Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #BonjourDrMilhau
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00:00Bonjour, aujourd'hui dans la santé expliqué à ma fille je répondrai aux
00:04questions de Sacha sur la douleur et plus précisément à la question que tout
00:09monde se pose pourquoi avons-nous mal et que peut-on faire ?
00:12Puis le docteur Jean-Michel Cohen nous dira tout sur cette folie du collagène
00:17sous toutes ses formes, bonbons, boissons, gélules alors mythe ou réalité ? La
00:21réponse dans un instant.
00:25Sacha, aujourd'hui un sujet on va dire c'est plus concernant, tout le monde a
00:31mal alors c'est quand même on va rappeler que c'est quand même la
00:34première cause, premier motif de consultation et en médecine générale et
00:39aux urgences aussi. Est-ce qu'on a une définition concrète de la douleur ?
00:45Alors c'est très complexe la douleur, il y a plusieurs définitions, il y en a une
00:49de l'INSERM qui correspond réellement à ce que c'est même si c'est
00:53difficile, c'est une expérience sensorielle et émotionnelle très
01:00désagréable et difficile à quantifier et à qualifier.
01:05C'est pas très clair non plus.
01:06Si c'est clair parce que justement tous les mots sont importants, c'est à la fois
01:10sensoriel mais c'est lié aussi aux émotions, tu vois, on va y revenir, tu
01:15vas voir que chaque mot compte et chaque mot est important, ce qu'il faut
01:18comprendre c'est que la douleur c'est à la fois universel, tout ce que je disais
01:22tout le monde a mal, tout le monde a eu, a ou aura mal dans sa vie, c'est
01:27totalement universel et pourtant c'est totalement individuel.
01:32D'abord c'est invisible, il n'y a pas de trace, tu vois rien, donc c'est totalement
01:37invisible. Personne ne peut savoir ce que tu ressens
01:40quand tu as mal, tu ne peux pas la partager, c'est difficile à décrire, c'est
01:44difficile à quantifier, c'est totalement subjectif, donc tu vois cette définition
01:49est pas mal. Mais alors au-delà de la définition, est-ce que tu peux nous
01:52expliquer un petit peu le mécanisme, qu'est-ce qui se passe dans notre corps
01:55pour qu'on ait cette sensation douloureuse ? Alors dans le corps en fait on a des
02:02milliers de nocicepteurs, noci ça veut dire douleur et septeur c'est
02:06récepteur, donc des récepteurs à la douleur partout, quand je dis partout
02:10c'est partout, c'est sur la peau, c'est dans les tendons, les articulations, les
02:13muscles, tous nos organes, tous nos viscères, il y en a absolument partout.
02:17Je veux dire pas qu'à l'extérieur, à l'intérieur aussi. Sauf à un endroit, le cerveau, c'est le seul
02:23endroit du corps où il n'y a pas de récepteur à la douleur. C'est-à-dire qu'on ne peut pas avoir
02:27mal au cerveau. Et d'ailleurs depuis qu'on le sait, parce qu'on ne le savait pas avant,
02:31depuis qu'on le sait, on fait même des interventions chirurgicales par exemple
02:35pour des tumeurs où on va réveiller le patient pour être sûr qu'on passe au
02:38bon endroit sans léser d'autres... On peut toucher le cerveau pendant l'intervention.
02:42Et la personne est totalement consciente pendant l'intervention.
02:46Alors les nocicepteurs, qu'est-ce qu'ils vont faire ?
02:49Quand il y a une douleur, ces nocicepteurs, ils vont envoyer des messages.
02:54Des messages de « c'est trop chaud » ou « c'est trop froid ». Sur la pression aussi, ils vont savoir faire la différence
03:00entre une caresse et un coup de poing. Enfin, tu vois, sur tout ce qui peut, tous les sens,
03:06c'est coupé, c'est pas coupé, etc. Et ils vont envoyer le message à la moelle épinière.
03:11Et ensuite, c'est un influx nerveux, et ensuite au cerveau.
03:16Mais parfois, comme ce corps est bien fait quand même, parfois quand il faut aller très vite,
03:22ils vont même ne pas aller jusqu'au cerveau. Par exemple, tu te brûles.
03:27On va le voir sur un schéma. Ils vont mettre en jeu un arc-réflexe qui est beaucoup plus court.
