01:35moi je me suis beaucoup intéressé à ça,
01:37mais je n'avais jamais vu et jamais lu ce que vous écrivez.
01:41Vous ne risquez rien aujourd'hui ?
01:44Non, absolument pas. Enfin du moins je l'espère.
01:46Je ne vois pas, car l'ensemble des gens qui ont pu l'aider,
01:51qui ont pu le cacher dans des appartements,
01:53n'ont jamais été poursuivis.
01:55Ils sont passés devant la justice et acquittés.
01:57On n'a pas eu de suite.
01:59Donc si vous voulez, aujourd'hui Yvan Colonna est mort.
02:02Donc je crois que l'affaire s'arrête là.
02:05Et puis de la manière dont il a été condamné.
02:08C'est vrai qu'il avait été condamné pour l'assassinat du préfet.
02:12Mais toujours est-il qu'il a été tué dans une prison
02:15de la manière la plus inimaginable.
02:19Par un radicalisé qui avait reçu l'ordre de nommer Ali
02:26qui était dans les attentats de 95 à Paris.
02:30Et il a vu ce gars en disant
02:32« Colonna a blasphémé le prophète, il faut l'éliminer ».
02:36Il est vrai qu'Yvan Colonna ne voulait pas entendre parler de religion.
02:39Il lui a fait comprendre que toutes les religions ne l'intéressaient pas.
02:43On est sûr, ça Frédéric Ploquin, de ce qui s'est passé précisément pour Colonna.
02:49Parce que j'ai vu l'enquête et tout, mais tout de même...
02:52Même si ça se passe dans le huis clos d'une prison,
02:54on a réussi à reconstituer à peu près les faits.
02:57Et c'est assez simple finalement.
02:59L'anomalie énorme que l'Etat s'est autorisée,
03:03que l'administration pénitentiaire s'est autorisée,
03:06c'est que normalement, comme l'explique très bien Jean-Pierre Hardy,
03:10un détenu radicalisé de la sorte, qui est particulièrement surveillé,
03:14n'a pas à avoir ce statut d'auxiliaire qui lui permet de circuler un peu partout,
03:18« d'oxy » comme on dit en prison,
03:20et d'amener les plats cuisinés aux uns et aux autres,
03:23et de circuler à droite à gauche.
03:25Donc l'anomalie énorme, c'est qu'en fait cet individu
03:28qui a assassiné Yvan Colonna en prison,
03:32cet individu n'aurait jamais dû avoir cette liberté de mouvement
03:35qui lui a permis de passer à l'acte.
03:37— On l'a fait passer à un moment donné pour un déséquilibré et tout, non ?
03:40— C'est ce qu'il essaye de faire croire.
03:42D'ailleurs aujourd'hui, tous ceux qui font des actes, plus ou moins même,
03:45y compris ceux qui sont dans la rue aujourd'hui,
03:47on a toujours la tendance à dire que c'est un déséquilibré.
03:50Bon, c'est un prétexte pour ne pas essayer d'échapper à la justice.
03:55— Alors que pour vous, on verra aussi comment...
03:58— Pour moi, il est radicalisé, il l'a tué suite à cette affaire.
04:04— C'est toujours en cours, ça, non ?
04:06— Oui, il y a un grand mutisme sur la suite de cette affaire, on n'entend plus parler.
04:11— Il y a une vraie attente en Corse.
04:13— Il y a une attente en Corse.
04:14— Il y a une vraie attente sur la suite, sur le procès.
04:16Il doit y avoir un procès.
04:18— Non mais c'est pour ça, c'est en cours.
04:20— On ne sait pas dans quelle prison il est, on ne sait pas où en est l'enquête,
04:24on ne sait pas quand il sera jugé.
04:26Il y a une attente terrible en Corse.
04:28— Mais cette mort a vraiment beaucoup contribué au fait que Joe Peraldi et moi-même,
04:34à un moment donné, décidions de faire ce livre.
04:36— Pourquoi ?
04:38— Vous savez, c'est venu le jour où le drame est arrivé.
