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Violence des mineurs : faut il durcir la réponse judiciaire ? Écoutez l'interview de Gabriel Attal, député des Hauts-de-Seine, président du groupe Ensemble pour la République à l'Assemblée nationale et secrétaire général du parti Renaissance.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 12 février 2025.

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Transcription
00:00L'invité d'RTL Matin est aux mains, vous recevez aujourd'hui Gabriel Attal, ancien Premier ministre et désormais chef des députés Ensemble pour la République et aussi du Parti Renaissance.
00:12Bonjour et bienvenue sur RTL, Gabriel Attal.
00:14Bonjour Thomas Soto.
00:15On va évoquer bien sûr dans un instant votre proposition de loi sur la justice des mineurs qui fait beaucoup parler, mais d'abord on va prendre la température des Français.
00:21Et ils sont très inquiets les Français. 71% disent que la démocratie ne fonctionne pas bien. 37% expriment de la méfiance à l'égard des politiques.
00:2826% du dégoût et seuls 6% de l'espoir. Et quand on leur demande d'exprimer leur sentiment, ils parlent très majoritairement de méfiance, de lassitude, de morosité. Résultat du baromètre annuel Sevipov.
00:40Gabriel Attal, ça fait presque 8 ans que vous êtes au pouvoir, qu'avez-vous fait pour qu'on en arrive là ?
00:45D'abord, moi je comprends les Français et notamment face au spectacle que donne le champ politique aujourd'hui, la très grande difficulté qu'on a à s'accorder et à faire adopter un certain nombre de textes à l'Assemblée Nationale.
01:00On peut regarder les dernières années, regarder ce qui a fonctionné, ce qui n'a pas fonctionné, les erreurs qui ont été commises. Il y en a une. Il y a aussi des choses qui ont été réussies.
01:07L'erreur c'est quoi ? C'est la dissolution ?
01:10Je ne vais pas rentrer là-dedans. Le président lui-même a dit que la dissolution n'avait pas provoqué ce qu'il souhaitait en prenant cette décision, c'est-à-dire une forme de clarification.
01:22Moi je préfère regarder devant et comment on fait pour répondre à cette méfiance et pour redonner confiance aux Français. Il y a du boulot.
01:27Et moi je pense, ça fera peut-être le lien avec ce dont je suis venu parler, que le meilleur moyen c'est de leur montrer qu'on cherche à agir pour eux.
01:35En l'occurrence aujourd'hui sur la question de la sécurité et de la lutte contre la délinquance des mineurs.
01:39On voit bien que dans le débat public, beaucoup veulent donner le sentiment qu'on ne pourrait plus rien faire et qu'il faudrait attendre 2027 et l'élection présidentielle pour agir.
01:49Moi je me dresse contre ça et je me mets à la place des Français qui nous écoutent, qui prennent leur voiture pour aller travailler.
01:54Eux, ils ne s'arrêtent pas de travailler, ils continuent à agir pour le pays, à se lever le matin.
01:58Nous on doit faire la même chose et on doit être tourné vers une seule chose, comment on agit pour eux ?
02:02D'accord, mais juste dans ce climat de défiance et cette ambiance particulière décrite et ressentie par le Français, Emmanuel Macron veut nommer Richard Ferrand à la tête du Conseil Constitutionnel.
02:10Est-ce que vous soutenez cette candidature ?
02:13Bien sûr, d'abord c'est le Président de la République qui désigne, ensuite...
02:17Ce sont les parlementaires qui vont valider ou pas ?
02:19Bien sûr, mais ça me semble correspondre à une tradition républicaine.
02:23Vous savez que c'est arrivé à plusieurs reprises, ça a été le cas avec Laurent Fabius, avec Jean-Louis Debré,
02:28qu'un ancien Président de l'Assemblée Nationale soit nommé à la tête du Conseil Constitutionnel.
02:34Il n'est pas une maison de retraite, objecte Marine Le Pen, et il n'est pas là pour placer les copains, disent les...
02:39Mais je crois que ça correspond ni à l'un ni à l'autre, je pense que ce qu'il faut, effectivement, c'est des personnes qui ont des parcours d'ailleurs différents.
02:44Vous avez certains qui sont des purgeristes, vous en avez d'autres qui ont été aux premières loges ou des acteurs immédiats de la construction de la loi,
02:51et c'est quand même de ça que le Conseil Constitutionnel a jugé, c'est le cas de Richard Ferrand qui a été Président de l'Assemblée Nationale,
02:57et comme Laurent Fabius, Jean-Louis Debré, il a évidemment toute légitimité à présider cette institution.