03:33C'est-à-dire qu'en fait, ça va aller à la moelle épinière.
03:35À ne pas perdre le temps d'aller jusqu'au cerveau.
03:37Exactement.
03:38Il y a un réflexe.
03:39Exactement. Le nocicepteur, là, tout de suite, hop, il faut se dépêcher.
03:42Hop, t'as vu, il lève le bras, la flèche bleue, immédiatement, sans aller jusqu'au cerveau.
03:47Tu te rends compte comme c'est bien fait ?
03:50Et donc, à part dans ce circuit court là où ça va même pas jusqu'au cerveau,
03:53quand ça monte jusqu'au cerveau, après le cerveau, il fait quoi ?
03:56Alors, le cerveau, c'est là qu'il va... En fait, tout se passe au niveau du cerveau.
04:00Et c'est là qu'il va tout analyser, savoir où tu as mal, pourquoi, comment,
04:04qu'est-ce qui s'est passé, etc. Mais non seulement ça.
04:06Mais on a analysé, parce qu'on a fait beaucoup de progrès sur la douleur,
04:10il en reste à faire, mais on en a fait beaucoup.
04:12On sait maintenant qu'il y a une quinzaine de zones dans le cerveau
04:15qui fonctionnent quand il y a une douleur et notamment,
04:19donc les zones sensorielles, émotionnelles,
04:22on ne peut pas séparer les émotions de la douleur.
04:25Et inversement, la douleur des émotions.
04:28Donc la zone sensorielle, zone émotionnelle et zone de la mémoire aussi.
04:33On se souvient de ces douleurs, de ces expériences douloureuses.
04:37Et là, donc, le cerveau, soit il va sécréter des endorphines,
04:40des endorphines, c'est comme de la morphine, si tu veux.
04:43Et puis, il est capable de faire des choses incroyables.
04:46Il peut parfois arrêter la douleur quand il y a plus important que la douleur.
04:50Je m'explique. Prenons l'exemple d'une proie qui se fait attraper par un prédateur.
04:57Le prédateur l'attrape et donc il la casse, il la mort, etc.
05:01Mais comme il faut qu'elle s'enfuit, la priorité c'est la fuite.
05:04C'est s'en aller, c'est échapper au prédateur.
05:06Sa douleur ne va pas prendre le pas sur sa survie.
05:08Elle n'a pas mal jusqu'à...
05:10C'est vrai pour les hommes aussi.
05:12Oui, une fois qu'elle se sera enfuie, elle aura mal.
05:14C'est vrai pour les hommes, accident de voiture,
05:16il faut que tu sortes vite de la voiture, hop, hop, hop, et après tu auras mal.
05:20C'est vrai pour tout un tas de choses.
05:22Mais tu vois comme c'est bien fait.
05:24Pas dans ce cas-là, mais sinon, c'est quand même un signal d'alarme
05:27pour dire à ton corps, là il faut enlever sa main, là il faut...
05:31C'est utile en fait la douleur du coup.
05:33La douleur c'est indispensable.
05:35S'il n'y avait pas la douleur, on ne serait pas là aujourd'hui pour en parler.
05:37On me laisserait notre main, on serait en train de se brûler.
05:39Justement, il y a une famille, parce que tout le monde pourrait se dire
05:41ce serait quand même bien si on n'avait pas mal.
05:43Pas du tout.
05:45Ça dépend.
05:47Ceux qui souffrent aimeraient bien ne pas souffrir.
05:49Il y a une famille en Italie, c'est une maladie génétique rare, où ils n'ont pas mal.
05:54Quand tu n'as pas mal...
05:56Pour apprendre à faire du vélo par exemple.
05:58Quand tu as appris à faire du vélo, c'est parce que tu es tombé,
06:00tu t'es relevé, que tu as trouvé l'équilibre.
06:02Quand tu n'as pas mal, tu tombes, tu te casses,
06:04tu as une fracture, tu continues à marcher dessus.
06:07Comme tu ne te brûles pas, tu attrapes le plat brûlant,
06:11tu te brûles partout.
06:13C'est dangereux de ne pas avoir la douleur.
06:15Évidemment, c'est vital, essentiel, c'est un mode de protection.