04:42Pour moi, c'est un drame, ce qui n'aurait jamais dû arriver,
04:44comme l'a expliqué Frédéric, dans une prison.
04:46Le monde nationaliste, les familles nationalistes ont protesté,
04:50ont même commis des actes très durs en Corse.
04:53Et au troisième jour, ces familles nationalistes se sont accusées les unes les autres
04:58pour récupérer politiquement la mort d'Ivan Colonna.
05:01Moi qui l'ai connu, je l'ai vu arriver très jeune dans son village de Cargèze,
05:05il rentrait de Nice alors que le père était...
05:07— Oui, oui, ce que vous racontez dans le livre, bien sûr.
05:09— Donc cette récupération politique m'a heurté.
05:13Au moment où le bloc nationaliste doit se former derrière cette mort
05:17et protester ensemble, avoir cette union, on s'est déchiré un peu plus.
05:22Et ça, je ne l'ai pas accepté.
05:24Et j'ai voulu, comme je le dis, remettre l'Église au centre du village.
05:28Et régler... Et là, j'ai dit à Frédéric.
05:31Frédéric, on fait le livre.
05:33Et c'est parti de là.
05:34Sinon, je n'avais pas trop envie de dévoiler certaines choses.
05:37Mais enfin, j'ai fait le livre.
05:38— Qu'est-ce que vous n'aviez pas envie de dévoiler ?
05:40L'opéra dit...
05:41— À 84 ans, est-ce qu'on peut faire un livre comme ça ?
05:44Est-ce qu'on a... C'est pas...
05:45— Ça ressemble à... Vous êtes toujours en vie, Dieu merci.
05:48— Je ne sais pas si j'ai dit ce mot, mais ça ressemble à un livre testament.
05:50Voilà ce que j'ai fait.
05:52— Non, c'est plus pour mettre les choses au point.
05:55Ceux qui liront le livre, qui sont en Corse...
05:57— Ah bah je vous invite.
05:58— ...comprendront.
05:59— En Corse et puis ailleurs.
06:00— Et ailleurs.
06:01Comprendront dans les sous-entendus et à travers les lignes.
06:05Comprendront qu'ils sont visés et que maintenant, il faudrait peut-être...
06:09Voilà. Écrire... J'ai écrit une page d'histoire.
06:11Mais pas toute l'histoire.
06:13Une grande page d'histoire.
06:20Sous-titrage Société Radio-Canada
06:50Sous-titrage Société Radio-Canada
07:20Sous-titrage Société Radio-Canada
07:50Sous-titrage Société Radio-Canada
08:20Sous-titrage Société Radio-Canada
08:50Sous-titrage Société Radio-Canada
09:20Sous-titrage Société Radio-Canada
09:50Sous-titrage Société Radio-Canada
10:21Sous-titrage Société Radio-Canada
10:419h10, Sud Radio.
10:44La vérité en face.
10:46Patrick Roger.
10:47— La vérité en face, ce matin.
10:49Tout à l'heure, on va parler de Marine Le Pen après 9h30.
10:51Juste avant ça, Joe Peraldi et Frédéric Ploquin pour ce livre
10:55« Confessions d'un patriote corse des services secrets au FLNC » aux éditions Fayard.
11:00Vous allez dire « Oui, ces histoires corses, on a lu beaucoup de choses autour, ça ne m'intéresse plus. »
11:06Eh bien si, lisez ce livre parce qu'on apprend énormément de choses
11:09et ça se lit en plus comme un roman, mais un roman réel, bien sûr.
11:14Je le disais, vous étiez un des boss.
11:17C'est vrai, du FLNC, vous avez essayé d'éviter aussi du bain de sang
11:24parce qu'il y a eu beaucoup de morts, mais il y aurait pu en avoir beaucoup plus dans les règlements de comptes.
11:29Entre les deux factions.
11:34D'ailleurs aussi, au passage, ce qui nous ramène à aujourd'hui,
11:38où l'une des plaies de notre société, c'est le trafic de drogue,
11:43à un moment donné, il y a les deals, il y a la drogue qui circule là-bas,
11:47et c'est vous, les autonomistes, qui faites le ménage, non ?
