Avec Thierry Lalet, quatrième génération de chocolatiers de la maison Saunion à Bordeaux et président de la confédération des Chocolatiers et Confiseurs de France
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00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04— Vous aimez le chocolat, vous êtes comme moi. Eh bien le chocolat coûte de plus en plus cher.
00:08Nous sommes avec Thierry Lallet, qui est président de la Confédération des chocolatiers et confiseurs de France.
00:16Bonjour, Thierry Lallet. — Bonjour. Bonjour, Jean-Jacques Bourdin.
00:19— Merci. — Quatrième génération de chocolatiers. La maison Saugnon à Bordeaux. C'est cela, hein ?
00:26— Oui. C'est bien ça. C'est bien ça. — Bien. Est-il vrai que le prix du chocolat... Je l'ai constaté moi-même.
00:33Le prix du chocolat est en augmentation. — Oui, oui, il est en augmentation, puisque depuis 18 mois,
00:40la fève de cacao a augmenté plus de 210% sur 18 mois. — 210% en 18 mois ?
00:46— Oui. Voilà. Donc forcément, ça a eu un impact. On additionne le prix de l'augmentation du sucre,
00:54les taxes type taxes d'emballage depuis le 1er janvier 2024. Vous rajoutez le coût de l'énergie.
01:05Et oui, forcément, ça a une incidence sur le prix du chocolat une fois les fèves transformées.
01:11— Ça veut dire que pour Noël, le prix du chocolat augmente de combien en moyenne ?
01:16— Alors en fait, il a augmenté avant Noël. On n'augmente pas parce qu'il y a une forte demande.
01:22Ça fonctionne pas comme ça dans le sens où on produit bien avant. Mais la moyenne d'augmentation
01:28est entre 5 et 9% d'augmentation chez les différents confrères ou chez moi. J'ai augmenté de 5%, par exemple,
01:37depuis le 1er septembre. — Bien. Pourquoi est-ce que le prix du chocolat augmente ?
01:43Il y a 2 gros producteurs dans le monde. C'est la Côte d'Ivoire et le Ghana.
01:49— Tout à fait, qui ont eu, hélas, une mauvaise récolte en 2023 liée aux conditions climatiques,
01:58liée au phénomène El Nino qui est aussi une condition climatique, des cacaoculteurs vieillissants
02:05et donc pas de remplaçants. Et toute cette conjoncture, en fait, ces différents facteurs sont arrivés en même temps
02:11sur la récolte 2023. Et la demande en elle-même de chocolat au niveau mondial, elle, elle n'a pas réduit.
02:18Donc ça fait un système d'entonnoir, c'est-à-dire que de la demande et pas de faible.
02:24— Évidemment. Moins de production, une demande toujours aussi forte, parce que dans le monde, on aime le chocolat.
02:31Et cela produit ce que l'on voit, en pensant aussi qu'en bourse, certains jouent avec les cours du chocolat, j'imagine.
02:40— Alors tout à fait. C'est une matière première qui est échangée sur la bourse. Donc forcément, quand il y a des gens
02:46dont c'est le métier de spéculer sur la matière première... Et hélas, ça fait un effet boomerang aussi.
02:52Et on arrive à des... Comme ça, à des augmentations hors normes. Ça s'est jamais vu depuis, on va dire,
03:00l'histoire du cacao côté en bourse, quoi. — Dites-moi, la production... On parlait de la Côte d'Ivoire et du Ghana.
03:06Mais est-ce que partout dans le monde, on produit maintenant de la feuille de cacao ? Est-ce que ça s'étend, la production ?
03:17— Alors elle s'étend, hélas non, parce qu'on ne peut produire du cacao qu'autour de l'équateur, de la ceinture équatoriale.
03:24Ce qui est sûr, par contre, c'est que... Alors on n'en est pas encore là. On n'est pas à faire du cacao dans le sud de la France,
03:34par exemple. — Non. Voilà. J'y pensais. — Non. Pas encore. Heureusement pour nous. Et dans le Bordelais, oui. Alors ça serait peut-être...
03:43Pourquoi pas ? Mais non, il va falloir attendre encore quelques années. J'espère que je serai pas là pour le voir.
03:48Mais non. Ce qui est sûr, c'est que par contre, cette crise a permis quand même à d'autres pays d'Afrique ou d'Amérique du Sud
03:57de voir qu'il y avait un intérêt pour le cacao au niveau mondial. Et donc se sont mis à reprendre leurs plantations,
04:05parce qu'il y a aussi une histoire de non-déforestation aujourd'hui au niveau mondial. Donc ça, c'est très bien.
04:12Mais c'est vrai que de jeunes cacaoculteurs sont revenus en fait dans les plantations familiales et se réinstallent.
04:21Et on voit des pays émergents aussi en Afrique comme le Cameroun, le Togo ou bien en Amérique du Sud, la Colombie,
04:30qui se met à produire de plus en plus de cacao. Donc ça devient intéressant. Le problème, c'est qu'il va falloir attendre 5 ans
04:38pour que les productions donnent le cacao. Vous le plantez pas et vous l'avez pas la-dit d'après. Donc voilà.
04:46— Le cacao-culteur. C'est bien, ça. Je suis cacao-culteur. Vous imaginez ? J'aimerais moi être cacao-culteur.
04:53— Il faut déménager. — Oui, il faut que je déménage. Thierry Lalet. Chaque foyer consomme en moyenne 7 kg de chocolat en France par an.
05:05Est-ce que ça progresse, la consommation de chocolat ?
05:08— Non, elle est à peu près stable. Ça va faire à peu près 7 ans qu'on est à peu près sur la même consommation.
05:18Par contre, l'offre, elle, s'est développée. Et on le voit aussi bien chez l'artisan que chez l'industriel quand on va dans un supermarché,
05:26où on voit que l'offre par exemple de la tablette s'est fortement développée aussi. Ça, c'est aussi par l'influence des artisans
05:33où nous, on a essayé de remettre en avant les provenances de fèves, les choses comme ça.
05:41— Merci, Thierry Lalet, 4e général chocolatier. La Maison Sonion à Bordeaux, président de la Confédération des chocolatiers et confiseur de France.
05:50Il est 7 h 18. Vous êtes sur Sud Radio pour savoir et comprendre bien sûr le rappel des titres de l'actualité. Avec vous, Laurie Leclerc.