06:18Imaginons, si on n'avait pas la douleur, un infarctus,
06:23si vous n'avez pas mal dans la poitrine,
06:25si vous n'avez pas la douleur qui monte comme ça,
06:27vous n'avez pas le cas.
06:29C'est le meilleur des modes de protection.
06:31L'appendicite ?
06:32L'appendicite.
06:33Tu sais que quand tu as mal à droite, tu vas penser hop hop hop, appendicite.
06:36Si tu n'avais pas mal, tu n'y penserais pas,
06:40donc tu pourrais avoir une péritonite.
06:42Donc c'est un réel mode de protection.
06:44Dans le cas de l'infarctus, dans le cas de l'appendicite,
06:46dans le cas de on se brûle, c'est un vrai signal d'alarme.
06:49Mais le fait d'avoir par exemple des migraines à répétition,
06:52ou des maux de dos, ou des douleurs qui durent dans le temps,
06:56ça ne perd pas le signal d'alarme.
07:00Tu as tout à fait raison.
07:02Mais là aujourd'hui, on ne va pas pouvoir faire toutes les douleurs.
07:04Parce qu'en fait, il y a plusieurs types de douleurs.
07:06Il y a des douleurs nociceptives,
07:08il y a des douleurs qu'on appelle neuropathiques,
07:10où ce sont des lésions du système nerveux,
07:12il y a des douleurs psychogènes, il y a tout un tas de douleurs.
07:14Aujourd'hui, on va pour simplifier, séparer les douleurs en douleurs aiguës,
07:18celles dont on vient de parler,
07:20et douleurs chroniques, celles dont tu parles.
07:22Oui, qui n'ont pas d'intérêt,
07:24qui ne vont pas t'alerter sur quelque chose de plus grave.
07:26Si, ça vient toujours de quelque chose.
07:28Mais la douleur chronique, en fait, on parle de douleur chronique
07:31quand ça dure depuis plus de trois mois.
07:33Mais surtout, la vraie différence, c'est que tu as la douleur aiguë,
07:37signal d'alarme, etc.
07:39Et la douleur chronique, là, c'est une véritable maladie à elle toute seule.
07:42Tu vois, tu as donné l'exemple de la migraine, c'est une maladie.
07:45Là, on est vraiment dans la maladie.
07:47Oui, là, c'est plus embêtant.
07:50C'est handicapant sur le quotidien, c'est handicapant sur...
07:53Certaines maladies chroniques peuvent avoir...
07:56Là, la douleur est plus utile.
07:58Oui, elle est plus utile, et non seulement elle est plus utile,
08:00mais elle va te nuire.
08:02C'est-à-dire qu'en fait, quelqu'un qui souffre,
08:04certaines personnes qui souffrent de maladies chroniques,
08:06en fait, la douleur, elle t'envahit.
08:08Quand tu souffres, tu vois, quand tu souffres tout le temps,
08:10quand ça ne s'arrête pas, la douleur, elle t'envahit.
08:12Tu ne penses qu'à ça, tu ne peux plus faire autre chose.
08:15Certaines personnes vont s'isoler, ne vont plus...
08:17Certaines ne peuvent plus bouger à cause de la douleur,
08:19ne peuvent plus travailler, ne voient plus personne en dehors.
08:23Ça peut aboutir à des dépressions, voire même à des suicides.
08:26Tu vois, la douleur chronique, c'est une véritable maladie.
08:29Et que soit pour les douleurs aiguës ou les douleurs chroniques,
08:33on a tous un peu des sensibilités différentes face à la douleur.
08:37Ça vient de quoi ?
08:38Pourquoi il y a des gens qui ressentent la douleur plus fort que d'autres ?
08:42Ou à certains moments, je ne sais pas...
08:44Tu vois, dans la fameuse définition que tu n'as pas aimée,
08:46il y a tout ça.
08:47Difficile à quantifier et à qualifier.
08:49Non seulement c'est difficile, mais c'est très personnel.
08:52Ça va dépendre de tout un tas de choses.
08:54Ça va dépendre de ton éducation.
08:56Ça va dépendre si on t'a appris à retenir, à ne pas te taire.
08:59Il y a par exemple, je ne sais pas, les Latins, par exemple,
09:01ils s'expriment vraiment leur douleur, ils en parlent, etc.
09:03Les pays d'Europe de Nord, ils ne disent rien.