11:51– Les nationalistes.
11:52– Les nationalistes, je précise, les autonomistes, bon, d'accord, on ne va pas en revenir dessus.
12:00– En 1980, nous nous rendons compte que la Corse est touchée par l'arrivée de la drogue,
12:06alors que ça n'a jamais été le cas.
12:09Bon, pour nous, c'était quelque chose de très grave,
12:12ça allait pourrir nos enfants, ça allait les intoxiquer,
12:14donc on a dit, pas question de laisser rentrer la drogue.
12:17Et le FNNC décide, collectivement, bien entendu, avec une réunion où il y avait l'ensemble des responsables,
12:23de créer un groupe qui s'appelait A Drogue A Vos, c'est-à-dire la drogue dehors,
12:29et le but était d'éradiquer tous les trafiquants et tous les gros dealers, c'est ce qui s'est fait.
12:34En l'espace de 8 mois, il y a eu 17 ou 18 personnes assassinées, y compris des Corses.
12:41Ce n'était pas en fonction de leur nationalité.
12:43– Et que vous disiez ? Alors, il n'y avait pas de négociations directes,
12:47quoi que l'on apprenne, on apprend dans votre livre que finalement,
12:51avec les autorités, ça discutait, d'une manière soit secrète, soit pas.
12:56– Oui, il y avait des passerelles, il y avait des passerelles, comme on dit.
12:58– Bah oui, que ce soit Charles Pasqua ou Gaston Defer.
13:02– Charles Pasqua, c'était plus de la manipulation vis-à-vis de nous, donc on s'en méfiait,
13:06mais il y avait des gens sincères, il y avait également le Grand Orient,
13:09on avait des amis qui étaient… – Grand Orient, donc à la France de l'Orient, Paris.
13:13– Grand Orient, qui a continué plus tard.
13:16Il y avait aussi de gros fonctionnaires de police qui s'engageaient à discuter,
13:20à faire remonter les messages que nous avions.
13:24Voilà, ils le faisaient, mais sans… voilà, ça s'est très bien passé.
13:28– Qu'est-ce que vous apprenez, vous, Frédéric Plockin,
13:30qui connaissait parfaitement les rois, justement, de la police, de la gendarmerie,
13:35avec parfois des trafiquants, parfois des mafias.
13:38Donc là, en l'occurrence aussi avec les nationalistes, pas les autonomistes, de Joe Peraldi.
13:44Qu'est-ce que vous avez appris à travers vous, cette enquête, en rédigeant en fait ce livre ?
13:48– Tout, parce qu'en réalité, l'EFLNC, c'est une légende, c'est quelque chose,
13:53c'est une organisation clandestine qui est admirée, mais tout à fait méconnue.
13:58Et là, on amène vraiment le lecteur, et moi je me suis retrouvé dans l'arrière-cuisine,
14:02dans les arrières-salles, sur la manière à la fois dont on recrutait,
14:07dont Joe Peraldi triait les jeunes, cherchait à voir qui pouvait ou pas rentrer dans l'organisation,
14:13parce que c'est quand même pas n'importe quoi de s'engager là-dedans,
14:16on voit ce que ça vit tous les jours, il faut savoir ne pas raconter ce qu'on fait.
14:23Donc toute cette organisation-là n'avait jamais été racontée,
14:26et au-delà de ça, il y a effectivement les négociations avec l'État,
14:28le rôle de certains grands flics qui, là-dedans, ont joué plutôt les intermédiaires
14:33à un moment donné pour pacifier les choses.
14:35Et en fait, Joe Peraldi nous permet de découvrir ce qu'était vraiment cette organisation,
14:41quels étaient ses buts, et il y a des choses qui...
14:44Je veux dire, le fait par exemple que la France n'était pas l'ennemi,
14:48la France n'était pas le principal ennemi, on va dire, du FLNC,
14:52le principal ennemi c'était les clancords, ça on le sait pas,
14:55le fait qu'à un moment donné, Joe Peraldi, pratiquement avec ses amis de lutte,
15:01va affronter directement la mafia italienne qui est en train de pourrir un coin du sud de l'île,
15:06de privatiser une petite île, et que là, raconte-nous, à un moment donné, vous y allez ?
