Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour. Ensemble, ils reviennent sur le renversement du gouvernement de Michel Barnier.
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00:00331 députés ont donc voté cette censure du gouvernement Barnier.
00:09Who's next, comme on dit en bon français ?
00:12Peut-être Emmanuel Macron, dans le viseur en tout cas de Marine Le Pen.
00:16On écoute, c'était sur TF1 tout à l'heure.
00:17Je ne demande pas la démission d'Emmanuel Macron.
00:24Je dis qu'il arrivera un moment où,
00:26si on ne prend pas la voie du respect des électeurs
00:30et du respect des forces politiques et du respect des élections,
00:33eh bien la pression sur le président de la République
00:37sera évidemment de plus en plus forte.
00:40Mais c'est lui seul qui aura la décision, le dernier mot,
00:45s'il veut que les Français votent à nouveau avant 2027
00:50ou s'il souhaite à tout prix rester sur le cheval en quelque sorte.
00:54Olivier Faure du PS pense la même chose.
00:57Moi, ce que je veux, c'est qu'ils entendent enfin les Français.
01:00Les Français ont voté le 7 juillet et ils ont mis la gauche en tête de l'élection,
01:05mais ils ne lui ont pas donné de majorité absolue.
01:07Et donc, il faut respecter ce choix et donc accepter l'idée
01:11qu'il y a un Premier ministre de gauche, mais ouvert au compromis.
01:14Et je souhaite maintenant qu'on puisse négocier ce qu'on appelle
01:17un accord de non-censure, en échange de quoi nous sommes prêts à gouverner 149-3.
01:23Ce qui veut dire que nous ne passerons jamais en force
01:25et que nous serons obligés texte par texte de chercher des compromis
01:29et de faire en sorte que les Français s'y retrouvent.
01:31Et pour être parfaitement complet, dans les dernières déclarations, Marine Le Pen,
01:34tenez-vous bien, laissera travailler le futur Premier ministre
01:38pour co-construire un budget acceptable pour tous.
01:43Ça veut dire quoi, ça, Henri Guesneau ?
01:45Ça veut dire que le prochain Premier ministre devra marchander,
01:48non seulement avec le RN d'ailleurs, mais avec la gauche,
01:51avec les différents morceaux du Bloc central, avec tout le monde.
01:55Ça veut dire qu'il écoutera Marine Le Pen, ils sont dans le même bureau, quoi.
01:58Moi, ce qui me frappait dans le bulletin d'information, c'est le mot alliance.
02:02Il n'y a pas d'alliance, je ne veux pas défendre Marine Le Pen.
02:04Vous n'avez pas commencé à critiquer le faux maître qui est là pour rappeler l'actualité ?
02:07C'est alliance, c'est le mot alliance qu'on entend partout.
02:10Il n'y a pas eu d'alliance entre le RN et LFI ou le Nouveau Front Populaire.
02:16Bon, pas d'alliance, il y a eu une convergence, mais ce n'est pas la même chose.
02:19Ça, c'est la première des choses.
02:20La deuxième, c'est que...
02:22Ça s'est fait ?
02:23Oui, ça s'est fait, oui.
02:25La deuxième remarque, c'est que l'instabilité ne vient pas du vote d'aujourd'hui,
02:31elle vient de la dissolution des conditions dans lesquelles se sont déroulées les élections législatives
02:38et de l'état de l'Assemblée, qui lui-même reflète l'état de la société.
02:41Bon, voilà, on est le Président de la République.
02:44Moi, je vous l'avais dit ici d'ailleurs,
02:46vous m'aviez dit quelle est la solution quand on cherchait un Premier ministre.
02:49Je vous l'avais dit, il n'y a pas de solution, il n'y a que des options.
02:52Bon, alors, M. Barnier, Michel Barnier était sans doute une des moins mauvaises options possibles.
02:57Là, je ne sais pas quelle va être la moins mauvaise.
02:59Le cornu, Bayrou, Baroin ?
03:03Pardon ? Vous me citez par exemple le cornu.
03:06Bon, moi j'ai beaucoup d'estime, de respect pour la personne de Sébastien Legornu,
03:11mais le Président de la République va nommer un macroniste ?
03:15Il n'y a pas eu d'élection ?
03:17La seule chose dont on est sûr dans le résultat de ces élections,
03:22c'est que le Bloc central macronien a perdu.
03:24Et qu'il a été sanctionné.