03:01Venons-en donc à votre proposition de loi examinée ce mercredi à l'Assemblée, qui vise à restaurer l'autorité de la justice à l'égard des mineurs délinquants et de leurs parents.
03:08Pardon de prendre un cas tragique et d'actualité, Gabriel Attal, mais il nous a tous bouleversés, et malheureusement, il est loin d'être unique.
03:14Au-delà des mots, que faut-il faire, selon vous, pour qu'il n'y ait pas d'autre Elias, du nom de ce jeune garçon de 14 ans,
03:20tué en plein Paris pour un portable par deux autres mineurs qui étaient eux âgés de 16 et 17 ans ?
03:25J'ai rencontré la famille d'Elias la semaine dernière, et je les ai vus à nouveau hier avec Gérald Darmanin, c'est évidemment totalement bouleversant.
03:34Il a été tué manifestement à coup de machette, pour son téléphone portable.
03:39Les personnes qui étaient mises en cause, les jeunes qui ont été mis en cause, l'un d'entre eux avait été mis en cause pour 12 faits, une douzaine de faits.
03:49Il n'y a pas eu de condamnation.
03:51Il n'y a pas eu de véritable sanction.
03:56Et donc, moi, avec ce texte que je porte, avec le député du Tarn, Jean Terlier, je propose quoi ?
04:03Je propose qu'on soit plus ferme dans la réponse pénale face à un certain nombre d'actes de délinquance, à des délits, à des crimes qui viennent des mineurs.
04:12Concrètement, ça veut dire quoi ?
04:14Concrètement, ça veut dire qu'on crée une comparution immédiate pour les mineurs qui aujourd'hui n'existent pas.
04:19Aujourd'hui, quand vous êtes un mineur en récidive, je vous prends un cas très concret.
04:24Vous prenez deux jeunes en récidive de 17 et 18 ans pour coups et blessures aggravés.
04:31Celui de 18 ans, il va pouvoir être sanctionné tout de suite avec une comparution immédiate.
04:36Celui de 17 ans, il va falloir un certain nombre de mois, de longs mois, presque un an, pour qu'il puisse être sanctionné.
04:42Je propose de changer ça en créant une comparution immédiate pour les mineurs.
04:46Les magistrats vous disent qu'on n'a pas besoin de comparution immédiate, mais que nos décisions puissent être appliquées.
04:52On manque de moyens.
04:53En Seine-Saint-Denis, la juge Vinace Roudière dit qu'il faut désormais deux ans pour qu'un éducateur intervienne au domicile d'un mineur en danger.
05:00Entre-temps, les jeunes ont parfois basculé.
05:02Mais il y a deux sujets, Thomas Soto.
05:03Il y a celui du budget, et il est évidemment important, et ces dernières années, on l'a beaucoup renforcé, et on va continuer à le renforcer.
05:08Mais il y a celui de nos lois.
05:09Aujourd'hui, on a un code de justice pénale des mineurs qui prévoit quasiment dans tous les cas
05:14qu'on ait ce qu'on appelle une césure, c'est-à-dire qu'on attende un certain nombre de mois, neuf mois,
05:18entre le moment où les faits sont commis, où on reconnaît la culpabilité, et le moment où la sanction tombe.
05:23Ça peut avoir du sens...
05:24Parce qu'il est censé y avoir un travail éducatif...
05:26Oui, mais ça, il faut le supprimer.
05:28Non, ça peut avoir du sens pour des très jeunes qui déconnent, entre guillemets, permettez-moi l'expression, pour la première fois.
05:34Mais quand vous êtes un jeune de plus de 16 ans en récidive pour des faits particulièrement graves,
05:39on parle d'atteinte à nos policiers, à nos gendarmes, on parle de proxénétisme, on parle de trafic de stupéfiants,
05:44on parle de coups et blessures aggravés.
05:45Oui, dans ces cas-là, moi je propose qu'on ait une comparution immédiate et qu'on n'attende pas neuf mois avant de prononcer une sanction.
05:51Est-ce que vous voulez que les jeunes, à partir de 16 ans, soient jugés comme des adultes ?
05:55Parce que c'est l'excuse de minorité qui est possible pour un juge aujourd'hui, il peut la lever cette excuse de minorité.
05:59C'est ce qui fait, pour faire simple, que les mineurs ne sont pas jugés comme les majeurs.
06:03Est-ce que vous voulez qu'à partir de 16 ans, les mineurs soient jugés comme les majeurs en France aujourd'hui ?