15:12– Oui, absolument, l'île de Cavallo avait été ce qu'on appelait l'île des milliardaires.
15:16En réalité, il y avait la mafia italienne derrière,
15:18et l'argentier de la mafia italienne était un nommé Lilio Loricelli,
15:23lequel, bon, a été tué quelques années plus tard au Venezuela.
15:27Bon, ça c'est une autre histoire.
15:29Et si vous voulez, on ne pouvait pas aborder l'île.
15:33Si vous avez une famille, vous vouliez pique-niquer avec un bateau,
15:35vous arriviez à vous mettre sur le bord,
15:36il y a des vigiles armés qui vous demandaient de repartir.
15:40C'était un lieu qui avait été annexé, qui appartenait à la mafia et à l'Italie presque.
15:45Bon, devant les injonctions, parce que l'île se trouvait quand même
15:50être la municipalité de Bonifacio.
15:53Et malgré les injonctions, à la fois duprès des préfets,
15:56de la autorité préfectorale, ils ne répondaient à rien.
16:00Donc nous décidons, nous, un jour, dans la nuit du 5 au 6 janvier 1990,
16:0511 personnes se mettent sur 4 zodiacs dans une tempête épouvantable,
16:09la grêle, la pluie, tout ce que vous voulez,
16:10nous avons débarqué.
16:12– Et vous avez fait le ménage.
16:13– Et nous avons démoli, détruit l'ensemble des centres vitaux de l'île.
16:21On aurait dit que l'île avait été bombardée du ciel dans la nuit.
16:24Il y avait eu 14 grosses charges importantes,
16:27reliées par 800 mètres de cordon détonant,
16:30enfin ça c'est le spécialiste qu'on prendra.
16:33Voilà, qui ont sauté les unes après les autres
16:35et qui ont détruit complètement l'île.
16:36Et là, les autorités ont peu retrouvé.
16:43L'île aujourd'hui est sous contrôle de la mairie de Bonifacio
16:46et sous contrôle de l'État, y compris ce qu'on appelle la CDC maintenant,
16:52qui vient de préempter sur un terrain de 6 hectares.
16:55– C'est une opération dantesque.
16:56– C'est une opération complètement dantesque.
16:58– On voit que vous étiez quand même super organisé.
17:01À un moment donné, vous enterrez l'un des vôtres,
17:06je ne sais plus si c'est dans votre camp ou dans un autre camp,
17:09et il y a les policiers qui veulent intervenir à la sortie
17:12pour arrêter, interpeller les cagoulés qui portent le cercueil.
17:17Et vous aviez prévu, si jamais ils étaient intervenus,
17:20vous aviez prévu un plastiquage d'un pont pendant la nuit
17:23et ils ne seraient pas repartis vivants,
17:24il aurait pu y avoir des dizaines et des dizaines de morts.
17:26– Je vous le dis, ça se passe dans un petit village nommé Stéphane Gard,
17:30un village après Cargès,
17:33et il y avait un gars qui avait sauté sur la bombe,
17:36bon, il avait mauvaise manipulation,
17:39il saute sur sa bombe, il y a les obsèques en lieu,
17:41il y a cinq ou six cents gendarmes qui encerclent le village,
17:46et au moment, parce qu'ils craignaient que les honneurs militaires
17:49seraient rendus à la sortie de l'église, c'est ce qui s'est fait.
17:53Les hommes cagoulés sont sortis en portant le cercueil,
17:55et il y a M. Mancini, l'ancien préfet de la police,
17:58qui se précipite et essaye d'en arracher la cagoule
18:02à un des porteurs responsables qui dirigeait le groupe.
18:05Et à ce moment-là, qu'est-ce qui s'est passé ?
18:08Tout le monde s'est précipité pour empêcher,
18:12il ne fallait pas qu'il soit lynché.