09:05Souvent, on te dit, il y a des familles, on te dit...
09:08C'est très lié à la religion aussi.
09:10Mais le fait de la montrer ou non,
09:12mais peut-être pas l'intensité de la douleur.
09:14Si, l'intensité aussi.
09:15Il y a certaines tribus où tu as des rituels de passage.
09:18Tu seras un homme quand on va te mettre des choses sous la peau, etc.
09:21Tu vois, la douleur, ça dépend de plein de choses.
09:23Ça dépend aussi de ton expérience passée.
09:25Quelqu'un qui a été traumatisé, par exemple,
09:27par une piqûre qui faisait très mal,
09:29il aura toute sa vie peur des piqûres.
09:31Il appréhende aussi.
09:32Oui, mais l'appréhension, ça compte énormément
09:34parce que la fatigue, ça peut augmenter la douleur, par exemple.
09:39Quand tu es très fatigué, quand tu n'as pas dormi,
09:41tu vas avoir plus facilement mal que quand tu es en pleine forme.
09:45Le stress, comme tu viens de dire,
09:47quand tu es stressé, tu as peur d'un geste, etc.
09:50Et ça va augmenter ta douleur.
09:52Mais il y a des exemples.
09:53Il y a tout compte.
09:54Et homme-femme ?
09:55Le contexte aussi compte.
09:56Par exemple, un enfant qui tombe.
10:00S'il y a son papa, sa maman qui s'occupe de lui et tout,
10:03il y a un petit dicton qui dit
10:05douleur partagée, douleur à moitié diminuée.
10:09Toujours pour l'exemple d'un enfant, autre chose.
10:13Il tombe, il se fait mal au genou.
10:16Puis tout d'un coup, tout va bien, il se relève, il est en pleine forme.
10:19Puis tout d'un coup, il regarde le genou.
10:21Et qu'est-ce qu'il y a ? Il saigne.
10:22Là, il se met à hurler, il y a du sang.
10:24Tu vois, ça dépend de tout un tas de choses.
10:26Et homme-femme ?
10:27Là aussi, différence.
10:29Mais peut-être pas celle qu'on croit.
10:31Alors qui est plus sensible ?
10:33À ton avis, c'est qui ?
10:34Les femmes sont plus sensibles, non ?
10:36Alors, les femmes sont plus sensibles à la douleur.
10:40Oui, on peut dire que c'est les hommes parce qu'ils se plaignent plus.
10:43C'est exactement ça.
10:45On a l'impression que quand un homme est malade ou a quelque chose...
10:48C'est la fin du monde.
10:50Mais effectivement...
10:51Donc c'est vrai, il y a vraiment une différence.
10:52Oui, c'est vrai.
10:53Pourquoi ?
10:54En fait, des études ont montré que jusqu'à la puberté,
10:57la sensibilité à la douleur est la même chez les hommes comme chez les femmes.
11:02Et à la puberté, les femmes sont plus sensibles à la douleur que les hommes.
11:06C'est dû à quoi ?
11:07Eh bien justement, ça dépendrait des hormones.
11:11La testostérone, donc hormone masculine,
11:14diminuerait le seuil de sensibilité à la douleur.
11:18En revanche, les estrogènes, hormones féminines,
11:21augmenteraient le seuil de sensibilité à la douleur.
11:24Autre chose aussi qui explique cette différence entre les hommes et les femmes...
11:28Bah culturellement...
11:29Oui, mais surtout...
11:30Bon d'abord, elles en parlent plus facilement,
11:32elles vont plus facilement chez le médecin.
11:34Mais surtout, contrairement aussi à une idée reçue,
11:38on ne s'y habitue pas à la douleur.
11:43Les gens pensent qu'on s'habitue à la douleur.
11:45Pas du tout.
11:46Plus on souffre, plus on souffre.
11:49Et donc il faut bien comprendre que les femmes,
11:51elles souffrent un peu toute leur vie.
11:53Tous les mois, il y a des règles qui peuvent être très douloureuses,
11:56les grossesses, les accouchements.
11:58Et donc les femmes sont plus sensibles à la douleur que les hommes.
12:01Et là, on a parlé surtout de facteurs qui augmentent l'intensité de la douleur,
12:06le stress, la fatigue, etc., le fait d'être une femme.