03:26Sanctionné après une question posée au peuple par le Président de la République,
03:29qui est de travers la dissolution.
03:31Donc, vous allez faire comme si il n'y avait pas eu d'élection.
03:35On a dit la même chose de Barnier, on disait qu'ils sont 47 à l'Assemblée Nationale, est-ce que c'est...
03:39Déjà, c'était très compliqué à faire avaler aux électeurs.
03:42Le fameux plus petit des nominateurs.
03:45Déjà, il n'était pas macronien.
03:48Là, vous allez mettre un macronien au macroniste.
03:52Mais c'est impensable, c'est jouer avec le feu.
03:55Il y a un moment où il arrive à arriver à un moment...
03:56Mais est-ce que ça vous étonne, Henri Guaino ?
03:58Non, mais c'est pas comme ça, ça m'inquiète, ça.
03:59Oui, ça peut vous inquiéter, mais est-ce que ça vous étonne ?
04:03De la part du chef de l'État, qu'il pense à Sébastien Legornu ?
04:06Je ne veux pas faire sur les plateaux de la psychanalyse de comptoir.
04:10Voilà, je vous répondrai comme ça, mais je pense que ça serait une idée,
04:14l'idée de nommer un macroniste, quel qu'il soit...
04:16Ça serait une idée quoi ?
04:17Je vais vous dire, quel que soit le macroniste qu'on nommerait,
04:20quelles que soient ses qualités personnelles,
04:23ce serait une idée folle et extraordinairement dangereuse.
04:25Je serais joué avec le feu.
04:26On pourrait peut-être dire que la dissolution était...
04:28On pourrait qualifier la dissolution aussi comme ça, folle et dangereuse.
04:32Parce qu'on a l'impression que toute la classe politique,
04:34là, autant qu'ils sont, sont dans un avion
04:36qui est en train de perdre de l'altitude
04:38et que personne n'a le mode d'emploi du cockpit, en gros.
04:41Et que cet avion, il perd de l'altitude, notamment depuis la dissolution.
04:44Parce que, comme le soulignait Mathieu Bocoté,
04:46les institutions ne sont pas faites, elles sont excellentes,
04:48mais elles ne sont pas faites pour répondre à cette tripartition électorale.
04:51Et il y a fort à parier que si on revote l'année prochaine,
04:54ce qui est de plus en plus probable, à mon avis,
04:56à partir de juillet, je le rappelle,
04:58Emmanuel Macron pourra à nouveau dissoudre...
04:59On le dit à peu près sûr de ça.
05:01Oui, voilà, tout le monde dans tous les camps s'y prépare.
05:05Et d'ailleurs, c'est pour ça que chacun est sur une stratégie dans son couloir
05:08et ne contribue pas à l'intérêt général.
05:09C'est aussi parce que chacun a deux échéances en tête.
05:12La probable prochaine dissolution et la prochaine élection présidentielle,
05:16dont la date elle-même fait l'objet d'interrogations.
05:19Donc là, en fait, on a trois échéances devant nous.
05:21La première, c'est de trouver un nouveau plus petit dénominateur commun
05:24pour presque pas gouverner, certainement pas réformer,
05:28simplement gérer, c'est-à-dire avoir un budget avant le 1er janvier,
05:31assurer la continuité de l'État,
05:33qu'il y ait des services publics qui fonctionnent au 1er janvier,
05:36que la France ne soit pas attaquée par les marchés.
05:38Bref, autant de choses.
05:39C'est vraiment la gestion à minimal qu'il faudra faire.
05:41Il ne faudra quand même pas se tromper dans ce choix,
05:43c'est-à-dire que non seulement il ne faudra pas prendre un message
05:46complètement orthogonal à celui qui était dans les urnes,
05:49il faudra se rappeler qu'il y a eu 11 millions d'électeurs
05:50à l'Assemblée nationale l'été dernier,
05:52que la sociologie du pays est plutôt à droite,
05:54qu'il y a une grande demande qui s'appelle effectivement
05:56pouvoir d'achat et sécurité.
05:57Le RED ne voulait pas aller à Mathieu Bocoté.
05:59Je crois qu'ils ne veulent toujours pas y aller.
06:00Je crois que Mme Le Pen veut toujours une élection présidentielle,
06:02ça a l'air assez clair.
06:03Bien sûr, parce que le calendrier est différent.