18:14Il y a Piero Poggio, pour citer son nom,
18:17qui est le premier protégé.
18:19Et moi, je dis à des gens qui sont autour de moi,
18:21malgré mes appareils photos,
18:23je dis protégez-le, il ne faut pas qu'il lui arrive quoi que ce soit.
18:25– Sinon c'était… – Il aurait lâché.
18:27– Oui, il aurait lâché, ça aurait été intéressant.
18:30– Ensuite, compte tenu, je termine sur le pont,
18:33s'il y avait eu une charge des gendarmes,
18:37qui étaient beaucoup plus nombreux et armés, il fallait voir, équipés,
18:41il fallait arriver au village, il fallait passer sur un pont.
18:44Et on avait mis 300 kilos dans la nuit,
18:46si la charge se faisait, on gardait les gendarmes,
18:49ils ne pouvaient plus revenir sur la route.
18:51– Voilà, c'est ça.
18:52– On faisait sauter au pont.
18:52– Non mais c'était une sacrée organisation.
18:54Sacrée organisation aussi pour la cavale de Colonna quand même,
18:57que vous racontez.
18:58Alors, je ne vais pas tout dévoiler,
18:59parce que les auditeurs vont lire ce livre,
19:02mais c'est vous, ou vous le mettez dans une quatre ailes
19:07d'un couple de papy, Colonna, avec quelqu'un d'autre
19:11qui a un peu aussi l'apparence de ce papy.
19:13– Absolument l'apparence.
19:15– Et comme ça, vous déjouez en fait un peu tout pour aller planquer.
19:17– On est passé par la route principale
19:19où il y avait l'ensemble des forces de police,
19:21il y en avait, on peut voir, par centaines.
19:22– Oui, oui.
19:23– Il y avait un ouvreur de route avec un motard
19:26qui était très grand, parce qu'Yvon Colonna étant petit,
19:29le motard aurait été arrêté si l'homme avait été petit,
19:32il avait un casque, bon.
19:33– Et à plusieurs reprises, vous racontez, Jean-Pierre a dit,
19:35que Colonna, il a failli se faire coffrer,
19:37se faire notamment quand il était employé dans un restaurant, etc.
19:42Et quand il a été interpellé, vous, vous n'étiez plus…
19:47– Non, j'ai été arrêté le 26 février 2000,
19:52donc j'étais plus, après 9 mois…
19:54– Et il y a eu beaucoup d'erreurs.
19:55– Énormément.
19:56– Énormément d'erreurs.
19:57Si vous n'aviez pas été emprisonné,
20:00vous auriez pu éviter évidemment qu'il y ait la capture de Colonna ?
20:04– Absolument.
20:05– Parce qu'il ne fallait pas parler, c'était ça pendant les gabarits.
20:07– Il fallait maîtriser les consignes de sécurité
20:10qu'il y a dans ce qu'on appelle le circuit d'une cavale.
20:12– Oui, c'est ça.
20:13– Si on sort de là, et si on commence à l'amener hors du circuit,
20:17là il y a des dérives qui se font, on ne respecte plus,
20:20on tombe dans des habitudes,
20:21on peut peut-être même faire des soirées avec des amis, soi-disant,
20:25mais bon, il y a peut-être des photos qui se font.
20:27– Et c'est pour ça qu'il a été évidemment suivi dans cette bergerie.
20:30– Et surtout dans une bergerie,
20:31c'est le dernier endroit où il fallait le mettre.
20:34– Oui, parce qu'évidemment, les autorités, les policiers savaient
20:37qu'il pouvait aller dans une bergerie.
20:40On a cru à un moment donné qu'il était en fuite à l'étranger, au Venezuela, etc.
20:45Pourquoi vous n'avez pas organisé la fuite de Colonna à l'étranger ?
20:48– Non, il ne voulait pas.
20:49– C'est lui qui ne voulait pas ?
20:50– C'est lui qui ne voulait pas.
20:51– Et vous, vous étiez favorable à ça ou pas ?
20:53– On aurait pu.
20:54– Oui.
