Michel Barnier agite la menace du blocage, et même du chaos politique en cas de chute de son gouvernement : les Socialistes voteront-ils la censure ? Regardez l'interview de Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, député PS des Landes.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 28 novembre 2024.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 28 novembre 2024.
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00:00Et tout de suite c'est l'invité de RTL Matin, Thomas vous recevez Boris Vallaud, député des Londres, il est aussi le président du groupe socialiste à l'Assemblée.
00:11C'est l'histoire d'un homme qui tombe d'un immeuble de 50 étages. Le mec au fur et à mesure de sa chute, il se répète sans cesse pour se rassurer.
00:20Jusqu'ici tout va bien. Jusqu'ici tout va bien. Jusqu'ici tout va bien. Mais l'important c'est pas la chute.
00:30C'est l'atterrissage.
00:32Bonjour et bienvenue sur RTL Boris Vallaud.
00:34Merci.
00:35L'important c'est pas la chute, c'est l'atterrissage, vous avez reconnu l'extrait du film La Haine.
00:38Le mec qui chute c'est Michel Barnier, son gouvernement.
00:40Et les responsables de la chute c'est vous tous, députés de gauche, de droite et d'ailleurs.
00:44Est-ce bien raisonnable, est-ce bien responsable Boris Vallaud ?
00:48Il faut poser la question de où est la responsabilité première de cette situation.
00:54Elle n'est pas collective.
00:55Non, vous savez, je n'ai pris pour ma part et pour ce qui est de la gauche et des socialistes
01:01aucune part dans la décision de dissoudre l'Assemblée Nationale.
01:05Et au fond, de la mettre dans cette situation politique et institutionnelle intenable.
01:10Nous n'avons pas non plus de part de responsabilité dans les 60 milliards de dérapages budgétaires
01:16que nous avons constatés à la fin de cette année.
01:20Nous ne sommes pas d'ailleurs responsables non plus des 50 milliards de baisses d'impôts non financées
01:24qui manquent chaque année au budget de la nation.
01:2660 milliards d'un côté, 50 milliards de l'autre.
01:28Vous êtes tous face à une situation qui existe.
01:30Précisément, on va y venir.
01:32Le Premier Ministre, et on reviendra sur la rencontre que nous avons eue avec Patrick Cannaire hier à Matignon.
01:38Le Premier Ministre, il y a quelques semaines, prétendant changer de méthode,
01:42pose sur le bureau de l'Assemblée Nationale les projets de budget.
01:45Budget de l'État, budget de la Sécurité Sociale.
01:47Il dit qu'ils sont perfectibles.
01:49Il nous invite donc à un travail parlementaire et à améliorer ce budget.
01:55C'est ce que nous avons fait.
01:57Quand je dis que c'est ce que nous avons fait, c'est ce que le groupe socialiste et les parlementaires socialistes ont fait,
02:00c'est ce que toute la gauche a fait.
02:02Mais nous n'avons pas vu dans l'hémicycle, par exemple, le socle commun.
02:06Qui est donc l'espèce de majorité relative qui se met à peu près d'accord pour soutenir le gouvernement.
02:10Qui est étendument la base qui soutient le gouvernement.
02:15Elle n'est pas venue. Elle a déserté. Elle s'est planquée.
02:17Et quand elle est venue, ça n'est qu'avec un seul objectif, un seul mot d'ordre.
02:21La défense du bilan d'Emmanuel Macron.
02:24En tout cas, pour une part.
02:26C'est-à-dire protéger de la nécessité de participer plus et mieux à la solidarité nationale,
02:33les grandes fortunes, le monde de la finance et les grandes entreprises.
02:37Défendre une politique de l'offre qui ne marche pas ou qui ne marche plus.
02:41Mais qu'est-ce qu'il vous a dit hier, Michel Barnier ?
02:43Écoutez, je vais vous dire, on est arrivé avec Patrick Cannaire.
02:47Bien normal, nous répondions à l'invitation du Premier ministre.
02:52Le Premier ministre a commencé son entretien en disant comment voulait qu'on procède.
02:55On lui a dit, écoutez, Monsieur le Premier ministre, vous avez demandé à nous rencontrer.
02:58C'est peut-être que vous avez des choses à nous dire.
03:00La vérité, c'est qu'il n'avait pas grand-chose à nous dire.
03:03Il n'avait rien à nous dire.
03:04Rien de neuf.
03:05Nous lui avons rappelé ce que nous avions défendu dans l'hémicycle pendant plusieurs semaines.
03:10Nous lui avons rappelé que nous avions souhaité épargner les classes populaires et les classes moyennes
03:15des efforts d'économie qui étaient demandés.