12:09Mais au contraire, il y a des facteurs qui vont diminuer la douleur,
12:13par exemple quand on boit et qu'on se fait mal.
12:16On ne va pas ressentir la douleur de la même façon
12:18que le lendemain quand on va se réveiller, par exemple.
12:20Effectivement, là tu dis mince, je me suis cognée là.
12:23Il y a ça.
12:24Il y a certaines drogues,
12:25d'ailleurs il y en a une qui est utilisée aussi en médecine,
12:27justement le cannabis thérapeutique pour calmer les choses.
12:30Et puis après, il y a une chose dont on ne parle pas,
12:33c'est ce qu'on appelle les douleurs choisies.
12:35C'est-à-dire ?
12:36Quand tu décides, toi, par exemple un tatouage,
12:38quand c'est vous qui décidez de vous faire tatouer,
12:40ce n'est quand même pas très agréable.
12:41On te fait une piqûre, tu as mal, mais on te fait un tatouage,
12:43ça va, tu supportes.
12:45Oui, parce que oui, c'est psychologique.
12:47Après, des douleurs choisies quand tu fais du sport.
12:51Un marathon, ça fait mal.
12:52Des alpinistes qui sont là dans le froid,
12:56des engelures et tout.
12:57Et pourtant, ils vont au bout.
12:58Voilà, ils vont au bout.
12:59C'est le cerveau qui fait tout ça.
13:01Par exemple, pendant l'orgasme, on n'a pas de douleur.
13:04D'ailleurs, c'est ce qui explique aussi sûrement une des raisons,
13:07le masochisme, ça existe, c'est toi qui décides.
13:09Donc quand c'est toi qui décides, il y en a une très belle de douleur.
13:13Quand c'est toi qui décides, c'est un accouchement, ça fait mal.
13:16Oui, d'accord.
13:17En tout cas, c'est pour une raison.
13:19C'est pour le plus beau des cadeaux.
13:21C'est choisi, c'est plus ou moins choisi.
13:22Et tu as parlé un petit peu du cannabis thérapeutique,
13:24mais il y a d'autres façons de soulager les douleurs.
13:27Alors, c'est quoi le panel de solutions ou de traitements pour soulager les douleurs ?
13:33Déjà, la chose la plus importante, c'est de ne jamais laisser la douleur s'installer.
13:38Il faut la prendre tout de suite.
13:40Là, il faut arrêter de se dire, on attend, je verrai, ça ira mieux.
13:43Non, on la traite immédiatement.
13:45On commence à avoir mal à la tête, on traite sa migraine.
13:47On n'attend pas qu'on ait mal.
13:49Ensuite, tout ce qu'on a dit, c'est le cerveau qui gère beaucoup de choses.
13:52Donc, on va arriver soi-même en se concentrant, en faisant de la méditation, de la sophrologie, de la respiration.
14:00Oui, le fait de se déstresser, parce que tu as dit que le stress va intensifier la douleur.
14:04Donc, si on est stressé, on va avoir encore plus mal et c'est un cercle vicieux.
14:07Voilà.
14:08Donc, on apprend à s'apaiser, à se calmer.
14:10La musique aussi.
14:12La respiration.
14:13La respiration.
14:14Voilà.
14:15L'accouchement, qu'est-ce qu'on fait ?
14:16On vous demande de respirer.
14:17Donc, il y a toutes ces méthodes, puisqu'on sait que ça dépend énormément de plusieurs émotions dans le cerveau.
14:22Donc, déjà, on peut essayer tout seul de la gérer.
14:25Après, il y a tout l'arsenal thérapeutique.
14:28Ça va du paracétamol, tous les médicaments contre la douleur, du paracétamol à la morphine, en passant par les antidépressants.
14:35Ça, c'est les médecins.
14:36On n'a pas parlé de la douleur psychique, mais la douleur psychique, elle est très importante.
14:40Donc, il y a tous ces médicaments.
14:43Et ensuite, il y a d'autres techniques.
14:44On ne va pas toutes les énumérer.
14:46Mais c'est vrai qu'on a maintenant d'autres techniques à l'hôpital.
14:49Il y a toujours des techniques adaptées à cette douleur.
14:51Il y a toujours des techniques.