20:54– Par exemple, le Venezuela, la Floride,
20:58j'ai vu, il y a beaucoup de liens entre la Corse et la Floride, Miami.
21:02– Non, pas jusque-là, mais peut-être jusqu'à l'Amérique du Sud, certainement.
21:06– Oui, certainement, oui.
21:07Et c'est lui qui jamais ne voulait pas partir.
21:10– Il ne voulait pas quitter la Corse.
21:11– Il ne voulait pas quitter la Corse, quoi.
21:12– Oui, il était tellement attaché à la Corse qu'il ne voulait pas.
21:15– Oui, c'est ce qui a conduit à son arrestation.
21:19Un dernier mot, Jean-Pierre Aldi, quand vous voyez la Corse aujourd'hui,
21:23il y a eu des négociations ces dernières années
21:26pour aller vers une forme d'autonomie, de certaines fonctions.
21:32Quel regard vous portez ?
21:33– Si vous voulez, l'autonomie, c'est ce pour quoi j'ai milité toute ma vie,
21:37avec beaucoup d'autres, on n'était pas indépendantistes.
21:39Et comme le disait Frédéric en un instant,
21:41nous n'avons jamais, qu'on appelle, combattu la France en tant que telle.
21:45Nous avons combattu le système d'État,
21:48qui protégeait les gens qui voulaient vivre comme une république bananière.
21:51Ça, c'est sûr, mais jamais la France. Jamais.
21:55Donc, si vous voulez, aujourd'hui,
22:02il y a un espoir d'avoir l'autonomie de plein exercice.
22:06– L'autonomie, ce n'est pas l'indépendance, il faut bien le dire.
22:08– L'autonomie de plein exercice, si vous me permettez,
22:10c'est que, rapidement, il y a trois volets, trois piliers principaux.
22:13Le premier pilier, c'est le régalien, qui appartient à l'État qu'à l'État.
22:19Le deuxième volet, c'est la responsabilité partagée,
22:22d'une région ou d'une île, ou de ce que vous voulez,
22:26qui discute sur les parcs, donne la participation de l'État en aide, et ainsi de suite.
22:32L'Europe, et ainsi de suite.
22:33Et le troisième volet, c'est le pouvoir législatif.
22:36Nous pouvons utiliser les voies, les lois existantes,
22:41les modifier de façon réglementaire, et les adapter aux besoins de la Corse,
22:44sans repasser par Paris.
22:47Et là, nous avons peut-être des possibilités d'améliorer la situation.
22:50– Vous pensez qu'un jour, Jean-Pierre Aldi, la Corse aura son autonomie ?
22:54Pas son indépendance, mais son autonomie.
22:56– Son indépendance, il n'en est pas question.
23:00Si on veut être dépendant demain d'un autre pays, on ne va pas aller jusque-là.
23:03– Jusque-là.
23:04Merci en tout cas, Jean-Pierre Aldi, Frédéric Polquin,
23:07confession d'un patriote corse, des services secrets français au FLNC,
23:11aux éditions Fayard.
23:12On a raconté quelques-unes des histoires qui sont dans ce livre,
23:15réelles bien sûr, mais il y en a beaucoup d'autres,
23:18ça se lit, je vous le disais, comme un roman.
23:20Sauf que c'est 40 ans évidemment, alors ça va passionner les Corses.
23:24J'imagine que dans chaque foyer corse, on va acheter en fait ce livre,
23:26mais pas seulement bien sûr, tous ceux qui ont suivi ce développement,
23:32il y a énormément de choses, c'est très riche.
23:34Bravo Frédéric Polquin aussi, parce que vous,
23:36vous êtes un grand spécialiste des affaires, évidemment,
23:39en police-justice, une grande plume, et vous avez été un œil,
23:42en fait, assez incroyable, reporter, photographe, mais également…
23:46– On forme un binôme, en fait, on forme un binôme qui fonctionne très bien.
23:49– Bon, bon, bon, allez, dans un instant, notre débat du vendredi,
23:53Éric Tagnère et Alex Darmon, autour de Marine Le Pen dans la tourmente.

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