03:19Que nous avions souhaité mettre à contribution ceux qui, à certains égards,
03:22sont les passagers clandestins de la solidarité nationale,
03:25les multinationales, les très grandes fortunes et le monde de la finance.
03:29Je l'ai déjà eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises,
03:31le taux d'effort fiscal des milliardaires est inférieur à celui d'un homme ou d'une femme
03:36qui rentre dans la première tranche de l'impôt sur le revenu.
03:38Nous lui avons dit que, s'agissant du budget de la sécurité sociale,
03:41ça n'est pas rien, nous voulions épargner les malades des efforts.
03:44Nous voulions soutenir résolument l'hôpital public et les EHPAD.
03:48Et tous, ou à peu près, sont en déficit aujourd'hui.
03:50Vous êtes comme Marine Le Pen.
03:51En fait, vous dites, il nous a vus, mais il ne nous entend pas, c'est ça ?
03:53Mais oui, il n'avait pas grand-chose à nous dire.
03:55Et alors, attendez, parce que c'est quand même tout à fait intéressant.
03:58Il avait l'air de connaître nos propositions.
04:01J'attendais le moment où il allait dire, oui, peut-être qu'on peut reprendre ça ou ça.
04:06Non, l'aveu un peu désenchanté et accablé qu'il a fait,
04:11c'est que, si certaines de nos propositions pouvaient lui apparaître intéressantes,
04:15tout pas vers nous fracturait son socle commun, son bloc central sur lequel il repose.
04:21Donc, pardon, mais votre projet, le plus immédiat,
04:23ça reste de faire tomber le gouvernement le plus vite possible ?
04:25Mais mon projet, c'est un changement de ligne politique.
04:28C'est épargner les Françaises et les Français.
04:30Celle pour laquelle les fins de mois, ce n'est pas le 30, mais c'est le 15, le 20 de ces efforts.
04:35La réponse est où ? C'est de changer de gouvernement.
04:37C'est changer de ligne, c'est changer de Premier ministre,
04:40et c'est surtout changer de budget.
04:42Mais il y en avait la possibilité.
04:44À quoi sert le débat parlementaire ?
04:46À quoi sert cette promesse de changement de méthode,
04:48si la réalité, c'est qu'il n'y en a aucune ? Aucune !
04:51J'ai fait reproche aussi à M. Barnier de ne pas l'avoir entendu.
04:54Vous n'avez pas peur d'être tous perdants là-dedans ?
04:57Marie-Lise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, était là il y a quelques jours,
04:59elle disait, mais les Français, ça leur passe au-dessus de la tête.
05:02Vous savez, on a les agriculteurs qui sont à bout,
05:04on a les plans de licenciements qui se multiplient,
05:06on risque de compter les chômeurs en centaines de milliers dans les mois prochains,
05:08l'immobilier est au bord du gouffre, l'hôpital est exsangue,
05:10le trafic de drogue pourrit la vie de millions de Français,
05:12on emprunte aujourd'hui au même taux que la Grèce,
05:15et vous tous, votre projet, c'est de dire, on va faire tomber le gouvernement.
05:18Mais Thomas Soto, notre projet n'est pas celui-là.
05:21Notre projet est de donner à l'hôpital les moyens de fonctionner,
05:24de se saisir à bras-le-corps de la question du grand âge,
05:28qui va être un choc anthropologique majeur,
05:30et vous savez qu'il y a des gens qui, aujourd'hui, sont en EHPAD,
05:32le reste à charge est trop élevé,
05:34et même s'ils devraient y rester, ils rentrent chez eux.
05:36Voilà la situation. Voilà maintenant plus de deux ans
05:38que mon collègue Jérôme Guedj a posé sur la table à l'Assemblée nationale
05:42un projet que le gouvernement n'a pas même voulu ouvrir.
05:45C'est depuis longtemps que nous réclamons, au fond, une meilleure justice fiscale.
05:50On n'a pas le fétichisme des impôts, on a le fétichisme de la justice,
05:54de l'égalité, de la prise en compte des facultés contributives de chacun.
05:58Il n'y a plus qu'une solution pour résoudre le problème,
06:00une nouvelle élection présidentielle, il faut qu'elle soit anticipée.
06:02C'est ce que disait Jean-François Copé hier soir.
06:04Vous êtes d'accord avec ça ? Est-ce qu'Emmanuel Macron doit démissionner ?
06:06Je ne crois pas. Vous savez, la première des solutions,
06:08elle était d'en jouer le jeu du parlementarisme,
06:12de fait qui s'est imposé au sortir des urnes.
06:14Monsieur Barnier a disparu de la circulation depuis deux mois.
06:17Vous l'aviez entendu, vous parlez du budget depuis deux mois ?
06:19Nous ne l'avons pas entendu.
06:21Et la seule proposition qui a pu être formulée par son gouvernement,
06:25c'est de reprendre une taxe sur les boissons sucrées.