06:07Aujourd'hui, il y a une excuse de minorité qui est automatique et le juge peut effectivement la lever, dans certains cas, en motivant.
06:13Ça arrive dans très peu de cas.
06:15Moi, ce que je propose, avec ce texte, c'est d'inverser les choses.
06:19C'est qu'elle ne soit plus automatique, à partir de 16 ans et pour des faits particulièrement graves,
06:23et que le juge puisse l'appliquer, mais en motivant.
06:26Il faudra, de vraie raison, les motiver pour considérer qu'un jeune ne doit pas être jugé comme un majeur
06:32quand il est en récidive de plus de 16 ans et qu'on parle de crime, c'est-à-dire de choses particulièrement graves.
06:37Moi, je vais vous dire clairement, on a une ordonnance de 1945 qui dit qu'un mineur ne doit pas être jugé comme un majeur.
06:46Moi, je ne propose pas de remettre ça en cause.
06:48Simplement, je propose de considérer avec lucidité qu'un mineur de 2025 n'est pas un mineur de 1945,
06:55qu'on a vu, ces dernières années, une violence de plus en plus débridée chez les jeunes,
06:59qu'il y a deux fois plus de mineurs qui sont mis en cause pour coups et blessures,
07:03qu'il y en a quatre fois plus pour trafics de stupéfiants.
07:06L'époque a changé, il faut s'adapter à l'époque.
07:08Oui, bien sûr, on voit qu'il y a une forme de banalisation de la violence qui est probablement liée à différents facteurs,
07:12peut-être aux réseaux sociaux qui banalisent cette violence,
07:15peut-être un certain nombre de familles qui sont démissionnaires de leur rôle.
07:20Je propose aussi de mieux responsabiliser les familles dans ce texte,
07:23puisque vous savez qu'il y a des mesures également pour réformer le manquement à l'obligation parentale
07:28pour que des parents qui manifestement ne sont pas simplement dépassés, mais sont défaillants,
07:34c'est-à-dire acceptent que leurs gamins partent complètement dans la nature,
07:38on puisse effectivement les rendre responsables.
07:41Vous évoquez le portable, rapidement, parce que là ça tergiverse depuis des mois.
07:44Depuis que vous êtes ministre de l'Éducation, vous aviez lancé l'expérimentation de l'interdiction du portable au collège et au lycée.
07:48Il y a eu X ministres de l'Éducation depuis, chacun un avis différent.
07:51Faut-il, oui ou non, interdire les portables à l'entrée des établissements scolaires ?
07:55Bien sûr que j'y suis favorable.
07:56Pour tout le monde.
07:57J'ai contribué à le mettre en œuvre, puisque j'étais secrétaire d'État à l'Éducation
08:00quand la France a été le premier pays à voter une loi pour interdire le portable au collège,
08:04et que j'étais premier ministre quand j'ai préparé la dernière rentrée
08:08pour que la pause numérique puisse être relancée.
08:10Et je suis pour la généraliser, et je suis pour effectivement qu'on sorte les portables de nos classes
08:15et de nos établissements, notamment quand il s'agit du collège.
08:17Gabriel Attal, vous avez plusieurs casquettes.
08:19Vous êtes aussi, depuis le mois de décembre, le secrétaire général, autrement dit le patron du Parti Renaissance.
08:22On doit toujours l'appeler le Parti Présidentiel, d'ailleurs ?
08:25C'est le Parti Renaissance, vous l'avez dit.
08:27C'est le parti du Président de la République qui l'a fondé.
08:29Et aujourd'hui, j'en suis à la tête.
08:31Votre boulot chez Renaissance, ça va être aussi de préparer la prochaine présidentielle.
08:33Et dans votre cas, les candidats, les ambitions, plus ou moins affichées, ne manquent pas.
08:36On peut citer Édouard Philippe, Gérald Darmanin, peut-être Yael Brown-Pivet, Bruno Le Maire,
08:40peut-être Gabriel Attal, j'imagine, vous n'excluez rien, vous non plus.
08:43Moi, Thomas Soto, j'ai été constant sur ce sujet-là, je l'ai encore dit il y a quelques semaines.
08:47Je pense que la politique française est malade de l'élection présidentielle.
08:50Que ça finit par obséder beaucoup de monde, et que cette obsession à l'élection présidentielle, elle fait que...
08:55Sauf que là, on a besoin de clarifications, quand même.
08:57Deux ans. C'est dans deux ans.