06:05C'est ce qu'on dit depuis tout à l'heure, elle est constante.
06:06Bien sûr, Mathieu Bocoté.
06:08Ensuite, il y a quelque chose, je crois,
06:09dans les sociétés de temps en temps,
06:10il y a une période qui s'appelle ce que Roger Caillois
06:13appelait le vertige.
06:15Le vertige, c'est-à-dire soudainement,
06:16on ne veut plus trouver un arrangement raisonnable,
06:19optimal entre différentes forces politiques présentes.
06:21On a l'impression d'être dans un ordre vermoulu,
06:24un ordre calcifié, un ordre qui ne tient plus.
06:26Et on a la tentation, ça existe dans l'histoire,
06:28de vouloir en finir tout simplement avec cet ordre,
06:31le jeter par terre, rebrasser les cartes,
06:33se tourner vers l'idée du chaos rédempteur,
06:34du chaos créateur.
06:36Et à ce moment-là, on traduit ça autrement,
06:38c'est le goût du sang.
06:39Et dans de telles circonstances,
06:41il y a une prime à la radicalité,
06:42il y a une prime aux plus volontaires,
06:44il y a une prime à celui qui est prête à jouer
06:46à l'extérieur des cadres et des catégories convenues.
06:48Et il me semble, de ce point de vue,
06:50si on prend au sérieux l'hypothèse
06:51que la France vit aujourd'hui une crise de régime,
06:53eh bien, je pense qu'on entre dans cette période de vertige,
06:56dans cette période...
06:57Ça a conduit à des révolutions, ce que vous racontez.
06:59Je crois que c'est une bonne chose.
06:59C'est 1958 aussi, si je peux me permettre.
07:02À l'origine de la Vème République,
07:03il y a une période comme celle-là.
07:04Et je pense qu'il y a, à l'échelle de l'histoire,
07:06peu importe qu'on se désole de ce que je dis,
07:09il existe de telles périodes,
07:10et je crois que nous en sommes...
07:11Il y a ça dans la vie conjugale aussi, de temps en temps.
07:13Bon, Aurigueno.
07:14Je vous mets de côté l'expérience de 1958
07:16qui n'est pas à ce point,
07:17c'est-à-dire qu'il y a des fractures,
07:19mais elles ne sont pas à ce point
07:20et elles sont assez concentrées sur,
07:22notamment, l'affaire algérienne.
07:23Mais dans l'histoire, c'est vrai,
07:25les sociétés,
07:27d'abord les sociétés trop divisées,
07:29parce que moi, je préfère qu'on regarde
07:31le lien de causalité de la société
07:33vers la politique plutôt que l'inverse.
07:36La politique étant le reflet de l'état de la société.
07:38Les sociétés trop divisées
07:39finissent toujours par essayer de rétablir
07:41leur unité par la violence.
07:42Voilà, c'est une constante de l'histoire.
07:44Et oui, nous entrons dans cette période-là.
07:47Et donc, la seule mission de la politique
07:51dans ces moments-là,
07:54c'est d'essayer d'éviter le passage par la violence.
07:57Si la politique ne résout pas les problèmes,
07:59si elle n'en est pas capable,
08:00eh bien, la violence va les résoudre.
08:02Et une fois que la violence
08:03aura tout dévoré sur son passage,
08:06les gens auront un énorme besoin d'ordre.
08:10Donc, ils iront chercher n'importe quelle figure
08:12qu'on ne connaît pas encore,
08:13on ne sait pas quel visage elle aura,
08:14on ne sait pas surtout si son visage sera avenant
08:17ou s'il sera terrifiant.
08:19Et dans cet ordre ou dans ce désordre,
08:21on apprend à l'instant qu'Emmanuel Macron
08:23s'exprimera demain à 20h.
08:25Voilà, donc, pour annoncer quoi ?
08:27On n'en sait rien.
08:28Peut-être un nouveau Premier ministre
08:29qui l'aura trouvé, comme il l'a dit,
08:31à la descente de l'avion
08:33qui le ramenait d'Arabie Saoudite en 24h.
08:36En tout cas, voilà, c'est là-dessus
08:37que nous terminons cette émission.
08:39Merci en tout cas aux uns et aux autres.
08:40Merci Mathieu Bocoté, merci Louis Zaltaire,
08:42merci beaucoup Henri Guaino
08:44d'avoir partagé vos opinions sur Europe.