06:27Pardon, mais ce n'est pas comme ça qu'on est sérieux.
06:29Aucune des propositions que nous avons faites n'est venue aggraver le déficit.
06:32Nous avons proposé des recettes supplémentaires,
06:34parce que nous sommes très conscients de la situation.
06:36Et je voudrais quand même dire que la responsabilité éminente, grave,
06:42elle est du côté de ce bloc central.
06:45Et quand j'entends M. Darmanin se tourner désormais vers le Rassemblement National,
06:48demandant à Michel Barnier d'écouter Marine Le Pen,
06:52je comprends bien les choix qui sont faits,
06:55et je sais où sont les responsabilités.
06:57Les socialistes ne peuvent pas être centraux quand il s'agit de la motion de censure,
07:01et ne pas l'être quand avec la gauche.
07:03Parfois avec le MoDem, ils proposent des solutions concrètes, responsables.
07:08Et je voudrais quand même préciser à chacune et à chacun
07:12qu'il y aura bien un budget à Noël,
07:16que ceux qui vous racontent que nous allons éteindre la lumière
07:21racontent des mensonges.
07:23Vous parlez du positionnement des socialistes.
07:25Vous êtes socialiste, comme François Hollande,
07:27le président qui a été confronté aux horreurs des attentats de 2015,
07:30le président qui est entré dans les locaux de Charlie Hebdo,
07:32qui était au Bataclan le 13 novembre.
07:34Vous avez été, vous, secrétaire général adjoint de l'Élysée sous François Hollande.
07:37Est-ce que vous pouvez être en accord avec des élus, LFI en l'occurrence,
07:41qui veulent abroger le délit d'apologie du terrorisme ?
07:44Mais j'ai déjà eu l'occasion de dire, comme Olivier Faure,
07:46que nous n'étions pas d'accord.
07:48Mais est-ce que pas d'accord ça suffit ?
07:50La liberté c'est de le dire.
07:53La liberté c'est de le dire, y compris dans une alliance
07:56où nous ne sommes pas à l'identique.
07:59Elle est pérenne cette alliance ?
08:00Votre avis, il est plus du côté de Raphaël Glucksmann
08:02ou plus du côté de Jean-Luc Mélenchon ?
08:04La gauche c'est tout ça, pardon, mais la gauche c'est tout ça.
08:06Et même, je vais vous faire une compréhension,
08:09il nous arrive même entre socialistes de ne pas être d'accord.
08:11Moi je crois à la nécessité du débat.
08:14Bien sûr que l'union elle est importante,
08:16qu'elle ne doit pas se faire à n'importe quel prix.
08:18Et quand nous avons des désaccords, nous serions reprochables
08:21de ne pas le faire.
08:22Et d'ailleurs, aucune des formations politiques de gauche
08:24ne s'est pas négatif.
08:25Mais il n'y a pas des lignes rouges pour reprendre le mot à la mode ?
08:27Et bien sur ce sujet-là, je dis que nous ne sommes pas d'accord.
08:29Et par ailleurs, sur tous les sujets,
08:31le rôle du Parlement c'est une fonction d'évaluation et de contrôle.
08:33On peut tout évaluer, tout évaluer.
08:36Et donc ça fait partie des voies que l'on peut toujours explorer.
08:40Pardon, je...
08:41Allez-y, allez-y, rapidement.
08:43Non, non, je...
08:44Non, ma dernière question elle est très simple.
08:45Il va y avoir un congrès d'UPS,
08:47la ligne Olivier Faure fait débat.
08:49Est-ce que vous serez candidat pour diriger le Parti Socialiste
08:51et donner une impulsion ?
08:52Est-ce que vous prendrez vos responsabilités ?
08:53Ecoutez, ce que j'ai dit, c'est que ma responsabilité c'était
08:56de dire ce que je souhaitais que le congrès soit
08:58et ce que je ne souhaitais pas qu'il soit.
09:00Je ne souhaite pas qu'il soit un congrès de la division,
09:02du puégilat, de la revanche des uns sur les autres,
09:04de l'effacement de tel ou tel de la photo,
09:06mais un congrès de rassemblement,
09:08de conquête, d'idées, de doctrine.
09:11C'est comme ça que nous sommes forts.
09:12C'est la seule façon, d'ailleurs, de poser à gauche.
09:15Vous savez, on est dans un moment très grave.
09:17Vous l'avez constaté.
09:19Et hier soir, au bureau national,
09:21les socialistes étaient unis
09:23autour de la motion de censure,
09:25c'est-à-dire aussi autour de la nécessité d'un changement de ligne
09:28pour les Françaises et les Français.
09:30Merci Boris Vallaud d'être venu sur RTL.
09:32Restez avec nous.