08:59Et qu'est-ce qu'on va faire ? On va dire qu'en fait, il ne se passe plus rien.
09:01Il ne se passe plus rien pendant deux ans, parce qu'il y a une élection présidentielle qui arrive,
09:04et maintenant, il faut se préparer à l'élection présidentielle.
09:06Tout le monde ne pense pas comme vous, ça ne vous a pas échappé.
09:08Gérald Darmanin a évoqué l'hypothèse d'une primaire pour départager les candidats le moment venu.
09:12Est-ce que vous y êtes favorable ?
09:13C'est le droit des uns et des autres de se positionner sur ce sujet, de s'exprimer sur l'élection présidentielle.
09:18Moi, chef du parti, président du groupe Ensemble pour la République, je vous le dis,
09:22je considère que la priorité, c'est d'utiliser chaque semaine et chaque mois utile pour agir pour les Français.
09:28Vous avez un ministre important qui fait partie de votre parti, qui dit qu'il faudra une primaire.
09:33C'est son droit.
09:34C'est votre job de vous positionner sur le sujet.
09:36C'est son droit, Thomas Soto.
09:37Mais chaque chose en son temps.
09:39Aujourd'hui, ce n'est pas le sujet.
09:40Le sujet pour moi aujourd'hui, c'est comment est-ce que je fais pour qu'on soit plus efficace contre la délinquance des mineurs ?
09:44Comment on fait pour revaloriser le travail ?
09:46J'ai pris des positions encore récemment sur le sujet.
09:48Vous l'avez vu.
09:49Pardon, ce n'est pas le sujet.
09:50Je comprends bien.
09:52Donc vous n'êtes pas favorable à une primaire pour l'instant ?
09:54Je préfère passer mon temps, Thomas Soto, à regarder comment est-ce qu'on agit pour répondre aux problèmes des Français,
09:58plutôt que de me positionner sur une élection qui est dans deux ans.
10:00Encore une fois, je comprends que ça intéresse beaucoup de monde.
10:02Donc ce n'est pas le sujet du moment, la primaire ?
10:04L'élection présidentielle n'est pas le sujet du moment.
10:07Le sujet du moment pour moi, c'est comment on utilise chaque minute pour agir.
10:11J'ai proposé par exemple qu'on propose aux Français un référendum pour détaxer massivement le travail.
10:17Et ça, je pense que les Français qui sont dans leur voiture, qui vont bosser, ça les intéresse plus de savoir ce qu'on propose sur le travail.
10:22Vous répondez aux questions que je ne vous pose pas, mais vous ne répondez pas aux questions que je vous pose.
10:24C'est mes réponses, Thomas Soto.
10:26Vous pouvez m'interroger, ça peut vous passionner l'élection présidentielle qui a lieu dans deux ans.
10:29Moi, ce qui me passionne, c'est comment est-ce qu'on agit pour les Français.
10:32J'ai une toute dernière question, rapidement.
10:34Vous avez été premier ministre pendant quelques mois.
10:36Aujourd'hui, les anciens premiers ministres comme les anciens présidents ont droit à des avantages à vie.
10:39Si on met de côté la question de la sécurité, si on met ça à part, parce que c'est incontestable, êtes-vous prêt à renoncer à ces avantages ?
10:44Faut-il les supprimer ?
10:45Mais totalement.
10:46Je vais vous dire, par exemple, les anciens premiers ministres ont droit à, je crois, un collaborateur ou des collaborateurs.
10:52Pendant dix ans, ce critère, voiture avec chauffeur, frais sans prise en charge, voyage.
10:56Je n'utilise pas.
10:57Il faut les supprimer ?
10:59On peut les supprimer.
11:01Le seul sujet, c'est celui de la sécurité.
11:04Et ce n'est pas aux anciens premiers ministres eux-mêmes ou aux personnalités de définir quelles conditions de sécurité il faut autour d'eux.
11:11Il y a un service du ministère de l'Intérieur qui dit, voilà, est-ce que vous êtes en danger ou pas ?
11:14On a mis les sécurités à part.
11:15Moi, le jour où je ne peux plus avoir de sécurité autour de moi, parce qu'on considérera, le ministère de l'Intérieur, que je ne fais pas l'objet de menaces,
11:21voilà, je vais vous dire, ma vie ne sera pas forcément plus mauvaise.
11:25Merci Gabriel Taddeu ce matin.
11:26Vous viendrez pour répondre sur la primaire alors, j'espère.
11:29Je pense qu'Evrillière arrive dans un peu.

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