14:52Mais ce qu'il faut comprendre surtout sur la douleur, c'est que déjà, quand on comprend comment ça marche, on arrive mieux à la gérer.
14:58Surtout qu'il ne faut pas la banaliser.
15:00Ce n'est pas une fatalité.
15:02D'énormes progrès ont été faits.
15:04Et ça, évidemment, c'est la préoccupation principale de ceux qui souffrent.
15:08Mais c'est aussi devenu la préoccupation principale des soignants.
15:12Ils vont tout faire pour éviter la douleur, même s'il reste encore beaucoup de progrès à faire.
15:24Docteur Jean-Michel Cohen, bienvenue.
15:25Je rappelle que vous êtes médecin.
15:27Vous êtes nutritionniste.
15:28Et on vous retrouve sur le site savoir-maigrir.fr.
15:31Alors aujourd'hui, un sujet, mais des plus concernants.
15:35Le collagène.
15:36Moi, j'ai l'impression qu'il est partout, que tout le monde en prend.
15:39Les femmes comme les hommes.
15:41C'est quoi ? C'est une mode ?
15:43C'est apparu il y a deux ans.
15:45La thématique, c'était de dire que le collagène allait servir à beaucoup de choses.
15:49Et c'est devenu maintenant un des produits phares vendus en pharmacie, en parapharmacie.
15:53Donc tout le monde veut manger du collagène.
15:55En fait, il faut rappeler d'abord ce que c'est que le collagène.
15:58Le collagène, c'est une protéine.
16:00Donc c'est simplement une protéine.
16:02Et vous avez même trois types de collagène.
16:04C'est la protéine la plus abondante du corps humain, 35%.
16:07Et vous avez trois types de collagène.
16:09Le collagène de type 1, qui concerne la peau, les tendons et la trame osseuse.
16:14Le collagène de type 2, qui concerne les cartilages.
16:18Et le collagène de type 3, c'est celui qu'on retrouve dans les parois des vaisseaux et dans les muscles.
16:22Donc voilà les trois types de collagène.
16:24Les composants essentiels du corps.
16:26Mais en pratique, les gens s'en servent énormément.
16:29S'en servaient au début énormément pour les problèmes articulaires, les problèmes de tendons, les problèmes de douleurs.
16:34Et en espérant obtenir un résultat.
16:36Comme la douleur, vous venez de le rappeler, c'est très fréquent.
16:39Donc les gens consomment ce produit en essayant de soulager quelque chose.
16:42Mais, malheureusement, nous, en tant que biochimiste et médecin, on s'inquiète de ça.
16:48Parce que le collagène, si c'est une protéine, quand vous l'avalez, elle va passer dans l'estomac, puis dans l'intestin.
16:54Pour passer à travers l'intestin, il faut qu'elle soit dégradée.
16:58Et on se demande bien comment, après qu'elle ait été dégradée,
17:02comment elle pourrait se retrouver sur les tendons, sur la peau, etc.
17:06Ou alors, ça voudrait dire qu'il y a un signal GPS, mais ce n'est pas possible.
17:09Donc en pratique, on doute beaucoup...
17:11Vous vous rendez compte de ce que vous êtes en train de nous dire ?
17:13Oui, on doute beaucoup de l'efficacité de ce collagène.
17:15En plus, le collagène, vous pouvez l'acheter sous trois formes.
17:19Vous avez un, le collagène bovin, qui est issu de l'animal.
17:23En fait, on prélève l'os ou le cartilage de l'animal.
17:26C'est le moins cher.
17:28Vous avez deux, le collagène marin.
17:31Ah oui, tout le monde en parle.
17:32Voilà, le collagène marin, qu'on extrait à partir des écailles de poisson ou de la peau de poisson.
17:37Et vous avez une aberration pour les biologistes, qu'on appelle le collagène végétal,
17:41qui en fait n'est qu'une protéine ou des semblantes protéines qui ressemblent au collagène, mais qui n'en sont pas vraiment.
17:47En fait, on peut avoir ces trois types de collagènes.
17:50Alors nous, on doute beaucoup, et on est presque certains pour le collagène bovin,
17:54que ça serait alimenté peut-être la source de production de collagène.
17:59Mais en tout cas, ça finirait sûrement pas à coup sûr sur les tendons.
18:02Pour le collagène marin, on a un petit doute parce que ce sont des petites protéines.
18:06Alors on se dit peut-être que ça passe la barrière intestinale et que ça va sur les tendons ou les cartilages.
18:11Mais franchement, il faut y croire pour en avoir la conviction.
18:16Et quant au collagène végétal, disons que c'est plus utile pour les crèmes cosmétiques.
18:20D'accord, donc vous êtes en train de nous dire que peut-être le marin pourrait...
18:24Mais on n'a pas encore d'études qui le...
18:26Non, on n'a pas d'études et même pour le moment, on n'a aucune preuve scientifique de cette efficacité,
18:30même si tout le monde en mange.
18:31Et ce qui est très inquiétant, c'est qu'il y a beaucoup de gens qui vont vous dire que ça marche terriblement bien.
18:35En réalité, on sait que dans la douleur articulaire ou dans les problèmes de tendons,
18:40le phénomène placebo est très concernant.
18:42Dans tous les domaines.
18:44Voilà, mais si vous prenez un produit et que vous dites qu'il a bien fonctionné,
18:47votre voisin se dira, si je le prends, peut-être que ça marchera aussi.
18:51Quelles sont les principales indications ? Les gens le prennent pour quoi ?
18:54Parce qu'on a l'impression que tout le monde en prend, même les jeunes.
18:56Je ne pense pas qu'ils aient des problèmes articulaires à 25 ans.
18:59Alors, c'est essentiellement les gens qui ont des douleurs tendineuses ou des douleurs articulaires.
19:04Donc des gens qui, par exemple, se sont rendus compte qu'ils avaient de l'arthrose
19:08et une diminution de leur cartilage.
19:10Alors, on va leur donner ou ils vont prendre du collagène.
19:12Pareil pour les douleurs tendineuses.
19:13Après, si ça les soulace, tant mieux, non ?
19:14Oui, on est d'accord.
19:15Quand quelque chose ne fait pas de mal et fait du bien, ça nous est égal.
19:18Mais on raisonne scientifiquement et on s'étonne de la possibilité que ça marche.
19:22En fait, le collagène, vous pourriez le trouver à l'état naturel.
19:25Ça veut dire que quand vous croquez le cartilage, par exemple, des petits os de poulet,
19:29quand vous mangez, même, il y a des gens qui croquent les os de poulet,
19:32quand vous mangez des produits gélatineux comme la joue de bœuf, le jarré, etc.,
19:38ou même les feuilles de gélatine que vous pouvez trouver pour épaissir certaines sauces,
19:42bah oui, à la limite, on pourrait considérer que ça pourrait être également du collagène.
19:46Donc, on ne jette pas le bébé avec l'eau du bain,
19:49mais quand même, on a une suspicion sur sa réelle efficacité.
19:53Donc, vous nous dites que la principale indication, ce sont les douleurs articulaires.
19:57Oui, oui, oui.
19:58Mais là, on voit que, soi-disant, c'est des qualités de rajeunissement,
20:04une peau beaucoup plus jolie, moins de rides.
20:07C'est vrai ou c'est pas vrai, non ?
20:09Ça, c'est un autre type de marché, je ne vais pas dire de thérapeutique.
20:12C'est qu'à partir du moment où on trouve du collagène au niveau de la peau,
20:15on va pouvoir le vendre pour dire que ça va améliorer votre peau.
20:18Mais je répète, les crèmes cosmétiques, à mon avis, c'est utile vraiment et ça donne une jolie peau.
20:27Donc, mesdames et messieurs, continuez les crèmes, mais pour le collagène, réfléchissez quand même.
20:31Donc, toutes ces indications, pipo ?
20:33Pas pipo, mais douteuse.
20:35Vous venez nous dire.
20:36Oui, oui, mais je suis un garçon poli.
20:38En fait, c'est pas mauvais pour la santé.
20:43Moi, je trouve que si on est soulagé de ses douleurs en en prenant,
20:46il ne faut pas hésiter dans la mesure où vous nous dites que ça ne fait pas de mal, sauf au porte-monnaie.
20:50Voilà, mais on est obligé de réagir en fonction de ce qu'on connaît et pas de ce qu'on suppose.
20:55Merci beaucoup, Dr Cohen.
20:57Merci à vous de nous avoir suivi et resté en notre compagnie.
20:59L'info, c'est sur CNews.